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dimanche 17 mai 2015

Herman Melville/ Christophe Chabouté : Moby Dick

Moby Dick de Chabouté adaptation du roman de Melville Editions Vents d'Ouest

 
Herman Melville  est un des géants de la littérature classique américaine. Moby Dick paru en 1851, influencé par les auteurs romantiques anglais, peut être considéré comme une oeuvre romantique par son personnage démesuré, qui se veut l'égal de Dieu, et entraîne dans l'abîme tout ceux qui l'entourent. Le roman tient à la fois du roman d'aventures maritimes et du documentaire car il donne des renseignements détaillés sur la pêche à la baleine et la vie à bord des navires. Herman Melville qui fut lui aussi marin s’est inspiré de sa propre expérience mais aussi d’un fait divers, la disparition d’un baleinier heurté par un cachalot en 1820.
 
 
 Le récit de Melville et ses interprétations
 
Film de John Huston  : Moby Dick adapatation du roman de Melville avec Gregory Peck dans le rôle du capitaine Achab
Gregory Peck  dans le rôle de Achab
 
 
On ne présente plus Achab, le capitaine du Baleinier Le Pequod qui mène tout son équipage dans un voyage infernal, à la poursuite de Moby Dock, le mythique cachalot blanc qui l'a défiguré et lui a arraché la jambe.
Le récit est raconté par Ismaël, jeune marin embarqué à bord pour sa première chasse à la baleine et qui est le seul survivant.
Les interprétations de ce roman ont été nombreuses. Longtemps il a été considéré comme un  roman d’aventures pour les enfants et lu sous forme abrégée à cause de ses longueurs et de la difficulté du texte. Mais Moby Dick est bien plus que cela : récit de la folie d’un homme acharné à la vengeance pour certains, il symbolise pour d’autres le combat entre le Bien et le Mal, Moby Dick peut représenter, en effet, les forces du mal. C'est un être diabolique qui échappe à la poursuite des hommes grâce à son intelligence et sa volonté de nuire. Mais on peut voir aussi  dans ce roman la révolte de l’homme contre la volonté divine : le capitaine Achab est alors l’antithèse de Jonas qui, avalé par une baleine, finit par se soumettre à Dieu. Achab refuse la soumission, il incarne la liberté de l’homme face à la toute puissance divine. Mais il représente aussi l’orgueil de la créature, l’Hubris grec et, comme tous ceux qui défient Dieu, tel Prométhée, il en sera châtié. Huston qui a adapté le roman au cinéma développe l'idée que Moby Dick est  un Dieu mauvais qui se moque de ses créatures et leur veut du mal. Il est alors légitime de se révolter contre Dieu dans une lutte qui de toutes les façons mène inexorablement à la mort. Au-delà du roman d’aventures, l’oeuvre de Melville se révèle être un roman métaphysique et constitue par la révolte de son héros et sa lutte perdue d'avance contre la divinité une oeuvre romantique.
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf

« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » source voir le romantisme de Moby Dick
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf
 
 
 
L'adaptation de Chabouté
 
 


LA BD de Christophe Chabouté a obtenu deux prix, le prix Gens de la mer 2014 et le prix BD Marine et Océans. Et il les mérite amplement.

Les deux tomes de Chabouté sont une très belle adaptation du roman de Melville. La  force et la beauté des images en noir et blanc traduisent la force des mots de Herman Malville, son style visionnaire et métaphorique. 
Ainsi cette  image qui fait appel aux sens,  la vue mais aussi l'ouïe, dans laquelle Chabouté "fait entendre"  le martèlement de la jambe de bois du capitaine Achab se promenant sur le pont du navire; de même qu'il "fait comprendre" ce qu'éprouve l'équipage en écoutant, dans la nuit, ce bruit lancinant qui préfigure leur course vers la mort.
 

Chabouté : Moby Dick Le bruit du pilon du capitaine Achab sur le pont du navire
Le bruit du pilon du capitaine Achab sur le pont du navire

 
Ce que j’adore dans Chabouté et c’est une constante chez lui (aussi bien dans un de mes albums préférés Seul que dans l’excellente adaptation de Jack London  Faire un feu), c’est la richesse et la précision de l’image qui permet de se passer le plus souvent de  texte et de tout voir : le travail des marins, le maniement des voiles, les détails de la chasse à la baleine- mais aussi de tout comprendre : les sentiments de chacun, l’exaltation forcenée de Achab, le magnétisme qu’il exerce sur ses hommes, les problèmes de conscience de Starbuck, le second, qui comprend que rien n’arrêtera Achab dans sa course folle vers la mort, la peur qui s’empare de tous face à la monstruosité de la baleine qui n’a d’égale que la démesure du capitaine devenu lui aussi un monstre!
Chabouté est un vrai artiste qui peut tout suggérer d'un trait de crayon!



Christophe Chabouté (source)  

Moby Dick de Chabouté, adaptation du roman de Melville en BD : L'arrivée d'Ismaël  dans l'auberge
L'arrivée d'Ismaël  dans l'auberge



Le livre : Herman Melville Moby Dick

LA BD : Christophe Chabouté : Moby Dick tome 1 et Tome 2

Le film : John Huston : Moby Dick

Félicitations à tous ceux qui ont attrapé la baleine blanche : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha,  Somaja, Valentyne

samedi 16 mai 2015

Un livre/Un film : Enigme du samedi N°113

Un Livre/un film une énigme où vous devez découvrir le titre d'un livre et le film qu'il a inspiré.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le samedi 30  Mai

Enigme 113

Le livre est un classique de la littérature américaine du XIX siècle. Il a inspiré non  seulement le film dont vous devez trouver le titre et le réalisateur chez Wens mais aussi une bande dessinée française contemporaine. Aujourd’hui je vous demande donc de me dire quel est le titre du roman, son auteur, et ensuite quel auteur de BD il a inspiré. Pour vous mettre sur la voie, sachez que le récit se déroule en mer.

Il  avait l'air d'un homme qu'on aurait retiré du bûcher au moment où les flammes avaient pourléché ses membres, sans les avoir consumés toutefois, ni sans avoir touché à sa compacte robustesse de vieillard. Sa haute et large carrure semblait faite de bronze solide coulé dans un moule impeccable, comme le Persée de Cellini. Un mince sillon d'un blanc livide traçait son chemin parmi ses cheveux gris, traversait tout droit un côté de son visage et, par le cou, disparaissait sous ses vêtements. Cette cicatrice ressemblait à une entaille verticale que l'on voit parfois sur un tronc d'arbre droit et haut après que la foudre l'a parcouru sans arracher la moindre petite branche, mais le pelant et y traçant une balafre qui le laisse vert et vivant, mais qui désormais le marque.

vendredi 15 mai 2015

Camilla Läckberg : La sirène



Je commence avec ce mois de Mai, un cycle sur la littérature suédoise car je pars à Stockholm le 8 Juin. J'ai l'intention de lire la littérature suédois classique, les polars, le théâtre, la poésie... tout ce que je trouverai en français à la bibliothèque ou ailleurs. 

L'auteur : Camilla Läckberg, née le 30 août 1974 à Fjällbacka, est une écrivaine suédoise, auteur de romans policiers. Elle est une des plus jeunes auteurs à succès dans son genre. Ses romans sont situés à Fjällbacka un petit port, actuellement station balnéaire, où elle vit.


 La sirène

Le Mot de l'éditeur : Dans ce sixième volet de ses aventures, l’irrésistible enquêtrice au foyer Erica Falck, enceinte de jumeaux, ne peut s’empêcher d’aller fouiner dans le passé d’un écrivain à succès lorsque celui-ci commence à recevoir des lettres de menace anonymes qui semblent liées à la mystérieuse disparition d’un de ses amis… 

 Un ancien petit port de pêche

 Fjällbacka, ancien petit port de pêche devenu station balnéaire Suède

  Fjällbacka, station balnéaire Suède

 L'intrigue de ce roman se déroule à Fjällbacka, un petit port de pêche dont l'activité économique n'a cessé de décroître. Devenue actuellement une station balnéaire, c'est la ville où vivent Camilla Läckberg... et ses personnages!  Sur la côté ouest de la Suède, à 150Km au nord de Goteborg, Fjällbacka se dépeuple hors de la saison touristique. Les maisons secondaires se vident. C'est ce que montre bien le roman.

Mon avis sur les personnage

Comme d’habitude, je n’ai pas commencé  par le premier de la série consacrée à Erica Falck, mariée à Patrik, capitaine de police, et c’est peut-être un tort! Peut-être aurais-je mieux compris cette mère de famille qui a l’air de tromper son ennui (elle travaille pourtant dans une maison d’édition, elle écrit des livres, je crois?) en soutirant des renseignements à son mari et en outrepassant son rôle! Mais comme cela, de but en blanc, j’ai eu beaucoup de mal à adhérer à ce personnage féminin qui s’immisce dans l’enquête de son mari, vole des lettres, prend des initiatives, bref! brûle la vedette aux policiers et se révèle plus futée qu’eux! Dans ce roman précis, en tout cas, j'ai trouvé qu'elle était superficiellement présentée  et avait peu de consistance ainsi que les autres personnages récurrents, son mari, sa soeur. De même le chef de la police qui s'endort dans son bureau apparaît un peu trop caricatural même si son amour des bébés introduit une touche amusante dans son portrait.

 Mon avis sur l'enquête

Je me suis pourtant intéressée à l’enquête même si elle m’a paru parfois traîner en longueur, les dialogues fréquents entre l’équipe pour faire le point étant parfois un tantinet longuets! Et puis l'écrivaine, pour faire durer le suspense, retient les informations découvertes par les policiers pour maintenir son lecteur dans l'ignorance. Mais les mobiles et les ressorts de l’intrigue sont assez forts pour avoir envie de découvrir la vérité, et la présence de - « elle »-, mystérieuse sirène, fait planer une ombre au-dessus de tous ceux qu’elle menace? Pour une fois, j'ai découvert à l'avance qui était coupable!
En bref! un avis mitigé sur ce roman.

Comme d’habitude chez Actes Sud  nous pouvons admirer une très belle première de couverture illustrée par une oeuvre de Nathalie Shau qui fait référence au titre, la sirène … une femme dangereuse et fatale, associée à la mort, autour de laquelle s’épanouissent des fleurs vénéneuses.

mercredi 13 mai 2015

Joyce Carol Oates : Les maudits


Les maudits est "gothique" mais … gothique à la manière de Joyce Carol Oates, c’est à dire très imbriqué dans la réalité, très provocateur, très ironique. Dans une note, l’écrivaine nous fait savoir qu’il faut le lire comme une métaphore.
Les vérités de la Fiction résident dans la métaphore, mais la métaphore naît ici de l’Histoire.

Joyce carol oates auteure de Les maudits
Joyce Carol Oates (source)

Le livre est présenté comme l’ouvrage d’un historien M.W van Dyck II, qui entreprend de nous relater, en s’appuyant sur un grand nombre de documents d’archives, de témoignages écrits ou oraux, l’histoire de la malédiction qui s’est abattue sur Princeton, la ville et son université, dans les années 1905 et 1906. Apparitions de fantômes, de vampires et de créatures diaboliques qui président à des meurtres d’enfants, au rapt d’une mariée devant l’autel,  à d’autres morts violentes. La folie s’empare de la petite ville et touche particulièrement la famille Slade, dont le patriarche, Winslow Slade, ancien président de l’université de Princeton, est un membre éminent et respecté de la société du New Jersey. C’est pourtant ses petit-enfants, Annabelle, Josiah, Todd et Oriana qui vont être les principales victimes des forces maléfiques. Mais si ces créatures innocentes payaient pour le crime de leur aïeul?

Interpénétration de la fiction et du réel

Grover Cleveland  président des Etats-Unis pendant deux mandats personnage de Les maudits de Joyce Carole Oates
Grover Cleveland  président des Etats-Unis 1885 à 1889 et de 1893 à 1897(source)
Une des forces de ce livre est dans l’interpénétration étroite de la fiction et du réel qui fait que je me suis  perdue dans ce dédale inextricable. Je ne savais plus si je me retrouvais dans la Grande Histoire ou dans la petite! Les présidents des Etats-Unis comme Grover Cleveland et Woodrow Wilson participent à la fiction du roman et rencontrent des personnages dont on ne sait plus s'ils ont réellement existé ou s'ils sont imaginaires! Les écrivains célèbres  comme Jack London, Upton Sinclair, Mark Twain sont évidemment connus. Mais qu’en est-il des grandes familles princetoniennes, Slade, (complètement fictive), Van Dyck, Burr, Fitz Randolph?

Un roman métaphorique

Université de Princeton campus source
Mais ce mixage entre le réel et l’imaginaire à bien d’autres fonctions que de nous étourdir et nous faire perdre la tête! Il nous ramène chaque fois à la métaphore dont parle Oates. Si les créatures diaboliques vivent dans le marais, se repaissant du sang de leurs victimes, vampirisant les femmes, tuant les enfants, le monde Princetonien réel n’apparaît pas meilleur et se nourrit lui aussi du sang des humbles comme le prouvent la naissance de Ku Klux Klan, le viol et le meurtre d’une fillette, le lynchage, dans le roman, d’un jeune couple noir qui ne soulève que peu d’émotion dans la ville. Les horreurs dénoncées par l’écrivain socialiste Upton Sinclair dans La Jungle sur les abattoirs de Chicago, la souffrance et l’exploitation des employés misérables, ignominieusement traités, sous-payés, vampirisés par le capitalisme (on en est toujours au même point actuellement d’ailleurs!!) sont autant d’atrocités, reflets du monde diabolique. Toutes ces grandes familles sont pleines de morgue et de suffisance envers leurs inférieurs, Oates parle de « snobisme »;  on comprend leur position par rapport aux noirs!  Le président Woodrow Wilson, lui-même, qui fut le premier à faire entrer un juif à l’université n’était raciste « que »… pour les noirs! Il justifiait le Ku klux Klan et il était, d’autre part, misogyne au point de ne pas envisager que les femmes puissent voter, encore moins qu’elles puissent entrer à l’université.
Ainsi "le gothique " de Joyce Carol Oates n’est pas gratuit et permet la satire d’une société qui n’a rien à envier à ceux qui règnent dans le marais. D'ailleurs,  l'écrivaine ne nous laisse jamais croire entièrement au fantastique. Lorsqu'un fait paraît inexplicable, elle lui substitue une explication réaliste comme pour les lys trouvés à l'endroit de l'apparition de la fillette du président Cleveland. De même l'apparition des serpents de pierre vivants qui sème la panique dans le pensionnat n'est-il pas le fait d'une hystérie collective? Nous sommes toujours ramenés au doute par une écrivaine qui joue au chat et à la souris avec ses lecteurs. 

Une ironie féroce

Woodrow Wilson, président des Etats-Unis de 1913 à 1921 dans le roman de Joyce Carol Oates Les maudits
Le très puritain Woodrow Wilson
C’est avec férocité (comme toujours) que Oates dénonce  et tourne en ridicule le puritanisme des moeurs, de la pensée et du verbe de cette vertueuse société. Ainsi le mot « indicible » souvent répétée ne désigne jamais le lynchage, l’exploitation des ouvriers, les souffrances des pauvres, mais tout ce qui a trait à la sexualité, et en particulier à l’homosexualité. Et c’est « indicible », en particulier, devant les « dames » qui ne doivent pas perdre leur pureté! Elles s’empressent donc de l’apprendre de manière indirecte, par les ragots des domestiques ou autres bavardages féminins. Quant à leur maris, si guindés, si comme il faut, si écoeurés par les « mystères » féminins, s’ils ne prononcent pas le mot adultère, ils le pratiquent! Les lettres authentiques de Woodrow Wilson l’attestent!
Oates se fait donc un plaisir de croquer l’hypocrisie collective. La censure de la religion n’a d’égale que sa transgression, la vertu a pour revers le vice.
Hypocrisie aussi chez les penseurs, les écrivains qui devraient être des esprits libres mais qui abandonnent leurs idéaux dès qu’ils font fortune et fréquentent le beau monde. Tout au long du roman on retrouve cet art du portrait que Oates transforme en arme redoutable et porte à un niveau maximal!

L’intérêt du roman

Upton Sainclair dans le roman de Joyce Carol Oates Les maudits
Upton Sainclair (source)
Les maudits n’est pas un roman facile; si vous voulez le lire seulement pour vivre des aventures sulfureuses, légères, et pour vous faire peur, mieux vaut le laisser de côté. Et quand j’ai parlé de dédale, précédemment, ce n’était pas qu’une image! Il faut parvenir à s’y retrouver. La multiplicité des points de vue fait la richesse du roman mais déroute parfois. C’est à cause de cela que j’ai préféré certains passages à d’autres car le style diffère chaque fois et l’on peut s’intéresser plus à l’un des personnages qu’à l’autre. J’ai beaucoup aimé, par exemple le journal secret et codé d’Adélaïde Burr.  Il nous fait pénétrer dans l’intimité d’une « dame » de la riche société princetonienne en ce début du XX siècle. La maladie et la fragilité de cette jeune femme toujours alitée peut gagner la sympathie du lecteur mais en même temps, nous nous rendons compte des préjugés sociaux, raciaux d’Adélaïde, de l’égoïsme, de la mesquinerie de ces femmes privilégiées, des conflits d’intérêt, des jalousies. A travers ce journal apparaît aussi le manque de liberté de la femme qui est élevée autant qu’il est possible dans l’ignorance de la sexualité, tenue par les hommes à l’écart de la politique et de l’instruction.
Les rencontres avec les écrivains m’ont passionnée :  Joyce Carol Oates dresse un portrait à charge, haut en couleur de Jack London qui n’affiche plus qu’un socialisme de surface pour ne pas dire de pacotille lors du meeting organisé par le naïf, sincère et pur Upton Sainclair! Un grand moment du roman assez étourdissant! Mais le portrait de Mark Twain ne manque pas de pittoresque lui  aussi!
Enfin les lettres de Woodrow Wilson sont, contre toute attente, (après tout, il n’est pas écrivain) très intéressantes. Il a, malgré un certain aspect désuet et conventionnel, un beau brin de plume!

Les maudits est le cinquième roman gothique de Joyce Carol Oates après Bellefleur ICI, A bloodsmoore romance, Mysteries of Winterthurn ICI, My heart laid blair.

Mais pourquoi Joyce Carol Oates n'a-t-elle pas encore obtenu le prix Nobel de littérature? On se le demande?

mardi 12 mai 2015

Kjel Eriksson : Les cruelles étoiles de la nuit


Je commence avec ce mois de Mai, un cycle sur la littérature suédoise car je pars à Stockholm le 8 Juin. J'ai l'intention de lire la littérature suédois classique, les polars, le théâtre, la poésie... tout ce que je trouverai en français à la bibliothèque ou ailleurs. 


Kjell Eriksson, né à Uppsala en 1953, est un écrivain suédois. Ses romans, principalement des romans policiers, sont publiés en français par la maison d'édition Gaïa1. Il est traduit par Philippe Bouquet.
 (Wikipedia)




Une ville : Uppsala
Université d'Uppsala Suède , la plus vieille université de Scandinavie construite en 1477
Université d'Uppsala Suède (wikipédia)

Le récit du roman Les cruelles étoiles de la nuit  se déroule à Uppsala à 70km  au nord de Stockholm, dans la ville natale de Kjel Erikson. La topographie des lieux va a voir une importance dans l'histoire. On y retrouve Ann Lindell, personnage récurrent de la série, qui travaille à la police criminelle  de la ville. Elle enquête sur les meurtres de trois vieillards qui vivent dans des fermes une vie banale et sans histoire mais aussi sur la disparition d’un autre Petrus Blomgren, maître de conférence à l’université d’Uppsala, spécialiste de Pétrarque et amoureux de l’Italie.. Le titre est d’ailleurs emprunté au poète :

Lorsque le soir vient chasser la beauté du jour
et qu'en d'autres pays nos ténèbres ramènent l'aube
je regarde, tout pensif, les cruelles étoiles
qui m'ont formé d'une sensible terre
et je maudia-s le jour où j'ai vu le soleil
qui me donne l'aspect d'un homme de la forêt

Ce que j’ai aimé dans le roman? 

La ville de Uppsala dans l'Uppland
Les recherches pour trouver le meurtrier loin de se polariser sur les détails sordides des meurtres aboutissent, en fait, à une enquête psychologique menée avec compétence par Ann Lindell et qui dévoile les traits caractérisques de chacun. Les victimes apparaissent alors  peu à peu, révélant leurs failles, la bonté de l’un, l’avarice de l’autre ou encore la cruauté. Et ces portraits, ces tranches de vie éveillent dans le lecteur une certaine nostalgie voire tristesse devant la cruauté de la vie, les espoirs amoureux fauchés par la mort,  les ambitions déçues qui entraînent la haine et l’aigrissement,  la lente acceptation de la résignation et de la monotonie. Kjel Eriksson dresse le portrait d’une population rurale vieillissante où la solitude semble régner en maître.
Parallèlement, à travers le personnage de Laure, qui n’a jamais vécu, étouffée par un père omnipotent, Eriksson analyse la progression de la folie et décrit les étapes de ce terrible glissement. Le lecteur sent  la dangerosité du personnage mais la variation du point de vue qui lui permet de vivre par l’intérieur ce que ressent Laure lui permet de rester proche du personnage. L’écrivain ne joue donc pas sur la peur mais sur la dualité entre empathie et répulsion.

Ce que j’ai moins aimé ?

J'ai eu des difficultés à m’habituer aux noms des personnages, parfois désignés par le prénom, parfois par le  patronyme.. et comme ils sont nombreux! Mais ce n’est pas pas particulier à ce roman, c’est vrai de tous les polars nordiques!!
Quant à Ann Lindell, après avoir perdu l’amour de Edvard, comment va évoluer sa relation avec un technicien, fraîchement débarqué dans le service? Nous verrons que cette évolution est un peu inattendue! Mais, personnellement, je n’ai pas pu me passionner pour elle car il me manquait tous les romans précédents et donc de grandes tranches de sa vie. Je n’ai pas pu être en empathie.  Les cruelles étoiles sont, en effet, le cinquième de la série.


lundi 11 mai 2015

Bilan 2 du challenge Victor Hugo


Voici undeuxième bilan du challenge Victor Hugo. N'hésitez pas à me signaler  les oublis

Les participants

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Aaliz blog Cherry livres

Annonce du challenge Victor Hugo :

Nouvelles acquisitions et autres joyeusetés


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Claudialucia  blog Ma librairie

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et claudialucia



Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4


Victor Hugo : Exposition  Les arcs-en-ciel du noir(musée Victor Hugo)

 Victor Hugo : Les misérables


Victor Hugo et les surréalistes : la cime des rêves (musée Victor Hugo)


Victor Hugo : L'homme qui rit


Victor Hugo : l'homme qui rit (citation) La vie n'est qu'un pied à terre...


Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) C'est de l'enfer des pauvres...


Victor Hugo L'homme qui rit (citation) : le genre humain existe...


Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) : une habitude idiote qu'ont les peuples...


Hugo : Les travailleurs de la mer(LC)


Victor Hugo : Quatre-vingt treize(LC)


Victor Hugo :  Bug-Jargal (LC)

Hernani (LC )

Demain dès l'aube  : poésie préférée(LC)

 Lart d'être grand-père 

Victor Hugo : Claude Gueux (LC)

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Cleanthe blog Dans la bibliothèque de Cléanthe

 

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 Eimelle blog les carnets d'Eimelle









 L'annonce du challenge
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2014/11/challenge-victor-hugo.html


Lucrèce Borgia

Ruy Blas

Le roi s'amuse

D'après les misérables: Tempête sous le crâne

L'homme qui rit


Hernani

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Laure  blog Mic-Mélo

 

 

 Bug-Jargal (LC)

 Le dernier jour d'un condamné

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Margotte :  blog Le bruit des pages

 

 

Bug-Jargal (LC)

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Miriam  blog Carnets de voyage


Victor Hugo : Les travailleurs de la mer

Victor Hugo : l'homme qui rit

Victor Hugo : l'enfant grec 


Bug-Jargal  (LC)

Hernani,

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Moglug  Blog Synchronicité et sérendipité

 

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et de claudialucia


Emmanuel Godo : Victor Hugo et dieu


Bug-Jargal (LC) 

Les oiseaux : poème

 Hernani 

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Nathalie Blog Mark et Marcel

 

 

 

 


Extraits du discours prononcé aux
funérailles de Balzac


Quatre-vingt-treize


Les Travailleurs de la mer

 Burg-Jargal 

Hernani 

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Ont aussi participé à la LC Victor Hugo pour le choix du poème préféré : 

 

 

 Autres propositions de lecture pour les mois à venir : Rejoignez-nous!

10  Juin :  Un poème à choisir dans La Légende des siècles

Margotte, claudialucia.....

10 Octobre : Notre-dame de Paris (si vous l'avez déjà commenté vous pouvez choisir un autre grand roman)

  Nathalie, Laure, claudialucia....

10 Novembre :   Un poème à choisir dans le recueil Les orientales

Claudialucia

10 décembre :  Une pièce de théâtre : Ruy Blas

Nathalie, Laure, claudialucia

 

dimanche 10 mai 2015

Victor Hugo : Claude Gueux





Dans son livre Claude Gueux écrit en 1834, Victor Hugo s’empare d’un fait divers pour écrire un plaidoyer contre la peine de mort comme il l'a fait avec Le dernier jour d’un condamné. Mais il enfourche aussi un autre cheval de bataille qui est celui de l’éducation du peuple.

Claude Gueux, pauvre ouvrier illettré, vole de la nourriture pour nourrir sa compagne et son enfant quand le travail vient à manquer; il est condamné à cinq ans de prison. Enfermé, grâce à son intelligence et son charisme, il parvient à exercer un ascendant sur les autres prisonniers dont il devient le chef naturel et qu’il encourage au travail. Ce succès lui vaut l’inimitié du directeur qui pour se venger, le sépare de son compagnon de cellule, Albin, qui partageait son pain avec lui et qu’il aimait comme un fils. La colère de Claude Gueux fera de lui un assassin et le conduira à l’échafaud..

Les causes de la révolte de Claude Gueux sont doubles : C’est l’injustice sociale assortie à la misère qui le conduit au vol, c’est l’injustice du directeur qui le mène au meurtre. Or Claude Gueux est prêt à donner sa vie pour une cause juste. Victor Hugo dénonce ici le harcèlement moral, aussi grave que la provocation physique, et les mauvais traitements infligés en prison.
Je suis un voleur et un assassin; j’ai volé, j’ai tué. Mais pourquoi ai-je volé? pourquoi ai-je tué? Posez ces deux questions à côté des autres, messieurs les jurés s’écrie Claude Gueux lors de sa défense.
Victor Hugo lance un appel vibrant aux institutions pour supprimer la peine de mort comme cela a déjà été fait pour la flétrissure -le marquage au fer rouge-, et le bagne. La lutte contre le vol et le meurtre doit passer, affirme-t-il, par l’éducation du peuple. Or, il est impossible au peuple, dans la France des années 1830, de fréquenter l’école qui ferait pourtant de chaque homme un être conscient, intelligent, capable de dominer ses instincts et d’agir selon le bien.

Et dès la première page du récit, une phrase nous laisse entrevoir l’intention de l’auteur :
L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire, sachant penser »
C’est pourquoi Hugo s’adresse aux ministres et aux députés pour leur démontrer la nécessité d’agir :
Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l’intelligence qui est dedans puisse grandir.
Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions. »

Le récit de Hugo est donc une démonstration tenant de la condamnation et du plaidoyer. S’appuyant sur un fait divers, il n’hésite pas, pour rendre son propos plus fort, à enjoliver la réalité, en idéalisant son personnage. Il le décrit comme un homme supérieurement intelligent, sage et avisé. Il faut que le lecteur soit du côté du condamné et en empathie avec lui.
On voit combien Victor Hugo était en avance sur son temps puisque l’instruction n’est rendue obligatoire et gratuite en France qu’en 1882 par Jules Ferry et l'abolition de la peine de mort n’a eu lieu qu’en 1981.
Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, arrosez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la; vous n’aurez pas besoin de la couper.

Lecture commune dans le cadre du challenge de Victor Hugo : un court roman au choix
Moglug :

Laure Micmelo : Le dernier jour d'un condamné

Nathalie : Burg-Jargal

Yves Jacob  : Claude Gueux

Claudialucia : Claude Gueux


samedi 9 mai 2015

Bruce Machart : Le sillage de l'oubli


Bruce Machart

Bruce Machart de JR Christopher source
Bruce Machart est né au Texas et a grandi à Houston. Il est issu d'une famille d'agriculteurs d'une contrée rurale proche du comté de Lavaca, où se déroule l'intrigue de son premier roman Le Sillage de l'oubli. Il publiera ce livre en 2011 puis un recueil de nouvelles, Des hommes en devenir. Lors de sa parution, Le Sillage de l'oubli est accueilli par une presse enthousiaste qui trouve dans son univers des accents de Faulkner. Bruce Machart vit et enseigne à Hamilton dans le Massachusetts.

Le sillage de l'oubli est un premier roman publié en 2011 aux États-Unis et qui a été acclamé par une presse dithyrambique. Bruce Machart s'est imposé dans son pays comme l'un des auteurs les plus prometteurs de ces dernières années. La traduction de Marc Amfreville fut récompensée par le Prix de la traduction du festival Lire en Poche en 2014. Source Editions Gallmeister

Le sillage de l'oubli

Le sillage de l’oubli, premier roman de Bruce Machart  paraît en 2012 pour la traduction française aux éditions Gallmeister.

Le roman s’ouvre sur un incipit qui donne le ton au récit 

 Tant de sang, elle avait perdu tant de sang que lorsqu’il se réveilla dans des draps trempés et qu’il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doitgs crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu’elle venait de perdre les eaux.

un récit qui narre le quotidien des fermiers du Texas à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème, une vie rude, sauvage et dure, qui laisse peu de place aux sentiments. La mort de sa femme enlève, en effet, à Vaclav Skala, immigré polonais, tout ce qu’il avait d’humain. Désormais, il n’y a plus de place que pour le travail. Ses quatre fils sont traités comme des bêtes de somme qu’il n’hésite pas à atteler à la charrue. Son seul plaisir est d’acquérir d’autres terres grâce aux paris qu’il gagne contre ses voisins avec ses chevaux. Un jour, un riche propriétaire mexicain Guillermo Villesanor vient lui demander ses fils aînés en mariage pour ses trois filles. C’est une course de chevaux qui décidera de ces unions ainsi que l’ont parié les deux pères. Celle-ci sera disputée par Karel Skala, un cavalier hors pair, le cadet, le quatrième fils, celui qui a coûté la vie à sa mère. Et Karel perdra face à son adversaire, la plus jeune des filles Villesanor, Graciela, dont la sensualité obsède le jeune homme. Mais celle-ci deviendra l’épouse de son frère.

Le roman se déroule avec de grands sauts en avant où l’on retrouve Karel mariée à Sophie, et père de trois petites filles mais aussi des retours en arrière qui nous livrent des souvenirs souvent incomplets jusqu’au moment où tout se mettra en place devant nous.

Le roman est d’une grande force d’écriture et nous plonge dans un monde âpre où la vie est un combat. On y voit les colons qui ont peuplé le Texas, évincés par des immigrés, une race d’hommes obstinés, durs aux coups, accrochés à la terre, arrachant d’elle leur subsistance. Les frères y sont ennemis, rendus sauvages par la brutalité du père, tourmentés par la jalousie, rattachés pourtant entre eux par des souffrances communes. Le fils s’y retourne contre le père, la haine et l’amour brûlent tour à tour les personnages, les déchirent, les éloignent et les rapprochent. Le ton du récit est parfois celui de l’Ancien Testament, oeil pour oeil, dent pour dent. Il faudra longtemps à Karel pour parvenir à la compréhension, pour redevenir un être humain.. Il lui faudra apprendre à pardonner et à se pardonner. Car le roman est aussi une histoire d’amour, un sentiment auquel Karel ne peut s’abandonner mais qu’il va finir par accepter grâce à son fils nouveau-né, le trait d'union entre son père et lui-même, un amour qui permettra aux plaies du passé de se refermer ... le sillon de l’oubli :

« Il lui demanda (à la jument) de s’arrêter pour qu’il puisse regarder en arrière et constater que le sillage de leur passage à gué s’élargit avant de s’effacer peu à peu, puis de se refermer et de disparaître au fil de l’eau »

Un beau roman plein bruits et fureur à la manière d’un drame de Shakespeare  mais qui se déroulerait dans les vastes espaces du Texas, dans un milieu de fermiers et d'éleveurs de chevaux et de vaches.


vendredi 8 mai 2015

Alan Hollinghurst : L’enfant de l’étranger




Toujours dans le cadre de mes lectures en retard, un billet rapide  sur  L’enfant de l’étranger de Alan Hollinghurst

Quatrième de couverture

Tout commence en 1913, dans le jardin de la maison de campagne des Sawle dans le Middlesex. Etudiant à Cambridge, le timide George Sawle a invité aux Deux Arpents un de ses camarades, l'aristocratique et énigmatique Cecil Valance. Ces jours dans la maison familiale et le poème qu'ils inspirent à Cecil vont changer leur destin. Et plus encore celui de Daphné, la sœur de George. En ce printemps où rien n'annonce les proches bouleversements de l'Histoire, un pacte se noue secrètement entre les trois jeunes gens, point de départ d'une fresque saisissante à travers le XXe siècle, par l'un des plus grands romanciers anglais contemporains.
Ce livre a reçu le prix du meilleur livre étranger en 2013.

Mon avis

Il s’agit effectivement d’une fresque à travers le XX siècle puisque le départ de l’histoire se situe juste avant 1914  mais, loin de se dérouler linéairement, le récit fait de grands bonds en avant,  d'une guerre à l'autre, introduisant de nouveaux venus autour des personnages que nous rencontrons au début du roman :  Cecil Valance, le jeune poète aristocrate, brillant, hautain, sûr de lui et provocateur,  son ami George Sawle qui est à la fois son admirateur le plus fervent et son amant, et la jeune soeur de ce dernier, Daphné, qui n’a que 16 ans mais dont le jeune âge est ébloui par l’assurance du poète. 

L'écrivain déroule le siècle, multipliant les points de vue mais conservant ces trois personnages  comme les pivots autour desquels tourne l’action même lorsqu'ils ont disparu!  George et Daphné vieillissent maintenus dans le culte du poète Cecil Valance disparu pendant la guerre mais dont l’influence perdure au-delà de la mort. Ce qui permet à Alan Hollinghurst de décrire l’évolution de la société anglaise, les bouleversements qui surviennent dans les grandes familles aristocratiques depuis le début du siècle; le changement des moeurs par rapport à l’éducation, par rapport aux femmes qui  commencent à s’émanciper, à faire un choix de métier, par rapport à l’homosexualité, indicible et honteuse en 1913, puis peu à peu acceptée. La demeure gothique des Valance est le témoin et le symbole de ces mutations, d’abord modernisée, transformée entre les deux guerres voire défigurée, puis vendue pour devenir un collège, puis finalement cernée par des immeubles et démolie emportant avec elle tous les souvenirs.

On sent la maîtrise de l’écrivain  aussi bien dans l’analyse psychologique des personnages que dans la conduite du récit et dans la vision historique du siècle mais… Je ne suis pas arrivée à aimer ce roman! Peut-être parce que la structure du récit m’empêcher d’entrer vraiment dans l’histoire. Chaque fois que je commence à m’intéresser à un personnage, je le retrouve des années après et ce n’est que par bribes et par des retours en arrière que j’apprends ce qui s'est passé. D’habitude l'absence de linéarité ne me dérange pas dans un récit mais pour ce roman précis, oui! Car il y a des moments où l'on a une impression de décousu. En effet, la composition du roman, très recherchée, m'a paru nuire à la sincérité du récit et donc à l'intérêt qu'on lui porte... Je ne suis par parvenue à avoir de l’empathie pour ces personnages pas toujours sympathiques et au final je me suis ennuyée! J'aurais pu lire le roman jusqu'au bout - et je suis assez têtue pour cela - puisque j'avais déjà parcouru 500 pages sans trop de peine (car l'intérêt est souvent relancé) mais sans trop d'enthousiasme non plus... j'ai réalisé qu'après tout la notion de plaisir devait dominer et je me suis arrêtée!


dimanche 3 mai 2015

Étienne Davodeau : Lulu femme nue



Lulu est mère de trois enfants, une fille de seize ans et deux petits garçons. Son mari n’est pas une brute. Entendez, il ne l’a jamais battue mais il est habitué à ce qu’elle le serve et il a l’insulte facile quand il est contrarié. Il est plus occupé à boire ses bières devant la télévision qu’à lui parler ou à s’inquiéter de ses états d’âme. Et quand Lulu cherche à reprendre du travail, au cours de ses entretiens d’embauche, elle s’aperçoit bien vite qu’elle est considérée comme dépassée dans le monde de l’entreprise. Un jour, elle craque et part dans une errance dont elle ne sait pas bien elle-même où cela va la mener et ce qu’elle cherche!

Cette bande dessinée est d’abord un reflet de la condition féminine. La femme, loin d’être libérée et indépendante, est encore trop souvent, celle qui élève les enfants et sacrifie son travail. Peu considérée à l’intérieur de sa maison quand elle a comme Lulu, un mari  fruste et macho, et des enfants habitués à être servis, elle l’est encore moins sur le marché du travail où elle n’a aucune valeur. D’où l’image négative qu’elle a d’elle-même.
Le récit est intéressant aussi car il révèle les personnages à eux-mêmes en entraînant des bouleversements, non seulement, chez Lulu qui désormais n’acceptera plus d’être dévalorisée et traitée en servante mais aussi chez sa fille aînée, Morgane, qui va mûrir et se révéler adulte et responsable! Quant au mari de Lulu, Tanguy, de coups de gueule en coups de gueule, il va évoluer aussi, parfois contraint et forcé par sa fille qui ne le ménage pas!

 Tu m'apporteras une bière, Morgane.
T'as qu'une cheville pétée, t'as qu'à y aller sur l'autre.
Tu obéis à ton père !
T'as raison, gueule moi dessus, ça t'a bien réussi avec ta femme, on va voir ce que ça donne avec ta fille. 
Les autres personnages qui gravitent autour de Lulu ne manquent pas d’intérêt, que ce soit les marginaux, la vieille dame trop solitaire, la servante de café ou les amis de Lulu qui se font du souci pour elle et cherchent à l’aider dont Xavier qui est le narrateur car il s’agit aussi d’une belle histoire d’amitié.

Lulu Femme nue de Etienne Davodeau : BD adaptée au cinéma, film de Solveig Anspach
Lulu Femme nue de Etienne Davodeau
Le dessin de Davodeau montre des personnages modestes, habillés simplement, mais sans misérabilisme. Lulu appartient à une classe sociale moyenne. Ce qui est négatif dans sa vie apparaît  dans son visage, triste et renfrogné, et dans sa manière de marcher, le dos courbé, la tête baissée. Les couleurs dominantes sont l’orange et le marron et des camaïeux de beige un peu éteints mais sans tristesse. Les images de la mer et de la plage donnent selon les moments du récit une impression de vide et de solitude et à d'autres de paix, de beauté,  et l’on voit Lulu  se transformer, sauter, courir, bondir dans les vagues avec son amoureux, s’accordant enfin une récréation qui n'est pour pas durer….
- A quoi tu joues Lulu?
-Une semaine ou deux pour voir.
- Et tes enfants, je leur dis quoi?
- Que je les aime. Que je vais revenir. Que c'est certain. Hé, Xavier, pas de morale. Il ne s'agit que de quelques jours sur toute une vie.

Étienne Davodeau, né le 19 octobre 1965 à Botz-en-Mauges est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées.

Wens a commenté cette Bd dans son blog En effueilant les chrysanthèmes ICI
Et vous pouvez aller voir son billet sur le film ICI
 


Enigme n° 112

Le livre : Une Bd d'Etienne Davodeau : Lulu femme nue
Le film  de Solveig Anspach : Lulu femme nue

Merci à tous les participants!  je ne note pas vos noms! Je suis en vacances. A bientôt!

samedi 2 mai 2015

Un livre/ Un film : Enigme du samedi

 

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le samedi 16  Mai

Enigme 112

Le livre d'où a été tiré le film n'est pas un roman mais une bande dessinée! Je pense qu'il vous sera aisé de trouver le titre car le film est récent et la BD relativement aussi! Le scénario et les dessins sont l'oeuvre d'un auteur français et raconte le ras-le-bol d'une femme d'un milieu modeste, mère de famille, qui n'arrive pas à retrouver du travail.

Nous ne serons pas là pour vous aider, Wens et moi, car nous parton en Lozère ce samedi. La réponse sera publiée dimanche mais sans le nom des brillants candidats qui resteront donc, hélas, dans l'obscurité! Pardonnez-nous!