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dimanche 2 octobre 2011

Un livre, un film: Réponse à l'énigme (4) Maupassant, Une partie de campagne


Les réponses à l'énigme n°4 :
La nouvelle :  Guy de Maupassant  Une partie de campagne
Le film : Jean Renoir, Partie de campagne ; actrice Sylvia Bataille épouse de l'écrivain Georges Bataille.
Merci à tous d'avoir participé et félicitations à tous les lecteurs et cinéphiles perspicaces :  Aifelle, Maggie, Keisha,  Eeguab, Miriam, Dominique, Jeneen, Cagire,  Gwenaelle,  Mireille, Nanou.




La nouvelle intitulée Une partie de Campagne de Maupassant est parue dans le recueil La Maison Tellier  en 1881. Avant cette date, Maupassant s'était déjà fait connaître  par  Boule de Suif paru dans un recueil collectif Les Soirées de Médan réunissant les nouvelles de plusieurs jeunes écrivains regroupés autour d'Emile Zola, chef de file du Naturalisme. Ce mouvement littéraire qui est une évolution du Réalisme dont Flaubert, ami et Maître vénéré de Maupassant, est le plus illustre représentant, tend à appliquer à la littérature, à l'étude des moeurs, à l'analyse psychologique, les méthodes des sciences expérimentales et humaines dans un siècle qui exalte les progrès de la science. D'après Zola, en effet, "le romancier est fait d'un d'observateur et d'un expérimentateur".  Ainsi avec les Rougon Macquart, il choisit d'étudier à travers les grandeurs et les vicissitudes d'un famille les effets de l'hérédité, ici  l'alcoolisme, sur les différents membres de la famille. Quant à Maupassant,  il ne va pas aussi loin que Zola dans cette application des lois de la nature au roman. Pour lui, le romancier doit proposer une vision personnelle de la réalité choisie selon son tempérament : «Les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leur illusion particulière.» (Préface de Pierre et Jean)

Dans, Une partie de campagne, une modeste famille de commerçants parisiens va passer une journée à la campagne pour la fête de Pétronille Dufour. Outre madame Dufour, les membres de la famille sont Monsieur Dufour et son employé, la grand mère et la jeune fille Henriette. A l'auberge où ils vont déjeuner, ils font la connaissance de deux jeunes gens de bonne famille, canotiers, qui invitent les dames à une promenade sur l'eau, en se débarrassant habilement des deux hommes. Si l'un d'entre eux se dévoue et prend la mère, l'autre, Henri, parvient à ses fins avec Henriette. Mais cet acte de séduction commencé comme un jeu de la part d'Henri les marquera toute leur vie.

 La nature chez  Guy de Maupassant et Jean  Renoir

Auguste Renoir

Chez Jean Renoir le sentiment de la nature poétique, exaltante, sensuelle, vécue comme un renouveau est partout, dans les images de l'eau, les jeux de lumière, les bêtes les plus humbles, le chant du rossignol.  Les images qui rappellent chacune un tableau d'Auguste Renoir magnifient le paysage.  En est-il de même dans le livre?
La nature joue, bien sûr, un grand rôle dans la nouvelle mais très différent de celui du film. Certes la nature s'oppose à la ville comme nous le voyons dans le passage que j'ai choisi pour présenter l'énigme et qui est un point de départ pour comprendre ce qu'est la Nature pour Maupassant.
Cette opposition, on le voit, porte sur tous les sens. Aux odeurs de schiste et de pétrole, aux miasmes, renforcé par les adjectifs putride, puante, répond l'air pur de la campagne qui est un rafraîchissement bienfaisant, à la fumée noire des cheminées d'usine s'oppose la buée pompée par le soleil, l'éclat de la lumière, aux squelettes des bâtiments, correspond le ravissement, à la lèpre, la santé  : respirer enfin un air pur. Bref! A la mort répond la vie!
C'est ainsi que Maupassant voit la nature et lui-même profitait pleinement de ses bienfaits puisqu'il venait canoter chaque semaine, prenait alors une chambre à la campagne pour fuir Paris et son travail de bureau au Ministère. Il était rompu aux exercices physiques, très fier de ses exploits sportifs et sexuels car ses parties de canotage en joyeuse compagnie allaient de pair avec ses conquêtes féminines.  Nul doute qu'il est l'un des deux canotiers de la nouvelle! 
Par contre l'écrivain a horreur du sentiment romantique de la Nature et il  se moque volontiers de cet amour bête de la nature qui les (les bourgeois) hante toute l'année derrière le comptoir de leur boutique.  Dans la nature, les hommes,  Mr Dufour et son apprenti ne pensent qu'à manger et boire; ce sont tous les deux des pochards; quand ils s'essaient aux anneaux, ils sont lourds et flasques et n'arrivent pas à s'enlever.  Ce sont là leurs seules activités physiques. Quant à leurs prouesses sexuelles,  il suffit de leur donner des cannes pour pêcher du goujon, cet idéal de boutiquier, pour qu'ils laissent partir l'un son épouse, l'autre sa promise, sans même se douter qu'ils vont se faire cocufier.
 Pour les femmes, la nature est  un piège car elle les invite à la sensualité et réveille leurs sens : 
Un besoin de vague jouissance, de fermentation du sang parcourait sa chair excitée par les ardeurs du jour.Le rossignol, par exemple, est là pour faire tomber Henriette dans les filets du jeune homme car elle est trop sotte pour se rendre compte que celui-ci profite de l'attendrissement de la jeune fille pour parvenir à ses fins.
Un rossignol, elle n'en avait jamais entendu, et l'idée d'en écouter un fit lever dans son coeur la vision des poétiques tendresses.
 Cette fausse sentimentalité et les idées convenues qu'elle génère, ce romantisme mal digéré lié à l'éducation des jeunes filles,  Maupassant les déplore mais ne peut se défendre d'un certains mépris. Henriette est bien la soeur d'Emma Bovary nourrie de romans à deux sous entre les murs de son couvent. Le rossignol! (...) cet éternel inspirateur de toutes les romances langoureuses qui ouvrent un idéal bleu aux pauvres petits coeurs des fillettes attendries"
Mais les femmes mûres n'en sont pas exemptes :  Monsieur Dufour avait dit : " Voilà la campagne enfin!" et sa femme, à ce signal s'était attendrie sur la nature. 
Maupassant va plus loin encore dans l'ironie puis qu'il utilise le chant du rossignol comme métaphore des ébats amoureux qui se déroulent sous l'arbre.

Un ivresse envahissait l'oiseau et sa voix s'accélérant peu à peu comme un incendie qui  s'allume en une passion qui grandit, semblait accompagner sous l'arbre un crépitement de baisers. Puis le délire de son gosier se déchaînait éperdument. Il avait des pâmoisons prolongés sous un trait, de grands spasmes mélodieux.

Parfois l'on sent que la beauté de la nature est bien là, présente, et que Henri y est sensible, en particulier lorqu'il présente la chambre de verdure où il amène Henriette comme son cabinet personnel. On peut imaginer qu'il vient ici pour méditer séduit par le calme et la beauté du lieu. A moins que ce soit là qu'il ait l'habitude de venir en galante compagnie?

Les personnages du Livre et du film

Auguste Renoir

Guy de Maupassant avait un mépris total du bourgeois, de sa sottise, de ses moeurs étriquées, associées à une hypocrisie sociale, à un respect excessif la bienséance. Il partageait ce sentiment avec bien d'autres écrivains du XIXème et en particulier avec le Flaubert de Bouvard et Pécuchet. Dans la nouvelle La partie de campagne, les personnages n'échappent pas à la férocité et la virulence. Dans le film de Renoir, les bourgeois (et les parisiens, en particulier!) sont ridicules mais ils sont  vus, surtout les femmes,  d'une manière plus douce, plus tendre.
 Les hommes
MR Dufour et son apprenti
Dans le livre comme dans le film Mr Dufour représente le bourgeois ridicule, donneur de leçon, pédant et lourd aussi bien physiquement qu'intellectuellement.
L'apprenti de Mr Dufour n'a pas de nom dans Maupassant : on le désigne par l'homme aux cheveux jaunes", il est immonde dans sa conduite, repoussant, c'est une brute. Dans le film, il n'est pas mieux traité! Il acquiert un prénom Anatole. Il est cinsidéré comme un domestique par la famille, puis, lorsqu'il devient le mari de la fille du patron, il traite son épouse avec dureté. C'est le personnage que Renoir n'aime pas et il ne le ménage pas.

Les deux canotiers
Dans le livre, l'un des canotiers n'a pas de nom et se dévoue pour prendre la mère. Il n'a pas de personnalité. Dans le film, il s'appelle Rodolphe et son personnage est plus élaboré;  c'est le séducteur sans scrupules qui n'a aucun été d'âme. C'est lui qui pousse Henri à la conquête. A l'origine, il veut la jeune fille  mais le couple Henriette et Henri se forment malgré lui. Il est représenté dans la scène de séduction de la mère comme un faune lubrique.
Le deuxième canotier est Henri dans le livre comme dans le film. La similitude des prénoms  de Henri et Henriette semblent les désigner l'un à l'autre. Henri dans le film de Renoir a un rôle plus développé que dans la nouvelle, il a des scrupules à séduire une jeune fille, ne voulant pas lui causer du tort en lui faisant un bébé ou en lui  brisant le coeur.  Dans le film comme dans le livre, ils sont tous deux meurtris par la rencontre et ne peuvent oublier ce bref moment  de bonheur.

 Madame Renoir par  Auguste Renoir

Les femmes
Henriette et madame Dufour
Dans le livre comme dans le film, Henriette est une belle jeune fille et son corps inspire le désir. Mais si dans le livre, elle paraît sotte comme nous l'avons vu, il n'en est rien dans le film. La beauté de la nature éveille sa sensualité mais ces émotions sont belles. Elle s'ouvre à l'amour. Le jeune fille, loin d'être sotte, est pleine de sensibilité. Le temps d'une partie de campagne, elle se libère, laisse parler son coeur et son corps. L'acte d'amour qu'elle va vivre avec Henri sera son seul moment de bonheur. Son milieu social, son mariage de convention avec un homme horrible, ne lui permettent pas d'espérer autre chose.  Renoir est plein de tendresse et d'indulgence pour la jeune fille et même pour sa mère, Juliette (et non Pétronille comme dans la nouvelle). Celle-ci n'est pas la grosse femme débordante de graisse, d'un laideur repoussante de Maupassant. C'est une femme ronde, bien en chair mais appétissante comme le dit le tavernier. Certes, elle est ridicule, minaude, se trémousse, pique des crises de nerf, veut paraître grande dame aux yeux des "messieurs" et obéit aux conventions sociales mais son attendrissement devant la beauté la nature, l'émotion qui l'étreint, qui éveille ses sens, la rend sympathique.
 Renoir célèbre la libération amoureuse liée au printemps, à la beauté de la  nature.  Maupassant, au contraire, qui juge que l'acte sexuel est "ordurier et ridicule" et révolte "les âmes délicates" montre les jeunes gens fuyant leur refuge comme Adam et Eve chassés du Paradis après la faute :

Ils étaient bien pâles tous les deux. Ils marchaient rapidement l'un près de l'autre, sans se parler, sans se toucher, car ils semblaient devenus ennemis inconciliables, comme si un dégoût se fût élevé entre leurs corps, une haine entre leurs esprits.

On pourrait donc penser qu'en cédant à Henri, Henriette déchoît. Mais pourtant la conclusion vient démentir cette idée lorsque l'écrivain dépeint la nostalgie de chacun. Le souvenir de ce qu'ils ont vécu ensemble est inoubliable. L'amour aurait pu être possible.

Mon avis :
Avec Une partie de campagne Maupassant maîtrise parfaitement l'art de la nouvelle et l'on peut dire que les deux créateurs, l'écrivain et le réalisateur, sont de la même trempe. Jean Renoir respecte la nouvelle, malgré quelques modifications, mais il crée un oeuvre personnelle qui n'appartient qu'à lui. 
Je préfère de très loin le film. Peut-être parce que Jean Renoir est plus optimiste, plus chaleureux. Même s'il se plaît à montrer le ridicule des gens, on ne sent pas le mépris qui est celui de Maupassant. Il y a une certaine bonhomie dans la critique sociale. Et puis il y a les magnifiques images, les jeux de lumière et de l'eau  et l'influence toute visuelle du père de Jean, Auguste Renoir.

Chez Wens ICI vous pouvez lire un billet sur le film et le visionner entièrement.

samedi 1 octobre 2011

Un livre, un film : Enigme du samedi N°4


Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre/ Un film.

  Il s'agit de découvrir à partir d'un extrait de texte et d'indices quelle est l'oeuvre littéraire - titre et nom de l'auteur - qui est à l'origine d'une adaptation au cinéma. Pour le film, il vous faudra trouver le nom du réalisateur, des acteurs principaux et éventuellement le titre s'il est différent de celui du roman ou de la nouvelle.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs qui n'auront gagner que la gloire de participer (avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.


Enigme n°4

 Claude Monet

Encore un grand classique!  Aussi je vous invite à essayer de reconnaître le texte avant d'aller sur internet par les indices que je vous donne ici :

L'écrivain, ami de Flaubert, présente une satire de la petite bourgeoisie en racontant la journée d'une famille de commerçants parisiens qui viennent déjeuner au bord de l'eau...

Chez Wens ICI vous pourrez  répondre aux énigmes posées par le film.

 Le soleil commençait à brûler les visages; la poussière emplissait les yeux continuellement, et, des deux côtés de la route, se développait une campagne interminablement nue, sale et puante. On eût dit qu'une lèpre l'avait ravagée, qui rongeait jusqu'aux maisons, car des squelettes de bâtiments défoncés et abandonnés, ou bien des petites cabanes inachevées faute de paiement aux entrepreneurs, tendaient leurs quatre murs sans toit.
De loin en loin, poussaient dans le sol stérile de longues cheminées de fabrique, seule végétation de ces champs putrides où la brise du printemps promenait un parfum de pétrole et de schiste mêlé à une autre odeur moins agréable encore.
Enfin, on avait traversé la Seine une seconde fois, et, sur le pont, ç'avait été un ravissement. La rivière éclatait de lumière; une buée s'en élevait, pompée par le soleil, et l'on éprouvait une quiétude douce, un rafraîchissement bienfaisant à respirer enfin un air plus pur qui n'avait point balayé la fumée noire des usines ou les miasmes des dépotoirs.

vendredi 30 septembre 2011

Des Mots, une histoire : Quarante et un mots...

 Keigo Kimura : Tu es partout dans la nature... source

Quarante et un mots

Quarante et un mot pour  te dire
Comme un doux flacon répandu
L'encre liquide de tes yeux
les cheveux de flou et de brume
le champ de roses de ton corps
Fragrance de lait et de miel.

Tu es partout dans la nature
Au verger dans les arbres en fleurs
Au potager ou l'herbe bruisse
Dans la forêt de haute lice
La savane où l'éléphant boit
Dans le ciel, où parachutiste,
Tu voltiges, astre qui scintille
ton rire est un rayon de miel

Quarante et un mots pour te dire

Tu es la frénésie des villes
qui dansent une folle java
dans les centrales qui éternuent
Et électrisent notre effroi
Dans le Temps de la mort venue
Tu es aussi l'enfant qui babille
Tu es dans le saut de la biche
Dans l'oiseau qui s'enfuit du nid
Et virevolte et volte vire
Ta peau a la couleur du miel.

Quarante et un mots pour te dire

Quand parfois tu voles et butines 
Sur les berges des autres rives
Des baisers, breloques d'amour 
A accrocher à tes atours
Combien de mots ai-je pour dire
Le  traumatisme de mon coeur
Piquent les mouches aux yeux de miel.


Mais quand dans tes bras je me glisse
pour t'étreindre ma douce lisse
effluves d'arômes et d'épices,
Combien de mots ai-je pour dire
l'humeur joyeuse de mon coeur,
et sa sarabande  amoureuse
Car vient le temps des jeux de miel.

Dans mon coeur qui  bat et qui bruisse
Alors un seul mot pour te dire
Et celui-ci a goût de miel.


Aujourd'hui encore le combat a été rude pour placer tous les mots récoltés chez Olivia pour son jeu Des Mots, une histoire :
 parachutiste – flacon – humeur – éléphant – breloque – temps – encre – saut – champ – potager – miel – éternuer – traumatisme – fragrance – flou – 41 mots – piquer – amoureux – effluves – rire – étreindre – astre – java

jeudi 29 septembre 2011

Septième festival du Polar à Villeneuve-Lez-Avignon



 C'est là que je serai ce week end!
  
Le Septième festival du polar a lieu a Villeneuve-lez-Avignon du 30 Septembre au 2 Octobre, films, expositions, conférences,  tables rondes, lectures et rencontres vont s'y succéder pendent trois jours.
Ce festival est dédié cette année au polar nordique qui connaît un engouement particulier chez nous en ce moment. Sept auteurs nordiques sont donc invités parmi les cinquante écrivains qui seront présents.

 

les invités d'honneur
Arne Dahl
Ake Edwarsson,
Leena Letholainen
Jon Alur Steffanson
Gunnar Staalesen
Jan Costin Wagner

Quelques noms piochés au hasard parmi ceux que je connais

Michel Bussi
Sylvie Rouch
Dominique Sigaud
Didier Daeninckx
Caryl Ferey
Illustrateurs
Mako
Renart


 Pour le programme, je vous renvoie à l'adresse suivent ICI  mais voici un aperçu de ce j'ai envie de voir, d'écouter. Bien sûr, certaines heures se chevauchant, il va falloir choisir.

Cinéma nuit du noir
FIlm allemand de Baran Bo Odar : Il était une fois un meurtre
Film  suédois de Johann Runeborg Sleepwalker

expositions :  La cité réinventée : planches d'illustrateurs et de dessinateurs de BD
Installation de Dominique Testud, Photographe scènes de crime à la boulangerie
Conférences : Polar  nordique : une fenêtre sur les particularités des sociétés scandinaves
 Lectures boréales par l'acteur Antoine Coessens
Spectacle théâtre : Requiem pour Miss Blandish par la compagnie Subito

Dany Laferrière : Dans l’énigme du retour, la force de la lecture

La lectrice soumise de Magritte

Dans l'énigme du retour de Dany Laferrière, auteur haïtien, je lis ces mots qui peignent mieux que tout la fascination de la lecture.
La nuque d'un lecteur debout au fond.
Son profil gauche.
Sa mâchoire serrée. Concentration massive.
Il s'apprête à changer de siècle.
Là, sous mes yeux.
Sans bruit.

J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles pour parvenir jusquà nous.
Jusqu'à ce que je comprenne
en voyant cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement.


 Chez Chiffonnette

mercredi 28 septembre 2011

Chabouté : Tout seul


 Tout seul, bande dessinée de Chabouté, est un petit bijou d'émotion, de poésie, de beauté, de tendresse, d'espoir. .. Si vous n'avez pas encore lu cette BD, faites-le vite! Et si vous ne deviez en lire qu'une dans votre vie, que ce soit celle-là!

Cet album est presque sans paroles, les personnages qui y vivent sont soit des marins taciturnes, soit un solitaire, séparé de la civilisation, prisonnier volontaire dans un phare en pleine mer. Le dessin en noir et blanc, jouant sur le lumières de la nuit et du jour,  prend alors toute son importance, c'est lui qui raconte tout ce qui n'est pas dit, c'est pourquoi il faut être attentif aux moindres détails, et il est fantastique. Les variations des points de vue nous permet une approche toujours renouvelée de l'histoire. Nous sommes oiseaux et nous nous laissons porter par le vent pour nous poser sur la lanterne du phare, poisson dans un bocal nous contemplons la solitude d'un autre être, solitude qui n'a d'égale que la nôtre, marin, nous essayons de percer le mystère du phare..  A cela s'ajoutent les variations des cadrages, d'un gros plan qui éveille en nous la curiosité à un plan d'ensemble qui nous révèle la réalité…  Le dessinateur joue ainsi sur le mystère, éveille notre imagination. Chabouté suggère aussi le mouvement par le procédé cinématographique  d'un plan fixe qui permet de voir s'éloigner le bateau ou au contraire de le voir se rapprocher, venant droit sur nous, pour créer l'impression de durée dans le temps. Car l'histoire a un rythme, celui de la lenteur, de l'égalité des jours qui se traînent et se ressemblent, sauf quand survient un évènement, quand il y a irruption de la vie dans le quotidien.


Et puis il y a la poésie de l'image et du sens. On y voit l'importance des mots qui peuvent aider à vivre, enflamment l'imagination, permettent de se projeter dans un autre univers et d'oublier un instant les souffrances du présent. Mais l'on apprend aussi que l'imagination ne suffit pas et que vivre c'est aussi se confronter au réel. Le monde a, en soi, tant de beautés dépassant l'imagination qu'il faut aller au devant de lui, même si cela requiert force et courage. C'est la belle leçon de cet album qui, pour recéler des trésors  d'émotion, est cependant sobre et pudique comme le sont les personnages. Car la livre est  une belle histoire de solidarité et d'humanité. Aussi bourru soit-il le capitaine est un homme profondément honnête et généreux, quant au marin, c'est lui qui va détenir la clef de la liberté et ouvrir la porte au reclus pour une nouvelle naissance.



mardi 27 septembre 2011

François Barcelo : Les Plaines à l'envers



Voici le compte rendu d'un livre que j'ai acheté et lu pendant mon voyage au Québec à Montréal.

Près de mon hôtel Terrasse Royale, dans la rue Notre-Dame-des-Neiges à Montréal, la librairie-restaurant Olivieri est un lieu de perdition, s'il en est ! Le pire c'est que même quand vous allez manger au fond de la librairie, vous êtes encore et toujours soumis à la tentation. 
C'est comme cela que j'ai acheté, entre autres, Les plaines à L'envers de François Barcelo.

 Le titre fait allusion à la fameuse bataille des plaines d'Abraham qui en 1759 a établi la victoire de l'Angleterre sur la France au Québec. 


L'intrigue est double : un écrivain est engagé par erreur pour écrire le scénario qui devra servir de base à un film sur la bataille des Plaines d'Abraham. Nous assistons à ses difficultés et à toutes les étapes de son travail, prétexte à une satire du monde du cinéma que notre personnage découvre avec consternation. Parallèlement nous suivons l'histoire d'un jeune homme qui veut être engagé comme figurant sur le film.
 
Hélas! Le tournage du film sera un échec puisqu'il aboutira, par un concours de circonstances que je ne vais pas vous dévoiler (ménageons le suspense, mais imaginez la pagaille), à  des Plaines à L'envers, c'est à dire à un résultat contraire à la réalité Historique. Et oui, vous m'avez bien compris, dans le film, à la suite d'une erreur, les français l'emportent sur les anglais !

 Fiasco donc pour le scénariste, héros de ce livre, mais petite satisfaction pleine d'humour pour l'auteur, François Barcelo, qui offre à ses lecteurs québécois et français une revanche sur l'Histoire! Pas un grand livre peut-être, mais un moment d'humour savoureux!

Quand on voit combien cette bataille a marqué les Québécois dans leur mémoire collective (il suffit de visiter le pays pour en prendre conscience), on comprend que Les plaines à l'envers, qualifié par ailleurs de thriller humoristique, a dû être bien accueilli.. au Québec!


Auteur : François Barcelo
Ouvrage : Les Plaines à L'Envers
 éditions "Bibliothèque Québécoise"

voir site de la bataille des plaines d'Abraham

lundi 26 septembre 2011

Georges Perec : Le cabinet d’amateur

Le cabinet d'amateur de Cornélis van der Geest

Dans cette étude, Georges Perec qui fut le créateur de l'Oulipo (l'Ouvroir de littérature potentielle) avec ses célèbres confrères (Queneau, Calvino, Roubaud...) s'intéresse à un collectionneur américain, d'origine allemande, très réputé en son temps, Herman Raffke. Perec est fasciné, en particulier, par un tableau intitulé : un cabinet d'amateur de Heinrich Kürz. Cette oeuvre fut exposée triomphalement lors des festivités qui eurent lieu en 1913, à Pittsbugh, Pensylvannie, où vit une importante colonie allemande, pour les 25 ans du règne de l'empereur Guillaume II.
Mais pourquoi Perec s'intéresse-t-il autant à ce tableau? Je l'ai compris lorsqu'il en fait la description et que je me suis sentie aussi passionnée que lui par cette oeuvre hors du commun. La toile représente une vaste pièce rectangulaire, sans portes ni fenêtres apparentes, dont les trois murs visibles sont entièrement couverts de tableaux. Plus de cent, en fait, et pas des moindres! Je vous laisse les découvrir quand vous lirez l'étude de George Perec. Mais le plus extraordinaire est ce qui suit :
Car le peintre a mis son tableau dans le tableau et le collectionneur assis dans son cabinet voit sur le mur du fond, dans l'axe de son regard, le tableau qui le représente en train de regarder sa collection de tableaux, et tous ces tableaux à nouveau reproduits, et ainsi de suite, sans rien perdre de leur précision dans la première, dans la seconde, dans la troisième réflexion, jusqu'à n'être plus sur la toile que d'infimes traces de pinceaux....
On comprend alors ce qui peut passionner un oulipien, ces reflets successifs qui font basculer l'oeuvre dans une dimension onirique (...)  ou la précision exacerbée de la matière picturale loin d'être sa propre fin débouche tout à coup sur la spiritualité vertigineuse de l'Eternel retour.

Perec rappelle aussi ce qu'est un cabinet d'amateur, type de peintures dont la tradition est née à Anvers à la fin du XVIème et qui a perduré à travers toute l'Europe jusqu'au milieu du XIXème siècle. L'artiste y présente un collectionneur souvent avec sa famille au milieu des tableaux les plus représentatifs de sa collection. Le principe du cabinet d'amateur, souligne Pérec a pour principe une "dynamique réflexive" qui trouve sa force dans la peinture d'autres artistes.
Parmi les plus connus, Le cabinet d'amateur de Cornélis van der Geest lors de la visite des archiducs Albert et Isabelle de Guillaume Van Haecht où l'on voit le mécène au milieu d'un quarantaine d'oeuvres. C'est d'ailleurs la reproduction de ce tableau qui orne la couverture de mon livre dans la collection Points aux éditions du Seuil. A ce stade de ma lecture, je me suis demandée pourquoi les éditions du Seuil n'avaient pas eu l'obligeance de choisir le tableau d'Heinrich Kürz et ceci d'autant plus que, étant loin de toutes sources modernes de recherche, en Lozère, je ne pouvais pianoter sur internet pour aller voir le tableau! De là à penser que...
Bref! j'ai continué à lire; l'auteur s'intéresse ensuite plus précisément au collectionneur lui-même, Hermann Raffke, aux oeuvres qu'il a acquises, à la manière dont il les a découvertes. J'ai eu un frisson d'excitation en apprenant que, parmi les tableaux acquis par Raffke, se trouverait le fameux Chevalier au bain de Giorgione, oeuvre disparue depuis longtemps mais célébrissime. L'artiste vénitien avait parié que la peinture n'était en rien inférieure à la sculpture. Il a représenté son personnage de face, avec un écu qui le reflète sur le côté et un miroir qui le montre de dos. Mais je me suis dit que la paternité de Giorgione ne devait pas avoir été confirmée sinon tout le monde en parlerait et j'aurais certainement vu des reproductions de ce tableau. J'ai été beaucoup moins intéressée par les détails un peu fastidieux des ventes aux enchères et les prix qu'ont atteint certains tableaux. Mais l'on ne peut nier que Georges Perec mène là une enquête rigoureuse et très documentée.
Il m'a fallu attendre la fin de cette étude pour comprendre vraiment (une hypothèse avait été avancée en début d'étude) pourquoi le cabinet d'amateur de Heinrich Kürz n'était plus visible de nos jours.


Cette étude plaira à tous ceux qui s'intéressent à l'art pictural, à la photographie, à l'image en général, car elle propose une réflexion intéressante sur la mise en perspective spatiale et temporelle, le jeu de miroir comme dans les Ménines de Vélasquez et sur la situation du regardant regardé.. Elle plaira aussi à tous ceux qui aiment les jeux oulipiens et l'esprit de Georges Perec.
Voilà ce que j'ai lu dans un article consacré au cabinet d'amateur
Georges Perec était fasciné par ces cabinets d’amateur. Tout de suite après avoir écrit la vie, mode d’emploi, il rédigea un cabinet d’amateur. Ce petit livre - qui prend pour point de référence le cabinet d’amateur de Cornelis van der Geest de Van Haecht et certaines images issues de la vie, mode d’emploi - nous raconte l’histoire étrange d’un de ces tableaux composites.

lire la suite dans le blog La boîte à images

Texte republié de mon ancien blog.

dimanche 25 septembre 2011

René Char : L'automne! Ecoute, mais n’entend pas

L'automne de Tom Thomson, peintre canadien

L'automne! Le parc compte ses arbres bien distincts. Celui-ci est roux traditionnellement; cet autre fermant le chemin est une bouillie d'épines. Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son champ s'égrènent sur le carreau de la fenêtre; dans l'herbe de la pelouse grelottent de magiques assassinats d'insectes. Ecoute, mais n'entend pas.


Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres... Des Histoires... Anne : Des mots et des notes Azilis : Azi lis Bénédicte : pragmatisme Cagire : Orion fleur de carotte Chrys : Le journal de Chrys Ckankonvaou : Ckankonvaou Claudialucia : Ma librairie Daniel : Fattorius Edelwe : Lectures et farfafouilles Emmyne : A lire au pays des merveilles Ferocias : Les peuples du soleil George : Les livres de George Hambre : Hambreellie Herisson08 : Délivrer des livres? Hilde : Le Livroblog d'Hilde Katell : Chatperlipopette L'Ogresse de Paris : L'Ogresse de Paris L'or des chambres : L'Or des Chambres La plume et la page : La plume et la page Lystig : L'Oiseau-Lyre (ou l'Oiseau-Lire) Mango : Liratouva MyrtilleD : Les trucs de Myrtille Naolou : Les lectures de Naolou Océane : Oh ! Océane ! Pascale : Mot à mot Sophie : Les livres de Sophie Wens : En effeuillant le chrysanthème  Yueyin : Chroniques de lectures

Un livre, un film : Réponse à l'énigme du samedi (3) : John Steinbeck, Les Raisins de la colère



Vous avez été nombreuses à participer mais vous n'avez pas toutes trouvé les réponses. Les  vainqueurs sont aujourd'hui : Aifelle, Keisha, Cagire, Maggie, Dasola, Kathel, Jeneen, Gwen.(Je n'ai oublié personne?)
 Une mention spéciale à  Aifelle, Gwenaelle, Jeneen et Keisha qui ont donné toutes les bonnes réponses aussi bien sur le livre que sur le film car Wens demandait aussi le véritable nom du réalisateur et le nom de l'actrice féminine oscarisée..
Le titre du Livre : Les raisins de la colère de John Steinbeck
Le film : Les raisins de la colère de John Ford de son vrai nom John Martin Feeney
Le nom de l'actrice qui a obtenu l'oscar du meilleur second rôle était Jane Darwell
La présentation du film chez Wens ICI
 Merci à toutes et bon dimanche!


 Dust Bowl

Les raisins de la colère de John Steinbeck est paru en 1939 Il raconte la migration d'une famille de fermiers, les Joad, chassée de leur terre  par la sècheresse et la misère. Le passage que j'ai choisi de présenter pour cette énigme décrit le désastre écologique, The Dust Bowl, qui s'est abattu sur cette région sinistrée. Les Joad partent sur la route et traversent d' Est en Ouest les Etats-Unis de l'Oklahoma à la Californie. Steinbeck décrit les souffrances de ces pauvres gens avec beaucoup de tendresse. Tout en écrivant une véritable épopée, il peint des portraits très attachants, très forts, nous amenant à aimer ces hommes et ces femmes pleins d'humanité et de dignité malgré leur misère.



Un roman réaliste:
 Les raisins de la colère, roman profondément ancré dans la réalité, s'appuie sur des faits historiques : l'exode des Oakies dans les années 30. Ainsi furent nommés ces paysans migrants chassés de leur terre qu'ils cultivaient depuis si longtemps, partant avec leur famille sur les routes dans de vieux tacots déglingués, décimés par la maladie et la famine, méprisés et sauvagement exploités.

Les causes de l'exode s'expliquent par des raisons climatiques : dans les années 30, un grande sècheresse  associé à des vents violents qui soulèvent des nuages de poussière - la Dust Bowl-   ravagent les grandes plaines du Middle-West américain. Entre 1933 et 1937, il y eut 352 tempêtes. Les ravages sont d'autant plus grands que les agriculteurs pratiquent une monoculture céréalière de champs ouverts nécessitant de profonds labours.
A cela s'ajoutent des raisons économiques dont les origines remontent aux années 20. Après la guerre de 14-18,  il y a une reprise de la production agricole en Europe et dans le même temps une augmentation de la productivité aux USA qui n'arrivent pas à écouler le surplus, ce qui provoque une crise de surproduction. Les prix agricoles montent moins vite que les prix industriels. Les agriculteurs sont en grande difficulté et leurs revenues baissent dramatiquement. Ils sont en état de survie quand survient la crise des années 30.
En Oklahoma, Arkansas, une grande partie des paysans sont des métayers dont les terres sont aux mains de grandes compagnies. L'autre partie est constituée de petits propriétaires qui se sont endettés pour élever leur productivité. La crise accélère le processus. Les trust évincent les métayers pour regrouper les parcelles et mécaniser les exploitations. Les banques expulsent les propriétaires incapables de rembourser leurs dettes.

L'exode : le but des paysans déracinés est de gagner l'Ouest mythique, la Californie considérée comme l'Eden. Pour s'y rendre il faut emprunter la Higway 66 qui va de Chicago à Los Angeles, via Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie.
Cette traversée permet de saisir la réalité fédérale des USA. A chaque passage d'état, une police contrôle les voyageurs et une législation différente intervient.  Par exemple en Arizona, la législation interdit l'importation de semences pour éviter les maladies des plantes. Dans le livre, c'est la fameuse scène où les policiers veulent fouiller le camion pour vérifier s'il n'y a pas de semences. Or, la grand mère vient de mourir. Ma est obligée de cacher ce fait aux policiers à qui elle réclame avec insistance un médecin. Ceux-ci les laissent passer. Ma ne révèlera la vérité à la famille que lorsqu'ils auront "traversé," c'est à dire atteint la Terre Promise.

Un roman engagé :
Steinbeck écrivant l'épopée de ces familles poussées par la faim et le misère dénonce le capitalisme sans humanité, l'exploitation économique des plus humbles. Le roman est un cri de révolte et de colère et pourtant d'espoir. Steinbeck y parle de solidarité, mais aussi de la nécessité de prendre conscience de l'oppression pour la combattre. L'union peut constituer le point de départ d'une force que les hommes misérables, isolés dans leur malheur, ne soupçonnent pas. Il s'agit d'un roman politique écrit par un écrivain engagé dans le combat social.
Trois cent mille malheureux affamés. Si jamais ils prennent conscience de leur force, le pays leur appartiendra et ni les fusils, ni les grenades à gaz ne les arrêteront (chp. XIX ) Et c'est alors que pourront mûrir  les Raisins de la colère annonçant les vendanges prochaines (Chap XXV)  Il y a du Zola dans cette comparaison qui fait penser à Germinal.
De longs chapitres un peu trop démonstratifs développent ces idées politiques mais c'est à travers l'histoire des Joad et surtout des trois beaux personnages principaux, la mère (Ma), Tom et Casy que nous les voyons illustrées.

Un roman biblique :
Si les chapitres engagés sont influencés par le marxisme, ceux qui sont consacrés à la famille Joad parlent d'une ascension spirituelle et mystique, un retour à une vrai foi dépouillé de sectarisme et d'intolérance. L'union, c'est avant tout l'entraide et la compréhension des autres.
C'est l'autre aspect de Les raisins de la colère qui apparaît comme un roman profondément marqué par la Bible : Le titre fait allusion à un passage de l'Apocalypse : Et l'ange jeta sa faucille sur la terre. Et il vendangea la vigne de la terre, et jeta la vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu.
Le voyage des Joad est une quête spirituelle, a la recherche de la Terre Promise. Et c'est ainsi qu'elle apparaît à leurs yeux quand ils arrivent en Californie et découvrent ces terres riches, plantées d'orangers avant de découvrir qu'il s'agit d'un enfer. Cette quête permet la découverte de l'amour. Tom qui est un "élu" reprendra la lutte du pasteur Casy, non pour prêcher la résignation aux pauvres mais pour leur parler d'union et solidarité.
 Peut-être bien que les hommes n'ont qu'une grande âme et que chacun en a un petit morceau (chap IV). Ce sont les paroles de Casy que Tom répètera à sa manière à sa mère, la religion vécue comme l'amour de l'Humanité. Des fois, je me suis dit, c'est peut-être bien tous les hommes et toutes les femmes que nous aimons, c'est peut-être bien ça le Saint-Esprit

Mon avis : Les raisins de la colère n'est pas le livre de Steinbeck que je préfère. Certains chapitres sont parfois trop théoriques, trop démonstratifs. Mais malgré cette restriction, j'aime énormément le roman car le récit est magnifiquement conté, les personnages sont passionnants et vrais et je suis entièrement convaincue par les idées sociales de Steinbeck. Le film, parce qu'il est forcément plus rapide que le roman, édulcore la durée des souffrances de la famille. Mais les scènes-clefs du livre (l'achat du pain et des bonbons pour les enfants, l'arrivée en Californie, la mort du grand-père et de la grand-mère, l'installation dans un camp misérable...) se retrouvent dans le film et sont traités avec une telle maîtrise que l'émotion nous prend à la gorge. Les deux oeuvres à la fois très semblables et très différentes, parce que l'écrivain et le réalisateur n'ont pas le même tempérament, sont tous deux excellentes.

samedi 24 septembre 2011

Un livre, un film : Enigme du samedi (3)




Dans les  deux premières énigmes Le quai des Brumes et La planète des singes, le film était plus connu que le livre! 
Cette fois-ci, livre et film sont à égalité et le livre est si commenté, analysé, que quelque que soit le passage choisi,  vous n'avez pas qu'à taper quelques mots pour trouver le titre du livre.
Facile allez-vous dire? Alors comme le film porte le même titre que le livre, WENS vous pose quelques colles complémentaires! Non mais, si vous croyez vous en sortir comme ça!!

Consignes : Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler la réponse, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et mettre sur la voie ceux qui ne savent pas. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs qui n'auront gagné que la gloire de participer (avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.

 Enigme n°3

 Il s'agit  d'un roman écrit par un célèbre écrivain américain du XXème siècle. Le passage que j'ai choisi décrit le désastre écologique qui s'est abattu sur une région des Etats-Unis dans les années 30.




Au milieu de cette nuit-là le vent tomba et le silence s'écrasa sur la terre. L'air saturé de poussière assourdit les sons plus complètement encore que la brume. Les gens couchés dans leur lit entendirent le vent s'arrêter. Ils s'éveillèrent lorsque le vent hurleur se tut. Retenant leur souffle, ils écoutaient attentivement le silence. Puis les coqs chantèrent, et leur chant n'arrivait qu'assourdi, alors les gens se tournèrent et se retournèrent dans leurs lits, attendant l'aube avec impatience. Ils savaient qu'il faudrait longtemps à la poussière pour se déposer sur le sol. Le lendemain matin, la poussière restait suspendue comme de la brume et le soleil était rouge comme du sang frais caillé. Toute la journée la poussière descendit du ciel comme au travers d'un tamis et le jour suivant elle continua à descendre, recouvrant la terre d'un manteau uniforme.

Wens c'est ICI

vendredi 23 septembre 2011

Un livre, un film : Jeu-énigme du samedi. Venez jouer avec nous...


Juste un petit rappel. A demain pour notre jeu énigme du samedi.

Wens du Blog En effeuillant le chrysanthème et  moi-même Claudialucia de Ma Librairie, nous vous proposons pendant toute l'année un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma!

La semaine dernière le  titre du livre et du  film était La Planète des singes respectivement de Pierre Boulle et Franklin Schaffner
Et demain?

Des Mots, une histoire : Isatis


 Dans son blog Désirs d'Histoire, Olivia reprend le jeu d'écriture : Des mots une histoire. Aujourd'hui voilà la liste des mots qu'il fallait placer dans le texte.
carte – cyclique – panoplie – oeuf – destruction – frissons – obturation – naissance – tartelette – nuage – fortune –– nuptial – ruban – musique – travaux – témoin – canaille – tirelire – aurore – ysatis – iguane.
Isatis
Sur tes pattes prudentes,
Tu avances
Tu es témoin  de la naissance de l'aurore
Son ruban nuptial se déroule
dans le ciel à la panoplie de nuages et d'étoiles
Fortune de diamants, ruissellements,
éclats de miroirs qui se brisent
Aurore
Le soleil ouvre un oeil, tartelette dorée au four
Sa musique éclate, cymbales et cuivres d'or tremblant.
Isatis
la canaille te traque et tue les frémissements
Bleutés de ta vie
Tu avances, les pattes secouées de frissons
Dans la beauté du Monde fragile
Comme la coquille de l'oeuf
Sourire en coin, bouche en tirelire,
Tu as la sagesse antique de l'iguane
Tu sais que la destruction
aux reflets de fin du Monde
a commencé
 Tu assistes
A l'obturation de ta vie, à l'éclipse de tes années
Aux travaux de l'Homme Néant
Tu sais que
la carte du
Monde est cyclique
Et que bientôt
Plus rien ne sera comme avant.



jeudi 22 septembre 2011

Bryan Magee : L'histoire illustrée de la philosophie


Raphaël : L'Ecole d' Athènes

 

 J'ai acheté L'histoire illustrée de la philosophie à ma fille quand elle était encore au lycée. Et il faut reconnaître que ce livre magnifiquement illustrée est une agréable entrée en matière pour s'initier à la philosophie de Socrate au XXème siècle.  Il ne s'agit  pas d'une étude approfondie mais d'un regard général, volontairement simple et facile, pour faire connaissance avec les grands courants de la pensée occidentale.

En  le feuilletant je lis ces phrases qui seront  mes citations d'aujourd'hui :

 

 

On choisit une philosophie en fonction de ce qu'on est.

Johann Gottlieb Fichté

 

Si tu veux suivre mon avis, tu feras bien peu de cas de Socrate et beaucoup de la vérité.

Socrate

 Les hommes ont une seule manière d'être bons, mais beaucoup d'être mauvais. 

                                                                            Aristote

 

 Seigneur, rends-moi chaste, mais pas tout de suite.

                                                                           Saint Augustin

 

 

 

 

 

Jean Leon Huens Hommage à newton
  
J'ai vu si loin parce que je me suis placé sur les épaules de géants.

                                                                           Newton

 

 Le but de l'organisation en société, c'est la liberté.

 Spinoza

 

L'habitude est le grand guide la vie humaine.

Hume

 

La superstition met le feu au monde, la philosophie l'éteint. 

Voltaire

 

L'homme est né libre et partout il est dans les fers.

Rousseau

 

Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde; il s'agit maintenant de le transformer.

Karl Marx

Présentation de l'éditeur

Dans notre monde moderne à la recherche de ses valeurs, qui n’est pas confronté aux grandes questions de l’existence ? Dieu, l’âme, la mort, le sens de la vie, la place de l’homme dans l’univers... S’adressant aussi bien aux non-initiés qu’aux étudiants désireux de clarifier leur connaissance des grands courants philosophiques, cet ouvrage richement illustré est une brillante anthologie de la pensée occidentale. De Platon à Nietzsche, on y trouve les réponses aux grandes questions, les mots-clés et les axes de réflexion des différentes écoles.

Biographie de l'auteur

Bryan Magee a étudié à l'université d'Oxford. Diplômé en philosophie, histoire, sciences politiques et économie, il a enseigné à l'université de Yale avant de devenir homme de télévision, critique et écrivain. Nommé au Balliol College d'Oxford, il continue ses activités dans les médias et tient une rubrique régulière dans le Times. Il a également été directeur de recherche au King's College de l'université de Londres, où il enseigne actuellement.