Nuit d'Hiver à Rondane : Vinternatt i Rondane de Harlad Oskar Sohlberg
Dans le cadre de la poésie du Jeudi, Asphodèle nous a demandé d'écrire notre propre texte pour ce jeudi 3 Mars. D'où ce poème en hommage à un peintre norvégien Harald Sohlberg et à son tableau Vinternatt i Rondane que je vais découvrir à Oslo au mois de mai. Mais déjà par l'intermédiaire de ces reproductions, je l'aime beaucoup.
Vinternatt * : Nuit d'hiver
Dressez-vous dans la nuit, sommets crépusculaires
Vagues pétrifiées s’élançant vers le ciel
Suaire aux plis figés, domaine des esprits,
Royaume de la Mort, dans ta blanche noirceur,
Violette argentée, éblouie de lumière,
Mystère de la nuit et des trolls et des fées.
Dressez-vous dans la nuit, sculptées par la beauté
Froides apparitions, vertigineux effroi,
Solitudes peuplées, glaçage d’un gâteau
Improbable, sucré, aux rondeurs torturées,
Glaciale féérie, tu divagues, tu chantes
Un air purifié, mystère de la vie
un chant pur et doré qui m’emplit de bonté
Au jardin de l’esprit, aux neigeuses contrées,
Etoile de la vie, hivernale et bleutée.
Harald Oskar Sohlberg
Harald Sohlberg : autoprotrait
Harald Oskar Sohlberg (1869-1939) est un des plus grands peintres de Norvège. Il illustre le style néo-romantique qui fleurit dans les années 1890 après le réalisme des années 80.. Nuit d'hiver à Rondane que l'on peut voir au musée d'Oslo est le tableau phare de ce mouvement.
Il se forma chez Zahrtmann à Copenhague (1891-92) et chez Harriet Backer
à Oslo. Il poursuivit ensuite ses études à Paris et à Weimar. Avec sa première toile, Braise de nuit (1893, Oslo,
Ng), il participe, dans les années 1890, à l'introduction en Norvège de la
peinture d'atmosphère néo-romantique, qu'il continue d'illustrer : Nuit d'été (1899, id.), Pré fleuri près de Røros (1905, id.), Nuit d'hiver à Rondane (1914, id.) ainsi que la monumentale réalisation Nuit (1902-1903, Trøndelag Kunstgalleri, Trondheim). La
solitude et l'infini de la nature imprègnent tout son art, qui
s'exprime dans un dessin sévère, finement détaillé et une luminosité
évoquant l'émail. (source encyclopédie larousse)
Les montagnes de Rondane fut l'un de ses sujets de prédilection, il a passé 15 ans à les peindre ainsi que la ville de
Roros.
Harald Sohlberg Après la tempête de neige ; rue de Roros
Les chiens et les loups (1940) se déroule en Ukraine dans les milieux juifs. La société est divisée en trois « castes » : ceux de la ville du bas, les pauvres juifs, petits artisans, boutiquiers, « la racaille infréquentable » qui porte des guenilles et parle yiddish; la ville moyenne où vivent non sans hiérarchie médecins, avocats, commerçants, petits bourgeois et où coexistent juifs, russes et polonais. Et enfin le ville haute interdite aux juifs sauf à ceux qui possèdent une grande fortune et peuvent se permettre de tout acheter. Les chiens et les loups, c’est cette opposition entre ceux qui réussissent et dominent et ceux qui sont pauvres et obéissent.
C’est dans la ville moyenne qu’habite la petite Ada Sinner dont le père Israël est un intermédiaire entre la ville moyenne et la haute. Chez elle vivent aussi sa tante, veuve, son cousin Ben et sa cousine Lilla. Au cours d’un pogrom, Ada et Ben se réfugient dans la ville haute. Ils demandent asile aux cousins Sinner, la branche riche de la famille. Les enfants y sont accueillis avec hauteur mais Ada y fait une rencontre qu’elle n’oubliera pas : son cousin, Harry, enfant délicat, raffiné, richement habillé, qui sera le seul amour de toute sa vie. Elle le retrouvera dans l’exil, à Paris, où la famille est obligée de fuir après la mort de son père. La vie à Paris contraste avec la vie en Ukraine mais elle y est toujours difficile; heureusement Ada est peintre et son travail va lui permettre de s’en sortir.
La description de la vie en Ukraine est passionnante et j’ai trouvé que c’était le moment le plus fort du livre. La ville à plusieurs niveaux comme dans un film de Fritz Lang, la misère, le pogrom dans le ghetto, la fuite des enfants, la découverte de l'inégalité sociale vécue comme un choc, tout est animé d’une vie intense, raconté avec un grand talent. J’ai suivi aussi avec intérêt les tribulations du personnage principal qui est, de plus, entourée de personnages secondaires bien campées. Ada est attachante, intelligente et courageuse. Elle lutte contre les difficultés de l’exil, et ne baisse pas les bras! C’est un beau portrait de femme. Son amour pour Harry semble être sa grande faiblesse. Au départ on peut se demander si elle est attirée par Harry qui n'a pourtant rien d'exceptionnel ou par ce qu’il représente. Mais on voit, plus tard, combien elle est désintéressée et fière, n’acceptant rien de lui.
Ce qui m’a frappée dans la description des milieux juifs par Irène Némirovsky c’est l’incroyable étanchéité qui existe entre les classes sociales, une hiérarchie féroce, un mépris et une dureté pour ceux qui ne réussissent pas, l’importance accordée à l’argent. La valeur de l’homme est déterminée par le fait qu’il a ou n’a pas de fortune. L’écrivaine parle de la race juive et de ses caractéristiques physiques et morales et il en sort un portrait peu flatteur. Si Irène Nemirovsky n’était pas juive elle-même, morte dans un camp de concentration, je dirais qu’elle est antisémite, tant sa critique de la société juive est virulente. Elle appartient pourtant elle aussi a une haute bourgeoisie, dont la fortune est assise sur la finance, et elle aussi a vécu en riche et insouciante jeune fille. Pourtant, elle n'hésite pas à publier des nouvelles dans Gingoire, un journal d'extrême-droite connu pour son antisémitisme. Elle se convertit au catholicisme en 1938 peut-être pour des raisons de prudence en ces temps troublés! Il n’en reste pas moins qu’elle reste hantée par son identité juive dans toute son oeuvre, qu'elle la refuse ou non.
Henrik Johan Ibsen est un dramaturge
norvégien. Il se présente comme un « anarchiste aristocrate». Fils de
Marichen Ibsen et de Knud Ibsen, Henrik Johan Ibsen naît dans un foyer
que la faillite des affaires paternelles, en 1835, désunit rapidement.…
De sa pièce de théâtre Peer Gynt (1867), Henrik Ibsen disait : « De l’ensemble de mes livres je (le) tiens pour celui qui est le moins susceptible d’être compris en dehors des pays scandinaves ». Et si cela ne tenait qu’à moi, je dirais que c’est bien vrai. Et pourtant elle a joui d’un engouement exceptionnel aussi bien en Norvège que dans le monde entier, et a été traduite dans de nombreuses langues. Lire Peer Gynt m’a bousculée dans mes attentes, en me faisant dévier du chemin théâtral que je connais et je ne parle pas seulement des pièces classiques. Même le théâtre élisabéthain et encore moins le drame romantique et les revendications d’Hugo, ni les pièces contemporaines, ne m’ont permis de m’adapter facilement à un tel chamboulement! je suis allée de surprises en surprises tant en ce qui concerne la langue que le déroulement de la pièce et surtout le sens. Que veut dire le dramaturge? Même à la fin de la pièce, l’on s’interroge.
La traduction de la Pléïade dans laquelle j’ai lu la pièce n’est pas en vers mais les niveaux de langue toujours changeants sont bien rendues : Poésie et lyrisme, alternent avec un langage protéiforme satirique, familier voire au trivial. Bien sûr, chez Shakespeare ou Hugo aussi, on retrouve aussi ce changement de registre mais la familiarité et la vulgarité sont le propre des personnages grotesques et ne concernent pas, ou alors rarement, les personnages nobles. Dans Peer Gynt, le mélange du fantastique et de l’humour, les personnages sont parfois comiques et même caricaturaux là où l’on s’attendrait à avoir peur, est aussi étonnant.
Peer Gynt est un lesedrama c’est à dire une pièce en vers destinée seulement à la lecture, ce qui laissait à son auteur la possibilité de laisser libre cours à son imagination : les personnages fantastiques du folklore norvégien envahissent la scène, les décors sont nombreux et divers, on est transporté des forêts profondes et des fjords norvégiens à l’Afrique, dans le désert, au milieu des palmiers comme au pied du Sphynx égyptien. Une pièce qui ne devait pas être jouée et pourtant elle a été portée à la scène un grand nombre de fois! Ce que l’on peut expliquer par le fait qu’elle stimule par sa complexité même la créativité des plus grands metteurs en scène.
En fait la pièce qui compte cinq actes paraît diviser en trois parties déterminées par les lieux et les périodes de la vie de Peer Gynt.
La jeunesse de Peer Gynt
La première partie se déroule en Norvège et correspond à la jeunesse de Peer Gynt. Le jeune homme, inspiré d'un personnage folklorique norvégien, ment toujours et prétend vivre des aventures qui sont arrivées à d’autres. Il est incapable d’assumer ses responsabilités, de s’occuper de sa ferme et de venir en aide à sa mère, Ase. C’est dans cette partie que Peer Gynt se met à dos les villageois, veut épouser la fille du roi des trolls, le seigneur des montagnes de Dove. Poursuivi par ses ennemis, il s’enfuit après la mort d'Ase et après avoir salué Solveig, une jeune fille qui l’aime et qui promet de l’attendre.
C’est la partie que j’ai préférée avec la poésie de la nature norvégienne qui occupe la première place et l’étrangeté du Petit Monde, les trolls, les nixes, les sorcières, qui sont la base des croyances populaires, un héritage de la culture païenne. Notons aussi la très belle scène de la mort d'Ase, si émouvante et poétique dans laquelle le fils accompagne sa mère au seuil de la mort.
Peer Gynt est un ambitieux, à la recherche du pouvoir et de la richesse. Il est prêt à tout pour épouser la princesse sauf.. à se laisser crever les yeux! C’est alors que le roi des Trolls prononce une phrase qui semble porter le sens (un des sens?) de la pièce. A la question : quelle est la différence entre un humain et un troll? Il répond : On dit à l’humain « Homme, sois toi-même! » et au troll « Troll, sois pour toi-même! »
La maturité de Peer Gynt
dessin de décor : la cabane de Solveig de Nicholas Roerich
La deuxième partie raconte la maturité de Peer Gynt qui a vécu des aventures multiples. On le retrouve courant les mers ou les déserts, l’Afrique ou l’Amérique, tour à tour négrier, contrebandier, prophète, toujours empêtré dans le mensonge qui devient une arme pour manipuler autrui.
C’est la partie que je n’ai pas aimée et qui m’a ennuyée, trop rocambolesque, ni fantastique, ni proche de la réalité. De plus, l’Afrique de Ibsen est très convenue, rien à voir avec l’authenticité qui est la sienne quand il parle de son pays!
Peer Gynt, le mauvais garçon, s’est encore endurci dans le mal, allant jusqu’au meurtre pour sauver sa vie. Le personnage devient de plus en plus corrompu et repoussant. Alors que Solveig, toujours fidèle dans son amour et sa foi, l'attend au pays.
La parole du roi des montagnes de Dove se réalise. Peer Gynt est bien un troll et non un humain car il n’est pas lui-même, il est pour lui-même !
La vieillesse de Peer Gynt
Peer Gynt et les trois pelotes(incarnation des Trolls)
La troisième partie se déroule en Norvège, c’est la vieillesse de Peer Gynt guetté par la Mort et que le diable poursuit de ses assiduités. Peer Gynt, le menteur, s’en sort toujours par une pirouette, en utilisant le mensonge pour berner les autres. Mais au moment où rien ne paraît pouvoir le sauver, l’amour de Solveig le tire des griffes de ses ennemis. L’amour plus fort que la mort? Oui, mais pour combien de temps? La fin reste ouverte : on entend la voix du fondeur de boutons derrière la maison : Nous nous rencontrerons au tout dernier carrefour, Peer, et alors, nous verrons...si... Je n'en dis pas davantage.
J’ai aimé ce passage car l’on retourne en Norvège dont l’auteur nous restitue l’essence. L’on retrouve alors les personnages populaires, la mort symbolisée par le Fondeur de boutons, chacun doit passer dans sa cuiller. Le diable apparaît sous les traits d’un personnage maigre, avec un filet d’oiseleur sur l’épaule pour attraper les âmes perdues et avec un sabot à la place d’un pied, figure coutumière des légendes norvégiennes.
Solveig est l’antithèse de Gynt. Si celui-ci incarne le mal, l’égoïsme, la manipulation d’autrui, Solveig est altruisme, bonté, dévouement. Mais dans ce combat entre le mal et le bien qui est au centre la pièce, jamais l’on ne voit Peer Gynt évoluer vers le Bien. Sauf, un moment éphémère où le chant de Solveig et sa fidélité lui font comprendre ce qu’il a perdu. Quant à Solveig, elle paraît être une idée désincarnée plus qu’un être réel. Le pessimisme et l'amertume d' Ibsen semblent triompher.
Suite musicale de Peer Gynt, musique de Grieg
Henrik Ibsen avait demandé à Edvard Grieg de mettre sa pièce en musique alors que les deux hommes ne s'entendaient pas! Grieg trouvait la pièce "débordante d'esprit et de fiel". Quant à Ibsen, il n'apprécia pas la musique composée par Grieg peut-être trop romantique pour convenir à la noirceur satirique de Peer Gynt? Pourtant l'oeuvre musicale connut un immense succès. Si vous avez le temps, écoutez ces extraits. Vous verrez que même si vous pensez ne pas la connaître, cette musique vous parlera!
Edvard Grieg:Au matin suite 1/1 op. 46
Edvard Grieg : Chanson de Solveig suite 2 /4 op.55 : chanté par la soprano norvégienne Marita Solberg
Edvard Grieg : Dessin animé sur la suite 1/ 4 Op. 46 de Peer Gynt Dans l'antre du roi de la montagne. C'est cette musique que Fritz Lang a utilisé dans M. Le Maudit.
Edvard Grieg
Edvard Grieg naît à Bergen en 1843 et meurt dans sa ville natale en 1907.
Pianiste de formation, Edvard Grieg est un compositeur norvégien de la période romantique. Il est particulièrement attaché à la mise en valeur du folklore norvégien au moyen de la musique.
Edvard Grieg naît dans une famille de musiciens : son père joue en tant qu’amateur dans un orchestre de la ville, sa mère lui donne ses premières leçons de piano et lui fait découvrir l’histoire de la musique à travers Mozart, Weber et Chopin. Grâce aux encouragements du violoniste norvégien Ole Bull dont il fait la connaissance à l’âge de quinze ans, Edvard Grieg part en 1858 au conservatoire de Leipzig pour y faire ses études musicales. Il découvre les œuvres de Schumann ou de Wagner au Gewandhaus, et propose sa première composition à son examen final en 1862 (Quatre pièces pour piano).
Edvard Grieg entame alors une carrière de pianiste. Il déménage à Copenhague où il rencontre les compositeurs Niels Gade et Rikard Nordaak, et commence à éprouver un intérêt prononcé pour la culture nordique. En 1867, il s’installe à Christiana et y fonde l’Académie norvégienne de musique. Il dirige régulièrement l’orchestre de la société de musique et compose de nombreuses pièces (Humoresques, Concerto en la mineur pour piano), ce qui est d’autant plus facile lorsqu’il se voit accorder par l’Etat une rente viagère, à partir de 1872.
En 1876, Edvard Grieg rencontre le succès avec Peer Gynt, un opéra né de l’œuvre d’Ibsen. Après une période de crise durant laquelle il se concentre sur le folklore de sa région, il part en tournée en Europe et se fait acclamer de toutes parts. La qualité de l’écriture pianistique inspirée par Liszt, ainsi que l’audace de l’harmonie, font de Grieg un compositeur majeur de la Norvège et inspireront Debussy ou Ravel. (Source bibliographique: France Musique)
Karl Broullov : peintre russe (1799-1852) Princesse Elizabeth Saltykova
Septième bilan du challenge romantique. Il a commencé le 1er Novembre 2011 et est illimité. Il concerne la littérature,
le roman,
la poésie, le théâtre, les essais, mémoires, biographies, lettres,
pastiches et
parodies... mais aussi la peinture, la musique, le cinéma, bref! tous
les arts.
N'hésitez pas à me dire si j'ai oublié des participations et si vous le souhaitez, il est toujours temps de venir nous rejoindre! Il est couplé avec le challenge Victor Hugo.
Je propose une LC pour début Avril : Qui propose un titre?
Et je vous rappelle que j'ai aussi proposé une LC pour le challenge Shakespeare : Cymbeline pour le
25 Mars : Inscrit : Jeneen, Miriam
Notre logo : à joindre à vos billets
Les auteurs lus au cours du challenge
Les auteurs lus au cours de ce challenge romantique sont sensiblement les mêmes que dans le bilan 6. Ils appartiennent à plusieurs nationalités avec une supériorité en nombre pour les français. Hugo et Sand viennent en tête.
Le romantisme français
Balzac / Chateaubriand François René/Cazotte/Dumas Alexandre/Gautier Théophile/Hugo Victor/Lamartine/Nerval Gérard /Mérimée/Mistral Frédéric/ Musset Alfred/Nodier Charles /Renan/Roland madame/Sand George /Stendhal/Vigny Alfred
Carl Blechen, peintre allemand ...........................................................................................................................
Place à la musique!
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