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mardi 5 novembre 2013

Visite à Paris : L'exposition Braque au grand Palais

Georges Braque : l'oiseau et le nid

Que ce soit dit, je n'aime pas beaucoup le cubisme (sauf exception) et je n'aime pas Braque cubiste. Mais je voulais voir l'exposition qui lui est consacrée car je pense que l'on ne connaît vraiment un artiste que lorsqu'on a vu une rétrospective de lui qui permet d'appréhender son oeuvre dans le temps et de découvrir d'autres facettes de son talent. Ce qui a été le cas pour Georges Braque!


Georges Braque devant son oiseau

L'exposition suit un ordre chronologique qui a le mérite de nous montrer l'évolution du peintre au cours des années.  On peut cependant regretter le manque de mise en perspective de son travail par rapport à celui des artistes de son temps. Nous savons qu'il a été influencé par Cézanne, qu'il a travaillé avec Picasso, qu'il a mené des recherches similaires à celles de Matisse mais nous ne le voyons pas. C'est frustrant!

La première salle est consacrée à sa période fauviste et si j'avais déjà vu quelques tableaux de lui à cette époque je n'en avais jamais rencontré autant : un éblouissement de couleurs qui rendent bien les paysages ensoleillés du midi, le port de  l'Estaque. C'est là que l'on se rend compte qu'il est un coloriste de génie. Toutes ces images irradient la lumière. 

Georges Braque : L'Estaque période fauviste

Vient ensuite la grande découverte de Cézanne dont il voit une rétrospective en 1907 qui l'influence grandement. Il retourne à l'Estaque sur les traces du Maître; sa vision s'est transformée; c'est le début du cubisme.

Paul Cézanne : l'Estaque (le tableau ne figure pas dans l'exposition)


Georges Braque : Le Viaduc à l'Estaque

Commence alors la période cubiste, travail qu'il mène en même temps que Picasso qu'il a rencontré en 1907 et dont il a admiré Les demoiselles d'Avignon et parfois avec lui. Il commence ensuite à travailler avec des papiers collés. Evolution du cubisme analytique au cubisme synthétique : voir tableaux ci-dessous. La recherche intellectuelle sur l'espace, la reconstruction mentale du paysage, la géométrisation des formes est passionnante; je suis admirative mais je n'éprouve aucune émotion. C'est pour moi une peinture cérébrale, une peinture volontairement froide, d'autant plus que sa palette s'assombrit et qu'il supprime les couleurs vives jugées comme anecdotiques.  

Georges Braque : cubisme analytique

Georges Braque : nature morte : cubisme synthétique

Mais dans les années 30-40,  je préfère de beaucoup la période grecque qui suit et aussi ses sculptures...


Georges Braque : Héraclès (1931)

Georges Braque : sculpture

... et surtout  la série de ses oiseaux épurés des années 50-60, aux formes simplifiées à l'extrême -tout le contraire de sa période cubiste-, étirant leurs longues ailes dans le ciel, aux couleurs unies et tranchées, les bleus, les blancs, noirs, images pures qui me procurent par le mouvement et l'absence apparente d'effort dans ce mouvement une sensation de liberté et de spiritualité.  j'aime le Braque des oiseaux!


Georges Braque : A tire d'aile (1956_1961)

Quand dans sa dernière période avant sa mort en 1963  il revient plus ou moins au figuratif, proche pourtant de l'abstraction, il peint des tableaux de paysage tout en longueur, jouant sur l'empâtement, comme pour donner l'impression de la matière, de la terre épaisse sous nos yeux. Ainsi La charrue est l'un des tableaux de l'exposition que j'ai beaucoup aimé.




Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
- See more at: http://www.2-french.com/2013/10/exposition-georges-braque-grand-palais-paris/#sthash.y6knmKE9.dpuf
Exposition Georges Braque
Du 18 Septembre 2013 au 06 Janvier 2014
Grand Palais, Paris
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
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dimanche 3 novembre 2013

Giuseppe Tomasi Lampedusa : Le Guépard


Les gagnants de l'énigme n° 74 sont : Aifelle, Asphodèle, Dasola,Dominique de A sauts et à gambades, Dominique de Nuages et vents, Kathel, Keisha, Miriam, Nathalie, Shelbylee, Somaja.; bravo à toutes!

Les réponses : Le guépard de Giuseppe Tomasi Lampedusa et Le Guépard de Visconti


Giuseppe Tomasi, duc de Palma, de Montechiaro, prince de Lampedusa est né à Palerme en 1896. Il meurt en Rome en 1957, un an avant la parution de son livre Le Guépard, d'abord refusé par les éditeurs, et qui fut publié à titre posthume.
Dans Le Guépard Lampedusa raconte l'histoire de sa famille et plus précisément de son arrière-grand-père, Giulo Fabrizio di Lampedusa qui lui inspire le personnage de son livre Don Fabrizio Salina, prince sicilien. Les armes de son aïeul était un lion léopardé que Lampedusa transforme en guépard d'où le titre du roman devenu depuis un classique.
L'adaptation du livre par Visconti avec Burt Lancaster dans le rôle du prince, Alain Delon dans celui du neveu Tancredi et Claudia Cardinale incarnant Angelica, la fille du paysan enrichi, Don Calegaro, devenu notable, a encore accru la renommée de l'oeuvre littéraire.
Le récit divisé en huit parties, commence en 1860 et s'étend sur plusieurs années pendant le Risorgimento qui vit les troupes garibaldiennes combattre en Sicile et l'unification de l'Italie. La mort du prince survient en juillet 1883. En Mai 1910, on retrouve les filles du prince, dont Concetta qui a été amoureuse de Tancredi, dans leur palais de Salina.

La fin d'un monde

Burt Lancaster dans le rôle de don Fabrizio Salina
Ce qui intéresse Lampedusa aussi bien que Visconti c'est la peinture d'une société aristocratique en pleine décadence, consciente de sa fin et qui voit avec une certaine nostalgie disparaître un monde fondé sur des valeurs qui lui sont chères, catholicisme, fidélité au roi, ordre social, honneur et conscience de la grandeur de la noblesse. C'est pourquoi le récit est toujours placé sous le point de vue du prince jusqu'à sa mort. Mais Don Fabrizio a vite compris que ce changement était inéluctable et il ne va rien faire pour l'en empêcher. Bien au contraire, il va soutenir son neveu Tancredi qui se place du côté des révolutionnaires car dit-il, "il faut que tout change pour que rien ne change".
Si nous ne sommes pas là nous non plus, ils vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change.
Autrement dit, il faut être du côté de ceux qui vont posséder le pouvoir après la révolution et qui remplaceront les autres. La noblesse doit s'adapter, quitte, s'il le faut, à faire alliance avec eux : c'est pourquoi Tancredi avec l'aide du prince épousera la riche Angelica qui, en échange du titre de princesse, lui apportera la fortune de son père. Le pouvoir n'est plus celui de la noblesse du nom mais celui de l'argent, l'idéal étant de posséder les deux. Tancredi fera une longue carrière politique par la suite.

La mort

Tancredi (Alain Delon) et Angelica (ClaudiaCardinale) visitant le palais du prince

La décadence de la race, la fin d'un époque, sont étroitement associées à l'idée de la mort, toujours présente dans le roman.  Allégorique. Dès le début, la mort prend une forme hideuse et repoussante avec le cadavre du soldat venu mourir, les entrailles à l'air, dans le jardin du prince, manque de goût le plus évident. Une fin absurde pour le roi et pour une classe qui ne se soucieront jamais de lui si ce n'est parce qu'ils sont dérangés par la puanteur de cette mort. Allégorie d'une classe sociale, le peuple, qui sera toujours le perdant.

On n'avait plus parler du mort, en effet; au bout du compte, les soldats sont des soldats justement pour mourir en défendant le roi. Mais l'image de ce corps éventré réapparaissait souvent dans ses souvenirs comme si elle demandait qu'on lui donne la paix de la seule manière possible pour le Prince : en dépassant et en justifiant son extrême souffrance par une nécessité générale. Parce que mourir pour quelqu'un ou pour quelque chose d'accord, c'est dans l'ordre des choses; il faut pourtant savoir pour qui ou pour quoi on est mort

Métaphorique : Quand Tancredi et Angelica, avant leur mariage, visitent les partie abandonnées du vaste palais de Salina avec ses fresques, ses dorures ou ses stucs gagnés par l'humidité, la moisissure, ses meubles décrépits, ses tentures de soie déchirées, tachées, ses pièces vides qui gardent le souvenir de tortures et de sang, qui semblent la proie des fantômes…
 Au cours du bal dans la sixième partie, la mort symbolique du prince et de la société apparaît : le prince pris d'un malaise, se met à part et observe les jeunes femmes qu'ils trouvent laides, "incroyablement petites", il les compare à des guenons, les hommes ne débitent que des platitudes; il voit en eux la dégénérescence de sa race. Un instant l'invitation d'Angelica et la danse qu'il partage avec elle, la sensualité qui émane d'elle, lui redonne l'impression d'être jeune. Mais une impression éphémère..  il est à noter d'ailleurs que Visconti arrête son film à ce moment-là car tout est dit. Le bal est d'ailleurs l'apogée du film, un moment cinématographique inoubliable et l'interprétation de Burt Lancaster est sublime et pleine d'émotion contenu mais palpable..

Dans le roman, le bal est la mort annoncée du prince. Mais sa mort survient ensuite dans la septième partie qui lui est entièrement consacrée. Enfin, c'est dans la huitième partie, vingt et un ans après la disparition du prince, que sonne réellement et définitivement le glas de la famille Salina, avec la dépouille naturalisée de Bendico, son chien bien-aimé.   Concetta qui l'avait conservée jusque là comme une relique décide de s'en débarrasser : 

Quelques minutes plus tard ce qui restait de Bendico fut jeté dans un coin de la cour que l'enleveur de la voirie visitait chaque jour : au cours de son vol par la fenêtre sa forme se recomposa un instant : on aurait pu voir danser dans l'air un quadrupède à longues moustaches et la patte droite antérieure semblait lancer une imprécation. Puis tout s'apaisa dans un petit tas de poussière livide.

La Sicile
La Sicile tient bien sûr un grand rôle dans le roman. Elle est  à l'image du prince, magnificente dans sa grandeur et sa beauté,   mais immuable, incapable d'évoluer. Ses richesses sont des témoins de civilisations disparues, c'est une terre qui englue celui qui y vit, elle porte la mort en elle, le passé y paraît pétrifié. La langue de Lampedusa se fait sensuelle, lourde, chargé d'odeurs et de chaleur pour l'évoquer.

Cette violence du paysage, cette cruauté du climat, cette tension perpétuelle de tout ce que l'on voit, ces monuments du passé, magnifiques mais incompréhensibles, parce qu'ils sont construits par d'autres et se dressent autour de nous comme des fantômes grandioses et muets ; tout ces gouvernements débarquant en armes d'on ne sait où, immédiatement servis et détestés, toujours incompris, ne se manifestant que par des œuvres d'art énigmatiques pour nous et par des impôts qui vont grossir ailleurs des caisses étrangères ; tout cela, oui, tout cela a formé notre caractère, qui reste ainsi conditionné par les fatalités extérieures autant que par une terrifiante insularité.

L'amour

Don Fabrizio et Angelica : la dernière valse

L'amour entre Tancredi et Angelica s'étale au grand jour avec la bénédiction du prince; il s'agit surtout de sensualité, de désir et non de sentiment profond. Angelica est trop ambitieuse pour se donner entièrement même à Tancredi qui lui plaît pourtant; Tancredi est ébloui par la beauté de la jeune fille mais il ne perd jamais de vue qu'elle a une dot fabuleuse. Mais il y a deux sentiments amoureux qui restent cachés, refoulés. Celui de Concetta qui aime son cousin Tancredi et est sacrifiée par son père qui préfère son neveu Tancredi à tous ses autres enfants et favorise le mariage avec Angelica au détriment des sentiments de sa propre fille. Et l'amour du Prince pour Angelica qui apparaît (encore une scène fantastique due au talent de Burt Lancaster) au moment du bal quand la jeune fille vient l'inviter à danser.

*

Angelica, Le prince, Tancredi

Un roman passionnant, tellement riche que l'on ne saurait l'épuiser! Le prince de Lampedusa, noble hautain et fier de sa race, colérique et dominateur, mais aussi intelligent et humain parce que toujours en proie au doute, est contre toute attente    attachant (pourtant il incarne pour moi toutes les valeurs que je n'aime pas); la nostalgie dans laquelle baigne le roman; la connaissance de la Sicile, de ses paysages mais aussi de son caractère intime, de ses types façonnés par le climat et la misère; le fond historique, houleux, vague impétueuse où tout semble basculer, où le peuple peut enfin concevoir des espérances qui  seront vite étouffées dans l'oeuf par les classes dirigeantes; l'humour qui par éclairs fugitifs semble contrebalancer la mort toujours présente; la nostalgie où baigne le roman, tout, je dis bien tout, fait de ce roman un chef d'oeuvre. Vous n'avez pas lu ? faites-le vite!



Samedi 9 Novembre l'énigme du samedi Un livre/un film aura lieu chez Eeguab

Challenge italien chez Nathalie



samedi 2 novembre 2013

Un livre/un film : Enigme 74




Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?
Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3 ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. 


Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
Le samedi 9 Novembre l'énigme aura lieu chez Eeguab

Enigme 74

Ce roman italien est paru à la fin des années 1950. Il est le seul roman écrit par cet auteur. Il raconte l'histoire d'une grande famille  de la noblesse au moment du Risorgimento. 

 La récitation quotidienne du Rosaire était finie. Pendant une demi-heure la voix paisible du Prince avait rappelé les Mystères Douloureux; pendant une demi-heure d'autres voix entremêlées, avaient tissé un bruissement ondoyant d'où s'étaient détachées les fleurs d'or des mots accoutumés : amour, virginité, mort; et pendant que durait ce bruissement le salon rococo semblait avoir changé d'aspect; même les perroquets qui déployaient leurs ailes irisées sur la soie de la tenture avaient paru intimidés; même la Marie-Madeleine, entre les deux fenêtres, ressemblait d'avantage à une pénitente qu'à une belle grande blonde, perdue dans on ne sait quels rêves, comme on la voyait toujours.

vendredi 1 novembre 2013

Un Livre/un film : Rendez-vous demain samedi 2 Novembre pour l'énigme du samedi




je vous rappelle que demain est le premier samedi du mois (2 Novembre) donc le jour de notre rendez-vous pour le Jeu : Un livre/un film Enigme 74
Samedi prochain 9 Novembre, deuxième du mois, l'énigme aura lieu chez Eeguab.

jeudi 31 octobre 2013

Visite à Paris : Désir et volupté à l'époque victorienne au musée Jacquemart

La boule de cristal de  John W. Waterhouse : le moyen-âge est remis à l'honneur par les préraphaélites
Je suis à Paris depuis Mardi 29 octobre. Ma première exposition  a été pour les peintres de l'époque victorienne au musée Jacquemart, artistes préraphaélites ou leurs héritiers. Ces oeuvres de la fin du XIX siècle en Angleterre sous le règne de la reine Victoria est une réponse au puritanisme et à la rigidité des moeurs anglaises à cette époque. La femme y est peinte libérée du corset et des vêtements qui l'emprisonnent, le corps dénudé ou revêtu de tissu transparent, souple, offert au regard d'où le titre de l'exposition :  Désir et volupté à l'époque victorienne. Le peintres préraphaélites y figurent ainsi que ceux de l'Aesthetic Movement à partir des années 1870, mouvement influencé par le préraphaélisme et précurseur du symbolisme et même de certaines figures de l'Art nouveau.  Tous ces peintres célèbrent la beauté féminine dans une quête esthétique idéalisée.

Crenala, la muse de la rivière de Frederic  Lord Leighton

j'avoue que j'ai été un peu déçue de ne pas y voir les tableaux des préraphaélites que j'attendais (les héroïnes de Shakespeare) mais l'erreur vient de moi. En fait sont réunis pour cette exposition les oeuvres d'une collection privée Perez Simon offrant une rétrospective de l'art britannique depuis les années 1860.  je ne pouvais donc y trouver les peintures du début des péraphaélites des années 50. 
D'autre part j'ai parfois un peu de mal avec ce mouvement esthétisant, qui me paraît souvent trop gracieux, trop maniéré, trop peu naturel... Et un peu hypocrite aussi quand l'art exalte la femme alors qu'on lui refuse le statut d'être humain et qu'on la considère juridiquement comme une éternelle mineure!
Pourtant certains tableaux sont très représentatifs du genre et et certains peintres y affichent leur goût de l'Antique, la Grèce fantasmée, devenant une référence esthétique : 

Jeunes filles grecques ramassant des coquillages sur la plage de Frédéric Lord Leighton (1882) La Grèce

Sir Lawrence Alma-Tadema : les roses d'Héliogabale (1888) Rome

Sir Lawrence Alma-Tademaraconte ici un épisode de la Rome antique. Héliogabale, jeune empereur romain,  étouffe sous une pluie de fleurs les courtisans invités au banquet qui meurent étouffés.

Mes deux peintures préférées

Fatima de Sir Edward C. Burne-Jones

"Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s’y arrêta quelques temps, songeant à la défense que son mari lui avait faite et considérant qu’il pourrait lui arriver malheur d’avoir été désobéissante ; mais la tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef et ouvrit en tremblant la porte du cabinet". C’est cet extrait de Barbe bleue, le fameux conte de Charles Perrault, que Burne-Jones choisit ici d’illustrer. À l’instar d’une adaptation théâtrale anglaise de 1798, l’histoire se trouve transportée en Turquie et l’héroïne, dernière femme du monstre, prend le nom de Fatima.

 
La mer enchantée de Henry A. Payne
1899

Quelle scène étrange et féérique, digne des "mille et une nuits"…! L’espace sans perspective, les couleurs et les personnages évoquent dans leurs traitements l’art du vitrail qu’affectionnait tout particulièrement Henry Arthur Payne. Impression renforcée par le contraste des roses, des oranges et des verts sombres. Une vision médiévale s’impose, à travers le paysage et les tissus précieux. La coiffe complexe de la jeune femme, appelée hennin, rappelle la mode gothique des Pays-Bas.

L’inspiration du peintre Henry Arthur Payne provient là encore d’une source littéraire : "The shaving of Shagpat", un conte de George Meredith. Deux héros y luttent contre l’hégémonie d’un tyran. Payne choisit le moment où une enchanteresse s’enfuit à l’approche d’un des deux héros. Elle s’installe dans une coque et se lance sur une mer enchantée, où des corps de femmes la suivent au gré des flots, et où des hommes ensorcelés l’observent de leur bateau. Le visage inquiet de la jeune femme trahit son anxiété à l’idée d’être poursuivie, alors qu’elle ne veut pas être vue des hommes... Un faucon se trouve à ses côtés. Il signale la présence invisible du héros, qui a réussi à s’accrocher à la frêle embarcation.


Présentation de l'exposition sur le site du musée : Les peintres Lawrence Alma Tadema, Edward Burne Jones, John William Godward, Frederick Goodall, Arthur Hughes, Talbot Hughes, Frederic Leighton, Edwin Long, John Everett Millais, Albert Moore, Henry Payne, Charles Edward Perugini, Edward John Poynter, Dante Gabriel Rossetti, Emma Sandys, Simeon Solomon, John Strudwick, John William Waterhouse et William Clarke Wontner, emblématiques de cette période victorienne, sont représentés à cette occasion.

Musée Jacquemart-André
du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014
Exposition "Désirs & Volupté à l'époque
Horaires
Le Musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturnes tous les lundis et samedis jusqu'à 20h30.




lundi 28 octobre 2013

Glaz N° 2 sur le thème du Voyage : vous pouvez participer...



Le premier numéro de Glaz, le magazine de Gwenaelle, était sur le thème de l'insomnie. Le second numéro trimestriel en préparation pour le mois de décembre explore le thème du Voyage. Voilà qui a de quoi nous faire rêver!

voir  :  http://issuu.com/gwen29/docs/glaz_n__1_automne_2013

vous pouvez y participer en envoyant avant le 17 Novembre :

des articles en lien avec le thème  :  Récits de voyage, Livres, Expos, Extraits de vos carnets de voyage etc...

 des photos de vos voyages (en France ou dans le monde) accompagnées d'un commentaire ne dépassant pas 200 mots.

En écrivant un texte sur le voyage commençant par les vers de Henri Michaux, extraits du poème Clown.

Un jour
Un jour peut-être
Un jour, j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers

Vos participations sont à envoyer à Gwen à glazmagazine@gmail.com

Pour de plus amples informations sur les conditions de participation allez voir à l'adresse suivante
http://glazmag.wordpress.com/



Mon voyage à New York : Central Park

samedi 26 octobre 2013

Martine Mairal : L'Obèle Un hommage à Montaigne (citation)

Récit de la rencontre entre Montaigne et Marie de Gournay

Je suis en train de lire L'Obèle de Martine Mairal.  Le livre raconte la rencontre  exceptionnelle entre Montaigne et sa "fille d'alliance", Marie de Gournay, jeune lectrice et admiratrice de l'auteur des Essais, lettrée et savante,  dont il fit  la dépositaire de son oeuvre.
Je vous parlerai plus longuement de cet ouvrage lorsque je l'aurai fini mais en attendant  je publie cet extrait en forme d'hommage à la langue de Michel De Montaigne.

Marie de Gournay

C'est ainsi que Marie de Gournay rend hommage aux Essais :

Et voilà que parmi les livres, il en était un qui parlait à mon esprit avec une limpidité et une force jamais éprouvées, qui ordonnait les lignes de ma raison avec une évidence bouleversante, et disait sans vert le bonheur de réfléchir, d'être doué de conscience. Avant même que de m'en approcher, je me pris de passion pour ces Essais écrits dans une langue vigoureuse et précise. Une langue vivante et bondissante sur les sentiers de la pensée avec la souplesse d'un bel animal dont le moindre mouvement est dicté par un sens très sûr de la nature. Ce que d'aucuns croient sauvage et primitif et qui est de fait libre et inspiré. Une langue de Babel, capable de forger les mots qui lui font défaut, de modeler en quelques syllabes puissantes l'allégorie d'une idée, de faire surgir la sonorité du monde au creux du verbe.

Les Essais. Jamais plus sacrilège qu'aujourd'hui* d'oser en faire l'éloge. Au moment où notre langue se vertagudine et se fige dans une rigueur désolante, toute semblable à un hiver tardif qui givre les promesses du renouveau trop tôt venues et navre gravement les récoltes à venir, plus me plaît encore à évoquer l'élan, la verve, l'ivresse étymologique, l'arcature rhétorique, la puissante conception, la force et la jubilation de cette écriture...

Michel de Montaigne


* Au XVII siècle.  Marie Gournay, beaucoup plus jeune que Montaigne, a "tourné" le siècle et est passée du XVI siècle au XVII où sous l'autorité de Richelieu, fondateur de l'académie française, la langue s'est codifiée et rigidifiée.

Merci à Dominique du blog A sauts et à gambades de m'avoir fait découvrir ce livre ICI

mercredi 23 octobre 2013

Où les marionnettes ne sont pas que pour les enfants...

Le Cid de Corneille, marionnette d'Emilie Valantin

Le livre L'art vivant de la marionnette de Christian Armengaud que je vous ai présenté hier m'a rappelé quelques spectacles de marionnettes que je ne résiste pas à vous présenter,  vus dans le cadre du festival d'Avignon.  De très belles émotions toujours vivantes qui prouvent que les marionnettes ne sont pas que pour les enfants!


 Le Cid de Corneille par Emilie Valantin

Le Cid et Chimène, marionnettes de glace de Emilie Valantin

Je viens de retrouver deux photographies sur le site de la Compagnie d'Emilie Valantin qui m'ont permis de me rémémorer toute la magie de ce magnifique spectacle de marionnettes -éphémères- puisque façonnées dans la glace, spectacle auquel j'ai assisté en 1996 au festival In d'Avignon.  Le souvenir est lointain mais vivace. Les marionnettes de glace très belles, irréelles, ont la taille de personnages adultes (je crois! dans mon souvenir elles sont très grandes) et sont manipulées par des acteurs cachés. On oublie vite leur apparence étrange, leur visage, leurs membres transparents,  et l'on se laisse emporter par ces êtres fantastiques et pourtant si proches de nous. Avec la chaleur, en plein mois de Juillet à Avignon, les marionnettes fondent. Un bras de détache au milieu d'une tirade, ou un nez, une jambe; c'est comique, on rit mais c'est un rire nerveux parce que l'on a l'impression, pris par le spectacle, l'histoire et les vers cornéliens, que l'on assiste en direct à la mort d'un être vivant, que les personnages issus d'un autre siècle, tels des fantômes, s'effacent peu à peu devant nous. D'où la nostalgie... d'où la poésie.

Imomushi de Edogawa Ranpo  

Imomushi (chenille en japonais) de la compagnie Pseudonymo Théâtre
Imomushi d'après une nouvelle de  Edogawa Ranpo, mise en scène par David Girondin Moab de la Compagnie Pseudonymo Théâtre présentait un spectacle de marionnettes contemporain pour adultes.  L'histoire est simple, dépouillée  : Le lieutenant Sunaga a été blessé à la guerre mais les "miracles" de la médecine militaire l'ont maintenu en vie alors qu'il n'a plus de bras et de jambes, qu'il est muet, le visage défiguré, le corps tordu par la souffrance. Sa femme le veille depuis trois ans avec un "dévouement exemplaire"  selon les propos du général qui  a eu le jeune homme sous ses ordres.
La marionnette, le mari, est une sorte de mort-vivant qui ne peut exprimer ses sentiments, sa colère, sa jalousie, qu'en tapant la tête contre le lit. Son corps tronqué, monstrueux, emmailloté comme un nouveau-né, est semblable à cette chenille (imomushi en japonais) que l'on voit dès le début de la représentation, rampant sur une branche dans une difficile ascension, échappant à sa chrysalide pour mieux être précipitée dans un puits, allégorie de la vie et de la mort figurant ainsi l'éphémère destinée du  lieutenant Sunaga.

 Spartacus, Théâtre de la Licorne

Spartacus : Combat du lion et du gladiateur



 L'histoire de Spartacus se déroule dans une structure de métal qui reproduit un cirque romain, avec sa piste ovale, son arène où vont avoir lieu devant la plèbe assoiffée de sang (nous, les spectateurs!) de féroces combats de gladiateurs et des courses de chars miniatures. Nous sommes transportés à l'ère romaine et nous assistons au spectacle du théâtre La Licorne dirigé par Claire Dancoisne où l'objet animé, créé à partir de bouts de ferraille, de plaque métallique, de papier mâché, de cartons, est au centre de la magie théâtrale. Les gladiateurs, de frêles créatures de métal manipulés à vue par des comédiens affrontent courageusement des ennemis d'une taille gigantesque, monstrueux éléphant construit avec toutes sortes de pièces de récupération, lion dont le masque d'acier à la mâchoire redoutable s'apprête à se refermer sur la victime et dont l'échine formé par le corps souple de deux comédiens imite à se méprendre la démarche sinueuse du félin.


    Roméo et Juliette, Théâtre Mu

 
Roméo et Juliette, marionnettes en bouchons de liège

Ce spectacle du Théâtre Mu animé par Yvan Pommet présente Roméo et Juliette (et oui Shakespeare!) avec des personnages créés à partir de bouchons de champagne. Un pièce qui allie humour et émotion et où les amants de Vérone en forme de bouchon sont tout à fait convaincants. Si la pièce est s'adresse volontiers aux enfants en mettant à leur portée cette belle histoire d'amour, elle procure un grand plaisir à tout adulte doué d'imagination!


Chez Eimelle




mardi 22 octobre 2013

Le dernier bilan du challenge breton




DERNIER BILAN

Le challenge breton s'arrête! Après un an et des poussières, il est temps de faire le dernier bilan et de voir les livres que nous avons lus ensemble. Si j'ai oublié des titres, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je me rends compte que j'ai été mal informée de vos liens à cause d'une défaillance de mon blog et je n'ai pas toujours été avertie de vos publications.
D'autre part, j'ai supprimé les noms de ceux qui, inscrits, n'ont pas pu participer mais en cas d'erreur, tirez-moi les oreilles (pas trop, pourtant!)

A découvrir aussi des photos sur l'art, les paysages bretons, les villes et des rencontres entre blogueurs

Elora : les enclos paroissiaux


Wens : Les enclos paroissiaux
            Rencontres à Dinan : il n'y a plus de saison..
            Rencontres à Douarnenez : autour d'un kouign-Amann

Claudia Lucia : Becherel la cité du livre en Bretagne
                          Dinan (rencontre entre blogueurs)
                          Douarnenez : (Rencontres entre blogueurs)
                          Perros Guirec et la côte de granit rose

Nathalie : Humeur du samedi-manche : on va se promener

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 LECTURES COMMUNES sur le challenge breton

Il y a eu deux lectures communes sur le thème de la ville imaginaire avec la légende de la ville d'Ys.  Aymeline, Miriam et claudialucia y avons participé  :  La légende d'Ys de Charles Guyot et  Ys, le monde englouti de Gabriel Jan

et

Une autre LC sur Ernest Renan : souvenirs d'enfance et de jeunesse : Nathalie et claudialucia

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A propos de la littérature bretonne :

George Sand disait en parlant des écrivains bretons : Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, naïf, tout est là! En vérité aucun de ceux qui tiennent une plume ne devrait  rencontrer un breton sans lui ôter son chapeau."

et Michel Lebris écrit : " Que serait un voyage sans le livre qui l'avive et en prolonge la trace - sans le bruissement de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l'enfance, qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes !


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Aifelle

 L'île des beaux lendemains de Caroline Varmalle







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Aymeline

La légende d'Ys de Charles Guyot

Ys, le monde englouti de Gabriel Jan



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Clara

Fabienne Juhel : les oubliés de la lande

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Claudialucia


  1. Remorques, Roger Vercel (Brest)
  2. Les noces noires de Guernaham, Anatole le Braz
  3. Le sang de la sirène, Anatole le Braz (Ouessant)
  4. La fée des grèves, ( 1) , Paul Féval (Bretagne et Normandie : autour du Mont Saint Michel)
  5. La fée des grèves Paul Féval ( 2) (Bretagne et Normandie : autour du Mont Saint Michel)
  6. Le gardien du feu Anatole Le Braz 
  7. La tour d'amour de Rachilde 
  8. Ys, le monde englouti de Gabriel Jan  
  9. La légende de la ville d'Ys de Charles Guyot
  10. Marcof le Malouin  de Ernest Capendu 
  11. Sophie de Tréguier de Henri Pollès 
  12. Le gardien du feu de Anatole LeBraz 
  13. Becherel la cité du livre en Bretagne
  14. Dinan (rencontre entre blogueurs)
  15. Ernest Renan : la vérité sera un jour la force
  16. Perros Guirec et la côte de granit rose
  17. René Guy Cadou : L'enfant précoce (poème)
  18. Félicité Lamennais : le plus puissant de tous les leviers...(citation)
  19. Bretagne les enclos paroissiaux(2)
  20. Bretagne les enclos paroissiaux (1)
  21. Jean-Pierre Boullic : Iroise (poème)
  22. Douarnenez : Rencontres entre blogueurs
  23. Eugène Guillevic : Je connais l'étrange variété du noir (poème)
  24. Anatole Le Braz : Chanson pour la Bretagne :( poème)
  25. Ernest Renan : souvenirs d'enfance et de jeunesse
  26. François René de Chateaubriand : Sur les traces de Chateaubriand de Saint Malo à Combourg

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Elora

Présentation du challenge
Les enclos paroissiaux

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Eeguab






Le Tempestaire de  Jean Epstein  : Alors la mer se calma

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Lystig

La trilogie de L'auberge du bout du monde





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Mazelannie

1. Le championnat d'insultes en breton






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Mireille chez Claudialucia

Jean-Marie Deguignet : Mémoires






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Miriam






1. La fée des grèves Paul Féval
2. Le gardien du feu Anatole Le Braz 
3 Ys, le monde englouti de Gabriel Jan
4. La légende de la ville d'Ys de Charles Guyot 
5. Les demoiselles de Concarneau de Simenon 

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Nathalie
Humeur du samedi-manche : on va se promener

Les chouans de Honoré de Balzac

Ernest Renan : Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Gustave Flaubert et Marcel Du Camp, Nous allions à l’aventure, par les champs et par les grèves


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Oncle Paul








  1. Les Loups de la Terreur, Béatrice Nicodème (Brocéliande)
  2.  Le Réveil des Menhirs, Gabriel Jan
  3. Ys, le Monde englouti, Gabriel Jan  (Douarnenez?)
  4. Les Filles de Roz-Kelenn, Hervé Jaouen
  5.  Ceux de Ker-Askol, Hervé Jaouen 
  6.  Flora des Embruns Hervé Jaouen
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Wens

1. Remorques de Grémillon d'après Vercel (Brest)
 2. Les enclos paroissiaux (Cornouailles et Léon)
 3. Le chien jaune de Simenon (Concarneau)
 4. Nuits assassines à Paimpol de Michèle Corfdir (Paimpol)