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lundi 18 mars 2024

Yan Lespoux : Pour mourir, le monde


Dans Pour Mourir, le monde, Yan Lespoux, historien, universitaire spécialiste de la civilisation occitane, s’appuie sur un fait historique, le plus grand naufrage de l’histoire de la marine portugaise en janvier 1627 sur les côtes françaises de Saint-Jean-de-Luz et d'Arcachon jusqu’au Médoc à la suite de tempêtes violentes. 
 
 
Francisco Manuel de Melo ,, écrivain portugais et marin

 
 
Yan lespoux s'inspire des mémoires du capitaine-mor dom Manuel de Meneses, qui publia un mémoire, de dom Francisco Manuel de Melo, écrivain et marin, qui raconta son histoire trente ans après, et du livre de Jean-Yves Blot et Patrick Lizé qui ont réuni de nombreux documents retrouvés dans les archives espagnoles, portugaises et françaises.
Voilà quel est le bilan de ces naufrages d'après ces études  : «  7 navires coulés, deux énormes caraques des Indes de 1800 tonneaux, chargées de pierres précieuses et d'épices, escortées par cinq galions de guerre portant la fine fleur de l'aristocratie portugaise, 2000 morts, 300 rescapés. Tout cela donna lieu à un imbroglio diplomatique entre la France et le Portugal, qui impliqua le duc d'Epernon, Richelieu, Louis XIII, l'Eglise et les grandes familles du Médoc. Car si les " bourgeois " de Saint-Jean-de-Luz recueillirent des naufragés, plus au nord, sur les côtes des Landes et du Médoc, les Français pillèrent les épaves et massacrèrent les survivants. »
 
 
 
 Une caraque

 
 De Gao :  Le roman débute avec le naufrage, sur la côte du Médoc, à Lacanau, de la caraque Sao Bartolomeu, avec à sa tête, le capitaine-mor Vincente de Brito, navire revenant des Indes.  ll y avait à bord cinq cents voyageurs et un chargement d’une valeur inestimable, épices, pierres précieuses, étoffes. Il n’y eut que douze survivants. Fernando Teixeira, jeune portugais, personnage fictif du roman est l’un des leurs. Pauvre, orphelin, il a été recruté de force dans l’armée portugaise et amené aux Indes où il eut une vie aventureuse qui finit par le conduire dans les geôles de la Sainte Inquisition à Goa. Gracié, il embarque pour un retour au Portugal sur le Saint Bartolomeu et projette de voler les diamants transportés à bord, avec l’intention de sortir de sa condition car « naître petit et mourir grand est l’accomplissement d’un homme » dit le poème d’Antonio Vieira, mis en exergue du roman :  « Pour naître le Portugal; pour mourir le Monde. »

Dans le Médoc :  Fernando va rencontrer Marie. Cette dernière, une fille qui sait se défendre, a blessé un fils de famille qui l’agressait et doit se cacher des autorités dans les landes sauvages du Médoc, chez son oncle Louis, un homme brutal, pilleur d’épaves. Celui-ci qui règne par la terreur sur un peuple de travailleurs primitifs et misérables. Ces hommes vont non seulement piller les richesses de la nef mais aussi achever les rares rescapés.


Piet Heyn, le commandant de la flotte hollandaise occupe Bahia

De Salvador de Bahia :  Au Brésil, vit Diogo, dont les parents ont été brûlés vifs pendant le siège mené par la marine Hollandaise pour enlever la ville aux Portugais. Ces derniers, avec à sa tête Dom Manuel de Meneses secondé par les espagnols, vont reprendre Bahia. A cette époque le Portugal, au grand dam des nobles portugais, était alors réuni à la couronne d’Espagne. Au cours de cette guerre Diogo et son ami, un indien Tupinamba, Ignacio, deviennent les aides de camp de Dom Manuel Meneses et partiront avec lui vers le Portugal. Plus tard, sommés par le roi d’escorter les caraques venues de l’Inde, leur galion le Santo Antonio et Sao Diogo fera naufrage devant Saint Jean de Luz.

C’est ainsi que Yan Lespoux mène ses trois personnages principaux à travers les océans et de points de l’horizon diamétralement opposés jusqu’aux côtes françaises où ils se rencontreront, une navigation houleuse et tumultueuse qui se double d’une traversée de l’enfance à l’âge adulte, tout au long de ce roman initiatique.

Le roman de Yan Lespoux est très enlevé et bien écrit ! Les descriptions sont à la hauteur des éléments déchaînés, des pays exotiques. De plus, l’écrivain se révèle un bon conteur et nous plonge dans un récit mouvementé et aventureux, agréable à lire par un effet proportionnellement contradictoire aux émotions rencontrées, plus j’ai peur, mieux c’est !  Oui, je sais ! Je dois avoir gardé mon âme d’enfant parce qu’après les romans qui parlent du froid, de la neige et de la survie dans le Grand Nord, juste après, j’adore toujours les récits de mers démontées et de bateaux en détresse, voire d’îles désertes.

 Découvrir la vie au bord d’une caraque ou d’un galion, braver les tempêtes, souffrir du scorbut, faire naufrage deux fois, échapper à l’inquisition, commercer avec les Indes, découvrir la misère et la sauvagerie des résiniers, des costejaires et des bergers des Landes dans notre France du XVII siècle, mesurer la misère des peuples, qu’ils soient colonisés, esclaves ou nés, comme Fernando, « au mauvais endroit », du mauvais côté de la barrière sociale, tout est passionnant !
 Le sérieux de la documentation nous permet de découvrir des faits historiques que je ne connaissais pas , ce naufrage, la reconquête de Bahia, la colonisation des Indes et la présence de l'Inquisition jusque là-bas,  et ceci, comme si on le vivait en même temps que les personnages. 

 

Dom Manuel de Meneses capitaine-mor du Sao Juilao et du Bartolemeu

De plus, le texte ne manque pas d’humour. J’ai aimé le personnage du noble portugais, le Fidalgo, Dom Manuel de Meneses, dont l’écrivain fait un portrait réjouissant par exemple lorsqu'il refuse d’échapper à la flotte anglaise plus nombreuse et mieux armée que lui à la faveur de la nuit. Il fait attacher un fanal à la poupe de son navire pour ne pas avoir l’air de fuir … d’où un premier naufrage quand il se fait canarder le lendemain matin  ! Ou encore en 1627 quand il discute de figures de style dans un texte de Lope de Vega avec Dom Manuel de Melo alors que son navire est en train de sombrer, malmené par les vagues de l’océan déchaîné. On rit de son sens de l’honneur qui n’a d’égal que sa stupidité mais qui finit par forcer l’admiration, porté à un degré tel que la démesure l’empêche d’être ridicule !  De plus sous ses airs de grand seigneur impassible, l’écrivain nous fait toucher l’homme, celui qui éprouve de la peur et trahit parfois ses faiblesses, un être humain, pas des meilleurs, mais humain, en quelque sorte ! Une personnalité historique que Yan Lespoux traite comme l'un de ses personnages et à qui il donne une complexité.
 

Donc un bon roman ! N'hésitez pas à embarquer ! A lire pour le plaisir de l’aventure et de la rencontre avec l’Histoire !  

Et puis, quand vous l'aurez lu, venez nous voir Fanja et moi,  pour nous dire ce que vous avez pensé de la fin ouverte du roman, l'écrivain ne précisant pas vraiment ce que ses personnages sont devenus !

Enfin, j'ajoute que j'aime ce livre parus aux éditions Agullo. Je trouve que c'est un bel objet  (conception de la couverture par Cyril Favory) avec la carte jaquette d'après Jan Huygen van Linschoten et les images de la première et quatrième de couverture d'Alfredo Roque Gameiro.

Fanja ICI 

Keisha ICI 

Je lis je blogue

Première de couverture

Quatrième de couverture
 


Chez Fanja

                    

jeudi 4 février 2016

Fiodor Dostoievsky : Le rêve d’un homme ridicule




Le rêve d’un homme ridicule est une toute petite nouvelle, écrite tardivement, que les inconditionnels de Dostoievsky adorent parce qu’elle contient tous les thèmes chers à l’écrivain développés dans ces grands romans. J’ai lu et étudié Dostoievsky quant j’étais à l’université et je me souviens de mon admiration pour ses oeuvres et pour l’Idiot en particulier. Lointains souvenirs que j’ai ranimés dernièrement par la lecture de Le double, Les nuits blanches et Souvenirs de la maison des morts, dernier lu que j’ai beaucoup apprécié. Et pourtant je n’ai pas aimé Le Rêve de l’homme ridicule
 

Le récit

Fiodor Dostoievsky : Tombe du cimetière à Saint Pétersbourg

 
Le héros de ce livre a toujours été ridicule. Dès l’enfance, il a suscité les moqueries de ses semblables, à tel point que le voilà, adulte, dégoûté de la vie car « tout lui est égal ». Il décide de se suicider et achète un pistolet qu’il tient en réserve pour le jour J.  Enfin, celui-ci arrive. L’homme ridicule rentre chez lui pour mettre son projet en exécution. En chemin, il rencontre une petite fille pauvre et désespérée, qui lui demande de l’aide pour sa mère malade. Notre héros la chasse et rentre chez lui. Mais au moment de se tuer, le souvenir de la fillette revient l’obséder, le remplit de honte et de pitié. Le jeune homme s’endort et fait un rêve. Il arrive sur une planète semblable à la Terre qui semble être le paradis, dans une société ou tout le monde s’aime et connaît le bonheur. Hélas! le héros va introduire le mal dans cet Eden et le corrompre. Quand il le quitte, le malheur, la jalousie, la violence règnent dans ce paradis perdu. Mais l’homme ridicule a découvert la Vérité et va se mettre à prêcher et la révéler à ses semblables pour que notre monde devienne meilleur.

Une belle écriture

 
  D’abord, notons-le, Fiodor Dostoievsky, c’est toujours une belle écriture à laquelle il est difficile de résister. Les quelques pages, par exemple, qui racontent la rencontre de l’homme ridicule avec la petite fille, dans cette nuit « lugubre » où tout ce qui l’entoure paraît animé d’une grande hostilité à l’encontre du personnage, sont celles d’un grand écrivain et elles fascinent.

Il avait plu toute la journée, et c'était une pluie froide, et la plus lugubre, une pluie, même, qui était comme féroce, je me souviens de ça, pleine d'une hostilité flagrante envers les gens, et là, d'un coup, vers onze heures du soir, la pluie s'est arrêtée, et une humidité terrible a commencé, c'était encore plus humide et plus froid que pendant la pluie, et une espèce de vapeur remontait de tout ça, de chaque pierre dans la rue et de chaque ruelle, si l'on plongeait ses yeux dedans, au plus profond, le plus loin possible, depuis la rue. D'un coup, j'ai eu l'idée que si le gaz s'était éteint partout ç'aurait été plus gai, que le gaz rendait le coeur plus triste, parce qu'il éclairait tout. (…)
Quand j'ai eu cette idée sur le gaz, dans la rue, j'ai regardé le ciel. Le ciel était terriblement obscur, mais on pouvait nettement distinguer les nuages, avec, entre eux, des taches noires insondables. Tout à coup, dans une de ces taches noires, j'ai remarqué une toute petite étoile, et je me suis mis à la regarder fixement. C'était parce que cette toute petite étoile m'avait donné une idée : j'ai décidé de me tuer cette nuit-là.

 

Une réflexion Philosophique

Ce récit nous entraîne avec Dostoievsky vers une réflexion philosophique qui s’empare du personnage au moment où il sort son revolver pour mettre fin à ses jours.

La détestation de soi attisée par les moqueries de son entourage l’a conduit à considérer que tout était égal. Alors pourquoi la pitié et la honte qu’il a ressenties en refusant d’aider la fillette le détournent-il du suicide? Tout ne lui serait donc pas égal!  C’est une première constatation.

D’autre part, le monde existe-t-il en dehors de la conscience?
S’il se tue « le monde entier, à peine ma conscience sera éteinte, s’éteindra tout de suite comme un spectre, un attribut de ma seule conscience… ». Le monde n’existe pas en dehors de lui. Ce sentiment de honte et de pitié disparaîtra donc avec lui. Alors pourquoi s’en soucier? Mais le fait est qu’il s’en soucie. C’est la seconde constatation.

C’est donc un sentiment de pitié ressenti sous la forme d’une douleur qui peut le ramener à la conscience de sa propre existence - tout ne m’est pas égal-  c’est la honte éprouvée pour un acte méprisable qui fait que le monde redevient signifiant - je ne peux mourir sans avoir résolu ce dilemme-.

Ainsi l’on peut déjà entrevoir ce que sera la conclusion de la nouvelle. Ne serait-ce pas l’amour d’autrui qui donnerait du sens à la vie? C’est ce que son rêve va lui permettre de comprendre : seul l’amour peut sauver l’humanité. Ce message, il est vrai qu’il se retrouve dans toute l’oeuvre de Dostoievsky. L’homme ridicule deviendra donc prêcheur pour porter la parole du Christ : « aimez-vous les uns, les autres » « Aime ton prochain comme toi même ». S’il est toujours ridicule, c’est que l’humanité n’est pas prête à recevoir ce message.

  Une réflexion métaphysique

 
 Mais c’est avec l’utopie que cela s’est gâché pour moi. Avant d’en arriver au message « aime ton prochain comme toi-même » l’écrivain fait revivre dans son Utopie, le mythe de l’Eden, celui de la bonté originelle de l’homme liée à son ignorance primitive qui le détourne du mal. 
 
" Oh ! tout de suite, dès que je vis leur visage, je compris tout, oui tout ! C’était une terre qui n’était pas encore souillée par le péché originel, n’y vivaient que des hommes qui n’avaient pas encore péché, ils vivaient dans un paradis semblable à celui dans lesquels avaient vécu, d’après toutes les légendes de l’humanité, nos ancêtres pécheurs, avec cette différence qu’ici, la terre était partout  un seul et même paradis! " 
 
Dans cette utopie, effectivement les hommes ne connaissent pas « cette sensualité cruelle qui touche presque tout le monde sur notre terre »  mais  « il y avait de l’amour et des enfants naissaient ». Voilà qui est vite expédié! On se demande bien si les femmes y sont pour quelque chose.

Comme dans la Bible, c’est la découverte de la sensualité qui met fin au bonheur des humains. Il  est à noter que cette fois-ci ce n’est pas une femme qui en responsable mais un homme. De plus, l’accès à la connaissance et à la science, entraîne le malheur. Si l’on ne peut qu'être d’accord avec le message d’amour délivré par la nouvelle, par contre cette seconde partie qui reprend le thème de la chute liée au péché, souillure que l’homme doit effacer pour atteindre la rédemption ne me touche pas du tout. Et pourtant elle est au centre de l’oeuvre de l’écrivain marqué par le christianisme. Je ne peux adhérer à l'idée de la bonté originelle de l'homme, je ne peux penser que la connaissance lui est néfaste. Je vois la science comme un progrès, et non comme un obstacle au bonheur. Et dans tous les cas, je pense que l'être humain a le droit d'accéder à la connaissance même si celle-ci introduit doute et tourment. Je suis donc à des années lumière des croyances métaphysiques de Dostoievsky.

L'Idiot

Le prince Muichkine dans l'Idiot : Gérard Philippe

 
  Alors pourquoi ai-je tant aimé L'Idiot? C'est que dans les grands romans de Dostoievsky, les personnages sont des êtres de chair et d'os.  Le personnage de l'idiot, le prince Muichkine, incapable de faire le mal, à l'égal du Christ, est le frère de l'homme ridicule. Il représente la bonté originelle mais que peut-il, face à la société corrompue, sinon chercher à rendre ceux qui l'entourent meilleurs? C'est un personnage complexe, attachant avec ses souffrances, ses peurs et ses doutes, c'est un être vivant et non une idée abstraite. Tout le contraire du personnage de la nouvelle. S'il est le Christ, il est plus Homme que Dieu. On se sent proche de lui et c'est ce que j'aime.  De plus, le  roman est abordable par tous ses aspects, métaphysique, réaliste, politique et social, et l'écrivain ne s'en tient pas qu'à un seul thème. Il foisonne d'idées. Et c’est pourquoi, pour en revenir à la nouvelle Le rêve de l'homme ridicule, je n’ai pas aimé cette seconde partie trop démonstrative malgré les qualités littéraires évidentes.


dimanche 12 juin 2022

Paris : Exposition Machu Pichu et les trésors du Pérou ( 2) Ai Apaec

Masque funéraire  représentant Ai Apaec ( culture mochica 100 à 800 apr.JC)
 

L’exposition du Palais de Chaillot  à Paris : Michu Pichou et les trésors du Pérou fait la part belle au mythe de Ai Apaec.

Ai Apaec est un héros mythique de la culture Mochica qui explique la vision cosmique de l’univers commune aux civilisations précolombiennes.
Mon premier billet sur l’exposition ICI  expliquait cette vision que je rappelle  : Si toutes ces civilisations présentent des différences et une originalité les unes par rapport aux autres, elles ont pourtant une commune manière d’appréhender l’Univers dans une interconnexion de trois mondes : Pachamama, est la Terre nourricière, divinité respectée, principe de vie et du temps présent, avec ses terres, ses pierres, ses montagnes, ses animaux prédateurs, félins, jaguar ou puma. Elle  anime un Monde nommé Kay Pacha. Hanan Pacha est le domaine du Soleil, de la Lune et des oiseaux. Uku Pacha est l’empire souterrain de l’océan, le monde des ancêtres et de la mort. Le serpent symbolise ce monde.

AI Apaec et ses épreuves. Ici le crabe
 

Ai Apaec est un puissant chef mochica, mi homme, mi félin. Voyant que le soleil plonge dans l’océan, il entreprend un grand voyage pour le rechercher, ce qui l’amènera au pays des Ancêtres, dans les profondeurs de l’Océan. Il doit donc mourir pour renaître et ramener la vie sur la terre. Tel Orphée ou Ulysse descendant aux Enfers, ou Jésus Christ mourant et ressuscitant, il incarne un mythe commun à beaucoup de religions, qui explique le cycle éternel de la Nature. Celle-ci meurt en Hiver et se régénère à chaque printemps, succession des saisons  rappelant aussi le mythe du retour de Perséphone des Enfers.

 

Ai Apaec sur le dos d'un vautour avec le lézard et son ami le chien


Il est accompagné dans cette aventure par ses deux amis, un chien et un lézard.  Ai Apaec poursuit le Soleil disparu sur sur le dos d’un vautour jusque dans l’Océan. Chemin faisant, il doit affronter de nombreux monstres. Il sortira vainqueur de sa lutte contre le crabe dont il prendra la force, contre l'escargot géant, Strombus, contre l'oursin aux piquants empoisonnés, et le poisson-globe. Mais il succombera au dragon et perdra la vie, ce qui lui permettra de pénétrer dans le monde d’en-bas. 

Il ressuscite grâce la chouette chamane et ayant retrouvé sa force et sa virilité, il féconde Pachamama, la Déesse-Terre, pour ramener le soleil, l’abondance et la vie sur la terre. Il sauve ainsi l’Univers et sert d’intermédiaire entre les trois Mondes.


 Son premier ennemi est le crabe, gardien de l'entrée de l'océan. Le héros prend les pinces du crabe qui lui donnent la force.

 

Ai Apaec -crabe

Après avoir battu son adversaire le poisson-globe, Ai Apaec acquiert la couronne du hibou qui lui  permet la vision nocturne. Son corps se transforme en poisson globe.

 


Ai Apaec combat l'escargot géant, Strombus, et entre dans sa coquille se couvrant de son armure invincible.

 

Ai Apaec combat Strombus
 

 

Ai Apaec et Strombus

Ai Apaec affronte le monstre de l’obscurité, serpent-dragon, qui lui coupe la tête avec un couteau. Il devient vieux et ridé. Il meurt  et il peut  gagner le monde d’en bas


La mort de Ai Apaec


Ai Apaec doit quitter le monde des vivants soutenu par un fou et un vautour pour rejoindre les Ancêtres.

Ai Apaec quitte le monde des vivants


La chouette chamane est puissante. Elle lui redonne la vie.



AI Apaec ressuscite. Il s'unit à Pachamama. Le cycle de vie recommence, le soleil réapparaît. Les cultures reprennent. Ai Apaec est figuré ci-dessous en maïs pour témoigner de cette renaissance.

Ai Apaec sous la forme d'un épi de maïs

 Cette coupe raconte l'histoire d'Ai Apaec :


Céramique racontant le mythe d'Ai Apaec

Machu Picchu et les trésors du Pérou


Cité de l'architecture et du patrimoine


Palais de Chaillot, 1 place du Trocadéro, 75116 Paris


Tous les jours de 10h à 19h


mardi 3 mars 2015

Vacances Toussaint 2010 : souvenirs, souvenirs...

Un petit ours polaire

J'ai retrouvé dans les dossiers de mon ancien ordinateur, ce texte que j'avais écrit en 2010 pour l'atelier d'écriture de Gwenaelle qui a disparu depuis. Il s'agissait de noter au jour le jour nos activités pendant les vacances de la Toussaint. Retrouver ces souvenirs m'ont fait bien plaisir parce qu'il y est question de ma petite fille Léonie qui avait alors sept mois! J'ai donc décidé, pour qu'il ne disparaisse pas, de le publier ici même s'il est très personnel. Peut-être n'intéressera-t-il personne à part moi et éventuellement les parents de Léonie? Mais je ne veux pas l'oublier!

J'ai mis quelques petites commentaires en  2015 (en mauve) à propos de certains passages de 2010  dont certains me paraissent plus que jamais d'une brûlante actualité.

Lundi  25  Octobre 2010, le soir : Marseille au temps du Choléra

Ma petite fille Léonie est couchée et j'ai un petit moment pour moi, c'est à dire pour lire et écrire.

Hier, Dimanche, nous sommes allés la chercher à Marseille chez ses parents. Aurélia, sa maman, partait à Paris pour son travail, photographier le musée Gustave Moreau, et nous allions ramener Léonie à Avignon jusqu'à samedi. Nous sommes arrivés dans une ville de cauchemar, les trottoirs débordant de sacs poubelles éventrés, des ordures répandues partout emportées par le Mistral, des rats grouillant autour des containers. Marseille au temps du choléra! Les Sdf profitant de l'anarchie ordurière avaient investi la place et installé leurs matelas souillés entre les poubelles. Mais ce qui m'a le plus surprise ce sont les personnes qui, au milieu des immondices et des odeurs délétères, avaient étendu des couvertures à même la rue pour vendre de menus objets.
Je n'avais vu la ville aussi sinistrée qu'une fois et c'était en 1968! Mais alors je ne l'avais pas ressenti de cette manière. Peut-être parce que j'étais jeune, peut-être aussi parce que la France entière était dans la rue et les mouvements de la jeunesse partout dans le monde occidental allait apporter un souffle, une liberté ardemment souhaitée dont nous allions parfois faire un mauvais usage. Certes, nous n'avons pas apporté des lendemains qui chantent à nos enfants et la France de demain s'est révélée ce qu'elle est aujourd'hui, celle du chômage, de la précarité, de l'individualisme et du capitalisme triomphant. Mais en ce temps-là nous ne le savions pas, tous les espoirs étaient permis et nous étions solidaires, enthousiastes et idéalistes.

 Voilà ce que  je pensais dans les rues de Marseille en allant chercher ma voiture pour ramener ma petite Léonie à Avignon. Bien enveloppée dans une gigoteuse en fourrure blanche, elle ressemblait à un petit ours polaire avec son capuchon orné de deux oreilles rondes. Un joli ourson aux yeux bleus!

Quand tu nous a vus, tu as eu un petit sourire mi-figue, mi-raisin, le sourire que nous connaissons bien maintenant et qui dit : "oh! je les aime bien ! mais qu'est-ce qu'ils viennent encore faire ces deux-là!  Ils vont m'arracher à mes parents! et je veux paaas!!" Par contre quand nous venons le mercredi pour t'amener à l'éveil musical, tu es toute heureuse, et le sourire est franc! Tu sais que tu ne vas pas repartir avec nous et je te sens heureuse d'être avec tes grands parents! *
Comment peux-tu savoir que nous venons te chercher mon petit sphynx?  C’est vrai que tes parents ne te prennent jamais en traître; Ils t'avertissent quand tu dois venir chez nous. Mais comment as-tu compris sans la compréhension des mots? Tu le sens, tu le sais? Que te transmettent tes parents au-delà des phrases? Maupassant disait en parlant des bébés : « un enfant encore sans gestes et sans parole ». Comme si le tout-petit n’appartenait pas tout à fait à l’espèce humaine. 

Le soir, difficile endormissement ; tu te calmes dans mes bras; je te transmets tout mon amour.

*Léonie n’a pas changé depuis!

Mardi 26 Octobre :  C'est une grande joie...

 Le Mistral continue à souffler avec une violence inouïe. Des rafales à 120 km secouent les volets comme pour les arracher. Je n'ai pas pu sortir Léonie et je me suis occupée d'elle toute la journée. j'adore! Je lui ai créé un petit monde à elle dans notre salon. Le parc qui s'ouvre sur le côté est devenue une cabane d'où elle peut entrer et sortir à quatre pattes même si elle n'aime pas beaucoup cette station. Elle préfère être debout. Un tapis en mousse, puzzle aux couleurs vives, lui permet d'évoluer sans danger. Elle est entourée de toutes sortes de personnages extraordinaires et insupportables. Figurez-vous, entre autres, Jojo lapin, roi des malins, avec des jambes démesurées, qui saute partout et atterrit régulièrement sur son nez de bébé.

Son grand père lui prépare des petits plats de sa composition, mixant, mêlant savamment les goûts, un zeste de Kiwi d'un vert acide neutralisé par une poire jaune, juteuse et fondante à souhait, une purée de patates douces nappée d'un coulis de courgette. Il a raison car il a affaire à un gourmet. Quand elle goûte, c'est du sérieux! Elle ferme les yeux, se recueille, grimace un peu avant de s'apercevoir qu'elle aime, qu'elle aime, qu'elle aime! Mmm! Le petit bec s'ouvre avec avidité vers les grands parents nourriciers, affolés, la petite bouille barbouillée de rouge ou de vert selon le cas, le soupir d'aise et le sourire final sont autant d'hommage au grand chef cuisinier.
Et puis, il y a les livres, la musique, les chansons...  Notre Minuscule se trémousse sur nos genoux, « à Paris, à Paris, sur un petit cheval gris » ou  Desnos«  Saute, sauterelle, car c'est aujourd'hui jeudi / Je sauterai, nous dit-elle, du lundi au samedi.

Simone de Beauvoir
...  Je pense à Simone de Beauvoir qui écrivait: "c'est une grande joie, à vingt ans, de recevoir le Monde de la main qu'on aime" et je plagie : "C'est un grand bonheur à tout âge de donner le Monde à l'enfant qu'on aime!"


 Tu babilles sans cesse, tu es très bavarde. Chaque nuit quand tu te réveilles tu m'assailles de :  "ga'de" ‘ga’de! » = "regarde" de ta voix.. pas très minuscule...  




Virginia Woolf

Quand nous passons dans le couloir tapissé de livres, je te montre une photo, toujours la même, sur la tranche d'un livre. Et quand je te dis Virginia Woolf, tu poses le doigt dessus.  
* Deux mois plus tard, c’est La Minuscule qui cherchera Virginia Woolf toute seule! Elle sera peut-être le seul Bébé du monde à connaître le nom et le visage de la grande écrivaine à l'âge de 9 mois. Rassurez-vous, elle n'a pas encore lu ses livres même si elle a …  du potentiel! En tous cas, elle n'en a pas peur!

 

 

Mercredi  27 Octobre: Des munitions en cet humain voyage... 

Médiathèque Ceccano

Le vent a presque cessé. Il fait encore un peu froid mais le petit ours polaire bien emmitouflée ne risque rien, donc nous sortons, la Minuscule et pour aller jusqu'à bibliothèque.

J'aime beaucoup la médiathèque d'Avignon. Elle est installée dans l'ancienne livrée du cardinal Ceccano, édifiée au XIVème siècle. C'est un un beau palais fortifié à la façade imposante ornée de créneaux, aux murs et aux plafonds à lourdes poutres en bois encore recouvertes de fresques colorées. Je passe d'abord rendre un livre chez les adultes et j'aperçois, ô miracle, un roman que je voulais absolument lire depuis sa parution : "La solitude du docteur March" de Geraldine Brooks. Je dis "miracle" car les livres de la rentrée littéraire sont très attendus et il est rare de pouvoir les lire dans les premiers mois. Or je viens de trouver tour à tour "La malédiction des colombes" de Louise Eldrich que je convoitais aussi et celui-ci. je complète avec mon Joyce Carol Oates mensuel, écrivain qu'en bonne challengiste je lis régulièrement. Cette fois-ci je choisis un roman d'elle qui n'est pas très connu, je crois, mais qui me plaît bien à priori. Il s'intitule : Zombi. Je ressens l'euphorie habituelle quand je fais ma récolte et engrange mes bouquins comme un écureuil ses noisettes. Je les emporte après enregistrement comme un trésor précieux.

 Léonie m'observe quand je les place sous sa poussette; elle ne sait pas encore que que je suis comme Montaigne et que les livres, pour moi, "c'est la meilleure des munitions que j'ai trouvée en cet humain voyage".
Dans la partie enfant, la salle est lumineuse, agréable. Pour les tout-petits un épais matelas installé à même le sol permet de les poser et de s'asseoir à côté d'eux. Nous "lisons" ensemble et surtout je l'inscris à la bibliothèque et j'emporte quatre petits albums pour elle. Elle aussi repart avec ses "munitions".

Le soir, je continue ma lecture des "Carnets retrouvés" de la jeune Vietnamienne Dang Thuy Trâm qui écrit pendant la guerre contre les américains dans les années 68-69. Cette jeune fille est attachante; on la sent à la fois si forte et si vulnérable. Si courageuse aussi! c'est elle qui a choisi d'aller soigner les blessés (elle est médecin) dans le Sud alors qu'elle vivait à Hanoï loin des combats dans une famille aimante et protectrice. Je pense qu'elle est si jeune (24 ans "l'âge à peine d'une enfance") et que depuis des années elle ne connaît que les bombes, la mort, la violence. La lecture d'un journal non officiel (je veux dire de personnes qui ne sont pas célèbres) est toujours émouvante. Ce sont des gens proches de nous qui n'écrivent pas pour la galerie mais pour eux-mêmes, pour exorciser leurs peurs, pour confier leurs angoisses. On se sent si proche de Thuy, de sa détresse, de son désir de pureté, de son idéalisme. Thuy, même si elle a fait des études scientifiques, lit beaucoup et écrit bien. Mais comme souvent dans ce genre de cahier on aimerait en savoir plus (d'autant plus qu'il manque les carnets du début de la guerre) parfois il y a des répétitions, des ellipses, des non-dits. On a l'impression non pas de lire une oeuvre littéraire mais de lire le journal d'une amie.

Jeudi  28 Octobre :   Illégal

Les réveils à 4 ou 5 heures du matin pour le biberon commencent à se faire sentir. Elle est peut-être minuscule ma Léonie mais quel appétit! Je n'ai plus les yeux en face des trous! et des cernes! Je regarde Francis. Il est à peu près dans le même état que moi! Nous ressemblons à des pandas. Nous rions ensemble. Etre grands-parents! Décidément, c'est vrai que le métier de parents est un métier de jeunes ! Mais quel bonheur de pouponner La Minuscule qui a envie de tout savoir, tout connaître
Ce matin elle a dit "dadou"! C’est ainsi que nous nous faisons appeler : dadou et manou…  mais pour moi? Rien! l'ingrate! Prononcer manou n’est pourtant pas la mer à boire! Le grand-Père frime et moi je me demande si cette petite a autant de "potentiel" qu'on veut bien le dire!

Le soir, nous recevons nos amis, collègues de Francis, eux aussi profs de cinéma à la retraite ou encore en fonction et de quoi parlons-nous? D'une autre passion commune, le cinéma. Ils ont bien aimé "Les rêves dansants" un film documentaire que j'aimerais voir qui montre des adolescents sans expérience de la danse travailler avec Pina Bausch. Le film qui fait l'unanimité est "Illégal" que nous avons tous vu, une fiction qui emprunte un peu au documentaire tant elle paraît réaliste. Elle montre à travers le personnage de la russe Tania séparée de son fils Ivan, le sort des immigrés enfermés dans des centres de rétention avant d'être réexpédiés dans leur pays. C'est un film sans concession qui montre l'inhumanité, les dérapages, les violences faites à ces gens qui ne sont pas des criminels mais sont parfois traités comme tels.

Petit être doué de paroles. Tu parles, tu dis des mots et parfois au milieu d'eux j'en reconnais un et je m'émerveille. Tu accèdes au langage, j'accède à ta compréhension. Tu as dit : "voi " pour aurevoir "ca" pour canard et "pin" pour lapin.  Mais tant que les mots ne sont pas répétés et liés à du concret, est-ce déjà du langage? Bien sûr! Quelle drôle de question!

Vendredi  29 Octobre  : Nénègle ou la liberté

Francis-Wens est parti à Toulon chercher sa mère. Et Aurore la troisième de mes filles est arrivée cette après midi. Elle vit à Marseille chez sa soeur aînée et son beau frère, les parents de Léonie, aussi l'on peut dire qu'elle sert de deuxième maman à sa petite nièce et qu'elle a une adoration pour elle.

Elle lit les livres que j'ai ramenés de la bibliothèque pour la Minuscule. Parmi eux : "Nénègle sur la montagne" de Benoît Charlat. Nénègle est un petit aigle perché sur une montagne avec son biberon, sa tétine, son doudou, son camion rouge...  Quand il apprend à voler, il tombe et il est obligé de lâcher l'un après l'autre les objets qu’il tient dans ses bras (euh! ses ailes)! Et oui, c’est cela, grandir, un abandon de ce qui fait l’enfance; c’est la condition pour qu’il puisse s'envoler et gagner son indépendance, loin de ses parents.

 Je vois les yeux d'Aurore qui se voilent, s'attristent. Elle soupire : "C'est triste!"  Mais triste pour qui? Pas pour l'enfant bien sûr! Mais plutôt pour ceux qui le regardent partir! Aurore vient de comprendre ce que c'est être mère avant de l'être elle-même! Avoir le courage de pousser son enfant vers la porte de sortie et le regarder s'en aller en souriant!
A propos des livres d'enfant, je lisais l'autre jour sur le blog Livre de Malice, ses réponses à des lecteurs qui jugeaient les livres d'enfants "simplistes". Quel mépris et quelle ignorance! Il en est des livres pour la jeunesse comme des autres, il y a de bons crus et des mauvais. Le Nénègle de Charlat est bon; on peut dire que cet album est un livre d'initiation réussi, le Lucien de Rubempré ou le Julien Sorel des bébés!

Ce soir, papotage avec notre fille qui nous explique ses exploits de débutante en Haikido. Le pire c'est que c'est moi qui sers de cobaye pour la démonstration!

Tu revois Aurore, tu es heureuse, tu répètes sans cesse "tata " à la grande joie d’Aurore. Tu dis au revoir et agites ta petite main. Tu fais beaucoup de progrès à quatre pattes, tu te  suspends au bras d'Aurore pour te lever.

Samedi 30 Octobre : un message subliminal

Elle l'a eu!(le bonnet subliminal)

 Les parents sont venus et repartis en amenant leur bébé. Et voilà, le vide ! Pourtant la journée a été animée avec les quatre générations qui se sont retrouvées dans notre petit appartement : du bébé de 7 mois dont c'était le "moisversaire" à l'arrière grand-mère de 90 ans.

 Comme je tricotais un col et un bonnet avec une très belle laine naturelle pour ma seconde fille Amandine dont c'est l'anniversaire ce mois-ci, la seule absente de la famille ce jour-là,  Aurélia m'a lancé des messages qu'elle appelle "subliminaux". Le subliminal pour elle, c'est ça : "Qu'il est beau ce bonnet, que j'aime la laine … et alors c'est pour Didine? parce que moi j'aime vraiment beaucoup, en bleu, ça me plairait ... beaucoup, beaucoup!".  Bon je vais en être quitte pour tricoter un deuxième bonnet! Heureusement que ma troisième fille trouve que la laine : "ça pique!" et que Léonie n'a pas encore l'âge de réclamer subliminalement!

Tu es heureuse de revoir ses parents mais pas de bouderie comme tu sais le faire parfois pour te venger de leur abandon/ Tu es très nerveuse, excitée. Départ sous la pluie, 2 h de voyage, bébé très fatiguée…

Dimanche 31 Octobre : Il pleut...

Inondation Avignon photo DR source
Il pleut! il pleut! Il pleut!  Il pleut comme il sait pleuvoir dans le Midi de la France. L'eau monte et le moral des avignonnais descend. Car, il faut le savoir, la pluie comme la neige sont considérées comme des offenses personnelles faites aux seuls provençaux. Qu'il pleuve ailleurs, c'est normal, mais chez nous! Il y a longtemps que le Rhône n'a plus débordé. Il a beau être canalisé, domestiqué, il fait encore bien souvent des siennes et ceci malgré les délestages et les pompages. La dernière fois ( 2003 ?) l'eau est montée jusqu'aux remparts de plusieurs mètres. Les portes de la vieille ville sont alors fermées par des bardeaux remplis de fumier. Celui-ci gonfle sous la poussée de l'eau mais ne cède pas. L'eau percole mais ne passe pas!  Ce qui n'empêche pas que cette masse grise et puissante qui pèse de toutes ses forces sur l'enceinte médiévale lorsqu'on a sa maison située derrière ces murs est impressionnante. L'île de la Barthelasse créée par les alluvions du Rhône au cours des siècles est alors submergée. Jadis les habitants vivaient au premier étage et avaient toujours une barque dans le hangar du rez-de-chaussée. Maintenant il n'en est rien et les maisons sont inondées. L'homme croit toujours pouvoir dominer la nature et ne plus craindre les colères du fleuve mais ce n'est jamais entièrement vrai.

 Lundi 1er Novembre : Automne

Lozère : le chemin du col à Grizac/Villaret
Lozère : automne

 Nous ramenons l’arrière-grand-mère chez elle, près de Toulon. Sur l'autoroute, la pluie continue et le flot incessant des voitures rend la conduite préoccupante. Nous ne parlons pas! Je ne conduis pas et j'ai le temps de regarder la campagne que je n'avais pas vue depuis quelques jours. La ville ne permet pas de voir vraiment le déroulement des saisons. Ca y est! les couleurs de l'Automne sont là, les vignes rouges qui virent au violet, les peupliers dont l'or contraste avec le vert-noir des cyprès. Je me rends compte combien la Lozère me manque. En ce moment ce doit être une orgie de couleurs là-haut, un flamboiement dont je ne me lasse pas. Et puis il y les odeurs végétales de l'Automne presque aussi importantes que la vue, lorsque l'on se promène dans la forêt, le sous-bois mouillé, les châtaignes que l'on délivre de leur bogue..  

Comment se fait-il que lorsque je suis à la montagne, la ville me manque et vice versa à la ville?


Mercredi 3 Novembre : La malédiction des colombes


 Je lis "La malédiction des colombes"... pas envie d'écrire! 
Extrait de mon billet sur ce roman que j'ai vraiment beaucoup aimé  : La malédiction des colombes s'ouvre sur une scène superbe racontée par Mooshum qui donne son titre au livre : la  vision hallucinante de milliers de colombes s'abattant sur les récoltes et la procession qui s'ensuit menée par le curé, un indien catholique. Le ton est  neuf, vif, nerveux, évocateur d'images, de sons, d'odeurs et de couleurs. Un récit partagé entre le réalisme de la description, voire la trivialité, la cocasserie et l'irruption de la fantaisie, de la poésie.
Pour ma part, j'ai tout de suite été séduite par ce style et ce va-et-vient entre tragédie et comédie. Mélange de genre qui n'est pas sans me rappeler le Steinbeck -en plus noir tout de même- de Tortilla Flat ou de Tendre jeudi en particulier avec le personnage du vieux Mooshum, menteur, buveur, paillard mais plein d'humour, imprévisible, farceur, gamin insupportable parfois mais... si attachant!

Jeudi 4 Novembre : Je te le donne pour l'amour de l'Humanité

Dom Juan : la scène du pauvre

Aujourd'hui, le matin je suis allée faire du sport ! Quel courage! J'ai pris de bonnes résolutions. Le tout est de savoir combien de temps cela va durer? En tous cas je suis inscrite pour un mois! Avant de partir j'ai publié la citation du jeudi. Montaigne, bien sûr!

L'après midi je rédige mes commentaires sur mes livres en retard. Je ne sais si les autres blogueuses sont comme moi ou si c'est un effet de ma mauvaise organisation (ou de ma paresse) mais je suis toujours en retard de plusieurs livres pour les commenter. Cela prouve au moins que je lis plus vite que ce que j'écris et aussi que j'aime plus lire qu'écrire.

J'ai envie d'écrire sur ce fait divers lu dans le Monde. Il paraît presque anodin de prime abord mais si l'on y réfléchit, il est inquiétant pour le devenir de notre société. Un joueur italien a été suspendu pour propos « blasphématoire » parce qu’il a juré : "Porco Dio"! Preuve que les intégristes n'appartiennent pas qu'à une seule religion; ils  peuvent être partout. Cela nous ramène à des siècles en arrière et me rappelle la scène de Molière où Dom Juan promet une pièce à un pauvre à condition qu'il jure. Ce dernier, après un débat de conscience, refuse et Dom juan lui dit : "Tiens, je te la donne pour l'amour de l'humanité ».
 j'ai toujours jugé la réponse de Dom Juan sublime parce qu'il place l'amour de L'Humanité avant l’idée de Dieu. C’est la réponse d’un athée. Et le pauvre? Lui aussi sa conduite peut paraître sublime, c'est  la réponse d'un croyant; il préfère mourir de faim plutôt qu'être impie. Oui mais... pour juger son acte, il faut savoir qu'à cette époque un blasphème était puni de plusieurs années de galère. Il était dangereux de jurer et plus d'un a connu les bûchers de l'Inquisition pour moins que ça!*
Nous n'en sommes pas encore là direz-vous**? Non, on est puni seulement de participation à un match! Mais c'est grave! Car où est la liberté de pensée? N'aurait-on plus le droit d'être athée ou même d'être croyant et de jurer sans avoir de compte à rendre? Où va s'arrêter cette hypocrisie, cette ingérence de tout un chacun sur les consciences? Ah! Voltaire, que tu t'éloignes de nous et le siècle des lumières aussi!

* Dès les premières représentations la scène du pauvre fut censurée; La pièce de Dom Juan fut jouée pendant quinze jours du 15 février au 20 mars 1665 et puis elle disparut; elle ne fut plus interprétée jusqu'en 1841. Pièces, caricatures, peintures, expositions censurées, interdites, reportées, c'est notre lot quotidien de nos jours!
** Hélas! oui, nous en sommes là! Les évènements de janvier 2015 l’ont tristement prouvé!  Il y a un retour du bâton partout, exacerbation des intégrismes religieux.

Vendredi 5 Novembre : Rendre sa copie!

Aujourd'hui "la chef" (j'ai nommé Gwen) a réclamé notre copie. Je la lui enverrai demain. Il faut que je complète et corrige! J'ai quelques doutes sur l'intérêt de mes élucubrations mais tant pis!

Samedi 6 Novembre : Cinéma et Manifestations 2010

 Ce matin ciné-club au cinéma Utopia. "Trouble in Paradise" ("Haute-Pègre", je n'aime pas le titre français) est un film de Lubitch présenté par une ancienne collègue de Francis-Wens. j'aime beaucoup ses explications et le débat qui s'ensuit.
Je viens de consulter la carte des manifestations aujourd'hui contre les retraites. Le nombre de manifestants a bien diminué. Les syndicats commencent à ne plus avoir une ligne commune. Le gouvernement aura gagné! Tout le monde est persuadé qu'il faut une réforme mais celle-là est la pire! Ce soir, aux informations, j'ai entendu Martine Aubry dire sa solidarité avec les syndicats mais jamais elle n'a déclaré que les socialistes reviendraient sur cette loi quand ils seraient au pouvoir. Surtout pas! Pourtant une loi, ça se change!

Nouvelles du bébé : La Minuscule est allée à une expo avec ses parents, a été très enthousiaste, très sociable. Elle se lève toute seule y compris dans son lit. Le 30 Novembre elle aura 8 mois.

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dimanche 24 juin 2012

Un livre/ Un jeu : Goethe et Sokourov : Faust


Faust et Méphistophélès par  Eugène Delacroix



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 Réponse à l'énigme  N° 38

Ceux qui ont signé un pacte avec Méphisto sont  :  Dasola, Eeguab, Miriam

  La pièce de théâtre : Faust de  Goethe

Le film : Faust de Sokourov actuellement sur les écrans.







Faust, la pièce de Goethe est parue en 1808. Elle a été suivie d'un Faust II en 1832 qui est la suite de la première pièce et que Goethe a écrit dans sa vieillesse. C'est le Faust I que je présente ici.

Le personnage historique, le docteur Georgius Sabellicus Faustus Junior, alchimiste allemand du XVI siècle accusé de sorcellerie, qui a inspiré la pièce a réellement existé même si sa vie nous est mal connue, déformée par les différentes versions qu'il nous en a été donné.  Voir ICI  
C'est que très tôt, ce personnage a frappé l'imagination des créateurs et a été à l'origine d'oeuvres qui ont répandu sa légende, en particulier la pièce de Christofer Marlowe écrite en 1590. Mais c'est surtout depuis Goethe que le mythe a pris une telle ampleur.


Le sujet de la pièce
 Faust, devenu, vieux, se plaint que la connaissance s'est toujours dérobée à lui alors qu'il a pourtant voué sa vie à l'étude. Il décide de mourir en avalant du poison. Le Diable, Mephistophélès, qui s'est introduit chez lui sous la forme d'un chien noir, lui propose un pacte : il lui fera goûter les plaisirs de la vie mais Faust lui donnera son âme. Faust rencontre Marguerite, fille modeste et vertueuse, qu'il n'a de cesse de séduire. Celle-ci, pour que Faust puisse la rejoindre dans sa chambre, donne un somnifère à sa mère mais celle-ci en meurt.Valentin, le frère de Marguerite, veut venger l'honneur de sa soeur et est tué par Faust avec l'aide de Méphistophélès. Faust s'enfuit avec son diabolique compagnon et parcourt le monde. Apprenant que Marguerite est condamnée à mort pour infanticide, il s'introduit dans la prison pour la sauver mais celle-ci refuse de partir avec lui. Elle meurt.

Lutte entre le corps et l'esprit

Dans le Faust I Goethe a voulu montrer comment l'homme toujours assoiffé de connaissance a peu de prise sur le savoir. Il se voudrait l'égal de Dieu pour expliquer le monde mais ne parvient à accéder qu'à une infime et insignifiante partie de cette explication.

Je le sens, en vain, j'aurais accumulé sur moi tous les trésors de l'esprit humain... lorsque je veux enfin prendre quelque repos, aucune force nouvelle ne jaillit de mon coeur; je ne puis grandir de l'épaisseur d'un cheveu, ni me rapprocher tant soit peu de l'infini.

Vaut-il la peine dans ces conditions de consacrer  sa vie à l'étude, comme l'a fait le docteur Faust, de donner la prééminence à la pensée. Ne vaudrait-il pas mieux se tourner vers l'action? C'est l'éternel dilemme de l'homme, ce duel entre le corps et l'esprit.

Deux âmes, hélas! se partagent mon sein et chacune d'elle veut se séparer de l'autre : l'une, ardente d'amour, s'attache au monde par le moyen des organes du corps; un mouvement entraîne l'autre loin des ténèbres, vers les hautes demeures de nos aïeux!

Athéisme?

La pièce de Goethe  et le film de Soukorov posent des problèmes philosophiques et métaphysiques qui me dépassent et j'avoue que je n'ai pas tout saisi avec une seule lecture du livre et un seul visionnement du film. Il faudrait lire et relire, voir et revoir, analyser, étudier, tant les deux oeuvres sont riches et complexes, semblables et différentes. Je vous livre ce que je crois avoir compris :
Quand Faust commente l'Evangile de Jean : Au commencement était le Verbe, Faust, traducteur du texte grec, commet un blasphème en remplaçant le mot Verbe par : Au commencement était l'action. Première question : Faust est-il athée? On peut se le demander. En récusant le mot Verbe, il refuse Dieu car le Verbe c'est Dieu comme  l'affirme Saint Jean. En prônant l'action, il se prend parti pour l'Humain car l'action c'est l'homme! Pourtant si le personnage de Faust de Goethe est athée, son auteur ne l'est pas! A la mort de Marguerite, le Diable s'exclame  "elle est jugée" et  une voix céleste répond : "elle est sauvée". Dans le Faust II, Faust échappera à la damnation par l'intercession de Marguerite auprès de Dieu.


Il est écrit : « Au commencement était le Verbe ! »
Ici déjà j'hésite ! Qui m'aidera à aller plus loin ?
Il m'est impossible de priser si haut le Verbe,
Il faut que je traduise autrement,
Si je suis bien illuminé par l'Esprit.
Il est écrit : Au commencement était la Pensée.
Médite bien sur cette première ligne,
Afin que ta plume n'aille pas trop vite !
Est-ce la Pensée qui crée et produit tout ?
Il faudrait mettre : Au commencement était la Force !
Mais à l'instant même où je transcris ces mots,
Quelque chose m'avertit que je n'en resterai pas là.
L'Esprit me vient en aide ! Je vois soudain la solution
Et j'écris avec assurance : Au commencement était l'Action !
 

Dans le film de Sokourov, Faust est très nettement athée et il l'affirme devant son assistant Vagner. En disséquant des cadavres, il n'a jamais trouvé l'âme; l'homme n'est fait que d'organes et de chair qui se corrompent vite. On pourrait penser que signer un pacte avec le diable prouve l'existence de Dieu aux yeux de Faust. Mais il n'en est rien car le fait que le Mal existe ne signifie pas l'existence du Bien. Contrairement à Goethe, Sokourov refuse l'intervention divine. En ne  donnant aucune limite à la liberté humaine, il se pose lui aussi en athée. Faust nie le Diable, se débarrasse de lui, déchire le contrat et part à la conquête du savoir, marchant vers les plus hautes cimes des montagnes enneigées dans une orgueilleuse solitude.

Le thème de l'amour

Dans sa recherche de jouissance immédiate et superficielle, Faust est pressé de posséder le corps de Marguerite et, dans la pièce comme dans le film, il exige de Méphisto qu'il accède au plus vite à ses désirs. En vain, le Diable essaie-t-il de lui faire comprendre que les petites attentions, l'attente, les préliminaires qui permettent de vaincre la pudeur de la jeune fille, sont le meilleur de la jouissance.  Une fois qu'il a obtenu ce qu'il voulait Faust se désintéresse de sa maîtresse. Mais dans la pièce nous voyons qu'il est sensible à la tragédie que vit Marguerite puis qu'il va jusqu'à la secourir. Dans le film, il est à peine question de la jeune fille pour apprendre aux spectateurs ce qui lui est arrivé. Cela ne détourne pas Faust de sa quête du savoir qui est non seulement solitaire mais brutale et égoïste.



 Faust et Marguerite par le peintre romantique Ary Shafer

Le romantisme de Goethe

Cette pièce se rattache au courant Sturm und Drang (Tempête et passion), inspiré de Jean-Jacques Rousseau et de William Shakespeare. Le Sturm und Drang est un mouvement politique, social, littéraire et artistique qui s'est développé à la fin du XVIII siècle en Allemagne autour de Goethe, Herder, Kingler... Il est caractérisé par son aspiration à la liberté dans un monde dominé par l'absolutisme et par un intérêt nouveau pour la Nature. Il refuse les conventions sociales mais aussi littéraires et se soustrait aux règles classiques aboutissant à des formes littéraires nouvelles. Il est à l'origine du romantisme allemand qui, par la suite, fut une source d'inspiration pour le romantisme français.

Le romantisme de Goethe s'exprime par un style lyrique, ample, qui exalte la Nature. Seule, elle permet à l'homme de se libérer de la pesanteur de son corps :
Oh! que n'ai-je des ailes pour m'élever de la terre et m'élancer ... dans une clarté éternelle.! Je verrais à travers le crépuscule tout un monde silencieux se dérouler à mes pieds, je verrais toutes les hauteurs s'enflammer, toutes les vallées s'obscurcir, et les vagues argentées des fleuves se dorer en s'écroulant.
C'est un beau rêve tant qu'il dure! Mais hélas! le corps n'a point d'ailes pour accompagner le vol rapide de l'esprit

Romantique aussi le fantastique dans lequel baigne l'oeuvre. Faust dans sa fuite autour du monde et sa recherche des jouissances terrestres assiste au sabbat des sorcières. Dans le cours de l'action viennent s'intercaler des passages oniriques : Songe d'une nuit de Sabbat ou Noces d'or d'Obéron et de Titania.  Les personnages de Shakespeare  hantent cette nuit de Walpurgis.

Le romantisme de Goethe, c'est aussi le recours aux chansons populaires, le romantisme allemand recherchant son inspiration dans les contes et les légendes du pays, dans la musique et les chansons du peuple. La légende du roi de Thulé que chante Marguerite en est le plus bel exemple.

Il était un roi de Thulé
A qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d'elle,
Une coupe d'or ciselé.
C'était un trésor plein de charmes
Où son amour se conservait :
A chaque fois qu'il y buvait
Voir  ICI

Les étudiants et les soldats dans les tavernes, Méphisto lui-même, chantent des airs populaires, comme le fameux air de la puce.

 
Une puce : La damnation de Faust Hector Berlioz

Une puce gentille
Chez un prince logeait.
Comme sa propre fille,
Le brave homme l'aimait,
Et, l'histoire assure,
A son tailleur un jour
Lui fit prendre mesure
Pour un habit de cour.
L'insecte, plein de joie
Dès qu'il se vit paré
D'or, de velours, de soie,
Et de crois décoré.
Fit venir de province
Ses frères et ses sœurs
Qui, par ordre du prince,
Devinrent grands seigneurs.
Mais ce qui fut bien pire,
C'est que les gens de cour,
Sans en oser rien dire,
Se grattaient tout le jour.
Cruelle politique !
Ah ! plaignons leur destin,
Et, dès qu'une nous pique,
Écrasons-la soudain!


Cet air sous son apparence légère est aussi une  critique de l'absolutisme. Car le sentiment de liberté qui est l'expression même du romantisme allemand s'exprime souvent dans Faust par une critique virulente de ceux qui détiennent un pouvoir sur les autres mais ne sont que mensonge et corruption. L'église, avide, cupide, n'échappe pas à la satire comme ce prêtre qui prend les bijoux que Faust a donnés à Marguerite, assurant à la jeune fille et sa mère que cela sauvera leur âme. Les jeunes filles subissent la violence des hommes et la société prend de le relais lorsqu'elles sont enceintes, exerçant une telle pression sur elles  qu'elle les pousse à l'infanticide..


Cette pièce, la plus importante du patrimoine littéraire allemand, est universellement connue. Elle a eu plusieurs grands traducteurs dont  Gérard de Nerval alors âgé de 18 ans, dont la traduction a assuré à elle seule le renom; elle a été à l'origine de nombreux opéras dont, en France, La Damnation de Faust de Hector Berlioz  (1846) Le Faust de Gounod (1859). En littérature, elle a inspiré des écrivains du monde entier : pour ne citer que quelques exemples Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, Marguerite de la nuit de Pierre Mac Orlan, Mon Faust de Paul Valéry, Faust au village de Jean Giono, Docteur Faustus de Thomas Mann, Faust de Fernando Pessoa,  Le Maître et la Marguerite de Mickaïl Boulgakov. Au cinéma, outre la version de Sokourov, celle de Murnau est très belle. Notons aussi La beauté du diable de René Clair avec Gérard Philippe et Michel Simon.



Maria Callas L'air des Bijoux Faust de Gounod




Renée Fleming chante Marguerite au rouet de Frantz Schubert