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mardi 22 octobre 2013

Le dernier bilan du challenge breton




DERNIER BILAN

Le challenge breton s'arrête! Après un an et des poussières, il est temps de faire le dernier bilan et de voir les livres que nous avons lus ensemble. Si j'ai oublié des titres, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je me rends compte que j'ai été mal informée de vos liens à cause d'une défaillance de mon blog et je n'ai pas toujours été avertie de vos publications.
D'autre part, j'ai supprimé les noms de ceux qui, inscrits, n'ont pas pu participer mais en cas d'erreur, tirez-moi les oreilles (pas trop, pourtant!)

A découvrir aussi des photos sur l'art, les paysages bretons, les villes et des rencontres entre blogueurs

Elora : les enclos paroissiaux


Wens : Les enclos paroissiaux
            Rencontres à Dinan : il n'y a plus de saison..
            Rencontres à Douarnenez : autour d'un kouign-Amann

Claudia Lucia : Becherel la cité du livre en Bretagne
                          Dinan (rencontre entre blogueurs)
                          Douarnenez : (Rencontres entre blogueurs)
                          Perros Guirec et la côte de granit rose

Nathalie : Humeur du samedi-manche : on va se promener

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 LECTURES COMMUNES sur le challenge breton

Il y a eu deux lectures communes sur le thème de la ville imaginaire avec la légende de la ville d'Ys.  Aymeline, Miriam et claudialucia y avons participé  :  La légende d'Ys de Charles Guyot et  Ys, le monde englouti de Gabriel Jan

et

Une autre LC sur Ernest Renan : souvenirs d'enfance et de jeunesse : Nathalie et claudialucia

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A propos de la littérature bretonne :

George Sand disait en parlant des écrivains bretons : Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, naïf, tout est là! En vérité aucun de ceux qui tiennent une plume ne devrait  rencontrer un breton sans lui ôter son chapeau."

et Michel Lebris écrit : " Que serait un voyage sans le livre qui l'avive et en prolonge la trace - sans le bruissement de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l'enfance, qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes !


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Aifelle

 L'île des beaux lendemains de Caroline Varmalle







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Aymeline

La légende d'Ys de Charles Guyot

Ys, le monde englouti de Gabriel Jan



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Clara

Fabienne Juhel : les oubliés de la lande

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Claudialucia


  1. Remorques, Roger Vercel (Brest)
  2. Les noces noires de Guernaham, Anatole le Braz
  3. Le sang de la sirène, Anatole le Braz (Ouessant)
  4. La fée des grèves, ( 1) , Paul Féval (Bretagne et Normandie : autour du Mont Saint Michel)
  5. La fée des grèves Paul Féval ( 2) (Bretagne et Normandie : autour du Mont Saint Michel)
  6. Le gardien du feu Anatole Le Braz 
  7. La tour d'amour de Rachilde 
  8. Ys, le monde englouti de Gabriel Jan  
  9. La légende de la ville d'Ys de Charles Guyot
  10. Marcof le Malouin  de Ernest Capendu 
  11. Sophie de Tréguier de Henri Pollès 
  12. Le gardien du feu de Anatole LeBraz 
  13. Becherel la cité du livre en Bretagne
  14. Dinan (rencontre entre blogueurs)
  15. Ernest Renan : la vérité sera un jour la force
  16. Perros Guirec et la côte de granit rose
  17. René Guy Cadou : L'enfant précoce (poème)
  18. Félicité Lamennais : le plus puissant de tous les leviers...(citation)
  19. Bretagne les enclos paroissiaux(2)
  20. Bretagne les enclos paroissiaux (1)
  21. Jean-Pierre Boullic : Iroise (poème)
  22. Douarnenez : Rencontres entre blogueurs
  23. Eugène Guillevic : Je connais l'étrange variété du noir (poème)
  24. Anatole Le Braz : Chanson pour la Bretagne :( poème)
  25. Ernest Renan : souvenirs d'enfance et de jeunesse
  26. François René de Chateaubriand : Sur les traces de Chateaubriand de Saint Malo à Combourg

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Elora

Présentation du challenge
Les enclos paroissiaux

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Eeguab






Le Tempestaire de  Jean Epstein  : Alors la mer se calma

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Lystig

La trilogie de L'auberge du bout du monde





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Mazelannie

1. Le championnat d'insultes en breton






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Mireille chez Claudialucia

Jean-Marie Deguignet : Mémoires






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Miriam






1. La fée des grèves Paul Féval
2. Le gardien du feu Anatole Le Braz 
3 Ys, le monde englouti de Gabriel Jan
4. La légende de la ville d'Ys de Charles Guyot 
5. Les demoiselles de Concarneau de Simenon 

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Nathalie
Humeur du samedi-manche : on va se promener

Les chouans de Honoré de Balzac

Ernest Renan : Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Gustave Flaubert et Marcel Du Camp, Nous allions à l’aventure, par les champs et par les grèves


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Oncle Paul








  1. Les Loups de la Terreur, Béatrice Nicodème (Brocéliande)
  2.  Le Réveil des Menhirs, Gabriel Jan
  3. Ys, le Monde englouti, Gabriel Jan  (Douarnenez?)
  4. Les Filles de Roz-Kelenn, Hervé Jaouen
  5.  Ceux de Ker-Askol, Hervé Jaouen 
  6.  Flora des Embruns Hervé Jaouen
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Wens

1. Remorques de Grémillon d'après Vercel (Brest)
 2. Les enclos paroissiaux (Cornouailles et Léon)
 3. Le chien jaune de Simenon (Concarneau)
 4. Nuits assassines à Paimpol de Michèle Corfdir (Paimpol)

lundi 21 octobre 2013

Christian Armengaud : L'art vivant de la marionnette



 L'art vivant de la marionnette, Théâtre du monde de Christian Armengaud paru aux éditions Loubatières propose une histoire de la marionnette et une réflexion sur cet objet animé que d'aucun croit réservé aux seuls enfants alors qu'il hante l'imaginaire des hommes, participe aux mythes fondateurs de l'humanité et est un reflet des cultures de tous les pays.

Venue du fond des temps, la matière façonnée par l'homme se charge de sens et devient signe. Dépositaire d'espoirs et de craintes, elle est armée pour traverser les âges. Arrivée jusqu'à nous elle s'offre au décryptage.

 
Les types de marionnettes : à tringle et à fils (détail)



Les types de marionnettes : à tiges et à gaine (détail)

Un objet, la marionnette? Et bien plus que ça! Car celle-ci, qu'elle soit poupée, ombre, papier, bout de bois, cuir, métal … est d'abord une représentation de la vie dès lors qu'elle est animée par main humaine. On comprend alors l'importance qu'elle a pu avoir dans les sociétés primitives où celui qui lui prêtait vie était considéré comme un sorcier et jusqu'à l'époque contemporaine où elle a droit de cité et peut servir d'interprète aux revendications sociales ou politiques.

La dame blanche d'Ariane Mnouchkine allégorie de la Justice bafouée dans les manifs du Théâtre du Soleil (détail)

 Nous nommerons "marionnette" tout objet (ou ensemble d'éléments) qui actionné par la volonté humaine, donne l'illusion d'une vie autonome. Cela suppose l'existence d'un oeil extérieur, mais dispense, à ce stade, d'inclure une intention dramatique ou la notion de spectacle, elle-même assez imprécise. (...)
 La définition exclut la simple poupée; normalement située dans l'immobilité (mais on voit ce qu'elle peut devenir dans les mains imaginatives d'un enfant) aussi bien que l'automate, condamné à la répétitivité du geste, si complexe que soit la séquence.

Mais la marionnette est aussi intimement liée dans notre imaginaire aux mythes fondateurs, en particulier ceux d'Eros ou Tanathos, et ceci dans toutes les civilisations et à ce titre elle paraît avoir toujours existé.

La caractéristique la plus troublante du théâtre de marionnettes est sans contexte son rapport avec la mort. Le théâtre d'animation est par essence un théâtre de la cruauté, voilée certes, souvent déguisée sous des apparences comiques, mais généralement sous-jacentes.(…)
La représentation de façon distanciée par la poupée établit un rempart face au passage fatal et inévitable de chacun de nous; Ce n'est pas un hasard si l'événement se retrouve dans un si grand nombre de spectacles, soit montré de façon littérale, soit figuré par un de ses prémices : les coups, la lutte, la guerre, la vieillesse et tous les maux ou maléfices qui traversent les mythes.(…)
En Orient, où l'imprégnation sacrée reste plus forte, la mort est toujours présente, planant sur la destinée des héros mythiques.


 L'auteur, Christian Armengaud est lui-même créateur de marionnettes, manipulateur, metteur en scène depuis cinquante ans et collectionneur. Erudit et passionné mais évitant pourtant l'écueil de classifications trop savantes, il nous offre une promenade dans les collections privées de marionnettes multicuturelles, un voyage géographique et ethnographique à la fois. A l'aide de nombreux exemples, procédant par recoupements et comparaisons,  il  nous fait découvrir les mythes du Ramayana ou du Marabbarata indiens, du Wayang kilitik indonésien, du Bunraku japonais au Karagheuz turc en passant par les masques africains articulés jusqu'à notre Guignol lyonnais ou au Punch anglais, sans oublier les formes contemporaines.  Il transmet ainsi sa passion de la marionnette, ce théâtre du monde, dans un beau livre qui est un plaisir pour les lecteurs tant par son texte que par les illustrations.

De la tradition ...


Japon :  marionnette du Bunraku, samouraï

Chine : Marionnettes à fils : un général et un dignitaire

marionnette à gaines : Taïwan

 à l'époque contemporaine

Dominique Houdart : le dom Juan de Molière sur un jeu d'échiquier (Théâtre contemporain)




                    




  Que vous aimiez Primo Levi ou Benoite Groult, Jules Verne ou la fantasy, Babelio vous invite toute l’année à découvrir des listes de livres sur la première communauté de lecteurs en allant sur Babelio.com.


 Chez Eimelle

dimanche 20 octobre 2013

Un livre/un film : Macbeth de William Shakespeare



Le château de l'araignée Akira Kurosawa : La prédiction


 
La pièce : Macbeth de Shakespeare
Le film : Le château de l'araignée de Akira Kurosawa
Ceux qui ont pactisé avec les sorcières sont : Aifelle, Dasola, Dominique, Keisha,  Miss Léo, Nathalie, Pierrot Bâton, Shelbylee, Somaja, Sybilline, Valentyne

Prochain rendez-vous le premier samedi du mois  :  Le 2 Novembre




Réponse énigme n° 73

J'ai déjà présenté Macbeth, une des pièces les plus noires de Shakespeare, à travers les mises en scène que j'ai pu voir sur scène et au cinéma : 


Je laisse à Wens le soin de vous présenter Le château de l'araignée, transposition dans le japon médiéval de l'intrigue du dramaturge élizabéthain, un très beau film aux ambiances étranges, jouant entre réalisme et fantastique. Le film décrit d'une manière magistrale la soif du pouvoir qui pousse au crime, à la cruauté, à la folie.

Et pour cette occasion je publie à nouveau un billet sur le souvenir lointain d'une mise en scène que j'avais vue à Marseille au Théâtre du Gymnase interprété par une troupe africaine, preuve de l'universalité du sujet. Transposée dans tous les pays du monde, la pièce fonctionne car elle montre l'homme et les moteurs qui le font agir, elle est une réflexion sur le Mal et la nature humaine.

Un Macbeth africain :
Dans les années 70, à Marseille, j'ai assisté  au théâtre du Gymnase, à une représentation de Macbeth par une troupe sénégalaise. Je ne suis plus sûre de mes références car trop d'eau a passé sous les ponts depuis. Cependant, en consultant les archives du Web, j'ai pu constater que la scène du Théâtre Daniel Sorano de Dakar avait bel et bien monté la pièce de Shakespeare à cette époque et avait entrepris une tournée en Europe. Ce qui est sûr, c'est que la représentation m'a assez marquée pour que je m'en souvienne encore tant d'années après! J'étais encore jeune spectatrice alors et je me souviens avoir été un peu remuée de voir la transposition de notre Moyen-âge dans une civilisation aussi différente. Les sorcières devant leur chaudron parlant à des guerriers noirs armés de sagaies,  les cases en paille d'un village africain, les palabres, tout était surprenant pour moi. Et pourtant, la pièce fonctionnait on ne peut mieux. J'ai été prise par l'histoire, par ce drame sanglant qui se déroulait devant moi et qui montrait les forces primitives de l'homme, le combat toujours renouvelé et toujours triomphant du Mal sur le Bien, la soif du pouvoir qui pousse au meurtre, à la folie, le sang qui appelle le sang, l'escalade de la terreur qui enlève toute humanité, l'irréversibilité de l'acte accompli, l'impossibilité du retour en arrière, de la pureté retrouvée... Tous les thèmes de la pièce étaient là!
Here's the smell of the blood still; all the perfumes of Arabia will not sweeten this little hand.
(lady macbeth : Acte V scène 1)
Reste toujours l'odeur de sang: tous les parfums de l'Arabie n'adouciraient pas cette petite main.
C'était Shakespeare qui parlait, une voix venue d'un autre temps pour dire la nature profonde de l'Homme à toutes les époques, dans tous les pays, tous les lieux, de l'Homme lorsqu'il fait sauter la carapace de la civilisation et de la morale, qu'il n'est plus contraint par les lois et qu'il cède à ses instincts.  Macbeth en posant ainsi le problème du mal interroge aussi sur la nature de l'homme.

Voir l'article sur Etudes littéraires : Macbeth : La furieuse illusion du Mal



Chez Eimelle

samedi 19 octobre 2013

Un Livre/un jeu Enigme 73




Et voilà notre énigme reprend après consultation des intéressées. Comme nous vous l'avons dit, Wens du blog En effeuillant le chrysanthème et  moi nous reprenons donc le jeu le premier et le troisième samedi du mois.

Mais ATTENTION, il y a du nouveau : Eeguab du blog Blogart (la comtesse) vient de nous proposer de reprendre le flambeau le deuxième et le quatrième samedi du mois.

Donc l'énigme aura lieu tout le mois. Il vous suffira de changer de lieu selon le cas, chez Eeguab ou chez Wens/Claudialucia.

Pour plus de clarté, nous vous avertirons le vendredi du lieu où vous devrez  vous rendre pour découvir l'énigme.

Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. 
Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samdei du moisvous trouverez l'énigme sur le film et le livre
 
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 Enigme 73

Pour commencer cette année d'énigmes, voici un extrait  d'un auteur dramaturge anglais très très célèbre du XVI siècle! Mon chouchou! Vous avez deviné? 
Maintenant vous reste à découvrir le texte très célèbre aussi! En fait la difficulté pour vous sera moins dans la découverte du titre de la pièce que dans la découverte du film chez Wens! allez voir chez lui!

_ Qu'est-ce qu'elle fait maintenant ? Regardez, comme elle se frotte les mains.

_ C'est un acte habituel chez elle, avoir l'air de se laver les mains. Je l'ai vue continuer de faire ça pendant un quart d'heure.
_ Il y a encore une tache.
_Ecoutez, elle parle! je vais noter ce qu'elle prononce, pour assurer ma mémoire de façon précise.
_ Va-t'en, damnée tache! Va-t'en, je te dis. Une, deux : c'est le moment de le faire. L'enfer est tout noir. Fi, mon seigneur fi! Un soldat et avoir peur? Qu'est ce que nous avons à craindre, quand personne ne peut forcer notre pouvoir à rendre compte ? Et pourtant qui aurait pensé que le vieil homme avait en lui tant de sang ?

vendredi 18 octobre 2013

Demain l'énigme du samedi : Un livre/ unFilm



Je vous rappelle que l'énigme du samedi reprend demain, le troisième samedi du mois d'octobre, chez Wens et chez moi, Claudialucia.

A demain!

mardi 15 octobre 2013

Paul Fournel : Jason Murphy Rentrée littéraire



Avec le nouveau livre de Paul Fournel, Jason Murphy, nous sommes toujours comme pour La Liseuse (ICI) dans le monde l'édition et de la littérature. Nous y retrouvons l'éditeur Dubois et Meunier, son abominable directeur commercial, et Valentyne, l'amoureuse intuitive des livres, mais ce ne sont plus eux les personnages principaux même s'ils tirent parfois les ficelles. Et de quelle manière!

Le personnage principal est un écrivain de la Beat génération, Jason Murphy, dont nous suivons les tribulations et approchons l'oeuvre à travers les recherches d'une étudiante, Madeleine.  Celle-ci a pris pour directeur de son diplôme de fin d'études le professeur d'université réputé Marc Chantier. L'ouvrage commence comme un roman d'espionnage ou une Mata Hari hilarante essaie de soutirer des renseignements à ce professeur à propos d'un "scroll" que celui-ci aurait eu, dit-on, entre les mains! Qu'est-ce qu'un "scroll"? C'est un rouleau mystérieux, tout autant qu'hypothétique, roman inédit de Murphy qui aurait inspiré Kerouac. Mais qui a envoyé cette espionne littéraire en cadeau à Marc Chantier? Les éditeurs à notre époque auraient-ils d'aussi vilaines manières? Irait-on jusqu'à dire que Kerouac est un plagiaire?
En ouvrant ce livre, n'oubliez pas que Paul Fournel est un oulipien et à ce titre un monsieur qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux!Et comme il appelle à l'aide un autre oulipien, Harry Mathews, méfiance!  Et méditez ceci :

Le propre du vrai c'est d'être vrai. Le propre du bon faux c'est d'être aussi vrai que possible. L'écart n'est pas si grand.

En faisant de Jason Murphy, écrivain de la Beat generation, ami de Ginsberg ou de Kerouac, le  personnage principal de son roman, Paul Fournel nous plonge en pleine fiction. Car il n'y a rien de plus extraordinaire et de plus romanesque que la vie de cet homme toujours en partance, qui a vécu à Paris dans la misère, puis sur les routes aux Etats-Unis, vivant d'expédients, nourrissant ses voyages et ses visions poétiques aux sources de paradis artificiels… pour finir comme clochard dans les rues de San Francisco. Pourtant, Paul Fournel prend bien soin, non sans humour, et pour mieux nous mystifier, de brouiller la frontière entre fiction et réalité : Qu'en est-il réellement de ce Murphy dont on ne sait même pas s'il est vivant ou mort? Qu'en est-il de ce "scroll" dont se serait inspiré Kerouac? Mais qu'il ait existé ou non, nous sommes lancés à la suite de Madeleine, l'étudiante, et de Meunier, l'éditeur, à la recherche de ce précieux rouleau. Et nous ne sommes pas au bout de nos étonnements.

Vous ne connaissez pas Jason Murphy? Moi non plus! La Beat Generation ne vous intéresse que de loin, moi aussi! Mais il s'agit pas d'eux mais de Paul Fournel et de son humour! Et quand il vous prend par la main vous vous laissez rouler dans la farine, vous ne savez plus trop bien s'il se moque de vous ou si c'est du sérieux et il vous vous amène où il veut. Ces écrivains, il vous les fait connaître comme s'ils étaient vos amis, il les invite à votre table, voire dans votre lit*, il part avec vous en voyage à leur suite dans les rues de Paris ou de San Francisco. Il organise des rencontres loufoques entre Louise Labé (étudiée par Christophe, le petit ami de Madeleine) et Jason Murphy et… on s'aperçoit que ça marche!  Bref! si vous vous laissez aller, la littérature devient vivante, les auteurs sortent des étagères et viennent vous interpeller ce qui n'est pas toujours de tout repos avec Murphy! Vous lisez  son livre les semelles de Vent, (tiens un titre qui rappelle étrangement Rimbaud? Murphy serait-il lui aussi un plagiaire?) douillettement allongé(e) sur un lit, en compagnie de Sire-Pensif, le chat, qui semble tout droit sorti des poèmes de Louise. Et que Louise Labé comme Shakespeare  ou Jason Murphy aient ou non existé, vous vous en moquez, l'important c'est d'avoir partagé, grâce à l'écriture alerte érudite mais aussi protéiforme de Paul Fournel, leur oeuvre et leur vie, l'important c'est que la littérature soit gagnante!

Madeleine s'inquiétait pour Christophe à cause de publications récentes qui affirmaient que Louise Labé n'avait jamais existé et que ses poèmes avaient été composés par d'autres. Un autre? Une autre? Plusieurs autres? Cela laissait Christophe de marbre : " Si ses poèmes existent, disait-il, elle existe, et si elle n'existe pas, c'est moi qui la fais exister. Ce qui est peut-être encore mieux".

Louise Labbé et Jason Murphy

*Plus tard lorsque Madeleine et Christophe pensaient à cette période de leur vie, sans jamais se revoir et sans jamais en parler, ils se demandaient, chacun de leur côté, qui avait aimé qui et quel lien secret s'était noué dans leur dos par le truchement de leurs âmes et de leurs corps, qui avait agité leurs sentiments à son profit, quel vrai couple improbable et secret avait scellé en eux ses véritables épousailles.


lundi 14 octobre 2013

La librairie de la pomme verte et autres lieux merveilleux Rentrée littéraire



La librairie de la pomme verte, quel joli titre! Celui d'une des nouvelles écrite par Dave Eggers pour ce recueil de textes d'écrivains américains rassemblés par Ronald Rice et traduits par Hélène Dauniol-Remaud aux éditions Les arènes. Chacun de ces écrivains a été convié à écrire sur sa librairie préférée, une manière de défendre la librairie indépendante, la seule qui permette à la littérature de rester vivante, humaine, la seule qui laisse sa chance aux jeunes écrivains de percer, aux points de vue différents de s'exprimer, à la diversité des genres et des voix de tous les pays, bref! à la littérature de qualité de survivre.
En exergue une phrase de Walt Whitman : Le commerce des livres est le commerce de la vie, précepte totalement oublié, il est vrai, par les ventes massives de livres dont s'est fait le champion Amazon qui est évidemment la cible principale de tous les auteurs qui participent à ce recueil.
A travers la description de ces librairies de rêve, que nous visitons à travers tous les Etats-Unis (mais il y en a une à Londres et une à Paris), c'est aussi un vibrant hommage aux libraires, à ceux qui savent porter haut leur rêve, souvent contre vents et marées, en faisant fi de l'enrichissement personnel.  Un livre nécessaire, donc, et qui fait du bien car si vous n'avez pas trouvé la librairie de vos rêves dans la ville où vous habitez (et même pas de libraire du tout!), le combat pour la librairie indépendante vous paraît peut-être juste mais lointain.
J'ai trouvé les différentes nouvelles du recueil un peu trop répétitives même si elles peignent bien le charme de ces librairies et cela bien que nous soyons en présence de grands auteurs américains (l'occasion de s'apercevoir combien ils sont nombreux et malheureusement peu traduits en français donc inconnus du grand public). Très difficile effectivement d'écrire sur commande : quelle est votre libraire préférée? et d'être original puisque les points communs de ces lieux extraordinaires sont les mêmes : conviviaux, chaleureux, ils rassemblent tous les amoureux des livres (l'impression d'être entre amis), offrent un fouillis désordonné ou ordonné selon une logique délicieuse qui reflète l'esprit du maître du Temple, un endroit où vous êtes accueillis par des libraires à la fois cultivés, puits de science, humains, charismatiques, qui prennent le temps de vous connaître et sont heureux de vous voir! D'où l'impression d'une certaine lassitude à la lecture de toutes ces nouvelles quand on ne connaît pas les librairies en question.
Le style est dans l'ensemble assez classique sauf pour quelques uns qui se différencient des autres par l'humour comme Meg Wayte Clayton qui se décrit pleurant toutes les larmes de son corps à la vue de son premier livre dans sa librairie préférée ou de Rick Brags à qui elle permet de fuir les chats qu'il déteste alors que sa femme les adore; par un ton volontairement provocateur comme Tom Robbins pour qui la librairie a permis de réaliser un de ses fantasmes les plus fous ou Chuck Palahniuk qui décrit l'enfer de la promotion d'un livre; un point de vue tout à fait original comme celle de Ann Haywood Leal , auteur de livres pour enfants et institutrice qui raconte comment un de ses élèves de milieu défavorisé a trouvé le livre idéal grâce à son libraire.
Enfin, un des autres intérêts du livre est de pouvoir servir de guide. Si vous avez l'occasion de voyager aux Etats-Unis, emportez-le car, s'il y a une chose qui est réussie dans ce recueil, c'est l'envie qu'il suscite d'aller voir toutes ces librairies. Quant à moi je commencerai par celle de Paris que vous connaissez certainement : Shakespeare and Company dont parle Emily St John Mandel.

 ET voici pour finir le beau texte de Tom Robbins qui est une ode aux vraies librairies

Baptisé dans l'encre, et emmailloté dans des langes de poussière, je suis l'un de ces types à qui une bonne librairie sert de temple, de sanctuaire, de bosquet sacré, de caravane bohémienne, de nigth-club à Tijuana, de parc de loisirs, de source de santé mentale, de camp de safari, de station spatiale et de champs de rêves intérieur.


Merci à la librairie dialogues et aux éditions Les arènes

samedi 12 octobre 2013

Enigme du samedi : Un livre/un film reprise samedi 19 Octobre




Et tout d'abord merci à tous ceux qui nous ont répondu! De vos réponses est né le souhait que le jeu continue. Notre énigme va donc reprendre chez Wens et chez moi,  mais avec quelques changements. Nous le ferons paraître deux fois par mois, le premier et le troisième samedi du mois pour que le rythme moins soutenu nous permette à vous comme à nous de souffler un peu entre chaque livre et film.
Nous vous donnons donc rendez-vous le samedi 19 octobre, troisème de ce mois. A bientôt!
Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

vendredi 11 octobre 2013

Richard Russo : Ailleurs Rentrée littéraire





Richard Russo a écrit Ailleurs après la disparition de sa mère. C'est l'occasion pour lui de nous présenter les rapports douloureux et complexes qu'il a entretenus envers cette mère, mentalement malade, qui a élevé seule son fils, s'attachant d'autant plus à son indépendance qu'il était difficile alors pour une femme de s'affirmer en tant que telle. Il dresse un portrait surprenant de mère abusive mais aussi de femme courageuse et malheureuse, rêvant d'un monde "ailleurs", encourageant son fils à aller de l'avant, lui insufflant l'amour de la lecture, le désir de se libérer de la pauvreté en étudiant, en écrivant, mais s'attachant à lui sans lui laisser la place de respirer.

Le portrait de cette mère étouffante, exigeante, sujette à des crises d'angoisse liées à une maladie inconnue alors, suscite à la fois l'exaspération et la compassion. Elle a jusqu'à la fin de sa vie affirmer ne faire qu'un avec son enfant en niant qu'il puisse avoir une identité personnelle, en cherchant à exclure toutes autres relations, s'immisçant même dans ses rapports de couple. Elle a ainsi poussé le jeune homme à se différencier d'elle, a affirmé ce qu'il avait d'unique. Richard Russo analyse avec finesse les rapports d'amour-répulsion existant entre eux mais apparaissent aussi les remords de ne pas avoir compris la maladie de sa mère. Avec Ailleurs, il explore ainsi toute la gamme de sentiments liés à la disparition de sa mère, tristesse, regrets, haine et rejet, culpabilité, un sujet d'autant plus sensible que nous y serons tous inévitablement confrontés.

Le livre est aussi l'occasion de présenter ce qu'était la vie dans la petite ville provinciale  de Gloversville près des Adirondacks, une ville autrefois prospère, célèbre par la fabrication des gants, sacs, chaussures en cuir. Le grand père de Russo y fabriquait artisanalement des gants de toute beauté avant que l'industrie mécanique ne transforme radicalement la production puis périclite et que les usines ne ferment leur porte.

Se dessine ainsi la vie d'un enfant de milieu modeste dans une petite ville sans avenir, morne, terne, de l'Etat de New York. Comment de cette relation mère-fils conflictuelle, de l'abandon d'un père égoïste, de ce milieu ouvrier sans espoir, Richard Russo a tiré un terreau assez riche pour devenir le grand écrivain que nous connaissons, c'est ce qu'il nous fait découvrir.  Un très beau roman plein d'émotion.



 Livre voyageur


mercredi 9 octobre 2013

Patricia Highsmith : Carol Rentrée Littéraire



"J'aime échapper aux étiquettes" affirme Patricia Highsmith dans la préface de son roman Carol paru en 1952 et réédité aux éditions Calmann-lévy pour cette rentrée littéraire. 
Effectivement lorsque j'ai choisi ce titre, je pensais à L'inconnu du Nord-Express que je venais juste de lire après avoir revu le film d'Hitchcock. Or Carol est un roman très différent. Il traite de l'homosexualité féminine. 

Therese, une jeune fille timide et solitaire, décoratrice de théâtre sans emploi, travaille dans un magasin au rayon de jouets pour enfants. Elle y fait la rencontre de Carol, une cliente qui vient acheter un cadeau pour sa fille. Therese se sent très attirée par cette belle jeune femme, élégante  et sûre d'elle, d'un autre milieu social que le sien. Carol l'invite chez elle et peu à peu Thérèse découvre la nature de ses sentiments. Une histoire d'amour naît entre elles, difficile à vivre à une époque où, dans les années 50, l'homosexualité ne pouvait se vivre que cachée : Avant ce livre, écrit Patricia Highsmith, les femmes et les hommes homosexuels des romans américains devaient payer leur déviation en s'ouvrant les veines, en se noyant dans une piscine, ou en se convertissant à l'hétérosexualité (tels étaient les termes employés) ou encore en sombrant dans une dépression comparable à l'enfer.

Rien de tout cela dans Carol. Patrica Highsmith analyse le thème de l'homosexualité avec beaucoup de finesse, de naturel et de simplicité. A aucun moment, le lecteur n'a l'impression qu'il s'agit d'un sujet tabou. Si Patricia Highsmith souligne les difficultés que vont rencontrer les deux jeunes femmes pour vivre leur relation, en particulier pour Carol, mariée et mère d'une petite fille, ce qui l'intéresse avant tout c'est l'évolution de la toute jeune Therese, sa "timide ingénue". Les sentiments qu'éprouve Therese ne diffèrent en rien de ce qu'elle aurait pu ressentir pour un partenaire d'un autre sexe. On peut donc dire que le roman de Patricia Highsmith n'est pas un livre sur l'homosexualité mais est, avant tout, un roman d'initiation. 
Therese prend conscience que ses rapports avec les hommes ne sont pas satisfaisants, elle s'éveille à l'amour mais aussi elle va mûrir, régler ses comptes avec son enfance, assumer enfin l'indifférence et l'abandon de ses parents, avoir confiance en elle. Les relations entre les deux femmes vont évoluer subtilement car le roman traite aussi de la différence sociale. La jeune Therese, pauvre, vendeuse dans un grand magasin, est en admiration devant Carol, sa voiture, ses visons et sa riche maison. Il y a entre les deux femmes un rapport de domination qui exclut l'égalité. Mais la souffrance va révéler Therese à elle-même et c'est désormais en égale qu'elle pourra vivre son amour et assumer sa vie. Un beau roman.





Merci à la Librairie Dialogues et aux éditions Calmann- Lévy

mardi 8 octobre 2013

Eric Simard : Le cycle des destins : Aylin et Siam Les romans pour la jeunesse font aussi leur rentrée littéraire

Siam et les dauphins, ses amis

Aylin et Siam  est le premier livre du Cycle des destins, roman fantasy pour la jeunesse d'Eric Simard  qui paraîtra  aux éditions Syros le 17 Octobre 2013. L'on nous dit que chaque livre du Cycle pourra être lu séparément; j'espère pourtant que l'on y retrouvera Aylin et Siam!!

La fonte des pôles accélérée par la chute d'une météorite a considérablement augmenté le niveau de la mer. Il suffira d'un énorme séisme pour que Paris soit définitivement englouti. Seuls dépassent les monuments les plus élevés semblables à des icebergs avec leur partie immergée. La survie doit  s'organiser entre différents groupes qui sont menacés de tous côtés par les pillards, les pirates et ceux qui sont avides de pouvoir.
Aylin, une jeune fille de treize ans, est réfugiée sur l'île du mont Valérien. Siam, lui, appartient à une race étrange créée par des savants avant la catastrophe. Il vit sur la tour des Elfes. Entre les deux enfants, malgré les différences, naîtra un amour qui leur permettra de réunir les deux communautés dans une acceptation mutuelle les uns des autres. Mais avant cela, les deux héros de cette histoire vont vivre bien des aventures et affronter bien des dangers.

Le récit est intéressant parce qu'il parle à l'imagination. Ce Paris englouti, semblable à la ville d'Ys mais dont on peut encore explorer les zones cachées, est une réelle bonne idée de la part de l'écrivain. Sous la mer, nous nous promenons dans les grands magasins immergés, dans les salles du Louvre, le parc du musée Rodin à la recherche du Penseur ou du Baiser… Au-dessus de l'eau, la vie s'organise autour de lieux bien connus, La tour des Elfes ou tour Eiffel, La Porte des âmes ou Arche de la défense, la Tour du Mont Carnasse pour Montparnasse… Une géographie amusante mais aussi, il faut bien le dire, angoissante! Car la vie est bien difficile pour les enfants qui ont survécu, les adultes ne les dorlotent plus comme avant, et il faut vite faire preuve de courage et de maturité. C'est ce que font Aylin et Siam.  Les dangers auxquels ils échappent tous deux tiendront les jeunes lecteurs en haleine. L'amitié avec les dauphins et les murex sont, comme dans un conte traditionnel, des auxiliaires magiques qui leur plairont.

Par contre, et même s'il s'agit d'un roman pour enfants (à partir de 10 ans), les personnages m'ont paru un peu trop schématiques. J'aurais aimé que leur caractère soit un peu plus développé. J'ai trouvé dommage aussi que certaines questions intéressantes soient juste esquissées, comme celle de la science et la morale, de la responsabilité des savants. Ils ont créé des êtres différents par clonage, les retenant prisonniers dans leur laboratoire et éveillant la haine de certains d'entre eux envers les humains. Certes, les parents d'Aylin libèrent les murex génétiquement transformés au moment de l'engloutissement et méritent ainsi le pardon.  Mais le parallèle entre la ville d'Ys engloutie pour la punition de ses péchés et la ville de Paris qui paie les maux de notre monde sans conscience est  seulement suggérée. L'idée ne me paraît pas assez exploitée, il me semble pourtant qu'elle n'est pas hors de portée de la compréhension d'un enfant? A moins que cela vienne plus tard, ce roman étant seulement un début.
 A suivre donc avec intérêt.


 La couverture du livre de Thomas Ehretsmann, - je viens de la découvrir car j'ai reçu des épreuves non corrigées- est attractive. Si vous avez de jeunes ados à qui cette histoire plairait, je mets mon exemplaire en livre voyageur, sachant qu'il ne sera pas aussi joli!




lundi 7 octobre 2013

Isabelle Sorente : 180 Jours Rentrée Littéraire




Alors comme ça, Enders, vous vous posez des questions. C'est mon métier, ai-je dit à Legai. Il m'a jeté un coup d'oeil ironique. Il paraît que les gens qui se posent trop de questions sont moins heureux que les autres… Et vous croyez qu'on est heureux en faisant semblant de ne pas s'en poser? J'ai jamais dit que j'avais la recette, a soupiré Legai.


Je ne sais si 180 jours d'Isabelle Sorrente aura un grand poids dans la rentrée littéraire 2013 car le sujet est loin d'être souriant et risque d'en rebuter plus d'un! Mais ce que je sais c'est que ce livre est un coup de poing, qu'il a une puissance d'écriture qui m'a interpellée et qu'il pose des questions fondamentales sur l'humain et sur la vie en général.

Le thème

180 jours, c'est le temps qui sépare la naissance d'un porc de sa mort dans l'abattoir. Martin Enders, professeur de philosophie, a tout pour être heureux dans la vie, sa réussite à l'université, son amour pour sa femme Elsa, journaliste, son admiration pour son mentor, collègue et supérieur hiérarchique, le brillant Dionys Marco. Pourtant le jour où la fille de Dionys, Tico, vient, avec la dureté et l'intransigeance de la jeunesse, dire son indignation devant les gens indifférents aux souffrances des animaux, elle va déclencher un séisme dans sa vie. Peu de temps après Marco envoie Martin faire une enquête dans une porcherie industrielle afin de préparer un séminaire philosophique sur l'animal.

Un roman beau et bouleversant

Voilà pour le thème! NON, le livre de Isabelle Sorente n'est pas un documentaire (même s'il est très documenté), non ce n'est pas une démonstration partisane (même s'il vous bouleverse), ni un essai pour vous culpabiliser (même si vous ne vous sentez pas bien). Il s'agit d'un Roman écrit d'une plume vigoureuse et sans concession, qui vous tient en haleine, avec des personnages auxquels on s'attache et dont la psychologie complexe, sans manichéisme, évite au roman schématisme, mièvrerie et bons sentiments. Et si 180 jours parle de la souffrance animale, s'il explore la frontière fragile et poreuse qui sépare l'humain et l'animal, c'est aussi un livre sur les rapports entre les hommes, la souffrance d'être différent des autres, les affres de l'adolescence, l'amitié, la solidarité, l'amour et, bien sûr, face à la mort omniprésente dans le récit, une réflexion sur la vie.

Les personnages

Il n'est pas étonnant qu'Isabelle Sorrente ait choisi pour personnage principal et narrateur un professeur de philosophie Martin Enders. Quelqu'un dont c'est le métier de poser des questions :

Je m'intéresse à l'automatisation des actions humaines, explique-t-il à Jean Legay, le PDG de l'entreprise industrielle. Celles qui autrefois reliaient les hommes à la nature n'échappent pas à la règle, alors je voudrais savoir si les rapports avec les animaux sont encore possibles ou s'ils sont voués à devenir  entièrement mécaniques.


Un rapport humain avec les animaux : Filomena, ses petits et son maître photogaphiés  par Yan Arthus Bertrand
C'est en rencontrant Camélia, le porcher,  qui a su rester humain malgré son travail,  avec lequel il se lie d'amitié malgré la différence sociale, que Martin effectuera cette descente aux Enfers. Accession à une connaissance qui va bouleverser sa vie. Il  subira ce que les employés de la porcherie appellent le Jet-lag quand ils sortent de leur lieu de travail, semblable au décalage horaire vécu lors d'un voyage en avion, le décalage entre l'extérieur et l'intérieur des bâtiments, l'impression de devoir réajuster deux réalités qui n'ont rien de commun et trop souvent le sentiment de ne pas y parvenir.


La porcherie industrielle, un miroir de notre monde

Un élevage industriel

L'élevage industriel est une entreprise d'anéantissement à une telle échelle- quinze mille têtes- qu'il est difficile sinon impossible d'en sortir indemne lorsqu'on en est le témoin ou quand on y travaille. Les méthodes qui y sont utilisées ont pour but l'extermination. Elles sont semblables à celles utilisées dans les camps de concentration même si elles s'appliquent à des animaux. L'homme pour parvenir à faire naître, vivre et mourir des animaux en une telle quantité se posent les mêmes questions que les nazis de la solution finale. Quand l'homme en arrive pour se nourrir à une telle déshumanisation, quand l'animal n'est plus qu'une "viande sur pattes", qu'il est entièrement "désanimalisé" (si je peux risquer ce néologisme), et qu'il souffre physiquement aussi bien que psychiquement, alors l'homme et la bête finissent beaucoup par se ressembler. Enfermées dans l'obscurité totale, dans un espace réduit, dans des conditions épouvantables, le porc a peur, tremble, gémit comme un enfant malade, pleure, hurle, refuse sa condition porcine, devient fou. Il faut des calmants pour le faire taire, son coeur peut s'arrêter de battre à tout instant. C'est avec un immense talent qu'Isabelle Sorente nous fait sentir cela. Elle amène son lecteur à glisser, par une gigantesque métaphore, de la porcherie à la "cage" où nous vivons tous, de l'Outil qui est la machine à débiter la vie des cochons, à la condition humaine, de l'abattoir à notre mort.  La porcherie n'est qu'un miroir, le reflet de nous-mêmes. En nous parlant des porcs, c'est de nous qu'Isabelle Sorente nous entretient.

 Le nombre des panneaux Exit, où un type illuminé par une lumière verte court vers une cage d'escalier témoigne d'une foi aveugle en l'issue de secours. Mais dans la cage d'escalier qu'entend-on, si ce n'est le bruit régulier d'un moteur? Le bruit lointain de la chaîne d'abattage au bout de la route?

C'est pourtant sur la vie que se termine le roman avec l'enfant que porte Elsa et que Martin, malgré sa lucidité exempte d'illusions, malgré sa peur, a fini par accepter.

Bientôt tu porteras mon nom, je te parlerai comme on parle aux enfants. Comme s'il n'y avait pas de second stade au miroir. Comme si je n'étais pas un animal qui meurt. Est-ce parce que j'ai commencé à t'imaginer? J'aime écouter les rires qui éclatent sans raison, je me dis que toi aussi, tu courras après le pigeons, peut-être que tes cheveux seront roux, comme ceux de ta mère. Je ne passe nulle part sans observer les enfants. Il arrive que les plus jeunes se mettent à crier, sans raison apparente, dans une salle bien éclairée. Ils savent ce que cache le décor aseptisé, à quel prix se maintient la température de confort. Le hurlement étouffé par les mouvement automatiques. Même si personne ne l'entend, si personne ne le voit. L'Outil respire partout.

Une magnifique écriture

L'écriture d'Isabelle Sorente a parfois une telle puissance d'évocation qu'elle vous laisse pantois.  J'ai été fascinée par certains passages qui sont des temps si forts dans le récit qu'après les avoir lus, on a besoin d'une respiration. 

Garde-à vous
Camélia a ajusté sa casquette, la visière à l'envers et il a crié : GARDE A VOUS! ET les deux cent soixante-quatre mâles se sont figés sur place. Ceux qui criaient se sont tus. Ceux qui étaient couchés se sont redressés, les combattants se sont séparés. Garde à vous! a crié Camélia. Le visage fripé, les oreilles tremblantes, ils clignaient des yeux comme des pauvres gars réveillés en sursaut. Camélia a fait quelques pas dans l'allée centrale, il a tourné sa casquette comme un béret grotesque, il a froncé ses sourcils en accent circonflexe : REPOS! Une onde de soulagement a traversé le troupeau, les deux cent soixante-quatre gars ont frémi, libérés d'un sortilège, les porcs ont recommencé dans leurs cases. Tout d'un coup j'avais froid, je me retenais pour ne pas claquer des dents, je tremblais comme un idiot qui a vu une apparition. Pourtant il faisait chaud dans le bâtiment D (Sevrage), le système de climatisation maintenait la température à vingt-cinq degrés. Tout va bien, Martin? a dit Camélia. Il avait repris son air désinvolte. Pourquoi tu as fait ça? Comment c'est possible? Ils comprennent tes ordres. Bien sûr que non, a dit Camélia, t'affole pas comme ça. C'est un phénomène que j'ai constaté, depuis le temps que je travaille à la porcherie, personne n'en parle jamais, toujours est-il que le porc se met au garde-à-vous devant l'homme.

L'infanticide
Laurence était arrivée en Maternité vers huit heures du matin, elle avait tout de suite compris qu'il se passait quelque chose d'anormal. Au lieu d'être tranquillement couchées dans leurs cages, les truies faisaient un raffut de tous les diables, elles donnaient des coups de tête dans leurs auges, roulaient des yeux affolés, mais la plupart, oui, la plupart pleurait. Et au milieu des pleureuses, dressée dans sa cage, Marina chantait. Ce n'était pas un gémissement, c'était un chant. (…)
  Sa gueule semblait barbouillée de rouge à lèvres, avec ses yeux charbonneux, on aurait dit l'héroïne criminelle d'un film noir. Aux pieds de Marina, il n'y avait plus qu'un tas de boue brunâtre, avec des grumeaux rouges et roses. La truie s'arrêta de chanter, le silence tomba dans la Maternité. Marina fixait la femme de son oeil de reine tragique. C'est alors que le tas de boue se mit à pleurer. Ils n'étaient pas tous morts, dit Laurence, ces pleurs, on aurait dit de la pluie, tellement ils étaient faibles, on aurait dit l'eau de tous ces petits nuages qui crèvent dans le ciel sans que personne s'en aperçoive.

Le corps est une musique
A quoi pensent les enfants quand ils dessinent au feutre le contour de leur main.? Comme ils aiment ce jeu, comme ils aiment suivre leur propre contour. (...)
Te souviens-tu de la première fois où tu as dessiné le contour de ta main? Dis, c'est quoi la forme d'un être humain? Moi je dis que c'est autre chose. Puisque les jambes traversent le temps, que les mains donnent des signes, puisque les yeux parlent, le corps n'est pas qu'un tronc avec deux bras, deux jambes. Puisque le coeur bat de plus en plus fort, le corps est une musique qui se remplit de sang, une mémoire infinie qui ne cesse de s'étendre.


Les différentes réactions face à l'élevage industriel : Vous reconnaissez-vous?

Voici les réactions par rapport à l'élevage industriel que l'on rencontre dans le roman.

Ceux qui ont des intérêts économiques dans ce  type d'élevage : Jean Legai

Ceux qui sont indifférents ou qui ne veulent pas savoir : la plupart des gens.

 Ceux qui pensent que c'est dans l'ordre des choses, le plus faible doit être mangé, on n'y peut rien, les incapables de compassion, les infirmes de l'empathie :  Elsa

Ceux qui disent, ce ne sont que des bêtes, les incapables d'imagination : Dionys Marco

Ceux qui s'indignent mais ne font rien, les imposteurs :  Martin Enders avant de rencontrer Camélia

Ceux qui ont bonne conscience parce qu'ils sont végétariens :  Anne

Ceux qui agissent, les indignés (Camélia, Tico, Martin) mais que l'on n'entend pas parce qu'ils se heurtent à des lobbies d'une puissance économique telle qu'il est impossible de les dénoncer d'autant plus que les gouvernements s'en font les complices : on sait combien nos gouvernants (écolos ou non) piétinent allègrement leur conscience (s'ils en ont une) quand l'intérêt collectif ou personnel est en jeu.

Les victimes : les porcs et les employés de la porcherie :  Marina, le Boîteux, Camélia, Laurence, Jean-François ... et tant d'autres,  porcs ou humains!

LIVRE VOYAGEUR

Lu aussi sur ce sujet le documentaire Jonathan Safran Foer





Merci à  La Librairie Dialogues et aux Editions JC Lattès

samedi 5 octobre 2013

Enigme du Samedi : Un livre/Un film Sondage auprès des habitués et nouveaux venus




Au mois de Juin,  Wens et moi, nous avons proposé la 72 ième énigme de notre jeu : Un Livre/un film. Nous voulons savoir si vous êtes êtes intéressés, vous les fidèles de cette énigme ou les éventuels nouveaux venus, par une nouvelle année de ce jeu littéraire et cinématographique?Laissez-nous votre réponse dans les commentaires.


Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

vendredi 4 octobre 2013

Festival du polar à Villeneuve- Lez -Avignon du 4 au 6 octobre sur le thème de l'Histoire



Le festival du polar a lieu comme chaque année à Villeneuve-Lez-Avignon à la Chartreuse du Val de la Bénédiction au mois d'Octobre. Il reçoit cinquante auteurs et propose des tables rondes, des lectures, des films, des expositions et des ateliers autour du roman policier et BD historique.

La Chartreuse du Val de la Bénédiction à Villeneuve Les Avignon

 

Trois auteurs sont les invités d'honneur :


Viviane Moore :

Viviane Moore est une romancière française née à Hong Kong le 3 juillet 1960. Elle est connue pour sa série de romans policiers historiques mettant en scène un héros récurrent : Galeran de Lesneven, jeune chevalier breton mais aussi de la trilogie japonaise, La trilogie celte....




 Frédéric Lenormand
Frédéric Lenormand, né le 5 septembre 1964 à Paris IVe, est un romancier français.
Auteur de romans historiques exclusivement, il se spécialise dans le XVIII ème siècle puis dans la Révolution puis dans  la Terreur, puis dans les maisons de santé transformées en prisons à cette époque. Ce parcours culmine avec la publication chez Fayard de deux ouvrages purement analytiques abordant des sujets peu traités, La Pension Belhomme, sur les prisonniers de cette maison de fous, et Douze tyrans minuscules, sur les policiers qui les y enfermèrent. Afin de ne pas s'enfermer dans un domaine minuscule, il change son fusil d'épaule, glisse des policiers de la Terreur ceux de la Chine ancienne... Lenormand est parallèlement l'auteur de récits pour les enfants, dont le cycle de L'Orphelin de la Bastille , qui lui permet d'épancher sa passion pour la Révolution française.Wikipédia



Petros Markaris

Petros Markaris naît à  Istanbul en 1937 d'une mère grecque. Ecrivain, dramaturge, scénariste grec, il vit à Athènes.   Il parle couramment quatre langues et il se revendique cosmopolite. Scénariste de Theo Angelopoulos, il est aussi traducteur en grec de Goethe et est considéré comme un spécialiste de  Bertold Brecht. Auteur dramatique, il commence à 57 ans à écrire des romans policiers mettant en scène Athènes et la Grèce contemporaine notamment avec sa série du commissaire Costas Charitos. (Wikipédia)

La liste des auteurs

La Chartreuse du Val de la Bénédiction

ROMANS

Jean D'AILLON
Jean-Pierre ALAUX
Marie-France BARBET
Michèle BARRIERE
Xavier-Marie BONNOT
Olivier BARDE-CABUCON
Thierry BOURCY
Laetitia BOURGEOIS  
Charlotte BOUSQUET 

Claire CANTAIS 
Sandrine COLLETTE 
Henri COUPON
Didier DAENINCKX
Ignatio Del Valle (esp)    

Jeanne DESAUBRY 
Sylvie DESHORS
Pascal DESSAINT
Jean-Christophe DUCHON-DORIS
André FORTIN
Eric FOUASSIER
Gildas GIRODEAU
Maurice GOUIRAN
 Jérémie GUEZ

Eric FOUASSIER

Jilali HAMHAM

Joseph INCARDONA (CH) 

Hervé LE CORRE
Frédéric LENORMAND 
Jean-Luc LUCIANI
Petros MARKARIS (GR) 
Claude MESPLEDE 
Catherine MISSONNIER 
Viviane MOORE
Max OBIONE
Patrice PELISSIER 
Bertrand PUARD
Anne RAMBACH
Anne-Marie ROMERO
Christian ROUX
Jose Carlos SOMOZA (ESP)
François THOMAZEAU 
Thanh-Van TRAN-NHUT 

Tina UEBEL (D)
Gilles VINCENT
Francis ZAMPONI

BD
KRAEHN
MAKO
PHILIBERT
Dominique ROUSSEAU