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dimanche 12 avril 2015

Georges Darien : Le voleur

Georges Darien source


Georges Hyppolite Adrien prend le pseudo de Darien peut-être, comme l’indique Patrick Besnier dans la préface du roman Le voleur aux éditions Gallimard Folio, comme « l’aveu d’une dépossession »?
Toute sa vie, Darien s’est dérobé à la curiosité du lecteur, pensant que la vie privée d’un littérateur n’a rien à voir avec ses oeuvres. Ce qui lui a valu une légende : n’aurait-il pas comme son personnage vécu de vol pendant toutes ces années où l’on ne sait presque rien de lui? Bref! ne serait-il pas le voleur dont il parle dans son roman?  Notons, en effet, que son héros George Randall porte le même prénom que lui.

Le récit

La naissance de Georges Randall dans une famille bourgeoise bien pensante n’est pas due à l’amour mais  aux sentiments du devoir et des convenances :
Comment! des gens à leur aise, dans un situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls?
Et dès son enfance Georges va souffrir, étouffé par l’éducation conjuguée que lui donnent sa famille, l’école et l’armée.

Libéré ! Ce mot me fait réfléchir longuement, pendant cette nuit où je me suis allongé, pour la dernière fois, dans un lit militaire. Je compte. Collège, caserne. Voilà quatorze ans que je suis enfermé. Quatorze ans ! Oui, la caserne continue le collège… Et les deux, où l’initiative de l’être est brisée sous la barre de fer des règlements, où la vengeance brutale s’exerce et devient juste dès qu’on l’appelle punition — les deux sont la prison. — Quatorze années d’internement, d’affliction, de servitude — pour rien…

Son sentiment de révolte ne fait que s’amplifier quand, devenu orphelin, il est confié à son oncle qui le spolie de sa fortune. Plus tard, le refus de son oncle de lui donner  la main de sa fille Charlotte sous prétexte qu’il ne peut la donner à un pauvre, crée la rupture! Rupture avec sa famille mais aussi avec la société. C’est là que va débuter pour Randal sa carrière de voleur ou plus exactement de gentleman cambrioleur.

Un cri de révolte

Film de Louis Malle , Le voleur : Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
On pourrait penser, à priori, que nous sommes dans le genre du roman feuilleton cher au XIX siècle ou dans un roman d'aventures avec des rebondissements trépidants à la façon d'Arsène Lupin.. Il n’en est rien.
 Si Georges Darien n’est pas un voleur, on peut dire que son personnage Georges Randal lui ressemble car il porte toutes ses idées. Le voleur est un cri libertaire, une dénonciation de toutes les hypocrisies de la société en commençant par la famille, l’école, la bourgeoisie, un âpre et terrible réquisitoire contre des lois iniques qui maintiennent le peuple dans la pauvreté et la soumission. Darien se livre, à travers les tribulations de son personnage, à une remise en cause des institutions, gouvernement, église, armée, qui briment la liberté et n’ont qu’un seul dieu, l’argent, celui va de pair avec le pouvoir et les honneurs.
Il n’est pas inintéressant d’ailleurs de noter que l’autre personnage principal du récit, qui exerce le même « métier » que Randal, est un prêtre, l’abbé Lamargelle :

Mon Dieu, dis-je (Randal à Lamargelle), je ne vois point pourquoi je vous croirai pas, après tout. L’Eglise n’a jamais beaucoup pratiqué le mépris qu’elle affecte pour les richesses.

Et c’est d’ailleurs dans la bouche de l’abbé que Darien place ces mots :

Le génie du christianisme ? Une camisole de force. « Jésus, dit saint Augustin, a perfectionné l’esclave. » Oh ! cette religion dont les dogmes pompent la force et l’intelligence de l’homme comme des suçoirs de vampire ! qui ne veut de lui que son cadavre ! qui chante la béatitude des serfs, la joie des torturés, la grandeur des vaincus, la gloire des assommés ! Cette sanctification de l’imbécillité, de l’ignorance et de la peur !

On peut donc parler de l’anarchisme de Darien mais dans ce roman il s’attaque pourtant non seulement au socialisme, au marxisme  mais aussi aux anarchistes.

Ces socialistes, ces anarchistes !… Aucun qui agisse en socialiste ; pas un qui vive en anarchiste… Tout ça finira dans le purin bourgeois. Que Prudhomme montre les dents, et ces sans-patrie feront des saluts au drapeau ; ces sans-respect prendront leur conscience à pleines mains pour jurer leur innocence ; ces sans-Dieu décrocheront et raccrocheront, avec des gestes de revendeurs louches, tous les jésus-christs de Bonnat.
Allons, la Bourgeoisie peut dormir tranquille ; elle aura encore de beaux jours…

Un style pamphlétaire

Georges Randal Belmondo dans le film de Louis Malle Le Voleur d'après le roman de Georges Darien
Georges Randal Belmondo
Ce n’est pas pour rien que l’on peut parler à propos de roman de réquisitoire. Le style est le reflet d’un homme écorché, qui découvre dès l’enfance l’injustice de cette société de nantis, la dureté et le mensonge de la classe bourgeoise dominante, industriels, banquiers, clergé, qui pratiquent impunément le vol à haute échelle mais condamnent un pauvre à la peine de mort pour le vol d’une pièce de quarante sous. Darien y manie une ironie amère, un humour décapant. Le ton est virulent mais l’est encore plus, paraît-il (je ne les connais pas)  dans ses autres livres, en particulier dans Biribi où il dénonce les atteintes aux droits de l’homme dans les bataillons disciplinaires d’Afrique du Nord. Ou encore dans Les Pharisiens où il s’attaque à Edouard Drumont, surnommé l’Ogre, auteur des pamphlets haineux antisémites. Et il ne faut pas oublier que Georges Darien a été lui-même un pamphlétaire redoutable. Le style peut aussi basculer vers une prose oratoire, lyrique, qui cherche à soulever l’émotion, à renverser l’indifférence. Ainsi dans ce passage où notre voleur assiste bien contre son gré à une exécution capitale :

Je suis mêlé à la foule, à présent, — la foule anxieuse qui halète, là, devant la guillotine. — Les gendarmes à cheval mettent sabre au clair et tous les regards se dirigent vers la porte de la prison, là-bas, qui vient de s’ouvrir à deux battants. Un homme paraît sur le seuil, les mains liées derrière le dos, les pieds entravés, les yeux dilatés par l’horreur, la bouche ouverte pour un cri — plus pâle que la chemise au col échancré que le vent plaque sur son thorax. — Il avance, porté, plutôt que soutenu, par les deux aides de l’exécuteur ; les regards invinciblement tendus vers la machine affreuse, par-dessus le crucifix que tient un prêtre. Et, à côté, à petits pas, très blême, marche un homme vêtu de noir, au chapeau haut de forme — le bourreau — le Monsieur triste de la nuit dernière.
Les aides ont couché le patient sur la planche qui bascule ; le bourreau presse un bouton ; le couteau tombe ; un jet de sang… Ha ! l’horrible et dégoûtante abomination…
Et c’est pour exécuter cette sentence qu’on avait envoyé de Paris, hier soir, les bois de justice honteusement cachés sous la grande bâche noire aux étiquettes menteuses — menteuses comme le réquisitoire de l’avocat général. — C’est pour exécuter cette sentence qu’on avait fait prendre le train express au bourreau, à ce misérable monsieur triste qui désire que tous les hommes aient du pain, que les enfants puissent jouer dans des jardins, et qui trouve beaux les arbres et jolies les fleurs… c’est pour exécuter la sentence qui condamne à mort cet affamé à qui l’on avait arraché son gagne-pain, à qui l’on refusait du travail, et qui a volé quarante sous.

 Quel avenir ?

Le Voleur : Randal et Lamargelle

 

L’écrivain fait preuve ici  d’une lucidité amère; il n’y a pas beaucoup d’espoir pour l’avenir chez Darien qui refuse l’utopie et l’idéalisme. Il est d’une honnêteté implacable envers lui-même et son lecteur. Il sait que nous marchons vers l'avènement d'une société qui est amplement la nôtre aujourd’hui :
 Car il  (l'oncle de Randal) prédit, pour l’avenir, un nouveau système social basé sur l’esclavage volontaire des grandes masses de l’humanité, lesquelles mettront en œuvre le sol et ses produits et se libéreront de tout souci en plaçant la régie de l’Argent, considéré comme unique Providence, entre les mains d’une petite minorité d’hommes d’affaires ennemis des chimères, dont la mission se bornera à appliquer, sans aucun soupçon d’idéologie, les décrets rendus mathématiquement par cette Providence tangible ; par le fait, le culte de l’Or célébré avec franchise par un travail scientifiquement réglé, au lieu des prosternations inutiles et honteuses devant des symboles décrépits qui masquent mal la seule Puissance. — Mais mon oncle est venu trop tard dans un monde encore trop jeune.
Les paroles d’espoir sont portées par l’abbé qui défend « la seule idée, l’idée de la liberté »
 Oui, le jour où l’Individu reparaîtra, reniant les pactes et déchirant les contrats qui lient les masses sur la dalle où sont gravés leurs Droits ; le jour où l’Individu, laissant les rois dire : « Nous voulons », osera dire : « Je veux » ; où, méconnaissant l’honneur d’être potentat en participation, il voudra simplement être lui-même, et entièrement ; le jour où il ne réclamera pas de droits, mais proclamera sa Force …

Le mot de la fin est pourtant laissé à Randal et aboutit à un nihilisme désenchanté :
L’existence est aussi bête, aussi vide et aussi illogique pour ceux qui la volent que pour ceux qui la gagnent.
Dire qu'on est toujours volé par quelqu'un ... Ah! chienne de vie!...

A mes yeux Georges Darien appartient à une famille d’écrivains dans laquelle je placerai, pour le ton et le regard désabusé porté sur la société, Jehan Rictus et Céline.
Un livre qui secoue, arrache, plein d'annonces sur notre société actuelle et qui ne peut donc laisser indifférent; un livre qui a choqué et qui choque encore! Je suis sûre que même de nos jours, les intégristes de tout bord le mettrait à la première place sur les bûchers littéraires!
 L'adaptation de Louis Malle est remarquable et magnifiquement interprétée par une pléïade d'artistes : voir Wens



Enigme n° 110

Le livre : Georges Darien : Le voleur
le film :Louis Malle :  Le voleur



Bravo aux triomphateurs de ce jeu : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Keisha, Mireille, Somaja, Syl...
Et merci à tous les participants qu'ils aient trouvé ou non!

samedi 11 avril 2015

Un livre/Un film : énigme 110



Voici l'énigme que nous n'avons pas pu présenter la semaine dernière :  Samedi 3 Avril.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous le troisième samedi du mois :  Le samedi 18 Avril

Enigme 110

Je dois le choix de ce livre (et du film) à Sybilline! Merci! Sybilline! Mais elle ne vous dira rien, non, non!
Il s’agit d’un auteur français né à la fin du XIX siècle et mort dans la première partir du XX siècle. Anarchiste, insoumis, antimilitariste, profondément anticlérical, révolté par l’injustice et l’hypocrisie bourgeoise, pourfendeur de l'antisémitisme, cet auteur qui se dresse contre toute société établie, imagine un héros à son image qui défie la loi des classes possédantes et prend le parti du peuple. Son  roman a été magistralement adapté à l’écran sous le même titre.


J’ai trois souvenirs de ma mère.
Un jour, comme j’étais tout petit, elle me tenait sur ses genoux quand on est venu lui annoncer qu’une traite souscrite par un client était demeurée impayée. Elle m’a posé à terre si rudement que je suis tombé et que j’ai eu le poignet foulé.
Une fois, elle m’a récompensé parce que j’avais répondu à un vieux mendiant qui venait demander l’aumône à la grille : « Allez donc travailler, fainéant ; vous ferez mieux. »
— C’est très bien, mon enfant, m’a-t-elle dit. Le travail est le seul remède à la misère et empêche bien des mauvaises actions ; quand on travaille, on ne pense pas à faire du mal à autrui.
Et elle m’a donné une petite carabine avec laquelle on peut aisément tuer des oiseaux.
Une autre fois, elle m’a puni parce que « je demande toujours où mènent les chemins qu’on traverse, quand on va se promener. » Ma mère avait raison, je l’ai vu depuis. C’est tout à fait ridicule, de demander où mènent les chemins. Ils vous conduisent toujours où vous devez aller.

vendredi 10 avril 2015

Victor Hugo : L’art d’être grand père Lecture commune

Dans l'art d'e^tre grand père (1877) , Victor Hugo écrit des poésies sur Jeanne et Georges, ses petits enfants qu'il a accueillis à la mort deson fils Charles.
Victor Hugo, Jeanne et Georges

Le recueil L’art d’être grand père paraît à Paris le 14 mai 1877 et la rédaction des poèmes qui le composent s’étendent sur plusieurs années de 1870 à 1877. Victor Hugo y  parle de ses petits enfants, Georges et Jeanne, nés respectivement en 1868 et 1869, qu’il a recueillis à la mort de son fils Charles en 1871.

 L'innocence de l'enfance

Georges et Jeanne
En proposant l'art d'être grand père que je connais mal finalement, j’en prends conscience en le lisant, je me référais surtout à ces poèmes sur l’enfance qui nous montrent un Victor Hugo intimiste, délicieux, tendrement occupé à l’éducation et surtout à la contemplation de ses petits enfants.  Un recueil où il célèbre l'innocence et la pureté de l'enfance.

 Jeanne fait son entrée 


Jeanne parle ; elle dit des choses qu'elle ignore ;

Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,

A la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,

A l'immense nature un doux gazouillement,

Tout un discours, profond peut-être, qu'elle achève

Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,

Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé,

Dieu, le bon vieux grand-père, écoute émerveillé.   
                                         Livre I  A Guernesey :


 Le thème du pardon et l'amnistie des Communards

Mai 1876 (source)
Mais le poète présente aussi dans ce recueil ses idées et ses convictions politiques et religieuses. Victor Hugo est toujours profondément ancré dans son temps. Derrière l’émerveillement du grand père, derrière les thèmes de l’enfance apparaissent en filigrane ses préoccupations sur l’actualité :  ainsi le thème récurrent du pardon qu’il accorde si volontiers à Jeanne reflète ses prises de position politique en faveur de l'amnistie des communards. Victor Hugo présentera une proposition d'amnistie en Mai 1876 mais celle-ci ne sera adoptée qu'en 1880. Le poème de Jeanne était au pain sec peut ainsi recevoir une double lecture.

Jeanne était au pain sec

 
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,

Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,

J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,

Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
 
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,

Repose le salut de la société

S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :

— Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;

Je ne me ferai plus griffer par le minet.

Mais on s'est recrié : — Cette enfant vous connaît ;

Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.

Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.

Pas de gouvernement possible. A chaque instant

L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;

Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.

Vous démolissez tout. — Et j'ai baissé la tête,

Et j'ai dit : — Je n'ai rien à répondre à cela,

J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là

Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.

Qu'on me mette au pain sec. — Vous le méritez, certe,

On vous y mettra. — Jeanne alors, dans son coin noir,

M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,

Pleins de l'autorité des douces créatures :

— Eh bien' moi, je t'irai porter des confitures.

                                            Livre VI Grand âge et bas âge mêlés


L'indignation de la famille devant l'indulgence du grand père est le reflet de l'opprobre que subit Victor Hugo prenant le parti du pardon pour les Communards : L'ordre est troublé par vous. Le refus de l'amnistie semble justifié par les vers Oui, c'est avec ces indulgences-là
 / Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
 La punition du grand père est celle du Victor Hugo engagé dans la vie publique qui dénonce les massacres des communards s'attirant les foudres de la classe dominante et qui fut même banni de Belgique pour avoir affirmé sa solidarité envers eux.

 L'Immaculée conception et la défense de la Femme

L'Immaculée conception de Giovanni Battista Tiepolo, peintre italien 1696-1770
L'Immaculée conception de Giovanni Battista Tiepolo

 Victor Hugo  s’élève aussi contre l’Immaculé conception et prend ainsi la défense de la femme, luttant contre la misogynie de l’église catholique et du clergé. En 1854, en effet, le dogme de l’Immaculée Conception est proclamé par l’Encyclique Ineffabilis deus. Dire que la Vierge a été conçue sans péché revient à affirmer que toutes les autres femmes sont souillées, s’indigne Victor Hugo :

Ô femmes, sur vos fronts ils mettent d'affreux doutes.
Le couronnement d'une est l'outrage de toutes.


Mais ce dogme est aussi pour le poète une offense à l’innocence de l’enfance. Dans le recueil Victor Hugo s’insurge donc à plusieurs reprises contre l’aberration de ce dogme, reflet de la haine et du mépris des femmes par des hommes qui détiennent le pouvoir religieux. Cela donne lieu à de très beaux vers ardents et pleins d’émotion

 L’immaculée Conception

Ô Vierge sainte, conçue sans péché !
(Prière chrétienne.)

 
L'enfant partout. Ceci se passe aux Tuileries.

Plusieurs Georges, plusieurs Jeannes, plusieurs Maries ;

Un qui tette un qui dort ; dans l'arbre un rossignol ;

Un grand déjà rêveur qui voudrait voir Guignol ;

Une fille essayant ses dents dans une pomme ;

Toute la matinée adorable de l'homme ;

L'aube et polichinelle ; on court, on jase, on rit ;

On parle à sa poupée, elle a beaucoup d'esprit ;

On mange des gâteaux et l'on saute à la corde.

On me demande un sou pour un pauvre ; j'accorde

Un franc ; merci, grand-père ! et l'on retourne au jeu,

Et l'on grimpe, et l'on danse, et l'on chante. 
Ô ciel bleu !
C'est toi le cheval. Bien. Tu traînes la charrette,

Moi je suis le cocher. A gauche ; à droite ; arrête.

Jouons aux quatre coins. Non ; à colin-maillard.

Leur clarté sur son banc réchauffe le vieillard.

Les bouches des petits sont de murmures pleines,

Ils sont vermeils, ils ont plus de fraîches haleines

Que n'en ont les rosiers de mai dans les ravins,

Et l'aurore frissonne en leurs cheveux divins.

Tout cela c'est charmant. 
— Tout cela c'est horrible !
C'est le péché !
  


Lisez nos missels, notre bible,
L'abbé Pluche, saint Paul, par Trublet annoté,
Veuillot, tout ce qui fait sur terre autorité.
Une conception seule est immaculée ;
Tous les berceaux sont noirs, hors la crèche étoilée ;
Ce grand lit de l'abîme, hyménée, est taché.
Où l'homme dit Amour ! le ciel répond Péché !
Tout est souillure, et qui le nie est un athée.
Toute femme est la honte, une seule exceptée.


                                  Livre VII L'immaculée conception (extraits)


Voir la suite ICI

Lecture commune avec ?



 Prochain rendez vous : un "petit"roman à choisir parmi les trois titres : Claude Gueux? Hans d'Islande? ou Le dernier jour d'un condamné ?

Inscrites  : Laure, Nathalie, claudialucia,...

mercredi 8 avril 2015

Lyon Quais du Polar 2015 (2 ) Conversation autour d'une oeuvre au musée des Beaux-Arts

Conversation autour d'une oeuvre aux Quais des polars de Lyon avec l'écrivaine canadienne Louise Penny : Théodore Géricault: la monomane de l'envie ou la Hyène de la Salpêtrière
Théodore Géricault : la monomane de l'envie ou la Hyène de la Salpêtrière

Le polar s'invite au musée : Rencontre autour d'une oeuvre

Disons-le tout de suite, il y a un monde fou aux Quais du polar, en particulier le samedi, et des queues interminables. D’autre part, il faut parfois attendre des heures avant d’avoir les dédicaces convoitées si bien que nous n'avons pas pu faire la moitié des conférences que nous avions prévue. Mais qu’importe! Dimanche, nous avons pu assister à une rencontre avec une écrivaine canadienne Louise Penny à propos de son dernier livre Défense de tuer paru aux éditions Actes Sud Noirs.

Le débat se déroulait autour d’une oeuvre de Géricault, un visage de femme impressionnant, aux yeux rouges, fixes et hagards, à la peau verdâtre, aux lèvres serrées comme un cordon de bourse sur un secret ou un cri étouffé. Ce portrait intitulé La monomane de l’envie ou La hyène de la Salpêtrière (1819-1821) présente un mystère. L’on ne sait rien de ses origines et le titre et le sous-titre ont été donnés postérieurement par le critique d’art Louis Viardot, orientant définitivement le spectateur vers une interprétation.  Mais qui était cette femme? Méritait-elle ces appellations? Nous n’avons aucune réponse.

Quais des polars à Lyon : Le polar s'invite au musée conversation autour d'une oeuvre de Géricault, La monomande l'envie
Louise Penny et Hubert Artus au musée des Beaux-Arts
Théodore Géricault

Théodore Géricault

Théodore Géricault (1791-1824) est le peintre romantique par excellence dans le choix de ses sujets et par sa vie courte et tourmentée. Il est hanté par l’idée de la mort. Lorsqu’il peint Le radeau de la méduse il se fait livrer des morceaux de cadavres qui empuantissent son  atelier mais lui permettent une étude anatomique précise et la contemplation réaliste des chairs en décomposition. La monomane de l’envie appartient à une série de tableaux que le peintre a consacré à la folie. A travers ces obsessions le peintre nous renvoie donc une image de lui-même.



Mais ce visage permet aussi un questionnement sur nous-mêmes et sur nos peurs. Que cache notre besoin de rationalité? Pourquoi cette répulsion face à ce tableau? Et si les titres La monomane de l’envie ou La hyène de la Salpêtrière ne nous amenaient pas à une lecture obligée, cette femme ne représentait-elle pas pour nous, plutôt que la monomanie, l’image de la vieillesse, de la déchéance liée à l’âge, et de la mort?

Le débat animé par Hubert Artus avec Louise Penny cherchait à répondre à ces questions tout en remettant l’oeuvre picturale en perspective avec le roman de l’écrivaine Défense de tuer qui aborde le thème de la différence et du regard que nous portons sur ceux qui n’entrent pas dans les critères de la rationalité..  Une rencontre enrichissante et passionnante.
Et voilà où cela m'a amenée : 

Dédicace de Louise Penny

 Géricault : Autres portraits de la folie

 La série de tableaux que le peintre a consacrée à la folie.

Le monomane du vol Musée des Beaux-Arts de Gand
Le monomane du vol d'enfant musée des Beaux-Arts de Springfield (Massachusetts)

La monomane du jeu Le Louvre
Le monomane du commandement militaire
 musée Oskar Reinhart

 

 

   

Ces appellations correspondent à la classification des maladies mentales au XIX siècle qui voit les balbutiements de la psychiatrie moderne.

 Les impressionnistes du musée des beaux-Arts de Lyon

Claude Monet La Tamise à Charing Cross
Et de plus nous avons découvert les impressionnistes du musée Beaux-Arts de Lyon. 

Auguste Renoir : Jeune fille au ruban bleu

Claude Monet : Entrée de la Grande-Rue à Argenteuil

Claude Monet : falaise d'Etretat 

Edouard Manet : Portrait de Mathilde Gauthier-Lathuille

Alfred Sisley : Chemin montant





mardi 7 avril 2015

Lyon : Quais du Polar Mars 2015 (1)

Le Palais du Commerce Lyon Quai des polars 2015

 
Il aura fallu que j'appâte mon mari, (Wens de En effeuillant le chrysanthème, vous connaissez ?), grand amateur de romans et de films noirs, avec Quais du polar  pour pouvoir le traîner jusqu'à Lyon, et bien sûr participer à ce grand rendez-vous des écrivains du roman policier, du thriller et du Noir avec toutes les nuances littéraires que comportent ces mots. Nous avons aussi fait la connaissance  de notre amie blogueuse Soène, lyonnaise de souche, qui nous a accueillis avec chaleur et nous a fait découvrir sa ville au cours d'une enquête policière échevelée dans les vieux quartiers lyonnais ..  Nous sommes régalés, avons fait le plein de belles images, de rencontres avec des écrivains,  d'expériences amusantes et de partage. Merci Soène!

Quelques images de Lyon

Lyon : la place Bellecour avec en arrière plan Fourvière, statue équestre de Louis XIV
Lyon : la place Bellecour avec en arrière plan Fourvière


Lyon : Hôtel de ville et place Louis Pradel 
Lyon : fontaine de la Place Pradel

Lyon : palais du commerce, rencontre des écrivains au quai du polar
Lyon : palais du commerce

Lyon : Théâtre magnolias en fleurs mars 2015
Lyon : Théâtre              
Lyon vu du quartier de la Croix rousse

 

 Les écrivains

 

De quoi agrandir notre PAL : avouez que nous avons été raisonnables!  
Antonio Altarriba signant son dernier livre Moi, assassin, aux quais du polar 2015
Antonio Altarriba et le dessinateur Keko
 
 
Attente pendant deux heures de l'écrivain espagnol Antonio Altarriba que Wens-Francis voulait absolument voir pour lui faire signer son dernier livre : Moi, assassin. Une belle dédicace accompagnée d'un dessin de Keko.


Quais du polar, Lyon mars 2015 : Dédicace de Antonio Altarriba et dessin de Keko pour son livre Moi, assassin
Dédicace de Antonio Altarriba et dessin de Keko


Leonardo Padura aux Quais du polar, écrivain cubain, séance de dédicaces à la chambre de commerce de Lyon
Leonardo Padura
 
Moi, c'était Leonardo Padura que je ne voulais pas rater! Signature de Brumes du passé une enquête de Mario Condé, policier reconverti dans le commerce des livres anciens qui nous fait revivre l'époque glorieuse de la Havane. Je vous en dirai plus quand je l'aurai lu!

Lyon, Quais du polar : Dédicace de Leonardo Padura pour son livre Brumes du passé
Dédicace de Leonardo Padura

Dédicace aussi du dessinateur Cabanes à Wens pour la BD qu'il a réalisée avec Manchette : La princesse du sang
 



Conférence à l'hôtel de ville de Lyon avec Denise Mina, Patrick Mosconi, Frédéric Andréi, Olivier Gay

Dans la salle des anciennes archives de l'hôtel de ville avait lieu la conférence intitulé : On ne prête qu'aux riches avec des auteurs qui se sont intéressés dans leur récit aux classes dominantes et à l'alliance de la richesse et du pouvoir. A l'issue de cette rencontre, j'ai acheté le roman de l'écossaise Denise Mina :  Des dieux et des bêtes qui a obtenu le prix du meilleur roman policier du Royaume-Uni au festival de Harrogate en 2013, traduit en français par Nathalie Bru (présente à cette rencontre) aux Editions du Masque.
 
 



Lyon Quais du polar Mars 2015 : Ian Rankin : séance de pose
Encore un écrivain écossais Ian Rankin : séance de pose

Elizabeth George : signatures aux Quais du polar, palais du commerce, mars 2015
Elizabeth George aux Quais du polar

Michael Connely Quais du polar signatures Palais du commerce mars 2015
Michael Connely

Lyon Quais du polar Mars 2015 :  Ian Manook séance de signatures au Palais du commerce de Lyon
Ian Manook

Mars 2015  Quais du polar  : Michel Quint signature au palais du commerce à Lyon
Michel Quint

Lyon Quais du polar mars 2015  : Michel Bussi signature au palais du commerce à Lyon
Michel Bussi

Mars 2015 Lyon Quais du polar : Attica Locke signature au palais du commerce à Lyon
Attica Locke

Mars 2015 Lyon Quais du polar : Barry Gornell signature au palais du commerce à Lyon
Barry Gornell



Même les souris dédicacent....


Demain : Quais du polar (2)