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jeudi 1 mars 2012

Sophie Chaveau : Fragonard et l'invention du Bonheur

Fragonard : La lectrice (le fameux jaune de Fragonard)


 Quatrième de couverture :
Paris 1761, dans le rougeoiement crépusculaire de la monarchie, une couleur nouvelle apparaît, un "jaune vie" éclatant, qui va révolutionner d'un sourire l'art pictural.
Frangonard invente le bonheur... et Sophie Chauveau, avec le talent si particulier qui est le sien, brosse avec un formidable luxe de détails, la fresque foisonnante et méconnue de ses soixante-quatorze années d'existence. Du soleil de Grasse aux ruelles lugubres de la capitale, des ateliers de Chardin ou Boucher à l'école de Rome, d'un Louvre totalement inconnu, véritable cité des artistes, aux intrigues assassines des salons du Paris pré-révolutionnaire, des horreurs de la Terreur aux diktats imprévisibles de l'Empire, Jean-Honoré Fragonard traverse miraculeusement un demi-siècle de chaos.
Eternel amoureux d'une famille recomposée très particulière et de la ribambelle d'animaux qui l'entoure, Fragonard est le jouet des caprices des puissants mais ne se soumet qu'à son seul désir : peindre. Précurseur des impressionnistes, premier conservateur du futur musée du Louvre par la grâce de Napoléon avec le soutien actif de David, il pose un regard nouveau sur l'amour.-, ivre de couleur et de lumière."Frago" comme il signe lui-même ses oeuvres, aura toujours choisi la voie faussement futile de la légèreté. Certains historiographes de l'art ne lui ont jamais pardonné. Sophie Chauveau balaie leurs doutes avec jubilation et une profonde tendresse.



 Fragonard : les heureux hasards de l'escarpolette


Si j'ai choisi de lire Fragonard, L'invention du bonheur, de Sophie Chaveau, c'est pour deux raisons. J'avais beaucoup aimé sa Passion Lippi et le titre du livre choisi, dans le cadre du challenge de Calypso, devait contenir le mot bonheur. 

 Par contre, je n'étais pas, à l'origine, particulièrement attirée par ce peintre. Si j'apprécie les portraits de Fragonard comme celui de la Lectrice, je n'aime pas particulièrement ses grands tableaux ou ses oeuvres  légères et surtout le style Rococo qui au XVIII ème siècle regroupe en France, à côté de Fragonard,  Watteau, Boucher, Greuze... Ce qui ne m'a pas empêchée de découvrir avec plaisir la vie de tous ces peintres et leur conception picturale car Sophie Chaveau  connaît avec précision cette période artistique et sait la faire revivre.
Le Rococo touche tous les arts, l'architecture en particulier, l'ameublement, la peinture et vient de la fusion du baroque italien et du style rocaille à la française, reprenant des ornementations des grotesques de la Renaissance : feuillages, masques, coquilles, dragons. Le mouvement s'envole, les lignes serpentent, s'enroulent, sinuent. Ce style foisonnant dont les sujets sont souvent érotiques et légers est le reflet d'une société libertine qui oublie les maux de ce siècle en se divertissant, en s'adonnant aux plaisirs, aux fêtes galantes ; une société aristocratique qui refuse de voir l'orage qui menace préfigurant la révolution. Une société qui invente le mot bonheur et dont Fragonard est le plus illustre des représentants.  Car il faut bien reconnaître que Fragonard, est un grand maître de la peinture,  un peintre exceptionnellement doué et son splendide jaune, inimitable, est un reflet du soleil de sa ville, Grasse, qu'il aimait tant.


Le mérite de Sophie Chaveau est d'avoir raconté une histoire à laquelle on s'intéresse, celle d'un petit garçon né en 1732 à Grasse dans un milieu modeste qui part à Paris avec sa mère pour rejoindre un père joueur et volage qui les avait abandonnés. L'écrivain dresse un beau portrait de cette femme qui pressentant le génie de son fils s'épuise pour qu'il puisse suivre des études de peinture d'abord dans l'atelier de Chardin puis de Boucher. Nous suivons toute sa carrière, sa brillante réussite, quand prix de Rome, il part en Italie, à la villa Médicis, pendant quelques années. Nous partageons son amour des enfants et des animaux qui peuplent  et animent son atelier du Louvre et se retrouvent dans ses tableaux. Fragonard peint toujours dans un joyeux désordre, un tumulte heureux, entouré de sa famille et des amis, artistes qui sont tous réunis dans les résidences délabrées et insalubres du Louvre que le roi consent à mettre à leur disposition.  Nous découvrons sa femme Marie-Anne Gérard-Fragonard, peintre de miniatures, et la soeur de celle-ci, Marguerite Gérard, qui devint un peintre célèbre et mondain sous le Directoire.


Rosalie, la file de Jean-Honoré et Marie-Anne Fragonard

Cette biographie est vivante même si l'on ne distingue pas trop bien les faits avérés de ceux qui sont purement imaginaires. Par exemple, Fragonard a t-il réellement eu un enfant de sa belle soeur Marguerite, bébé que Marie-Anne accepta de faire passer pour son fils, le petit Alexandre-Evariste dit Fanfan? Quelle est la part romancée? Ce qui est sûr c'est que Fragonard fut anéanti par la mort de sa fille chérie, la petite Rosalie, et qu'il cessa de peindre, traversant la Révolution et l'Empire en perdant peu à peu au milieu de la Terreur son goût du bonheur.
Ce qui est certain aussi c'est que Sophie Chaveau aime son personnage, le petit Frago, ce grand peintre qui préfère les thèmes galants et légers plutôt que graves qu'il interprète cependant sans vulgarité. Il est vrai que Fragonard se libérait ainsi des contraintes de l'Académie qui imposait le sujet historique comme Genre noble, ce que le peintre détestait particulièrement. D'autre part l'auteur, comme toujours, parle très bien de la peinture, elle nous fait découvrir les tableaux, la matière, les couleurs, en critique d'art mais aussi avec une chaleur et enthousiasme communicatifs.
J'ai trouvé par contre que la période historique et philosophique était un peu superficiellement traitée et j'aurais aimé, pour une fois, éviter le poncif, de la "petite reine" Marie-Antoinette si innocente marchant vaillamment vers l'échafaud! Mais, bon, c'est un détail qui n'empêche pas de se plonger dans cette lecture agréable  qui nous apprend bien des choses sur l'art du XVIII siècle.

Chardin

 Chardin a été pour Fragonard un bon maître qui tout en laissant libre le jeune artiste lui enseigne son art par imprégnation,  par l'observation. Mais cet apprentissage ne plaisait pas au jeune homme, lui qui rêvait du luxe, de la richesse, de la beauté des modèles féminins, de l'ambiance de l'atelier de Boucher.
Or, il se trouve que parmi ces artistes, c'est justement Chardin que j'apprécie le plus! Sophie Chaveau analyse bien la différence entre ces deux styles de peinture. Elle en parle si bien qu'elle me fait comprendre pourquoi j'aime les tableaux de Chardin alors que je suis pas spécialement attirée par les natures mortes. Chardin choisit des objets modestes, sans gloire, pour sujets de sa peinture, des pots d'étain, des oignons, des fannes de carottes peu importe... et il les peint lentement :

Chardin ôte le brillant des choses pour en extraire la sève, en tirer une autre réalité.... Rendre le relief, les infinies nuances de lumière, la gravité, les mystères des ombres, toutes ces subtilités qu'il ne parvient pas à trouver dans cette fichue assiette ébréchée de Chardin. Tout le jour, il gratte aux côtés du bonhomme à lunettes et à bonnet.... Les mois passent. Pourtant il sent son regard changer. Chardin lui ouvre un autre monde, une autre vision du Monde.


 Jean Siméon Chardin


 François Boucher


Madame de Pompadour

Avec François Boucher, le maître bien aimé de Fragonard, on est loin de l'austérité de Chardin! Fragonard est heureux de l'avoir pour maître et apprécie son caractère affable, l'effervescence  et la joyeuse camaraderie qui règnent dans l'atelier.

Boucher l'a beaucoup fait travailler mais selon sa dernière manière. Celle de sa gloire aux couleurs du badinage, aux humeurs de boudoir... Manière pleine de grâce et de légèreté à la semblance de toutes ces Madame Boucher, sensuelles et roses, de ses angelots dodus et nacrés, et des ciels estompés de crème qui parsèment ses tableaux.



 Jean-Baptise Greuze 

 Greuze :  La malédiction paternelle

 Jean-Baptiste Greuze est un ami qu'il connut à Rome.  Lui aussi un atelier dans la galerie du  Louvre où il aménage avec sa femme qui le trompe à qui mieux mieux et lui fait des scènes violentes. Il n'ose pas répliquer et attend  patiemment  qu'elle en ait fini avec ses amants, cachée derrière un paravent. Tous le méprisent et le blâment :


 Dans toute la galerie on le fuit, et la peinture de Greuze toujours en vogue, commence à sombrer dans un moralisme qui cherche à opposer un démenti à sa vie. Et aux moeurs de sa femme. Ainsi prêche-t-il une petite morale sucrée. Qu'il aimerait tant insuffler à sa mégère.

Greuze :  la cruche cassée qui symbolise la perte de la virginité





 Marguerite Gérard

                                                     
Avec Marguerite Gérard, la belle soeur de Fragonard, retour à une peinture plus froide, plus conventionnelle, bien léchée, très différente de la manière de Fragonard qui n'est plus à la mode.


 Quelques tableaux de Fragonard

Fragonard : La fête de Rambouillet



 Fragonard : très jeune fille jouant avec son chien (La Gimblette)

 Une gimblette est une pâtisserie provençale avec laquelle la fillette attire son chien. Tous les tableaux de jeunes filles plus ou moins dénudée jouant avec leur chien s'appellent désormais des Gimblette.


Merci à Dialogues croisés pour l'envoi de ce livre



mercredi 29 février 2012

Jane Austen : Lady Suzan






Lady Suzan est le premier roman de Jane Austen qui l'a écrit alors qu'elle n'avait que 18 ou 19 ans. Elle n'a jamais songé à le publier. Il ne parut qu'en 1871, soit 54 ans après sa mort.
Ce court roman épistolaire ne manque pourtant pas de piquant. L'ironie lucide et caustique de Jane Austen s'y exerce avec finesse. Certes, il ne s'agit pas d'un de ses grands romans, mais cette oeuvre de jeunesse est un petit régal!  Il est regrettable que l'écrivaine le termine, malheureusement, de façon si abrupte comme si elle s'en désintéressait. 

Plusieurs personnages s'y croisent mais les deux principales sont Lady Suzan Vernon et Catherine Vernon, sa belle-soeur. Elle s'adressent toutes deux à des destinataires différents, Lady Suzan principalement à sa meilleure amie Alicia Johnson, et Madame Vernon à sa mère Lady de Courcy dont elles reçoivent des réponses qui complètent le récit. D'autres correspondants interviennent aussi, ce qui permet à travers ces échanges de suivre l'histoire mais aussi de découvrir tous les protagonistes du roman. Ainsi Lady Suzan si l'on en croit sa première lettre où elle réclame l'hospitalité à son frère est une femme honorable, veuve  éplorée, injustement décriée par des amis et surtout par madame Manwaring qui l'accuse de coquetterie envers son mari. Elle adore sa fille Frédérica, désagréable et sauvage, dont l'éducation la préoccupe beaucoup. Elle est donc obligée de la mettre en pension, ce qu'elle ne fait qu'avec tristesse.
Mais les écrits qu'elle envoie à sa meilleure amie Madame Johnson présentent un autre éclairage : Lady Suzan est la maîtresse de M. Manwaring, elle déteste sa fille dont elle n'a pas envie de s'occuper. Elle veut la marier de force à Sir James et l'envoie en pension pour l'obliger à y consentir.
Les lettres de madame Vernon contrainte de recevoir lady Suzan chez elle, nous permettent de compléter le tableau. Lady Suzan a jeté son dévolu sur le frère de madame Vernon, Reginald de Courcy et entreprend de le séduire tout en continuant à voir son amant Manwaring. Frédérica se révèle une jeune fille charmante et timide, terrorisée par sa mère mais décidée à refuser le mariage que cette dernière veut lui imposer. De plus, elle tombe amoureuse de Reginald alors que celui-ci qui n'a d'yeux que pour sa mère.  Lady Suzan arrivera-t-elle à ses fins?  Fréderica et Reginald seront-ils ses victimes?

Ces lettres permettent une variation du point de vue et nous éclairent sur la vérité des caractères au-delà des apparences. Jane Austen nous livre là une comédie amère et mordante de la société de son temps.
Le cynisme dont font preuve les deux amies, Suzan et Alicia, dans leur correspondance nous montrent des femmes coquettes et égoïstes, uniquement préoccupées d'elles-mêmes, intéressées et même avides, habituées à s'épauler pour tromper leur mari. Plus encore que l'immoralité de Lady Suzan, c'est son hypocrisie que l'auteure fustige. Lady Suzan se sert de sa beauté mais aussi du beau langage, de l'art de convaincre, comme d'une arme. Elle sait que la beauté n'est pas tout, là où il n'y pas l'intelligence.
L'ironie déployé par Austen à propos de ces dames est assez jubilatoire. Je vous laisse en juger!
Extrait d'une lettre d'Alicia Johnson à lady Zuzan. Madame Johnson pensait profiter de l'absence de son mari qui partait à Bath pour s'amuser avec son amie et ses soupirants.

M. Johnson a trouvé le moyen le plus efficace de tous nous tourmenter. J'imagine qu'il a entendu dire que vous seriez bientôt à Londres et sur le champ il s'est arrangé pour avoir une attaque de goutte suffisante pour retarder, à tout le moins, son voyage à Bath, sinon pour l'empêcher tout  à fait.

Réponse de Lady Suzan

Ma chère Alicia, quelle erreur n'avez-vous pas commise en épousant un homme de son âge - juste assez vieux pour être formaliste, pour qu'on ne puisse avoir prise sur lui et pour avoir la goutte-, trop sénile pour être aimable et trop jeune pour mourir.

Mais si les femmes sont malmenés par sa plume acerbe, les hommes ne sont pas épargnés!  Le frère de Lady Suzan est un homme bon mais sans caractère, incapable de juger ce que fait sa soeur, ni d'avoir un peu d'autorité

Monsieur Vernon qui, comme on a déjà dû s'en apercevoir ne vivait que pour faire ce que l'on attendait de lui...

Quant à Reginald qui, au départ, se croit supérieur à Lady Suzan et la méprise, il n'a que ce qu'il mérite en tombant dans les filets de la dame et en ayant le coeur brisé! Brisé? Encore que...

Reginald de Courcy à force de paroles adroites, de flatteries, de ruses, fût amené à prendre du goût pour elle*, ce qui, compte tenu du temps nécessairement imparti à vaincre son attachement pour la mère, à renoncer à tout autre lien et à prendre les femmes en abomination, pouvait être raisonnablement attendu dans un délai d'un an. Trois mois peuvent suffire en général, mais Reginald avait des sentiments qui n'étaient pas moins vivaces qu'ardents.   * Frederica
Féroce, Jane Austen, je vous l'avais dit! Et dire que certain(e)s la jugent romantique!  J'ai parfois l'impression de lire du Voltaire dans le domaine du sentiment!


Voici un livre de Jane Austen que je n'avais pas encore lu. C'est chose faite aujourd'hui grâce à la lecture commune du blogclub! 

Que disent-ils de la Politique ? Beaumarchais : Feindre d'ignorer ce qu'on sait...

 

 Je publierai ici, en cette période de préélectorale où l'on ne nous a jamais autant sollicités,  nous les représentants du peuple, les pensées de grands philosophes, écrivains, hommes politiques, français ou étrangers!


 Feindre d’ignorer ce qu’on sait, de savoir tout ce qu’on ignore, d’entendre ce qu’on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu’on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu’il n’y en a point ; s’enfermer pour tailler des plumes et paraître profond, quand on n’est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage ; répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets ; intercepter des lettres* ; et tâcher d’ennoblir la pauvreté des moyens par l’importance des objets : voilà toute la politique ou je meure !

       Le Mariage de Figaro

*Mettre sous écoute : On a fait des progrès depuis le XVIII °! Modernisons un peu le texte!

dimanche 26 février 2012

Les Romantiques et le soleil : Victor Hugo, William Turner, Caspar David Friedrich, Frantz Schubert


Joseph  Mallord William Turner :  Soleil couchant sur un lac (1840)

 William Turner (1775-1851), peintre romantique anglais, devient par sa recherche sur la lumière, le précurseur des impressionnistes.  Dans ce tableau, soleil couchant sur un lac, le peintre est passionné par la  puissance tumultueuse de la lumière qui dissout le paysage, efface les personnages, gomme les formes presque jusqu'à l'abstraction. Les reflets dans l'eau ont plus de consistance que le paysage réel.  Les ors éclatants du soleil pénètrent la brume cotonneuse, aux blancs lumineux, translucides. Tout est vibrant de lumière. C'est un hymne au soleil qui va disparaître dans le lac.


Soleils couchants

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
(Les Feuilles d'Automne)

Pour Victor Hugo (1802-1885), le coucher du soleil est prétexte à une méditation romantique sur le temps qui passe. Cette vision ne donne pas lieu à  une description pittoresque et colorée mais constitue un point de départ qui entraîne le promeneur très loin dans l'espace et le temps. L'impression générale est celle d'un mouvement vertigineux qui ne cesse de s'accélérer et qui permet au poète de faire sentir la rapidité de ce passage. Hugo oppose l'homme, éphémère et mortel, à la Nature personnifiée, qui renaît toujours, et est en cela immortelle. Le poète présente une méditation  sur la Mort et sur sa propre disparition.

Dans les deux tableaux suivants, Caspar David Friedrich(1774 -1840), chef de file de la peinture romantique allemande, oppose le le lever du soleil au soleil couchant. Dans les deux images, les personnages sont vus de dos, ce qui permet au peintre de les présenter dans un face à face exclusif et  spirituel avec la Nature, en communion avec elle et prêts à recevoir ce qu'elle leur enseigne.

Caspar David Friedrich : Femme au soleil levant

Cette jeune femme, l'épouse de Caspar David  Friedrich, est placée au centre du tableau dans un paysage champêtre délicatement teinté par les rayons naissants du soleil. Elle contemple des montagnes lointaines  baignées d'une lumière aux teintes douces. Au centre, au-dessus de sa tête et autour d'elle,  part, du mont le plus élevé,  un faisceau de rayons qui encercle le personnage et forme comme un halo autour d'elle. Elle est magnifiée par la lumière. Sa silhouette élancée, dans cette robe sombre, aux plis hiératiques, se dresse, les bras baissés, tournant la paume de ses mains vers le soleil comme dans une action de grâce. Elle accueille la naissance du jour avec reconnaissance. Elle symbolise la jeunesse, le renouveau et le recueillement et paraît animée d'un sentiment mystique.


Caspar David Friedrich : paysage au soleil couchant


Dans ce tableau, paysage au soleil couchant, les deux hommes, de dos, immobiles sur un  tertre élevé, regardent le soleil se coucher au-dessus de la mer et des îles dans le lointain. La nuit est déjà là et l'obscurité enveloppe les silhouettes noires qui se découpent sur le ciel encore lumineux comme des ombres. Les montagnes qui les entourent baignent dans l'obscurité. Les personnages ne sont pas au centre de l'image mais décalés sur la gauche pour laisser plus de place à la vision du paysage qui dans sa beauté éclatante semble inquiétant, prêt à plonger dans le néant. La mort est donc bien présente dans la méditation de ces deux hommes. Ceux-ci ne sont pas magnifiés comme dans l'image précédente de la jeune femme. Ils paraissent ainsi plus fragiles, mais leur rapprochement, coude à coude, face à la grandeur de la Nature et et au néant, suggère une idée de solidarité et d'amitié.




Frantz Schubert : Im Abendrot : Crépuscule (Ciel rose du soir)








Un livre/ Un film : Réponse à l'énigme N°23 chez Keisha




Vous ne vous en êtes peut-être pas aperçu (SI?) mais il s'agissait d'une première pour le jeu un Livre/un film car c'est Keisha qui a proposé cette énigme n° 23. C'est donc chez Keisha que vous irez lire le billet sur le livre proposé : Texasville de Larry Mc Murty et chez Wens le film du même titre de Peter Bogdanovitch.

 Vous avez tiré la langue et nombreux sont ceux qui ont abandonné en chemin. Trois vainqueurs seulement au prix Texas décerné par Keisha : Aifelle, Eeguab, Somaja, Kathel
Le prix de la combativité et de la persévérance est accordé à Syl
Merci aux courageuses qui se sont perdues dans les  plaines du Texas : Dominique et sa machine à laver en crue, Dasola et Gwenaelle. 

A samedi prochain!



samedi 25 février 2012

Un livre/ Un film : énigme N°23




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
 
Enigme 23
 
Ce roman d'un écrivain américain parut pour la première fois en 1987. Il reprend les personnages d'un roman précédent, et il sera suivi par un autre roman avec le même héros mais il peut se lire indépendamment. L'action se passe dans l'état de naissance de l'auteur. Les dialogues nous font rire mais n'empêchent cependant pas de ressentir le mal être du héros, cinquantenaire, coincé entre femme, ex-maîtresses, et enfants. Le livre et le film portent le même titre.

S. un berger noir du Queensland, sursautait à chaque détonation. Contrairement à D., il ne portait pas de casque sur les oreilles, mais il aimait tant son maître qu'il ne le quittait pas d'une semelle, même au risque de devenir sourd.
(...) Julie et Jack, les jumeaux, s'amusaient à lui lancer des pierres dès que leur père avait le dos tourné.  Pour des gamins de onze ans, ils se défendaient plutôt bien et ils manquaient rarement leur cible. S. ne leur en tenait pas rigueur. Il prenait ça pour une marque d'affection.

vendredi 24 février 2012

Invitation au romantisme : George Sand


George Sand

Si j’étais garçon, je ferais volontiers le coup d’épée par-ci, par-là, et des lettres le reste du temps. N’étant pas garçon je me passerai de l’épée et garderai la plume, dont je me servirai le plus innocemment du monde.   George Sand Correspondance (1835)

 De temps en temps, je vous invite à aller voir de blog en blog les billets écrits dans le cadre du challenge romantique afin d'en découvrir les richesses et trésors, un voyage dans l'univers romantique de la blogosphère.

Pour ce challenge Romantique, un écrivain s'imposait et se devait d'être mise en avant. Il s'agit de George Sand qui a connu un moment de gloire littéraire en France de son temps mais a ensuite été méconnue, dénigrée, étouffée jusqu'à maintenant parce qu'elle était femme et berrichonne autrement dit "régionaliste", deux tares impardonnables en France.  Il faut dire aussi qu'il y avait bien autres choses qui gênaient (et qui gênent encore!) en elle, ses prises de position socialistes, la défense des pauvres, des femmes, ses idées égalitaires, son désir de peindre la beauté du peuple. Et puis il y a sa vie! Son divorce, son indépendance, ses vêtements d'homme, ses amants! Quel scandale! Une femme libre et qui se dit l'égale des hommes!
Je conçois et j'admets que l'on puisse ne pas apprécier l'idéalisme de George Sand, son romantisme utopique mais à une condition, c'est qu'on l'ait lu. On la juge en général à partir de deux ou trois romans alors qu'elle en a écrit une centaine, explorant tous les genres, du roman champêtre, au roman social, politique, historique, fantastique, aux contes folkloriques, au théâtre, à son immense correspondance!
Nous sommes quatre pour l'instant à avoir publié des billets sur cette écrivaine dont on pense que le XXI siècle sera peut-être enfin son siècle : George, Cleanthe, L'Ogresse de Paris et moi-même.
 
 Mais laissons d'abord la parole à George qui la connaît si bien et qui l'aime tant. Je lisais  dans son blog Les Livres de George un  billet intitulé George Sand vue par Emile Zola où l'écrivain naturaliste la comparant à Balzac qu'il admire, lui reprochait  son idéalisme et la trouvait dangereuse pour les jeunes gens et surtout pour les femmes.
Ces livres ouvrent le pays des chimères, au bout duquel il y a une culbute fatale dans la réalité. Les femmes, après une pareille lecture, se déclareront incomprises, comme les héroïnes qu’elles admirent [...] Combien de femmes ont trompé leurs maris avec le héros du dernier roman qu’elles avaient lu! 

Voilà le beau plaidoyer de George (la nôtre) et sa déclaration d'amour à celle du XIXème siècle :

 Car si on peut reconnaître que l’œuvre de Sand témoigne d’une vision idéaliste, voire parfois totalement utopiste, il n’en reste pas moins, que cette utopie prend appui sur une observation réaliste du monde qui l’entoure. Placer ses romans dans son Berry natal, parler des paysans qu’elle côtoyait tous les jours, rendre compte de ses aspirations socialistes est aussi une façon de dire la vérité, mais non pour la montrer dans sa crudité, mais pour tenter de créer un monde meilleur, plus équitable, et égalitaire. Alors, certes George Sand n’est pas une romancière réaliste, mais ses romans ne sont pas seulement des rêves dangereux pour les femmes, et ses prises de position politique, ses combats socialistes, ses engagements montrent assez à quel point elle était de plein pied dans son siècle. Zola engage un duel entre deux auteurs, un combat perdu d’avance pour Sand. Et finalement Émile Zola s’est trompé, puisqu’en 2011 George Sand est encore lue, étudiée, rééditée et si elle reste méconnue ce n’est pas à cause de la faiblesse de ses romans, mais bien parce que depuis deux siècles pèsent sur elle cette interprétation erronée de son œuvre.
Émile Zola, Honoré de Balzac, George Sand sont trois auteurs majeurs du XIXème siècle, trois auteurs clefs et symptomatiques de l’évolution du roman durant ce siècle. Il ne s’agit plus aujourd’hui de les faire s’affronter pour savoir qui va gagner ou perdre, mais de les lire pour ce qu’ils sont. Qui a raison qui a tort, qu’importe, chacun donne sa vision de la réalité et c’est, après tout, ce que l’on demande à un auteur, nous faire partager sa vision du monde.

Lire l'article complet ici  

Et n'oubliez pas que George a ouvert un challenge George Sand illimité.

Indiana (1832)


 Chez George  : Aujourd’hui partons à la découverte du premier roman écrit par George Sand sous son pseudonyme. Après un roman écrit avec son amant Jules Sandeau, Aurore Dupin, publie donc Indiana, et, sur les conseils d’un ami, signe pour la première fois de son pseudo George Sand. Mais d’où vient ce pseudonyme ? ICI 

Chez Claudialucia : Ceux qui m'ont lu sans prévention comprennent que j'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société. ICI

Valentine (1832)


Chez George : Valentine fait partie des romans de jeunesse de George Sand. Après la parution de son premier roman Indiana, elle a publié des textes courts, Valentine est donc un retour au roman. Les années 1830 marquent l’arrivée de la seconde génération de romantiques. George Sand a 24 ans quand paraît Valentine. ICI

Leone Leoni (1834)


 Chez George : Leone Leoni est un roman écrit pendant le séjour de George Sand à Venise avec Musset. Sand précise dans la préface du roman les circonstances de l’écriture de ce roman, qui semble intrinsèquement liées à sa situation personnelle :
"Étant à Venise par un temps très-froid et dans une circonstance fort triste, le carnaval mugissant et sifflant au dehors avec la bise glacée, j’éprouvais le contraste douloureux qui résulte de notre souffrance intérieure, isolée au milieu de l’enivrement d’une population inconnue". ICI

Journal intime (1834)

Chez GeorgeCe journal rend donc compte essentiellement du désespoir de Sand face à cette rupture et au désintérêt de Musset pour elle. On y lit la souffrance, le manque, le désespoir de n’être plus aimée et d’aimer toujours pourtant, la passion charnelle aussi. ICI

Simon (1836)


Chez George : Comme le veut la période romantique, le roman porte un titre centré sur le prénom du personnage principal. Cette coutume lancée par Chateaubriand (René), Mme de Staël (Corinne ; Delphine) ou encore Benjamin Constant (Adolphe) eut cours essentiellement durant la première période romantique et George Sand ne déroge pas à la règle puisque la plupart de ses premiers romans portent un titre-prénom, ce qui devait bien l’arranger, elle qui avait tant de mal à trouver un titre pour ses œuvres. Pourquoi un prénom? Car la période romantique s’intéresse au destin individuel d’une âme plongée dans l’Histoire.
Le roman court sur une période allant de 1824 à 1830, période donc antérieure à l’écriture du roman, et période romantique s’il en est ICI

 Mauprat (1837)


 Chez George : Avec ce roman, on pénètre dans les romans gothiques de George Sand. La noirceur de Tristan et de ses fils que décrit George Sand nous rappelle les romans d’Ann Radcliff voire de Sade! Mais on y lit aussi l’influence de Jean-Jacques Rousseau. Mauprat est écrit entre 1835 et 1837, le roman paraît en 1837. Sand choisit le cadre du Berry, son pays, dont elle connaît tous les recoins. C’est un roman clef dans l’œuvre de George Sand qui met en scène un personnage féminin, là encore, caractéristique de la vision féminine de Sand. Edmée de Mauprat est une jeune fille instruite et fine, sans doute l’une des premières héroïnes sandiennes à prendre une telle ampleur. ICI 

Chez Claudia : Quand on lit George Sand, on a toujours l'impression de la redécouvrir tant les genres qu'elle explore sont différents. Avec Mauprat, nous sommes en plein romantisme, un roman gothique avec une histoire d'amour et de mise à l'épreuve, des nobles sinistres perpétrant leurs méfaits derrière les fortifications de leur château, des brigandages, des meurtres...
Récit d'aventures, Mauprat est aussi un roman où l'on retrouve  tous les thèmes sérieux chers à l'écrivain. George Sand aborde ici le thème de l'éducation mais, si elle est rousseauiste et admire l'Emile, contrairement à Rousseau, elle est persuadée que l'homme n'est pas naturellement bon et que l'éducation a une fonction civilisatrice.
ICI


 Les Compagnons du tour de France (1840)


 Chez George : Avec ce roman, George Sand marque l’ancrage politique du romantisme, un romantisme social tourné vers la cause du peuple, tel que Victor Hugo le développera également dans Les Misérables. George Sand montre que l’artisan est aussi un artiste du quotidien.
Parallèlement, le roman rend compte de deux histoires d’amour : la première entre Pierre et Yseult, la seconde entre Amaury et Joséphine, la jeune cousine d’Yseult. Deux amours aussi différentes l’une que l’autre, le premier établi sur une entente philosophique et intellectuelle, le deuxième établi davantage sur la sensualité, avec toutes les conséquences que celle-ci peut entraîner.
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Chez Claudia
: Pour écrire sur les Compagnons, George Sand s'est énormément documentée en s'appuyant notamment sur Le livre du compagnonnage d'Agricol Perdiguier, Compagnon sous le sobriquet de Avignonnais la Vertu -natif d'Avignon donc- menuisier, écrivain et député. George Sand reçut Agricol Perdiguier chez elle. Instruit, lettré, auteur de chansons et de poèmes, il était convaincu que l'instruction et la lecture sortiraient le peuple de l'obscurité. Il oeuvrait pour que les sociétés de compagnonnages se réconcilient et se solidarisent. Déjà gagnée au "socialisme humanitaire" par l'influence de Pierre Leroux, George Sand écrit alors en 1840 : Le compagnon du Tour de France, un roman social très fortement engagé. ICI

 Consuelo et La comtesse de Rudolstadt (1843)


Chez Cleanthe : On ne dira jamais assez qu'il faut ranger George Sand parmi les meilleurs écrivains du XIXème siècle français. Une auteure à effets, dans le goût du roman-feuilleton où elle excelle. George Sand ne s'économise pas, c'est parfois ce qu'on lui reproche, d'en faire trop. Mais c'est vraiment un plaisir, quand on est un lecteur, d'être mené ainsi par le bout du nez sur près de 1500 pages. ICI
 
Chez Claudialucia : La culture de George Sand au niveau historique et son érudition musicale qui nous transportent d'un pays à l'autre est un des plaisirs du roman. Mises à part quelques longueurs et répétitions dans le récit, j'ai aimé son aspect initiatique et picaresque quand les deux jeunes gens sont sur les routes et gagnent leur vie en chantant et en jouant de la musique. Les personnages qu'ils rencontrent sont bien campés. George Sand a l'art du portrait satirique aussi bien sur le plan physique que moral. Elle sait mettre en avant avec beaucoup d'humour le trait caricatural, les travers, les faiblesses, les vanités de chacun tout en rendant la complexité de l'âme humaine. ICI

Le péché de M. Antoine (1845)



Chez George : Le Péché de Monsieur Antoine est le dernier roman socialiste écrit pas George Sand. Elle commence la rédaction en juillet 1845, le roman paraît en feuilletons d’octobre à novembre 1845.
Le thème est donc engagé. George Sand est dans sa grande période socialiste, elle crée plusieurs journeaux, est amie avec Pierre Leroux, philosophe, réfléchit à une solution favorable au bien-être d’un peuple en souffrance. Elle dénonce ou du moins critique le Saint-Simonisme, mais aussi certaines idée de Fourier, donne son opinion sur les Associations…
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Chez Claudialucia : Un jeune étudiant, Emile, voyage dans une région accidentée et sauvage aux confins de la Marche et du Berry, lorsqu'un violent orage se déchaîne. Obligé de s'arrêter, il rencontre un paysan, Jean Japeloup, qui l'amène s'abriter au château de Châteaubrun. Là au milieu des ruines, dans une aile restaurée, vivent M. Antoine de Chateaubrun, sa fille Gilberte, la mère Janille, la vieille gouvernante. Tout ce monde vit là, démocratiquement, sur un plan d'égalité et d'amitié, mangeant à la même table. Emile va être tout de suite séduit par cette famille dont les moeurs correspondent tant à ses idées socialistes. ICI

Histoire de ma vie (1855)


 Chez George : Dans son autobiographie, Histoire de la vie, George Sand développe la théorie romantique à laquelle elle adhère : "En résumé, idéalisation du sentiment qui fait le sujet, en laissant à l’art du conteur le soin de placer ce sujet dans des conditions et dans un cadre de réalité assez sensible pour le faire ressortir, si, toutefois, c’est bien un roman qu’il veut faire".  ICI

Les dames en vert 1857



Chez George  : Ce court roman joue allègrement sur la veine fantastique. Des fantômes, l’angoisse, des apparitions, une statue qui prend vie, et un étrange manuscrit ! Mais comme toujours avec George Sand, le roman dit plus, va plus loin que la simple petite histoire.
Situer l’action en 1788 a bien sûr son importance, d’autant plus pour George Sand. Son père, avant elle, avait une âme de révolutionnaire. Il défendait les idées de la Révolution, et George Sand a marché dans ses pas
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Chez CleantheCe récit, tout en faux semblants et en chausse-trappes, est un petit bijou d'ironie qui montre que, même assagie, George Sand n'a rien perdu de la verve de sa jeunesse. Publiée la même année que Mademoiselle La Quintinie, roman charge croisant la question du mariage et celle de la religion, ces Dames vertes donnent, sous la forme d'une histoire de fantômes somme toute assez traditionnelle, un récit passionnant mêlant environnement fantastique et préoccupations sociales. ICI

L'orgue des Titans (1873)



Chez Claudia : L'orgue des Titans, récit fantastique, donne son titre au recueil de contes de George Sand paru à l'école des Loisirs/ classiques. Tous sont issus de deux ensembles : Les contes d'un grand-mère et Les légendes rustiques.
Ce recueil  témoigne de l'intérêt du romantisme pour le folklore et les traditions et aussi pour le fantastique. ICI
Le musée de la Vie Romantique


L'ogresse de ParisLe salon du peintre Ary Scheffer, réunit alors  le cercle romantique des années 1830. Le musée de la Vie Romantique conserve aujourd'hui les souvenirs de l'artiste, meubles, portraits, mais également ceux de son amie Georges Sand. ICI



mercredi 22 février 2012

Que disent-ils de la politique? Montesquieu : il faut être avec eux..



 Je publierai ici,  en cette période de préélectorale où l'on ne nous a jamais autant sollicités,  nous les représentants du peuple, les pensées de grands philosophes, écrivains, hommes politiques, français ou étrangers!



              


Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu, philosophe, auteur de l'Esprit des lois (1689-1755)

  
 Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie; il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux. 

mardi 21 février 2012

Geraldine Brooks : Le livre d'Hanna




Le livre d'Hanna de l'écrivain d'origine australienne Geraldine Brooks est passionnant. Ce roman nous amène en voyage dans des époques différentes, du présent au passé, à la découverte d'un manuscrit si précieux que des hommes ont risqué leur vie à travers les siècles pour le préserver.

Haggada de Sarajevo

En effet, bien que le roman Le livre d'Hanna soit une fiction, il a pour principal sujet un manuscrit hébreu bien connu sous le nom de Haggada de Sarajevo, livre de prières orné de magnifiques enluminures médiévales (XIV siècle) créé en Espagne à une époque où la croyance juive était opposée à toute iconographie, interdisant l'art figuratif.


Quand l'ouvrage fut découvert en Bosnie en 1894, ses pages de miniatures peintes mirent cette théorie à bas, et les textes d'histoire de l'art durent être réécrits.
Or, ce précieux document est sauvé à plusieurs reprises de la destruction :  une fois à Venise par un prêtre catholique travaillant pour les autodafés de l'Inquisition en 1609; une autre fois, en 1941, par un célèbre érudit islamique, Dervis Korkut, qui le soustrait au général nazi, Johan Hans Fortner, en le cachant dans la mosquée d'un village de montagne; puis pendant la guerre en 1992, à Sarajevo, où un bibliothécaire musulman, Enver Imamovic, l'arrache à la bibliothèque bombardée pour l'enfermer dans le coffre-fort d'une banque.
A partir de cette réalité historique, place à la fiction! Hanna, le personnage de Geraldine Brooks est spécialisée dans la restauration des manuscrits anciens, une des meilleures dans son métier.  Elle parle six langues couramment dont l'hébreu et elle est titulaire d'un diplôme d'histoire de la religion juive. Ceci explique qu'elle soit choisie pour restaurer la Haggada  que l'on vient de retrouver à  Sarajevo en 1996 et qui a souffert de son séjour dans un coffre métallique à la banque. Hanna a donc tout loisir d'examiner cette merveille et elle y découvre des indices infimes, un grain de sel, un poil de chat, des taches de vin ... qui vont lui permettre de mener une enquête pour retrouver les secrets du livre. Nous voyagerons donc à Venise au moment de l'Inquisition, en Espagne à la fin de la Convivance, période où toutes les communautés religieuses vivaient en bonne entente, à Vienne où le livre subit une restauration malencontreuse en 1894,  à Sarajevo ... Une magistrale promenade à travers les siècles et l'Europe.

Geraldine Brooks invente ainsi une histoire à ce manuscrit et fait revivre avec beaucoup de talent des personnages du passé qui sont à la fois très vivants et attachants. Elle a l'art de donner aussi une consistance à l'Histoire ancienne qui rejoint la petite histoire d'êtres humains pris dans le tourbillon des guerres, de la violence, dans la souffrance provoquée par la haine, l'intolérance. Autour de ces retours en arrière se dessine aussi la vie d'Hanna que sa mère a privé de son père, a coupé de toute sa famille paternelle juive, sans lui donner d'amour en retour. L'affrontement entre les deux femmes, l'amour que Hanna va éprouver pour un bosniaque musulman (celui qui a sauvé la Haggada) et qui a vu mourir sa femme et son enfant forment la trame de l'histoire contemporaine.

Un roman très prenant. A travers la quête de ses origines, cet ouvrage juif sauvé par un catholique et des musulmans, exceptionnel par sa beauté et par sa rareté, devient tout aussi précieux comme symbole. N'est-il pas en effet, la preuve que tous les hommes peuvent s'unir quand il s'agit de préserver le savoir et l'art? La culture comme ciment de l'humanité, plus puissante que les passions fanatiques et vecteur de tolérance, c'est l'idée que Geraldine Brooks veut nous transmettre à travers Le livre d'Hanna.


Haggada de Sarajevo, le seder

Geraldine Brooks écrit dans la postface : On ne sait rien de l'histoire de la Haggadah pendant les années tumultueuses de l'Inquisition espagnole et de l'expulsion des juifs en 1492. Les chapitres intitulés "un poil blanc" et "l'eau salée" sont entièrement romanesques. Cependant une femme noire en robe safran est assise à la table du seder sur l'une des enluminures de la Haggada et le mystère de son identité a inspiré mon imagination. Remarquez à gauche, au premier plan, cette  femme noire.