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jeudi 27 février 2014

Bilan partiel et LC du challenge romantique

Caspar Friedrich : Les falaises de Rugen

J'ai décidé de publier le bilan partiel de notre challenge romantique pour les mois de Janvier et février.
Le challenge romantique  commencé  le 1er Novembre 2011 et est désormais illimité. Il concerne la littérature, le roman, la poésie, le théâtre, les essais, mémoires, biographies, lettres, pastiches et parodies... mais aussi la peinture, la musique, le cinéma, bref! tous les arts. N'hésitez pas à me dire si j'ai oublié des participations et si vous le souhaitez, il est toujours temps de venir nous rejoindre!

LECTURES COMMUNES

 Je propose aussi des LC autour de ce challenge romantique.




 Lermontov : Un héros de notre temps LC avec Maryline

Pour le mois de Mars

Pouchkine : un court roman  La fille du capitaine

pour le mois d'Avril









Horace Walpole : Le château d'Otrante: un court  roman gothique anglais


(dans le cadre aussi du challenge British Mystery de Lou  Pour le mois de Mai)







Victor Hugo : Les travailleurs de la mer.  Un Pavé de 631 pages Pour le mois de Juin-Juillet? : avec Nathalie Aaliz

  





 
BILAN PARTIEL DU CHALLENGE ROMANTIQUE

Et d'abord honneur à une nouvelle participante qui nous a rejoints avec un poème de Nerval publié dans le cadre de la poésie du jeudi d'Asphodèle.

Pyrausta

Nerval : elle a passé la jeune fille

Le spectre de la rose : Théophile Gautier, Hector Berlioz



George  un roman de

Victor Hugo : Claude Gueux





Miriam a participé avec le compte rendu d'une expositions à laPinacothèque de Paris sur Goya et son temps.

Les peintres témoins de leur temps : Goya




Tilia

Duels à la russe : Pouchkine et Lermontov

Le peintre post-romantique Marcus Stone  et son père Frank Stone romantique


Wens :  

Mihkael Kohlaas le film d'Arnaud des Pallières d'après Le roman de Heinrich Von Kleist



Claudialucia

 George Sand : le château du Pictordu




Les romantiques et la lune : Lamartine, Musset, Novalis, Hugo, Friedrich, Aivazovsky,Schumann, Schubert, Chopin

Alexandre Pouchkine : la tempête de neige (comparée à la tempête de neige de Tolstoï)


Michael Kholaas de Heinrich Von Kleist, lecture commune avec Maryline



samedi 22 février 2014

Selma Lagerlöf : Le cocher




Selma lagerlöf
Selma Lagerlöf (1858-1940), prix Nobel de littérature en 1909, est sans conteste l’un des plus célèbres écrivains suédois. Son oeuvre est nourrie des légendes et de l’histoire de la région de Värmland, merveilleusement transposées par son imagination lyrique hors du commun.


Au soir de la Saint Sylveste, Soeur Edit, combattante de l'armée du Salut, va mourir de la tuberculose, maladie qu'elle a contractée en venant en aide aux déshérités. Mais elle ne veut pas s'éteindre avant d'avoir revu David Holm, un ivrogne qui brutalise sa femme et ses enfants et dont elle veut sauver l'âme.
Pendant ce temps David Holm, atteint lui aussi de la tuberculose, s'enivre en compagnie de deux compagnons de son espèce dans le cimetière de l'église lorsqu'il entend arriver le sinistre chariot des morts. Une légende dit que celui qui meurt aux douze coups de minuit, la nuit de la Saint-Sylvestre, doit prendre la place du cocher pendant un an pour aller charger les trépassés que la Mort, la grande souveraine, lui désigne. Or, David Holm passe de vie à trépas au moment même où la cloche de l'église sonne minuit.

Le roman est avant tout l'histoire d'une rédemption. Soeur Edit veut sauver l'âme de cet homme qu'elle aime d'un amour autre que spirituel et pour cela elle s'accroche à la vie. David Holm, endurci dans le péché et la haine, refuse d'être sauvé. Il s'agit donc bien d'un combat et jamais le terme de l'armée du Salut dans laquelle soeur Edit s'est enrôlée n'a été aussi vrai. Il y est question aussi de culpabilité. David Holm est coupable de traiter les siens avec autant de dureté et de les faire vivre dans la peur des coups et de la misère mais son épouse l'est aussi de l'avoir abandonné au moment où il aurait pu s'amender. Soeur Edit, elle-même, n'y échappe pas, elle qui a persuadé madame Holm de retourner vers son mari en faisant ainsi son malheur et celui de ses enfants. Soeur Edit est coupable aussi d'aimer un homme marié et dont la vie est une abjection.

Le roman est traité comme un conte et rappelle en cela le livre de Charles Dickens : Un chant de Noël.  David Holm s'apparente à Mr Scrooge et comme lui il lui faudra s'aventurer dans les domaines de la mort pour sauver son âme. Selma Lagerloff comme Charles Dickens parle de rédemption tout en brossant le tableau de la misère du peuple. Mais les préoccupations sociales sont plus fortes, me semble-t-il, chez Dickens que chez Lagerloff où le thème religieux prédomine et qui excelle dans le fantastique. Les descriptions de la charrette de la mort et de son cocher sont extrêmement réussies et l'atmosphère onirique créée est celle d'un grand écrivain..
Personnellement, j'ai moins aimé la démonstration religieuse et la morale qu'elle véhicule. Loin de voir dans le personnage d'Edit une sorte de sainte, je suis fascinée par son orgueil démesuré qui fait qu'elle se croit l'égale de Dieu dans ce combat pour vaincre le mal!   Et je vais plus loin dans l'hérésie: Soeur Edit me paraît être une bigote dangereuse, puritaine, qui manipule les gens parce qu'elle croit détenir la vérité et se considère comme meilleure que les autres! Je sais bien que je fais un contresens en interprétant le personnage ainsi car ce n'est pas ce que Selma Lagerloff a voulu dire mais c'est ce que je ressens!





mercredi 19 février 2014

Hubert Haddad: Les haïkus du peintre d'éventail

Suzuki Kiitsu


Les haïkus  du peintre d'éventail répondent en écho au Peintre d'éventail,  roman de Hubert Haddad, d’inspiration zen, qui retrace le destin, imaginaire ou réel, d'un merveilleux peintre et haïkiste.
Mémoire vivante du peintre d’éventail, et seuls vestiges du fabuleux jardin, ces Chemins de rosée nous ouvrent la voie lumineuse de la mansuétude et du détachement. (note de l'éditeur)
Dans Le Peintre d'éventail que je n'ai pas eu encore l'occasion de lire, voici comment étaient présentés les haikus :
"Les éventails peints et montés d’Osaki proposaient chacun tel ou tel point de vue forcément incomplet du jardin, tel détail de composition ou aperçu d’ensemble au gré des saisons. […] Il devait s’agir pour le vieux sage d’une création simultanée et indissociable. Les lavis et l’arrangement paysager allaient de pair, comme l’esprit et l’esprit, les uns préservant les secrets de l’autre, en double moitié d’un rêve d’excellence dont il aurait été le concepteur obnubilé"

Hiroshige Utagawa Voir Ici le diaporama de Lilybeth sur ce peintre japonais

J'ai choisi quelques uns de ces petits poèmes au hasard parce que j'aime leur beauté, leur sens, leur profondeur sous la simplicité, leur résonnance, la parfait adéquation de la pensée et de la nature et aussi parfois leur humour.

Toi que j'ai aimée-
La rosée des roses rouges
est-elle jamais rouge

Minuit d'étoiles
il faut les compter toutes
avant l'an nouveau

L'esprit  des feuilles
c'est ton âme qui tremble
Vent soufflant au vent.

Le néant des fleurs
cet abime entre les dieux-
pensée qui nous lie

Il manque une page
à mon vieux dictionnaire
les mots de ma vie

Ombre des feuilles-
aime et meurs dit la rivière
au pont qui l'enjambe


Nuit  blanche et grise
rêver que l'on ne dort pas
sous la râpe des heures

La terre qui gronde 
c'est mon coeur de vieil homme
peu avant l'aurore


Fais-toi plus souple
dit à sa canne un vieil homme
le jour de sa mort

La vue qui baisse
un peintre dans le brouillard
cherche ses couleurs


De tous les oiseaux
la girouette et le pivert
sont les plus têtus



Hiroshige Utagawa



mardi 18 février 2014

Arne Dahl : Europa Blues





L'intrigue du roman de Arne Dahl Europa Blues se déroule à Stockholm  à notre époque, mais nous promène en Europe, de l'Italie, Florence, à l'Ukraine, une Europe en proie au Blues, où les criminels nazis meurent dans leur lit, comme l'oncle Pertti, ou bien sont à la tête de groupes maffieux intouchables, où les pays de l'Est organisent à peu près impunément le commerce des femmes. C'est une Suède que nous avions déjà rencontrée dans le Millenium de Stieg Larsson et qui n'en finit pas  de régler ses comptes avec son passé nazi; un passé qui renaît toujours de ses cendres et représente aussi, hélas! son présent.

Stockholm : la police fait une découverte macabre dans l’enclos des gloutons au zoo du Skansen. Non loin de là, une fillette est blessée par balle. Huit femmes originaires des pays de l’Est disparaissent d’un camp de réfugiés sans laisser de traces. Dans le métro, un professeur émérite de quatre-vingt-huit ans erre en compagnie de la mort. Sur la voie, un téléphone portable sonne dans une main arrachée. (quatrième de couverture)

Ce livre est le quatrième roman de la série (décidément, c'est le hasard mais je ne commence jamais par le premier) qui met en scène le groupe A du commissaire Jan-Olov Hultin.  Bien sûr, on peut prendre le train en marche mais évidemment l'on sent bien que l'on a raté des épisodes et que les personnages sont marqués par des expériences  antérieures.
Toute l'équipe est au rendez-vous à Stockholm sauf Arto Söderstedt, finlandais-suédois qui est en vacances avec sa famille nombreuse au bord de la mer Tyrrhénienne. Que voulez-vous? Ce n'est pas tous les jours que l'on fait un gros héritage et que l'on peut partir au soleil pendant deux mois! Oui, mais Arto sera bien vite rattrapé par l'enquête qui déborde du cadre de la Suède, pour son plus grand plaisir d'ailleurs, car être en vacances, c'est ..  ennuyeux!

Le livre est intéressant par plusieurs aspects: Il ne manque pas de péripéties,  l'histoire est complexe mais bien menée; elle se ramifie, nous fait voyager dans l'espace mais aussi dans le temps. La société suédoise bâtie sur les non-dits du passé est rattrapé par lui. Le tableau qui est brossé de l'Europe en général n'est pas réjouissant et l'auteur fait preuve d'une lucidité désabusée. Un bon roman, donc, que j'ai lu avec intérêt. Mais il m'a manqué un je ne sais quoi, un rythme - peut-être?- des personnages avec qui l'on soit véritablement en empathie pour être tout à fait passionnée par ma lecture comme je l'avais été pour Millénium.

Arne Dahl, né en 1963, est le pseudonyme d’un auteur et critique travaillant à l’Académie suédoise qui décerne le prix Nobel.


 Chez Antigone




lundi 17 février 2014

Price Minister soutient les Toiles enchantées qui s'engage à offrir une séance de cinéma aux enfants malades ou handicapés

Fanfan la Tulipe de Christian Jaque

Price Minister soutient ICI les Toiles enchantées : Si vous publiez cette mini-interview sur votre blog, PriceMinister - Rakuten s’engage à faire un don de 15€ aux Toiles Enchantées qui offre gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !
Pour cela il faut répondre aux questions ci dessous et envoyer un mail à Oliver Moss oliver.moss[at]priceminister.com pour valider la participation.


Quel est votre premier souvenir de cinéma ?



Mon premier dessin animé est Jeannot l'Intrépide :  je ne me souviens plus très bien de l'histoire mais je sais que Jeannot est rapetissé par un méchant ogre; il tombe dans une toile d'araignée et celle-ci, un énorme monstre, menace de le manger! ET VOILA comment on devient arachnophobe pour le reste de sa vie!



Quel est mon premier film? Je ne sais plus si c'est Fanfan la Tulipe de Christian Jaque ou Jeux interdits de René Clément. Inutile de dire que j'ai énormément aimé les deux films bien qu'ils soient d'un genre très différent!

Brigitte Fossey dans Jeux interdits


Quel est selon vous le meilleur film pour enfants de tous les temps ?

Le magicien d'Oz

Le magicien d'Oz de Victor Fleming (1939) avec Judy Garland

Synopsis et détails A partir de 3 ans
Dorothy, jeune orpheline, vit chez son oncle et sa tante. Tout irait pour le mieux si l'institutrice ne détestait pas son chien. C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume magique des Munchkins à la recherche de son chien. Les Munchkins sont des nains protégés par la bonne fée du Nord mais menacés par la méchante fée de l'Ouest. Pour retrouver son chien, Dorothy doit s'emparer des chaussures rouges de la mauvaise fée et aller voir le magicien d'Oz dans son palais d'Emeraude. (Allociné)

Une machine à voyager dans les films vient d’être inventée. Vous avez la possibilité de vivre les aventures d’un de vos héros cinématographiques d’enfance, dites-nous qui ?



Un de mes héros préférés quand j'avais six ans était Peter Pan. Si je replonge dans mon enfance ce qui me faisait rêver dans Peter Pan c'était d'abord qu'il pouvait voler, ensuite qu'il était indépendant tout en restant enfant, qu'il vivait dans un pays où les fées et les sirènes existaient vraiment et qu'il connaissait des aventures extraordinaires.
Plus tard, en lisant James Matthew Barrie j'ai découvert la signification du personnage de Peter Pan mais évidemment à à cet âge là, fort heureusement, je n'en avais cure!*

Dites-nous en une phrase pourquoi vous aimez les Toiles Enchantées !

"Le cinéma est plus vrai que le vie" disait Joseph Mankievitcz. C'est pourquoi j'aime que l'association Les toiles enchantées offre aux enfants malades ou handicapés l'occasion de voir des films qui leur permettent de s'évader, de rêver, de rire et de réfléchir aussi.

Vous aussi participez à la chaîne de solidarité en participants à #1Blog1Séance http://bit.ly/1d7Og1o ou en faisant directement un don si vous n’avez pas de blog.


*James Matthew Barrie


Pour ceux que cela intéresse  : A lire le très beau livre de James Matthew Barrie Le petit oiseau blanc ou Peter Pan dans les jardins de Kensington: billet  ICI

Auteur très fécond, Barrie écrivit plus de soixante-dix œuvres, des romans, des œuvres autobiographiques et, bien sûr, des pièces de théâtre. Portrait de Margaret Ogilvy par son fils, publié en 1896, occupe une place à part dans sa bibliographie : il s’agit d’un magnifique portrait de mère, mais également celui du personnage qui porta en germe tous les personnages féminins qui hantent l’œuvre de l’auteur écossais. La relation que Barrie entretint avec Margaret Ogilvy fut très particulière : si celle-ci eut dix enfants, elle accorda immédiatement une préférence marquée et évidente à un de ces fils, David, et à la mort accidentelle de celui-ci, elle fut accablée. Le jeune James décida alors de remplacer ce frère, au sens propre comme au sens figuré, auprès de sa mère, n’hésitant pas à endosser la personnalité de l’enfant mort en allant jusqu’à revêtir ses habits. Toute la vie de James fut, par la suite, dévorée par le frère décédé : on soupçonne que son apparence physique (il fut, pense-t-on, victime d’une forme de nanisme psychogène qui le condamna à garder l’apparence d’un petit garçon), son absence de sexualité à l’âge adulte, mais aussi le choix d’études que ses parents lui imposèrent (il dut étudier la théologie pour devenir pasteur conformément à ce que son frère David aurait fait) furent directement liés à cette schizophrénie choisie qui naquit dans cette relation mère-enfant et dont des échos sont présents dans toute l’œuvre barrienne. (cahiers victoriens et edouardiens)

dimanche 16 février 2014

Russel Banks : De beaux lendemains



Au nord de l'état de New York, la vie d'une petite ville va être bouleversée par l'accident d'un bus scolaire qui dérape dans la neige et la mort de nombreux enfants. Aussitôt une nuée d'avocats s'abat sur les familles endeuillées. Mais qui est responsable de l'accident? Dolorès Driscol qui conduisait le bus ? Les services municipaux qui ont laissé une sablière s'emplir d'eau sans chercher à la reboucher?

 Russel Banks, à travers ce roman, dénonce ces avocats véreux, qui semblables à des vautours cherchent à faire d'une tragédie, une manne financière. L'auteur montre la manipulation des parents désespérés, qui dans leur désarroi, leur colère, deviennent des proies faciles : une société américaine  ou tout est prétexte à profit et où les plus grands chagrins doivent rapporter gros.

Le roman est polyphonique : quatre personnages vont raconter tour à tour l'accident selon la manière  dont ils l'ont vécu. Ces quatre récits sont un prétexte à peindre la société américaine dans une ville de montagne sans grande ressource économique, où l'absence d'avenir, les difficultés financières, la maladie, les mésententes conjugales, les enfants battus, la dépression liée au retour du Vietnam, composent une société complexe, à la recherche d'un bonheur qui les fuit.

Dolorès Driscoll, mère de deux grands fils qui ont quitté la maison et ne reviennent pas souvent la voir, soigne son mari handicapé avec amour et courage puisque c'est elle qui doit subvenir aux besoins du couple. Conductrice du bus scolaire, sérieuse, elle aime les enfants et son métier qui la met en contact avec eux. Elle n'a jamais eu d'accident mais ce jour-là, il commence à neiger et elle croit voir un chien sur la route. Quand elle cherche à l'éviter, le car part sur le bas-côté.
Billy Ansel, garagiste,  est un vétéran du Vietnam. Pour les gens du village, il est un héros dont tout le monde admire le courage. Personne ne sait ce qui se cache sous ce calme apparent que donne à voir Billy. Il a perdu sa femme des suites d'une maladie, entretient une liaison secrète avec une femme mariée qui perd, elle aussi, son enfant unique dans l'accident. Les jumeaux de Billy meurent; sa vie s'est "vietnamisée" et Billy sombre dans l'alcool.

Mitchell Stephens est un avocat new-yorkais qui cherche à entraîner les familles dans un procès. Mais l'habileté de l'auteur est de lui faire poursuivre d'autres buts que l'argent. N'a-t-il pas lui aussi perdu sa fille droguée même si c'est d'une autre manière? La colère qu'il éprouve contre cette société qui tue ses enfants en faisant de l'argent un Dieu l'anime dans sa recherche d'une vraie justice. Combien de grandes entreprises, de services d'état, en effet, préfèrent exposer leurs employés à la maladie, aux risques d'accident, plutôt que de faire des dépenses pour assurer leur sécurité. Ils savent que les victimes trop modestes n'obtiendront jamais réparation.  Russel Banks montre ainsi le malaise qui existe même dans les classes sociales aisées.

Enfin vient Nicole Burnell, adolescente de 15 ans, qui restera handicapée toute sa vie à la suite de l'accident. Elle quitte alors pour toujours le monde de l'enfance et pose un regard d'une clairvoyance terrible sur sa famille mais aussi sur les autres. Un beau personnage mais cruelle dans sa soif de justice. Pourtant, elle seule parvient à rétablir un ordre dans le chaos même s'il faut pour cela s'appuyer sur un mensonge. Il semble que la communauté ne peut être sauvée que par le sacrifice de l'un d'entre eux.

Cette galerie de portraits est d'une vérité criante. J'ai été très sensible à la peinture de cette société repliée sur elle-même, sur son deuil, sur ces blessures. Le roman est passionnant par le talent de l'auteur à nous faire partager le point de vue de chacun, à nous faire pénétrer dans les pensées, les sentiments des personnages.



Chez Sylire et Lisa




  Ont  trouvé le titre et le nom  de l'auteur : Aifelle, Asphodèle,  Dasola, Eeguab, Keisha, Pierrot Bâton, Somaja, Syl, Thérèse, Valentyne... Félicitations et merci à tous !
Le roman : Russel Banks :  De beaux lendemains

Le film :  Atom Egoyan  : De beaux lendemains

samedi 15 février 2014

Un livre/Un film : énigme n°87






Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Chez Eeguab, le 2ème et 4ème samedi du mois vous trouverez l'énigme sur le film et le livre
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Samedi 22 Février la prochaine énigme, N° 88 aura lieu chez Eeguab.


Enigme 87
Ce roman  d'un grand écrivain américain est paru en 1991. Le film adapté de ce livre porte le même titre. Le thème principal est un accident qui va causer une bouleversement si profond dans le village que rien ne sera jamais plus comme avant.


Un chien- c'est un chien que j'ai vu, j'en suis sûre. Ou que j'ai cru voir. Il neigeait déjà assez fort à ce moment-là, et dans la neige on voit parfois des trucs qui n'existent pas, ou pas vraiment, mais on risque aussi de ne pas en apercevoir qui existent bel et bien alors, bon Dieu, quand on devine quelque chose, on réagit à tout hasard, pour plus de sûreté, si vous comprenez ce que je veux dire. Ca, c'est ma formation de chauffeur, et en plus c'est mon tempérament de mère de deux grands fils et d'épouse d'invalide; comme ça même si je me trompe, au moins suis-je du côté de l'ange.


jeudi 13 février 2014

Les plumes d'Asphodèle : Hommage à Edward Hopper


Edward Hopper

Dans le silence de la nuit
et dans le soupir de la pluie
dans la morosité des villes
le dimanche meurt en fatigue
Et s'étire mélancolique
dans les bars aux néons défaits
les pièces closes des maisons
le vert aquarium de l'ennui

Edward Hopper

Et nous entrons
dans l'intimité des gestes ralentis
Dans la routine des pensées
qui zigzaguent comme un homme ivre.
Les projets d'avenir se noient dans le whisky
et les emmerdements du lendemain les figent
dans  une attente hésitante, oppressante,
Et ils baîllent, ils pensent, ils attendent,
Et ils offrent à ceux qui les regardent
le vide de l'amour et de leurs émotions
la fatigue des projets qui échouent
sur le banc du savoir...



Et la solitude glacée pénètre nos os
Notre coeur est un petit moteur en panne
qui toussote et perd son rêve créatif
et nous sommes comme eux
des hommes et des femmes
qui attendent
Dans le silence de la nuit
et dans le soupir de la pluie...






Les mots imposés pour l'atelier Les plumes d'Asphodèle sont les suivants :
Projet, dimanche, emmerdement,  penser, intimité, hésiter, oppresser, pluie, savoir, morosité, panne, créatif, silence, bâiller,  fatigue, mourir, soupir, ralenti, routine, figé, vide  whisky, xyste, zigzaguer.


mardi 11 février 2014

La Littérature pour la Jeunesse : Non, M. Copé, les livres pour enfants ne sont pas des manuels de morale

Le Petit Poucet

En tant qu'enseignante, mère et grand mère, mais aussi pour moi-même, enfant et adulte, je me suis toujours intéressée à la littérature pour la jeunesse; c'est une passion qui ne me quitte pas.
Or, à propos de l'intervention de Monsieur Copé sur Tous à poil un livre pour enfants que je ne connais pas et sur lequel, par conséquent, je ne porte aucun jugement, je viens de lire un article du Monde de Sylvie Vassallo (directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis) qui me paraît être une très belle  définition de cette littérature qui s'adresse aux enfants.

L'article s'intitule : Non M. Copé, les livres pour enfants ne sont pas des manuels de morale »



Je cite  :

"Le sang de Jean-François Copé n'aurait fait qu'un tour en découvrant l'album de Claire Franek  et Marc Daniau « Tous à Poil » où une série de personnages se déshabillent pour aller se baigner. Parmi eux figurent le chien, la maîtresse et le président directeur général, il y voit une incitation à braver les autorités. Rien de moins !
Que doit-il penser de "l'immoralité" du Petit Poucet qui raconte comment des parents pauvres cherchent tout bonnement à se débarrasser de leurs enfants ; de Boucle d'or et les trois ours où une petite fille s'octroie le droit de squatter une maison qui n'est pas la sienne ; de Barbe bleue, conte particulièrement cruel sur la domination masculine ?
Ou de récits plus actuels : Max et les Maximonstres, histoire d'un petit garçon qui tient tête à sa maman ; Comment on fait les bébés qui opte pour un humour débridé sur la grande question de la vie ( eh oui il se raconte dans les livres que les bébés ne naissent ni dans les roses, ni dans les choux) ?
N'en déplaise à Jean-François Copé, la littérature pour enfants n'est pas le lieu de l'apprentissage et de l'éducation, ni morale, ni sexuelle. La littérature raconte des histoires. La fiction permet aux enfants de se comprendre, d'apprendre l'autre, de se confronter aux peurs qui les taraudent, d'apporter des réponses aux multiples interrogations qui les traversent."



 Suite de l'article :

"UNE DISTANCE QUE LES ENFANTS COMPRENNENT PARFAITEMENT

Bref! la littérature les accompagne, les interpelle, les rassure, les ouvre à de grands sujets : la vie, les rapports à l'adulte, l'altérité, la mort, le monde… Il y a dans la littérature en général, donc dans la littérature de jeunesse, une distance que les enfants comprennent parfaitement. C'est pour « de faux », eux le savent bien. L'humour, la poésie, la loufoquerie sont souvent les vecteurs qui signalent cette distance.
Les propos de Jean François Copé pourraient donc prêter à sourire : ce livre ne figure pas dans liste préconisée par l'éducation nationale et l'album en question est bien inoffensif : « la maîtresse en maillot de bain » n'est-elle pas une ritournelle de cours de récréation ?"


D'AUTRES ARTICLES SUR CE SUJET


"Tous à poil a d’ailleurs gagné en 2011 le prix Libbylit du meilleur album pour enfants, décerné par la section belge de l'Union internationale pour les livres de jeunesse. Les illustrations du livre ont été l’objet d’une exposition à Aubervilliers en 2013."




"Les enfants sont environnés d'images de corps plus ou moins dévêtus, dans la publicité, sur les abribus, sur les couvertures de journaux people. Ces images sont souvent trafiquées, tronquées, modifiées par la chirurgie esthétique ou par Photoshop. Nous avons voulu leur proposer un regard plus juste sur le corps. Nous montrons des personnes issues de leur entourage ou de leur imaginaire. Et surtout nous le faisons avec humour. Nous dédramatisons!"

samedi 8 février 2014

George Sand : Le château de Pictordu







Aurore Sand, petite fille de George
Avec Le château de Pictordu George Sand écrit un conte fantastique. Celui-ci paru en feuilleton dans un journal pour enfants en 1873 et prend ensuite place dans ses Contes d'une grand mère. C'est en effet pour ses petites filles, Aurore à qui le livre est dédicacé et Gabrielle que l'écrivaine a imaginé cette histoire.

Le château abandonné de de Pictordu est situé dans le pays du Gévaudan, "dans un désert de forêts et de montagnes"
Monsieur Flochardet , peintre portraitiste, traverse le pays en partant de Mende où il est allé chercher sa fille Diane, malade, pensionnaire au couvent des Visitandines, pour la ramener chez lui à Arles. Ils doivent faire étape à Saint Jean du Gard mais le muletier qui les guide sur une étroite route tortueuse fait verser la voiture accidentellement. Dans le château en ruines, Diane aperçoit une dame qui lui fait signe et l'invite à entrer. Il s'agit en fait d'une statue et le père attribue cette vision à la maladie de sa fille. Mais la nuit alors que tout le monde dort, Diane aperçoit à la lueur de la lune une belle dame voilée qui lui fait voir le château tel qu'il était du temps de sa magnificence; des visions de dieux de la mythologie apparaissent devant ses yeux éblouis. Le lendemain tout a repris une apparence normale. Les voyageurs reprennent la route et arrivent sans plus ennuis à Arles où la belle mère de Diane, madame Laure, l'accueille. Il faut dire que la mère de Diane est morte il y a quelques années et que le père s'est remarié. Diane a-t-elle été victime d'hallucinations liées à sa fièvre ou a-t-elle réellement vu cette belle dame sous les traits d'une Fée?

Un conte merveilleux


On le voit le conte de George Sand s'adresse bien aux enfants avec cette irruption du merveilleux, cette Dame qui apparait plusieurs fois aux yeux de la petite fille. Le personnage de la méchante belle mère (plus sotte et frivole que méchante d'ailleurs) et le personnage de la fée qui veille sur l'enfant font bien parti du conte traditionnel.. George Sand est passionnée par la frontière existant entre le réel et le surnaturel. Elle s'est intéressée de tout temps aux récits fantastiques que racontent les paysans berrichons, récits qu'elle collecte et regroupe dans Les légendes rustiques 
Pourtant, elle est contre les superstitions qu'elle juge obscurantistes et elle pense qu'il y a toujours une explication rationnelle à tout. C'est d'ailleurs le sens de ce conte qui, au-delà du Merveilleux, est une recherche de la mère, le désir éprouvé par l'enfant de combler un manque. 
Pourtant, les enfants ont droit à leur part de rêve et d'imagination qui les nourrit et les enrichit en développant leur sensibilité artistique. C'est ce que George, grand mère, développe avec Aurore et Gabrielle, sans oublier pourtant l'étude des sciences. Car le Merveilleux n'est-il pas l'essence même de la Nature ? Elle allie même les deux dans un conte comme La Fée Poussière!

Le fée Poussière, l'alliance du merveilleux et de la science


Mais le château de Pictordu est aussi autre chose qu'un conte.

Des éléments autobiographiques

Sophie Victoire Delaborde mère de George Sand

George Sand a été séparée de sa mère Sophie et élevée par sa grand mère. La séparation a  marqué la petite fille de la même manière que Diane qui souffre de l'absence de sa mère. Le thème de la mère est ici omniprésent puisqu'il est à la source du conte. On peut dire que Sand a mis beaucoup d'elle-même dans cette fillette qui adore la nature, passionnée par l'art et en particulier par l'Antique; une fillette qui veut apprendre, étudier, qui dessine en cachette et aime aussi s'évader, rêver, imaginer..


Des idées pédagogiques

Un curieux(!) portrait de George Sand par Charles Louis Gratia : source

George Sand donne ici ses idées sur l'éducation des enfants et elle insiste sur le fait qu'il n'y a pas de différences entre les filles et les garçons. Ainsi les filles ne doivent pas être traitées comme des poupées superficielles uniquement préoccupées de leur apparence comme le fait la belle mère de Diane. Le père de Diane, lui aussi, ne prend pas la peine de lui apprendre à dessiner. Il est riche donc il pense à faire de sa fille "une vraie demoiselle sachant s'habiller et babiller, sans se casser la tête pour être autre chose; et ce n'est pas au couvent qu'elle pourra acquérir des connaissances!
Diane n'a pas droit à l'instruction parce qu'elle est une fille jusqu'au moment ou le docteur Fréron devient son mentor et lui rend accessible le monde de l'art.

Une vision de l'art

fragment de statuette de Hercule Le louvre

George Sand  livre aussi dans ce récit ses idées sur l'Art et professe d'abord son amour pour l'antiquité grecque et romaine qu'elle oppose au moderne, le Beau opposé au Laid. Alors que monsieur Flochardet, dans un but mercantile, peint des portraits pour que les modèles se voient tels qu'ils voudraient être et non tels qu'ils sont, l'art doit tendre au vrai, à l'observation : ainsi les artistes grecs avaient le sentiment du grand " et "le mettaient dans les plus petites choses". L'art doit peindre le vivant : Cette statue qui n'est "qu'une tête sans corps et très usée par le frottement" " elle vit pourtant, parce que celui qui l'a taillée dans ce petit morceau de marbre a eu la volonté et la science de la faire vivre…"
Diane deviendra une vraie artiste et devenue riche fondera un atelier pour jeunes filles pauvres où elle éduquera ses élèves gratuitement! Conte de fées? Utopie? Oui, mais c'est ce que George Sand réalisa à Nohant!









Chez Antigone