Pages

dimanche 16 mai 2010

La littérature régionale est-elle affaire de ploucs ?

Je découvre souvent en lisant des blogs ou des chroniques,  des textes qui me parlent,  dont j’aime l’idée et l’écriture. J’ai envie de les conserver pour les relire. J’ai décidé de les “collectionner”.

  
Dans un article de son blog Scriptural intitulé La littérature régionale est-elle affaire de ploucs? Schlabaya dénonce le parti pris d'un article de Laurent Simon paru sur le site Zone Littéraire. Que l'article date de 2007 ne change rien car il est, a été, et malheureusement sera, je le crains, toujours d'actualité dans un pays centralisé comme la France. Il y a dans notre pays un  rejet de toute littérature française quand elle ne vient pas de Paris!

Le parisianisme aigu est, en effet, une maladie bien connue dont est atteinte une certaine frange culturelle, mineure, mais qui fait la loi et qui rejette comme inférieur tout ce qui n'est pas de son cercle! J'en profite pour affirmer ce qui est pour moi une évidence : il n'y a pas de littérature régionaliste, il y une bonne ou un mauvaise littérature et si elle est bonne, elle devient universelle.
Jean Giono
Si l'on s'en tient aux affirmations de Laurent Simon... 
"ces romans sont corps et âmes des utopies : une sorte de panthéisme littéraire, où le paysan est la terre et la terre est paysanne. En une conception finalement très rousseauiste, et complètement idéalisée, de la vie au contact de la nature matricielle : une sorte de mythologie païenne."
... l'on doit considérer les oeuvres de  Frédéric Mistral, de Giono, Bosco (ciel! des provençaux!) ou de George Sand pour ne citer qu'eux..  comme nulles. Et pourquoi pas Rousseau lui-même? Ou Virgile? Ah! j'oubliais, eux? non! Ils ne sons pas nés en province française!
Lisez donc  l'article de Schlabaya dans Scriptural (extrait) :
J'ai lu avec ahurissement et consternation, sur le site "Zone littéraire", un article, intitulé "Ouvrez le terroir-caisse !", dont le seul but est de dénigrer à l'envi la littérature dite régionale ou de terroir. Libre à chacun, bien entendu, d'exprimer librement son avis sur quelque ouvrage ou genre littéraire que ce soit - étant sous-entendu que la critique en question est également susceptible à son tour d'être critiquée. En l'occurrence, il y a de quoi s'en donner à coeur joie... Daté de 2007, ce billet d'humeur bilieuse commis par un certain Laurent Simon, a des relents assez malodorants.

Tout au long de son réquisitoire, Simon Laurent dénonce le fait que la littérature régionale, bien que peu médiatisée, se vend très bien, et rapporte donc aux auteurs et aux éditeurs des revenus conséquents. Il insinue évidemment qu'il s'agit là d'un fond de commerce peu honorable. Ce monsieur n'a sans doute pas réalisé que, dans un système capitaliste, toute entreprise privée est effectivement contrainte à la rentabilité. Il lui a sans doute échappé que même des maisons d'édition comme Actes Sud, P.O.L. ou Picquier, sont également soumises aux lois du marché, et tenues de générer des bénéfices. Toujours est-il que la prospérité d'une collection comme Terres de France  constitue à ses yeux un scandale qu'il convient de montrer du doigt. "Du propre aveu de Jeannine Balland, les à-valoir versés aux auteurs sont plutôt importants." Un "aveu" dont il conviendrait de rougir, sans doute ? Rétribuer équitablement les auteurs dont on publie les ouvrages, voilà qui est en effet répréhensible ! persifle-t-il...

jeudi 13 mai 2010

Une amitié en terre vauclusienne : Camus écrit sur René Char


camus1.1273788856.jpg

Dans ses carnets, tome II  (janvier 1942- mars 1951) paru aux éditions Gallimard, Albert Camus écrit sur René Char. Le philosophe et le poète se sont connus à la Libération, tous deux réunis par leur amour de la terre du Vaucluse. Une longue correspondance et de fréquentes rencontres ont nourri leur amitié.

L'Isle-sur-Sorgue. Grande chambre ouverte sur l'automne. Automnale elle-même avec ses meubles aux arborescences contournées et les feuilles de platane qui glissent dans la chambre, poussées par le vent sous les fenêtres aux rideaux couverts de fougères brodées.
 Lorsque RC quitte le maquis en mai 1944 pour rejoindre l'Afrique du Nord, un avion quitte les Basses-Alpes,  survole la Durance dans la nuit. Et il aperçoit alors tout le long des montagnes les feux allumés par ses hommes pour le saluer une dernière fois.
A Calvi, il se couche (irruption des rêves). Le matin il se réveille et voit une terrasse jonchée de grands mégots de cigarettes américaines. Au bout de quatre ans de luttes et de dents serrées, les larmes jaillissent, et il pleure, une heure durant, devant les mégots.

RC dans le train d'occupation, le jour se lève. Les Allemands. Une femme laisse tomber une pièce d'or. C. la couvre du pied et la lui rend. La femme : merci. Elle offre une cigarette. Il accepte. Elle en offre aux Allemands. RC : "toute réflexion  faite, madame, je vous rends votre cigarette." Un  Allemand le regarde. Tunnel. Une main serre la sienne. "Je suis polonais.". Au sortir du tunnel, C. regarde l'Allemand. Il a les yeux pleins de larmes. A la gare, l'Allemand, en sortant, se tourne vers lui et cligne de l'oeil. C. répond et sourit. "Salauds", leur dit un français qui a surpris la scène. (..)

Un ami de C.  : nous mourons à  quarante ans d'une balle que nous nous sommes tirée dans le coeur à vingt.
Char calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur. 


41bm314w6ql_sl500_aa300_.1273786272.jpg

dimanche 9 mai 2010

Dimanche poétique : Jacques Roubaud, Il pleut

Magritte

Dimanche poétique : je n'ai pas envie d'être classique, ni sérieuse! Alors, allons voir du côté des Oulipiens avec Jacques Roubaud, mathématicien, poète, essayiste.
Jacques Roubaud a rejoint Oulipo, (Ouvroir de littérature potentielle), coopté par Raymond Quenaud en 1966, au côté de son ami George Pérec, de François le Lionnais, Paul Fournel, Albert-Marie Schmidt, Italo Calvino...
Les membres d'Oulipo, groupe international de littéraires et de mathématiciens, pensent que l'imagination a tout à gagner si elle s'impose des contraintes formelles et mathématiques : Pérec a écrit un roman ou le e ne figurait jamais, Roubaud est l'inventeur du baobab.
Dans les textes créés sous contrainte, l'imagination n'a plus de bornes! Libéré, le poète joue avec les mots, avec les sons, avec la logique, flirtent avec l'absurde. Pas sérieux les Oulipiens? Au contraire, la plupart sont de doctes mathématiciens!



Il pleut (extrait)


- Je crois que je crois qu'il pleut et que je sais qu'il ne
pleut pas.
- Bien.
-  Si je crois que je crois ce que je crois, je le crois.
- Bien.
- Personne ne croit que et en même temps que ne
pas.
- Que quoi, que ne pas quoi?
- N'importe quoi : qu'il pleut, par exemple.
- Bon.
-  Si je crois que je crois à tort qu'il pleut,
Autrement dit, si je crois qu'il pleut bien que ce ne soit pas
le cas qu'il pleut
il s'ensuit que je crois que je crois qu'il pleut
Et au même moment que ce n'est pas le cas qu'il pleut
Et il s'ensuit alors que je crois simultanément qu'il pleut
et qu'il ne pleut
Pas.  Mais puisque personne n'a jamais cru
en même temps qu'il pleuvait et qu'il ne pleuvait pas, il est impos-
sible que je croie que je crois qu'il pleut
 Tout en sachant qu'il ne pleut pas.
- En effet.
-  Et pourtant je le crois.

-Tu crois quoi?

De toute façon, il pleut.
              
Six petites pièces logiques
Recueil :  La forme d'une ville change plus vite que les coeur des humains.  (Gallimard)

Pour les curieux  voir  aussi : Les contraintes oulipiennes

Voir aussi le billet que j'ai écrit sur une pièce de théâtre consacrée a des textes oulipiens pendant le festival d'Avignon 2009.

mercredi 5 mai 2010

Challenge English classics : Des auteurs britanniques avant 1900


englishclassicsmini-copie-1.1271780239.jpg
Je me suis lancée  depuis peu  dans le Challenge English classics proposé sur le site de Karine, Mon coin de lecture.
Voilà la liste des livres des  auteurs britanniques (publiés avant 1900) que j'ai commentés dans Ma Librairie.




gaskell-3.1273061973.jpg  trollope-1.1273000526.jpg collins-5.1273000502.jpgimages.1273000487.jpg
images-1.1273000391.jpg  images-3.1273000405.jpgimages-4.1273000432.jpg barrie-2.1273062346.jpg
thomas-hardy.1273063426.jpg  stevenson.1273063385.jpg scott-2.1273064091.jpg
Vous les reconnaissez?

Poésie :
William Blake  : Jacottet un référence au poème de William Blake : Tyger
Robert Burns : littérature et Ecosse  : Robert Burns   my heart in the-Highlands
......

Romans :
Janes Austen : texte 1 Nothanger abbey ou l'anti- romantisme
Jane Austen : texte 2   Nothanger abbey
 James Matthew Barrie : le petit oiseau blanc
 Charlotte Brontë : Le Professeur ou la xénophobie et l'intolérance
Wilkie Collins : Basil, un roman de la trahison et de la vengeance
Thomas Hardy : Le retour au pays natal ou le roman de l'enfermement
Elizabeth Gaskell : Nord et sud
Walter Scott : Rob Roy
Robert Louis Stevenson : Littérature et Ecosse : Stevenson et un fait divers
Antony Trollope : Miss Mackenzie
Antony TrollopePhineas Finn


Théâtre
J'ajoute un article sur Le Globe , théâtre shakespearien que j'ai visité à Londres.


le-globe-exterieur-drapeau.1253368449.jpg

mardi 4 mai 2010

C.J Box : Meurtres en bleu marine




De C. J Box, j'avais bien aimé Détonations rapprochées, qui racontait la première enquête de Joe Pickett, un héros récurrent, sympathique garde-chasse dans le Wyoming. Mais Meurtres en bleu marine ne fait pas partie de la série.
Ce thriller se déroule dans le Nord de l'Idaho, région qui attire, semble-t-il, irrésistiblement les policiers de Los Angeles qui viennent s'y installer pour vivre paisiblement une retraite bien méritée. Oui, mais, parmi eux, tous ne sont pas là pour couler des jours paisibles! Le titre Meurtres en bleu marine (référence à la couleur de l'uniforme) est là pour en témoigner.  C'est ce que va découvrir Annie Taylor (12 ans) quand, en colère contre sa mère Monica qui a encore fait venir un de ses  amants chez elle, elle  amène son petit frère  William à la pêche.  Au bord de la rivière, les deux enfants assistent au meurtre d'un homme abattu à coups de pistolet et sont repérés par les meurtriers. Une chasse à l'enfant commence et nous réserve de nombreux moments de suspense. Pour leur venir en aide, Jess Rawlins, un rancher qui a tout raté dans sa vie, Jim Hearne, un banquier qui a bien des choses à se reprocher, et Villatoro, un latino, policier à la retraite, intègre, qui  n'arrive pas à décrocher, forment un trio dévoué.
Sauf à quelques moments où je me suis sentie peu concernée, le livre se lit avec plaisir. L'histoire n'est pas sans rappeler La nuit du chasseur, toutes proportions gardées avec l'immense chef d'oeuvre de Laughton : une mère coupable, la poursuite d'enfants innocents mais matures, l'adulte salvateur qui les prend sous sa protection. Mais, si le roman ne se situe pas au même niveau que le film, il est bien écrit et C.J Box a une maîtrise incontestable dans l'art du suspense.
Ce qui m'a choquée, cependant,  dans ce livre, c'est la justification de l'auto-défense, le recours normalisé à la violence,  aux armes à feu.  Puisque les "méchants" sont des flics, quoi de plus naturel, en effet, que de tuer  soi-même les meurtriers! Le poor lonesome cow boy, Jess Rawlins, au demeurant très sympathique, a une armoire pleine d'armes à feu et n'hésite pas à s'en servir.  Le seul pacifiste, Villatoro, se sent honteux et lâche de ne pas s'être battu. Heureusement, il va pouvoir se "rattraper" selon le mot de Rawlins en prenant une arme pour abattre les bandits. Que cela soit pour la bonne cause ne me dérange pas moins! On pense à Michael Moore et son Bowling for Columbine.

samedi 1 mai 2010

Guillaume Apollinaire : Mai







Le mai le joli mai en  barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains.
*
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de Mai
sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
*
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignaient dans les vignes rhénanes
sur un fifre lointain un air de régiment
*
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

*



vendredi 30 avril 2010

Claude Pujade-Renaud : Le désert de la Grâce



Je m'intéresse à Port Royal et aux jansénistes depuis que, adolescente ou étudiante, j'ai un peu approché leur vie par l'intermédiaire de Racine, un auteur que j'ai beaucoup aimé et fréquenté. Le problème de la grâce, les rapports de Religieuses de Port Royal et de messieurs les Solitaires avec saint Augustin, la parenté spirituelle des jansénistes et des calvinistes et leurs différences, ne me passionnent pas d'un point de vue religieux. Je suis très peu versée sur la religion. Mais ce savoir est indispensable pour comprendre les tragédies raciniennes, ce que la fatalité antique qui pèse sur Phèdre, par exemple, doit à l'éducation de Racine par Antoine le Maistre et à la notion de prédestination, de  grâce acquise ou de grâce accordée.
Acquérir un savoir ! C'est ainsi que j'ai abordé l'oeuvre et c'est peut-être pour cela que j'ai lu le roman de Claude Pujade-Renaud sans véritable passion parce que j'étais sur les traces de Racine qui n'était pas le sujet principal même s'il est forcément bien présent, parce que  j'ai voulu aussi y trouver des connaissances précises sur des question personnelles.
Le désert de la grâce est un  roman, solidement documenté, où les évènements historiques sont habilement présentés par des personnages les ayant vécus : Françoise de Joncoux qui maintient la mémoire de Port-Royal, Claude Dodart, médecin à la cour mais proche de Port Royal, les différents membres de la famille Arnauld qui, depuis, la fondatrice, la mère Angélique, sont l'âme de Port Royal, Madame de Maintenon, leur ennemie, Blaise Pascal et sa soeur Jacqueline religieuse sous le nom de Sainte Euphémie, Marie-Catherine, la fille de Racine ...
Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, donc, si je n'ai pas été très accrochée par cette lecture, certains aspects de l'histoire ou certains personnages m'intéressant moins. Mais je l'ai été suffisamment, cependant, pour le lire jusqu'au bout et pour apprendre beaucoup sur ce qu'a été Port Royal.
Il y a des moments très forts dans le récit : celui de l'exhumation des religieuses, des Solitaires et  des fidèles de Port-Royal enterrés dans le cimetière de l'abbaye et que Louis XIV fait jeter à la fosse commune. Le roi, sous l'influence des jésuites, veut effacer jusqu'à la mémoire de ceux qui constituent un contre-pouvoir religieux puissant dont le rayonnement spirituel au-delà des frontières lui est insupportable.
Celui où Angélique Arnauld décide la clôture de l'abbaye et tient tête à son père, refusant de le laisser pénétrer dans le cloître.
Celui où l'actrice, La Champmeslé, mourante, va jouer Phèdre, vingt ans après l'avoir créée en l'absence de Racine qui a renié son passé théâtral.
Celui où Marie-Catherine Racine lit pour la première fois les oeuvres de son père et découvre l'existence des passions, amour ou haine..
C'est bien sûr le personnage que j'ai préféré :  Marie-Catherine Racine que son père, courtisan, alors historiographe du roi, retira contre son gré de Port-Royal pour ne pas déplaire à Louis XIV. Mariée, mère de trois enfants, elle part à la recherche de ce père dont le cadavre, comme celui des autres puisqu'il a voulu être enterré à Port Royal, vient d'être exhumé sous ordre du souverain. Poursuivie par le souvenir de celui pour qui elle éprouve affection filiale et  ressentiment, elle fouille le passé de cet homme coupable de tant de bassesses, de reniements et pourtant si grand dans l'expression poétique de la passion et elle découvre les aspects troubles de sa personnalité. C'est finalement dans la lecture des pièces du grand dramaturge qu'elle finira par trouver une réponse et un apaisement.

mardi 27 avril 2010

De retour de Lozère!


le-pont-de-monvert-2.1272400091.jpg
Le Pont de Montvert (Lozère)

De retour après quelques jours de "gratouillage" intense dans le jardin...
Merci à celles qui m'ont écrit, à celles qui ont deviné où se trouve ma montagne, celle de Jean Ferrat : Le Massif Central
le département : La Lozère dans le Parc National des Cévennes
le village  : Le Pont de Montvert d'où partit la révolte des Camisards après l'assassinat de François de Langlade, abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes, inspecteur des missions catholiques. Né en 1647 à Chaila, il a été tué par les Hugenots mené par Abraham Mazel le 24 juillet 1702 au Pont de Montvert.
Le hameau de Grizac qui est le lieu de naissance du sixième pape d'Avignon : Guillaume de Grimoard  né en 1310 à Grizac  et mort en 1370 à Avignon.

01830050.1272401548.JPG
Les boules de granit, un élément caractéristique du paysage

mercredi 21 avril 2010

Je pars : Quel est donc ce pays? Petit jeu-devinette


Je pars quelques jours dans mon "pays"

ici

et là

 

Quelle cette la Montagne? facile? puisque c'est celle de Jean Ferrat

Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne ...(extrait)

Mais ce n'est pas la même région?  Plus difficile?  Voilà comment en parle Jean Pierre Chabrol dans Les Rebelles...  Alors?

Là-haut, lorsque la tramontane reprend son souffle, le silence est fait de mille et une sources d'eau pure, assez d'eau pour un paradis sur terre, mais, là-haut, il n'y a pas assez de terre, alors l'eau se déploie vers les quatre coins cardinaux, se disperse sur la France. Prenez la carte, vous verrez le rayonnement bleu qui jaillit de ce coeur : l'Allier, le Lot, l'Hérault, les trois Gardons naissent dans le roc même du sommet! comme les garçons du pays perdu, ils quittent leur montagne dès qu'ils se sentent assez de force pour travailler pour les autres. 

Ajoutons ici le Tarn qui y prend sa source

Et maintenant la ville? petite devinette historique : c'est de là que partit la révolte des Camisards pendant les guerres  de religion après le meurtre de l'abbé Cheyla.


Enfin le hameau?  C'est le lieu de naissance du pape avignonnais, Urbain V.

samedi 17 avril 2010

René Char et la Fontaine de Vaucluse

 
La Sorgue : Fontaine du Vaucluse

 

Hier, promenade à la Fontaine de Vaucluse en compagnie de René Char :

Les premiers instants
 
Nous regardions couler devant nous l'eau grandissante. Elle effaçait d'un coup la montagne, se chassant de ses flancs maternels. Ce n'était pas un torrent qui s'offrait à son destin mais une bête ineffable dont nous devenions la parole et la substance. Elle nous tenait amoureux sur l'arc tout-puissant de son imagination. Quelle intervention eût pu nous contraindre? La modicité quotidienne avait fui, le sang jeté était rendu à sa chaleur. Adoptés par l'ouvert, poncés jusqu'à l'invisible, nous étions une victoire qui ne prendrait jamais fin.
La fontaine narrative


Tracé sur le gouffre 
Dans la plaie chimérique de Vaucluse je vous ai regardé souffrir. Là, bien qu'abaissé, vous étiez une eau verte, et encore une route. Vous traversiez la mort en son désordre. Fleur vallonnée d'un secret continu.



   
Déclarer son nom
J'avais dix ans. La Sorgue m'enchâssait. Le soleil chantait les heures au cadran des eaux. L'insouciance et la douleur avaient scellé le coq de fer sur le toit des maisons et se supportaient ensemble. Mais quelle roue dans le coeur de l'enfant aux aguets tournait plus fort,tournait plus vite que celle du moulin dans son incendie blanc?
La parole en archipel
 
 

vendredi 16 avril 2010

Littérature et Portugal : Sophia de Mello Breyner





Lusitanie
Ceux qui tout droit avancent vers la mer
Et-tel un couteau- aiguisé en elle plongent
la proue très noire de leurs bateaux
Vivent de peu de pain et de clair de lune.


Porto
Dans la ville de Porto il y a beaucoup de granit
Parmi les brumes les ombres les scintillations
La ville paraît ferme inexpugnable
Et solide- mais habitée
Par de soudains éclairs de prophétie
Près du Fleuve dont le vert réfléchit les visions (...)
 
D'Antonio Ferreira Gomes, évêque de Porto (poème inédit)

 
La petite statue
 Présence rituelle et tutélaire
 Compagne de l'ombre dessin du silence.


J'ai vu
J'ai vu des pierres et des fleuves
Où des nuages sombres comme des araignées
Rongent le profil violet des montagnes
Parmi des crépuscules roses et froids.

Mouvante je suis passée à travers les images
Excessives de terres et de ciels
Plongeant dans le corps de ce dieu
Qui s'offre, tel un baiser dans les paysages.

Sophia de Mello Breyner, poète portugaise :  recueil Malgré les ruines et la mort

Hugo Hamilton : Sang impur


Avec Sang impur, Hugo Hamilton écrit un roman autobiographique dans lequel il raconte son enfance à Dublin entre une mère d'origine allemande, anti-hitlérienne convaincue, qui a fui son pays après la guerre, et un père irlandais marqué par la haine des britanniques et par le passé de l'Irlande dont l'indépendance est encore récente.
A la maison, Hugo, ses frères et soeurs, n'ont pas le droit de parler anglais, les seules langues autorisées sont le gaélique et l'allemand. Les enfants sont soumis à une éducation rigide et austère et font les frais du nationalisme exarcerbé du père. Celui-ci pense que le triomphe de sa cause passe par l'éducation; il se sert d'eux pour faire triompher son rêve d'une Irlande débarrassée des scories de l'oppression britannique et retrouvant sa culture, la fierté de sa langue et de son génie. Nous sommes dans les années 50-60. Si les enfants subissent la pression paternelle et sa violence dans le cercle familial, ils doivent, à l'extérieur, affronter les brutalités et les insultes des autres qui les traitent de nazis. Hybrides de trois cultures, mi-allemand, mi-irlandais, mais aussi de langue anglaise, ils sont donc des "sang impur", traduction intéressante  mais un peu réductrice, me semble-t-il, du titre anglais : "The Speckled People"...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'est jamais manichéen dans la présentation des personnages. Si l'on partage le point de vue de Hugo, ses révoltes, son sentiment de haine pour le père, l'on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour ce dernier tant le personnage est complexe : détestable, certes, fanatique, c'est un être en proie à une obsession dont il n'est plus maître et , finalement, il subira une double défaite. Non seulement, il ne parviendra pas à réaliser son utopie d'une Irlande entièrement gaélique, mais il se coupera entièrement de ses enfants et perdra leur amour. Une scène d'une violence contenue et pourtant extrême illustre bien cela. Celle où Hugo rencontre son père en ville et feint de ne pas le voir pour ne pas avoir à faire le trajet avec lui. Qui est le perdant, du père ou du fils dans cette lutte de tous les instants? le père, bien sûr; mais le fils ne s'en sort pas indemne, non plus, et l'on sent toute la souffrance éprouvée ; on sait qu'il n'a jamais guéri de son enfance. A côté du père, le personnage de la mère est splendide. Elle essaie de protéger ses enfants mais elle a perdu son indépendance, sa liberté de femme, en quittant son pays. Elle appartient, elle aussi, à la race de "the speckled people" et n'a plus de racines. Le courage qu'elle essaie d'insuffler à ses fils, la force qu'elle leur transmet, passent par la non-violence, sa manière à elle de résister à l'idéologie nazie; elle ne veut pas que ses enfants soient du côté de ceux "qui lèvent le poing", qui utilisent la violence pour imposer leur idée.
Le style, très simple, très pur, est empreint d'une forme de naïveté* qui traduit les sentiments et le questionnement d'un enfant perdu, fragile, qui ne comprend pas le monde qui l'entoure mais le subit.
Quand on est petit on ne sait rien. On ne sait pas où l'on est, qui on est, ni quelles questions poser.
De l'innocence de l'enfance naît la poésie, de ce récit douloureux, une émotion qui ne nous quitte pas durant toute la lecture de ce très beau roman.
Grosses brutes de vagues! J'ai crié parce qu'elles n'arrivaient jamais à nous attraper et elles le savaient.
On a ri quand le caillou a tapé sur une vague avec un ploc et elle, elle n'a rien pu faire d'autre que de se rendre et se coucher sur le sable, les bras en croix.

 *C'est pourquoi je pense, Sang impur a pu être comparé à l'attrape-coeur de Salinger, un autre roman que j'ai adoré.

mercredi 14 avril 2010

Des Ombres sur un rocher : le Saint-Laurent

Taguée par Mango , je publie la sixième photo que j'ai prise moi-même et que j'ai publiée dans mon blog.
quebec-jpg1210333199.1271245141.jpg
Le Saint Laurent à Québec

Certes, cette photo n'a rien d'extraordinaire et elle ne rend pas l'impression d'espace, d'immensité du spectacle qui s'étendait devant mes yeux : Le fleuve Saint Laurent, semblable à la mer, vu du haut du rocher de la ville de Québec. Nous avions séjourné à Montréal deux semaines  au mois de juin 2007 pendant que mon mari faisait passer le bac, option cinéma, aux élèves du lycée français. Lors d'une journée de congé, nous avions pris le car pour Québec. Il faisait une chaleur torride, digne de la Provence au mois d'août, pendant que nous grimpions sous le soleil vers la vieille cité jusqu'au belvédère qui domine la ville neuve. Mais quelle récompense!
J'ai publié cette photo dans mon blog  pour illustrer le roman de Willa CatherDes ombres sur un rocher dont l'intrigue se déroule au début du XVIIIème siècle dans la ville de Québec.
Je tague à mon tour les blogs suivants :  Pallier de Graine de maison, des textes pleins d'humour qui racontent la rénovation d'une maison en Creuse tout en égrenant des allusions-devinettes littéraires ou cinématographiques; le blog d'une photographe Aurélia frey qui allie photographies oniriques et textes poétiques; celui de Miriam dans Voix Nomades, récits passionnants de voyages et de lectures liés aux pays visités; Rencontres en art et littérature de Catherine Hollocou qui a commencé son blog, très agréable, il y a peu de temps, L'expérience du désordre de Sophie-Ficelle, auteur et blogueuse que je lis avec beaucoup d'intérêt, le Skriban  de Gwenaëlle que je viens de découvrir avec plaisir.

dimanche 11 avril 2010

La Saga du fer à repasser

J'ai parlé  récemment  ( Montaigne, les blogueuses et la critique ) des insultes essuyées par Cynthia et ses contes defaits de la part d'un écrivain dont elle n'avait pas apprécié le roman. Celui-ci lui a suggéré en quelque sorte de retourner à son repassage et à la lecture de romans de la collection Harlequin.

Ce qui a inspiré Cécile Quoide 9  autoportrait au fer à repasser
Et voilà que  d'autres ont relevé le défi et c'est ainsi qu'est née ce que l'on peut bien appeler la saga du fer à repasser.
Je ne peux résister à vous donner un échantillon :

51842663_p.1271021870.jpg


harlequin.1271022921.jpg
Et le roman de Cinthya Gazouilla paru chez Harlequin

51770503.1271075173.jpg
Superbe planche à repasser avec lecture intégrée


Et puis, bien sûr, courez vite lire les "zôtres" comme dirait Cécile!