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samedi 9 février 2013

Un livre/Un film : Enigme n° 57





Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme N° 57
 
 Ce roman policier a été écrit à quatre mains.  Le film a assuré le succès des deux auteurs et a modifié le titre du livre.  Il raconte l'histoire d'un couple, maîtresse et amant, qui veut se débarrasser de l'épouse gênante. Banal, me direz-vous? Oui, Mais...


Il tâta l'eau, comme s'il se fût agi d'un vrai bain et, tout à coup, se redressa, les tempes battantes. La vérité venait encore une fois de le frapper, car c'était bien un coup. Coup de poing et en même temps coup de lumière. Il comprenait ce qu'il était en train de faire et il tremblait des pieds à la tête... Heureusement cette impression ne dura pas. Il cessa très vite de réaliser qu'il était coupable, lui, R... M. avait bu un somnifère. Une baignoire s'emplissait. Rien de toute cela ne ressemblait à un crime. Rien de tout cela n'était terrible. Il avait versé de l'eau dans un verre, porté sa femme jusqu'au lit... Gestes de tous les jours.
 

vendredi 8 février 2013

Petite taupe, ouvre-moi ta porte... éditions Auzou




Petite taupe, ouvre-moi ta porte est un délicieux petit livre de Claire Fossard et Orianne Lallemand paru aux éditions Auzou dans la collection Mes p'tits albums.

C'est l'hiver, la neige tombe et Petite Taupe se prépare à aller se coucher. Mais soudain! Toc! toc! qui frappe à la porte? Un à un les animaux  piteux et  transis vont se présenter et lui demander l'hospitalité  : un blaireau, une grenouille, une mésange et ses petits, un écureuil…   Tous sont bien reçus et réconfortés avec des boissons chaudes et des édredons douillets. Quand Soudain!! AHHHHH! un horrible loup! Mais pas de panique! Dans la maison de la Petite Taupe tout le monde a droit de cité et tout le monde vivra en paix!

Le livre est destiné aux enfants de 4 à 6 ans mais je peux vous dire qu'il a plu à ma petite fille dès l'âge de 18 mois et qu'elle ne s'en lasse pas! Il peut donc accompagner les enfants sur plusieurs années.




Il présente, en effet, de charmantes illustrations  qui peignent un monde chaleureux, rassurant et lumineux opposé à la nuit et au froid de la forêt. Il y aussi la répétition des phrases qui sonnent comme une poésie, un leit-motif que l'enfant, même, tout petit, a vite fait de mimer et d'apprendre par coeur :

Toc! Toc! qui frapper à la porte de la petite taupe? (…)
La petite taupe le fait entrer et l'installe sur...



Quant au loup qui vient détruire un instant l'harmonie de ce petit monde, il sera vite jugulé, saucissonné mais pas jeté dehors, non! Il devra manger la soupe à l'oignon comme tous les autres… ou plutôt non! pas comme les autres mais avec une paille, son museau étant lui aussi solidement ficelé!  Voilà qui est rassurant et qui fait rire! Trait d'humour hautement apprécié par la gent enfantine.

Un adorable album, donc, qui nous parle d'amitié et de solidarité.


Voir  Editions Auzou Livre 5€95

jeudi 7 février 2013

Citation : Peste et choléra de Patrick Deville




Le livre Peste et Choléra de Patrick Delville relate l'histoire d'Alexandre Yersin, médecin, biologiste,  découvreur du bacille de la peste et inventeur du vaccin. Génie touche-tout, savant exceptionnel, il a fait partie de la première équipe de chercheurs groupés autour de Pasteur et a mené une vie extraordinaire et aventureuse. Je vous parlerai bientôt de ce livre mais aujourd'hui je veux vous faire part de cette observation de Pasteur qui n'est devenue une évidence que grâce à lui, ce grand savant découvreur des microbes. Elle est suivie d'une réflexion que j'aime beaucoup de Patrick Deville sur la vie et la mort.


 Alexandre Yersin

Souvent le soir au châlet, seul avec ses chats siamois, il (Yersin) relit Pasteur :"Si les êtres microscopiques disparaissaient de notre globe, la surface de la terre serait encombrée de matière organique morte et de cadavres en tout genre, animaux et végétaux. Ce sont eux principalement qui donnent à l'oxygène ses propriétés comburantes. Sans eux, la vie serait impossible car l'oeuvre de mort serait incomplète."
C'est la vie qui veut vivre, abandonner au plus vite ce corps qui vieillit pour bondir dans un corps nouveau, et, ces corps, la vie au passage les rétribue de leur involontaire contribution à sa perpétuation par la menue monnaie de l'orgasme. Rien ne naît de rien. Tout ce qui naît doit mourir. Entre deux, libre à chacun de mener la vie calme et droite d'un cavalier en selle. Ce vieux Stoïcisme que retrouve Spinoza et la force immanente de la vie qui seule demeure. Ce pur principe, cette nature naturante à quoi tout retourne. La vie est la farce à mener par tous.

mercredi 6 février 2013

Anne Cuneo : Le trajet d'une rivière

Ce roman historique, Le trajet d'une rivière, La vie et les aventures parfois secrètes de Francis Tregian, gentilhomme et musicien  d'Anne Cuneo est placé sous le signe de Montaigne à qui il emprunte le titre : Quelle bonté est-ce, que je voyais hier en crédit et demain plus, et que le trajet d'une rivière fait un crime? 

Francis de Trégian, le personnage principal du roman, s'il ne rencontre pas Montaigne (celui-ci meurt en 1592 ) a connaissance des Essais et il en fait sa lecture quotidienne, une lecture qui l'apaise et contient des réponses à ses questions angoissées.  Le trajet d'une rivière est, en effet, une réflexion sur le bien-fondé des lois et de la justice, sur l'intolérance et la liberté de penser. L'action se situe d'abord en Angleterre où naît Francis Tregian, en 1574, dans une famille noble de Cornouailles puis en France, Pays-Bas, Italie, Espagne, au cours des voyages de notre héros en Europe. Le père de Françis, catholique fervent et fanatique, est emprisonné par la reine Elizabeth 1er, protestante. Son domaine lui est enlevé et ses enfants sont obligés de fuir et de se cacher. Francis Tregian, tolérant et  large d'esprit, refuse d'abjurer sa foi, parce qu'il pense, comme Montaigne, que chacun doit être libre de pratiquer la religion de ses pères.
C'est aussi un livre sur la musique puisque Anne Cuneo s'est intéressé à un musicien. Francis Tregian est, en effet, un excellent instrumentiste qui a collecté - en Angleterre où il a été l'élève de Thomas Morley et dans toute l'Europe- des musiques pour clavier qu'il a réunies dans le célèbre recueil le Fitzwilliam Book, témoignage précieux de tout ce qui se jouait en Europe de la fin du XVI° siècle au début du XVII°. Périodes tragiques et troublées au cours desquelles les populations sont décimées par la peste, la famine, où les guerres de religion font rage, la barbarie toujours prête à pointer le nez… mais d'où, pourtant, surgissent un bouillonnement de la pensée, une créativité, un renouveau dans tous les domaines de la connaissance, de la littérature et de l'art.

C'est avec érudition que Anne Cuneo nous introduit dans ce monde passionnant, de la la cour de la reine Elizabeth 1er, à la prison de la Fleet où est enfermé Tregian, aux champs de bataille de Henri de Navarre, notre bon roi Henri IV, à Amsterdam, centre du protestantisme.  Et c'est pour notre plus grand plaisir que nous rencontrons tous les personnages célèbres, amis de Tregian. Dans les théâtres londoniens, quand ils ne sont pas fermés par la peste ou par les puritains, Shakespeare écrit son Hamlet ou sa Mégère devant nous, les plus grands compositeurs de l'époque mettent au point de nouvelles théories, musiciens anglais comme Thomas Morley, John Bull, Peter Philips ou William Byrd,  italien comme Monterverdi…



 Thomas Morley

C'est à partir du Fitzwilliam Books que l'écrivain s'est livré à une véritable enquête sur ce personnage exceptionnel. Elle s'appuie sur des connaissances solides, des faits précis, des évènements réels, des  témoignages de l'époque, des registres de prison, des contrats..  Elle s'est imprégnée des lieux où a vécu Francis Tregian et répond d'une manière satisfaisante aux questions qui se posent à tout romancier écrivant sur l'Histoire : comment équilibrer ce qui est du domaine de l'Histoire et de l'imagination? Comment inventer et pourtant rester fidèle à la vérité historique? De cette réflexion et de ce travail est né un roman vivant, fourmillant de connaissances, de détails, d'évènements avec des personnages attachants. Un beau voyage dans une époque passionnante.




Monterverdi : Lamento d'Arianna

mardi 5 février 2013

Lecture commune sur le challenge breton : Titre du livre retenu





J'ai proposé lors du premier bilan du challenge breton une lecture commune sur le thème : A la découverte d'un classique sur la Bretagne

C'est Ernest Renan : souvenirs d'enfance et de jeunesse  (gratuit sur kindle) (poche = 5 €) qui a été retenu.

Nathalie et Dominique se  sont inscrites. Vous pouvez encore nous rejoindre.


Je propose une date qui nous laisse un peu de temps : publication dans la semaine du 18 mars au 24  Mars. Qu'en pensez-vous?

lundi 4 février 2013

El James , Cinquante nuances de Grey : Un coup de rage!




On m'a offert Cinquante nuances de Grey de El James pour la Noël. La première de couverture est belle, je ne sais ce que contient le livre*… et je me lance donc dans cette lecture du roman le plus vendu au monde en 2012.

Anastasia Steele dites Anna, une jeune étudiante un peu coincée, doit aller interviewer, Christian Grey, le patron d'une multinationale, pour le journal de son université. La rencontre a lieu. Evidemment, vous vous en doutez, Grey est jeune et beau "les cheveux sombres, "les yeux de braise" "la voix veloutée comme du chocolat noir", le sourire "secret" .. etc… Pour le reste, c'est le capitaliste dans toute son horreur, matérialiste, faiseur-de-fric, qui étale sa richesse, son avion privé et j'en passe, autoritaire, méprisant, et qui ne dit jamais merci à ses employés. Le genre de patron tête-à-claques, qu'on aimerait bien coincer entre deux délégations syndicales. Vous pensez que ces considérations vont doucher un peu l'ardeur de la demoiselle. Pas du tout ! Elle défaille sous le regard "dominateur" et elle reçoit une décharge électrique chaque fois qu'elle lui serre la main. A concurrencer EDF!  La solution au problème du nucléaire !

cf p14, P24 p36 etc..."une fois de plus un courant me traverse comme si j'avais touché un fil électrique"..
Et la demoiselle, comme une héroïne de l'époque victorienne, de "rougir" p15 p16, de s'empourprer, de" s'embraser"  P34 etc…

BIEN ! A ce stade de l'histoire - que je suis parvenue à  lire grâce à l'humour liée au décalage entre les actes et les pensées de la jeune Anna, ce qui permet de supporter la sottise du propos -  je m'arrête pour réfléchir à ma lecture :

 "Bien, me dis-je, j'ai compris, il s'agit d'un roman pour adolescentes romantiques! (Je n'ai rien contre les ados romantiques, elles m'attendrissent ! j'en ai été une et j'en ai eu trois chez moi, mes filles !)

Mais… je ne crois pas que je pourrai continuer ma lecture longtemps ! Je feuillette, je passe quelques chapitres…

Tiens ! La demoiselle aimerait coucher avec le patron mais celui-ci a des scrupules et refuse ! Je suis en plein Barbara Cartland !

je passe quelques chapitres.

Tiens ! Il lui fait signer un contrat pour être sûr qu'elle ne se retournera pas contre lui ? Bizarre ! Et l'imbécile (Anna) signe !

Je passe… Il l'amène alors dans une chambre pleine d'instruments sado-maso! Stupéfaction (de ma part). Il faut dire que de Barbara Cartland au marquis de Sade, l'écart est grand !

Mais me dis-je, la donzelle a compris, elle va se carapater loin de lui à toute la vitesse de ses petites pattes. Pas du tout!

Je passe ... : scène d'amour. érotisme soft.  Le sadique ne veut pas effaroucher une vierge. Et puis, lui aussi a été violé quand il était petit ! Je suis émue !
Je saute à la fin du roman. La  pauvre fille le quitte (enfin !) parce qu'elle n'a pas pu supporter les méchants coups sur ses petites fesses dodues. Hélas ! Elle voulait le tirer vers la lumière, son pauvre loulou, mais il est resté un ange noir !

Vous l'avez compris, ce roman m'a horripilée non parce qu'il traite de l'érotisme et des relations pervertis de la sexualité entre hommes et femmes mais parce qu'il aborde ce sujet grave avec légèreté et sans réflexion comme pour le banaliser alors que les femmes sont victimes dans nos pays et partout de violences au quotidien. Je veux bien que le roman soit une source d'évasion mais là il me paraît carrément douteux.  Ajoutons-y le style bêtifiant, les personnages qui ne sont que des coquilles vides, des stéréotypes, et l'absence de contexte social ....

Oui, je crois rêver! Un roman aussi navrant est un best seller mondial** et une trilogie qui plus est ! Lu par des millions de femmes ! Ce n'est pas tant le niveau littéraire du roman qui m'afflige, ... enfin si tout de même ! mais...! Je crois qu'il a été écrit par une écrivaine qui sait très bien ce qu'elle fait : une sorte de pastiche des romans Harlequin au départ, pour mieux "ferrer" sa lectrice plus tard avec un changement de registre, comme un pêcheur sa truite ! 
Non, ce qui me met en colère, c'est que ce livre passe pour être une revendication féministe, un appel à la liberté sexuelle… Ce qui me met en rage, c'est de voir présenter comme une libération sexuelle pour la femme, le fait de se laisser dominer, subjuguer au point de perdre tous ses repères, par un mâle dominateur. Ce qui me met en ébullition c'est que l'on puisse introduire une confusion entre sexualité et masochisme ou sadisme ! Et ce qui me fait passer par dessus bord, c'est que je ne peux m'empêcher de penser que les millions de mâles dominateurs dans le Monde, les sadiques, les violents, les violeurs, les machos, les bofs, les intégristes de tous bords, bref, tous ceux qui considèrent les femmes comme des paillassons, ont encore de beaux jours devant eux si j'en juge par cet engouement féminin pour cette "littérature" qui véhicule une image aussi méprisante de la femme!

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* Oui, je sais, je suis ignare comme me l'a dit ma fille, ne pas connaître El James!

** Erika Leonard, mieux connue sous le pseudonyme E. L. James, est l'auteur britannique de la romance érotique Cinquante nuances de Grey. En 2012, le magazine Time a nommé l'auteur dans sa liste annuelle : The 100 Most Influential People in the World.

dimanche 3 février 2013

Un livre/Un film : La mariée était en noir William Irish




Résultat de l'énigme n°56
Hélas! peu de vainqueur cette fois-ci pour le film de François Truffaut! Bravo donc à ceux qui triomphent aujourd'hui :  Dasola, Eeguab, Nanou, Pierrot Bâton...
Merci à tous pour votre participation.

Le roman  William Irish  : La mariée était en noir 
Le film       François Tuffaut : La mariée était en noir 



Le roman de William Irish et le film de François Tuffaut : La mariée était en noir relatent tous deux l'histoire d'une femme Julie dont le mari, Nick, est tué à la sortie de l'église juste après leur union. La balle a été tirée accidentellement par un groupe de jeunes gens irresponsables, des chasseurs qui avaient l'habitude de se réunir pour jouer aux cartes. Ces derniers s'enfuient pour ne pas subir les conséquences de leur geste irréfléchi et stupide accompli sous l'influence de l'alcool. La jeune femme est désespérée. Elle ne peut supporter la mort de son amour d'enfance et souhaite mourir mais elle ne réussit pas son suicide. Alors elle recherche les cinq coupables et va les supprimer les uns après les autres.

Le roman et le film divergent énormément dans le dénouement. Alors que la mariée de Truffaut parvient à éliminer tous les coupables, celle d'Irish est arrêtée au quatrième meurtre par un policier qui  a pu faire le recoupement avec le mariage tragiquement interrompu il y a quelques années. Il révèle alors à Julie que ces hommes n'étaient pas responsables de la mort de son mari qui a été tué par un des ses complices. Il s'agissait en fait d'un règlement de compte, Nick, ayant été mêlé à des actes de banditisme. La vengeance de Julie s'est donc exercée contre des innocents.

Dans les deux oeuvres, le thème est celui de la vengeance. Si l'on peut comprendre les sentiments qui animent Julie, le lecteur ou le spectateur vont rapidement être fasciné par ce personnage qui agit avec une froide intelligence et une détermination sans faille. Jamais Julie ne sera  en proie au doute, jamais elle ne manifestera de faiblesse devant les actes horribles qu'elle accomplit. La déshumanisation du personnage fait froid dans le dos et crée un suspense trouble car notre curiosité est tenue en éveil non parce que nous compatissons avec les victimes mais parce que nous épousons totalement le point de vue de Julie. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas le Mal ou le Bien, interrogation qui devrait être au centre de l'histoire, mais la manière dont elle va s'y prendre pour éliminer ses victimes et son ingéniosité à le faire! François Truffaut n'aimait pas ce film car il  regrettait d'avoir présenté  le thème de la vengeance en nous amenant à y adhérer. Si ses scrupules l'honorent, il a pourtant réussi une oeuvre efficace et forte. Ceci est encore plus vrai dans le film que dans le roman car le réalisateur, coauteur du scénario, élimine tout ce qui peut être extérieur à son personnage. Dans le roman l'inspecteur Wanger mène l'enquête et nous assistons à ses recherches, ses doutes, ses interrogations. Outre que ce parti pris coupe l'action, il affaiblit le récit qui gagne en force dans le film car nous ne voyons qu'à travers la conscience de Julie et par son regard.


Il faut noter que dans les deux oeuvres, le récit pêche souvent par son invraisemblance. Dans le film par exemple, comment Julie aurait-elle pu découvrir le nom des coupables alors que la police avait échoué jadis? Pourquoi la jeune mariée a-t-elle vieilli alors que Bliss et Fergus ont toujours le même âge? Dans le roman, est-il crédible que l'on ne puisse pas relever les empreintes de la meurtrière et faire le lien entre tous les meurtres? Il faut reconnaître qu'en lisant le livre et surtout en regardant le film, le spectateur n'a pas le temps de se poser de telles questions! Preuve que le suspense marche. Truffaut applique ici les recettes de son réalisateur vénéré : Alfred Hitchcock!
 Tous les acteurs dont Jeanne Moreau dans le rôle principal ou Michel Bouquet, Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Charles Denner, Michael Longdale, sont si brillants que nous ne nous posons pas de questions. Quant aux dialogues, souvent totalement empruntés au livre, ils sont très réussis!
Un petit régal!

samedi 2 février 2013

Un livre/ Un film : Enigme n° 56





Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme N° 56

Le livre d'un auteur américain est le récit d'une vengeance implacable qui ne compte pas moins de quatre meurtres dans le livre et cinq dans le film… Une "légère" différence qui s'explique, on le verra dimanche, parce que le scénario s'éloigne d'une manière sensible du roman.

- Vous savez, dit la dame sur le ton de confidence qui prennent les femmes entre elles, j'ai toujours pensé qu'on peut connaître les gens rien qu'en examinant la pièce dans laquelle ils vivent.
-Oui, vous certainement raison, répondit Miriam, enthousiaste.
- Prenez celui-ci, par exemple, puisque vous êtes en train de faire le ménage chez lui et que je passe par hasard devant la porte. Je ne connais pas ce monsieur…
-Monsieur Mitchell, souffla Miriam qui semblait hypnotisée par l'inconnue et s'appuyait de plus en plus sur le manche de son balai.
- Mitchell, si vous voulez; le nom importe peu. Je ne le connais pas et je ne l'ai jamais vu. Mais laissez-moi vous dire ce que sa chambre me révèle; vous me reprendrez si je me trompe.

jeudi 31 janvier 2013

Shakespeare : Coriolan Lecture commune

Adaptation de Coriolan par Ralph Fiennes


Dans ses Vies des hommes illustres Plutarque s'intéresse à un personnage de la République romaine archaïque, Caius Marcius Corolianus.

C'est de cette source que s'inspire Shakespeare pour mettre en scène ce général romain qui gagna le surnom de Corolianus pour avoir combattu  les Volsques, un des plus anciens peuples d'Italie, ennemi de Rome, et pour avoir vaincu la cité volsque de Corioles en 493 av.JC.
Ennemi des plébéiens, Corolian, soutenu par les patriciens, s'oppose aux tribuns du peuple Sicinius Velutus et Junius Brutus. Les tribuns obtiennent sa condamnation à l'exil. Coriolan se réfugie alors chez les Volsques et se met au service de leur général Audifius, jusqu'alors son ennemi personnel, pour combattre Rome. Après de nombreuses victoires, il parvient aux portes de Rome à la tête des Volsques. Le Sénat et le peuple romain lui envoient des délégations pour tenter de le fléchir mais en vain. Même Menenius Agrippa, son ami qu'il considère comme un père, n'y parvient pas. Enfin se présentent devant lui, Volumnie, sa mère, Virgilie, son épouse et son fils Marcius. Leurs supplications et leurs larmes touchent Coriolan qui accepte de lever le siège et se retire chez les Volsques. Ces derniers se retournent alors contre lui en le traitant de traître.


Lire un pièce de théâtre est certes toujours plus ardu que de la voir sur scène et c'est bien normal puisque, par essence, le théâtre est fait pour être vu! Mais pour cette pièce, en particulier, j'avoue que j'ai eu des difficultés à lire cette tragédie jusqu'au bout et  à comprendre ce que Shakespeare voulait démontrer lorsqu'il traite de l'affrontement qui oppose le peuple en rébellion (car le blé manque et la famine règne dans la cité) et les patriciens menés par le général Coriolan. De plus, jamais je n'ai ressenti, dans aucune pièce, une telle détestation pour le personnage principal.

Un combat contre la démocratie
C'est la haine qui guide Coriolan dans ses rapports avec le peuple et il ne peut se résigner à briguer ses suffrages  pour être élu consul. Nous somme donc confrontés à une crise majeure vécue par la République romaine puisque le général ne demande rien d'autre que de retirer le pouvoir au peuple pour le donner aux nobles ou pour se l'octroyer.  Dans l'acte III scène 1, Coriolan s'efforce de persuader le Sénat qu'il a tout à craindre de la populace et rien à gagner à laisser la parole à l'ignorance populaire.

Ainsi nous rabaissons
La dignité de nos sièges, en permettant à la canaille
d'appeler crainte notre sollicitude;
Renversons le pouvoir des tribuns dans la poussière

Quand Coriolan  s'adresse au peuple ou lorsqu'il parle de lui, il est d'une telle violence et il emploie des images  si méprisantes que le spectateur ne peut se ranger que du côté des plébéiens  " ces mangeurs d'ail" " à l'haleine fétide "comme l'exhalaison des marais empestés" (III3)

Que vous faut-il rebelles crapuleux? (Acte I  1)
Que vous faut-il roquets,`
Qui n'aimez ni la paix ni la guerre
comptez sur vous,
C'est au lieu de lions, vous découvrir des lièvres;
Au lieu de renards, des oies…

Et Menenius son ami renchérit (acte IV 6)

Vous êtes de ceux qui infectiez le ciel en lançant en l'air
Vos graisseux et fétides bonnets

Pourtant Shakespeare n'est pas tendre non plus avec les tribuns  et il semble donner raison à Coriolan qui les accuse de manipulation envers le peuple, de même il montre les citoyens en proie à des revirements incessants, obéissant à celui qui a parlé en dernier, élisant d'abord Coriolan, puis lui retirant sa voix et l'exilant, pour se dédire ensuite quand il revient vainqueur :

Premier citoyen
Pour moi quand je disais "bannissez", j'ajoutais " c'est dommage"
Deuxième citoyen
Moi aussi
Troisième citoyen
 Moi aussi; pour dire vrai, beaucoup d'entre nous en ont dit autant. Nous avons agi pour le mieux, et bien que nous ayons consenti à l'exil, c'était pourtant contre notre gré.
La pièce de Shakespeare présente donc un enjeu politique d'importance mais ne nous donne pas de réponse comme si l'auteur nous laissait libres de juger. Pourtant, le personnage de Coriolan est tellement détestable que l'on ne peut pas, me semble-t-il adhérer à ce qu'il dit!

Le personnage de Coriolan
 Coriolan est unanimement admiré par les siens pour sa vaillance guerrière et ses ennemis le craignent tout en reconnaissant sa valeur. Il a donc les qualités propres à un héros militaire, la vaillance, la force, l'honneur. Lecteurs du XXI ème siècle, il nous faut faire un effort pour adopter un point de vue historique afin de comprendre l'importance de ces vertus  dans des civilisations qui se construisaient et se défaisaient par la guerre et dans la violence. Pourtant, la description du guerrier chez le lecteur-spectateur ne suscite pas d'admiration mais une répulsion.

Son épée, sceau de la mort,
Partout laissait sa marque; de la tête aux pieds
C'était un être de sang dont chaque geste
Etait scandé par des cris d'agonie…
Au combat, il se retourne; il court,
Fumant de sang, il foule des vies humaines
En un perpétuel ravage…

Coriolan devient ici un messager de la Mort, non plus un être humain mais un Dieu guerrier (il est souvent comparé à Mars) qui n'est plus accessible à la pitié, à la compassion. Il inspire l'horreur comme l'animal sauvage auquel il se compare lui-même :.

Bien que je parte seul,
Tel un dragon solitaire qui de son marécage
Sème la terreur….

D'autre part, l'orgueil démesuré qu'il manifeste éloigne la sympathie et, (c'est ainsi que je l'ai ressenti) le font paraître borné, peu intelligent. Ainsi dans l'acte III scène 3, après avoir accepté de se soumettre au  suffrage du peuple à la demande de sa mère (faut-il voir là un manque de maturité du fier guerrier qui obéit toujours à ce que maman lui demande? ), il  s'entête dès qu'on le contrarie :

Je ne veux rien savoir!

puis se lance dans des imprécations qui le rendent passablement ridicules :
Vile meute d'aboyeurs!
Que la moindre rumeur fasse trembler vos coeurs!
Que l'ennemi en balançant les plumes de son casque
D'un souffle vous jette au désespoir!


Le seul moment où il devient humain, c'est lorqu'il se laisse fléchir par sa mère et lui accorde la grâce de Rome. Moment de faiblesse ou d'humanité? Mais c'est un geste dont il mourra! Il est étonnant  de constater que Coriolan est considéré comme un traître non  par les Romains (et c'est pourtant contre sa partie qu'il s'est retourné), mais par les Volsques qui ne le lui pardonneront pas.

La pièce présente donc des thèmes importants  mais je ne  peux dire que je l'ai aimée. Est-ce que le film de Ralph Fiennes : Corolianus me ferait changer d'avis?



 Il s'agit d'un lecture commune  consacrée à deux oeuvres de Shakespeare : Coriolan et/ou les joyeuses commères de Windsor avec Eeguab,  l'Ogresse, Miriam, Océane, Shelbylee
Le premier billet est celui de Miriam sur Les joyeuses commères de Windsor : ICI

Le second celui d'Eeguab  sur Coriolan : ICI

Océane : ICI




UN NOUVEAU CHALLENGE



Et j'en profite pour vous présenter le challenge d'Eimelle :

théâtre Challenge en scène 2013

Je reprends avec plaisir le flambeau de BLADELOR qui avait organisé le Challenge en scène 2012 et vous propose donc un nouveau challenge qui mêle avec bonheur deux arts qui me sont chers: lecture et théâtre


Challenge En scène!  2013

J'y avais participé avec plaisir en 2012 et Bladelor ne souhaitant pas poursuivre le challenge en 2013, elle m'a proposé de prendre la suite et m'a gentiment donné ses logos , merci à elle!


Le principe :
Sont acceptés dans ce challenge tous les billets concernant :
-  une pièce de théâtre lue
- une pièce de théâtre vue
- et la nouveauté 2013, des textes en rapport avec le théâtre : biographies de comédiens, documentaires sur le théâtre, bref, tout ce qui a un rapport avec la scène!

Voir la suite ici

George Sand : L' art est une recherche de la vérité idéale..

La mare au diable de Bernard Patrigeon (artiste berrichon)


 Voilà ce qu'écrit George Sand à propos de l'art et de la littérature dans la préface de La mare au diable

Nous croyons que la mission de l’art est une mission de sentiment et d’amour, que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la parabole et l’apologue des temps naïfs, et que l’artiste a une tâche plus large et plus poétique que celle de proposer quelques mesures de prudence et de conciliation pour atténuer l’effroi qu’inspirent ses peintures. Son but devrait être de faire aimer les objets de sa sollicitude, et, au besoin, je ne lui ferais pas un reproche de les embellir un peu. L’art n’est pas une étude de la réalité positive ; c’est une recherche de la vérité idéale...

mardi 29 janvier 2013

Rappel : Semaine Shakespeare en Lecture commune



    


Cette semaine, du 27 au 31 Janvier,  est consacrée à deux oeuvres de Shakespeare : Coriolan et/ou les joyeuses commères de Windsor

 Il s'agit d'un lecture commune avec Eeguab, Keisha, l'Ogresse, Miriam, Océane, Shelbylee

Le premier billet est celui de Miriam sur Les joyeuses commères de Windsor : ICI

Je publierai mon billet sur Coriolan vendredi...


lundi 28 janvier 2013

Jean-Marie Déguignet : Mémoires d'un paysan Bas-Breton Billet de Mireille chez Claudialucia



Voici un billet de Mireille que vous connaissez tous. Elle n'a pas de blog mais elle vient nous rendre très sympathiquement visite dans les nôtres. Bretonne, elle vit à Ergué-Gabéric et c'est pourquoi elle avait promis d'écrire un billet sur son illustre compatriote Jean-Marie Déguignet dans le cadre du challenge breton. Voilà ce qu'elle m'écrivait alors C'est une association de la ville d'Ergué-Gabéric qui a eu en sa possession les manuscrits  du paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet et les a fait éditer ainsi que d'autres oeuvres du même auteur. Bref, conclut Mireille, Déguignet est la gloire d'Ergué et son livre_la version courte_ a été traduit en américain.

                      
                             Jean-Marie  Déguignet                                       



C’est grâce à l’association ARKAE,  association gabéricoise de recherches historiques du patrimoine que ces Mémoires ont pu être éditées. Les recherches ont débuté en 1979 et, après des « appels à témoins », un trésor , les manuscrits sont trouvés dans le grenier d’une H.L.M. de Quimper : Quarante trois cahiers, soit quatre mille pages.
Dans un premier temps, Arkaë n’a pas publié l’intégrale de « Histoire de ma vie » à cause des trop nombreuses digressions et diatribes contre les nobles et les curés, les politiciens et Anatole Le Braz.

  Jean-François Déguignet est né le 29 juillet 1834 alors que son père, petit fermier pauvre, venait d’être complètement ruiné par plusieurs mauvaises récoltes successives suivies de la mortalité des bestiaux . C’est la misère, les taudis, la mendicité.
Il fait état d’un accident, grave, le troisième déjà, dont il fut guéri au bout de trois semaines. « quatre jours et nuits dans un état qui n’était ni la mort, ni la vie, du moins en ce qui concerne mon corps ».    De cet accident, il conserva « une large cicatrice en forme d’entonnoir » dans la tempe gauche.  Il est persuadé que cette blessure contribua à faire développer ses facultés mentales d’une façon extraordinaire.
Doté également d’une excellente mémoire, il apprend le catéchisme à neuf ans. 
 Cela ne fut pas difficile, puisque maintenant, tout ce que j’entendais ou que je voyais me restait gravé aussitôt dans ma mémoire.
Sa mère savait lire le breton et n’eut pas de mal à lui apprendre ce qu’elle savait.
Le jeune Jean-François mendiait dans les environs de son habitation et un jour, à neuf ans, une mendiante professionnelle se chargea de lui apprendre le métier. La vieille me faisait entendre que j’allais commencer le plus digne et le plus noble état du monde puisque Dieu l’avait pratiqué lui-même et qu’il fut pratiqué également par nos plus grands saints. 
Ils étaient bien reçus. Ces aumônes avaient toujours un but intéressé et égoïste, elles n’étaient jamais données au nom de l’humanité, chose inconnue des bretons, mais seulement au nom de Dieu .

En 1844, c’est la maladie de la bonne pomme –de –terre rouge et de nouveau la misère. Il a quatorze ans, il est petit et chétif et sa plaie due à son accident continue de couler. Il est soigné à l’hospice de Quimper où il entend raconter des légendes. La fracture du crâne ne s’est jamais bien soudée.
A dix-sept ans, il rencontre un professeur d’agriculture qui possède une ferme modèle où il reçoit ses élèves. Il est engagé comme vacher, travail très contraignant de chaque instant, de nuit comme de jour. Mais, grâce à des papiers que les élèves laissent tomber, il apprend seul à déchiffrer quelques mots de français. A écrire aussi, mais la main sera moins habile que le cerveau.
Il a ensuite la chance d’entrer comme domestique chez le maire de Kerfunteun où il peut perfectionner sa lecture du français à l’aide des journaux qui traînent et d’un dictionnaire. C’est une bonne période, oui, mais il s’engage dans l’armée, non pas pour faire la guerre, mais pour voir du pays. Il gagne Lorient à pied en trois jours.
Il sera soldat de 1853 à 1868 et participera à la guerre de Crimée, aux campagnes d’ Italie, de Kabylie et du Mexique.
Il connaîtra les maladies : scorbut, dysenterie, typhus, mais aussi le bonheur de côtoyer un voisin de chambre érudit qui lui apprendra beaucoup de choses. Il ira au pèlerinage de Jérusalem et y détestera les ordres religieux qui profitent honteusement de la foi et de la naïveté des pèlerins.
Avant de rejoindre l’Italie, il apprend rapidement l’italien et constate que c’est plus facile que le français pour lui qui savait lire le latin de messe.
 … la prononciation est également très facile tous les mots se prononçant du bout de la langue et des lèvres , contrairement aux  langues saxonnes qui se prononcent du gosier, ce qui prouve que ces langues ont été communiquées aux hommes par des fauves, tandis que les latines leur ont
été par des oiseaux .
En Kabylie, il aime l’arabe : L’accent arabe est le même que l’accent breton et tous les mots de cette langue ont les mêmes terminaisons que les mots bretons .
Il rentre en Bretagne en 1868 où il  redevient cultivateur jusqu’en 1882

Je passe sur les difficultés, le travail intense, le mariage, la relative aisance puis l’incendie (criminel ?)de sa ferme, la fin de son bail alors qu’il a travaillé quinze ans pour le seigneur propriétaire.
  Un très grave accident « sa charrette lui roule sur le corps, »le laisse pour mort une nouvelle fois. Il reste immobilisé plusieurs mois, guérit de ses blessures et, estropié, ne peut plus effectuer de travaux de force. Il réussit à se faire engager en tant que placeur de contrats d’assurances et donne satisfaction. En revanche, sa femme s’adonne à la boisson, sombre dans l’alcoolisme et meurt à l’hospice, laissant quatre enfants. Le dernier n’a que six ans.
Après avoir tenu avec succès un bureau de tabac à Pluguffan, il s’en trouve chassé par les manigances du curé et des bigots. Qui n’est pas pratiquant et affiche son mépris pour les gens d’église est vite mis à l’écart! L’emprise des curés est telle que Jean-Marie ne s’est peut-être pas considéré à tort comme persécuté.
Dès lors, sans travail, il retourne à Quimper, vit dans un grenier avec ses enfants puis, lorsque ceux-ci le quittent, il écrit l’histoire de sa vie « à la bonne franquette, sans prétention littéraire, en y intercalant ça et là mes réflexions et mes opinions politiques et religieuses, mes pensées morales, sociales, économiques et philosophiques.
Il finit en ville dans un autre grenier,  un trou de 6m cubes de capacité dont il est expulsé au bout de dix ans après avoir souffert de l’extrême chaleur et du froid intense. Il sera hospitalisé pendant quatre mois et décèdera en 1905, face à l’hospice .
Une vie commencée et achevée dans la misère mais qui fut remplie d’évènements et de péripéties.

Cet ouvrage est un témoignage unique sur la fin du XIX è siècle



Merci à Mireille pour ce billet  qui nous fait connaître un auteur sorti du peuple, contrairement à la plupart des écrivains du XIX siècle, un homme qui a été mendiant, paysan, domestique, commerçant, soldat et nous donne donc un point de vue tout à fait inédit sur  son époque.

dimanche 27 janvier 2013

Un livre/Un film Le coup de l'escalier de William P. MacGivern



Résultat de l'énigme n°55
Bravo à : Aifelle,  Dasola, Eeguab, Pierrot Bâton, Syl. 
Merci aussi aux courageuses qui ont participé mais qui n'ont pas trouvé la réponse (difficile!) ! Ce sera pour la prochaine fois!

Le roman :  Le coup de l'escalier de William P. MacGivern
Le film  :  Le coup de l'escalier de Robert Wise
Odds against to morrow est un roman de William Peter MacGivern paru en traduction française sous le titre Le coup de l' escalier. Outre qu'il n'y a pas d'escalier dans le roman (et même s'il y en a un dans le film de Robert Wise, il ne joue pas un grand rôle) le titre est fort mal choisi car il ne rend pas compte du sens du roman comme le fait le titre anglais. Je ne me risque pas à le traduire* car cela est plutôt difficile mais il signifie que les personnages n'ont rien à espérer de l'avenir, que les chances de réussite ne sont pas bonnes. Bref! Earl, Ingram et Burke sont des perdants et nous en sommes avertis d'avance. Si bien que ce qui est intéressant dans ce roman, ce n'est pas le fait policier lui-même, ce sont les personnages et la société dans laquelle ils évoluent.

Earl, un pauvre blanc né au Texas n'a pas eu de chance dans la vie. Il a fait de la prison alors qu'il était innocent et se retrouve sans travail, entretenu par sa femme Lorry, ce qu'il ne peut supporter.  Il va accepter la proposition de Novak de braquer une banque; il en est de même de Ingram, un noir, qui a perdu une forte somme au jeu et est menacé de mort par un caïd. Enfin, Burke, un ancien flic véreux,  se joint à eux. C'est un pari perdu d'avance. Le casse échoue, Burke est tué et Ingram et Earl, blessé, s'enfuient. Ils vont se réfugier dans une ferme où ils se terrent, recherchés par la police.  Mais Earl hait Ingram parce qu'il est noir.  Pourtant, les circonstances vont peu à peu faire évoluer leurs rapports. L'amitié serait-elle possible entre un blanc et un noir? Peut-être, dans un monde qui ne serait pas ce qu'il est!

Le thème du racisme est donc largement développé dans le roman qui est écrit en 1957, en pleine lutte contre la ségrégation qui avait commencé dès 1955 par le refus de Rosa Parks de céder sa place à un blanc dans un bus, et ensuite, par les combats menés par Marin Luther King. Si en 1957, certains lois ségrégationnistes ont déjà été révisées, la ségrégation ne sera abolie qu'en 1960 et ce n'est qu'en 1964 que paraît la loi interdisant  toute discrimination raciale. Dans le roman, Ingram a peur de rentrer dans un bar qui n'est pas réservé aux noirs alors qu'il en a le droit et nous voyons que s'il est pris dans l'équipe de braqueurs, c'est parce qu'il est noir et peut remplacer le serveur, les noirs occupant toutes les places subalternes dans la société. Le racisme de Earl est d'autant plus virulent qu'il a été, comme Ingram, au bas de l'échelle sociale. Né au Texas, Earl, le pauvre blanc a connu la même misère que ses voisins noirs et il se raccroche d'autant plus à la seule supériorité que lui reconnaît alors  la loi : la blancheur de leur peau!  Il méprise donc Ingram et ne manque pas une occasion de l'humilier en l'appelant Bamboula, en le frappant.
Contrairement au film de Robert Wise où le rôle d'Ingram est tenu par Harry Bellafonte, crooner plein de charme et d'élégance et dont la stature et la  force rivalisent à celles de Earl incarné par Robert Ryan, Ingram dans le roman est un petit homme maigre et effacé, timide et gentil, qui baisse la tête devant le blanc. C'est pourtant lui qui révèlera une véritable grandeur d'âme en venant à aide à Earl alors qu'il pourrait s'enfuir et en étant prêt à donner sa vie pour empêcher un meurtre. Cette attitude entraînera chez Earl un sursaut de conscience qui transformera le gangster raciste et réveillera ce qu'il y a de meilleur en lui.
Le film de Robert Wise s'éloigne beaucoup  du roman.  Comme dans le livre, le scénario s'intéresse aux raisons qui font que ces hommes acceptent l'attaque de la banque, ce qui éclaire la psychologie et le passé de chaque personnage. Cela existe dans le roman mais c'est plus rapidement exposé. Le braquage de la banque reste un fait secondaire pour les deux mais la fin est très différente. Dans le film, un dénouement rapide montre que les deux hommes périssent en s'enfuyant. La mort rétablit symboliquement l'égalité entre blanc et noir. Dans le livre un long développement est consacré à la fuite des deux bandits et l'auteur va s'intéresser à l'évolution de ses personnages.

Si j'ai beaucoup aimé le film de Wise magnifiquement filmé et qui présente des images avec de superbes clairs-obscurs, je crois que j'ai préféré le roman pour cette dernière partie absente du film mais qui  éclaire les personnages d'un jour différent et fait que l'on s'attache plus à eux.


*comment le traduiriez-vous?





samedi 26 janvier 2013

Un livre, un film : Enigme n° 55




Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

Enigme n° 55

Le roman publié dans les années 50 est écrit par un auteur américain qui est aussi scénariste de cinéma et de télévision. L'intrigue se  situe peu de temps après la guerre, dans un petite ville de Pennsylvanie mais les deux personnages principaux, l'un blanc, l'autre noir, sont nés au Texas, tous deux marqués par la haine raciale et la ségrégation qui règnent dans cet état. Il s'agit d'un roman policier mais ce qui intéresse avant tout l'écrivain, c'est  l'analyse des rapports conflictuels entre les deux hommes et leur évolution au cours de l'intrigue.

Earl pensait toujours à ce que lui avait dit Novak. Les gens de couleur pouvaient aller et venir n'importe où; c'était comme de la fumée. On ne s'en apercevait pas. C'était ce que Novak avait dit. Un noir portant un plateau ou vêtu d'une combinaison de mécano pouvait se rendre partout. Les blancs passaient des journées entières sans voir qui leur apportait leur café, leur cirait leurs chaussures ou balayait leurs mégots de cigarettes dans le caniveau. C'était ça le point capital de Novak : Ingram devait errer dans la banque tel un filet de fumée...