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lundi 25 mai 2015

Leo Perutz : Le cavalier suédois





J'a lu Le cavalier suédois de Leo Perutz dans le cadre de mon voyage à Stockholm au mois de Juin. Bien qu'il ne soit pas d'un écrivain suédois, qu'il ne se passe pas en Suède, il s'agit pourtant d'un moment de l'histoire de ce pays! 
Le cavalier suédois est une oeuvre assez inclassable.

Roman d’aventures : 

Le héros du roman n'a pas d'identité puisqu'il va prendre celle d'un autre. C'est pourquoi il est appelé Le Voleur sans autre précision. Intrépide, entreprenant et intelligent, il rencontre dans la campagne enneigée et glaciale, entre Prusse et Pologne, le jeune noble Christian Von Tornefeld. Déserteur, Christian fuit l’armée étrangère dans laquelle il servait pour rejoindre, en Pologne, l’armée suédoise et son roi Charles XII de Suède; le souverain est en guerre pour étendre son empire jusqu'à la mer Noire. Bien que le père de Christian soit parti de Suède après avoir été spolié de ses biens par Charles XI, Christian continue à se sentir « l’âme suédoise »! Le jeune noble, poursuivi par les dragons se cache dans un moulin où demeure un mystérieux meunier qui s’est pourtant donné la mort quelques années auparavant! Christian persuade son compagnon de se rendre à sa place chez son oncle qui est aussi son parrain pour lui obtenir du secours. Mais lorsque Le Voleur pénètre dans la propriété mal entretenue et ruinée il apprend que l’oncle est mort, laissant seule sa fille Marie Agneta aux mains d’usuriers et de domestiques peu délicats. La jeune fille se dit fiancée à Christian et fidèle à son souvenir. Pour Le Voleur le coup de foudre est immédiat; c'est décidé, il prendra la place de Christian  et deviendra Le cavalier suédois, conquerra la fortune dans le but d’épouser la jeune fille mais…. Je vous laisse découvrir ce qui lui arrive!

Roman picaresque et conte traditionnel

Le cavalier suédois rappelle aussi par certains aspects le roman picaresque avec son personnage principal, le voleur, surnommé aussi Pièges-à-Poules, et sa bande de brigands, tous très typés, affublés d’oripeaux et de surnoms, dont chacun possède, comme dans les contes de Grimm, (Quatre frères habiles ou Les six compagnons qui viennent à bout de tout), des qualités particulières qui permettent en les unissant d’être victorieux. Ils écument la région pour piller les objets liturgiques dans les églises. Mélange de picaresque et de conte traditionnel, le roman offre donc des surprises, des revirements, sous une forme originale et enlevée. Dès le départ on se laisse emporter avec délice dans l'aventure!

Roman fantastique

  C’est aussi un roman qui fait la part large à l’étrange et au fantastique et l’on ne sait jamais trop si les personnages sont réels ou bien s’ils sont sortis de l’enfer, fantômes ou diables, et si les incantations et les formules magiques ont une efficacité réelle ou au contraire imaginaire et fortuite! Mais tout est possible dans l'univers de Leo Perutz que Jorge Luiz Borges -qui l'admirait- considérait comme un "Kafka aventureux"*!

 Roman parabole

 Le cavalier suédois contient une parabole, un enseignement que notre héros finira par comprendre. Lorsque le voleur comparaît en rêve? ou en réalité? devant le Juge Suprême, ce qui lui sera reproché ce n’est pas d’avoir volé pour manger car les pauvres sont des victimes, ni d’avoir dérobé les objets du culte car l’argent et l’or ne concernent pas Dieu mais d’avoir trahi son ami. Et le châtiment qui paraît si léger au début va se révéler terrible à la fin, le roman se refermant sur lui-même, le dénouement répondant au prologue, avec une maîtrise parfaite. Leo Perutz boucle la boucle avec une imagination qui émeut et donne le frisson. Car la mort est toujours présente dans l'oeuvre et le roman d'aventure n'est jamais très loin de l'interrogation philosophique sur la liberté humaine. Peut-on échapper à sa classe sociale? Peut-on échapper à son destin?

Roman historique

Charles XII roi de Suède
Le cavalier suédois est un bonheur de lecture. Si vous y ajoutez que c’est aussi un roman historique qui m’a demandé de revoir l’histoire de la Suède et qu'il dépeint la vie au XVIII siècle, la misère, le  quotidien des paysans, la toute puissance des nantis, les conditions d’exploitation inhumaine des ouvriers par un homme d'église, vous comprendrez que cette oeuvre de Leo Perutz est vraiment passionnante.

Leo Parutz

Leo Parutz (1882_1957) écrivain autrichien de langue allemande
Leo Parutz (1882_1957)
Né en 1882, cet écrivain Juif autrichien de langue allemande aux lointaines origines espagnoles, mathématicien de formation, est resté longtemps dans l'ombre des bibliothèques. Pourtant, il avait fait partie des auteurs les plus lus de l'entre-deux-guerres. Originaire de Prague, il vit et travaille essentiellement à Vienne. Mais l'Anschluss et l'interdiction de ses ouvrages décident de son destin : il s'exile en Palestine en 1938 et l'après-guerre est pour lui synonyme d'oubli et de désintérêt. Décédé en 1957 en Autriche, il a été tiré des oubliettes d'une part grâce à Borges, qui cautionne l'auteur en préfaçant trois de ses livres déjà pendant la Seconde Guerre mondiale, d'autre part en France où le Prix nocturne lui est attribué à titre posthume en 1962 et où son oeuvre a été largement traduite et rééditée depuis une quinzaine d'années. source *voir l'article de Anna Kubiska Radio Prague

20 commentaires:

  1. Leo Perutz est dans mon panthéon depuis longtemps. Je crois avoir lu sept de ses livres dont Le cavalier... mais aussi Le tour du cadran, Le Judas de Léonard, Le miracle du manguier. Souvent du domaine de la parabole, du fantastique, de l'absurde, du roman historique, une oeuvre riche à redécouvrir. A bientôt.

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    1. Moi c'était le premier et j'ai bien l'intention de continuer, ce livre m'a emballée!

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  2. P.S. Si tout va bien je devrais aussi voir Stockholm en septembre. D'ores et déjà bon voyage.

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    1. Merci ! C'est moi qui y vais avant toi, je me sens l'âme d'une pionnière.

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  3. je ne connais que très peu la littérature de ce pays (ni le pays d'ailleurs), cela a l'air un mélange très riche!

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    1. Très riche, très varié.. Je me régale en ce moment!

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  4. quel bonheur de préparer un voyage par des lectures et si par hasard tu découvre un chef d oeuvre!

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    1. Oui, c'est un bonheur .. que tu connais bien! La meilleure façon de se mettre à l'heure suédoise!

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  5. il est à mon programme depuis des lustres il faut que je me décide et ton billet réveille mon envie

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  6. Je l'ai abandonné... mais je compte bien le reprendre...un jour!

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    1. Peut-être n'était-ce pas le bon moment! mais je l'ai trouvé vraiment passionnant!

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  7. Quelle chance tu as d'aller visiter Stockholm ! Voir la Scandinavie, mon rêve de toujours...
    Ton billet me donne envie de lire l'histoire de ce cavalier suédois qui, ayant usurpé l'identité d'un autre, finit mal. Ça me rappelle "Les faux Tsars" de Vladimir Volkoff, un roman, historique lui aussi, des plus passionnants.
    Bises et excellent séjour dans une des capitales vertes de l'Europe.

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    1. Oui, j'ai de la chance! Mais je ne connaîtrai pas vraiment la Suède, juste une ville! Je retiens le titre que tu me donnes. Merci!

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  8. J'ai lu un roman de Leo Perutz récemment, et j'en ai un (ou deux ?) dans mes étagères, à ressortir, car je l'ai lu il y a fort longtemps et ne m'en souviens plus !

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    1. Récemment? Je ne me souviens plus si tu l'as commenté dans un billet; Je vais venir te voir.

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  9. Et bien ton voyage en Suède nous offre de belles lecture à découvrir ! je note de suite ce roman, il rentre pile dans mon imaginaire actuel, dans ce que j'ai envie de lire !
    Et encore un auteur inconnu de moi !

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    1. Et moi c'est le premier que je lis de lui! Comment faire pour tout connaître?

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  10. J'ai littéralement dévoré cet auteur il y a une dizaine d'années. Si tu ne connais pas très bien Perutz, je t'invite à lire tous ses autres romans et nouvelles. Mais "Le cavalier suédois" est avec "Le Judas de Leonard" un des tous meilleurs.

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  11. Oui, je ne vais pas l'abandonner maintenant que j'ai lu celui-ci. Je retiens le "Le Judas de léonard".

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