Le quartier de l'Alfama situé sous le château Sao Jorge |
Le château Sao Jorge a été bâti au Vième siècle par les Wisigoths, agrandi par les Maures au IX ième et reconquis par les chrétiens lors la bataille de 1147. Il fut alors baptisé Saint Georges, un saint vénéré par les croisés. Il se dresse sur la plus haute colline de Lisbonne et domine le quartier de l'Alfama.
Lisbonne : château Sao Jorge |
Si le château n'offre que des murailles impressionnantes mais nues, les points de vue sont splendides et toute la ville de Lisbonne s'étend devant nous.
Vue du château Sao Jorge sur Lisbonne, le Tage, et le pont du 25 Avril |
Vue du château sur la praça da Figueira et sur le quartier de la Baixa |
Vue du château Sao Jorge sur la place du Commerce |
Vue du château : l'estuaire du Tage, son immensité |
L'Alfama : quelques images
La descente sur le quartier de l'Alfama jusqu'au Tage est abrupte mais cette promenade est très pittoresque et permet de découvrir un des plus anciens quartiers de Lisbonne resté populaire même si, parfois, certaines maisons restaurées permettent de voir une évolution dans la population.
Alfama et ses petites ruelles abruptes dégringolant vers les Tage |
Alfama : quelques détails |
Alfama : maisons restaurées |
Au-dessus des toits, le Tage et ses bateaux de croisière On aperçoit le musée du fado en rose |
Alfama : ruelle |
Casa da Liberdade Mario Cesarini Galerie d'art |
Casa da Liberdade Mario Cesarini Galerie d'art |
Musée du Fado
Le fado est un chant né dans les quartiers populaires et mal famés d’Alfama. C’est un chant triste qui parle du quotidien du peuple, de la souffrance et de la pauvreté, de la solitude, de la séparation, nostalgie des marins partis en mer, séparés de leur pays et de leur famille pendant de longs mois, ou amour déçu, amour finissant. Au XIX siècle, il était considéré comme populaire et méprisé par la « bonne » société. Dans Les Maïa de Eça de Queiros le grand-père, aristocrate conservateur, s’étonne et se scandalise que l’ami de son petit-fils se soit installé dans un quartier de « chanteurs de Fado ». Mais certains de ses jeunes gens n’hésitent pas à s’encanailler pour aller écouter ce chant qui incarnera plus tard l’identité d’une nation.
Amélia Rodrigues |
Le premier disque a été gravé en 1904 mais en 1927 la dictature de Salazar soumet à la censure les textes de fado jugé trop audacieux et contestataires. C’est pourtant sous la dictature que Amelia Rodrigues la plus célèbre chanteuse de fados porte ce chant à son plus haut niveau. Après la Révolution des oeillets, une mauvaise interprétation du symbole, fit que le Fado fut considéré comme un chant lié à Salazar et à ce titre Amelia Rodrigues traitée de fasciste.
Je me suis demandée pourquoi ce fado avait été interdit. La (mauvaise) traduction de google ne me permet pas vraiment de le comprendre si ce n'est que celui qui chante, seul au monde, sans illusions, sans espoir, souhaite mourir. Peut-être désirer la mort offensait-il la très sainte mère l'Eglise au temps du Salazarisme ?
Le musée présente des affiches des plus grands fadistes, des disques, des guitares à six cordes et à la forme arrondie et même une maquette de maison close qui en rappelle l’origine.
Guitares musée du fado |
Des tableaux illustrent ou plutôt précisent les raisons de ses chants :
La misère, la prostitution : la tristesse douce du fado n'est pas dépourvue d'espoir |
Le départ en mer, la nostalgie de la séparation, de l'éloignement |
Le départ du marin |
Le surréalisme fait sien le fado |
Ce que j’ai préféré, c’est la salle d’écoute où j’étais seule pour visionner et écouter des films de chanteurs et chanteuses de fado. Bien que je ne comprenne pas les paroles, la musique m’a paru envoûtante et tellement empreinte de mélancolie que je me suis sentie gagnée par une tristesse que l’on peut qualifier de douce… une tristesse qu'on aime ressentir ! J’ai souvent entendu parler de la saudade mais ce concept était restée pour moi théorique. Dans le dictionnaire Larousse, ce mot est ainsi défini : comme « un sentiment de délicieuse nostalgie, un désir d'ailleurs » Mais saudade est un mot portugais du latin solitas, atis qui exprime un sentiment complexe, intraduisible en français. Or, je pense qu’en écoutant ces fados, j’ai eu une idée un peu moins flou de ce que signifie le terme.
En sortant du musée, en direction de la place du Commerce, on passe devant la Casa dos Biscos où est installée la fondation Jose Saramago. C’est un palais érigé en 1523 par le vice-roi des Indes, Afonso Albuquerque. Il est inspiré par le palais des Diamants de Ferrarre et présente un bossage en forme de pointe de diamant.
La casa dos Bicos |
Afonso Albuquerque, je l’ai rencontré dans les Lusiades de Camoes, qualifié par l’écrivain de « terrible Albuquerque ». J'ai d’abord pensé que Camoes était choqué par les méthodes radicales, expéditives, extrêmement brutales, et pour tout dire définitives, utilisées par le vice-roi pour soumettre les révoltes lors de la colonisation des Indes pour le Portugal mais j’ai appris plus tard, en avançant dans ma lecture, ce que lui reprochait vraiment Camoes. C’est d’avoir condamné à mort des marins portugais de son équipage qui avaient violé des femmes indiennes ! Non que l’acte soit répréhensible en soi aux yeux de notre « terrible » Alburquerque mais c’était des vierges qu’il destinait comme épouses aux nobles portugais qui peuplaient la colonie. Pauvres marins punis pour si peu !
Ton billet me rappelle de beaux souvenirs ! Je n'ai pas vu le musée du fado, mais en ai beaucoup écouté après notre voyage au Portugal. Et sur place, je me souviens surtout du fado de Coimbra, ou trois ou quatre hommes en toges noires d'étudiants étaient venus jouer au restaurant où nous avions choisi de manger. (ce n'était pas une attraction touristique, donc plus précieux)
RépondreSupprimerSinon, ces bateaux de croisière me hérissent !
Ecouter des fados de qualité. Ce devait être précieux, en effet ! Il paraît que cela devient une attraction touristique et n'a plus rien d'authentique !
SupprimerMoi aussi, j'ai horreur des des bateaux de croisière. Heureusement à Venise, ils sont désormais interdits ! (Du moins d'après ce que j'ai lu !) Claudialucia
Comme Kathel, de beaux souvenirs ressurgissent! et les bateaux monstrueux gâchent la vue. J'avais bien aimé ce musée du fado et mangé des sardines grillées
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé ce musée du fado mais quand j'en suis sortie il était tard et du coup je n'ai pu aller jusqu'au musée des azulejos que j'avais vraiment envie de voir.
SupprimerC'est un pays où je ne suis pas allée. Je ne crois pas que je le découvrirai maintenant, dommage, parce que je crois que j'aurais beaucoup aimé. Merci pour tes photos, ça permet de voyager en fauteuil :-) (Je ne suis pas sûre que le problème des bateaux de croisière soit vraiment réglé à Venise, il y a constamment des revirements).
RépondreSupprimerJe pensais qu'ils avaient été interdits ! A Venise les bateaux de croisière dans la lagune sont encore plus insupportables qu'à Lisbonne où l'estuaire est immense.
Supprimerj'avais beaucoup aimé me balader dans ce quartier, je me souviens aussi hélas de ces paquebots...
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