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samedi 22 mars 2014

Fuyumi Soryo : Cesare




En choisissant Cesare dans la liste de BD proposés par Price Minister, je ne m'attendais pas à recevoir un manga, genre que je n'ai jamais vraiment lu. Je ne connaissais pas , en effet Fuyumi Soryo dont j'apprends qu'elle est une mangaka connue. Telle est mon ignorance, oui!

Cesare est le premier des huit volumes publiés par  Fuyumi Soryo : un peu frustrant au niveau de l'histoire car l'on est à peine entré dans le récit que la lecture est terminée et il faut attendre le tome suivant. Ma déception prouve, cependant, que la lecture est intéressante car l'on sent derrière ce travail des recherches approfondies et une grande connaissance de l'Histoire de César Borgia et de la Renaissance italienne.

Le scénario

Cesare, César Borgia (1475_1507), est le fils du cardinal Rodrigo Borgia, issu d'une famille espagnole, devenu pape sous le nom de Alexandre VI. Sa mère est  Vannoza Cattanei, d'une famille du duché de Mantoue, et maîtresse de Rodrigo Borgia.  On sait que César Borgia deviendra un prince et guerrier puissant. Mais pour le moment, nous sommes en 1490 et Césare est un étudiant dilettante à l'université de Pise avec son ami, Don Micholotto.

L'histoire n'est pas racontée de son point de vue mais sous l'angle d'un jeune homme de famille modeste, Angelo da Canossa , (référence à Michel Ange, bien sûr), florentin, petit-fils d'un maître carrier que Lorenzo de Médicis a pris sous sa coupe et envoie à l'université.  Le jeune homme plein de bonne volonté, intelligent, mais ne connaissant pas les usages, va multiplier les maladresses, offensant Giovanni de Médicis, le fils de Lorenzo, se mettant à dos les français et recevant l'aide des espagnols et de Cesare, en particulier.

Des personnages
Angelo da Canossa
Le récit s'intéresse aux personnages dont il révèle la psychologie, timidité, naïveté d'Angelo, le personnage fictif, séduction et ouverture d'esprit de Cesare Borgia, suffisance de Giovanni de Médicis, courtisanerie de son entourage. Dans ce premier tome, le personnage de César Borgia est plutôt positif, il présente un côté mystérieux de beau ténébreux, renforcé par le sévère habit espagnol et par l'aura de sa puissante famille pourtant si décriée.  Mais il tend la main à un fils du peuple, ne s'embarrassant pas des préjugés sociaux.

 Le contexte historique

Cesare et Henri, le français

Fuyumi Soryo nous introduit dans les dessous de la politique de l'époque, le jeu des pouvoirs, nous présente les factions rivales. Déjà plane dans la ville l'ombre sinistre de Savonarole dont l'influence est en train de grandir.
Les étudiants  français sont présentés et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne sont pas gâtés. La Renaissance français est tardive, en effet, par rapport à l'Italie et l'auteur montre une civilisation encore attardée dans le Moyen-âge. Mais on peut penser qu'en 1490, des jeunes gens ayant choisi d'étudier dans l'université fondée par Lorenzo Le Magnifique devraient manifester une plus grande ouverture d'esprit! Mais bref, c'est un détail! Passons sur mon chauvinisme!

 L'influence de la Renaissance italienne

Sandro Boticelli

Au niveau du graphisme, j'ai aimé la reconstitution de la ville de Pise, entourée de champs mais qui possède déjà sa parure de dentelles avec sa tour, son baptistère et sa cathédrale. Le soin apporté aux détails, vêtements,  repas, intérieur de l'université, palais où vit Cesare,  nous permet d'entrer dans la vie de la Renaissance.
L'influence des peintres italiens y  est très nette. On pense à aux oeuvres de Benozzo Gozzoli, Sandro Boticelli pour l'idéalisation,  la finesse et la beauté des personnages, et, bien sûr, aussi à Vinci, Lippi, Mantegna et tant d'autres...


Jeune homme Filippino Lippi

J'ai donc été ravie de me glisser dans cette lecture inhabituelle pour moi et de me retrouver, à partir d'un manga japonais,  en pleine Renaissance italienne!


Ecole de Domenico Ghirlandaio

Un musicien Léonard de Vinci
Enfin, je laisse à d'autres plus expérimentés que moi sur les mangas le soin de vous donner plus de détails :

Les diagonales du temps

blog de l'Express

Il faut noter : 18/20





Merci à Price Minister pour cette agréable découverte

vendredi 21 mars 2014

Le festival d'Avignon 2014 avec le nouveau directeur Olivier PY : 68 ème édition





Le Festival In d'Avignon ouvrira ses portes le 4 Juillet en même temps que le Off et se terminera le 27 Juillet.

Les journaux revèlent aujourd'hui l'orientation que va prendre le festival In, cuvée 2014, sous l'impulsion de son nouveau Directeur Olivier PY.
Je ne vais pas vous présenter la totalité de ces articles et pour cela je vous renvoie aux liens suivants : 
 Libération

Mais je vais juste  souligner ce que j'aime à priori dans le festival qui s'annonce :

ET d'abord les symboles :



L'affiche du festival d'Alexandre Singh reprend les trois clefs de la ville d'Avignon qui figuraient sur l'affiche de Jean Vilar  et la reprise en ouverture, dans la Cour d'Honneur de la pièce : Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist, écrite en 1808-1810, mise en scène par Giorgio Barberio Corsetti avec Xavier Gallais dans le rôle-titre et Eléonore Joncquez. Cette pièce montée par Jean Vilar en 1951 est devenue, avec Le Cid, emblématique du Festival avec Gérard Philippe dans le rôle du prince,  Jeanne Moreau (Nathalie), Jean Vilar (le Prince électeur).




En se plaçant sous le signe du fondateur du festival d'Avignon, Olivier Py qui est le seul directeur du festival à être lui-même un artiste depuis Jean Vilar, souligne ce qu'il veut que redevienne cette grande manifestation théâtrale : un festival populaire accessible aux jeunes.



 Un  festival plus ouvert aux jeunes avec des tarifs réduits et un lieu réservé au jeune public

Le but : Rajeunira le public car les moins de 26 ans ne représentent que 11pour cent des spectateurs.

Pour cela il lance un abonnement pour les moins de 26 ans : quatre spectacles pour 40 euros et il crée  un lieu spécial, la charmante chapelle des Pénitents blancs, qui  sera dédiée aux spectacles Jeune public avec trois créations : Falstafe, de Valère Novarina, mis en scène par Lazare Herson-Macarel, Même les chevaliers tombent dans l'oubli, de Gustave Akakpo, mis en scène par Matthieu Roy, et La Jeune fille, le diable et le moulin, de spectacle d'Oliver Py.

 Tarifs réduits aussi pour les grands spectateurs; voir détails ICI   dans Le Monde


Les créateurs français  seront remis à l'honneur et des artistes des cinq continents seront invités

Deux tiers  des artistes seront invités pour la première fois au festival. Onze artistes ont moins de 35 ans.
Autrement dit pas toujours les mêmes! C'est bien aussi de faire connaître d'autres metteurs en scène!
Il y aura 36 spectacles dont 21 seront des créations.


Le metteur en scène Thomas Jolly,

Ainsi le rouennais Thomas Jolly ( 32 ans) va présenter Henri VI de Shakespeare un spectacle qui va durer  18 heures. Cette intégrale - il s'agit à l'origine de trois pièces- sera donnée d'une traite, avec sept entractes.
Autrement dit pas pour moi! Même s'il paraît que ce genre de performance est "géniale" dixit ma fille cadette, il faut vraiment être jeune (ou un vieux en méga forme)  pour l'aborder! J'ai passé l'âge, hélas!

Un retour au théâtre de texte

Le théâtre de texte était le parent pauvre du festival actuellement (ce n'est pas tendance!) à tel point que Stephane Braunschweig avec Sept comédiens en quête d'auteur de Pirandello, en avait fait un sujet de dispute entre comédiens dans sa mise en scène  du festival  2012.

Olivier Py redonne au théâtre de texte ses lettres de noblesse en privilégiant le théâtre contemporain.

Ce qui ne signifie pas que le théâtre transversal, danse, musique, sera abandonné
Côté danse (mêlée de théâtre et de musique), Julie Nioche, Serge Kakudji, Fabrizio Cassol, Alain Platel, Thomas Lebrun, Arkadi Zaides, Robyn Orlin, et Lemi Ponifasio.


Une innovation qui en fera grincer des dents quelques uns



Les Têtes raides assureront la clôture du festival, un concert rock, une première dans l'histoire du festival : «Ce ne sont pas seulement des musiciens, mais des hommes qui interrogent la parole des poètes» précise Olivier Py.


Olivier  PY photo de presse


 Extrait du journal La Provence voir la suite ICI

Fil rouge grec et diversité

Dans la Cour d'honneur, "I am", du néo-zélandais Lemi Ponifasio part de la guerre de 14-18 vue du Pacifique, avec l'engagement des soldats néo-zélandais y compris aborigènes.
Premier artiste à diriger le festival depuis Jean Vilar (1947 à 1971), Olivier Py présente trois spectacles. Il crée à la FabricA,  nouvelle salle ouverte par ses prédécesseurs, "Orlando ou l'impatience", une comédie  où "un jeune homme qui me ressemble", dit-il, recherche son père. Pour les enfants, il monte pour la cinquième fois "La jeune fille, le diable et le moulin" d'après les contes des frères Grimm.
Il propose aussi "Vitrioli" de l'auteur grec Yannis Mavritsakis. Un fil rouge grec court dans la programmation, avec trois pièces qui explorent toutes la crise, dont l'une de Dimitris Dimitriadis, le "plus grand auteur grec vivant"  pour Olivier Py.
L'Europe est bien présente, avec Emma Dante, figure de proue du théâtre italien ("Les soeurs Macaluso"), la Roumaine Gianina Carbunariu, le Belge Fabrice Murgia, qui explore le rapport des adolescents aux écrans, le néerlandais Ivo Van Hove.
La pièce chilienne "La imaginacion del futuro" revisite le dernier discours d'Allende comme s'il était écrit aujourd'hui, sous la pression des "communicants".
Le chorégraphe israélien Arkadi Saides traduit dans le corps la réalité de l'occupation des territoires palestiniens avec "Archive" et l'Egyptien Hassan El Geretly ("Haeeshek") reprend la tradition du cabaret et des conteurs pour parler de l'Egypte d'aujourd'hui.

Vidéo Le prince de Hombourg avec Gérard Philippe






mercredi 19 mars 2014

Alfred de Musset : A la mi-Carême





Pour La poésie du Jeudi d'Asphodèle, (que je publie toujours un mercredi, non par esprit de contradiction mais pour pouvoir donner mon lien à Aspho avant le soir) un poème d'Alfred de Musset bien de saison dont voici les trois premières strophes :

A la mi-Carême

Le carnaval s'en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l'aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l'horizon.

Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;
Bien que le laboureur le craigne justement,
L'univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s'y disputent l'empire.
Qu'y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C'est sa première larme et son premier sourire.

C'est dans le mois de mars que tente de s'ouvrir
L'anémone sauvage aux corolles tremblantes.
Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ;
Et du fond des boudoirs les belles indolentes,
Balançant mollement leurs tailles nonchalantes,
Sous les vieux marronniers commencent à venir.












lundi 17 mars 2014

François Garde : Ce qu'il advint du sauvage blanc




 Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde est le genre de livre que l'on ne laisse plus une fois commencé tant on est accroché au récit..

Nous sommes en 1843 lorsqu'un jeune marin français, Narcisse Pelletier, parti un peu trop loin à la recherche d'eau sur une plage d'Australie où son navire a accosté, est laissé seul sur le rivage. D'abord persuadé que le capitaine va faire demi tour pour venir le rechercher, Narcisse commence à désespérer et a bientôt des difficultés pour survivre. C'est une vieille femme qui le découvre, l'adopte et l'introduit dans la tribu où il va avoir bien du mal à s'intégrer. Dix-sept plus tard, un navire anglais le retrouve mais Narcisse a oublié sa langue, ne peut se réhabituer à la vie qui était la sienne jadis. Un scientifique Octave de Vallombrun le recueille pour étudier les effets d'une autre civilisation sur celui que l'on appelle "le sauvage blanc".

Un récit d'aventure

Le livre se lit au premier degré comme un récit d'aventure : vous partagez les sentiments du jeune matelot, ses espoirs et ses craintes. Vous vivez avec lui sa recherche de l'eau, de la nourriture, ses essais infructueux pour s'en procurer car Narcisse Pelletier n'est pas un Robinson Crusoé et mourrait certainement de faim et de solitude s'il n'était recueilli dans la tribu.

Un récit philosophique

Mais par l'intermédiaire de ce personnage qui a été inspiré à l'auteur par une histoire vraie, le roman vous invite à vous interroger sur sur le sens du mot "sauvage". Lorsque Narcisse commence à vivre dans cette tribu, tout choque sa morale et ses habitudes, la nourriture, la nudité des corps, la liberté des moeurs, les coutumes mais aussi la dureté de cette vie qui est un combat pour survivre, la chasse, la pêche assurant au jour le jour la subsistance. Certes, nous sommes loin du mythe du "bon sauvage" à la Rousseau! Le matelot est mal accueilli, la vie dans la nature est loin d'être exaltante; mais quand Narcisse réintègre sa civilisation, tout le heurte, il ne peut se réhabituer à une morale pudibonde, aux vêtements qui emprisonnent, à une nourriture sans goût, à des mentalités si étranges. Les préjugés sociaux qui font que Narcisse est considéré comme un cobaye, livré à la curiosité de la bonne société, les hiérarchies sociales, l'âpreté au gain des héritiers de Vallombrun, tout témoigne d'un Monde qui n'a aucune leçon à donner aux autres. Nous nous trouvons dans une interrogation qui rejoint celle de Montaigne, Pascal ou Rousseau sur la prétendue supériorité d'une civilisation sur une autre et sur la relativité de toutes choses. L'habileté de l'écrivain réside donc dans cette confrontation, à travers le même personnage, de deux modes de vie très différents, qui amène à une réflexion sur la notion même du mot civilisation .

Or je trouve, pour en revenir à mon propos qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en ce peuple, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas conforme à son usage; à vrai dire, il semble que nous n'ayons d'autre critère de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et des usages du pays où nous sommes. 
                                                                                                             Montaigne Essai des Cannibales Livre 1 chapitre 31

Merci à Magie (voir ICI) de m'avoir fait gagner un exemplaire de ce roman de François Garde que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.

dimanche 16 mars 2014

James Lee Burke : Dans La brume électrique avec les morts confédérés





 James Lee Burke est l'auteur d'une série policière qui met en scène un personnage récurrent, l'inspecteur Dave Robicheaux. Il situe ses romans en Louisiane où il a vécu, un état qu'il connaît bien. Les paysages de la Louisiane du sud ainsi que sa population ont une importance primordiale dans ces romans et accompagnent toutes les enquêtes de Robicheaux.
James Lee Burke a mis beaucoup de lui-même dans son personnage. Né au Texas et ayant vécu son enfance entre cet état et en Louisiane, Burke est issu comme Dave Robicheaux d'une famille pauvre. Son père comme celui de Dave est ouvrier dans une raffinerie. Comme Dave, Burke poursuit des études universitaires qui lui permettent d'échapper à son milieu mais il a exercé de nombreux métiers avant d'être reconnu comme écrivain. Notons aussi que la fille de Lee Burke se nomme Alafair comme la fille adoptive de Dave Robicheaux..

Si vous voulez les lire dans l'ordre il faut savoir que Dans La brume électrique est le sixième de la série d'après les titres donnés par Wikipédia. Les romans sont traduits en français aux Editions Payot-Rivages

La Pluie de néon ( 1996 pour la traduction française) The Neon Rain,1987

Prisonniers du ciel, (1991pour la traduction française ) (Heaven's Prisoners, 1988
Adapté au cinéma par Phil Joanou en1996 sous le titre Vengeance froide

Black Cherry Blues,  (1991) Black Cherry Blues, 1989
Grand prix de littérature policière et prix Mystère de la Critique 1992

Une saison pour la peur, Payot et Rivages, (1993) A Morning for Flamingos, 1990

Une tache sur l'éternité, Payot et Rivages, (1994) A Stained White Radiance, 1992


Dans la brume électrique avec les morts confédérés (1994) In the Electric Mist with Confederate Dead, 1993

Le livre a été adapté au cinéma par Bertrand Tavernier en 2008 sous le titre Dans la brume électrique.

Il y a 18 titres de cette série traduits en français pour l'instant. Le 19 ème va paraître le 16 Avril 2014.


 Une intrigue complexe

A New Ibéria en Louisiane l'on vient de découvrir un jeune fille assassinée, un autre cadavre va bientôt suivre. Dave Robicheaux et Rosie Gomez, un agent du FBI qu'on lui a imposée, vont vite soupçonner qu'il s'agit des crimes d'un psychopathe. Or, est revenu dans la ville Julie Balboni dit Baby Feet et son équipe de truands. Baby Feet a été camarade de classe de Dave Robicheaux. C'est un gangster peu recommandable mais que les autorités accueillent les bras ouverts parce qu'il est producteur d'un film qui va apporter de l'argent à la ville.
D'un autre côté Robicheaux arrête Elrod T. Sykes, acteur principal du film, qui conduit en état d'ivresse. L'inspecteur renonce à l'inculper lorsque Sykes lui dit qu'il a découvert les restes très anciens d'un homme noir. Or, quand il avait dix-neuf ans, Dave Robicheaux a assisté au meurtre et ce souvenir n'a jamais cessé de le poursuivre!
L'inspecteur va donc mener une double enquête. Mais bientôt les apparitions de soldats confédérés -il y a eu des grandes batailles sur ces lieux pendant la guerre de Secession- vont venir le hanter.


 Une célébration de la nature

On voit que l'intrigue est très complexe et le rythme du roman est lent. C'est une des caractéristiques de l'écriture de James Lee Burke. L'enquête existe mais est le prétexte à peindre des paysages qu'il aime profondément avec ses marais, ses odeurs si particulières, ses couleurs irisées et changeantes, sa végétation dense et luxuriante, sa beauté mais aussi ses inconvénients et ses dangers : les nuées de moustiques, la chaleur excessive,  les alligators, les cyclones dévastateurs… Je crois que c'est un des aspects les plus envoûtants du roman.

 Un amour des humbles

Mais l'écrivain aime beaucoup aussi les hommes et surtout les humbles, ceux qui sont et seront toujours d'éternelles victimes :  les pauvres filles sans parents, sans éducation, amenées à se prostituer qui deviennent les proies faciles d'hommes malfaisants; les noirs, bien sûr, dans une société qui ne s'est jamais débarrassée complètement de ses préjugés racistes et où la mort d'un homme s'il est noir ne trouble personne… sauf Robicheaux qui ne peut pas vivre avec cela.

Doit-on se faire justice?

Face à cette société gagnée par la violence, la drogue, la pornographie, Robicheaux se sent impuissant et ceci d'autant plus que la justice est défaillante. Un Julie Balboni n'a jamais directement du sang sur les doigts; ce sont ces sbires qui exécutent le sale boulot et il est assez riche pour acheter les consciences et s'en sort toujours.
Alors Robicheaux se demande si l'on doit se faire justice soi-même puisque les moyens légaux échouent; Non, lui répond le général de l'armée confédéré qu'il aperçoit  dans ses visions, non, sous peine d'y perdre son âme. C'est un des thèmes du roman, souvent repris dans bien d'autres de cette série.
Fantastique ou métaphore?

Une des caractéristiques de Dans La brume électrique est que la réalité bascule dans le fantastique. Certes, James Lee Burke prend soin de nous montrer que ces fantômes n'apparaissent que lorsque Dave ne va pas bien, lorsqu'il est dans un délire, entre le rêve et le sommeil… mais très habilement l'écrivain nous maintient dans le doute. A nous donc, lecteurs, de décider si le surnaturel fait vraiment irruption dans ce récit. Cependant, il faut bien voir qu'il est de toutes façons métaphorique puisqu'il met en relation la violence de la guerre de Sécession,  à celle qui est toujours de mise dans le pays. Et pour répondre à cette violence semble nous dire le spectre, il faut savoir rester un homme propre et ne pas faire de concessions envers ses valeurs : vous ne devez jamais envisagé un acte déshonorant comme une solution viable.


 Quelques extraits :

Peu après quatre heures, j'entendis les mulets dans le courant, la queue d'un 'gator battre l'eau dans le marais, un moqueur solitaire chanter à l'autre bout de la clairière. L'air changea; une brise fraîche se leva de la baie et souffla une odeur de poisson et de crevettes sur les étendues plates. Puis une lueur pâle de cobalt, pareille au vert mouillé d'une lumière d'été avant la pluie, s'étira sur les rebords de la batterie de nuages amassés à l'horizon est, en quelques minutes, je distinguais les formes noires des jetées qui s'avançaient dans la mer, de petites vagues crénelées de blanc sur la marée montante, la voilure d'un crevettier au loin derrière la houle.

Conversation avec le général confédéré :

L'époque qui vous a vu vivre était différente, Général. Cet après midi , j'ai regardé un film qui montrait de jeunes femmes en train d'être battues et torturées, voire mises à mort, par des sadiques et des dégénérés. Ce genre de truc se vend dans les magasins et se diffuse dans les cinémas publics. Les fils de pute qui font ça sont rarement arrêtés sauf lorsqu'ils sont épinglés dans un coup monté à cause de leur système de distribution par voie postale. (…)
Peut-être notre société souffre-t-elle d'une telle culpabilité collective que nous craignons d'en punir individuellement les membres?.







  Félicitations et merci à : Aifelle, Dasola, Eeguab, Pierrot Bâton, Somaja, Thérèse...
Le roman : Dans La brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke

Le film :   Dans La brume électrique de Bertrand Tavernier (voir Wens)

samedi 15 mars 2014

Un livre/ Un film : Enigme 87





Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Samedi 22 Mars la prochaine énigme, N° 88, aura lieu chez Eeguab.


Enigme 87
 
Ce roman noir  américain compte une série de romans ayant un personnage principal récurrent, inspecteur de police. La région des Etats-Unis où se déroule l'action est partie prenante du récit et joue donc un rôle primordial, tout autant que l'enquête policière. L'écrivain a une sensibilité à la nature peu commune dans le roman noir.  Le roman nous présente une société gagnée par la violence, la drogue, la corruption et dont les dérives inquiètent inspecteur. Les malfaiteurs les plus puissants s'en sortent toujours.

L'orage avait viré au noir au crépuscule et l'orage né sur le Golfe avait baratté l'intérieur des terres, noyant NI sous son déluge pour laisser EM jonché de feuilles et de branches d'arbres tombées de la longue marquise de chênes qui couvrait la rue depuis la vieille poste en briques jusqu'au pont mobile sur le Bayou Teche aux limites de la ville. L'air était frais maintenant , et s'y mêlait une pluie fine chargée par les odeurs lourdes et riches d'humus humide, jasmins de nuit, roses et jeunes pousses de bambou.

vendredi 14 mars 2014

Les plumes d'Asphodèle : La chanson du Temps


La fuite du Temps : oeuvre Adèle Adélie (voir son site ici)


La chanson du Temps

Chanson du Temps, bulle de l'air
Chanson du vent, courant léger
Gonfle les voiles de ma vie
Et Volète de fleur en fleur
Trouve la brèche du bonheur

Chanson du Temps, Diva, Mégère,
Ta balançoire est douce amère
Souffle Tempête, Ballade fière
Blesse mon coeur, chante ta haine
Furibonde exhale ta peine.

Chanson du Temps, potion amère
Rien n'est jamais, rien ne sera...
Au-delà des montagnes altières
Et sur les cimes de demain
Prends ton envol, c'est le matin!

Car la chanson n'a eu qu'un temps
Envoie vers moi ton charme lent
Prends-moi dans tes bras, grelottant,       
Et berce-moi comme un enfant.


Sur le Thème l'air les mots imposés dans l'atelier d'écriture Les plumes d'Asphodèle étaient cette fois-ci : Temps, vie, chanson, rien, diva, furibond, montagne, souffle, pollution, tempête, ballade, léger, envoyer, courant, bulle, prendre, gonfler, voleter, brèche, blesser, balançoire.
J'ai laissé de côté pollution. 



jeudi 13 mars 2014

Rachel Polonsky : La lanterne magique de Molotov ou voyage à travers l'histoire de la Russie




La lanterne magique de Molotov ou voyage à travers l'histoire de la Russie de Rachel Polonsky est un livre érudit qui nous promène à travers la Russie des tsars jusqu'à notre époque en passant par la révolution et l'époque stalinienne. Rachel Polonsky, spécialiste de la littérature russe, a, en effet,  habité dans une résidence de la ruelle Romanov, à Moscou, qui était du temps des Tsars réservée aux nobles courtisans puis aux hauts dignitaires du parti sous Staline. Lorsqu'elle apprend que Viatcheslav Molotov à vécu dans l'appartement au-dessus de chez elle et qu'on lui en donne les clefs, l'auteure découvre la bibliothèque du bras droit de Staline.

Je me promettais donc beaucoup de joie de cette lecture parce qu'à partir des livres de Molotov,  grand lecteur aux goûts éclectiques, je savais que l'auteure partait sur les traces des écrivains russes. J'allais découvrir avec elle et sous une angle différent de celui j'avais abordé lors de mes études de russe les lieux où avaient vécu Pouchkine, Dostoievsky, Tolstoï et bien d'autres…
Oui, mais je ne suis pas arrivée à me passionner pour ce livre et je l'ai abandonnée en chemin. Oui, je me suis ennuyée! C'est pourtant un livre riche, foisonnant de connaissances, nourri de l'histoire mouvementée de la Russie mais aussi de l'amour de ce pays, de son passé,  de ses coutumes, de sa culture, un livre abondant que l'écrivaine a nourri de ses recherches pendant dix ans. Je ne peux donc m'en prendre qu'à moi si je ne suis pas parvenue à entrer dans ce livre. Le fait d'en avoir interrompu la lecture m'interdit d'ailleurs de le juger.

Si j'analyse pourquoi je n'ai pu m'y intéresser, je mettrai en cause l'abondance des informations qui me sont données et qui en fait un livre très (trop?) dense. Le présent et les différentes strates du passé se confondent et le récit m'a paru trop touffu voire confus. Je pense que cet essai m'aurait beaucoup plus interpellée si je connaissais les lieux dont il est question! Si je visitais Moscou, livre en main, je suis sûre que je souhaiterais voir la façade du n° 3 de la ruelle Molotov "ce grand coffre de trésors secrets", "cet immeuble que les vieux Moscovites appellent encore la "maison des généraux" ou, avec moins de révérence, les "archives du parti" ou encore le "Mausolée". ". C'est donc un livre que je conseillerais de lire pendant ou après un voyage à Moscou et plus largement en Russie, non comme un guide car il est beaucoup plus que cela, mais comme une mine inépuisable de renseignements sur ce pays. Il n'est pas dit que je ne le reprendrai pas d'ailleurs si un jour je réalise mon rêve d'un voyage en Russie.





Merci à Dialogues croisés et aux éditions Denoël

mercredi 12 mars 2014

Quelques images de mon voyage : côte d'Azur


L'Estérel : La corniche d'Or


L'Estérel : La corniche d'Or

Cannes vue du bateau menant à l'île de Lérins




Vue sur La Napoule de l'île de Lérins



















mardi 11 mars 2014

Elizabeth Gilbert : L'empreinte de toute chose



Nous sommes au début du XIX siècle quand naît Alma Whittaker, fille de Henry Whittaker, un anglais originaire du village de Richmond près de Londres et de Beatrix van Devender, une hollandaise d'Amsterdam. Le couple s'est installé à Philadelphie. Comme son père qui a fait fortune dans le commerce des plantes en obtenant le monopole de le commerce du quinquina, comme sa mère, une femme supérieurement intelligente et cultivée qui se charge de son éducation intellectuelle et spirituelle, Alma aime l'étude et en particulier se passionne pour la botanique. Cet amour des plantes la conduira bien loin, vers des terres lointaines mais aussi vers des découvertes scientifiques novatrices.
J'ai beaucoup aimé le roman d'Elizabeth Gilbert parce qu'il possède un souffle romanesque certain et s'intéresse aux progrès scientifiques du XIX siècle en se faisant le témoin d'une époque où la science interroge le monde du vivant, explore le passé et met à mal les obscurantismes.

Des personnages contrastés

 Hortus Botanicus Amsterdam de Dirk van der Made (source)
Elizabeth Gilbert a créé des personnages au caractère fort, à la vie mouvementée : ils affrontent des aventures intérieures, spirituelles, rencontrent des obstacles dressés sur le chemin de la connaissance ou de l'amour ou partent dans des voyages vers des pays lointains, des aventures périlleuses. Elle présente aussi des couples symétriquement opposés dont les contrastes permettent d'explorer toutes sortes de nuances psychologiques.
Bien que Alma soit le personnage principal, le roman commence par un récit de la vie de ses parents et surtout de son père dont le passé aventureux et riche en péripéties est passionnant.
Henry Whittaker est né dans une famille pauvre et a bien peu de chance de s'en sortir dans la vie. Pourtant il fera fortune en utilisant les seules connaissances qui lui soient accessibles, celles de la botanique, car son père est un des jardiniers réputés du jardin botanique de Kew. Son culot allié à son savoir, son intelligence pratique et aussi à son courage, son endurance et sa bonne santé (car il faut bien tout cela pour réchapper aux dangers qu'il rencontre) lui permettront d'être envoyé dans des terres lointaines à la recherche d'espèces végétales rares qui seront à l'origine de sa prospérité. En dehors de cela, il est presque illettré. Nul couple ne peut être plus dissemblable que Henry et Beatrix : celle-ci est fille d'un riche famille bourgeoise dont les membres sont conservateurs, depuis des générations, du plus grand jardin botanique d'Europe, le Hortus d'Amsterdam. Extrêmement cultivée, lettrée, scientifique hors pair, elle possède cinq langues et gèrera les affaires de son mari avec intelligence et clairvoyance.
Leur fille, Alma possède une vive intelligence, une mémoire phénoménale qui fait que toutes les études qu'elle entreprend scientifiques, littéraires ou linguistiques lui sont aisées. L'intelligence d'Alma n'a d'égale que sa laideur. Avec un autre personnage, celui de sa soeur adoptive Prudence, Elizabeth Gilbert crée une fois encore un couple formé de contrastes. Prudence est loin d'être sotte mais elle n'a pas les facultés intellectuelles d'Alma; sa beauté est saisissante et son altruisme - elle devient abolitionniste et aide les esclaves noirs- répond à l'égocentrisme voire l'égoïsme d'Alma. D'autre part, au matérialisme, à la sensualité d'Alma, Elizabeth Gilbert oppose la spiritualité et l'angélisme d'Ambrose Pike, son mari. On pourrait craindre que ces effets d'opposition ne soient trop systématiques mais il n'en est rien. En bâtissant ainsi son roman sur des contrastes très forts, l'écrivaine crée des effets de clair-obscur, de fortes tensions qui génèrent des drames et qui nourrissent l'intérêt du roman.

 Une époque d'exploration scientifique

Pierre-Joseph Redouté (1759-1840)  ( source)


L'un des aspects du roman qui m'a le plus captivée est l'exploration d'une époque de conquêtes scientifiques. Menée par Alma dès son plus jeune âge jusqu'à ce qu'elle devienne une spécialiste des mousses, l'étude de la botanique ouvre des horizons. Qui pourrait croire que l'on puisse s'enthousiasmer pour les différentes espèces de mousses existant dans le monde mais aussi pour leur origine, leur passé? Et qui pourrait penser que le sujet soit assez vaste pour y consacrer une grande partie de sa vie? Et pourtant, oui, c'est fascinant non seulement pour Alma mais pour le lecteur car il est amené à comprendre par étapes, l'enchaînement de la pensée de la chercheuse et comment elle peut aboutir à une théorie scientifique qui a révolutionné le monde, secoué les croyances religieuses à tel point que même de nos jours l'on cherche encore à la nier. Car Alma parvient à bâtir une démonstration qu'elle appelle la "Théorie de l'avantage compétitif", qui rejoint celle de Darwin sur la sélection naturelle et l'évolution des espèces! L'habileté d'Elizabeth Gilbert, bien sûr, consiste à faire d'Alma une savante méconnue qui ne publie pas sa découverte et se fait coiffer au poteau par Darwin! Mais rassurez-vous, l'écrivaine nous le confirme, non sans humour, Darwin a devancé de peu Alma dans l'aboutissement de ses recherches, ouf! il reste le seul maître de sa théorie. Vous vous rendez compte si c'était une femme qui l'avait distancé! Elizabeth Gilbert s'appuie sur des recherches solides et c'est un réel plaisir que de se plonger dans son roman aux thèmes riches et variés, fourmillant d'idées et de connaissances.
Un roman passionnant qui procure un grand plaisir de lecture!


Quelques citations 

Charles Darwin

Elle écrivit :" Plus grande est la crise, plus rapide est, semble-t-il, l'évolution."
Elle écrivit : "toutes les transformations semblent mues par le désespoir et l'urgence."
Elle écrivit : La beauté et la variété du monde naturel sont tout au plus les témoignages visibles d'une guerre infinie." (...)
Elle écrivit cette existence est une expérience hésitante et difficile. Parfois il y aura une victoire après la souffrance, mais rien n'est promis. L'individu le plus précieux ou le plus beau peut ne pas être le plus résistant. Le combat de la nature n'est pas marqué par le mal, mais par cette unique loi naturelle, puissante et indifférente : il y a simplement trop de formes de vie et pas assez de ressources pour qu'elles survivent toutes."


Alma était une perfectionniste et plus qu'un peu tatillonne, et il n'était pas question qu'elle publie une théorie qui comportait une lacune aussi petite soit-elle. Elle n'avait pas peur d'offenser la religion, comme elle l'affirma fréquemment à son oncle, elle redoutait d'offenser quelque chose qui était bien plus sacré pour elle : la raison.
Car il y avait une lacune dans la théorie d'Alma : elle ne pouvait, malgré tous ses efforts, comprendre les avantages de l'altruisme et du sacrifice de soi au point de vue de l'évolution. Si le monde naturel était effectivement le théâtre d'une lutte amorale et incessante pour la survie qu'il y paraissait, et si terrasser ses rivaux était la clé de la domination, de l'adaptation et de l'endurance - dans ce cas, que faisait-on, par exemple, de quelqu'un comme sa soeur Prudence?  

L'unique crime impardonnable est de couper court à l'expérience de sa vie avant sa fin naturelle. Agir ainsi est une faiblesse regrettable, car l'expérience de la vie s'interrompt déjà assez vite, dans tous les cas, et on peut tout aussi bien avoir le courage et la curiosité de demeurer dans la bataille jusqu'à ce que survienne l'inévitable décès. Tout ce qui est moins qu'un combat pour survivre est lâche. Tout ce qui est moins qu'un combat pour survivre est un refus de la grande alliance de la vie.


Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy et Babelio

lundi 10 mars 2014

Walter Scott : Le talisman



Le roman de Walter Scott Le talisman se déroule pendant la troisième croisade organisée pour reconquérir la ville sainte de Jérusalem tombée aux mains du sultan Saladin. Richard Coeur de Lion, malade, ne peut combattre et l'armée des croisés est immobilisée dans l'attente d'une amélioration de la santé du souverain anglais. Tandis que les alliés de Richard, avec, entre autres, le roi de France Philippe-Auguste, Gilles Amaury, le grand maître de l'ordre des Templiers, l'archiduc d'Autriche, Léopold V (celui-là même qui retiendra Richard prisonnier lors de son retour en Angleterre), Conrad de Montferrand, complotent, les uns pour abandonner la croisade et repartir chez eux, les autres pour maintenir leur souveraineté sur les terres de Palestine qui leur appartiennent déjà, le sultan Saladin accorde une trêve à Richard et envoie son médecin à son chevet.

Walter Scott avertit le lecteur dès la préface. Certes les personnages sont historiques mais il a pris beaucoup de liberté avec l'Histoire. De plus il a imaginé des personnage fictifs : Kenneth, un chevalier écossais, pauvre mais ardent et courageux, et la cousine du roi, qui n'a jamais existé. Une histoire d'amour chevaleresque va naître entre les deux dans la pure tradition du roman courtois .

Ce qui intéresse peut-être le plus Scott c'est d'imaginer la confrontation entre Richard Coeur de Lion et le sultan Saladin. Si Richard Coeur de Lion a un sens chatouilleux de l'honneur, s'il est présenté comme un valeureux chevalier, imposant, dominateur et grand, le meilleur sur un champ de bataille, Walter Scott se plaît à souligner ses défauts. Son caractère violent, emporté, sa morgue et le mépris qu'il manifeste souvent envers ses alliés, son manque de diplomatie, le rendent incapable de maintenir l'union de la croisade.  Face à lui, Saladin apparaît comme un sage à la culture raffinée, intelligent, réfléchi, un homme de sciences, très versée dans l'art de guérir, un souverain tout puissant qui n'a qu'une parole, mais qui n'en est pas moins un guerrier redoutable. Incontestablement supérieur à Richard!  ce qui est assez étonnant de la part d'un écrivain occidental du XIX siècle!  Il faut peut-être voir dans ces critiques, les sentiments de l'écossais Walter Scott face au souverain d'Angleterre.

Quant au récit romanesque lui-même, il m'a paru assez faible et de peu d'intérêt. L'intrigue est plus un prétexte qu'une véritable histoire en dehors de la rencontre dans le désert de Kenneth et de Saladin et de la grotte de l'ermite. Les personnages sont assez fades. Je me suis peu intéressée à eux et j'avoue que je n'ai pas trop compris l'intérêt du talisman qui donne son titre au roman. Dans l'ensemble, je n'ai pas aimé le roman malgré quelques passages intéressants.

Lecture commune avec : 

 Miriam : A partagé cette lecture commune avec nous et cela lui a donné l'idée de consacrer plusieurs billets à ses lectures sur Jérusalem dont Le talisman fait partie.. Aujourd'hui elle publie un premier volet sur Jérusalem :  la biographie de Montefiore et l'opéra de Jordi Savall

Eeguab ICI

Nathalie ICI

Shelbylee


lundi 3 mars 2014

Pause vacances



Quelques journées de vacances sur la Côte d'Azur sous les mimosas en fleurs. Je rentre le 8 Mars.

A bientôt!



vendredi 28 février 2014

Les plumes d'Asphodèle : Là- bas, Hommage à Baudelaire


Douanier Rousseau : Le rêve


Là- bas : Hommage à Baudelaire

Amer savoir celui qu'on tire des voyages...

L'Inconnu a parfois des attraits chimériques
La Nostalgie souvent teintée d'insouciance
Evoque un ailleurs, à distance du rêve,
Et nous nous oublions aux rivages lointains
L'aventure a ici la couleur d'améthyste
Découverte exaltée d'horizons en mutance
Nous nous abandonnons aux doigts d'or du soleil
Soleil qui roule encore ses flots recommencés
Et nous baigne dans l'or liquide de ses grèves
Mais soudain rappelés à notre différence
Au dépaysement des palmiers schizophrènes
Nous retrouvons toujours notre lassante image
Qui prend alors le gris et l'odeur de l'asphalte.


Turner : soleil sur un lac



Les plumes d'Asphodèle : les mots à utiliser sont :
Inconnu, nostalgie, rivages, différence, dépaysement, horizon, recommencer, mutation, ailleurs, lointain, voyage, insouciance, oublier, découverte, chimérique, aventure, soleil, distance, ici, asphalte, abandonner, améthyste.
* mutance = changement de couleurs nuances mis pour mutation.




jeudi 27 février 2014

Bilan partiel et LC du challenge romantique

Caspar Friedrich : Les falaises de Rugen

J'ai décidé de publier le bilan partiel de notre challenge romantique pour les mois de Janvier et février.
Le challenge romantique  commencé  le 1er Novembre 2011 et est désormais illimité. Il concerne la littérature, le roman, la poésie, le théâtre, les essais, mémoires, biographies, lettres, pastiches et parodies... mais aussi la peinture, la musique, le cinéma, bref! tous les arts. N'hésitez pas à me dire si j'ai oublié des participations et si vous le souhaitez, il est toujours temps de venir nous rejoindre!

LECTURES COMMUNES

 Je propose aussi des LC autour de ce challenge romantique.




 Lermontov : Un héros de notre temps LC avec Maryline

Pour le mois de Mars

Pouchkine : un court roman  La fille du capitaine

pour le mois d'Avril









Horace Walpole : Le château d'Otrante: un court  roman gothique anglais


(dans le cadre aussi du challenge British Mystery de Lou  Pour le mois de Mai)







Victor Hugo : Les travailleurs de la mer.  Un Pavé de 631 pages Pour le mois de Juin-Juillet? : avec Nathalie Aaliz

  





 
BILAN PARTIEL DU CHALLENGE ROMANTIQUE

Et d'abord honneur à une nouvelle participante qui nous a rejoints avec un poème de Nerval publié dans le cadre de la poésie du jeudi d'Asphodèle.

Pyrausta

Nerval : elle a passé la jeune fille

Le spectre de la rose : Théophile Gautier, Hector Berlioz



George  un roman de

Victor Hugo : Claude Gueux





Miriam a participé avec le compte rendu d'une expositions à laPinacothèque de Paris sur Goya et son temps.

Les peintres témoins de leur temps : Goya




Tilia

Duels à la russe : Pouchkine et Lermontov

Le peintre post-romantique Marcus Stone  et son père Frank Stone romantique


Wens :  

Mihkael Kohlaas le film d'Arnaud des Pallières d'après Le roman de Heinrich Von Kleist



Claudialucia

 George Sand : le château du Pictordu




Les romantiques et la lune : Lamartine, Musset, Novalis, Hugo, Friedrich, Aivazovsky,Schumann, Schubert, Chopin

Alexandre Pouchkine : la tempête de neige (comparée à la tempête de neige de Tolstoï)


Michael Kholaas de Heinrich Von Kleist, lecture commune avec Maryline