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jeudi 9 février 2023

Lisbonne : Musée national d'art ancien MNAA (1) : Le retable de Santa Auta La légende de Saint Ursule

La légende de sainte Ursule : le mariage de Saint Ursule et du prince Conan

 La légende de Sainte Ursule

La légende de Saint Ursule, vierge martyre, et des onze mille vierges, est très répandue au XVI siècle. Il y a plusieurs variantes à cette légende qui date, selon les sources, du III ou V siècle. Le récit rapporté par Voragine dans La légende dorée entre 1261 et 1266 présente Ursule comme la fille d'un roi chrétien breton. Demandée en mariage par un roi d'Angleterre pour son fils, Conan, (parfois Etrée ou Etérée), elle exige qu'il se convertisse au christianisme et pour s'éloigner de son fiancé en attendant le mariage elle effectue, avec onze mille vierges, un pèlerinage de trois ans auprès du pape Cyriaque à Rome. Sur le chemin du retour, elle et ses compagnes sont prisonnières des Huns qui assiégent Cologne. Elle refuse d'épouser leur chef (Attila ?) et d'abjurer sa foi. Elle et ses suivantes  sont massacrées par les Huns. On a retrouvé une sépulture à Cologne au XII siècle que l'on a supposée être celle d'Ursule et de ses compagnes. Le nombre de onze mille gravé sur la tombe semble être une erreur de lecture des chiffres romains : XIMV qui ont été interprétés ainsi : XI . M . V - onze Mille Vierges mais qui pourrait l'être d'une autre manière : XI. Martyres. Vierges.  Mais rien n'atteste de toute façon l'existence de cette sainte.

 Santa Auta,  l'une des onze mille vierges

Le retable de Santa Auta est un polyptyque de cinq peintures à l'huile sur bois de chêne datant d'environ 1520-1525 conçu pour le couvent de Madre de Deus fondé par Dona Leonor, à Xabregas. Il a été peint par un artiste portugais de la Renaissance connu sous le vocable de Maître du rétable de Santa Auta et fait référence à la légende de Saint Ursule. J'ai lu dans un article qu'il avait été attribué, entre autres, à Cristóvão de Figueiredo mais sans authentification. Dona Leonor, la soeur de Manuel 1er, épouse de Jao II, qui vénérait Sainte Ursule avait reçu les reliques de santa Auta, l'une des compagnes de la sainte, envoyée de Cologne par son cousin, Maximilien d’Autriche. 

 Le retable de Santa Auta qui est à présent l’un des joyaux du musée national d’Art antique de Lisbonne présente trois panneaux, dont deux sont peints des deux côtés, avers et revers, cinq peintures, donc, qui narrent la légende de sainte Ursule.
Le panneau central raconte le martyre de Sainte Ursule et des onze mille vierges, l'avers du panneau latéral gauche montre le mariage de Saint Ursule avec le prince païen Conan converti au catholicisme; au revers le départ des reliques de Sainte Auta pour Lisbonne. L' avers du panneau droit montre le pape Cyriaque bénissant Ursule et ses  compagnes et au revers l’arrivée des reliques de Santa Auta à l'église de Madre de Deus.

 L'avers panneau gauche : le mariage d'Ursule et de Conan

 

Le prince Conan  et sainte Ursule

Le prince Conan et Sainte Ursule sont unis par l'évêque Jacques d'Antioche, du moins dans cette version portugaise. Dans d'autres versions, il n'y a pas de mariage. Sa main gantée de rouge bénit l'union des deux souverains. Le luxe des toilettes et des bijoux est remarquable. Au-dessus d'eux un ange consacre la sainteté de cette union et derrière eux  six musiciens noirs, probablement des esclaves, qui ne sont pas rares à la cour du roi Manuel au moment des découvertes des pays d'Afrique, introduisent le son et la musique dans cette célébration princière.

 

Les musiciens noirs (détails)

A côté de Sainte Ursule se tient Sainte Auta et deux autres dames de haut lignage, des suivantes. Comme Ursule, Auta porte une couronne et est habillée somptueusement, ce qui témoigne de son rang élevé. Elle tient une flèche dans la main, symbole de son martyre.   

 

Le mariage de Conan et Sainte Ursule : détail : à gauche Sainte Ursule, à droite Sainte Auta
 

Derrière Conan, trois gentilhommes et un  page qui tient la traîne du prince. Malgré le sujet religieux, le Maître de la légende de Santa Auta a voulu peindre un mariage de cour et la scène encadré de lourdes tentures, de brocarts d'or et de velours, est digne d'une scène de théâtre profane... pour notre plus grand plaisir ! Remarquez le manteau de brocart en soie de sainte Ursule ou celui du prince, avec col, liseré et rabat des manches en hermine.


Le mariage de Conan et Sainte Ursule : détail : gentilhommes et pages

 

L'avers du panneau droit : la bénédiction de Sainte Ursule et de ses compagnes

 

Le maître de Santa Auta MNAA

Dans le panneau droit le pape Cyriaque bénit le prince Conan, Sainte Auta, Sainte Ursule et toutes ses compagnes avant leur départ à Cologne.

 

 Le panneau central du rétable de Sainte Auta

 


Bien qu'il soit central, ce panneau ne raconte pas le début de l'histoire mais la suite, après la mariage d'Ursule et Conan et la bénédiction du pape. 

Dans ce panneau central qu’il faut lire de gauche à droite, on voit qu’une histoire nous est racontée comme dans une BD

Dans la partie gauche du tableau, Ursule part de Rome et s’embarque pour Cologne.  La foule est massée sur le quai. Au premier rang on reconnaît  l'évêque d'Antioche, le pape Cyriarque, la robe rouge d'un cardinal qui accompagnent sainte Ursule dans son voyage. On les retrouvera à l'arrivée.  Ursule monte dans la barque et s'installe auprès du prince Conan et  de Sainte Auta. Le batelier repousse le quai avec le rame. C'est le départ.

A droite, le paysage est celui de l'estuaire du Tage. A l'arrière plan figurent sept galions et deux caravelles qui rappellent la période historique, fin du XV et début du XVI siècle, et les grandes découvertes maritimes portugaises. Les drapeaux portugais des rois don João II ainsi que les  fanions et  drapeaux avec la sphère armillaire de don Manuel I sont déployés. Nous sommes dans l’âge d’or du pays. De ces nefs partent les embarcations qui transportent les passagers  vers le rivage. Avant même que celle de sainte Ursule et de ses compagnons accoste le massacre a déjà commencé.

La violence se déchaîne. Une femme est  morte, affaissée sur la rive, un cimeterre va s'abattre sur la tête d'une autre. Un des assaillants a saisi l'une d'elle par les cheveux et la tire hors de la barque. Les Vierges sont massacrées par des personnages qui ont tout l’air d’être des Turcs (et non des Huns),  rappelant les conflits du Portugal pour la route du commerce avec les  barbaresques. Derrière et jusque dans le lointain arrivent les autres barques transportant les onze mille vierges.


Le revers du panneau gauche  : le transfert des reliques de Santa Auta

 

L e retable de Sainte Auta  : le transfert des reliques de Santa Auta de Cologne
 
La procession transportant les reliques de Santa Auta part de Cologne dont les fortifications forment l'arrière plan. Des frères sont chargés du reliquaire recouvert d'un drap d'or, suivis par une foule parmi laquelle on distingue un cardinal coiffé de rouge. Sur l'escalier des marins dévotement agenouillés attendent de recevoir l'urne pour la hisser sur le galion. Au  premier plan se dresse Santa Auta tenant un livre dans la main, couronnée d'une auréole et d'une couronne. La pointe de la flèche témoignant de son martyre est fichée dans sa poitrine. Elle a la palme du martyre à la main. Elle est située au-dessus des humains, leur tournant le dos, comme entre ciel et terre, entièrement  coupée des liens terrestres dans son ascension vers la sainteté. Le vêtement de brocart de soie décoré de fils d'or et de fils de perles offre un décor de feuillages entrelacés. De ces manches, amples, aux poignets brodés, émerge un bouillonné de mousseline de soie blanche délicatement noué par des rubans bleus. On le voit la piété ne gêne pas l'élégance !

Le revers du panneau droit : l'arrivée des reliques à Lisbonne

 

L' Arrivée à Lisbonne des reliques de santa Auta  au couvent de la Mère de Dieu
 

Le revers du panneau droit est le pendant du revers du panneau gauche mais dans une symétrie inversée, la foule sort de la ville de Cologne, la procession entre dans la ville de Lisbonne. La Sainte se trouve à droite du panneau, puis sur la gauche. Elle tient la flèche et la palme du martyre de la main droite et un livre de la main gauche. Une chaîne d'or avec un large anneau  enserre sa taille, peut-être un symbole de chasteté ? La châsse est portée dans l'église du couvent de la Mère de Dieu dont on voit la façade ornée des armoiries du roi Jao II et de dona Leonor et d'un médaillon de della Robbia. Le porche trilobé est encadré de colonnes torses. Derrière la silhouette de la sainte, en arrière-plan, apparaissent quatre personnages féminins dont l'un est dona Leonor .

***

 Cet ensemble de tableaux est magnifique, je l'ai adoré. On se laisse prendre par la main pour entrer dans la légende. Les personnages sont très jeunes, presque des enfants, beaux, purs. Le maître du retable de Santa Auta possède l'art du portrait et sa composition donne vie et mouvement au récit. La magnificence des habits, la vivacité des coloris, en font une oeuvre pleine de charme même si elle décrit une histoire tragique.  

Comme tous les peintres qui ont représenté cette légende, le Maître du retable de Santa Auta a adapté la légende à son pays, il s’éloigne quelque fois d’autres versions et a laissé parler son imagination. Il témoigne de la haute société de son temps à Lisbonne, les personnages sont habillés de vêtements du  XVI siècle et rappelle la cour portugaise. Il rappelle aussi l'importance de son pays à une époque où le Portugal étend son empire et où l'or des épices va profiter aux arts  en irriguant la cour des rois portugais.


La sainte Ursule de Vittore Carpaccio


Vittore Carpaccio :  le rêve d'Ursule, un ange lui prédit le martyre

 

De nombreux peintres de la Renaissance ont représenté la légende de Sainte Ursule qui connaissait une dévotion particulière en Europe : le maître de la légende  de Saint Ursule de Cologne, celui de Bruges,  ... mais celui que je connais est Carpaccio, peintre vénitien, au musée de l'Académie, dont le récit se  situe, bien évidemment, dans un décor vénitien.


Vittore Carpaccio : La légende de Saint Ursule Rencontre des fiancés musée de l'Accademia Venise

A suivre :   Lisbonne : Le musée national d'art ancien le MNAA (2) : La renaissance portugaise

dimanche 5 février 2023

Steinunn Johannesdottir : L 'esclave islandaise tomes 1 et 2


Tome 1

La 4e de couverture de L'esclave islandaise de Steinunn Jihannesdottir paru aux éditions Gaïa nous fait savoir que : "En 1627 aux îles Vestmann, au sud de l'Islande, le Raid des Turcs enlève 400 Islandais, vendus comme esclaves par-delà les mers du sud. »

C’est cette histoire que l’écrivaine Steinum Johannesdottir va nous raconter en prenant pour personnage principal l'une des femmes enlevées :  Gudridur. Pourquoi cette dernière ? Parce qu’elle a par la suite épousé l'un des plus grands poètes d’Islande, auteur de chants bibliques très appréciés, Hallgrimur, et ainsi sa vie est plus connue que les autres du moins après son retour.
Gudridur accompagnée de son fils est amenée à Alger où elle et ses compatriotes sont vendus sur la place du marché. Vêtus d’habits de laine sous une chaleur torride, après un voyage en mer épuisant, malades, séparés de leur famille, certains d’entre eux meurent dès les premiers jours et sont enterrés dans un petit cimetière qui existe toujours à Alger.

 C’est, pour Gudridur, l’apprentissage humiliant et terrible d’être ravalée au rang d'esclave et de vivre au service d’un riche dey, soumise à la fois sexuellement aux désirs du maître, et travaillant dur au service de la première épouse. Maladie, fièvre, coups de fouet, Gudrigur reste neuf ans esclave à Alger avant d’être rachetée par le roi danois Christian IV. Quant elle part, Gudridur doit laisser son fils là-bas. Converti à l’Islam, élève dans une école coranique, il n’a pas été racheté. 


Tome 2 : le retour


Le voyage de retour à travers la Méditerranée, puis sur les routes de France et en mer jusqu’au Danemark sera tout aussi éprouvant. S’ajoute aux souffrances physiques, l’angoisse de ceux qui reviennent sans savoir si leurs conjoints les auront attendus, ni s’ils sont morts, ni si ceux qui sont restés au pays les accepteront après leur séjour chez les barbaresques. 

L'intérêt du roman réside dans la description des voyages et de la vie dans les deux pays. Steinunn Johannesdottir  rend sensible le contraste frappant qui existait entre les deux civilisations : l’Islande, ses chaumières basses, enfumées, obscures, en terre battue, ses feux de tourbe qui fument et empuantissent l’atmosphère, le froid, les vents incessants, la neige, les tempêtes et la difficulté de la lutte pour la survie. De pauvres marins partent et souvent meurent en mer pour assurer la subsistance de la famille.
Alger, la belle, toute blanche sur la colline, le soleil avec le bleu du ciel et celui de la mer, les palais de mille et une nuits où Grudidur est enfermée comme esclave, avec ses fontaines, ses fleurs, ses fruits cueillis sur l’arbre, sa végétation luxuriante et ses bains, le hammam, un luxe extraordinaire. La vie de l'esclave dépend du maître; il peut être dur et maltraitant et les châtiments sont parfois horribles. L'un des compatriotes de Grudidur a eu le nez et l'oreille coupés pour s'être trompé de puits. Par contre son amie épouse un dey et préfère se convertir pour s’intégrer dans la société.  

Un autre thème est celui de la religion, celle rigoriste et sévère des Islandais protestants. Les mentalités sont bien observés. Gudridur lutte pour conserver sa foi qui la soutient et l'empêche de sombrer dans le désespoir. Mais cette religion puritaine fait naître un sentiment de culpabilité et de faute quant à sa vie dans le harem.

L'esclave islandaise est un roman d’aventures mais aussi un roman historique. L’écrivaine s’est rendue en Algérie, pour connaître la ville, les lieux où étaient vendus les esclaves, le cimetière des Islandais. Elle a refait le chemin du retour emprunté par les esclaves libérés. Elle s’appuie sur des recherches solides, des documents originaux comme, entre autres, la lettre écrite par Gudridur à son mari quand elle était prisonnière, celles envoyées au roi Christian IV par les Islandais, les récits racontés par ceux qui ont été libérés, les nombreux écrits suscités par cette terrible histoire depuis le XVII siècle les cartes, gravures, documents … et le reste est laissé à l'invention, à l'imagination, il s’agit d’une fiction intéressante et agréable à lire.


 

vendredi 3 février 2023

Lisbonne : Le château San Jorge, le quartier de l'Alfama et le musée du fado


 Le quartier de l'Alfama situé sous le château Sao Jorge

  Le château Sao Jorge a été bâti au Vième siècle par les Wisigoths, agrandi par les Maures au IX ième et reconquis par les chrétiens lors la bataille de 1147. Il fut alors baptisé Saint Georges, un saint vénéré par les croisés. Il se dresse sur la plus haute colline de Lisbonne et domine le quartier de l'Alfama.

 

Lisbonne : château Sao Jorge

 

 Si le château n'offre que des murailles impressionnantes mais nues, les points de vue sont splendides et toute la ville de Lisbonne s'étend devant nous.

  

Vue du château Sao Jorge sur Lisbonne, le Tage, et le pont du 25 Avril


Vue du château sur la praça da Figueira et sur le quartier de la Baixa


Vue du château Sao Jorge sur la place du Commerce
 

 Vue du château : l'estuaire du Tage, son immensité

 

L'Alfama : quelques images


La descente sur le quartier de l'Alfama jusqu'au Tage est abrupte mais cette promenade est très pittoresque et permet de découvrir un des plus anciens quartiers de Lisbonne resté populaire même si, parfois, certaines maisons restaurées permettent de voir une évolution dans la population.




Alfama et ses petites ruelles abruptes dégringolant vers les Tage


Alfama : quelques détails


Alfama : maisons restaurées





Au-dessus des toits, le Tage et ses bateaux de croisière On aperçoit le musée du fado en rose


Alfama : ruelle







Casa da Liberdade Mario Cesarini Galerie d'art


Casa da Liberdade Mario Cesarini Galerie d'art


Musée du Fado

 

Le fado est un chant né dans les quartiers populaires et mal famés d’Alfama. C’est un chant triste  qui parle du quotidien du peuple, de la souffrance et de la pauvreté, de la solitude, de la séparation, nostalgie des marins partis en mer, séparés de leur pays et de leur famille pendant de longs mois, ou amour déçu, amour finissant. Au XIX siècle, il était considéré comme populaire et méprisé par la « bonne » société. Dans Les Maïa de Eça de Queiros le grand-père, aristocrate conservateur, s’étonne et se scandalise que l’ami de son petit-fils se soit installé dans un quartier de « chanteurs de Fado ». Mais certains de ses jeunes gens n’hésitent pas à s’encanailler pour aller écouter ce chant qui incarnera plus tard l’identité d’une nation.

 

Amélia Rodrigues

Le premier disque a été gravé en 1904 mais en 1927 la dictature de Salazar soumet à la censure les textes de fado jugé trop audacieux et contestataires. C’est pourtant sous la dictature que Amelia Rodrigues la plus célèbre chanteuse de fados porte ce chant à son plus haut niveau. Après la Révolution des oeillets, une mauvaise interprétation du symbole, fit que le Fado fut considéré comme un chant lié à Salazar  et  à  ce titre Amelia Rodrigues traitée de fasciste.

 


 Je me suis demandée pourquoi ce fado avait été interdit. La (mauvaise) traduction de google ne me permet pas vraiment de le comprendre si ce n'est que celui qui chante, seul au monde, sans illusions, sans espoir, souhaite mourir. Peut-être désirer la mort offensait-il la très sainte mère l'Eglise au temps du Salazarisme ?


 

Le musée présente des affiches des plus grands fadistes, des disques, des guitares à six cordes et à la forme arrondie et même une maquette de maison close qui en rappelle l’origine. 

 

Guitares musée du fado

 Des tableaux illustrent ou plutôt précisent les raisons de ses chants :


La misère, la prostitution  : la tristesse douce du fado n'est pas dépourvue d'espoir
 

 

Le départ en mer, la nostalgie de la séparation, de l'éloignement

Le départ du marin

Le surréalisme fait sien le fado
 

Ce que j’ai préféré, c’est la salle d’écoute où j’étais seule pour visionner et écouter des films de chanteurs et chanteuses de fado. Bien que je ne comprenne pas les paroles, la musique m’a paru envoûtante et tellement empreinte de mélancolie que je me suis sentie gagnée par une tristesse que l’on peut qualifier de douce… une tristesse qu'on aime ressentir ! J’ai souvent entendu parler de la saudade mais ce concept était restée pour moi théorique. Dans le dictionnaire Larousse, ce mot est ainsi défini :  comme « un  sentiment de délicieuse nostalgie, un désir d'ailleurs » Mais saudade est un mot portugais du latin solitas, atis qui exprime un sentiment complexe, intraduisible en français. Or, je pense qu’en écoutant ces fados, j’ai eu une idée un peu moins flou de ce que signifie le terme.

En sortant du musée, en direction de la place du Commerce, on passe devant la Casa dos Biscos où est installée la fondation Jose Saramago. C’est un palais érigé en 1523 par le vice-roi des Indes, Afonso Albuquerque. Il est inspiré par le palais des Diamants de Ferrarre et présente un bossage en forme de pointe de diamant. 

La casa dos Bicos


Afonso Albuquerque, je l’ai rencontré dans les Lusiades de Camoes, qualifié par l’écrivain de « terrible Albuquerque ». J'ai d’abord pensé que Camoes était choqué par les méthodes radicales, expéditives, extrêmement brutales, et pour tout dire définitives, utilisées par le vice-roi pour soumettre les révoltes lors de la colonisation des Indes pour le Portugal mais j’ai appris plus tard, en avançant dans ma lecture, ce que lui reprochait vraiment Camoes. C’est d’avoir condamné à mort des marins portugais de son équipage qui avaient violé des femmes indiennes ! Non que l’acte soit répréhensible en soi aux yeux de notre « terrible » Alburquerque mais c’était des vierges qu’il destinait comme épouses aux nobles portugais qui peuplaient la colonie. Pauvres marins punis pour si peu !


mercredi 1 février 2023

Mario Vargas Llosa : Le rêve du celte

Roger Casement

Le rêve du celte de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa raconte l’histoire de Roger Cassement, né à Dublin et dont le berceau familial se trouvait dans le comté d’Atrim, au coeur de l’Ulster. Surnommé « Le Celte », converti au catholicisme, religion de sa mère, il a personnifié la révolte des indépendantistes  irlandais.
Emprisonné pour avoir coopéré avec les Allemands sur lesquels il voulait s’appuyer pour mener à bien l’indépendance de l’Irlande, il  est accusé de complot contre l’Angleterre et n’échappe pas à la vague de répression qui a eu lieu, après l'insurrection d'Avril 1916, une répression si féroce que les irlandais ont appelé cette terrible période « les Pâques sanglantes ».
Roger Casement sera-t-il lui aussi condamné à mort ? La campagne de dénigrement menée contre lui après la découverte de ses carnets intimes cherchant à salir  sa vie privée fera-t-elle pencher la balance du côté de ceux qui réclament sa mort ?

Ce sont les questions qui se posent en début de roman, et pendant que la Grande-Bretagne statue sur son sort, nous faisons un bond en arrière dans le passé de Roger Casement.  Une première partie est intitulée Congo.

Congo

Léopold II roi de Belgique

Roger Casement était consul de la Grande-Bretagne quand il entreprit en 1903, mandaté par son gouvernement, la remontée du Congo pour aller enquêter sur la situation des indigènes dans les régions reculées du Congo belge que l’Europe avait attribué à Léopold II, roi de Belgique.

Henry Shelton Stanley

Avant cette mission, Roger Casement avait travaillé huit ans en Afrique, à partir de 1884 dans l’expédition de Henry Morton Stanley* puis de Henry Shelton Sanford en 1886, ce qu’il regrettera toute sa vie. Lui qui était un fervent partisan de la colonisation, pensant sincèrement, que celle-ci apporterait la civilisation et la prospérité aux autochtones « par le biais du commerce, du christianisme et des institutions sociales et politiques de l’Occident » , « il voulait oeuvrer à l’émancipation des africains et en finir avec leur retard, leurs maladies et leur ignorance » ; lui qui, dans son enfance éprise d’aventures et de grandeur, avait admiré Stanley qu’il considérait comme un bienfaiteur des indigènes, déchante en découvrant qui est réellement cet aventurier !

Les choses que ces hommes rudes et déshumanisés racontaient de l’expédition* de 1871-1872  faisaient se dresser les cheveux sur la tête. Des bourgs décimés, des chefs de tribus décapités, leurs femmes et leurs enfants fusillés s’ils refusaient de nourrir les expéditionnaires ou de leur céder porteurs, guides et machettiers pour ouvrir des voies de passage dans la forêt. »

* première expédition de Henry Stanley

Son idéalisme va s’effondrer devant la réalité. En signant des contrats qu’ils ne savent pas lire, les chefs de tribus cèdent les terres à la Belgique, offrant sans le savoir une main d’œuvre gratuite, corvéable, que l’on fait marcher à la chicotte, cet « emblème de la colonisation », ce fouet fabriqué avec la peau de l’hippopotame, « capable de produire plus de brûlure, de sang, de cicatrices et de douleur que n’importe quel autre fouet…. »

Roger Casement, malade, épuisé par la malaria, enquête avec opiniâtreté sur les conditions de vie de ses travailleurs forcés et l’horreur qu’il ressent lui interdit, malgré sa mauvaise santé, de renoncer à collecter les témoignages qui prouvent les crimes, les sévices corporels, le travail épuisant, la misère, la faim car la population n’a pas le temps de cultiver la terre pour elle-même, la maladie, qui déciment la population autochtone. Et si les hommes ainsi réduits à l’esclavage cherchent à fuir, leurs femmes retenues comme otages subissent viols, tortures, et mises à mort. Chacun prélève, à des degrés divers, sa part d’une fortune basée sur l’exploitation de l’hévéa, l’or noir, producteur de caoutchouc qui enrichit la Belgique sans autre préoccupation humaniste. La population décimée est vouée à disparaître.  

Il ne cessera son enquête qu’après avoir publié son Rapport sur le Congo qui fit scandale et lui valut d’être considéré par les uns comme un héros, par les autres comme un pestiféré.

La seconde partie intitulée Amazonie

Amazonie

Génocide des indiens Huitotos source

Roger Casement va être à nouveau missionné pour une enquête sur les conditions de vie des indiens amazoniens travaillant pour La Péruvian Amazone Company, compagnie britannique dirigée par un homme d’affaire péruvien sans scrupule, Julio C. Arena. La compagnie, productrice de caoutchouc, à la frontière du Pérou et de la Colombie, laisse à des hommes de paille, brutes sans conscience, le soin d’exploiter les plantations d’hévéas du Putumayo sans se soucier des exactions et des crimes commis. Elle et son directeur sont intouchables pour des raisons économiques.

Cette fois encore, on touche le fond de l’horreur car si tout se répète comme au Congo, c’est avec encore plus de noirceur, de mépris pour la vie des indiens, et même une cruauté gratuite comme le pratique les chefs de comptoirs des caoutchouteries du Putumayo et en particulier Armando Normand de sinistre réputation, qui surpasse tous les autres et fait peur même à ses subordonnés..

Les « raids », c’est « Aller à la chasse aux indiens dans leurs villages pour qu’ils viennent recueillir le caoutchouc sur les terres de la Compagnie », le marquage des indiens comme des bestiaux, la demande de rentabilité à outrance, les punitions dégradantes et terrifiantes pour ceux qui ne tiennent pas le rythme, les représailles exercées sur les enfants, les décapitations, les mutilations, les tortures, les viols, annihilent toute volonté de rébellion. Les jeunes filles servent d’esclaves sexuelles aux dirigeants des plantations qui se constituent une sorte de harem. Quand le système d’exploitation est à ce point extrême, il détruit aussi bien le corps que l’esprit, c’est pourquoi les indigènes ne peuvent se révolter, toute volonté de même que l’instinct de survie sont abolis, explique  Casement.

Et, il s’indigne à la pensée que pendant que l’or noir assure la prospérité jusqu’au coeur financier de Londres : «  A l’autre bout du monde, au Putumayo, toutes les ethnies : Huitotos, Ocaimas, Muinanes, Nonuyas, Andoques, Rezigaros ou Boras se trouvaient en voie d’extinction sans que personne ne bouge le petit doigt pour remédier à cet état de choses. »

Malgré son épuisement physique et moral, les menaces de mort qui pèsent sur lui, Roger Casement et les autres membres de l’expédition réunissent tous les témoignages et les preuves des meurtres et des atrocités commises. Son rapport paru en 1911 fut sans grande efficacité. Les criminels incriminés dont Armando Norman s’enfuirent au Brésil où d’ailleurs ils retrouveront du travail, le gouvernement péruvien, malgré la pression de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, ne veut pas intervenir car la Compagnie est le seul frein qui empêche la Colombie d’envahir cette zone frontalière. Et Roger Casement dut repartir sur place au péril de sa vie pour à nouveau rendre compte de ce qui se passait. Cette fois, le rapport sur le Putumayo nommé Blue Book qu’il en rapporta fit un peu bouger les lignes et précipita la ruine de la compagnie mais le génocide resta impuni, nié, oublié, et le criminel Julio Arena élu au sénat.

Je viens de lire L'Attrapeur d'oiseaux de Pedro Cesarino, écrivain brésilien, où l'on rencontre à nouveau des Indiens du Putumayo  qui ont fui leur pays pour échapper aux violences. Un siècle après !
 

L'Irlande 

Le centre de Dublin bombardé pendant les Pâques sanglantes source

 

La troisième partie est évidemment l’Irlande où l’on voit comment cet homme qui avait été si longtemps consul de la Grande-Bretagne, annobli en récompense de ses missions, a pu éprouver une telle haine pour l’Angleterre jusqu’à préférer demander le soutien des allemands pendant la guerre de 1914 pour libérer son pays. C’est par une comparaison avec les peuples congolais et amazoniens que Casement en vient à considérer les irlandais comme des colonisés et à planifier la marche à suivre pour se libérer de cette oppression. Mais ses tentatives furent un échec. En attendant le verdict, il cherche à vaincre sa peur de la mort, se tourne vers la religion et Dieu. Le personnage du shérif et du prêtre, ainsi que de sa soeur Nina et sa cousine Gee, sont autant de personnages, secondaires, certes, mais beaux.
Le mérite, le courage et le dévouement de Roger Casement n’ont jamais été reconnus au XX siècle à cause de son homosexualité dans un pays comme l'Irlande extrêmement puritain. Ce n’est que progressivement qu’il a eu droit à une timide reconnaissance. Ce livre qui rétablit son combat contre la colonisation est non seulement un bel hommage mais aussi une lutte contre l’oubli des horreurs commises par la colonisation.


*Henry Stanley l’explorateur qui a retrouvé Livingstone.

Voir le billet de Ingammic sur Le rêve du Celte ICI

 

Je viens de rester une semaine sans internet (des travaux dans ma rue) et voilà que le câble vient d'être rétabli juste le premier jour du mois de Février, début du du rendez-vous consacré à la littérature des pays d'Amérique latine initié par Ingammic. ICI


 Et par la même occasion ma première participation au challenge sur les minorités ethniques toujours avec Ingammic.




dimanche 29 janvier 2023

Balzac : Les secrets de la princesse de Cadignan


La nouvelle Les secrets de la princesse de Cadignan est parue en 1839 dans Etudes de moeurs, scènes de la vie parisienne. Cette princesse que sa vie fastueuse et dissolue a ruinée, n’est autre que la duchesse Diane de Maufrigneuse, belle et brillante dame de la haute société parisienne, collectionneuse d’amants, croqueuse de fortunes, personnage récurrent de la Comédie humaine.

« La belle Diane est une de ces dissipatrices qui ne coûtent pas un centime mais pour laquelle on dépense des millions."

 Pendant que son mari est en exil auprès du roi Charles X, après la révolution de Juillet, la duchesse de Maufrigneuse essaie de faire oublier ses revers de fortune et sa vie scandaleuse en mettant en avant son autre titre, celui de princesse de Cadignan. Elle se retire dans une demeure plus modeste, en réduisant son train de vie, évitant de se produire dans le monde, afin de bien marier son fils…  richement s’entend ! Avec l'aide de son amie,  la marquise d’Espard, autre grande dame de La Comédie humaine, elle garde un pied à l’opéra et un dans le Faubourg Saint Honoré pour ne pas se faire totalement oublier. C’est grâce à la marquise que la princesse de Cadignan fait connaissance de Daniel d’Arthez, écrivain, qu’elle a décidé de séduire.

 

Diane de Maufrigneuse


A travers cette nouvelle, Balzac livre une étude de femmes du monde qui n’ont pour but que d’être admirées et de briller en société. Proches de la quarantaine - Diane a trente-sept ans- toutes deux sont bientôt à l’âge où les femmes cessent de plaire et comme le dit Balzac assez méchamment :

« En voyant venir la terrible faillite de l’amour, cet âge de la quarantaine au-delà duquel il y a si peu de choses pour la femme, la princesse s’était jetée dans le royaume de la philosophie. » ou encore «  Elle aima d’autant mieux son fils, qu’elle n’avait plus autre chose à aimer ».

Musset dans Les Caprices de Marianne ne disait pas autre chose à propos de Marianne qui a dix-huit ans : Vous avez donc encore cinq ou six ans pour être aimée, huit ou dix pour aimer vous-même, et le reste pour prier Dieu.. C'est une constante au XIX siècle, donc ce doit être vrai à cette époque ! Mais la princesse confie à son amie qu’elle n’a jamais aimé. Malgré tous les amants qu’elle a eus, elle n’a jamais trouvé un homme qui ne lui inspire pas du mépris. En quête de l’amour et comme elle se juge encore assez belle pour séduire, elle demande à la marquise de lui présenter Daniel d’Arthez.

 

Michel Chrestien, ami de d'Arthez, membre du cénacle

 

C'est la mort de Michel Chrestien, ami de d'Arthez, qui sert de prétexte à la princesse pour se rapprocher de l'écrivain. Personnage récurrent de La comédie humaine, Michel Chrestien est l'un des amoureux transi et respectueux de la princesse de Cadignan à qui il n'a jamais avoué son amour.  

 

Daniel d'Arthez et les membres du cénacle
 


Or, il se trouve que l’écrivain Daniel d’Arthez, homme de génie, rendu célèbre par ses écrits, fortuné après avoir hérité de son oncle, est une proie facile. Consacrant sa vie à l’étude et l’écriture, n’ayant pour maîtresse qu’une femme « banale », « vulgaire » (il faut voir le dédain de Balzac pour les femmes du peuple !), Daniel d’Arthez est prêt à tout gober même les mensonges les plus criants. Et comme ses amis l’ont mis au courant des aventures et des frasques de la princesse de Cadignan, cette dernière va habilement se refaire une virginité, si j’ose dire, en se posant en victime des racontars et des rumeurs, injustement salie par la méchanceté du monde. Elle va trouver en Daniel son plus fervent défenseur et ils fileront le parfait amour !  Oui, enfin c’est ce que laisse entendre Balzac mais…

 

La princesse et Daniel d'Arthez de Alcide Robaudi


Dans cette nouvelle, apparaît l’admiration éperdue que Balzac éprouve pour la femme du monde, un monde de raffinement auquel il aspire. On sait qu’il est criblé de dettes tant il aime le luxe. Il dépense sans compter pour son habillement ou pour meubler et décorer de tentures somptueuses et coûteuses son appartement. Bien au-delà de la beauté, il est en admiration devant la richesse des étoffes des robes et des dentelles, devant la coquetterie, le geste étudié, la voix suave, l’esprit, la distinction et même la morgue de ces grandes dames. Tout lui plaît dans la femme du monde, ravit son goût du luxe et des choses élégantes, aristocratiques. On sait que la duchesse de Castrie a servi de modèle à ces portraits de femmes du Monde (la duchesse de Langeais) et qu’elle a eu avec Balzac, sans fortune et roturier, des relations très tendues.

Alors qui peut avoir servi de modèle à Daniel d’Arthez, cet homme de génie « qui est resté l’enfant le plus candide, en se montrant l’observateur le plus instruit » et qui va être le jouet de la princesse de Cadignan? Qui ?  Certes, Daniel d'Arthez est trop  idéaliste, trop désintéressé, pour être vraiment le double de Balzac mais qu'en est-il de ses rapports aux femmes ?  Et n’est-ce pas pour se venger que l’écrivain brosse un portrait féroce de Diane, un portrait où la plus grande admiration, toujours, se mêle à l’acidité. Il étudie l’art de la princesse de se mettre en valeur, son habileté pour détourner les soupçons et se faire voir comme vertueuse. Il peint une femme froide, fausse, rusée mais intelligente, immensément belle et sûre d’elle et effectivement Balzac nous apparaît bien ici comme  "l'observateur le plus instruit" .

« La princesse est une de ces femmes impénétrables, elle peut se faire ce qu’elle veut être :  folâtre, enfant, innocente à désespérer; ou fine, sérieuse, profonde. »

Puis, à la fin de la nouvelle, il abandonne les amants en nous laissant croire que la princesse est vraiment amoureuse et que tous deux vivent le parfait amour ? Je n’y crois pas un seul instant, contrairement à ce qui est généralement admis !  

En effet, elle se dit amoureuse,  mais, jusqu'à la fin, elle ne cesse de le manipuler et confie à la marquise :  « Mais c’est un adorable enfant, il sort du maillot ». Une femme qui est décrite comme une excellente comédienne, un femme si calculatrice, si attachée à plaire par tous les moyens, si narcissique, peut-elle être sincère ?

« Ce manège froidement convenu mais divinement joué, gravait son image plus avant dans l’âme de ce spirituel écrivain, qu’elle se plaisait à rendre enfant, confiant, simple et presque niais auprès d‘elle. » 

Disons - c'est du moins ce que je pense -  que Balzac imagine pour son personnage la fin qu’il aurait souhaité pour lui. Il peint avec brio et férocité une scène de la comédie humaine et combat ainsi, peut-être, l’humiliation qui a été la sienne, lui qui n'a jamais été véritablement admis dans ce milieu qu’il admire tant mais qui ne le considère pas comme un pair ! D’ailleurs je trouve que Balzac se débarrasse du dénouement par une pirouette, légère, certes, mais désinvolte !

« Est-ce une dénouement ? Oui, pour les gens d’esprit; non, pour ceux qui veulent tout savoir. »

Autrement dit, n'allez pas voir plus loin ! Ne fouillez pas trop dans les sentiments !



Prochaine LC avec Maggie : Le recherche de l'absolu de Balzac le 19 Février
 
 
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