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samedi 7 janvier 2012

Les plumes de l'année : Mélancholia

 Melancholia de Dürer

Asphodèle nous présente aujourd'hui son jeu littéraire Les plumes de l'année et nous propose d'écrire un texte avec ces mots en M : matin – mélancolie – mariage – moulin – mausolée – minuscule – marmelade – mauve – mouchoir – mimétisme – miniature – merveilleux – méandre – murmures  – martingale – mélange – misérable.


 Mélancholia

Au matin la mélancolie
Après une mauve insomnie
Mélange au moulin de ma vie
le grain et l'ivraie misérables
En un mariage instable
En une marmelade infâme
En une double martingale
qui ne sait si je ris ou crie.
Dans le mausolée de mon âme
où d'imperceptibles murmures
se fraient un méandre et susurrent
je vois alors en miniature
en tout petit, en minuscule
sur la toile de mon mouchoir*
le visage de mon amour
et par un mimétisme tendre
je sens, merveilleuse douceur
Que j'ouvre à la vie mon coeur.


*la poésie se noie entre mouchoir et marmelade! mais le jeu est le jeu!


vendredi 6 janvier 2012

Atelier du Skriban de Gwenaelle : Son passage de Mage..

Je vous propose d’utiliser le temps des vacances pour écrire un texte en vous inspirant de la photo suivante. C’est Aifelle qui a bien voulu me la prêter pour l’occasion… Et elle est curieuse de savoir ce que votre imagination va bien pouvoir en faire…
                                            Nous devons cette belle image à Aifelle ICI


Voilà l'exercice d'écriture que Gwenaelle nous avait demandé dans l'atelier du Skriban pendant les vacances de fin d'année et ceci  d'après la très belle photo d'Aifelle.

Le thème est libre et la forme également. Vous avez jusqu’au 30 décembre pour poster votre texte en commentaire. 
Si vous publiez votre texte sur votre blog et souhaitez inclure la photos, merci de bien préciser son origine.


 Dans le brouillard s’en va la péniche féline
Qui s'étire en langueur sur les eaux opalines.
Entre les îles-femmes au long foulard de brume
Elle glisse sur l’eau qui miroite et reflète
Comme de lents noyés les arbres sentinelles.
Elle feule et dans l’air doucement cotonneux
s’élève jusqu’à eux son cri silencieux
Peintres de l'éphémère, ils nous prêtent leurs yeux
Quand blanches araignées accrochées à leur toile
sur la pente rapide, ils croquent son image.
Elle passe, languide, la péniche normande,
prête à prendre l’envol, bel oiseau sans ramage
Et d’un trait vigoureux sur l’eau de blanche flamme
ils ponctuent de couleurs son passage de Mage.

jeudi 5 janvier 2012

Robert Sylverberg : Le long chemin du retour


Le long chemin du retour de Robert Silverberg nous entraîne dans une lointaine planète, Patrie, dont le peuplement a été le fait de terriens. Sur Patrie cohabitent désormais trois peuples :  les autochtones dont la civilisation est restée intacte et qui n'ont manifesté ni désir d'intégration, ni opposition aux nouveaux colons;  le Peuple qui correspond à une première vague d'immigration venue de Terre dans des temps immémoriaux, et les Maîtres, humains arrivés plus tard, il y a quelques milliers d'années, qui ont conquis la planète avec des moyens technologiques avancés.  Les Maîtres possèdent désormais toutes les terres et exercent le pouvoir en seigneurs tout puissants sur leurs immenses domaines nommés Maisons. Le Peuple travaille les terres en échange de leur protection et des soins qui leur sont prodigués. L'ordre règne. Joseph Keilloran, un adolescent de 15 ans qui appartient à la caste des Maîtres, en est persuadé. Il est pour l'instant en vacances dans la noble Maison des Geften  située à des milliers de kilomètres de celle de son père. La vie est belle, oisive,  promenades, chasses, jeux, danses avec les jeunes amis de son âge qui ont, de plus, une soeur fort jolie! Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et pourtant, Joseph est réveillé une nuit par des explosions. Bientôt il comprend que le Peuple s'est rebellé contre les Maîtres, la famille Geften est anéantie. Grâce au soutien d'une servante loyaliste, Joseph parvient à s'enfuir, persuadé qu'il obtiendra de l'aide dans un domaine voisin et un avion pour pouvoir rentrer chez lui. Mais il découvre bientôt que toutes les autres Maisons  nobles ont été détruites et qu'il ne peut compter que sur lui-même. Il entreprend alors à pied le long chemin du retour, des milliers de kilomètre à franchir en affrontant de nombreux dangers...

Le livre est un roman d'initiation transposé dans un monde du Futur. Ce long voyage va transformer l'adolescent et bouleverser sa manière de concevoir l'univers qui l'entoure. Il le constate plusieurs fois au cours de ses épreuves, il vieillit prématurément, quitte le monde de l'enfance pour devenir un homme. Il était jusque-là un jeune maître choyé, déchargé de tous soucis matériels, uniquement préoccupé par ses loisirs et ses heures d'étude où il devait apprendre les devoirs de sa charge en tant qu'aîné, héritier de la Maison Keilloran. Il va devoir alors  à échapper à ses ennemis,  souffrir de la faim et du froid, terribles épreuves qui l'amèneront aux portes de la mort. Sa vie n'est plus qu'une question de survie. Sa conception sociale est aussi complètement bouleversée. Il découvre en ethnologue les moeurs et croyances des autochtones et s'étonne qu'ils aient des croyances religieuses et que, contrairement à ce qu'il pensait, les Maîtres ne soient pas placés au centre de leur univers mais considérés comme inexistants. Il est traité d'ailleurs en esclave, devient la propriété de ces indigènes qui exploitent ses connaissances médicales. Leçon philosophique de la relativité de toutes choses et aussi de modestie qui remet chacun à sa juste place sur la planète Patrie. Recueilli par une famille libre du Peuple, Joseph va prendre conscience de l'exploitation que sa caste fait subir aux autres. Cette découverte remet tout en question pour lui.
Je n'ai pas ressenti en lisant le roman la magie, la poésie,  la complexité des univers mythiques de Tolkien, d'Ursula Le Guin ou de Robin Hobb.  Il manque un souffle, une force,  un élan, à la fois dans le style et dans le récit. Mais les thèmes de Le long voyage de retour  qui proposent une réflexion sur notre propre Monde sont intéressants. L'auteur laisse, par ailleurs, libre cours à son imagination en créant des créatures fantastiques dont on ne sait pas trop distinguer ceux qui ont une conscience même primitive de ceux qui ne sont que des animaux.  Autre sujet de réflexion! Tout ceci devrait plaire à des adolescents qui suivront avec  plaisir les aventures de ce  jeune garçon courageux, sa découverte de l'injustice mais aussi de l'amour.



Première participation au Challenge de Aymeline sur Les Mondes imaginaires. Présentation :


Oyez, oyez, blogueurs, blogueuses, Aymeline a décidé d'organiser son premier challenge ! Qu'on se le dise !
 
En espérant ne pas faire doublon avec un autre challenge et sous la pression (amicale) de certaines blogueuses qui du coup devraient s'inscrire, j'ai décidé de faire un challenge centré sur les lieux et mondes imaginaires.
Autre avantage, vous allez me donner de belles idées de lectures.
Enfin, j'ai envie par le biais de ce challenge de vous faire découvrir d'autres mondes et d'autres univers de lecture...
 
Entendons-nous bien d'abord sur ce qu'est un monde imaginaire.
Dans la définition que j'ai choisie pour ce challenge, un monde imaginaire a ceci de particulier qu'il ne fait pas partie de notre monde connu et cartographié. Ainsi, tous les romans dont l'intrigue se déroule sur une autre planète font de fait partie du challenge.
 Voir La suite  ICI

mercredi 4 janvier 2012

Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevsky : Le double



Dans Le double, Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevsky conte l'histoire de Jacob Pietrovitch Goliadkine, conseiller titulaire, petit fonctionnaire aux manières assez étranges et incohérentes. Celui-ci rencontre dans la rue, un soir de mauvais temps, un passant qui lui est familier. Lorsqu'il entre chez lui, l'homme qu'il a croisé en chemin est là et l'attend. M Goliadkine découvre avec stupéfaction que ce personnage est un autre lui-même, parfaitement identique, son double! Quand il se rend à son travail, au Ministère, le lendemain matin, son double est encore là qui s'attire les compliments de ses supérieurs en exploitant le travail du "vrai" M Goliadkine. Désormais, ce dernier ne pourra plus se débarrasser de son double qui le suit partout, se concilie les bonnes grâces de tous à son détriment et n'aura de cesse de l'évincer!
Contrairement à ce que l'on peut croire Le double n'est pas une nouvelle qui fait intervenir le surnaturel. Cette rencontre  hallucinante et angoissante du double dans la nuit glaciale, est, en fait, la description des troubles psychiatriques dont souffre le personnage. Dostoïevsky s'est largement documenté auprès d'un médecin spécialiste, il a consulté de nombreux traités de médecine pour analyser cette maladie : dédoublement de la personnalité, paranoïa ( Goliadkine croit à l'existence d'un complot contre lui). Son intuition, d'autre part, fait pressentir à l'écrivain, des années à l'avance, les découvertes du docteur Freud. Mais le manière de traiter le récit brouille les pistes si bien que le lecteur ne sait pas toujours s'il est dans la réalité ou dans le surnaturel. Dès le début, pourtant, l'écrivain nous décrit les bizarreries du personnage qui le conduisent à visiter un médecin psychiatre. Nous sommes dans une réalité clinique qui mènera le malade à l'asile. Mais le lecteur est désorienté car l'entourage de Goliadkine, son serviteur, ses collègues, voient le double qui semble prendre alors une réalité concrète comme dans un conte fantastique.

En écrivant ce livre, Dostoïevsky voulait faire un roman social. Et même si son sujet a largement débordé de ce projet, il n'en reste pas moins que la description de cette société strictement hiérarchisée, guindée, enfermée dans des codes rigides, où les gens sont jugés selon la place qu'ils occupent, renforce ce sentiment d'aliénation qui est celui du personnage. Cette déshumanisation contribue à créer l'angoisse qui jette le malade dans la plus profonde  détresse.
Le sous-titre de ce roman est Poème pétersbourgeois en hommage à Gogol auquel Dostoïesvky vouait une profonde admiration et qu'il s'efforçait d'égaler.  Ecrit en 1845, Le double est le second roman de l'écrivain. L'imitation est telle que l'on a un peu l'impression de lire le Gogol des Nouvelles pétersbourgeoises et pour ma part, je préfère le Dostoievsky des grands romans comme L'idiot. Pourtant, le sous-titre n'est pas gratuit et Saint Pétersbourg est un personnage à part entière. Les lieux et les itinéraires empruntés par Goliadkine sont très précis. La description de la ville, grise, froide, menacée par l'inondation, avec ses neiges et le vent glacial est un cadre parfait pour l'analyse du personnage dont la ville reflète l'état d'esprit. Dostoievsky décrit l'angoisse de Goliadkine avec un art qui plonge le lecteur dans un profond malaise. Quand il est chassé de la maison par son supérieur hiérarchique, Olsoufii Ivanovitch Berendiiev, qu'il considère comme un père, et qu'il erre dans la nuit, écoutant les rumeurs de la rivière en crue, au milieu des éléments qui se déchaînent, la détresse du personnage, son désir d'anéantissement sont si violents qu'ils le mènent au bord du suicide : 

Non seulement notre héros cherchait de toutes ses forces à se fuir lui-même mais encore il aurait donné cher pour pouvoir s’anéantir d’une façon définitive, pour être, sur-le-champ, réduit en cendres. Pour l’instant,il ne prêtait attention à rien, ne se rendait compte de rien : il semblait absolument indifférent à tous les obstacles que dressait devant lui cette nuit funeste ; indifférent à la longueur  du chemin, à la rigueur du temps, à la pluie, à la neige, au vent. Sur le trottoir du quai de la Fontanka, la galoche qui recouvrait son soulier droit se détacha et resta là, plantée dans la boue et la neige. Il ne s’en aperçut même pas, ne songea pas un instant à revenir sur ses pas pour la retrouver. Il était si préoccupé, qu’à plusieurs reprises, en dépit de la tourmente, il s’arrêta et resta sur le bord du trottoir, planté comme un poteau, pétrifié, se remémorant tous les détails de sa récente et atroce déchéance. Il se sentait mourir.

Ce roman malgré ses qualités certaines a été une lecture difficile pour moi parce qu'il m'a procuré un sentiment extrêmement pénible de rejet, preuve qu'il atteint son but!. Jacob Goliadkine, en effet, éveille en moi des sentiments contradictoires, empathie devant l'intensité de ses souffrances mais aussi répulsion car le personnage est trop souvent dérisoire, ridicule, ennuyeux et pas obligatoirement sympathique...
Le double de Dostoievsky est le premier roman que je lis dans le cadre du Challenge des Fous initié par L 'Ogresse de Paris

samedi 31 décembre 2011

Bonne année à tous : C'est pour vous faire penser au bonheur...


Marc Chagall : La famille

Un tableau de Marc Chagall pour vous souhaiter  le plein de bonheur pour la nouvelle année 2012.
Mais qu'est-ce que le bonheur? Je vous en propose une définition  avec cette poésie de Félix Leclerc interprétée par Julos Beaucarne.



Lorsque nous étions réunis à table

Lorsque nous étions réunis à table
Et que la soupière fumait
Maman disait parfois:

"Cessez un instant de boire et de parler."
Nous obéissions

"Regardez-vous", disait-elle doucement
Nous nous regardions sans comprendre amusés

"C'est pour vous faire penser au
Bonheur" ajoutait-elle.

Nous n'avions plus envie de rire.

"Une maison chaude, du pain sur la nappe
Des coudes qui se touchent
Voilà le bonheur" répétait-elle à table.

Puis le repas reprenait tranquillement,
Nous pensions au bonheur qui sortait
Des plats fumants et qui nous attendait
Dehors au soleil et nous étions heureux.
Papa tournait la tête comme nous,
Pour voir le bonheur jusque dans le fond
Du corridor en riant parce qu'il
Se sentait visé il disait à ma mère:
"Pourquoi est-ce que tu nous y fais penser
A c'bonheur", elle répondait

"Pour qu'il reste avec nous le
Plus longtemps possible".




Le bonheur dit par Julos Beaucarne

Les plumes de l'année chez Asphodèle : Sa flamme noire...



Asphodèle nous propose aujourd'hui son jeu d'écriture avec des mots commençant tous par L : Lumière – Liberté – Lutter – Lamentable – Larmoiement – Loup – Lardons – Lune – Lanterne – Lointain(e) – Lupanar – Loustic  - Légèreté -Loufoque – Luciole – Lutin.
Le lutin, la luciole, la lumière m'ont donné l'idée d'utiliser une image de Godo, illustrateur de fantasy, pour  ce poème sur un sujet bien noir.

Lupanar, triste prison du sexe
Liberté fourvoyée et lointaine
Lamentable larmoiement de l'Etre
 Lanterne loufoque, Luciole perverse
Rougeoiement, braise de  lumière
A la porte… Tes griffes lacèrent
 la lune et sa légèreté rêveuse.
Rêve de petits lardons au berceau,
Tendres enfants qui dans mon coeur brillent.
 Le loup qui gronde et qui grogne
Tue le lutin qui en moi veille
Petit homme dansant la gigue
Loustic facétieux et qui lutte
Flamme qui chante et qui vacille
De mon esprit, de mon esprit…
De mon esprit qui bat campagne
Et qui éteint sa flamme noire.
Lupanar, triste prison du sexe.

Chez Asphodèle




vendredi 23 décembre 2011

Joyeuses fêtes de Noël

Van Gogh



Un joli Sapin de l'ogresse de Paris. Merci à elle!

 
Il n'y aura pas d'énigme Un Livre/Un film  samedi 24 et samedi 31 Décembre. Mon blog prend quelques jours de vacances  mais allez voir la "devinette de Wens ICI.
A la place, je vous souhaite de joyeuses fêtes de Noël à toutes et à tous avec ce bouquet de roses de Van Gogh et ce sapin que l'Ogresse a imaginé pour nous!

jeudi 22 décembre 2011

Delphine de Vigan : Les heures souterraines

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Les heures souterraines aux éditions JC Lattès est l'ouvrage que Jorge Semprun préférait à Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye et qu'il aurait voulu voir couronner du Goncourt 2009. ET bien sûr, si Jorge Semprun aime, j'ai aussitôt envie de découvrir!
Dès le début, ce qui me frappe, c'est le contraste entre ces deux romans qui sont aux antipodes l'un de l'autre. Les phrases longues et sinueuses de Marie Ndiaye qui paraissent suivre les méandres tortueux de l'esprit humain contrastent en effet, avec le style direct, rapide, nerveux de Delphine de Vigan, oscillant entre présent de narration qui montre les personnages en action, aux prises avec la réalité de la vie quotidienne, et le passé, retour en arrière qui éclaire la situation. Au récit de Marie Ndiaye, intellectualisant, jouant entre réalisme et fantastique, s'oppose celui de Delphine de Vigan ancré dans la société française, réalisme terre à terre du travail dans une entreprise, personnages en qui chacun d'entre nous peut se reconnaître.
Le roman met en scène Mathilde et Mathieu, une femme et un homme anonymes dans la foule du grand Paris et qui ne se connaissent pas. Leur vie est racontée dans deux récits parallèles dont le lecteur ne doute pas qu'ils finiront par se rejoindre un jour. Mais une véritable rencontre est-elle possible dans un monde ainsi déshumanisé? C'est la question que pose ce récit-choc.
Mathilde travaille dans une entreprise de produits diététiques et seconde efficacement son patron, Jacques, jusqu'au jour où, à propos d'un litige sans grande importance, elle se permet de n'être pas d'accord avec lui et le lui fait savoir. Dès lors, insidieusement, sans avoir droit à une explication, il lui retire peu à peu toutes responsabilités et la relègue dans une bureau, près des toilettes, place symbolique du rang qu'elle occupe désormais. L'écrivain analyse avec beaucoup de justesse les réactions du personnage, le sentiment de dévalorisation qu'elle éprouve, et les ravages que cette mise au placard méprisante et destructrice va produire chez elle. A partir d'une réalité sociale tristement d'actualité, Delphine de Vigan, met en scène une femme tourmentée et isolée dans un monde impitoyable qui n'a plus de respect pour l'individu.

"Aujourd'hui il lui semble que l'entreprise est un lieu qui broie, un lieu totalitaire, un lieu de prédation, un lieu de mystification et d'abus de pouvoir, un lieu de trahison et de médiocrité."

Thibault, médecin urgentiste, sillonne les rues de Paris pour se rendre de malade en malade, pour des visites à domicile. Après sa rupture avec Lisa dont il a du mal à se remettre, il va à la rencontre, dans des appartements miteux, de la misère, de la souffrance et de la solitude.

"Il n'a rien d'un héros. Il a les mains dans la merde et la merde lui colle aux mains. Sa vie se partage entre 60°/° de rhinopharyngites et 40°/° de solitude. Sa vie n'est rien d'autre que ça : une vue imprenable sur l'ampleur du désastre."

J'ai eu un peu peur à moment donné - à cause de certains passages répétitifs- que le roman devienne trop démonstratif et tourne à la thèse sociale. Heureusement, il n'en est rien, car l'écrivain a su créer de vrais personnages auxquels je me suis intéressée et des thèmes qui m'ont touchée, celui de la solitude au milieu de la foule, de la violence d'un capitalisme qui n'a plus de frein, pour qui le profit prime sur toute considération humaniste. Sans être un grand roman, Les heures souterraines, est un bon livre qui a le mérite de parler de problèmes actuels dans le monde du travail, ce qui est assez rare dans notre littérature, tout en faisant vivre les personnages.

Article publié dans mon ancien blog en 2010

mercredi 21 décembre 2011

Haruki Murakami : Kafka sur le rivage



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Franklin Carmichael
Dans Kafka sur le rivage, Haruki Murakami raconte l'histoire d'un jeune garçon de 15 ans, Kafka Tamura, qui s'enfuit de Tokyo pour échapper à la prophétie de son père qui pourrait le détruire. Son voyage l'amène loin de chez lui dans une ville, Takamatsu, jusqu'à une bibliothèque de livres anciens et précieux où il rencontre Oshami, le bibliothécaire, et la mystérieuse Melle Saeki, la directrice. Parallèlement, nous suivons le trajet d'un vieil homme, Nakata, qui part de Tokyo poussé par la nécessité et arrive lui aussi à Takamatsu pour trouver la pierre d'entrée.
Haruki Murakami est un auteur très riche car s'il nous fait pénétrer dans sa culture, il ouvre la porte aussi aux mythes grecs, fondateurs de l'humanité, comme celui d'Oedipe cherchant à échapper à l'oracle pour mieux accomplir son destin, ainsi qu'à différentes cultures par le biais du cinéma, de la musique, des livres que lit Kafka, car les livres font partie de sa vie et la bibliothèque est le seul endroit où il se trouve chez lui.
Même un esprit cartésien peut accepter d'entrer dans un roman fantastique  et y adhérer mais le passage entre le réel et l'imaginaire doit être délimité, une barrière bien franche qui permet de garder des repères. Le fantastique finit donc par avoir sa propre logique et si l'esprit frémit d'horreur, les pieds restent plantés en terre. Autrement dit, nous ne croyons pas aux fantômes mais nous en avons peur! Un sentiment délicieux à éprouver quand vous êtes douillettement installé sur votre canapé, auprès d'un bon feu, si possible!  Mais avec Haruki Murakami, il faut abandonner toutes certitudes.  Lorsque vous pénétrez dans son univers, c'est comme si vous larguiez les amarres, comme si vous vous détachiez de la rive pour partir vers  l'inconnu car la frontière n'existe plus; les esprits des morts côtoient les vivants sans distinction, les vivants, eux-mêmes, peuvent devenir fantômes, se projetant dans un âge de leur vie qu'ils ne veulent pas quitter, la forêt est peuplée de soldats disparus il y a un demi-siècle, les chats parlent avec un vieil homme capable de provoquer des pluies de poissons.. Tout est possible! Et c'est cela qu'il y a de très beau dans ce roman, cet abandon que vous devez faire de vous-même, ce mélange indistinct de réalisme et de rêve, cette exploration de contrées inconnues, obscures, qui sont peut-être aussi ceux de l'âme humaine. Car ce qui me touche beaucoup dans ce roman, c'est que tous les personnages, fragiles et attachants, sont à la recherche d'eux-même. Ils ne savent pas qui ils sont, que ce soit Nakata, le vieillard amnésique dont la mémoire a été mystérieusement effacée mais qui a bénéficié d'autres dons en contrepartie; que ce soit le jeune héros, Kafka Tamura, qui ne connaît ni sa mère, ni sa soeur, ou Oshima qui ne sait pas s'il est homme ou femme, ou la vieille-jeune Melle Saeki. Et il faut encore accepter de ne pas avoir de réponse toute prête car cette quête douloureuse et hésitante n'a pas d'autre enjeu que la vie ou la mort. Et c'est à chacun de nous de  trouver des raisons de vivre ou encore de mourir.

Voici la réponse de Kafka Tamura :
" Ai-je agi comme il fallait?
-Tu as agi comme il le fallait, dit le garçon nommé Corbeau. Tu as fait ce qui était juste. Personne n'aurait pu agir aussi bien que toi. Tu es le garçon de quinze ans le plus courageux du monde réel, tu sais.
-Mais je ne sais toujours pas ce que cela signifie vivre, dis-je.
-Regarde le tableau et écoute le vent.
Je hoche la tête.
-Tu en es capable.
Je hoche à nouveau la tête.
-Tu devrais dormir un peu, dit le garçon nommé Corbeau; Quand tu te réveilleras, tu feras partie d'un monde nouveau.
Tu t'endors sans tarder.
Et quand tu t'es réveillé, tu faisais partie d'un monde nouveau. "

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dimanche 18 décembre 2011

Robert Burns, My heart’s in the Highlands…

 

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The hills of the Highlands for ever I love

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Le grand poète écossais Robert Burns est né à Alloway dans le Ayrshire en 1759. son père, un fermier, lui fit donner une solide instruction en engageant un précepteur. Ce qui lui permit d'accéder à une connaissance parfaite de la grammaire anglaise et aussi de faire connaissance avec les plus grands poètes anglais : Shakespeare, Milton et Pope... C'est pourquoi il fut à même d'écrire dans un anglais formel et recherché aussi bien que dans la langue écossaise des Lowlands.
Ainsi, même s'il a  poussé la charrue et cultivé la terre, il est loin d'être, comme on l'a surnommé  plutôt abusivement, the heaven-taught ploughboy autrement dit dans une traduction littérale dont je ne me flatte pas :  le  laboureur enseigné par le ciel" (ou "inspiré?) ou encore Le poète-paysan. Il est aussi appelé : Scotland's favourite son (le fils préféré de l'Ecosse) ou The bard of Ayrshisre
Voici une poésie  qui s'inspire d'une vieille ballade écossaise.

My Heart in the Highlands

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My heart's in the Highlands, my heart is not here;
My heart's in the Highlands, a-chasing the deer;
A-chasing the wild deer, and following the roe -
My heart's in the Highlands wherever I go.
****
Farewell to the Highlands, farewell to the North,
The birthplace of valour, the country of worth
Wherever I wander, wherever I rove,
The hills of the Highlands for ever I love.
****
Farewell to the mountains high cover'd with snow;
Farewell to the straths and green valleys below;
Farewell to the forests and wild-hanging woods;
Farewell to the torrents and loud-pouring floods.
****
My heart's in the Highlands, my heart is not here;
My heart's in the Highlands, a-chasing the deer;
A-chasing the wild deer, and following the roe -
My heart's in the Highlands wherever I go.





Un livre, un Jeu : réponse à l'énigme n° 15 Marie Shelley, Frankenstein


Les Karloff du jour sont : Aifelle, Keisha, Eeguab, Asphodèle, Maggie, Kathel, Dominique, , Pierrôt Baton, Sabbio, Marie José et 1/2 Karloff pour Lireaujardin et Lystig. Félicitations à tous!
Le livre : Frankenstein  ou le Prométhée moderne de Marie Shelley
Le film :  Frankenstein de James Whale avec Boris Karloff
Les circonstances dans  lesquelles Marie Shelley conçut son roman sont assez célèbres. C'est au bord du lac de Genève, dans la villa Diodati, que Byron, en exil, accueille Marie Godwin, la future Madame Shelley, et son amant, le poète Shelley. Pour tromper l'ennui d'une journée d'orage, Byron propose à chacun de raconter à son tour une histoire terrifiante se basant sur un phénomène surnaturel. Maris Shelley surpasse tous les autres. Elle invente l'histoire du savant fou qui engendre un monstre et le succès est tel que, bientôt, il dépasse son auteur, atteignant au mythe. Frankenstein (c'est le nom du créateur et non de la créature comme on le croit souvent) porte d'ailleurs un sous-titre qui en annonce la portée : Le Prométhée moderne.
Le roman n'est pas linéaire et présente plusieurs narrateurs. Il commence par une série de lettres que Robert Walton, jeune aventurier parti à la découverte d'un passage pour atteindre l'océan Pacifique dans les régions arctiques, écrit à sa soeur Margaret restée en Angleterre. Walton recueille, sur son navire pris dans les glaces, un étrange voyageur qui dérive sur la banquise et qui semble poursuivre quelqu'un. Ce dernier, le savant  Frankenstein, va raconter son histoire au jeune homme pour lui faire prendre conscience de la folie que représente le désir de vouloir atteindre le savoir à n'importe quel prix.  C'est un des thèmes clefs du roman.
Le roman épistolaire cède donc place à la narration de Frankeisten. Né à Genève dans une famille heureuse, amoureux depuis l'enfance d'Elizabeth, une orpheline recueillie par ses parents, Victor Frankenstein part étudier la physique à l'université d'Ingolstadt. C'est un étudiant brillant, zélé. Il va découvrir le principe de la vie. Poussé par l'enthousiasme, par l'ambition, les rêves de gloire aussi, il crée une créature qui se révèle un monstre et qu'il laissera s'enfuir. En réalisant cette expérience, Frankenstein a joué à l'apprenti sorcier. Il s'est pris pour Dieu alors qu'il n'a pas la force d'assumer ses responsabilités par rapport à sa créature. Il est coupable des conséquences de son acte insensé.
  La narration de Frankenstein est entrecoupé d'un récit qui est celui de la créature elle-même. Le "monstre" vient trouver son créateur pour lui demander de l'aide et  lui reproche de l'avoir abandonné. Il explique comment il a pu survivre en se cachant pendant des mois et comment il a été rejeté à cause de sa laideur, pourchassé par tous. Sa nature était pourtant bonne et  il avait soif d'amitié et d'amour mais la méchanceté des hommes l'a poussé vers le mal, a éveillé la haine et la vengeance. Le thème du Bien et du Mal est ici présenté par l'auteur mais aussi celui du rejet de l'autre à cause de la différence.

Le roman aborde des thèmes éminemment romantiques. Quand Marie Shelley rédige ce texte, elle est très imprégnée des paysages alpins. La nature tient donc un grand rôle dans le roman dans ce qu'elle a de sublime*. Ce sont les hauts pics enneigés, les abîmes vertigineux qui l'inspirent et qui arrachent un peu le personnage à son tourment.
Des glaciers énormes s'avançaient jusqu'à la route, j'entendis le grondement de l'avalanche et vis la fumée qui marquait son passage. Le Mont Blanc, se dressait au milieu des aiguilles, et son dôme démesuré surplombait la vallée.
Ces paysages sublimes et  magnifiques métaient une consolation sans égale. Ils m'élevaient au-dessus de toute mesquinerie et, bien que n'effaçant pas mon chagrin, ils l'atténuaient et l'apaisaient.


Le héros, devient par l'acte qu'il a accompli, un être poursuivi par le malheur, thème romantique du bonheur impossible. Il entraîne dans sa perte tous les êtres qu'il aime tendrement, son petit frère, sa femme, son père... La malédiction semble s'acharner sur lui et il sait qu'il n'y a plus d'espoir de rédemption pour lui. Il est en proie à une mélancolie profonde, l'angoisse l'étreint, il souhaite mourir et se sait condamné. On pense à Faust et à son pacte avec le diable ou mieux encore au docteur Coppelius donnant vie à sa création dans les contes d'Hoffman. Le "Monstre" (il ne porte pas de nom car il n'est pas considéré comme humain alors qu'il pense et souffre comme un humain) qui épouvante la population semble représenter l'incarnation du Mal. Il tue pour assouvir sa vengeance envers son créateur qui l'a abandonné à son triste sort et envers tous ceux qui le rejettent. C'est un être qui inspire l'effroi et qui ne peut trouver de repos ni de joie. Son physique repoussant en fait un réprouvé comme le Gwinplaine de L'homme qui rit de Hugo. Si la créature était vraiment surnaturelle, l'atmosphère du roman serait gothique. Mais l'on s'aperçoit bien vite que l'oeuvre de Marie Shelley n'a pas pour unique ambition de faire peur. Elle en est très consciente puisqu'elle écrit dans sa préface :

Le docteur Darwin et quelques physiologistes allemands ont donné à entendre que le fait sur laquelle se fonde cette fiction ne relève nullement de l'impossible. Qu'on n'aille pas s'imaginer que j'accorde une foi aveugle à une telle hypothèse; néanmoins, je n'ai pas eu le sentiment, en m'en inspirant pour mon récit, de tisser une toile de terreurs purement surnaturelles. L'événement qui se trouve à l'origine de mon histoire ne présente pas les inconvénients inhérents aux simples récits de fantômes et de merveilleux. Il s'est imposé à moi par la nouveauté des situations qu'il autorise, et bien que constituant une impossibilité sur le plan physique, il permet à l'imagination de cerner les passions humaines de manière plus complète et plus riche qu'un enchaînement de faits réels.

Marie Shelley propose, en effet, une réflexion sur les dangers que la science fait courir à l'humanité si elle n'est pas guidée par le bon sens et la morale. Nous en revenons toujours à la fameuse maxime de Rabelais : "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" . La responsabilité des savants est engagé. Il est dangereux de se croire l'égal de Dieu, le jeune savant Frankenstein va l'apprendre à ses dépens tout comme Prométhée enchaîné à son rocher. On comprend combien le problème soulevé par ce roman est  toujours d'actualité et ceci avec d'autant plus d'acuité que "l'impossibilité physique" dont parle l'écrivaine est levée. Juste avant d'écrire ces mots, j'ai vu un reportage sur le clonage d'un mammouth grâce à l'ADN récupérée sur un corps conservé dans les glaces. Passe encore pour l'animal mais il est devenu possible aussi, nous dit-on, et certains scientifiques l'envisagent sérieusement, de cloner un homme du Néenderthal. Les êtres humains ne sont pas devenus plus sages au XXIème siècle, les savants fous existent encore! Ecoutez plutôt la plainte de la créature et ses accusations contre ceux qui, sans conscience, amène à la ruine de l'âme :

La créature s'adresse à Robert Walton : Vous, qui appelez Frankenstein votre ami, paraissez avoir connaissance de mes crimes et de mes malheurs. Mais aussi détaillé que fut son récit, il n'a pu évoquer les heures et les mois de misère que j'ai endurés, consumés de passion impuissante. Car, tandis que je détruisais ses espoirs, je ne satisfaisais pas mes désirs propres. Ils ne cessèrent à aucun moment de me torturer, j'aspirais toujours à  connaître l'amour ou l'amitié, et on ne m'opposait que le mépris. N'y avait-il pas là quelque injustice? Dois-je être considéré comme le seul criminel quand toute l'humanité a péché contre moi?


*Les Romantiques avec  le philosophe Emmanuel Kant -  Les observations sur le sentiment du beau et du sublime- distinguent le beau du sublime.  Le sublime enchante et séduit mais éveille aussi l'horreur, double réaction qui constitue l'essence du sublime : Des chênes qui s'élèvent et des ombres solitaires dans un bois sacré sont sublimes", "la nuit est sublime, le jour est beau", "le sublime touche, le beau charme" écrit Kant.








samedi 17 décembre 2011

Un livre, un film : Enigme N°15



Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens ICI vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs qui n'auront gagné que la gloire de participer (avouez que c'est beaucoup!) sera donnée le Dimanche.



Enigme n° 15

Le nom du personnage éponyme de ce roman est connu de tous et est devenu mythique. Il a été écrit par une femme au XIX siècle et l'action se déroule en partie en Suisse, au bord d'un lac. Je vous en ai  déjà dit trop! A vos marques, prêts, partez!

Mais où se trouvaient mes amis et mes parents! Nul père n'avait veillé sur mon enfance, nulle mère ne m'avait prodigué ses sourires et ses caresses -où s'ils l'avaient fait, le souvenir de mon passé s'était effacé de ma mémoire. Dans mon premier souvenir j'avais la taille et l'apparence que je me connaissais aujourd'hui. Je n'avais jamais rencontré d'être me ressemblant ou prétendant avoir avec moi des liens de parenté. Qu'étais-je? Cette question me hantait en permanence, mais seuls mes gémissements y répondaient.

vendredi 16 décembre 2011

Voltaire : Il faut être intolérant envers l'intolérance

Voltaire

 J'ai fait mienne la devise de Voltaire : Il faut être intolérant envers l'intolérance.  C'est la seule qui nous sauvera des  autodafés et bûchers de l'inquisition adaptés à notre époque. En effet, la montée des intégrismes des religions de tous bords en France ne cesse  d'être inquiétante. A l'intégrisme religieux des musulmans, des protestantismes américains, répond de nos jours l'intégrisme des catholiques. Voilà plusieurs fois qu'ils sévissent dans notre bonne ville d'Avignon ...  et ailleurs! Aussi je vous renvoie au blog de Lireaujardin  qui dénonce ces errements encouragés, qui plus est, par l'attitude de la mairie d'Avignon. Nos élus semblent oublier que nous sommes dans un pays laïque et que  leur devoir est de le rappeler aux citoyens. Et pour cela ne pas l'oublier eux-mêmes quelle que soit leur confession religieuse!

Blog de Lire au jardin: La Fête des lumières à Avignon et la loi du 9 décembre 1905

l-affiche
 J'ai hésité à en parler sur mon blog qui est dédié à la culture, mais le lien est facile à faire : cette ferveur catholique récente, ostentatoire, relève bien de la même mouvance qui a fait l'actualité avignonnaise encore fraîche à la Collection Lambert avec la destruction du "Piss Christ" d'Andres Cerano en avril dernier, et à l'Opéra-Théâtre pour la pièce de Roméo Castelluci, "Sul concetto di volto nel Figlio di Dio" cet été.
Dans les deux cas, il s'agit bien d'ultra-catholiques, et ces processions aux flambeaux du 8 décembre dans notre ville qui relèvent de la même veine, sont soutenues et encouragées par la mairie d'Avignon. Lire la suite ICI


Des mots une histoire : Sur ton âme il a neigé...

Flower abstraction Georgia O'Keeffe

Les mots imposés pour l’édition du jeu Des mots, une histoire dans le blog d'Olivia Désirs d'histoires sont  : mécréant – certificat – douche – bises – givré – gluten – adresse – rafale – tendresse – excuse – bruire – catastrophe – autarcie – perce – vaporeux – rugby – découverte – ivresse – possible – carte – intimité – espiègle – pile – prière – page – licorne – aphrodisiaque.
Mais ils sont méchants tous (presque tous!) de m'imposer des mots pareils pour écrire mon poème?


Quand tous les vents du Possible ont égrené ta détresse
Quand la rafale a tourné tant de pages de ta vie
Quand sur la carte d'Amour, il part sans laisser d'adresse
Quand ton coeur en autarcie est resté inassouvi

Sur ton âme il a neigé, sur ton âme il a neigé

Et quand  ton coeur piétiné comme un terrain de rugby
De la pile de la vie a presque éteint la durée
Quand Vénus aphrodisiaque t'a rejetée dans l'oubli
Certificat non conforme avec ton coeur couturé
 
Sur ton âme, il a neigé, sur ton âme il a neigé.

Perce-neige découverte aux pétales de gluten
Perce-neige douce amère annonceras-tu la fin
de la bise meurtrière qui me secoue et qui geint?
Perce-neige douce espiègle, dans l'ivresse du matin


Ta tendresse vaporeuse dans l'intimité des mains
Est l'excuse murmurée du mécréant consolé,
Est la licorne au long cou, de prière auréolée.


Blog d'Olivia