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dimanche 1 mars 2020

La citation du dimanche : l'arbre avec JMG Le Clezio

Piet Mondrian
Le Clezio L'inconnu sur la terre
Je verrai son corps debout, immense, tout entier des racines jusqu'au bout de ses plus fines branches, et le ciel couvert de ses feuilles vert sombre, j'entendrai le vent et le brouhaha d'ailes des oiseaux, je sentirai l'odeur puissante de la terre et des feuilles mêlées, tout cela, et tant d'autres secrets qui sont avec lui. Je le verrai, et ce sera comme s'il n'y avait plus de regards cupides, plus de souffrance, plus de crainte, plus de faim nulle part. Ce sera comme s'il n'y avait plus que ce règne tranquille, cette arche sur le cours du temps. Je le verrai, et je pourrai être une feuille, rien qu'une feuille parmi les milliers de feuilles sur ses branches. Je le verrai comme s'il était plus haut que n'importe quel horizon, et je serai une petite parcelle oubliée, une miette de terre, à l'abri sous la voûte éternelle de son ombre.        

L'arbre rouge Séraphine Louis
Le Clezio Voyage au pays des arbres

 Les gens qui ne savent pas apprivoiser les arbres disent que les forêts sont silencieuses. Mais dès que tu siffles, et que tu siffles bien, comme un oiseau, tu commences à entendre le bruit que font les arbres. Il y a d'abord ces bâillements et ces respirations aiguës. Puis tu perçois d'autres bruits. Il y a des coups lourds, comme s'il y avait un coeur qui battait quelque part sous la terre. Puis tout un tas de craquements, des branches qui se redressent avec des explosions, des feuilles qui se mettent à trembler, des troncs qui se dérident. Il y a surtout des bruits de sifflements, parce que les arbres te répondent. Ca c'est le langage des arbres.

et maintenant les arbres de mon musée imaginaire

 
Tom Thompson groupe des sept peintre canadien

Klimt L'arbre aux pommes


Le douanier Rousseau




Carmichael peintre canadien groupe des sept

Camille Corot


Claude  Monet  : peupliers au bord de l'Epte

Pekka Hanonen peintre finnois

Marc Chagall le poète et l'arbre


L'arbre de Mondrian

Séraphine Louis peintre naïf

Nikolaï Astrup peintre norvégien

Vincent Van Gogh

Egon Schiele  : Quatre arbres
Kano Eitoku peintre japonais (XV siècle)
Lawrence Harris groupe des sept peintre canadien
Paul Gauguin paysage avec arbres

Salvador Dali

Auguste Renoir

Gustave Courbet Le chêne
Gaspar Friedrich l'arbre aux corbeaux

Gustaf Fjaestad peintre suédois : Arbres gelés au coucher de soleil

Gilda Campanella  artiste contemporaine
Georgia OKeeffe : le grand arbre

et finir par un rameau du printemps de Van Gogh
et vous ? quels sont les arbres de votre musée imaginaire?

Quel arbre peint (et par quel artiste) aimeriez-vous avoir dans votre musée imaginaire? Merci à toutes celles qui répondront.

 Tania (Textes et prétextes Ici )m'a répondu en citant les arbres de Léon  Spillaert, un peintre belge que j'ai découvert à Bruxelles.  Alors voilà la forêt de Tania.

Léon Spillaert

Léon Spillaert

Léon Spillaert
Adrienne (Abécédaire du temps qui passe ici )  propose les arbres de René Magritte .

René Magritte
René Magritte
René Magritte
René Magritte

Thérèse (blog toulouse a to z bis ici)  propose dans la nature un arbre le Mesquite (de la famille des acacias ) qu'elle a beaucoup côtoyé aux Etats-Unis et le poirier de Pissarro

Mesquite en fleurs en Arizone
Mesquite ou prosopis
Paul Emile Pissarro poirier en fleurs à Eragny matin
Paul Emile Pissarro le poirier en fleurs
Paul Emile Pissarro  poirier  en fleurs

Merci à Martina qui nous fait découvrir les arbres d'Albert Dürer


Albert Dürer  : moulin

Albert Dürer (détail)

Albert Dürer paysage de montagne avec arbres
Albert Dürer

jeudi 27 février 2020

Jack London : Avant Adam


 Et voilà je lance le challenge Jack London dans mon blog avec Avant Adam

Dans Avant Adam nous retournons avec Jack London dans le monde de la préhistoire par l’intermédiaire du narrateur qui, à travers des rêves liés à son cerveau atavique, retourne dans la vie de nos lointains ancêtres. Il peut alors vivre les aventures d’un jeune garçon, nommé Grande Dent, dans une tribu qui ne connaît pas encore le feu. Si la mère de Grande Dent vit encore dans les arbres, le jeune héros chassé du nid par son beau père, va rejoindre, parmi ses semblables, ceux qui ont évolué et investi des cavernes qui leur servent de protection contre les bêtes sauvages. Pourtant existent déjà les hommes du feu qui deviendront les pires prédateurs du peuple des cavernes. Ainsi, l'homme connaît plusieurs stades d'évolution simultanés.

L’évolution était la clef de mes songes. Elle me fournit l’explication des divagations de mon cerveau atavique qui, moderne et normal, subissait l’influence d’un passé remontant aux premiers vagissements de l’humanité.

Avant Adam se lit comme un roman d’aventures qui commence avec l’enfance du personnage. Nous partageons sa tristesse quand il est séparé de sa mère, son amitié avec le petit orphelin Oreille-Pendante dont il partage la cachette à l’abri des bêtes, puis, lorsqu’il grandit, l’attirance envers la jolie et farouche jeune fille, La Rapide. Parmi les dangers auxquels il échappe, il y a, bien sûr, les animaux féroces, les sangliers, et le tigre Dent de Sabre, mais les pires ennemis sont les hommes, ceux du feu dont j’ai parlé plus haut, mais surtout, dans leur propre peuple, Oeil Rouge, voleur et tueur de femmes, un géant à la force herculéenne qui a le goût du sang. Belle occasion pour Jack London de nous montrer les ressorts du pouvoir fondé sur la crainte qui réduit à la servitude les êtres plus faibles. Ce qui corrobore la théorie évolutionniste de Darwin, adoptée par London, et qui montre que ce sont les espèces les plus fortes qui ont survécu et ont pu évoluer.

Car Avant Adam n’est pas seulement un roman d’aventures. L’écrivain  a pour ambition de nous montrer un pan d’histoire de nos ancêtres préhistoriques d’une manière scientifique, et en s’appuyant donc sur les thèses darwinistes. Il insiste sur le fait que l’évolution de l’intelligence et des progrès a été très lente, et s’est étendue sur des milliers d’années, et refuse de faire de son personnage un inventeur de génie. La seule découverte du livre, est celle de l’utilisation de la calebasse pour transporter de l’eau et des baies. D’après les spécialistes, il s’en sort très honorablement en tenant compte des connaissances que l’on en avait à son époque. Une erreur à noter, les hommes du feu n’avaient pas encore d’arcs comme armes défensives.
  
Mais il a aussi une intention militante et le livre  reflète le désir de London de lutter contre l’oppression religieuse en s’appuyant sur la science. Il faut se replacer à l’époque de l’écrivain pour comprendre combien sa thèse était osée et scandaleuse pour des américains encore dans l’obscurantisme, qui refusaient l’évolutionnisme au nom du créationisme. (Il paraît qu’il y a encore de nos jours des écoles aux USA qui enseigne le créationisme ! J’ai peine à y croire ! ).

Ceci dit, la lecture du roman est agréable et certaines scènes ont du panache, servies par un style alerte et vivant. Ainsi le passage où les gens des cavernes parviennent à faire fuir le tigre Dent de Sabre et à le ridiculiser est très réussie. Il y a aussi des notations psychologiques qu’on peut imaginer très justes. Par exemple, si Jack London décrit la peur toujours présente car un instant d’inattention peut entraîner la mort, il montre aussi combien ce peuple aimait rire, et combien il était apte à oublier le danger dans une insouciance salvatrice, un peu semblable aux enfants qui retournent jouer après un gros chagrin, faculté qui devait assurer la survie de l’espèce.


Qui veut engager une LC sur Jack London  avec moi ? 

 

Pour la fin Mars, je propose Une fille des neiges


Et pour le mois d'Avril : le peuple de l'abîme ou Le peuple d'en bas


Dates à préciser ....

dimanche 23 février 2020

La citation du dimanche : La convivialité ou L'absurdité de l’orthographe française



Je suis allée voir un spectacle de théâtre intitulé La convivialité, réquisitoire impitoyable et drôle des absurdités de l'orthographe française. Arnaud Hoedt, Jérôme Piron, belge et québécois,  tous deux anciens professeurs à Bruxelles, sont très sérieux quand ils dénoncent le non-sens de l'orthographe française et montrent que les codes de celle-ci ont été fixés pour assurer le pouvoir d'une classe sociale.  Mais ce qu'ils nous ont amusés ! 
Le spectacle commence par... une dictée et qui s'y colle ? Nous, spectateurs !  Premier éclat de rire !
Puis quand les comédiens se lancent dans la démonstration loufoque des aberrations de  l'orthographe, à l'aide de petits tableaux pour visualiser le manque de logique des règles et des exceptions, de logiciels pleins de malice et de beaucoup d'humour, ils emportent l'adhésion du public ! L'adhésion ? ...  Enfin momentanément !
 En effet, le public, composé dans cette salle d'Avignon, au théâtre des Halles, de trois quart d'enseignants, a beaucoup ri, s'est bien amusé des ridicules de l'orthographe française pendant toute cette brillante démonstration.
Mais... lorsque les auteurs-comédiens lui ont demandé s'il accepterait la modification de l'ortografe de  certains mots, la plupart a levé un carton rouge... moi compris ! Le savez-vous ? Les français ont horreur des réformes ! 

"On se demande souvent comment respecter l'orthographe.  Mais l'orthographe est-elle respectable ?

L'histoire de l'orthographe

La convivialité quatrième de couverture
Jérôme Piron  et Arnaud Hoedt ont envoyé leur livre à  l'Académie française à l'attention de chacun des académiciens. Ils n'ont jamais eu de réponse. Et pour cause : la quatrième de couverture montre l'académie en flammes ! Provocateurs ? Eux ?

"Au XVII siècle, on centralise l’Etat et Richelieu réalise que la langue est un pouvoir. Il crée alors l’Académie française. Elle sera chargée de rédiger un dictionnaire pour fixer la norme.
L’Académie va surtout faire de cette norme la marque de l’appartenance à la bonne société, le « bon usage ».

Dans les cahiers préparatoires de ce dictionnaire, il est indiqué que l’orthographe servira à « distinguer les gens de lettres d’avec les ignorans (sic) et les simples femmes. »" p 66

Il faut attendre le XIX siècle pour que l'orthographe devienne une norme incontournable. C'est la bourgeoisie montante qui lui donne ses lettres de noblesse. Elle revendique une orthographe délibérément compliquée. Dans son édition du dictionnaire de 1835, l'Académie réintroduit le th et ph et des consonnes doubles, dont on s'était pourtant débarrassé."

Quelques exemples parmi tant d'autres


Lisez le livre, ou mieux, allez voir le spectacle,  pour savoir d'où vient le x de cheveux au lieu du s que l'on serait en droit d'attendre, ou l'accord du participe passé quand le cod est placé avant ou après... 

Traditionnellement, la confiture de groseilles prend un s à groseilles parce que, en gros, on aperçoit la forme des fruits. Alors que la gelée de groseille, qui est une masse informe, ne prend pas de s à groseille.

Donc la présence du s dépend du temps de cuisson.


Une institutrice demande à ses élèves de placer des points à l’écrit sous les lettres qui ne se prononcent pas comme dans POIDS.
Une fillette lui dit : Si elles ne se prononcent pas, pourquoi les écrire ?
et son petit camarade rétorque : «  mais si on ne les écrivait pas, on ne saurait pas où mettre les po
ints?  »

"En français on écrit bruit, édit ou crédit avec un t  pour faire bruiter, éditer, créditer mais pas abri.
On écrit dix avec un x qu'on prononce /s/, alors qu'on écrit dizaine avec un z et  un dixième qu'on écrit x et qu'on prononce /z/ "

Qui a dit  ? 

?
 Rendez-vous au bas de la page quand vous aurez trouvé qui a dit ? ! Les portraits des écrivains peuvent vous aider mais ils ne sont pas publiés dans l'ordre.

"L’orthographe, divinité des … sots"  1)

"C’est en vain que nos Josués littéraires crient à la langue de s’arrêter ; les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent.- Voilà pourquoi le français de certaine école contemporaine est une langue morte." 2)

"L’orthographe de la plupart des livres français est ridicule. (…) L’habitude seule peut en supporter l’incongruité."  3)

"Orthographe. Y croire comme aux mathématiques. N’est pas nécessaire quand on a du style." 4)

"Epargnons ce temps si précieux que l’on dépense trop souvent dans les vétilles de l’orthographe, dans les règles de la dictée qui font de cet exercice une manière de tour de force et une espèce de casse-tête chinois." 5)


?
?




1) Stendhal Lettre à Pauline 1804
2) Victor Hugo préface de Cromwell 1827
3) Voltaire dictionnaire philosophique 176
4) Flaubert dictionnaire des idées reçues 1913
5) Jules Ferry discours au congrès pédagogique 1880


mardi 18 février 2020

Paul Vinicius : La chevelure blanche de l'avalanche (2)


Sur les cimes de l’amour

le cri n’a trouvé personne
mais son écho a peigné
pendant une poignée
de secondes-
la chevelure blanche
de l’avalanche
Ferdinand Hodler
Ce vers qui donne son titre au recueil la chevelure blanche de l’avalanche m’a donné envie de connaître Paul Vinicius, poète roumain, traduit par Radu Bata et publié aux éditions Jacques André.
Je ne connais pas du tout le poète aussi ai-je été surprise en cherchant dans Wikipédia pour en savoir un peu plus sur lui de découvrir que la page qui lui était consacrée avait été supprimée par un administrateur roumain au motif que ce poète était peu connu. Je me suis demandée si la censure se cachait sous un justificatif aussi peu convaincant !  Ce n’est pas parce que Paul Vinicius n’est pas connu du grand public qu’il ne l’est pas dans les milieux littéraires comme en témoignent les festivals de la poésie auxquels il participe, les prix qu'il a reçus, les articles de presse, la revue de poésie qu’il dirige, et la traduction de son oeuvre en plusieurs langues. La quatrième de couverture nous apprend qu’il a été interdit de publication en 1987 par la censure communiste. Oui, d’accord, mais maintenant, qu’en est-il ? Je me trompe peut-être mais, de ce fait, je me suis intéressée de plus près en le lisant à ce qui transparaît de ses idées et de sa vision de la société roumaine. Et c’est très difficile de tout comprendre quand on ne sait pas quand les poèmes ont été écrits et s’ils renvoient à des évènements précis. Finalement, je vous livre ce que j’ai ressenti en lisant sa poésie sans plus me poser de questions si ce n’est celle-ci :

Et d’abord quelle est sa conception de la poésie ?

"Non, un poète ne se cache jamais
derrière les murs

Il sort en pleine lumière
parler avec les balles
qui viennent à lui…"

Un poète engagé ? Ce n’est pas le terme que j’emploierai car dans le concept du mot "engagement" entre en compte le désir du poète de servir une idée, de détenir la vérité et de lutter pour elle. Ce qui n’est pas le cas de Paul Vinicius.  Il décrit un pays, son pays, dans lequel  «  tu as beau prendre un sentier lumineux/tu tomberas toujours/ sur la main d’un monsieur kafka/ jouant au Backgammon/ au milieu de la route / avec le chapeau absurde / de monsieur Ionesco. ».  Un pays  absurde?
"Un pays triste
plein de barges voleurs velléitaires et branleurs de succès
de nids de poule et de chaussées
de mauvaises herbes et de verger"
Certes, Paul Vinicius exprime sa colère, une colère qui explose devant la corruption,  l’« orage électoral » qui « frappe à la porte » devant les politiciens véreux, l’hypocrisie  :

« La ville est  pleine de grosses pancartes
de photos avec des idiots
qui nous emmèneront à la tombe"
 
 Et certes, il dénonce, il explose, il s’expose. Mais il n’entre pas dans la lice et même il se met en marge :

 "Je crois que vous et la loi, n’êtes pas sur le
même longueur d’onde »
Je ne l’ai même pas contredit
car je me sentais ainsi cette année-là -1987

Un poisson en moins
dans l’espace  public

un poisson bien décidé de vivre en l’air.

 Un poisson qui ne vit plus dans un aquarium. Paul Vinicius, c’est le refus de rentrer dans le moule, la volonté de ne pas suivre la foule, de pas se soumettre au conformisme de la société. Mais c'est aussi la solitude et l’ennui, les jours qui passent et se ressemblent, l’alcool et la cigarette qui réduisent la durée de la vie mais qu’importe ! Et toujours, la tristesse, «  ma soeur cadette », « un immense écoeurement/ comme un champignon nucléaire/ sur la ville »… Il est celui qui refuse de se « convertir à la vie ».
Dans cette noirceur,  pourtant, quelques trouées de lumière : la poésie se confond avec l’homme pour ne former qu’un et les livres qu’il aime nourrissent sa vie.

« Les jours passent
à côté de moi
comme un chapelet de détenus

bonjour
bonsoir
bonne nuit

 le cendrier
 plein de mégots

le verre vide

et
sur les étagères
les livres qui m’habitent »
Et puis, quelquefois, un moment d’espoir, un souvenir de jeunesse heureux,  l’amour des femmes, d'une femme.

"tout à coup
sans crier gare
un souvenir arrive

il se met au chaud
contre ta poitrine
et commence à ronronner

et le jour ressemble
 à un aquarium 
vide"

 Un style imagé

Edward Hopper
  Ce qui n'empêche pas l'auteur de manier l'humour. J’ai apprécié, par exemple, les moments où fusent les réparties ironiques qui provoquent le rire tout en permettant au poète de régler quelques  comptes  :

A la fille du rayon légumes frais

avec ses 13 kilomètres de gambettes
et un rouge si fort
sur les lèvres courbées
que les URSS te tombent sur la tête

J’ai aimé la beauté surprenante et simple qui émanent  de certaines images

"et tu es tellement belle quand tu dors
que j’ai de plus en plus sommeil de toi »

"Il y a pourtant des champs
de coquelicots
d’où
bleue
la poésie
s’élève comme une montgolfière"

« et toujours cet oiseau de plâtre
 la fatigue
qui se niche doucement
 dans la cage de tes os »

Et si, parfois, quelques-unes de ces poésies ne m'ont pas touchée ou si je n'ai pas aimé certaines images moins réussies, j’ai goûté ce recueil, j'ai été sensible à cette tristesse qui prend dans ses filets, et qui fait lever des images récurrentes et lancinantes comme celles de l’aquarium et des poissons, liées à l’enfermement, à l'effacement des sons et des couleurs, images d’une vie qui ressemble fort à la mort comme dans un tableau d'Edward Hopper,  et « que traversent des poissons aux grands yeux et aux ailes translucides. »


en savoir plus sur Paul Vinicius : voir article ici

Paul Vinicius galerie photo lien ici

Poète, dramaturge, journaliste et essayiste, Paul Vinicius est diplômé de l’École Polytechnique de Bucarest et docteur ès lettres. Cette double performance universitaire est la partie visible de son parcours surprenant ; il a exercé de nombreux métiers, jobs, sports, avant de se dévouer à l’écriture. Champion de boxe junior et karatéka ceinture noire, il a travaillé comme manutentionnaire, maître-nageur sur la côte de la Mer Noire, détective privé, pigiste, correcteur, rédacteur pour plusieurs journaux de la presse nationale et, dernièrement, pour la maison d’édition du Musée de la Littérature roumaine.
Après avoir été interdit de publication en 1987 par la censure communiste, il renonce à sa carrière d’ingénieur et sa biographie suit les soubresauts de la démocratie survenue fin décembre 1989, à la recherche d’un nouveau départ, d’une nouvelle ivresse.
Ses poèmes ont été régulièrement publiés à partir de 1982 par les revues littéraires. Beaucoup ont été traduits et publiés dans des anthologies. Il est lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux de poésie. Dernier en date : le Prix du Public au Salon du Livre des Balkans en 2017.



Merci à Masse critique et à Jacques André éditeur

dimanche 16 février 2020

La citation du dimanche : Paul Vinicius, poète roumain, la chevelure blanche de l'avalanche (1)

Marc Chagall
Je suis en train de lire un recueil de poèmes de Paul Vinicius, poète roumain, envoyé par Masse critique et les éditions Jacques André, dont le titre m'a attirée : La chevelure blanche de l'avalanche. En attendant de le commenter, car lire des poésies prend du temps, je publie ici cette Rose des vents que j'aime beaucoup. 

Rose des vents

aujourd'hui j'ai vu une goutte de pluie
dans laquelle habitait une forêt.

une fille traversait cette forêt
elle avait les yeux verts et chantait

entre les collines de ses seins
serpentait un train bleu

j'étais dans ce train
je regardais par la fenêtre sa peau de velours
j'écoutai sa musique

les autres voyageurs ne voyaient
qu'une pluie morose
des ombres erratiques
et un vieillard qui faisait la manche
sous un ciel de cuivre