Pages

samedi 1 décembre 2012

Le challenge Romantique: Liste des participants


 Voici la liste des participants au challenge Romantique. Les inscriptions restent ouvertes. Vous pouvez continuer à vous inscrire  dans les commentaires de ce billet.
C'est ici aussi que vous pouvez déposer les liens vers vos billets. 
( Quand cette page aura disparu  vous trouverez cette liste dans la marge de gauche, la vignette Challenge romantique Participants :  cliquez dessus!)
Si j'ai oublié quelqu'un, si j'ai fait une erreur, si votre logo ne vous convient pas, dites-le, je rectifierai!

Rappel : Le romantisme est ce mouvement littéraire, artistique, politique et social, qui s'est propagé en Europe de la fin du XVIII au milieu du XIX ème siècle. 

 Comment participer à ce challenge?

Et bien en toute liberté, bien sûr, puisque Romantisme est synonyme de ce mot! Vous êtes libres de nous présenter des comptes rendus de vos lectures, romans, poésies, études historiques, philosophiques, pièces de théâtre, essais, échange de correspondances, mémoires, récits de voyage, contes...  Lire la suite ici ...
........................................................................................................................

Asphodèle









 .....................................................................................................................

Aymeline

Charlotte Bronte : Jane Eyre





................................................................................................................................

Céline :


Alexandre Dumas : les Borgia

Alexandre Dumas : Le chevalier d'Harmenthal


 Balzac : Les Chouans,

 Mary Shelley :Frankenstein


............................................................................................................... .............

Claudialucia

 

 

Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen

Le challenge Romantique de Claudialucia

Le challenge Romantique: Liste des participants

 Mercredi romantique : Les reconnaissez-vous?

Les Romantiques français : des pistes de lecture (1)

Les Romantiques français : des pistes de lecture (2) 

 Théophile Gautier : Histoire du romantisme (1) La bataille d'Hernani

Théophile Gautier : Histoire du Romantisme (2) : Les Jeunes France ou le petit Cénacle

Mercredi Romantique : Jane Austen est-elle une romancière romantique?

Les Romantiques et le soleil : Hugo, Turner, Friedrich, Schubert

Emily Brontë : Les Hauts de Hurlevents

Emily Brontë : Les moors 

Anne Brontë : Agnès Grey

Brontë Charlotte : Jane Eyre

Bürger Gotfried : Lénore (traduction de Nerval)

Robert Burns, My heart’s in the Highlands…

 Camillo Castelo Branco : Amour de perdition

François-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-tombe extrait 1

Francois-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-Tombe : extrait 2

Sur les traces de Chateaubriand : de Saint Malo à Combourg Les mémoires d'Outre-Tombe

Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4

Victor Hugo : Exposition  Les arcs-en-ciel du noir

Victor Hugo : Les misérables

 Goethe, Nerval, Berlioz, Schubert : Le roi de Thulé (traduction de Nerval)

 Goethe : Le roi des Aulnes dans ballades et autres poèmes

Goethe Wolfgang :  Faust

Gérard de Nerval : Les filles du feu: Sylvie

Gérard de Nerval :  Chanson gothique

Gérard de Nerval : Fantaisie 

Gérard de Nerval et la Grèce : Delfica  

Le monde de George Sand

  George Sand : Consuelo 

George Sand : Indiana 

George Sand : Mauprat

George Sand : Marianne

George Sand : La petite Fadette

George Sand : Metelle et Mattea

George Sand : Pauline

George Sand : La marquise et Lavinia

George Sand : L'orgue des Titans 

George Sand  : Le meunier d'Angibault 

George Sand : Le péché de M. Antoine

George Sand : Cora

George Sand : Teverino

Sur les traces de George Sand (1) : la Vallée noire et Nohant

Sur les traces de George Sand (2) : Le meunier d'Angibault, Angibault et Sarzay

Sur les traces de George Sand (3) : La fée poussière

Sur les traces de George Sand (4) : Le péché de Mr Antoine, Crozant, Gargilesse

Sur les traces de George Sand ( 5): Corambé, le parc de Nohant, Histoires de ma vie

Sur les traces de George Sand (6): La fée aux gros yeux

Sur les traces de George Sand (7): La mare au diable 

George Sand : citation de La mare au diable : l'art est une recherche de la vérité... 

Marie Shelley, Frankenstein

Stendhal : Chroniques italiennes : Les Cenci (1)

Stendhal : Chroniques italiennes :  Vittoria Accorombia et Vanina Vanini (2)

*******************

Invitation au Romantisme : aller voir les autres participants

Invitation au musée de la vie romantique : chez L'Ogresse de Paris et Eiluned

  Invitation au voyage avec Chateaubriand pour guide chez Miriam

Invitation au romantisme : Chateaubriand, ridicule? chez Mélisande

  Invitation au Romantisme un  film, un poème, un chanteur chez Eeguab

Invitation à la musique romantique : Chez Gwenaelle, Eeguab, Miriam, Wens, Claudialucia

Invitation au romantisme : Childe Harold en Italie Lord Byron chez Tilia
..................................................................................................... ........................

Cleanthe

Walter Scott : Rob Roy

George Sand, Les Dames vertes:

George Sand, Consuelo

George Sand,  la comtesse de Rudolstadt

George Sand : Teverino


Ann Radcliffe, Les Mystères d'Udolphe

Goethe, Les Affinités électives:

Andersen, Contes:

Achim von Arnim, Isabelle d'Egypte

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe:

Dumas, Amaury:

Dumas, Pauline:

Dumas, Olympe de Clèves:

Dumas, Joseph Balsamo

Dumas, Le collier de la reine

Dumas, Le chevalier de Maison-Rouge

Musset, Histoire d'un merle blanc

Musset, Lorenzaccio

Pouchkine : La dame de Pique


...............................................................................................................................



Eeguab

 Emoi et Moi :  Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier
Un beau billet vibrant d'émotion sur un film adapté d'un auteur allemand : Peter Von Mendelssohn


Les Ombres du Valois : Hommage à Gérard de Nerval et au Valois 


William Sheller chante Guernesey.

Yeats The stolen child
  
Jules et Jim et Jean-Luc et Jean-Pierre et Jean-Claude

La Bohême de Henri Murger et les adaptations filmiques

Un compagnon de Dumas

.............................................................................................................


 Eimelle

De Rigoletto au Roi s'amuse de Victor Hugo 

Marie Dorval (1)

 Marie Dorval et Vigny (2)

Marie Dorval (3)

Marie Dorval (4)

Marie Dorval (5)

Marie Dorval et Frédérick Lemaître Trente ans ou la vie d'un joueur 1827 

Alexandre Dumas : Antony /Marie Dorval

Ruy Blas de Victor Hugo (1) Lecture spectacle

Ruy Blas de Victor Hugo La reine et les costumes (2)

George Sand : Indiana

.........................................................................................................................



 Emmyne

Alfred de Vigny : Le bain d'une dame romaine





...........................................................................................................................



Gwenaelle

Place à la musique!
........................................................................................................................................

 Les Livres de George

Samedi Sandien : Simon

Samedi Sandien : Indiana 

Samedi Sandien : les compagnons du Tour de France 

Samedi sandien Journal intime 1834 : Et moi où suis-je pauvre George!

Samedi sandien : Histoire de ma vie 

samedi sandien : Leone Léonie


Samedi sandien : impressions et souvenirs épisodes 1

 samedi sandien : La maison de Georges Sand à Nohant d'Anne-Marie Bremm

Rodolphe Marc Renier : Le dernier visiteur de George Sand

 Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 1

Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 2

Flavie de George Sand

Pierre Salomon et Jean Chalon , biographes de Sand

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maupin

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maup


Madame de Roland : Enfance

Le château d'Ermenonville : Le parc de Jean-Jacques Rousseau 

Anne Bronte : La recluse de Wildfell Hill

Stendhal : Armance

Alfred de Musset: on ne badine pas avec l'amour
................................................................................................

 Lilousoleil



 George Sand : Marianne

................................................................................................



 L'or des chambres

Jane Austen : Orgueil et préjugés



.........................................................................................................


Maggie



Victor Hugo  : Les Misérables

Cazotte : Le diable amoureux 

Polidori : Le vampire

Voyage avec Turner
.............................................................................................................


Margotte : Le bruit des pages








.....................................................................................................


 Mazel











..........................................................................................................





 Mélisande

Chateaubriand, le comique de service





...................................................................................

Miriam

La vie de Liszt est un roman  Zsolt Harsanyi Actes sud


Le musée de la vie romantique Paris




Avec Chateaubriand pour guide :

randonnée sur la digue de la duchesse Anne


Combourg et Dol de Bretagne sur les pas de Chateaubriand


 Les remparts de Saint Malo : Chateaubriand


Prendre Chateaubriand pour guide


Paul Féval La fée des grèves 


Walter Scott :Rob Roy


Les neiges du Kilimadjaro : Guediguian


Théophile Gautier : le roman de la Momie


Théophile Gautier : Exposition à Sceaux


Théophile Gautier  : Emaux et camée, Nostalgies d'Obélisque

Gérard de Nerval : El Desdichado

Victor Hugo : l'enfant grec

Le Vampire d'après Lord Byron

André Maurois : Lord Byron  Dom Juan  

Byron : les romantiques et le voyage en Orient 

Byron en Grèce (extrait de Childe Harold)

Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 2
Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 3

George Sand : Teverino

Gérard de Nerval : voyage en Orient
.....................................................................................


 Océane






............................................................................................

Ogresse de Paris

Musée de la vie romantique

Exposition Orientalisme à la vieille charité

Lettres à Fanny de Keats




Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (1)

Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (2)

 ...........................................................................................


 Roz Dans ma bibliothèque

 Alexandre Dumas : l'invitation à la Valse


       





...........................................................................................

     Syl

George Sand : Pauline




................................................................................

Tilia 

Première contribution dans Echos de mon grenier : Requiem Pastoral
Sir Edwin Henry Landseer - 1837 Le vieux berger pleuré par son chien
Peinture romantique

Lord Byron : Childe Harold en Italie

La truite de Schubert

Duels russes : Pouchkine, Lermontov....

................................................................................

Valérie K.






............................................................................


wens

Julos Beaucarne. Le lac : pastiche de Lamartine


Edith- Yann. Les hauts de Hurlevent. Emily Bronte.(BD)


Hugo Victor. Chanson des pirates.


Hugo Victor. Demain, dès l'aube.


Hugo Victor. Le mendiant.

Les misérables film de Rober Hossein  (Victor Hugo)


Lamartine. Homme politique


Lord Byron, citation

Mary Shelley / James Whale : le film Frankeinsten

Emily Bronté/  Wiliam Wyler : Le film Les Hauts de Hurlevent

Stendhal /Lucio Fulci : le film Les Cenci (dans Chroniques italiennes)


........................................................................

Un livre/Un film : Enigme n° 50



Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
Enigme  50

Ce livre ( 1958) est un roman policier d'un écrivain français venu tard au roman après avoir eu une vie aventureuse .. et même plus!  Il raconte la cavale d'un gangster et nous fait pénétrer dans le milieu de la pègre. Les interprètes charismatiques des personnages, dans le film, m'ont permis de m'intéresser aux personnages du roman qui ne sont pas des petits anges.. c'est le moins que l'on puisse dire!

G. n'avait pas senti venir la mort. Il était passé sans souffrance, du stade de l'évanouissement à celui de cadavre. De son goût de l'argent, de sa ténacité, de sa manière d'aimer sa femme, de son habitude de se moucher en pressant toujours sur la même narine, il ne restait rien qu'une carcasse vide qui n'accomplirait plus aucun geste, et que personne ne rencontrerait jamais plus.

vendredi 30 novembre 2012

Gabriel Jan :Ys, le monde englouti




Dans son roman Ys, le monde englouti Gabriel Jan écrit :

"Cette version libre sous forme de roman est une nouvelle écriture qui respecte toutefois les textes de toutes les époques. j'y ai apporté comme le fait le barde ma part d'imagination, fidèle aux traditions qui veulent que les légendes soient adaptées, remaniées, enrichies afin qu'elles continuent à vivre"

Et c'est ce qu'il fait effectivement. La légende d'Ys qui sert de départ à cette histoire est bien sûr respectée. Gadlon a construit une ville magnifique pour sa fille Dahut mais celle-ci vit dans la débauche et la luxure. Dans son palais, elle accueille des courtisans qui ne pensent qu'au luxe et aux plaisirs. Elle tue ses amants d'une nuit en les précipitant dans un gouffre. Mais elle ne se donne qu'à l'océan, son époux divin. Pourtant un jour, elle a pour amant un étranger qui exerce sur elle sa domination.  Celui-ci, avec l'aide de Dahut, vole la clef des portes de la cité d'Ys au roi Gadlon. Il ouvre les portes à l'océan qui engloutit la ville. Gadlon peut se sauver sur son cheval magique mais Dahut est précipitée dans les flots.

 C'est à partir de cette légende que Gabriel Jan a bâti son récit et imaginé des personnages qui n'ont rien à voir avec elle.

Gélan D'Edarpt, un jeune médecin étranger arrive à Ys avec ses onguents pour exercer son métier et y faire fortune. Attaqué par des brigands, il est défendu par Ceryl, un jeune homme au premier abord sympathique, qui  l'héberge chez son père, le meilleur tailleur de Cornouiailles. La soeur de Céryl,  Cipée, tombe amoureuse de lui mais il ne répond pas à ses avances. En fait, il  aime la fille du barde Nasahben nommée Dryad. Nous comprenons bien vite que Gélan n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être et qu'il est investi d'une mission.  Il va s'opposer à trois druides qui sont alliés avec Dahut, pour défendre la cité qu'ils savent menacée.  Mais Gélan, qui est-il vraiment? Quel monde représente-t-il?

En fait la légende de la ville d'Ys devient ici un roman fantasy. L'auteur gomme le merveilleux chrétien de la légende :  le rôle des saints qui convertissent Gadlon est affaibli, le diable est absent du récit, le bal satanique n'a pas lieu, le masque qui se resserre sur le visage des amants de Dahut et les étouffe n'est plus. Mais les personnage possèdent des pouvoirs magiques qui leur permettent de mener le combat entre le Bien et le Mal et ils se disputent le Trémillon ou l'Aigue bleue, pierre magique susceptible de retenir les flots de l'océan.
J'ai cependant trouvé que l'histoire était parfois assez mal ficelée. Par exemple Cipé, l'amoureuse évincée disparaît du récit et le personnage de Céryl est finalement oublié, l'amour entre Dryad et Gelan, style coup de foudre, est un peu fleur bleue. Quant à  Dahut, elle apparaît trop vulgaire et peu intelligente, ce qui lui enlève la force et l'aura qu'elle a dans la légende. Elle cesse d'être le symbole de la religion celtique s'opposant à la christianisation de la Bretagne qui enseigne le péché et l'horreur du plaisir.

Voir Billet de l'oncle Paul ICI

Lecture commune avec Miriam et Aymeline








mercredi 28 novembre 2012

La légende d'Ys de Charles Guyot : Lecture commune avec Aymeline et Miriam


La submersion de la ville d'Ys, advenue au Ve siècle, n' a pas eu la fortune d' inspirer plus tard un Chrestien de Troyes, écrit Charles Guyot, dans son avant-propos, et de prendre place dans le trésor immense des romans du Moyen-âge. Ni la douce Marie de France chantant la départie amoureuse de Gradlon, ni le moine Albert de Morlaix narrant, dans la Vie des Saints de la Bretagne armorique, la juste perdition de la cité maudite, n'auraient sauvé leurs héros de l'oubli. Mais la tradition populaire, profondément attachée à son patrimoine poétique, n a pas laissé périr la plus tragique de ses fables. Nous avons fait leur part, dans ce récit, aux différentes versions de la légende, en donnant à celle-ci tout le développement que méritent son importance et sa beauté.

La légende

 Gradlon, Dahut, Saint Guénolé et le cheval Morvach d' Evariste Luminais

Gradlon est roi de Cornouailles. Il ne se console pas de la disparition de sa femme, une"Walkirie" du Nord, la belle et farouche Malgven qu'il a tant aimée, morte en couches. Face à sa fille Dahut dont la beauté rappelle celle de sa mère, cet homme qui est pourtant un valeureux guerrier fait preuve d'une grande faiblesse.  Bien qu'il soit gagné à la foi chrétienne et qu'il bâtisse de nombreuses églises sur ses terres, il cède à tous les caprices de Dahut et lui fait édifier la cité d'Ys, la plus belle et la plus riche de toute la Bretagne. La ville est protégée de l'océan par un système de digues dont les lourdes portes sont maintenues fermées par une clef d'argent. Dahut  vit dans la débauche, prend un amant chaque soir et le fait périr le lendemain en livrant son corps à la mer. Ses péchés lui feront finalement encourir la colère divine et la cité d'Ys sera engloutie. Seul Gradlon, sur Morvach son cheval magique, parviendra à se sauver à condition qu'il rejette dans les flots sa fille Dahut qu'il porte en croupe :
Gradlon, Gradlon, tu te perds, si tu veux vivre, rejette le démon qui est derrière toi lui demande Saint Guénolé qui d'un coup de bâton rejette Dahut dans les flots.

Le site

 Le site de la cité d'Ys fait l'objet de maintes spéculations mais il est communément admis que son emplacement est à Douarnenez, près de l'île Tristan. On dit que jalouse de sa rivale, Lutèce prit le nom de " Par Ys ", et lorsque l'orgueilleuse capitale sera à son tour engloutie, Ys ressurgira des flots.

L'affrontement de deux religions

La christanisation de la Bretagne

Comme toute légende remontant à des temps reculés, elle peut recevoir plusieurs interprétations. Il s'agit bien sûr d'un combat entre le Bien et le Mal  mais surtout elle raconte l'affrontement entre deux religions,  le paganisme celtique et le christianisme. La christianisation de la Bretagne par des moines irlandais au Ve siècle de notre ère est très présente dans la légende. On y voit, en effet, l'ermite Ronan que Gradlon rencontre dans les forêts de Cornouailles, Corentin que le roi fait évêque de Quimper et qui impose la morale et les lois chrétiennes à la Bretagne, Guénolé à qui il attribue le moustier de Landevennec.

Dahut représente la résistance à la christianisation.

 Mais Dahut ne plia point; comme cavale sous le fouet, elle frémit et se cabra; ses prunelles soudain furent pleines d'orage :
Naguère, s'écria-t-elle, on trouvait en Quimper aise et liberté; chacun portait habits et joyaux à sa guise et il m'advenait d'y rencontrer figures riantes, coiffures de fête, bandes joyeuses. Aujourd'hui ce ne sont que robes de bure, crânes rasés, grises mines. Les jeunes gens ressemblent aux vieillards, gaieté n'a plus d'asile.

Le Merveilleux païen et le merveilleux chrétien

 La cité d'Ys de Lionel Falher

Dahut reste fidèle aux anciennes divinités celtiques, c'est pourquoi, dans cette légende, le Merveilleux païen et le Merveilleux chrétien se répondent et se combattent.
 Dahut va sur l'île de Sein voir les prêtresses du culte ancien d'Armorique, les Sènes. Celles-ci avaient des enchantements pour exciter ou apaiser les tempêtes, dévoiler les aventures périlleuses, guérir les maladies mortelles.
Mais le dieu venu d'Orient avait troublé leurs fêtes et dispersé leur assemblée, et les vierges de l'île, délaissées sur le roc sauvage n'avaient plus pour hôtes que les oiseaux de mer.
Dahut leur demande de construire une digue pour protéger les habitants la ville d'Ys? Ce sont les korrigans qui vont lui venir en aide et bâtir les digues et un château merveilleux pour elle. Ce sont eux qui maintiendront les portes fermées  à l'océan par leurs pouvoirs magiques.
Dahut célèbre ses épousailles avec l'Océan en jetant son anneau d'or dans la mer; dans la grotte où elle se baigne son divin époux vient la caresser de ses vagues.
Le cheval que son épouse, Malgven donne à son bien-aimé Gradlon participe aussi à ce merveilleux païen:
Malgven répondit, j'ai un vivant navire, un cheval enchanté qui nous portera tous deux sur les flots de ta nef fuyante.
Et dans l'écurie Gradlon trouva un étalon noir comme la nuit, sans bride, sans frein dont les naseaux soufflaient une rouge vapeur, dont les yeux jetaient des flammes.

Le Merveilleux chrétien n'est pas en reste! Les saints rencontrés par Gradlon en sont prodigues! Le saint Ermite Ronan apaise des dogues furieux d'un signe de croix et ressuscite une fillette que sa mère avait tuée. Corentin offre un maigre repas à Gradlon qui se transforme en festin. Guénolé empêche une première fois les portes de la ville de s'ouvrir. Et enfin, c'est le diable lui-même qui consomme la perte de la cité en envoyant les courtisans de Dahut en enfer au cours du bal des Trépassés et en volant la clef d'argent qui va ouvrir les portes d'Ys et laisser entrer l'océan déchaîné.

Le style médieval

Charles Guyot imite avec beaucoup d'aisance et d'harmonie le style des lais de Marie de France.  L'emploi du décasyllabe, avec son balancement à la césure 4/6, renforcés par les images poétiques, introduit une musique  et donne à cette légende un air nostalgique.

Le style est médiéval à la fois dans le vocabulaire et dans la syntaxe. Voici comme exemple  la chanson du barde aux  cheveux blancs, intitulée Le lai des amours

Le roi Gradlon, s'apprête à guerroyer
Loin dans le nord; tel est son dur métier.
Là sont cités, châteaux, moutiers et bourgs
bien défendu de remparts et de tours
Là sont aussi greniers et beaux trésors,
Gloire et butin veulent danger et mort.
Dur est le vent, large l'océan vert
long le chemin jusqu'au pays d'hiver
Partout écueils, naufrages et tempêtes.
Au marinier tout est disette et peine.
Combien partis n'ont pas revu leur terre,
sont endormis au tombeau de la mer.
Gradlon le roi a requis tous ses gens
de l'assister par bataille et argent,
gréé sa nef et sa voile éployé
pris son bon glaive et son haubert maillé
quitté le port aux beaux jours francs d'orage
Cent beaux vaisseaux voguent dans le sillage.

L'emploi de termes anciens comme moutier, nef, guerroyer, requis, francs (d'orage), les termes se rapportant à l'habillement glaive, haubert maillé, ou les mots nobles comme vaisseaux,  éployé, la métaphore tombeau de la mer donnent une coloration médiévale au style de Charles Guyot.  La syntaxe emprunte aussi au Moyen-âge avec modifiant l'ordre des mots de la phrase, l'adverbe indiquant le lieu en tête, les sujets étant inversés Là sont aussi greniers et beaux trésorsde même avec l'inversion des adjectifs :  Dur est le vent, large l'océan vert;  long le chemin...  et une construction radicalement différente de la syntaxe moderne Combien partis n'ont pas revu leur terre,/ sont endormis au tombeau de la mer.
 Les énumérations qui amplifient la description : Là sont cités, châteaux, moutiers et bourgs,  le chiffre cent,  l'emploi des mots qui généralisent Partout ou quantifie combien , l'insistance, loin dans le nord, long le chemin ... tous ces effets stylistiques produisent un  grossissement épique qui fait du voyage de Gradlon une Odyssée fantastique dans le temps et dans l'espace très éloignés de notre monde..  D'où une certaine magie du texte!

Une  belle légende, donc, très bien contée et mise en poésie pour ne pas dire en musique par Charles Guyot, auteur inspiré.

Lecture commune avec Aymeline  ICI et Miriam ICI

Le livre est voyageur :  rapide à lire! Qui le veut?




dimanche 25 novembre 2012

Shakespeare : Othello





Résultat de l'énigme n°49

Bravo à : Aifelle,  Dasola, Eeguab, Keisha, Miriam,  Pierrot Bâton


La pièce de Shakespeare : Othello
Le film de Cukor : Othello






La date de la première représentation d'Othello se situe en 1604 , peut-être même avant en 1602 ou 1603. Le texte  a été conservé par deux sources, un Quarto de 1622 et le célèbre Folio de 1623 qui nous a permis de connaître les pièces de Shakespeare..

Othello, le Maure de Venise, est un chef militaire de grande valeur. Il épouse Desdémone, contre l'avis de son père, un  noble vénitien.  Le Maure est nommé gouverneur de Chypre et c'est donc loin de son pays, de sa famille, que la jeune femme va vivre auprès de son mari.  Poussé par Iago, son enseigne qui est animé par des sentiments de jalousie et d'envie,  Othello va être amené à soupçonner sa femme d'adultère et par la tuer. Lorsqu'il se rend compte de son geste et de son erreur il se donne la mort.

Les  thèmes principaux d'Othello sont la jalousie et la trahison mais aussi l'honneur.  Othello tue sa femme, Desdémone parce qu'il croit qu'elle le trompe avec Cassio. Il souffre atrocement non  seulement parce qu'il l'aime mais parce qu'il se considère comme déshonoré. Pour expliquer son acte de violence, il faut bien savoir que la question de son honneur bafoué et de l'orgueil blessés entre en ligne de compte à côté de la souffrance de l'amour trahi .
Un autre thème est celui du faux-semblant, de l'apparence trompeuse. Desdémone est pure et innocente mais Othello, abusé par Iago, croit voir au-delà des apparences ce qu'elle est réellement, "une catin". Il se trompe. Celui qui a une âme noire est Iago mais Othello, torturé par la jalousie, se laisse abuser et lui fait confiance. La tragédie d'Othello est un drame de l'aveuglement.

Shakespeare montre aussi le point de vue des femmes. Emilia, la femme de Iago, répond à Desdémone qui s'étonne que les femmes puissent trahir leur mari.

Mais je crois que c'est la faute des maris
Si les femmes succombent.Si, comme on dit, il néglige ses devoirs
S'il porte en un giron étranger les trésors qui nous sont dus,
Où s'il éclate en hargneuses jalousies,
Nous soumettant à des contraintes, ou bien s'il nous frappe,
Si par dépit il réduit notre précédent train de vie...
Et bien! nous avons nos rancunes, et, bien que nous ayons de la gentillesses,
Nous prenons un revanche. Que sla mrais apprennent
Que leur femme a des sens comme aux: le regard, le flair,
Un palais à la fois pour le doux et pour l'amer,
Tout comme eux. Que font-ils, eux,
Quand ils nous remplacent par d'autres? est-ce un jeu?

Acte IV scène 3


samedi 24 novembre 2012

Un livre/Un film : Enigme 49








Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

 Enigme n°49
L'énigme d'aujourd'hui est facile au niveau du livre, plus difficile pour le film. Voir Wens! Il s'agit d'une pièce célèbre dont le thème central est la jalousie. Elle a été écrite par un grand dramaturge anglais !

Voilà la fin de mon voyage, voici mon but
Et le terme oscillant de ma dernière traversée.(...)
 Maintenant (il se retourne vers le lit), quel visage as-tu maintenant?
Pâle comme ta chemise!
O jeune fille née sous une mauvaise étoile
Quand nous nous rencontrerons pour le compte,
Cette apparence que tu as jetteras mon âme à bas du ciel
Et les démons la happeront. Te voilà froide, froide, ma pauvre fille!
Tout à fait comme ta chasteté!
O maudit, maudit scélérat! A coups de fouet, vous, démons,
Chassez-moi de la possession de ce spectacle céleste!
Emporte-moi dans les vents! Rôtissez-moi dans le soufre!
Lavez-moi en de profonds abîmes de feu liquide!




jeudi 22 novembre 2012

Dickens et Collins : L'abîme





Je pensais lire un livre de Dickens en choisissant ce titre L'abîme  et je m'aperçois que c'est un livre rédigé à quatre mains puisqu'il s'agit d'une collaboration entre Dickens et Wilkie Collins, ce dernier étant à la fois l'ami mais aussi le disciple admiratif de son illustrissime aîné et grand écrivain. Mais ici ils signent tous les deux!
L'histoire? Elle pourrait être à la fois de Dickens ou de Collins puisque l'on y retrouve des thèmes chers à l'un et à l'autre traités cependant différemment : chez Dickens un enfant orphelin ou abandonné ou chez Collins une innocente victime - plus souvent une femme- spoliée et sur laquelle plane un mystère. Ils sont aux prises avec un homme machiavélique - la figure du méchant- et rejetés par la société. S'ensuivent des aventures qui tiennent en haleine le lecteur et l'amène à un dénouement souvent heureux pour les plus faibles.

Un enfant  a été confié à l'Hospice des enfants trouvés. Quelque temps après, une inconnue aborde Sally, une jeune employée qui travaille à l'hospice et lui demande quel est le nom de baptême donné à ce bébé, avouant qu'elle en est la mère et qu'elle a été contrainte à l'abandonner. Sally, touchée par sa détresse, lui donne le nom du petit garçon : Walter Wilding. Quelques années après, la mère enfin libre, revient chercher son enfant. Tous deux vivent quelques années de bonheur, rapprochés par une affection commune. A sa mort, la mère lègue à son fils une maison d'habitation et un commerce de vin. Mais Walter en mauvaise santé doit s'associer avec George Vendale, un de ses amis, charmant et sympathique jeune homme. Ce dernier est amoureux d'une jeune suissesse, Marguerite, nièce d'un certain Obenreizer. Les deux histoires, celle de Walter et de George,  sont étroitement liées. Mais Walter Wilding engage pour gouvernante madame Goldstraw qui n'est autre que Sally. Celle-ci lui apprend un terrible secret....

L'oeuvre est assez bizarre dans la mesure où elle est  divisé en quatre actes comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre avec une scène de début intitulé  : le rideau se lève et une autre, en clôture, le rideau tombe mais elle a le plus souvent les caractéristiques du roman. D'autre part, cette collaboration entre Dickens et Collins est assez surprenante car on à l'impression que les deux hommes n'ont pas écrit ensemble mais à la suite l'un de l'autre, un peu comme dans le jeu des cadavres exquis. Si bien que nous ne savons plus trop parfois où le roman va nous entraîner, du Londres pauvre et sordide aux montagnes suisses dangereuses avec leurs abîmes vertigineux. Il semble que les deux écrivains aient rivalisé d'imagination, et l'intrigue tire un peu à hue et à dia. Notons au passage que Marguerite cesse d'être la potiche qu'elle paraît être au début du roman pour se révéler ensuite forte et audacieuse pour sauver celui qu'elle aime. Intéressant aussi le fait que l'on parvienne à discerner quelle est la griffe de l'un ou de l'autre selon les chapitres. Wilkie Collins dans les scènes qui se passent en Suisse, se révéle un maître du suspense, du retournement de situations. Charles Dickens excella dans les portraits satiriques et caricaturaux comme celui de Joey Laddle ou de monsieur Obenreiser ou de sa gouvernante Madame Dor.
Ainsi pour donner un exemple précis la scène  intitulée Le rideau se lève évoque le commerce dont a hérité Walter Wilding dans un quartier sordide de Londres. C'est une description réaliste à la Dickens
Au fond d'une cour de la Cité de Londres, dans une petite rue escarpée, tortueuse, et glissante, qui réunissait Tower Street à la rive de la Tamise, se trouvait la maison de commerce de Wilding et Co., marchands de vins. L'extrémité de la rue par laquelle on aboutissait à la rivière (si toutefois on avait le sens olfactif assez endurci contre les mauvaises odeurs pour tenter une telle aventure) avait reçu le nom d'Escalier du Casse-Cou. La cour elle-même n'était pas communément désignée d'une façon moins pittoresque et moins comique: on l'appelait le Carrefour des Éclopés.

L'ironie de Dickens s'exerce jusque dans le nom qu'il donne aux rues mais atteint son apogée quand il prête à Walter Wilding, après cette description répugnante, ces quelques mots  :
 "Pensez-vous qu'un jeune homme de vingt-cinq ans qui peut se dire en mettant son chapeau : ce chapeau couvre la tête du propriétaire de cette propriété...., pensez-vous que cet homme n'ait point le droit de se déclarer satisfaits de lui-même, sans être orgueilleux? Le pensez-vous?"

En conclusion L'abîme n'est certainement la meilleure oeuvre de Charles Dickens ni de Wilkie Collins mais c'est un curiosité littéraire  amusante.


Lu sur ma Kindle : livres ebooks libres et gratuits


Chez Aymeline

lundi 19 novembre 2012

Bill Bryson: Shakespeare, antibiographie




Non ce n'est pas une biographie de Shakespeare que publie Bill Bryson mais une antibiographie et  d'emblée à l'énoncé de ce sous-titre plein d'humour, j'adore! Je me suis donc plongée avec délices dans cette étude sur mon dramaturge préféré et je n'ai pas été déçue! On connaît si peu de choses de la vie de Shakespeare et on perd même ses traces pendant un laps de temps si long que le mystère qui l'entoure semble avoir échauffé les esprits. Aussi tous ceux qui se sont frottés à Shakespeare y sont allés de leur petite théorie parfois tout à fait vraisemblable, parfois absolument farfelue! Mais dans les deux cas absolument invérifiable et fruit de l'imagination de penseurs dont certains pourtant sérieux, universitaires chevronnés et spécialistes éminents, se sont mis carrément à délirer. Le but de Bill Bryson est donc, tout en menant une enquête fouillée et documentée, en consultant de très près les archives et les  documents authentiques de l'époque, d'analyser toutes les théories échafaudées sur le Barde (ainsi nomme-t-il le plus grand dramaturge de tous les temps!) pour vérifier si elles sont fondées. A la fin de ce petit livre nous savons avec certitude quels faits de la vie et de la carrière de Shakespeare sont connus, avérés -et ils ne sont pas nombreux-  et ce qui a été inventé et ne peut être vérifié.  Chemin faisant nous nous débarrassons de certaines idées toutes faites sur notre dramaturge et nous apprenons beaucoup sur la société élisabéthaine et plus particulièrement sur le théâtre de cette époque.

Mais d'abord pourquoi ne connaît-on pas mieux la vie de Shakespeare et comment ses oeuvres nous sont-elles parvenues? Au XVIème siècle, dans l'Angleterre élisabéthaine, nous explique Bryson, le dramaturge n'a pas le statut qu'il aura par la suite. Il n'est pas l'objet d'un culte même s'il est beaucoup joué et si ses pièces plaisent au public. Shakespeare jouit  d'une certaine notoriété mais ses oeuvres ne lui appartiennent pas, elles sont la propriété de la troupe qui les exploite comme elle le désire. Le texte n'est pas sacré, il peut ne pas être publié car la fabrication d'un Folio est extrêmement onéreuse donc rare, ce qui explique que la majorité des pièces de l'époque se sont perdues et il en va de même de leurs auteurs dont nous ne connaissons rien.
On estime à environ trois mille le nombre de pièces qui furent montées à Londres entre la naissance de Shakespeare et 1642, date à laquelle les puritains firent fermer les théâtres .. Or, de quatre-vingt pour cent de ces oeuvres, nous ne connaissons que le titre.

Si le théâtre de Shakespeare n'a pas sombré dans l'oubli, c'est que ses collègues  Henry Condell et John Heminges réunirent ses pièces, après sa mort, dans un volume, "le fameux Folio de 1623, devenu depuis objet d'une vénération justifiée". S'ils n'avaient pas eu cette initiative, nous ne connaîtrions qu'une infime partie de l'oeuvre du Barde et il ne pourrait occuper la place prépondérante qui est la sienne non seulement à son époque mais dans l'histoire du théâtre en général et dans l'histoire la langue anglaise. Car Shakespeare a utilisé 2035 mots jamais répertoriés avant lui, il est "l'inventeur" de 314 mots nouveaux, et il un tel don de la formule qu'il est à l'origine d'expressions couramment utilisées dans la langue courante.

Les théories développées autour de Shakespeare sont parfois ingénieuses, d'autre fois étonnantes et même complètement folles :

Il existe chez beaucoup de gens un désir très ardent, et semble-t-il insatiable, de croire que les pièces de William Shakespeare ont été écrites par quelqu'un d'autre que William Shakespeare.

A tel point nous explique Bryson que même le directeur artistique actuel du Globe, théâtre créé pour rendre hommage au Barde, est lui aussi un "antistradfordien" !

Voilà pourquoi il est indispensable de souligner que les opinions antishakespeariennes reposent - presque toujours finalement- sur une manipulation intellectuelle ou sur des déclarations aussi catégoriques qu'erronées.

Ainsi par exemple, un collaborateur du New York Times à déclaré que le Barde "n'avait jamais possédé un seul livre", le but étant chaque fois de prouver que Shakespeare étant inculte, n'a pas pu écrire ses pièces!

Cette affirmation ne peut certes pas être réfutée, puisque nous n'avons aucune idée de ce qu'il possédait en dehors de l'immobilier. Mais cet auteur aurait pu tout aussi bien dire que Shakespeare n'avait jamais possédé de chaussures ou de pantalon. Si l'on se fonde uniquement sur les preuves matérielles dont nous disposons, on peut effectivement dire qu'il a passé sa vie à moitié nu!

 Démonstration par l'absurde! Les thèses les plus répandues étant celles de Sir Bacon ou de Marlowe, pour ne citer qu'eux, comme auteurs des pièces de Shakespeare. Bryson les analyse et les réfute avec beaucoup d'humour mais aussi beaucoup de bon sens! Un vrai régal! Ce qui me rappelle les interrogations hilarantes de Woody Allen* à ce propos : Mais si Marlowe a écrit l'oeuvre de Shakespeare, qui a écrit l'oeuvre de Marlowe?

Enfin, laissons à Bill Bryson le mot de la fin :

Quand on y réfléchit, il est stupéfiant qu'un homme ait été capable de produire à lui tout seul  une oeuvre aussi somptueuse et sage, aussi variée et palpitante, une oeuvre dont le charme agit encore et toujours. Mais c'est précisément la marque du génie. Un seul homme est en position de nous faire ce présent incomparable, un seul en possédait le talent. William Shakespeare était indiscutablement cet homme, et qu'importe, au fond qui il était?


*Woody Allen : Shakespeare et moi
" Demandez à l'homme de la rue qui a écrit les pièces intitulées Hamlet, Roméo et Juliette, le Roi Lear ou Othello, et dans la plupart des cas, vous obtiendrez cette réponse assurée: "Le Barde immortel de Stradford-sur-Avon."
Demandez-lui alors quel est l'auteur des sonnets shakespeariens, et voyez si vous ne récoltez pas la même réponse illogique.
Posez maintenant ces questions à l'un ou l'autre de ces détectives littéraires qui surgissent ça et là depuis des années, et ne soyez pas surpris d'obtenir en réponse des noms aussi divers que sir Francis Bacon, Ben Jonhson, la reine Elisabeth, voire même l'anonyme de service qui se prenait pour Shakespeare et l'était peut être.
L'on peut trouver la plus récente de ces théories dans un livre que je viens de lire, et qui tente d'apporter la preuve irréfutable que le véritable auteur des oeuvres de Shakespeare était Christopher Marlowe.**
Ce livre est extrêmement convaincant, et quand j'en eus achevé la lecture, je ne savais plus très bien si Shakespeare était Marlowe ou si Marlowe était Shakespeare ou l'inverse.  Tout ce que je sais, c'est que je n'aurais pas prêté d'argent ni à l'un ni à l'autre- et pourtant j'aime leurs oeuvres!
"

** qui au demeurant est mort bien avant que la majorité des oeuvres de Shakespeare soient écrites!

Merci à Maggie pour le prêt de ce livre ! Voir son billet ICI



Challenge illimité de Maggie et de Claudialucia

Rejoignez-nous!



dimanche 18 novembre 2012

Un livre/ Un jeu : Sandro Veronesi, Chaos calme




Résultat de l'énigme n°48

Bravo à : Aifelle,  Dasola, Eeguab, Gwen, Keisha, Miriam,  Pierrot Bâton, Somaja.


Le roman de Sandro Veronesi : Chaos calme
Le film de Antonello Grimaldi : Caos calmo 




Dans Chaos calme de Sandro Veronesi,  le personnage principal qui est le narrateur raconte comment il a sauvé une femme de la noyade pendant que Lara, sa femme meurt non loin de là sans qu'il puisse lui porter secours. Resté seul avec sa fille, Claudia, Pietro  apprend que celle-ci  a eu connaissance de ce sauvetage et il s'angoisse. La fillette déjà éprouvée par la mort de sa mère va-t-elle être encore plus traumatisée ? Profitant de la panique qui règne dans sa boîte en train de fusionner, Pietro  décide alors de rester devant l'école de sa fille et de travailler dans sa voiture. Il s'étonne de ne pas ressentir de souffrance et d'être dans ce qu'il appelle "le chaos calme".
Le roman présente des moments très forts comme cette première scène magistrale qui décrit le sauvetage de la femme par Pietro, tellement captivante que l'on ne peut s'en détacher!  L'on sent ici la patte d'un grand écrivain mais tout ne me paraît pas au même niveau dans le roman et certaines scènes me laissent sur ma faim..

Pietro  n'est pas toujours sympathique, il peut même être odieux en particulier envers les femmes qu'il a l'air de mépriser si l'on en juge par les scènes de sexe et son attitude envers Lara qu'il paraît ne pas connaître vraiment. Mais il sait résister à la tentation de l'argent mal gagné, à  la tentation de trahir ses des amis. Cependant, je n'ai pas toujours compris le personnage, ses réactions.  Il est complexe et toujours plein de contradictions. On peut s'interroger sur les sentiments qu'il éprouve réellement envers Lara mais j'aurais préféré les comprendre par déduction, par les faits qui nous sont montrés et l'analyse psychologique plutôt que d'avoir une réponse de Pietro dans le dénouement. D'autre part, l'attitude de la fillette qui ne pleure pas et ne parle jamais de sa mère me laisse perplexe. L'explication de la psychologue : un enfant reflète les sentiments de son entourage et comme le père reste calme, l'enfant l'est aussi  ne me convainc pas vraiment surtout quand il s'agit de la disparition de la mère!
Pourtant malgré  ces faiblesses, Sandro Veronesi peut faire preuve d'une grande maîtrise d'analyse qui traduit très bien la complexité des êtres et des rapports humains et il sait parler avec finesse des rapports entre le père et l'enfant.

Ce  qui m'a le moins intéressée , c'est toute la partie économique sur la fusion et les ruses employés par tous les grands "pontes" de la boîte. 

Par contre, j'ai aimé les relations qui vont se tisser devant l'école, des scènes pleines d'humanité et de tendresse : le petit enfant trisomique qui passe chaque matin, le voisin qui l'invite pour un plat de spaghettis, la jeune fille au chien, les collègues de bureau qui viennent épancher leur chagrin, son frère qui se confie enfin à lui... 
Quant au film adapté par Antonello Grimaldi il est porté par l'acteur Nino Moretti mais la réalisation me paraît  plate. Elle ne rend pas compte du style de l'écrivain et de l'acuité de sa plume lorsqu'il sonde les consciences et nous laisse entrevoir ce qui se cache sous l'apparence si bien que certaines scènes perdent leur sens profond et paraissent dénuées d'intérêt et gratuites. Une mise en scène simplificatrice.



Livre dans ma PAL depuis sa parution en France!

Challenge italien de Nathalie

samedi 17 novembre 2012

Un livre/ Un film : Enigme n°48






Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

 Enigme n°48

Ce roman d'un auteur  italien a obtenu deux prix littéraires en 2006 et 2008. Il parle d'un homme que le décès de sa femme plonge dans une sorte d 'hébétude qui va transformer le cours de sa vie.


Le même soir, peu après m'avoir demandé des nouvelles de cette "dame" alors qu'elle était déjà en pyjama dans son lit et que je m'apprêtais à lui lire un chapitre du livre qui la passionne, Claudia, m'a cloué sur place d'une question parfaite : "Tu sais, ma-t-elle demandé, ce qui m'avait le plus troublé dans ma vie?". Textuellement. Et avant que je ne commence à m'inquiéter encore plus en constatant combien était implicite le fait que l'histoire du sauvetage se reliait au verbe troubler et combien impitoyablement l'emploi de l'imparfait, "m'avait" pouvait laisser entendre "jusqu'à la mort de maman" mais aussi plus subtilement "jusqu'à ce que j'apprenne ce que tu faisais pendant la mort de maman", avant que je plonge dans tout ça, c'est à dire juste après qu'elle a formulé la question, elle m'a donné la réponse : " c'est quand j'ai découvert que ma mamie  était aussi ta maman" avec un sourire de tendresse envers elle-même

mercredi 14 novembre 2012

Anatole Le Braz : Le gardien du feu ou l'amour impossible d'un Léonard et d'une Trégorroise


La pointe du Raz et le Phare de Gorlébella




Anatole Le Braz  (1859_1926) est né en Bretagne dans les Côtes-d'Armor à Saint-Servais dans une famille d’instituteurs publics, défenseurs de l’idéal républicain. Il a vécu une partie de sa jeunesse en Bretagne avant d'aller faire des études lettres-philosophie à la Sorbonne. Poète et écrivain, il se passionne aussi pour le folklore de sa région et collecte de nombreuses légendes, des témoignages de la vie quotidienne. Il a été le disciple d’Ernest Renan et de François-Marie Luzel,  folkloriste.  Il s’est insurgé très tôt contre la politique d’étouffement de la langue bretonne. Féministe convaincu, véritable père fondateur du Mouvement breton dès 1898, il a toujours privilégié la plus large ouverture possible sur le monde, conjuguée à l’obsession constante de l’Au-delà et de l’Ailleurs. Son oeuvre la plus célèbre reste : La légende la mort en basse-Bretagne (1893). Il a publié de nombreux écrits sur la Bretagne : Au pays des Pardons (1894)  Au pays d'exil de Chateaubriand (1909) des contes et nouvelles : Vieilles histoires du pays breton (1897), Contes du soleil et de la brume (1905) Le sang de la sirène (1901), Les noces noires de Guernaham, Le Gardien du feu (1900)...





Je vous l'ai dit à propos du roman de Rachilde La Tour d'amour, les phares bretons inspirent aux écrivains des romans sombres et tourmentés tout comme le sont les personnages qui y vivent! Dans Le gardien du Feu d'Anatole Le Braz, c'est le phare de Gorlébella en plein Raz qui sert de décor pour cette histoire d'amour et de jalousie proche de la folie.

Le phare de Gorlébella est resté éteint toute une nuit. Ce fait insolite et inquiétante attire une équipe de secours qui découvre deux cadavres, un homme et une femme, enfermés dans une chambre cadenassée du phare. Quant à Goulven Dénès, le gardien chef, il a disparu après avoir laissé un journal où il explique le drame atroce qui vient de se jouer. Le récit raconte sa rencontre avec une belle fille de Tréguier, Adèle Lézurec, dont il tombe éperdument amoureux. Il l'épouse et l'amène à la pointe du Raz, dans le hameau où sont logés les trois gardiens de Gorlébella qui travaillent en alternance, un mois en mer suivi de quinze jours de congé. Or la jeune femme abandonnée à elle-même, sans amis, dans un lieu battu par les vents et les tempêtes, s'ennuie et déprime. Aussi quand l'un des gardiens du phare est remplacé par Louan, un jeune trégorrois comme elle, gai et charmeur, ce qui doit arriver, arrive!

Vous l'avez compris, l'intérêt du roman ne porte pas sur le suspense du récit, sur ce qui va se passer mais sur le pourquoi et le comment. 
L' explication psychologique du drame, avancée par Anatole Le Braz, est pour le moins curieuse aux yeux du lecteur du XXI ème siècle habitué au brassage des populations. Un gars du Léon n'épouse pas une fille de Tréguier. Le Léonard est sévère et sombre, marqué par la religion, la trégorroise est légère, rieuse, aime s'amuser et danser. Il y a une incompatibilité de caractère entre eux. L'analyse psychologique des personnages montrent bien, en effet, la différence de comportement des deux époux. Cependant, l'immense amour et l'admiration que Goulven voue à Adèle et sa gentillesse envers elle compensent son austérité tant qu'ils sont dans des villes accueillantes. C'est en arrivant dans le village de la Pointe du Raz que leurs relations se gâtent. Adèle ne peut supporter la solitude, la sauvagerie de ses voisins, et l'atmosphère qui règne dans ce lieu aride et désolé, ce sinistre paysage, un dos de promontoire nu et comme rongé par la lèpre, troué çà et là par des roches coupantes, de monstrueuses vertèbres de granit.". L'influence de cette région inhospitalière va donc provoquer le drame et la désunion du couple. La personnalité de Goulven terrassé par la jalousie se révèle alors. Entier dans son amour, il ne peut supporter la trahison et la duplicité de sa femme, et devient un monstre insensible à la pitié. Le phare servira sa vengeance!
L'auteur dénonce ici les excès de la religion catholique qui prive les hommes de la joie de vivre et considère le bonheur comme un péché. Une pratique de la religion qui joue sur la peur et la renonciation et non sur la bonté puisque Goulven confronté au mal se fermera à tout sentiment d'humanité et de pardon.
 "On voit bien que tu as été élevé pour la prêtrise, dit Adèle à Goulven, dans un contrée où les jeunes filles se croiraient damnées, si elles chantaient ailleurs qu'à la messe.Tu parles de tout et même de l'amour, sur un ton de prêcheur. "

Le portrait d'Adèle est plein de charme et c'est à elle que va la sympathie du lecteur. Goulven l'admire:
Vous autres, filles du Trégor, lui disais-je, vous avez eu des fées pour aïeules; elles vous ont légué des secrets magiques.. Les femmes de chez nous ne savent que prier les saints et filer de la laine. Toi et tes pareilles, vous êtes des tisseuses de beaux rêves.

Mais il la condamne sans appel à cause de ce qu'il aime justement chez elle, sa légèreté, sa séduction, sa soif de bonheur. Anatole le Braz en analysant ainsi les contradictions du personnage témoignent d'une grande habileté dans la connaissance de la psychologie. Il a aussi l'art de peindre des atmosphères, de décrire un paysage en nous en faisant sentir les maléfices, de transformer un atroce fait divers en tragédie. Un écrivain à découvrir!

Voir le billet de Miriam sur Le Gardien du feu  

Voir aussi les autres romans de Le Braz  :
 Le sang de la sirène
Les noces noires de Guerneham