Pages

dimanche 9 juin 2013

Tag : Voyages dans le temps et l'espace, fleurs, peintures,musique...

Vuillard

Et voici un tag de Lilou Soleil... J'y réponds avec retard mais mieux vaut tard ...

1)     Puisque onze ; quelle équipe de foot tu supportes ?
Euh! Le foot et moi, ça fait deux!

2)     Es-tu lève tôt ou couche tard ?
Couche-tard! très tard! Lève tôt, l'horreur!

3)  Si tu pouvais vivre à un autre siècle (passé) lequel choisirais-tu ? Pourquoi?

Oh! je voudrais bien retourner vers certains siècles passés, l'espace d'un instant pour voir, par curiosité, mais surtout pas y vivre! 

Le XX siècle? j'y suis née mais assez tard bien heureusement pour échapper aux deux guerres mondiales et à l'holocauste! Aurais-je autant de chance si j'y retournais? 

Les slogans de mai 68

Mais retourner dans la maison de mon enfance au bord du Gardon avec ma soeur adoptive, revivre un jour de Mai 68 pour retrouver ma jeunesse à la fac ou assister à un spectacle avec Gérard Philippe dans la cour d'Honneur du Palais des Papes (ce que je n'ai jamais pu faire), le Cid, le prince de Hombourg ... ou revivre mes premiers voyages en Italie avec ma mère, ma meilleure amie ou mon mari, revoir l'enfance de mes filles, alors là OUI!



Le XIX siècle? et l'aliénation de la femme : dans les milieux aisés, toujours considérée comme une éternelle mineure, toujours sous tutelle, devant obéissance à son mari, n'ayant aucun droit pas même celui de conserver sa propre fortune qui devient légalement celle de son mari, interdite de travail, affreusement dépendante, mourant en couches la plupart du temps; et dans les milieux populaires, travaillant 16 heures par jour à l'usine ou à la mine ou mourant de faim dans les "caves de Lille"!


Edouard Manet
Mais assister à la première d'Hernani au milieu des jeunes romantiques déchaînés, à côté de Théophile Gautier en gilet rouge, en admiration devant le génie, Hugo, être sur les barricades du côté du peuple avec Gavroche, séjourner à Nohant avec George Sand et tous les grands artistes, musiciens, écrivains de ce siècle, participer aux soirées de Médan, voyager en Angleterre pour faire connaissance de Jane Austen ou d'Emily Brontë ou d'Elizabeth Gaskell, ou de Dickens ou.. Alors là, OUI.



 Et puis, soyons fou : revêtir l'espace d'un instant une robe à la Scarlett....

  Le XVIII siècle ? et subir le poids de la religion, l'Inquisition,  la privation des libertés, la tyrannie des nobles, l'injustice, les guerres,  les famines...

Mais quelques jours à Ferney, dans le sillage de Voltaire, aller aux comédiens italiens voir Marivaux ou Beaumarchais, être présente à une soirée  du salon littéraire de madame de Geoffrin et me faire toute petite pour y  écouter, Montesquieu, d'Alembert, Diderot... alors là, OUI! Je vous ramènerai des autographes!

 et Le XVII siècle? les XVI ème et le moyen-âge et l'antiquité?

La "librairie" de Montaigne

Hum! Allez, là je fais un lot et je les traite tous en même temps! Le XVII, Le XVI et tout ce qui précède,  sont des époques qui ne sont pas meilleures en ce qui concerne les guerres, les violences, les famines, la misère du peuple, les épidémies de peste, de choléra, les maladies de toutes sortes, les obscurantismes de la médecine et celles de la religion, la peur de l'enfer, du diable, de la mort, les superstitions, les intolérances de tous bords, le fanastisme  etc...
Giovanni Bellini
Bon alors... ne pas y vivre mais me faire petite souris pour hanter les ors de Versailles et voir de mes yeux Louis XIV et sa cour, rencontrer la marquise, bien sûr, de Sévigné, et vivre un jour dans la troupe de Molière et des Béjart... voir Michel Ange en train de sculpter son David, me promener dans les rues de Florence au milieu des fêtes fastueuses de Laurent de Médicis ou à Venise dans l'atelier de Giovanni Bellini au milieu de ses élèves, Giorgione et Le Titien, (mais pas l'année de la peste qui a vu mourir Giorgione), rencontrer du Bellay à son retour de Rome et faire un (long) séjour au château de Montaigne, admise dans sa "librairie", bien sûr! et ...


4)     Fais-tu partie de clubs associatifs ou cela t’est-il indifférent ? 

Non, je ne fais pas partie de clubs associatifs mais ils ne me laissant pas indifférente. j'admire les gens qui sont actifs, qui y  participent.

5)   Si on t’offre un billet open pour un voyage; quelle sera ta première destination ?

Un tour du monde avec de longs arrêts partout!

6)   Es-tu salé(e) ou sucré(e)?

Sucrée et gourmande!

7)   Es-tu Champagne ou Bordeaux ?

Champagne

8)  En musique où va ta préférence ?
La viole de gambe


Musique  et opéra du XVII siècle et du XIX siècle, baroque et romantisme. Pas très ouverte sur la musique contemporaine!






 
9) En peinture ton choix va à la Renaissance ou aux impressionnistes, ou autres :

Là, par contre mon choix est très large du moyen-âge à nos jours : j'aime les primitifs italiens, la renaissance italienne et française; la peinture flamande, hollandaise, néerlandaise du siècle d'or, les impressionnistes, les nabis, les fauvistes, le surréalisme, les futuristes, et bien d'autres... et de nombreux artistes et mouvements contemporains ....


Giorgia O' Keeffe

Mes artistes préférés dans le désordre : Vermeer, Chagall, Giotto, Rotko, Monet, Masaccio, Goya,  Matisse, Bonnard, Filippo Lippi, Boticelli, Caspar Friedrich, Van Gogh, Hopper, Bellini, Vik Menuiz, Fra Angelico, Miro, Twombly, Jean Fouquet, Simone Martini, Degas,  Paolo Ucello, Magritte, Georgia O'keefe, Munch, Vuillard,  Ghirlandaio, Mary Casatt, et puis le Land Art avec Goldworthy, Smithson, les installations de Claude Levêque, d'Annette Messager ou de Boltansky, les photographies d'Andres Serrano.. et bien sûr j'en oublie! j'adore faire ce genre de listes parce que cela fait défiler devant mes yeux des dizaines et des dizaines d'images, de tableaux que j'ai eu le bonheur d'admirer, mon petit musée personnel.

Le land Art : Goldworthy
10)  Préfères-tu  la tragédie classique ou comédie de boulevard ?

     Le Cid avec Gérard Philippe


Je préfère la tragédie classique  à la comédie de boulevard mais en fait ce que je préfère à tout, c'est le mélange des genres, donc le théâtre shakespearien! Et puis aussi les comédies de haut niveau : Molière, Beaumarchais, Marivaux, Goldoni, Dario Fo, Calaferte...







11) Si tu devais n’avoir qu’une seule fleur dans ton jardin laquelle planterais-tu?



Là, tu me mets au supplice, Lilou! Moi qui aime toutes les fleurs et qui n'ai pas de jardin, tu m'empêches de rêver! Alors, je désobéis et je ne choisis pas  : je rêve de lilas, de mimosa, de glycine, de fleurs de cerisiers, des fleurs de l'arbre de Judée, de roses de toutes les couleurs, de narcisses, de jonquilles, de tulipes, de pivoines, de lys, d'azalées, de violettes.....



Umberto Ecco : Le nom de la rose




Le nom de la rose  de l'écrivain italien Umberto Ecco est paru en 1980 et a reçu le prix Médicis étranger. L'adaptation de Jean Jacques Annaud date de 1982.

présentation de l'éditeur
En l’an de grâce et de disgrâce 1327, rien ne va plus dans la chrétienté. Des bandes d'hérétiques sillonnent les royaumes. Lorsque Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, arrive dans le havre de sérénité et de neutralité qu'est l'abbaye située entre Provence et Ligurie – que tout l'Occident admire pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque –, il est aussitôt mis à contribution par l’abbé. La veille, un moine s’est jeté du haut des murailles. C’est le premier des assassinats qui seront scandés par les heures canoniales de la vie monastique. Crimes, stupre, vice, hérésie, tout va advenir en l’espace de sept jours.  Le Nom de la rose, c'est d'abord un grand roman policier pour amateurs de criminels hors pair qui ne se découvrent qu'à l'ultime rebondissement d'une enquête allant un train d'enfer entre humour et cruauté, malice et séductions érotiques. C'est aussi une épopée de nos crimes quotidiens qu'un triste savoir nourrit.

Inutile de vous dire que j'aime énormément le roman d'Umberto Ecco, roman  brillant, riche, touffu,  historique puisque le récit se déroule au Moyen-âge, dans une abbaye franciscaine, à une époque troublée où l'autorité du pape qui a quitté Rome pour s'installer à Avignon, est contestée, où sévit l'Inquisition, où règnent la peur,  les suspertitions, où le diable est partout présent... une époque passionnante, foisonnante, revisitée brillamment par Umberto Ecco qui fait revivre devant nos yeux la vie quotidienne d'une abbaye, un roman d'érudition qui sait ne jamais être ennuyeux et pesant..  Il s'agit aussi d'un roman policier, bien sûr, puisqu'il nous propose une intrigue complexe avec meurtres en série, rebondissements et surprises à la clef! Mais ce n'est que qu'un "premier degré" de lecture.  Dominique Fernandez dans un article de L'Express en 1982 en distinguait trois :

Mais "à un deuxième niveau" (...) Le Nom de la rose révèle un jeu littéraire des plus excitants. Pas une seule phrase du roman ne serait de lui, a affirmé l'auteur dans une boutade qui signifie d'abord que tout livre, au XXe siècle, est fait de la somme des livres précédents. Comme le labyrinthe de l'abbaye, le roman d'Eco est en lui-même une bibliothèque, où l'expert se régalera en reconnaissant, ici, un passage de Voltaire (l'histoire du cheval, au début, copiée sur celle du chien dans "Zadig"), là, pour les descriptions de gemmes et de plantes, le Huysmans de "La Cathédrale", plus loin, pour le défilé des hérétiques, le Victor Hugo de "Notre-Dame de Paris". Un exemple précis entre cent: vers la fin, la phrase que Guillaume cite à Adso comme étant d'un mystique allemand: "Il faut jeter l'échelle sur laquelle on est monté", n'est que la transcription en allemand ancien d'un aphorisme de... Wittgenstein, philosophe contemporain (et un clin d'oeil à "Jette mon livre, Nathanaël" de Gide). 

Et un troisième :

Mais alors, dira-t-on, toute cette grosse machine pour un simple divertissement de professeur? C'est ici que le "troisième niveau" rétablit la situation et transforme la gageure littéraire en un grave et profond livre aux répercussions troublantes. Dans les hérétiques, franciscains du XIVe siècle, puritains de l'Eglise et intolérants jusqu'au crime, Umberto Eco voit le modèle de ceux des terroristes qui ensanglantent aujourd'hui l'Italie, pour protester contre les compromissions du Parti communiste.

Les idées philosophiques sont elles aussi passionnantes.  Il s'agit d'une apologie de la raison défendue ici par le moine Guillaume de Baskerville, d'une lutte contre l'obscurantisme et pour la liberté. Les livres doivent servir à améliorer la condition humaine, à apporter le savoir et le bonheur et non, comme le veut Jorge de Burgos, le doyen des moines de l'abbaye, à maintenir les hommes prisonniers dans la crainte de dieu.
Sous sa forme amusante de roman policier et savante de devinette érudite, un vibrant plaidoyer pour la liberté, pour la mesure, pour la sagesse, menacées de tous côtés par les forces de la déraison et de la nuit.   Dominique Fernandez, L’Express.

Le film de Jean-Jacques Annaud, a été par la force des choses simplifié mais il n'en conserve  pas moins une grande force liée à la qualité de la reconstitution de la vie des moines dans l'abbaye, aux images et bien sûr à la magistrale interprétation. (chez Wens)

Je vous invite  à aller lire les billets d'une lecture commune de ce roman faite en 2011 :

Isil :
Karine
Efelle :
Choupynette 

 
 Résultat de l'énigme n°69



Les vainqueurs du jour  : Aifelle, Asphodèle, Bonheur du jour, Dasola, Eeguab, Keisha, Miriam, Pierrot Bâton, Somaja Merci à tous!




Le roman :Le nom de la rose de Umberto Ecco
Le film : Le nom de la rose de jean-Jacques Annaud





samedi 8 juin 2013

Un livre/ Un film : Enigme N° 69







Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

Enigme n°69
Le livre paru dans les années 1980 est un roman policier d'un écrivain italien qui a connu un succès retentissant.

Jusqu'alors j'avais pensé que chaque livre parlait des choses, humaines ou divines, qui se trouvent hors des livres. Or je m'apercevais qu'il n'est pas rare que les livres parlent de livres, autrement dit, qu'ils parlent entre eux. À la lumière de cette réflexion, la bibliothèque m'apparut encore plus inquiétante. Elle était donc le lieu d'un long et séculaire murmure, d'un dialogue imperceptible entre parchemin et parchemin, une chose vivante, un réceptacle de puissances qu'un esprit humain ne pouvait dominer, trésor de secrets émanés de tant d'esprits, et survivant après la mort de ceux qui les avaient produits, ou s'en étaient faits les messagers. 

mardi 4 juin 2013

Semaine italienne : Léonard de Vinci de Serge Bramly




La biographie de Léonard de Vinci de Serge Bramly est paru aux éditions JC Lattès en 1989 et a été rééditée en 2004. Elle est considérée jusqu'à ce jour comme l'une des meilleures parues sur cet immense artiste et il faut bien dire qu'elle est passionnante et riche. Elle permet de cerner au plus près le génie de de cet  homme de la Renaissance, autodidacte épris de savoir, peintre, sculpteur, architecte, musicien, sage et philosophe mais aussi inventeur, anatomiste, mathématicien, astronome… bref ! un homme universel. Elle a aussi le mérite de nous faire vivre dans l'Italie de la Renaissance, à Florence, Milan, Rome, de nous faire pénètrer dans les botteghe d'artistes, les ateliers  de Florence ou à la cour des puissants Sforza. Nous y rencontrons les hommes célèbres que Léonard de Vinci a côtoyés, avec qui il s'est lié d'amitié ou au contraire qu'il a considéré comme ses rivaux. Elle nous propose aussi des analyses très intéressantes des oeuvres du peintre.

Florence au XVème siècle, ville où Vinci étudia

Pourtant, l'auteur dès les premières lignes souligne la difficulté d'écrire une biographie sur cet homme complexe, cerné de zones d'ombre. Léonard de Vinci, en effet, est auréolé d'une gloire qui, tout en le plaçant en pleine lumière, fausse notre vision. Et ce ne sont pas les nombreux carnets dans lesquels il consignait ses pensées, ses recherches, ses doutes mais aussi ses dépenses quotidiennes, des fragments de lettres, des brouillons, des croquis, des listes de mots qui lèvent obligatoirement le mystère. Certes, ils fournissent une quantité de renseignements précieux mais jamais complets ou explicites et qu'il faut souvent interpréter. Aussi Serge Bramly précise qu'il cherchera à prendre du recul par rapport aux anecdotes, aux récits, aux hagiographies qui parlent de Vinci et le parent d'une aura mythique. Une des sources, parmi tant d'autres, sur lequel Bramly s'appuiera est La vie des meilleurs peintres et sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari, peintre, architecte du XVIème siècle à Florence qui avait huit ans à la mort de Léonard. Si Vasari n'a pu connaître lui-même l'artiste, il a travaillé dans des ateliers où son souvenir était encore très vivace et il écrit :  Quoi qu'il fasse, chacun de ses gestes est si divin que tout le monde en est éclipsé, et on saisit clairement qu'il s'agit là d'une faveur divine et non d'un  effort humain."  Enfin, Cellini  dit de lui qu'il est  "un ange incarné". Pourtant si Vinci connaît la notoriété, il doit faire face aussi à de nombreux échecs, d'oeuvres inabouties, comme si ce visionnaire ne pouvait réaliser jusqu'au bout ce qu'il crée en esprit.

Le baptême du Christ par Verrochio, achevé par Léonard de Vinci

Né à Vinci le15 Avril 1452, fils illégitime de Ser Piero de Vinci, notaire et de Catarina, jeune paysanne, Léonard fait ses études à Florence dans l'atelier du peintre et sculpteur Verrochio.  Accusé de sodomie et traîné en justice, il part à Milan à la cour de Ludovic le More où il a l'ambition de se faire connaître en tant qu'ingénieur militaire, sculpteur et peintre. Il crée la plus grande statue de cheval, en argile, jamais réalisée mais n'arrivera pas à la fondre. Il mettra son génie au service des fêtes somptueuses données par le More, et  imaginera pour lui des engins militaires. Lorsque Milan capitule devant les français, Vinci qui jouissait d'une certaine aisance et de la notoriété à la cours des Sforza part à Rome, Venise puis en France, attiré par le roi François 1er à Amboise. C'est là qu'il mourra le 2 mai 1519.

Léonard de  Vinci : son apparence physique

 Autoportrait de Léonard de Vinci Bibliothèque  de Turin


 Le Maître apparaît doté non seulement de dons exceptionnels mais aussi d'une  grande beauté physique. On a de nombreuses descriptions de lui de la part de ses contemporains qui le décrivent comme très soigné de sa personne, avec sa barbe peignée et frisée, son court manteau de couleur rose. Mais le seul autoportrait avéré, celui de la bibliothèque de Turin, exécutée à Milan en 1512  avant son départ à Rome,  une sanguine très fouillée, très aboutie, le représente âgé, les traits usés, un homme en proie au doute, à l'amertume. Ce qui surprend dans cet autoportrait c'est que les yeux du peintre ne regardent pas en face car Léonard de Vinci utilise un jeu de miroirs qui lui permet de se peindre sans se regarder en face.
L'autoportrait de Turin- seul portrait quasi incontestable de Léonard- parle de noblesse, d'une grandeur poignante, sans doute, mais ne laisse guère deviner derrière les rides désabusées qu'il avoue, l'Appolon que le vieillard de soixante ans put être autrefois. (….) C'est un autoportrait pour soi, enregistré par un crayon minutieux mais urgent, sans possibilité mais(ni désir) de repentir, presque un instantané.

Léonard de Vinci : Le peintre

 La Joconde


Léonard, curieusement, dès que les questions théologiques perdent leur importance, qu'on n'attend plus du peintre qu'il délivre un message, séduit d'abord par son hermétisme, son étrangeté que d'autres qualifiaient d'extravagance. "Devant la Joconde, écrit Julien Green dans son journal, j'entendis dire que cette peinture créait l'illusion de la vie. Elle crée bien plus, elle crée l'illusion du rêve.

La Vierge aux Rochers


La Vierge aux Rochers nous transporte de la même façon à l'intérieur d'un espace-temps irréel; cela défie l'analyse. On ne sait trop où prendre des termes pour exprimer l'impression ressentie. Le mystère, s'il peut se discuter, ne s'accorde pas avec le bon sens ni la raison; il nous ravit -parce que l'artiste lui a donné la force de l'évidence.


La dame à l'hermine 

La dame à L'Hermine est le portrait de Cecilia Gallerini, la jeune maîtresse du duc de Milan, Ludovic le More :
La jeune femme tient dans ses bras une hermine ou une martre, animal qu'on élevait depuis l'antiquité au lieu des chats, semble-t-il, pour chasser les souris; or l'hermine compte parmi les innombrables emblèmes du duc et le nom de l'animal est en grec Galé, d'où un jeu de mots probable sur le nom de Gallerani.

Léonard de Vinci : Le savant

 Avion


La science après s'être longtemps ébahie, hésite pourtant sur la valeur exacte qu'on doit accorder à ces découvertes - ou embryons de découverte.
Ainsi, explique Serge Bramly, Léonard de Vinci dit que là où ne brille aucune flamme, nul animal ne peut vire, mais c'est une constatation courante et pas un savoir. Léonard ne sait pas ce qu'est l'oxygène. D'autres "inventions" de Léonard de Vinci étaient déjà des préoccupations d'autres chercheurs de son temps.

 Char de guerre



 L'histoire des sciences, à travers laquelle nous appréhendons ses découvertes, fausse souvent, dans un sens comme dans un autre notre appréciation de la science de Léonard. Il faut être très prudent : je n'entrerai pas dans le débat ; personnellement, je suis tout autant émerveillé par les innombrables résultats auxquels Léonard aboutit (quelque limite qu'on leur donne) que par son extraordinaire besoin de comprendre, par la volonté obstinée qui le pousse sans répit dans tant de recherches, lui faisant poser des questions que nul n'a posées avant lui, par le fait enfin que cet autodidacte, disposant de moyens dérisoires, explorant l'univers à ses heures perdues, comme pour passer le temps, réussit au bout du compte, principalement grâce à des analogies, des correspondances, à élaborer une théorie générale du monde solide, puissante, cohérente.





lundi 3 juin 2013

Le mois anglais et les lectures communes




Et oui, c'est avec un peu de retard que je présente Le mois anglais organisé par Titine et Lou qui a déjà commencé le 1er Juin! Il faut dire que j'ai longtemps hésité à  m'y inscrire car j'ai reçu pour ce mois-ci beaucoup de livres urgents à commenter... Mais j'ai craqué car le programme  proposé  est alléchant : Vous pouvez nous parler de ce que vous voulez à partir du moment où c’est anglais : livres, films, cuisine, voyage, exposition… nous disent les deux organisatrices.  Merci à elles pour l'organisation de ce mois qui se révèle très riche déjà!

LECTURES COMMUNES MOIS ANGLAIS



-1er juin : Expiation de Ian Mc Ewan, lecture du blogoclub ouverte à tous/ Emma de Jane Austen pour George, EstelleCalim et Noveleen

-3 juin : Ma cousine Phyllis de Elizabeth Gaskell pour Virgule et Cranford pour Rachel

-4 juin : Humain remains de Elizabeth Haynes pour Enna, Valérie et Mrs B

-6 juin : The unlikely pilgrimage of Harold Fry de Rachel Joyce pour Mrs B et Enna

-5 juin : Les forestiers de Thomas Hardy pour Cléanthe et Virgule / Métamorphoses pour Lou

-8 juin : Dark Island de Vita Sackville-West pour Eliza, Shelbylee, George, Adalana et Titine / Plus Jamais d'invités ! pour Lou

-9 juin : Un livre de Jonathan Coe au choix pour Noctenbule, Val, Enna, Sylire et Denis

-11 juin : Meurtres au manoir de Villa Marsh pour Noctenbule et Titine

-12 juin : Boys don't cry de Malorie Blackman pour Enna et Mrs B

-13 juin : Une autre histoire de Londres de Boris Johnson pour Maggie, Titine et Miss Léo

-14 juin : Un livre au choix de Kate Atkinson pour Mrs B, Enna et Fanny

-15 juin : Un livre au choix de Virginia Woolf pour Eliza, Vanessa, Denis, Titine, Laure, Heide, Lou et Adalana + Une chambre à soi de Virginia Woolf  Alexandra, Claudialucia, Nathalie

-16 juin : Sherlock Holmes sous toutes ses formes pour Karine:), Lydia, Yueyin , Kélig, Belette et Valou

-17 juin : Un livre au choix de Susan Fletcher pour Laure, Mrs Frenchbooklover, Cryssilda et Sylire

-18 juin : Une place à prendre de JK Rowling pour Mrs B, Novelenn, Droopyvert et Karine:)

-20 juin : Un livre d'Agatha Christie au choix pour Enna, Lydia, Karine:), George, Kélig, Cartons d'Emma, Noctenbule, LilouSoleil, Mrs B, Lisou, Coralie, Lilas et plein d'autres ! / Une pièce de Shakespeare au choix pour Cryssilda, Lydia, Mrs Figg, Noctenbule, Valou, Droopyvert, Miss Léo, Shelbylee et Lou

-20 Juin "La dame du manoir de Wilfred" d'Anne Brontë.  Alexandra Claudialucia

-22 juin : -Un livre au choix de EM Forster pour Chinchilla, Karine:), Yueyin, Lou et Shelbylee

-24 juin : Pierre de lune de Wilkie Collins pour Val, Natiora, Denis, Laure, Rachel, Virgule, Choupynette, Rachel, Laure et Jainaxf / Droopyvert lira "Mari et femme"

-25 juin : Drôle de temps pour un mariage de Julia Strachey pour Laure, George, Fanny et Eliza / So shocking de Alan Bennett pour Maggie, Miss Léo et Titine

-26 juin : -Un livre de Mary Wesley au choix pour George, Denis et Karine

-27 juin : L'affaire de Road Hill House de Kate Summerscale pour Lou, Miss Léo, Lisou, Valou, Adalana, Syl,Titine, Claudialucia / Un livre au choix de Daphné du Maurier pour Heide, Laure et Bentos du Jardin

-28 juin : Un livre au choix de Pratchett pour Jainaxf, Karine:) et Lydia

-29 juin : Un livre au choix de Charles Dickens pour Shelbylee, Mrs Figg, Lydia, Novelenn et Hilde

-30 juin : Raison et sentiment de Jane Austen pour Lou et Coralie / Virginia Woolf de Viviane Forrester pour Laure, Denis, Heide et Philisine / "Miss Mackenzie" de Trollope pour Lilly, Romanza et Lou
-Un livre au choix de Barbara Pym pour Lou et Titine
-Mariage impossible de Anne Perry pour Syl, Shelbylee, Adalana et Claireliste

MES LECTURES COMMUNES DANS LE CADRE DU MOIS D'ANGLAIS

 Pour le moment, je me suis inscrite à trois LC et je verrai selon le temps que j'ai pour faire plus. Venez nous rejoindre!


 15 Juin : Une chambre à soi ou un livre au choix de Virginia Woolf  Alexandra, Claudialucia, Nathalie

20 Juin "La dame du manoir de Wilfred" d'Anne Brontë.  Alexandra Claudialucia
Gaelle se joint à nous.

27 juin : L'affaire de Road Hill House de Kate Summerscale pour Lou, Miss Léo, Lisou, Valou, Adalana, Syl,Titine, Claudialucia



LECTURES COMMUNES HORS DU MOIS ANGLAIS





LC du mois de Juillet  




Le 10 Juillet
Alexandre Dumas : Les Médicis avec Nathalie, Miriam



Revoir date?
Stevenson Le maître de Ballantrae proposé par Ys, avec Miriam et Nathalie









L C  du mois d'août

 Le 30 août
Victor Hugo L'homme qui rit proposé par  Aifelle avec Miriam , Rosamond

dimanche 2 juin 2013

Semaine italienne : Les aventures de Pinocchio de Carlo Collodi


Carlo Collodi

Carlo Collodi naît en 1826 à Florence où il mourra en 1890. Il est journaliste puis participe à la lutte pour l'indépendance de l'Italie en 1859. Dans les année qui suivent, il écrit des romans et des pièces de théâtre qui ont peu de succès. Ce n'est qu'en 1881 qu'il va gagner la notoriété en publiant en feuilleton - pour régler une dette de jeu, dit-on- le premier chapitre des aventures de Pinocchio. Il sera achevé en 1883.
Pinocchio signifie en italien "petit pignon"; c'est le fruit de la pomme de pin et cela signifie aussi "petit crevard" dans l'esprit de Collodi, autrement dit quelqu'un de moindre importance, un petit pauvre destiné à la misère et à mourir de faim.


Un livre qui s'adresse aux enfants

L'histoire de Pinocchio a acquis bien vite une renommée internationale. Tout le monde, en effet, connaît cette petite marionnette, même ma petite fille qui, à l'âge de trois ans, se cache le nez quand elle est effrayée non pas d'avoir menti mais que cela se voit! Pinocchio reste un petit pantin de bois tant qu'il n'a pas manifesté son humanité; il doit par apprendre à  se maîtriser, à acquérir des valeurs (ne pas mentir, être honnête, être travailleur etc…) pour pouvoir vivre en société, il doit savoir lire et écrire, apprendre un métier. Mais surtout il doit savoir prêter attention aux autres, se dépouiller de son égoïsme et s'ouvrir aux autres. Il ne devient un véritable être humain que lorsqu'il a atteint ce stade de son évolution. C'est évidemment la parabole du passage de l'enfance à l'âge adulte. En ce sens, Pinocchio est un roman d'apprentissage pour les tout petits. Il est en quelque sorte l'histoire de ce que les enfants vivent au quotidien à travers l'éducation parentale, scolaire et sociale. Et c'est pourquoi ils peuvent très facilement s'identifier au pantin en bois : il veu têtre libre, il commet des sottises, manque l'école, n'aime pas obéir et ment …. Mais en même temps c'est un personnage très encourageant : d'abord parce qu'il réussit malgré ses mésaventures à devenir "grand", ensuite parce qu'il y est aidé comme dans les contes par des auxiliaires, magiques ou non, comme la Fée bleue, le grillon, et bien sûr le père aimant, Gepetto.. La transposition du monde de l'enfance dans un monde qui pourrait être vrai mais qui est irréel assure une distanciation pour le jeune lecteur qui lui permet d'être rassuré tout en participant aux aventures terrifiantes que vit le pantin. Les personnages qui incarnent le mal, le chat, le renard mais aussi le directeur du cirque qui est l'ogre des contes sont effrayants mais toujours contrebalancés par les images positives citées plus haut.

Un livre pour les adultes


Ayant lu le livre en traduction française, je ne peux juger de l'intérêt du style qui paraît-il emprunte au Toscan et est écrit dans une langue simple, savoureuse qui (voir Wikipedia) a contribué à diffuser une langue commune pour tous les enfants italiens.
Le roman est aussi de tous les temps en ce qu'il rend compte avec humour et véracité d'un éternel enfantin, des sentiments contradictoires, des difficultés de l'obéissance et de la soumission à des règles imposées par les adultes, mais aussi de la tendresse, du besoin d'amour, des rêves, des peurs qui peuplent l'univers de l'enfance.
Si Gepetto et la Fée sont les auxiliaires du tout-petit pour atteindre l'âge de raison, ils représentent aussi le monde des adultes, le père et la mère, qui guident, conseillent, remettent dans le droit chemin, se découragent, souffrent mais savent pardonner. Dans un monde qui n'est pas celui des contes de fées, les marchands d'ânes de la cité des jouets, quant à eux,  figurent le capitaliste sans scrupules qui emploie de la main d'oeuvre enfantine et donc l'exploiteur qui vit sur le dos des enfants pour s'enrichir.

L'aspect moralisateur du roman pourrait ne pas convenir au lecteur contemporain mais le message qui est à la clef, dégagé de tout discours religieux, peut rassembler car il contient des valeurs laïques que tout parent soucieux de sa progéniture cherche à lui inculquer : l'amour de sa famille et d'autrui, le partage, la solidarité, le respect du travail bien fait, l'idée de l'importance de l'instruction à laquelle Collodi tenait beaucoup, seul moyen pensait-il pour les classes pauvres de sortir de la misère et de l'oppression… Comencini avec son adaptation du film a posé le problème de la liberté de l'enfant. Celui-ci est un être libre, qui doit faire ses propres expériences, l'éducation ne doit pas être répressive, elle doit se contenter d'encadrer l'enfant en douceur et de le mener à sa propre autonomie. Chez Comencini, la Fée n'est pas une gentille maman mais tient plutôt de la sorcière. Elle punit cruellement l'enfant. On voit donc que le livre de Pinocchio est au coeur des problèmes éducatifs de notre époque et qu'il ne cesse d'interroger et d'attiser la réflexion.

 La Fée bleue : Gina Lollobridgida dans le film de Comencini

Les aventures de Pinocchio présente aussi la société du XIX siècle en Italie du point de vue des pauvres gens et de la misère qui régnait dans les classes populaires. Sous le conte donc apparaît un roman réaliste très pessimiste où Collodi, âgé, (il a 54 ans quand il écrit), revenu de toutes illusions dénonce la condition lamentable de la classe ouvrière, l'indifférence ou la cruauté des riches, la dureté et l'injustice de ceux qui ont le pouvoir.  Il s'élève contre l'exploitation des enfants qui était semblable à son époque à celle que décrivait Victor Hugo en France ou à celle qui règne de nos jours dans les pays en voie de développement honteusement exploités par le riche Occident capitaliste et mondialiste. Nous ne pouvons donc que nous sentir concernés par ce roman toujours d'actualité.



 
 Résultat de l'énigme n°68

Les vainqueurs du jour  : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha, Marie Josée, Pierrot Bâton, Thérèse.. Merci à tous!

Le roman : Les aventures de Pinocchio de Carlo  Collodi
Le film :  Les aventures de Pinocchio de Luigi Comencini







voir livre de Malice: Carlo Collodi Pinocchio

samedi 1 juin 2013

Un livre/Un film : Enigme n° 68






Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme n°68

Le roman qui est est à l'origine du film (voir Wens) est l'oeuvre d'un romancier italien du XIX siècle. Destiné à un public enfantin, il s'adresse aussi aux adultes et est considéré comme un des plus grands classiques italiens. Le personnage du livre, connu dans le monde entier est devenu un type.
Il continua, cinq mois durant, à se lever chaque jour avant l’aube pour aller manœuvrer la noria afin de gagner les verres de lait qui faisait tant de bien à son papa dont la santé était délicate. Non content d’exercer cette tâche, il profita de son temps libre pour apprendre à fabriquer avec du jonc corbeilles et paniers. Grâce à l’argent qu’il gagnait ainsi, il réussit à faire face aux dépenses domestiques qu’il gérait avec beaucoup de sagesse. Parmi mille autres choses, il fabriqua également une élégante carriole pour promener son père afin qu’il prenne un peu l’air quand il faisait beau.Lors des veillées, il s’entraînait à lire et à écrire. Pour la lecture, il avait acheté au village, pour quelques centimes, un gros livre auquel il manquait les premières et les dernières pages. Pour l’écriture, il utilisait une brindille en guisede plume, et comme il n’avait ni encre ni encrier,il la trempait dans un petit récipient rempli de jus de mûres et de cerises.
 



Semaine italienne : Les fiancés de Alessandro Manzoni


 

Alessandro Manzoni, écrivain romantique italien, est né en 1785 à Milan où il meurt en 1873. Son roman Les Faincés lui assure une notoriété dans toute l'Italie et en Europe.  Dans la lignée d'autres écrivains romantiques européens comme Lamartine ou Byron, il  participa à la vie politique italienn.  En 1862, il fut nommé président de la commission pour l'unification de la langue italienne. Sa mort fut l'occasion de funérailles nationales et c'est à sa mémoire que Giuseppe Verdi composa son Requiem.
Les Fiancés (I promesse spozi) de Manzoni est un des classiques majeurs de l'Italie et aussi l'une des oeuvres les plus célèbres du romantisme italien. Commencé en 1821, le roman a connu quatre versions, en 1823, en 1827, Manzoni n'étant jamais satisfait de la version en cours. La dernière édition paraît ensuite entre 1840 et 1842. La structure narrative est remaniée  chaque fois mais c'est surtout au niveau de la langue qu'apparaissent les plus grands changements : au début mélange de latin, de lombard (d'où est originaire l'auteur) et de français (Manzoni a séjourné en France), ensuite, après un séjour de l'écrivain en Toscane où le langage est considéré comme plus pur, le roman paraît dans style qui a contribué pour beaucoup à l'unité de la langue nationale italien. Manzoni, personnage politique, engagé dans le Risorgimento, mouvement qui luttait pour l'unification de l'Italie, est donc l'origine de la naissance d'une identité culturelle commune..


Francesco Hayez peintre italien (source)

Le récit
Les fiancés de Manzoni est l'histoire d'un amour contrarié. Dans un petit village, sur les bords du lac de Côme, Renzo Tramaglino et Lucia Mondella, deux jeunes paysans, vont se marier mais le seigneur Don Rodrigo (nous sommes pendant l'occupation espagnole de la Lombardie au XVIIème siècle) veut s'emparer de Lucia. Il commence par faire peur au curé don Abbondio pour qu'il ne célèbre pas le  mariage puis il essaie d'enlever la jeune fille. Les fiancés fuient et, avec l'aide du frère Cristoforo, Renzo se réfugie à Milan, Lucia et sa mère Agnès dans un couvent de Monza. Mais Renzo, pris dans une émeute de la faim à Milan, est poursuivi comme meneur et s'enfuit à Bergame. Lucia, elle, est enlevée par L'Innommée, un puissant seigneur qui a accepté de venir en aide à Don Rodrigo. Que deviendra l'infortunée jeune fille? Et le jeune homme, parviendra-t-il à la retrouver et à l'épouser? Le fait est qu'ils ne sont pas au bout de leurs peines et que, outre les grands seigneurs "méchants hommes"  pour reprendre une expressions de Molière, les ravages de la guerre et une épidémie de peste vont aussi sévir dans la région…

Le romantisme
Les fiancés appartient bien à tout un courant romantique européen. Quand on le lit, on a l'impression d'y retrouver le Stendhal des Chroniques italiennes, le roman de cape et d'épée ou historique à la Dumas, mais aussi, avec l'enlèvement de Lucia conduite dans un sinistre château, repaire de brigands, le roman gothique d'Ann Radcliffe.

La lutte politique :

 Don Rodrigo (source)

Le roman se préoccupe des classes sociales modestes en prenant pour héros, deux jeunes paysans, Lucia et Renzo. C'est l'occasion pour l'auteur d'y affirmer ses idées politiques tout d'abord en se plaçant du côté des humbles, de ceux qui ont à souffrir de la faim, de la guerre, des exactions des grands uniquement préoccupés de la gloire militaire, de leur pouvoir, de leurs distractions et de la satisfaction de leurs caprices. Tout leur est permis! Leur tyrannie s'exerce non seulement sur ceux qui leur sont inférieurs et qui ne se verront jamais rendre justice mais aussi dans leur propre famille, en particulier sur les filles. Un récit semblable à celui de Diderot, La Religieuse, nous montre la vocation forcée de Gertrude, la fille d'un prince milanais, preuve qu'il ne s'agit pas là d'une mode mais d'une réalité puisque le personnage de Manzoni a réellement existé.
 On y voit aussi à travers la description de l'hégémonie espagnole sur la Lombardie au XVIII,  les préoccupations de Manzoni au XIX siècle luttant pour l'indépendance de l'Italie et l'unification de son pays.

La religion :


le cardinal Federigo Borromeo de Giulio Procaccini (1810) (source)

Manzoni  s'est converti au catholicisme quand il était à Paris et pratique une foi ardente mais lucide. Face aux grand seigneurs tout puissants qui sont au-dessus des lois, Manzoni oppose les forces de l'église et de la foi qui viennent  en aide aux pauvres. Le frère Cristoforo d'abord qui n'a aucun pouvoir sinon moral puis le puissant cardinal Federigo Borromeo, archevêque de Milan qui fonda la bibliothèque ambroisienne, un personnage considéré comme un saint, sont les plus précieux auxiliaires des fiancés.
La foi, la vertu et la pureté peuvent aussi posséder un grand pouvoir. Grâce aux paroles de pardon prononcées par Lucia, l'Innommé, touché par la foi, se convertit et choisit d'exercer le bien et la justice.
Pourtant tous les hommes d'église ne sont pas bons. Don Abbondio, le curé, est tellement dominé par la peur qu'il ne choisit pas le parti du bien. Trop lâche pour marier les fiancés, il n'osera pas prendre leur parti. La foi ne parviendra pas à percer la carapace de son égoïsme.

Un récit historique

On peut remarquer que de longues digressions dans le roman nous éloignent de l'histoire de Lucie et Renzo. C'est que Manzoni  a pris pour prétexte leurs aventures pour nous présenter un état du pays à leur époque au Nord de l'Italie. Il fait oeuvre d'historien, consultant les archives, étudiant maints documents et recoupant ses sources pour nous présenter des situations, des évènements et des personnages qui ont réellement existé. La révolte de la faim à Milan donne lieu à une scène magistrale de désordre et d'anarchie  témoignant du désespoir d'un peuple qui n'a plus peur des représailles puisqu'il n'a plus que le choix de mourir de faim. L'arrivée des soldats pendant la guerre, qui pillent les villages, violent, égorgent les habitants,  ne laissant que dévastation et ruines après eux, la grande épidémie de peste qui a décimé la ville de Milan et les campagnes, emportant plus de la moitié de la population sont aussi de grands moments de cet immense roman. Manzoni sait faire souffler le vent de de l'Histoire dans son oeuvre qui dépasse alors l'individualité de ses personnages pour devenir une grande fresque collective et parler de l'universel, mettant sans cesse en opposition l'Amour et la Mort, Eros et Thanatos.

Je participe avec Les fiancés de Manzoni au Blogoclub de Sylire et Lisa sur le thème des amours contrariés. Le livre choisi était L' expiation mais comme je l'ai déjà lu, j'ai dû en choisir un autre.

Sylire et Lisa

jeudi 30 mai 2013

Vous aimez les chats et les débats cornéliens? Allez voir Ô rage! Ô desespoir! Ô baby ennemi!



Chat Mô

Amoureux des chats? Allez voir le billet O rage! O désespoir! O baby ennemi!  ou les mémoires d'un chat malheureux dans le blog Graine de maison. Sur fond de tragédie cornélienne, vous assisterez au martyre d'un pauvre chat qui ne demande pourtant pas beaucoup à la vie : un simple bol de croquettes et une caresse de ses "parents"! A voir aussi l'article d'un chat (Mo) assassin.