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vendredi 23 septembre 2011

Un livre, un film : Jeu-énigme du samedi. Venez jouer avec nous...


Juste un petit rappel. A demain pour notre jeu énigme du samedi.

Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma!

La semaine dernière le  titre du livre et du  film était La Planète des singes respectivement de Pierre Boulle et Franklin Schaffner
Et demain?

Des Mots, une histoire : Isatis


 Dans son blog Désirs d'Histoire, Olivia reprend le jeu d'écriture : Des mots une histoire. Aujourd'hui voilà la liste des mots qu'il fallait placer dans le texte.
carte – cyclique – panoplie – oeuf – destruction – frissons – obturation – naissance – tartelette – nuage – fortune –– nuptial – ruban – musique – travaux – témoin – canaille – tirelire – aurore – ysatis – iguane.
Isatis
Sur tes pattes prudentes,
Tu avances
Tu es témoin  de la naissance de l'aurore
Son ruban nuptial se déroule
dans le ciel à la panoplie de nuages et d'étoiles
Fortune de diamants, ruissellements,
éclats de miroirs qui se brisent
Aurore
Le soleil ouvre un oeil, tartelette dorée au four
Sa musique éclate, cymbales et cuivres d'or tremblant.
Isatis
la canaille te traque et tue les frémissements
Bleutés de ta vie
Tu avances, les pattes secouées de frissons
Dans la beauté du Monde fragile
Comme la coquille de l'oeuf
Sourire en coin, bouche en tirelire,
Tu as la sagesse antique de l'iguane
Tu sais que la destruction
aux reflets de fin du Monde
a commencé
 Tu assistes
A l'obturation de ta vie, à l'éclipse de tes années
Aux travaux de l'Homme Néant
Tu sais que
la carte du
Monde est cyclique
Et que bientôt
Plus rien ne sera comme avant.



jeudi 22 septembre 2011

Bryan Magee : L'histoire illustrée de la philosophie


Raphaël : L'Ecole d' Athènes

 

 J'ai acheté L'histoire illustrée de la philosophie à ma fille quand elle était encore au lycée. Et il faut reconnaître que ce livre magnifiquement illustrée est une agréable entrée en matière pour s'initier à la philosophie de Socrate au XXème siècle.  Il ne s'agit  pas d'une étude approfondie mais d'un regard général, volontairement simple et facile, pour faire connaissance avec les grands courants de la pensée occidentale.

En  le feuilletant je lis ces phrases qui seront  mes citations d'aujourd'hui :

 

 

On choisit une philosophie en fonction de ce qu'on est.

Johann Gottlieb Fichté

 

Si tu veux suivre mon avis, tu feras bien peu de cas de Socrate et beaucoup de la vérité.

Socrate

 Les hommes ont une seule manière d'être bons, mais beaucoup d'être mauvais. 

                                                                            Aristote

 

 Seigneur, rends-moi chaste, mais pas tout de suite.

                                                                           Saint Augustin

 

 

 

 

 

Jean Leon Huens Hommage à newton
  
J'ai vu si loin parce que je me suis placé sur les épaules de géants.

                                                                           Newton

 

 Le but de l'organisation en société, c'est la liberté.

 Spinoza

 

L'habitude est le grand guide la vie humaine.

Hume

 

La superstition met le feu au monde, la philosophie l'éteint. 

Voltaire

 

L'homme est né libre et partout il est dans les fers.

Rousseau

 

Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde; il s'agit maintenant de le transformer.

Karl Marx

Présentation de l'éditeur

Dans notre monde moderne à la recherche de ses valeurs, qui n’est pas confronté aux grandes questions de l’existence ? Dieu, l’âme, la mort, le sens de la vie, la place de l’homme dans l’univers... S’adressant aussi bien aux non-initiés qu’aux étudiants désireux de clarifier leur connaissance des grands courants philosophiques, cet ouvrage richement illustré est une brillante anthologie de la pensée occidentale. De Platon à Nietzsche, on y trouve les réponses aux grandes questions, les mots-clés et les axes de réflexion des différentes écoles.

Biographie de l'auteur

Bryan Magee a étudié à l'université d'Oxford. Diplômé en philosophie, histoire, sciences politiques et économie, il a enseigné à l'université de Yale avant de devenir homme de télévision, critique et écrivain. Nommé au Balliol College d'Oxford, il continue ses activités dans les médias et tient une rubrique régulière dans le Times. Il a également été directeur de recherche au King's College de l'université de Londres, où il enseigne actuellement.


mercredi 21 septembre 2011

Dany Laferrière : L’énigme du retour




Dany Laferrière est un auteur haïtien. Exilé pour des raison politiques, il a vécu pendant de nombreuses années à Montréal, tout comme son père parti à New York, chassé  lui aussi par le régime des Duvalier, pour ne plus jamais revenir dans son pays natal.
Le roman autobiographique L'énigme du retour commence avec le coup de téléphone que reçoit Dany Lafferière lui annonçant la mort de son père. Dès lors commence le processus du retour à Haïti alors libérée de la dictature. Après un arrêt à New York pour les obsèques de son père, le voilà à nouveau à Port-au-Prince où il retrouve sa famille et en particulier sa mère qu'il n'a plus vue depuis trente-trois ans. Un laps de temps si long qu'il est devenu un étranger dans son propre pays.
De retour dans le sud après toutes ces années
Je me retrouve dans la situation de quelqu'un
qui doit réapprendre ce qu'il sait déjà
mais dont il a dû se défaire en chemin.

J'avoue que c'est plus facile
d'apprendre que de réapprendre.
Mais le plus dur c'est encore
de désapprendre.


Le livre est divisé en deux grandes parties :
Lents préparatifs de départ où l'auteur largue les amarres qui l'attachent à son pays d'accueil, le Québec, moments faits de retour dans le passé vers son île natale, du souvenir d'un père qu'il n'a pas connu sinon par des photographies et d'adieu à ce pays de glace et de neige.
Le retour raconte le difficile processus de réapprentissage, les incessants allers-retours entre l'avant et l'après, le choc de la redécouverte d'un pays en proie à la misère et d'une jeunesse incarnée par le propre neveu de Dany Laferrière qui a perdu l'espoir.  Et enfin, le déclic qui lui permet de comprendre qu'il ne repartira plus :
J'ai senti
que j'étais
un homme perdu
pour le nord quand
dans cette mer chaude
sous ce crépuscule rose
le temps est subitement devenu liquide.




Au début, lorsque l'exilé arrive à Haïti, j'ai été surprise car il présente le pays comme n'importe quel observateur extérieur pourrait le faire. J'avais l'impression de lire un texte écrit par un occidental intellectuel et bourgeois ... ce que Dany Laferrière est,  après tout. j'admirais le style mais il me manquait l'approche par l'intérieur du pays, pas quelqu'un qui vivrait le quotidien terrible du peuple haïtien. Dany Lafferière est très conscient lui-même de ce paradoxe. Le grand sujet du roman haïtien, dit-il, devrait être la faim mais personne n'a jamais osé l'aborder.
c'est qu'il est difficile d'en parler quand on ne l'a pas connue et ceux qui l'ont vue de près ne sont pas forcément des écrivains."
De plus la faim n'intéresse personne :
Pourquoi? Parce que cela ne concerne que des gens sans pouvoir d'achat. L'affamé ne lit pas, ne va pas au musée, ne danse pas? Il attend de crever.

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Mais je me suis de plus en plus coulée dans le livre au fur et à mesure qu'il se réapproprie le pays et surtout quand il part de Port-au-Prince pour un voyage qui lui permet des rencontres avec les Haïtiens,  la découverte des milieux paysans riches d'une religion, le Vaudou, aussi étrange qu'ésotérique, jusqu'au village natal de son père. Là, enfin vient le temps où l'homme d'âge mûr retrouve sa terre d'enfance, où il ré-adopte son pays tout en se faisant ré-adopter par lui :
On me vit aussi sourire
dans mon sommeil
comme l'enfant que je fus
du temps heureux de ma grand mère.
Un temps enfin revenu.
C'est la fin du voyage.


Par sa forme graphique - strophes et vers libres qui alternent avec la prose- par la richesse des images qu'il éveille en nous, ce livre se lit comme un recueil de poésies, lentement, en s'arrêtant, en le reprenant, en s'imprégnant des émotions qu'il fait naître mais aussi en réfléchissant à la situation haïtienne, à la faim, à la misère, à tous ceux qui profitent cette situation pour s'enrichir, à tous ceux qui font qu'il n'y aura jamais de solution heureuse pour ce peuple exploité.
Les thèmes de ce livre sont variés et riches. Ils s'entrecroisent pour former une trame dense, épaisse et solide, un enchevêtrement qu'il nous échoit, à nous lecteurs, de démêler : celui de l'exil, bien sûr, et de l'identité, du déracinement et de l'appartenance, de la confrontation du passé et du présent, celui d'une culture mystérieuse que l'on connaît peu et mal. Celui d'un pays qui est classé comme le plus pauvre de la planète, un pays opprimé par des dictatures successives, un pays qui est tombé dans le chaos avec une démocratie corrrompue, un pays exploité par les différentes puissances qui prétendent lui venir en aide.

Franketienne, peintre haïtien
18.1271766215.jpgJ'ai beaucoup apprécié aussi la galerie de portraits qui défilent devant nous : la mère douloureuse qui n'a jamais revu son mari et a compté chaque jour qui la séparait de son fils, l'ancien révolutionnaire qui a trahi ses idées, devenu ministre et riche collectionneur de tableaux, ou l'ami de son père, plein de dignité et de fierté, reconverti en éleveur de poules, enfin le portait du peintre haïtien Franketienne qui refuse de vendre un tableau au ministre et préfère le donner au chauffeur de celui-ci!
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Voir aussi l'article de Dominique dans A sauts et à gambades sur L'énigme du retour. 
 Texte publié dans mon ancien blog le 20 avril 2010
 

mardi 20 septembre 2011

La journée du patrimoine 2011 à Avignon (2) : La fondation Lambert, Le temps retrouvé

L'exposition Twombly à la Fondation Lambert jusqu'au 2 Octobre
Le temps retrouvé, à la Fondation Lambert, est une exposition de 60 photographies, jamais présentées en France, du peintre et  photographe américain Cy Twombly dont le premières ont été réalisées en 1951 et les dernières en 2011. Elles sont associées aux images de nombreux artistes choisis par Twombly.  

Cy Twombly devait être présent en Septembre à la fondation Lambert mais il est mort le 5 Juillet  2011, l'exposition devenant alors son dernier regard. Sept salles lui sont consacrées, chacune selon les voeux de Twombly "devant être davantage thématique d'historique, enjambant les décennies". Parmi les images que je préfère, celles des natures mortes, grappes de raisin, cerneaux de noix, pétales  flétris en couleurs ou en noir et blanc rappelant les peintures de Murillo ou de Chardin (Salle 3) ou (salle 4) les fleurs de pivoine, les oeillets, les citrons aux couleurs éclatantes.  Les objets regardés pris en gros plans  ou avec un flou, donnent l'impression de la matière, deviennent étranges, autres que ce qu'il sont dans la vie quotidienne. Ou encore (salle7) ces clichés de la mer toujours renouvelée, plus proches du dessin que de la photographie où la lumière semble en suspension comme des petites bulles.


Cy Twombly 




 Cy Twombly

C'est l'artiste lui-même qui, à la demande de Yves Lambert, a conçu cette exposition en invitant les  artistes qu'il admire :  photographies du XIX ème siècle  de Constantin Brancusi, Emile Bernard, Edgar Degas, Pierre Bonnard . .. On y retrouve aussi les oeuvres d'Edward Muybridge, de Sol Le Witt, Cindy Sherman, Hiroshi Sugimoto, Louise Lawler, Sally Mann, David Claerbout, Jacques-Henri Lartigue…

Parmi mes préférées, les photographies de Sally Mann, artiste américaine qui photographie sa propriété entourée de bois. L'image promet plus que ce qu'elle montre, un beau paysage mais qui a quelque chose de vaguement inquiétant, mystérieux, corps allongés sur le sol se fondant dans la Nature..


 Sally Mann

 Hiroshi Sugimoto est le photographe le plus reconnu de sa génération  dans l'art contemporain. Il expose trois grandes photographies qui représente la mer  barrée par la ligne d'horizon. D'une image à l'autre, dans un sens ou dans l'autre, l'image passe du net au flou ou l'inverse comme si elle avait le pouvoir de disparaître ou de réapparaître. Le temps d'exposition est si lent que nous passons dans une autre dimension, au-delà du réel. Comme dans les oeuvres de Rodko mais avec des dégradés de noirs et de gris, la photographie de Hiroshi Sogimoto semble émettre des vibrations comme si une énergie émanait d'elle.

 Hiroshi Sugimoto

Le dessin de Sol Le Witt et les photos de Louise Lawler



 Sol Le Witt, salle vue de l'extérieur

La collection de Yves Lambert est installée à Avignon dans un des plus élégants hôtels de la ville, l'hôtel du marquis de Caumont réalisé d'après les plans de l'architecte Jean-Baptiste Franque, achevé en 1733. La collection est constituée d'oeuvres de Robert Ryman, Brice Marden, Carl Andre, Gordon Matta-Clark, Anselm Kiefer, Christian Boltanski, Andres Serrano, Douglas Gordon, Cy Twombly ou Nan Goldin. Chaque année a lieu une exposition temporaire.










lundi 19 septembre 2011

La journée du patrimoine 2011 à Avignon (1) : le Musée Vouland, Regards de Provence


Il y avait plusieurs tableaux  de Henri Manguin, un des principaux initiateurs du fauvisme, au musée Vouland dont cette magnifique image du port de Marseille.

 Pour ces journées du patrimoine à Avignon, je suis allée, en effet, voir l'exposition du Musée Vouland : Regards de Provence. 

 
Le musée Vouland est une riche maison bourgeoise du XIXème siècle devenue fondation après la disparition de son propriétaire, un ancien industriel et collectionneur. Elle accueille jusqu'au mois d'octobre une exposition d'une centaine de tableaux choisis parmi les oeuvres de la collection Dumon  sur le thème de La Provence. Les peintures du  XVIII ème siècle au XIXème sont  installées dans les salles d'exposition temporaire et représentent des scènes de la vie rurale provençale, des ports, la mer.. mais ce que j'ai aimé surtout ce sont les tableaux du XXème siècle accrochés dans pièces de la maison Vouland, au-dessus de meubles précieux, parmi les faïences de  Moustiers ou de Delft, dans la chambre chinoise...  Lhote, Dufy, Manguin, Ambrogiani, Lebasque, Bonnard, pour ne citer qu'eux. Une magnifique statue en bronze d'Arman nous accueille dans le hall.

Façade côté rue Victor Hugo

 La façade intérieure et le jardin de la maison Vouland


Quelques sculptures dans le jardin





 Un très beau tableau de André Lhote, peintre cubiste




Sylvie Tanette : Amalia Albanesi, Mercure de france


 Amalia Albanesi de Sylvie Tanette est un premier roman.
L’institutrice de Théo, petit garçon de huit ans, lui a demandé d’établir un arbre généalogique. C’est le prétexte, pour la mère de Théo, de raconter à son fils l’histoire de ses ancêtres. Peu à peu la construction de l’arbre généalogique de cette famille va nous entraîner bien loin dans l’espace à Tornavalo, près de Bari dans les Pouilles mais aussi à Alexandrie, à Athènes, à Malte, sur les remparts de Dubrovnik, puis à Marseille… C’est avec intérêt que l’on suit cette longue histoire qui forme une trame complexe assez fascinante. Ce grand voyage dans le temps, du début du XIX ème siècle à nos jours, va nous faire découvrir des personnages peu banals. Et d’abord, bien sûr, Amalia Albanesi, cette arrière-grand-mère qui donne son titre au récit, née à Tornavalo dans une famille de paysans vaguement enrichie, peu ouverte aux sentiments, qui ne connaît de la vie que le labeur dur, écrasant et sans répit, qui permet de tirer  subsistance de la terre ingrate de Tornavalo. Cette terre rouge qui s’insinue partout, dans les maisons, les vêtements, dans la bouche, dans les poumons, Amalia n’aura de cesse de la fuir. Elle le pourra en épousant un étranger voyageur, révolutionnaire en exil à Tornavalo, Stepan Iscenderini qui l’amènera loin de son pays avant de l’abandonner pour épouser la cause des Bolcheviks et partir en Russie. Nous assisterons à la naissance de la douce Luna, à Alexandrie, la grand-mère de la narratrice, suivrons son enfance dans le port de Bari, ses amours avec l’anarchiste Elias, le rebelle aux yeux dorés, qui vient de Malte, idéaliste qui sera brisé par son internement dans les camps de concentration dans les années 40… Et puis il y a la rencontre de la fille de L’Estaque avec le garçon du Panier à Marseille, autrement dit, les parents de la narratrice, grands-parents de Théo, avec lesquels s’achève cette remontée dans le temps…
Et ces personnages au destin peu commun, aux origines si diverses, qui ont échappé à toutes les tragédies de l’Histoire, sont si profondément ancrés dans les pays de la Méditerranée qu’ils semblent  en représenter tous les peuples, en illustrer la quintessence. Ainsi pour aboutir à ce petit écolier de huit ans, Théo, il fallu une telle multitude d’ancêtres et d’événements, tant de nationalités différentes, tant de hasards et de rencontres  que l’on a l’impression vertigineuse d’une accélération du Temps, d’une infinité de possibilités. On pense au vers de Beaucarne :
En voyant naître cet enfant/ Je voyais du fin fond des siècles/ Tous mes ancêtres, tous mes parents/ Dans ce petit corps renaître…
Par quelle fissure du temps/ S’est-il glissé jusqu’à maintenant…
Et oui, mon petit Théo, écrit la narratrice, il va bien falloir que tu vives avec tout ça. Toutes ces histoires et tous ces gens, que l’on n’a pas choisis, que l’on ne connaît pas, mais qui sont là dans un coin de nos têtes, et parfois se bousculent jusque dans le moindre de nos gestes.

L’écrivain, journaliste, écrit ce roman comme s’il s’agissait d’une enquête journalistique. Elle s’appuie sur les récits de sa grand mère Luna, puise dans les souvenirs de chacun, interroge les photographies anciennes, met à contribution sa mère pour reconstituer la mémoire familiale. Elle s’interroge sur les motivations des personnages, doute de la véracité de ses sources, avoue son ignorance, fait la part de la légende et de l’Histoire dans les récits familiaux. Parfois, elle supplée au manque d’information en imaginant ce qui s’est passé. Ce procédé journalistique, mais aussi romanesque, qui permet peu à peu de s’immiscer à l’intérieur des personnages, de les faire vivre, de reconstituer les faits comme s’il s’agissait d’un puzzle, m’avait passionnée lors de la lecture du roman de Javier Cercas Les Soldats de Salamine. Certes, Sylvie Tanette n’a  pas le talent  de Cercas et je n’ai pas éprouvé la même intensité d’émotion en la lisant, mais il n’en reste pas moins que ce court roman (trop rapide à mon goût! ) est une réussite puisque l’on s’intéresse à ces vies qui se déroulent devant nous et que l’on aimerait en savoir plus! Certains passages révèlent d’ailleurs de belles qualités de plume :  Lorsqu’elle suivait son âne jusqu’au bord de la falaise, Amalia se glissait entre les oliviers en évitant de les regarder, comme on traverse une foule hostile ou silencieuse. Dans ce qui était pour tous, de simples murets de pierres sèches, oliveraies, amandiers et figuiers de Barbarie, mon arrière-grand-mère ne voyait qu’écorchures, blessures, cris de douleur. (…)  Un jour, elle avait dit à ses frères que les plaines de Bari n’était probablement qu’un immense cimetière, où chaque mort était devenu un olivier; Il n’y avait, pour s’en convaincre, qu’à voir comment chacun d’eux tentait de rejoindre le ciel, leurs bras tordus de martyrs, leurs corps figés dans un ultime effort pour s’extraire des entrailles de l’Enfer.

ICI


dimanche 18 septembre 2011

Pierre Boulle : la Planète des singes




Un livre, un film: Réponse à l'énigme (2)

Merci aux participantes et bravo à toutes celles qui ont trouvé le titre du livre de Pierre Boulle La Planète des singes et le nom du réalisateur du film Franklin J. Schaffner avec Charlton Eston : Aifelle, Keisha, Lire au jardin, Myriam,  Maggie, Sabbio, Tilia, Aymeline, Lystig...

 Pierre Boulle est né en 1912 à Avignon. Deux romans  ont assuré sa célébrité, tous deux ont été adaptés au cinéma par les américains : Le pont de la Rivière Kwai. (1952) et La planète de singes (1963).  Pierre Boulle est mort en 1994 à Paris après avoir obtenu plusieurs prix littéraires.

Dans La planète de singes, Jinn et Phillys qui passent leurs vacances dans l'espace intersidéral recueillent une bouteille contenant un rouleau de papier à l'intérieur. Le texte qu'ils découvrent a été écrit par Ulysse Mérou qui raconte ses aventures et lance aussi un SOS pour sauver l'espèce humaine.
En 2500 Ulysse Mérou part  dans un vaisseau cosmique qui voyage à la vitesse de la lumière avec deux compagnons dont le très érudit professeur Antelle. Arrivés en vue de Beltégeuse, ils se posent sur une planète semblable à la Terre qu'ils baptisent Soror. Là, ils découvrent, à leur grande stupéfaction, une civilisation dominée par les singes qui possèdent intelligence et pouvoir. Là, les hommes se comportent comme des animaux et sont traités comme tels.
Ce sujet sorti de l'imagination de  Pierre Boulle ne manquait, à l'époque, ni  d'originalité, ni d'audace. Il est maintenant connu de tous par l'intermédiaire des films, même si l'on a oublié le nom de l'auteur,  et a été exploité jusqu'à la trame!

Pierre Boulle : un scientifique et un écrivain

Pierre Boulle de formation scientifique (il est ingénieur) utilise plusieurs théories pour étayer son roman :
 La théorie de la relativité restreinte d'Einstein qui a démontré l'effet de la vitesse sur la dilatation du temps et sur la contraction des longueurs. En se déplaçant à la vitesse de la lumière, explique le professeur Antelle,  "notre temps s'écarte sensiblement du temps de la terre, l'écart étant d'autant plus grand que nous allons vite. En ce moment nous avons vécu plusieurs minutes qui correspondent à plusieurs mois sur la terre."  "Comme il l’avait prévu,  ajoute Ulysse, le voyage dura environ deux ans de notre temps, pendant lesquels trois siècles et demi durent passer sur la Terre…
Voir ici 
 L'évolutionnisme de Darwin :  Quand Boulle présente une civilisation où le singe a supplanté  l'homme c'est à Darwin qu'il fait référence et à sa théorie de l'évolution des espèces (De l'origine des espèces). L'évolutionnisme permet d'expliquer la diversité des espèces et la survie de certaines  au détriment des autres par leurs capacités naturelles d'adaptation à l'environnement et à ses changements. Mais dans le monde de Pierre Boulle c'est l'espèce humaine qui a échoué à la sélection naturelle, au profit des singes, plus aptes à l'évolution.
Croyez-moi, affirme le chimpanzé Cornélius, un jour viendra où nous dépasserons les hommes dans tous les domaines. Ce n'est pas par suite d'un accident, comme vous pourriez l'imaginer, que nous avons pris leur succession. Cet évènement était inscrit dans les lignes normales de l'évolution. L'homme raisonnable avait fait son temps, un être supérieur devait lui succéder…

Cependant si Pierre Boulle s'appuie sur des théories scientifiques très sérieuses, il ne s'intéresse pas outre mesure à la technique. Il est avant tout écrivain, reste sensible à la beauté de l'Univers et nous communique cette admiration.
"L'exaltation que procure un pareil spectacle ne peut être décrite : une étoile, hier encore un point brillant parmi la multitude des points anonymes du firmament, se détacha peu à peu du fond noir, s'inscrivit dans l'espace avec une dimension, apparaissant d'abord comme une noix étincelante, puis se dilata en même temps pour devenir semblable à une orange, s'intégra enfin dans le cosmos…"

 Il  utilise fréquemment  la métaphore. Ainsi, le vaisseau de Jinn et Phyllis obéit à des lois physiques, certes, mais semble être un grand navire sur l'océan "avec sa voile miraculeusement fine et légère" qui se gonfle "au souffle des radiations" et utilise "l'ombre des planètes" pour virer de bord; La métaphore se poursuit avec la tempête qui secouent "leur esquif comme une coquille de noix" et les oblige à rentrer "au port" et bien sûr, avec  la fameuse bouteille qui n'est pas ici à la mer (!) mais que Phyllis "pêche" avec une "épuisette à long manche".
D'autre part, en appelant son héros Ulysse, Pierre Boulle se place sous le signe d'Homère  et revendique l'aspect poétique mais aussi métaphorique de ce récit. Dans les deux oeuvres, il s'agit bien d'un long voyage, l'un à travers la mer Méditerranée, l'autre dans le Cosmos, voyage au cours duquel le héros devra subir des épreuves hors du commun. On peut même dire que l'écrivain  surenchérit sur le poète grec : si Ulysse met 20 ans pour retrouver Ithaque après la fin de la guerre de Troie, Ulysse Mérou mettra 700 ans pour retourner sur la Terre. Pas étonnant si quelques "petits" changements, et pas des plus rassurants, ont eu lieu depuis! D'autre part, si le Ulysse d'Homère est le jouet des Dieux démontrant ainsi le manque de liberté de l'Homme, le Ulysse de Pierre Boulle, lui, se considère comme investi pas Dieu d'une mission sacrée, celle de sauver l'espèce humaine.

Mais La planète des singes est aussi un récit d'aventures, plein de rebondissements, de temps forts comme la fameuse chasse des gorilles exposant leur gibier humain, de situations palpitantes (quand Ulysse parvient à se faire reconnaître comme un être pensant) ou cocasses telle cette scène où Ulysse et la guenon chimpanzé Zira sont sur le point de s'embrasser amoureusement. Ulysse cherche à oublier le faciès de sa compagne mais  celle-ci ne parvient pas à surmonter sa répulsion pour la laideur de l'homme! C'est l'extrait que j'ai choisi pour présenter l'énigme*! On comprend toute la valeur ironique du propos, Pierre Boule s'amusant à nos dépens mais attirant aussi notre attention sur le relativisme et l'outrecuidance de l'homme qui se prétend supérieur à toutes les créatures de l'univers. Jusqu'au dénouement, Pierre Boulle, en écrivain consommé, sait ménager ses effets et la chute du récit que je vous laisse redécouvrir (et qui n'est pas la même que celle du film) en est d'autant plus saisissante et fait froid dans le dos.

*"Zira!"
Je me suis arrêtée et l'ai prise dans mes bras. Je vois une larme couler sur son mufle, tandis que nous sommes étroitement enlacés. Ah! qu'importe cette horrible enveloppe matérielle! C'est son âme qui communique avec la mienne. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce faciès grotesque que l'émotion enlaidit encore... Nous  allons nous embrasser comme deux amants quand elle a un sursaut instinctif et me repousse avec violence.
Alors que je reste interdit, ne sachant quelle contenance prendre, elle enfouit son museau dans ses longues pattes velues, et cette hideuse guenon me déclare avec désespoir, en éclatant en sanglots.
"Mon chéri, c'est impossible. C'est dommage, mais je ne peux pas, je ne peux pas. Tu es vraiment trop affreux!"

Pierre Boulle : Un philosophe  :

Car La Planète des singes, est aussi une fable philosophique à la Voltaire qui, sous couvert d'un voyage, permet de s'interroger sur la société mais aussi sur des questions philosophiques essentielles. On pense à Candide ou Zadig, bien sûr, mais aussi à Micromégas, ce personnage venu de l'espace sur notre toute petite et insignifiante planète!
Dans La planète des singes Pierre Boulle, en nous présentant  un évolutionnisme inversé où notre espèce a pris du retard par rapport à celles de singes, nous oblige à nous interroger sur notre place dans l'univers et notre comportement par rapport aux autres espèces. La scène de chasse, les expériences médicales, l'emprisonnement dans des cages, où les victimes sont des êtres humains, nous inspirent de l'horreur. Pourtant, nous dit Pierre Boulle, c'est ainsi que nous nous comportons vis à vis du règne animal. Qu'est-ce qui fait l'essence de l'homme et assure sa supériorité? L'intelligence? Mais le professeur Antelle qui devient fou de terreur et régresse d'une manière irréversible dans son comportement n'est-il plus humain parce que son intelligence disparaît? A quoi tient la supériorité de l'homme et sa légitimité à écraser les autres si cette frontière entre les espèces est si fragile qu'elle peut être détruite avec autant de facilité? Bref! Qu'est-ce qui fait l'Homme? Autant de questions qui - comme le fait le Micromégas de Voltaire- nous remettent magistralement à notre place!

Le Livre/Le film
Dans le film, la planète sur laquelle les astronautes atterrissent -  ils le découvriront plus tard - est La Terre lorsque la civilisation humaine a disparu.  Dans le livre, ils arrivent sur une planète semblable à la terre mais qui  appartient à la constellation d'Orion dont Beltégeuse est le "soleil". Ulysse Mérou ne reviendra sur la Terre que cinq ans après son départ (temps du vaisseau) lorsqu'il fuit avec sa femme Nova et son bébé, soit 700 ans après son départ (temps terrestre). Dans les deux oeuvres, l'espèce humaine a disparu supplantée par celle des singes.

Guillaume Apollinaire : la chanson du mal aimé : Voie lactée ô soeur lumineuse (extrait)

Encore  un court passage de La chanson du Mal-aimé juste pour commencer ce Dimanche en beauté et en musique...

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses

Les démons du hasard selon

Le chant du firmament nous mènent
A sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons

Destins destins impénétrables

Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l'histoire accable

Luitpold le vieux prince régent

Tuteur de deux royautés folles
Sanglote-t-il en y songeant
Quand vacillent les lucioles
Mouches dorées de la Saint-Jean

Près d'un château sans châtelaine

La barque aux barcarols chantants
Sur un lac blanc et sous l'haleine
Des vents qui tremblent au printemps
Voguait cygne mourant sirène

Un jour le roi dans l'eau d'argent

Se noya puis la bouche ouverte
Il s'en revint en surnageant
Sur la rive dormir inerte
Face tournée au ciel changeant

Juin ton soleil ardente lyre

Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le coeur d'y mourir

Les dimanches s'y éternisent

Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris
Penchent comme la tour de Pise

Soirs de Paris ivres du gin

Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines

Les cafés gonflés de fumée

Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurz garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée

Moi qui sais des lais pour les reines

Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes


Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Dimanche poétique  
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou,Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures Océane :

samedi 17 septembre 2011

Un livre, un film: jeu-énigme du samedi (2)



Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre/ Un film.

  Il s'agit de découvrir à partir d'un extrait de texte et d'indices quelle est l'oeuvre littéraire - titre et nom de l'auteur - qui est à l'origine d'une adaptation au cinéma. Pour le film, il vous faudra trouver le nom du réalisateur, des acteurs principaux et éventuellement le titre s'il est différent de celui du roman ou de la nouvelle et pour cela aller sur le blog de Wens : ICI.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler la réponse, indices qui me permettront de savoir que vous avez participé et d'aider ceux qui ne savent pas. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs (qui n'auront gagné que la gloire de participer, avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.


                                                                   Enigme du samedi (2)


SF Moebius
Il s'agit d'un auteur français et avignonnais, ceci sans chauvinisme aucun envers ma ville de résidence! Deux oeuvres adaptées au cinéma l'ont rendu célèbre, non seulement  en France mais aussi aux Etats-Unis. Le livre qui nous intéresse aujourd'hui est un roman de Science-fiction paru en 1963. C'est le récit d'un grand voyage vers l'Espace. Roman d'aventure, donc,  mais qui pose aussi des questions philosophiques.
Et maintenant allez voir WENS  pour résoudre les questions sur le film, son réalisateur et acteur... .


Je me suis arrêtée et l'ai prise dans mes bras. Je vois une larme couler sur son mufle, tandis que nous sommes étroitement enlacés. Ah! qu'importe cette horrible enveloppe matérielle! C'est son âme qui communique avec la mienne. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce faciès grotesque que l'émotion enlaidit encore... Nous  allons nous embrasser comme deux amants quand elle a un sursaut instinctif et me repousse avec violence.(...)
"Mon chéri, c'est impossible. C'est dommage, mais je ne peux pas, je ne peux pas. Tu es vraiment trop affreux!"

vendredi 16 septembre 2011

Un livre, un film : Jeu-énigme du samedi. Venez jouer avec nous...

Juste un petit rappel. A demain pour notre jeu énigme du samedi.

Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma!

La semaine dernière le  titre du livre et du  film était "Quai des Brumes" respectivement de Pierre Mac Orlan et Marcel Carné.
Et demain?



Des Mots, une histoire : La Mort, Danse dans le ciel

James Ensor : La mort et les masques

Dans son blog Désirs d'Histoire, Olivia reprend le jeu d'écriture : Des mots une histoire. Aujourd'hui voilà la liste des mots qu'il fallait placer dans le texte.

étrange – incandescent – pâmoison – parcimonie – crème – vulgaire – courir – virevolter – salmonelle – froid – oignon – aspirer – panthère – calvaire – effacer – prier – crisser – courage

Vous avouerez que écrire un poème sur la Salmonelle, il faut le faire! j'ai failli baisser les bras, je vous l'avoue et puis non, le voilà! J'ai relevé le défi! Si vous connaissez un autre poème dédié à cette bactérie tueuse, faites-moi signe! 
Mais ensuite je me suis fait le plaisir d'un autre poème … sans ce mot !

La Mort
Salmonelle, Au nom ailé
Panthère tueuse,
Vulgaire avorteuse
Froide et zélée,
Tu cours à Dia
Tu virevoltes sur le fil
de la mort
Comme l'oignon dans sa corbeille
Tu caches sous un joli nom
L'incandescence des entrailles;
La pâmoison et le calvaire,
le corps qui se tord et qui prie
Le visage crème exsangue
Le courage qui bat campagne
Tu aspires, vide la vie
Tu effaces et tu mitrailles
Etrange mot, la Salmonelle
Sans parcimonie, elle appelle
La Mort qui crisse et qui crécelle.





Danse dans le ciel..

Efface le pas des années qui te suivent
La pâmoison de l'enfance dans le berceau
de ta vie
Ne te pare pas des froides couleurs,
crème et argent du linceul
Ne te traîne pas au pieds des calvaires,
Ne marche pas sur la frange du Temps
Etrange étrangère

Comme l'oignon de la Fleur, Femme, Flamme, 
Sois le Feu qui réchauffe
Sois la femme poisson, la femme oiseau
Sois panthère, aie le courage du Vulgaire
Dont le pied fait crisser la prison de glace
Exploser la parcimonie de l'amour partagé
Et de l'amitié qui se donne.

Marche,  Cours, Virevolte, sur le fil incandescent
de ta vie
Danse dans le ciel de Nuit et de Lune
Dans le Jour qui chavire
Prie, aspire, respire, chante
ta vie
Etrange étrangère