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dimanche 6 janvier 2019

Bilan mois de Novembre et Décembre 2018

John Gwen

Partie en voyage puis très occupée par la famille pendant les fêtes, je n'ai pas eu le temps de faire le bilan de mes lectures du mois de Novembre et du mois Décembre. Je les récapitule ici.

Dany Laferrière : Le goût des jeunes filles


 

 

 

 

 

 




Carl Safina : Qu'est-ce qui fait sourire les animaux ?
 

 

 

 

 

 

 

 




Montaigne et la mort : Tombe et cénotaphe
 




Denis Diderot : Jacques le fataliste

Denis Diderot : Madame de la Pommeraye dans Jacques le fataliste
 






 

 

 

 

 

Sénèque : Thyeste au festival d'Avignon 2018 Mise en scène Thomas Joly
 
Thyeste de Sénèque mise en scène par Thomas Joly festival d'Avignon juillet 2018
Honoré de Balzac : L'auberge rouge
 

Dany Laferrière : Tout bouge autour de moi
 

 

 

 

 

 

  

 

 

Olivier Adam : Personne ne bouge


 Au mois de décembre, j'ai envoyé quelques photographies de mon voyage à Malte
Malte : Les chevaliers hospitaliers de la Saint Jean de Jérusalem 
 


 

 

 

 

 


Balzac : Le colonel Chabert
 


Et enfin les derniers venus* dans notre foyer accueillant

* Oui, ils finiront par nous mettre dehors !


samedi 5 janvier 2019

Patricia MacLachlan et Marc Boutavant : Barkus




Barkus de Patricia MacLachlan, illustrations de Marc Boutavant,  traduit en français par Nathalie Pelletier, est paru dans aux éditions Little Urban collection Premiers romans.

L’oncle Alfred arrive à la maison de Lilou avec un cadeau pour elle et ce cadeau, c’est Barkus, « le chien le plus intelligent du monde » ! Entre la petite fille et Barkus, naît une belle histoire  d’amitié.
Le livre est divisé en petits chapitres qui portent un titre différent : Barkus file à l’anglaise, Joyeux anniversaire Barkus, Barkus et Robinson, l’heure des histoires.

L'anniversaire de Barkus
 
Histoires charmantes, proches de l’univers de l’enfant :  l’amitié avec un chien et les joies qu’elle procure, l’école, l’arrivée d’un petit chat, une nuit sous la tente , toutes sont simples et respirent le bonheur.
Le livre me paraît convenir parfaitement aux enfants de CP qui savent lire mais peut aussi être lu aux plus petits.  Ma petite fille qui a neuf ans l’a bien aimé mais le trouve un peu « bébé ». Les illustrations sont sympathiques et joyeuses. Un livre agréable et plaisant.

Merci à Masse critique et  aux éditionsLittle urban  premiers romans.

vendredi 4 janvier 2019

Malte : Les temples mégalithiques Mnajdra, Hagar Qim et Taxien

Pierre sculptée du temple de Taxien (musée de La Valette)
Le temple mégalithique de Mnajdra
Les strates de civilisations ne cessent de se superposer à Malte, ce qui fait de l’île un trésor architectural où le passé a un poids, ou l’histoire se rappelle à nous à tout instant..

 Les dates

Les traces les plus anciennes de civilisation préhistorique, sans doute originaire de Sicile, remontent au V millénaire. Les hommes vivaient alors dans des grottes.  Les temples mégalithiques de Malte sont datés du IV et III millénaires et sont remarquables par leur site, leur taille et leur conservation.

Temple mégalithique Hagar Qim

La nature de la pierre

Mnajdar  sous un grand "parapluie"

Ne vous étonnez pas si vous découvrez ces ruines sous d'immenses "parapluies"! Le temple de Hagar Quim a été construit avec un type de pierre du pays, le calcaire globigerina, extrêmement fragile, d’une belle couleur dorée. Celui de Mnajdra  (3600_3200 a JC) utilise deux matériaux différents, le globigerina pour l'intérieur et un calcaire plus dur pour l'extérieur, le calcaire corallien.



La fragilité de ces vestiges explique qu’ils sont protégés par ce gigantesque abri en toile blanche qui fait râler Daniel Rondeau dans son livre Malta Hanina mais qui est pourtant, à tout prendre, moins laid et surtout moins nocif que le ciment utilisé dans les années 1950 pour consolider les mégalithes de Tarxien.

Mégalithe recouverte de ciment

Les dimensions

Hagar Qim : Mégalithe de 5m 20 de hauteur

Hagar Qim 6m 40 de long poids 20 tonnes


Devant ce gigantisme on a peine a imaginer comment des hommes ont pu déplacer de tels "mastodontes" sans les moyens utilisés à notre époque.  Des panneaux didactiques nous l'expliquent.



 Les temples de Mnajdra et Hagar Quim  

 

 Les temples de Mnajdra (3600_3200 a JC) et Hagar Quim  (2700 avant JC ) sont mes préférés car ils se dressent face à la mer et à la petite île de Fifla, dans un site champêtre.

Les temples mégalithiques de Mnajdra se dresse face à la mer

Temple de Mnajdra

Les temples de Mnajdra sont au nombre de trois.

Mnajdra : linteau de la porte  principale taillé dans une seule pierre
La porte principale du temple sud  est parfaitement alignée par rapport au soleil levant pendant les équinoxes du printemps et de l'automne (20/21 Mars et 22/23 septembre) de manière à ce que les rayons suivent l'axe du temple et éclairent l'autel principal jusqu'au fond. Aux solstices (21 Juin et  21/22 décembre) les rayons frappent les montants de la porte et ne pénètrent que légèrement dans le temple.



Mnajdra : porte sud intérieur du temple


Manjdra

Mnajdra :  porte avec pierres sculptées de trous

Hagar Qim

Hagar Qim

Hagar Qim


Hagar Kim :  le trou de l'oracle

Des chambres secrètes cachées à l'intérieur de l'épaisseur des murs communiquent avec le temple grâce à l'utilisation de trous percés dans le mur. Là, étaient placées les statues des divinités à qui les prêtres prêtaient leur voix pour parler aux fidèles.


Hagar Qim : coupole

 Les temples présentent plusieurs  constructions circulaires en forme d'abside qui étaient vraisemblablement couvertes par une coupole comme en témoignent la position des cercles de pierres qui vont se retrécissant.



Les temples de Tarxien

Quant aux temples de Tarxien élevés entre 3600 et 2500 avant JC, les fouilles sont intégrées dans la ville. Dans les cimetières du temple, on a découvert de nombreuses statuettes et des céramiques qui sont maintenant au musée de La Valette et sont des témoignages des différents âges de la préhistoire maltaise du néolithique à l'âge de bronze..




Temple de Taxien

Tarxien : restes d'une statue gigantesque, jupe et  pieds d'une figure féminine

Taxien : Récipient creusé dans une seule pierre

Les trous prouvent que des portes en  bois devaient être fixés avec des cordes

La Vénus de Malte (musée de La Valette)
 

Les pierres sculptées de Tarxien au musée de La Valette de formes animales ou en spirales montrent l'art des sculpteurs de l'époque.




 

 



mardi 1 janvier 2019

Bonne année 2019

Lune sur la neige de Hasui Kawase

Bonne année 2019  : Tous mes voeux de bonheur avec ces haïkus choisis pour vous...

 
Le temple Zozo-ji de Hasui Kawase

Lumineuse
Une année toute neuve
Sur la neige

Ito Shou

Un aigle descend
Sur les plaines blanches
De l'année qui monte
Yamaguchi Sodo

Dernier achat du nouvel an
L'instant
Où fleurit la lune
Wanatabe Suiha


Matin du nouvel an
L'an passé brûle encore
Dans le poêle
Hino Sojo


Mont Fuji de Hasui Kawase

samedi 29 décembre 2018

Balzac : Le colonel Chabert




Sorti de l’hospice des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Egypte et l’Europe ». C’est ainsi qu’à la fin du roman de Balzac, Le Colonel Chabert, l’avoué Maître Derville résume la pitoyable histoire du colonel Chabert.


Ce dernier est un officier d’Empire, fidèle de Napoléon à qui il doit sa fortune. Passé pour mort et jeté dans une fosse commune, il en sort pour trouver sa femme remariée, devenue comtesse, et ses biens spoliés.
L’avocat Maître Derville, personnage récurrent de La Comédie Humaine que nous avons rencontré dans Gobsek quand il n’était encore que clerc, se charge de défendre Chabert, de le faire reconnaître et de recouvrir sa fortune. Il y parviendrait grâce à une transaction (ancien titre du roman) entre les deux partis si le pauvre homme ne tombait dans les filets de son ancienne épouse qui feint de l’aimer toujours pour mieux se débarrasser de lui. Lorsqu’il découvre la duplicité de sa femme, découragé, il abandonne toute idée de lutte et s'abandonne à la déchéance.
le colonel Chabert Fanny Ardant : La comtesse


A travers ce roman, Balzac présente un beau portrait, émouvant, d’un ancien de Napoléon et fustige l’hypocrisie des moeurs de la Restauration. La vision de cet homme déchu, Chabert, un des héros de Iéna et d’Eylau, ayant perdu son identité, sa dignité est bouleversante : « Je ne suis plus un homme, je suis le numéro 164, septième salle.. » comme l’est la diatribe de l’avoué Derville qui dénonce avec violence et émotion les vices de cette société avide, et âpre au gain, prête à tout sacrifier à l’argent et au pouvoir.


"Combien de choses n’ai-je pas apprises en exerçant ma charge ! J’ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille, abandonné par ses deux filles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente ! J’ai vu brûler des testaments ! J’ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l’amour qu’elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre avec leur amant. (…) J’ai vu des crimes contre lesquels la justice est impuissante."

La conclusion de Derville : « Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité » présente un des thèmes chers au roman dans cette époque de transition entre le romantisme et le réalisme. Nous voyons que pour Balzac le réel dépasse de loin la fiction.
Pourtant on peut voir combien le talent de l’écriture transcende ce réel qui passe toujours par la vision de l’écrivain, le point de vue qu’il choisit. Et pour Balzac, en particulier, très marqué par l’art pictural, le portrait du colonel devient un Rembrandt !
« … un homme d’imagination aurait pu prendre cette vieille tête pour quelque silhouette due au hasard, ou pour un portrait de Rembrandt sans cadre. Les bords du chapeau qui couvraient le front du vieillard projetaient un sillon noir sur le haut du visage. Cet effet bizarre, quoique naturel, faisait ressortir, par la brusquerie du contraste, les rides blanches, les sinuosités froides, le sentiment décoloré de cette physionomie cadavéreuse. »
Mais le colonel est aussi une sculpture, « un beau marbre » « défiguré » « dégradé » par des « gouttes d’eau tombées du ciel », et un des dessins fantaisistes des peintres qui « s’amusent à dessiner au bas de leurs pierres lithographiques »

Et c’est bien des personnages réels, d'anciens soldats de Napoléon, qui ont inspiré Balzac. Mais là encore l’écriture détourne le réalisme en présentant le blessé comme un spectre échappé à la tombe dans un passage absolument hallucinant qui décrit le moment où Chabert se réveille dans la fosse commune, enseveli sous des cadavres :

« Mais il y a eu quelque chose de plus horrible que les cris, un silence que je n’ai jamais retrouvé nulle part, le vrai silence du tombeau. Enfin, en levant les mains, en tâtant les morts, je reconnais un vide entre ma tête et le fumier humain supérieur. »
« En furetant avec promptitude, car il ne fallait pas flâner, je rencontrait fort heureusement un bras qui ne tenait à rien, le bras d’un Hercule ! Un bon bras auquel je dus mon salut. Sans ce secours, je périssais ! Mais avec une rage que vous devez concevoir, je me mis à travailler les cadavres qui me séparaient de la couche de terre sans doute jetée sur nous, je dis nous, comme s’il y eût des vivants ! » « Mais je ne sais pas aujourd’hui comment j’ai pu parvenir à percer la couverture de chair qui mettait une barrière entre la vie et moi. Vous me direz que j’avais trois bras ! Ce levier, dont je me servais avec habileté, me procurant toujours un peu de l’air qui se trouvait entre les cadavres que je déplaçais, et je ménageais mes aspirations. Enfin, je vis le jour, mais à travers la neige, monsieur… »
Le récit d’une naissance, de cet homme sorti «du ventre de la fosse aussi nu que de celui de ma mère» et qui se crée un passage de l’intérieur vers l’extérieur, de l’obscurité au jour, du noir au blanc, au milieu des cadavres, paraît être le mythe d’Orphée revisitée par un grognard du XIX siècle, au parler parfois rude et familier.
J’ai pensé en lisant cela au personnage de Pierre Lemaître dans «Au revoir là-haut » enfoui dans un trou d’obus et cherchant sa respiration dans la tête d'un cheval.

Paru dans Les scènes de la vie parisienne puis dans Les scènes de la vie privée, ce court roman de Balzac est un hommage émouvant à la vie d'un grognard de Napoléon et je n'ai jamais autant ressenti dans une autre oeuvre de Balzac, son indignation envers la grande société parisienne et un tel parti pris de sympathie pour un personnage.

Lecture commune avec Maggie, 

Myriam, 

Cléanthe