La baie de Somme est située sur le littoral de la Picardie et s'étend sur 70 km2. Elle est d'une grande richesse écologique notamment en tant que haut lieu ornithologique.
La baie de Somme est située entre la pointe du Hourdel au sud et la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont au nord. La Somme, fleuve côtier qui a donné son nom au département, se jette dans la Manche à cet endroit.
La baie est principalement constituée de deux milieux :
• la slikke, zone de vasières, recouverte par la mer deux fois par jour,
• le schorre ou « mollières » qui est couvert par la mer seulement lors des grandes marées.
Elle est constituée de deux estuaires emboités :
• celui de la Somme au sud, et
• celui de la Maye, petit fleuve côtier, au nord.
Elle est cependant menacée d'ensablement et les premiers symptômes sont déjà visibles. (Wikipédia)
Le Crotoy : au nord de la baie de Somme
Hier, j'ai fait à pied une excursion au Crotoy,
charmant petit port vis-à-vis St-Valéry, à l'embouchure de la Somme. Au
moment où j'arrivais, c'était le départ des barques, chose toujours
admirable et toujours nouvelle. Toutes les voiles, dessinées nettement
par les angles, s'enlevaient en noir sur le ciel et sur la mer qui
éblouissaient. (Victor Hugo France et Belgique (1837, Lettre XII, Du Tréport, 6 septembre)
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Hôtel des Tourelles |
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A
côté des petites maisons de pêcheurs du Crotoy se dressent de belles et
riches maisons dont l'hôtel des Tourelles emblématique de la ville.
L'église Saint Pierre
La Somme, canalisée de nos jours, se jette dans la Manche et le contraste entre la petite rivière et son immense estuaire est saisissant. La baie offre une vue grandiose C'est le combat entre la mer qui cherche à gagner les terres et la rivière qui en apportant des alluvions envase la baie. Tout est spectaculaire, somptueux : Le jeu des lumières et des couleurs toujours changeantes, les formes des nuages qui varient sans cesse, les oiseaux en grand nombre (Je ne suis pas encore allée au parc ornithologique),et, dans l'arrière-pays, les moutons de pré-salé qui paissent sur les Mollières, prés envahis par la mer pendant les fortes marées.
Le Hourdel et Saint Valery : au sud de la baie de Somme
En vis à vis de Le Crotoy, le phare du Hourdel constitue un très beau point de vue sur la baie.
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La baie de Somme vue du phare du Hourdel
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La baie de Somme vue du phare du Hourdel |
Saint-Valery-sur-Somme est un des plus charmants lieux de la côte et ne
le cède ni au Tréport, ni au Bourg-d’Ault, ni à Étretat. C’est ici que
Guillaume de Normandie s’embarqua en 1066 sur une flottille de quatre
cents
voiles pour aller prendre l’Angleterre. Après les conquérants il y a eu
les
voleurs. J’ai traversé là-haut en arrivant un hameau appelé
Pinchefalise.
Lisez pince-valise. Sur la porte de l’église on lit ceci écrit à la craie : Votons tous pour Louis-Napoléon Bonaparte.(Victor Hugo En voyage La Somme et l'oise)
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Le Crotoy et la Baie de Somme vus de Saint Valéry
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Le Crotoy et la Baie de Somme vus du haut de Saint Valéry
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Saint Valery, en face de Le Crotoy, est une jolie petite ville médiévale juchée sur une falaise qui domine toute la baie de Somme. Cette ville est lié à l'histoire de Jeanne d'Arc qui y est passée, alors prisonnière des anglais. Les remparts du XI siècle s'ouvrent par deux portes, celle de Nevers en bas et en haut les tours Guillaume.
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Saint Valéry : Les tours Guillaume
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Saint Valery :Eglise Saint Martin
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Saint Valery : Eglise Saint Martin |
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Saint Valery : porte de Nevers |
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Victor Hugo arrive à Saint Valery :
Le cheval trottait rapidement, la route était redevenue bonne ; avant sept
heures nous descendions à Saint-Valery. Là j’ai quitté mon excellent fermier.
J’arrivais à temps pour prendre la patache qui va à Abbeville.
Le port de Saint-Valery était charmant au crépuscule. On distinguait au
loin les dunes du Crotoy et, comme une nébulosité blanchâtre, les vieilles
tours arrachées et démolies au pied desquelles j’avais dessiné deux jours
auparavant.
Au premier plan, à ma droite, j’avais le réseau noir et inextricable des
mâts et des cordages. La lune, qui se couchait hier une heure après le soleil,
descendait lentement vers la mer ; le ciel était blanc , la terre brune, et des
morceaux de lune sautaient de vague en vague comme des boules d’or dans
les mains d’un jongleur.
C'est cette ville qui lui inspira l'un de ses plus fameux poèmes :
Océano Nox
Saint-Valery-Sur-Somme.
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!
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Dessin de Victor Hugo
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