Je pars là-bas pour quelques jours d'où un ralentissement de mon blog. Mais je publierai mes lectures communes et je viendrai vous voir de temps à autre! A bientôt!
lundi 1 août 2011
Départ en Lozère!

David Mitchell : cartographie des nuages,
J'ai beaucoup aimé le livre de David Mitchell, Cartographie des nuages paru aux éditions de l'Olivier, si curieux par la construction et intéressant au niveau du récit qui fait s'entrecroiser plusieurs vies à des époques différentes.
Le protagoniste d'une des histoires, musicien, compose "un sextuor de solistes empiétant les uns sur les autres " : piano, clarinette, violoncelle, flûte, hautbois, violon;".
Ce qu'il en dit résume bien la construction de ce livre : " Dans le premier mouvement, chaque solo est coupé par le suivant; dans le second, les soli reprennent successivement là où ils se sont interrompus."
Effectivement il y a six histoires dans ce livre, six vies qui s'interrompent pour laisser place a une autre avant d'être reprises par la suite. "Véritable révolution ou simple procédé?" s'interroge l'artiste. Je ne saurais le dire mais en tous cas c'est une réussite.
Effectivement il y a six histoires dans ce livre, six vies qui s'interrompent pour laisser place a une autre avant d'être reprises par la suite. "Véritable révolution ou simple procédé?" s'interroge l'artiste. Je ne saurais le dire mais en tous cas c'est une réussite.
"Chaque instrument parle une langue définie par une clé, gamme et couleur." ajoute le musicien.
Ce qui est remarquable, en effet, c'est que chaque récit est comme une partition qui changerait de style selon le personnage, le siècle dans laquelle il vit, la destinée qu'il affronte. Chacun a une tonalité qui lui est propre, triste ou nostalgique, cruelle ou âpre, humoristique, férocement satirique, chacun est un prétexte a explorer une époque, à en saisir l'essence, en montrer les faiblesses, dénoncer les horreurs. Brillantes variations selon qu'il s'agit d'une femme ou d'un homme, d'une personne âgée ou jeune, de notre passé lointain ou récent, de notre présent ou de notre futur car David Mitchell s'essaie aussi à la science-fiction dans deux des récits. On s'intéresse aux personnages, on peut s'identifier à certains d'entre eux ou en rejeter d'autres selon notre sympathie pour eux car les récits sont prenants.
Piano : Adam Ewing rédige le journal de sa traversée du Pacifique. C'est un homme de loi américain, honnête et scrupuleux, bon croyant. Il manifeste parfois les préjugés de sa classe sociale et de sa religion mais son humanité, l'intérêt qu'il porte aux autres y compris aux indigènes des pays qu'il visite (nous sommes en Nouvelle-Zélande dans l'archipel de Chatham) le rendent sympathique. Nous sommes au XIXème siècle, colonisation, asservissement des races au nom de la religion et de la prétendue supériorité des blancs.
Clarinette : Robert Frobisher, rejeton d'une bonne famille anglaise, déshérité par son père, se met au service du grand compositeur Vivyan Ayrs trop malade pour continuer à composer. Du château Zedelghem en Flandre il écrit à son ami Sixsmith des lettres datées de 1931. Rapports humains qui se fondent sur l'appartenance à une classe sociale et la fortune. Exalté, sans scrupules, cynique, voleur, il voue à la musique une passion qui le consume et qui représente ce qu'il a de mieux en lui. L'art paraît être la seule porte de sortie.
Violoncelle : Luisa Rey, journaliste américaine, idéaliste et courageuse, risque sa vie pour déjouer un complot nucléaire dans les années 70 en Californie. Le récit montre la corruption du pouvoir qui n'hésite pas à sacrifier les êtres humains à l'argent et au profit.
Flûte : Timoty Cavendish vit dans un présent qui nous ressemble où les "vieux" sont enfermés dans des maisons de retraite, antichambres de la mort. Début inquiétant d'une déshumanisation, solitude.
Hautbois : Somni-451 est une clone. Dans la dictature où elle vit les clones sont des esclaves au service des Sangs-Purs. La liberté individuelle est niée. La science sans conscience a créé une société sans espoir qui fonctionne à la manière du nazisme en éliminant ce qu'il y a d'humain dans l'Homme.
Violon : Zachary, est un survivant de cette civilisation, dans un futur encore plus lointain, après la Chute c'est à dire après la destruction de la civilisation de Somni. C'est le retour à une forme de barbarie où prévaut la loi du plus fort dans une civilisation éclatée qui porte encore des traces de l'ancienne. Pourtant, la solidarité possible entre les peuples, est un léger espoir dans la survie de l'Humanité.
La langue parlée évolue avec les époques et il faut saluer la vive imagination et le style protéiforme de David Mitchell qui parvient même à créer un langage du futur, contemporain de Somni, et un autre contemporain de Zachary, ce dernier n'étant qu'une corruption de la langue parlée à l'époque de Somni.
Ingénieux aussi comment ces récits se transmettent de l'un à l'autre malgré l'éloignement dans les siècles et comment les personnages sont reliés entre eux par un fil qui assure la cohésion de l'ensemble.
Ingénieux aussi comment ces récits se transmettent de l'un à l'autre malgré l'éloignement dans les siècles et comment les personnages sont reliés entre eux par un fil qui assure la cohésion de l'ensemble.
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dimanche 31 juillet 2011
Goethe : Ballades et autres poèmes : Le roi des Aulnes
René Baumer
Le roi des Aulnes est une des plus célèbres ballades de Goethe. En voici un traduction de Jean Malaplate tirée du livre Ballades et autres poèmes aux éditions Aubier, Domaine Allemand bilingue
Qui passe à cheval, dans la nuit, le vent,
Si tard? C'est le père avec son enfant.
Il serre son fils dans son grand manteau,
Pour le protéger, pour lui tenir chaud.
-As-tu peur mon fils? Pourquoi te cacher?
-Le Roi des Aulnes, là, le vois-tu s'approcher?
Le Roi, sa couronne, et sa traîne aussi!
-C'est la brume, enfant, qui se tord ainsi.
-Viens, mon bel enfant, suis-moi, si tu veux,
Je sais tant de jeux, de jeux merveilleux!
Mille belles fleurs croissent sur nos bords,
Ma mère a pour toi des vêtements d'or!
-Mon père, oh, mon père, tu n'entends donc pas
Tout ce que le roi me promet tout bas?
-Calme-toi, mon fils, sois tranquille, enfant :
Dans les feuilles mortes murmure le vent.
-Viens, mon beau garçon, suis-moi loin, bien loin,
Mes filles de toi sauront prendre soin,
Mes filles, la nuit, qui dansent en rond,
Pour toi chanteront et t'endormiront.
-Mon père, mon père, là tu dois les voir,
Les filles du roi, dans ce coin tout noir!
Je vois bien, ce sont seulement, mon fils
Les ombres que font les vieux saules gris.
-Je t'aime, ta beauté me donne envie de toi,
Viens, où je te prends de force avec moi!
-Mon père, il m'a saisi, oh! mon père, il me prend!
Le roi des Aulnes m'a fait du mal à présent.
Le père presse alors son cheval; il frémit,
Il étreint dans ses bras le garçon qui gémit,
Parvient au logis, d'un ultime effort;
L'enfant dans ses bras... l'enfant était mort.
Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou,Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures Océane :

Alain Fournier, Le Grand Meaulnes
Voici la réponse au dernier jeu de l'été : Aifelle et Wens ont trouvé le nom de l'auteur Alain Fournier et le titre Le Grand Meaulnes.
Pour vous présenter ce roman, je vous invite à aller lire le blog de Cathou
Pseudonyme de Henri Fournier, romancier français né le 3 octobre 1886 à La Chapelle d'Angillon dans le cher, aux confins du Berry et de la Sologne. Ses parents sont instituteurs à Epineuil le Fleuriel. Au lycée Lakanal près de Paris, il se lie d'amitié, avec son condisciple Jacques Rivière, avec lequel il entretint, de 1905 à 1914 une "Correspondance" qui apporte un intéressant témoignage sur la sensibilité littéraire au début du siècle.
En 1913, il publia son unique roman, "le Grand Meaulnes", récit très autobiographique qu'il avait conçu dès 1902, mais dont il ne put connaître le succès car il fut tué au front le 22 septembre 1914. Lire la suite
En 1913, il publia son unique roman, "le Grand Meaulnes", récit très autobiographique qu'il avait conçu dès 1902, mais dont il ne put connaître le succès car il fut tué au front le 22 septembre 1914. Lire la suite
En 189*, dans le Cher, François Seurel vit une existence paisible. Fils de l'intituteur, ses journées sont rythmées par l'école, le lecture le soir au coin du feu, les promenades dans la campagne brumeuse. Un jour, Augustin Meaulnes, bientôt surnommé "le grand Meaulnes", débarque pour faire ses études aux côtés des autres étudiants. La vie de François va en être totalement chamboulée. Meaulnes prend le jeune garçon sous son aile et en peu de temps devient la coqueluche de l'école communale
Un jour, Meaulnes ne se présente pas en classe. Il réapparaît trois jours plus tard et semble avoir bien changé. Il confie alors à son ami François avoir participé à une étrange fête dans un vieux château en ruines. Là-bas, il a fait la connaissance d'une jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux. Il n'aura alors de cesse, avec François, de retrouver cet étrange et délicieux "Domaine" qui semble avoir été oublié de tous.
Quel étrange et envoûtant roman que Le grand Meaulnes. Un classique jamais lu pour ma part et qui m'a laissée songeuse. Lire la suite ici
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samedi 30 juillet 2011
Jane Harris, La servante insoumise, Editions du Seuil
Le roman La servante insoumise commence comme un livre de l'époque victorienne. L'on y voit une jeune fille en robe jaune fuir on ne sait quel danger pour aller à la grande ville, ici de Glasgow à Edimbourg. On pense à La dame en blanc de Collins! On s'attend avec cette sorte de roman, à plonger en plein mystère à la suite de l'héroïne, poursuivie par le malheur, persécutée par de machiavéliques ennemis. Et on n'a pas tort!
Nous sommes en 1863, Bessy Buckley quitte Glasgow pour aller trouver du travail à Edimbourg. En chemin, elle s'arrête dans un château fort délabré où elle se fait engager sur l'heure comme servante par la maîtresse du domaine, Arabella Reid. Deux femmes dans un huis clos partiel dont la confrontation mènera au drame!
Bessy Buckley est bien secrète! Pourquoi ment-elle sans arrêt et en particulier lorsqu'elle doit parler de sa mère? Que fuit-elle? que cache son passé dont elle ne veut pas parler?
Arabella est une femme bizarre, elle s'est mise en tête d'éduquer ses servantes en leur apprenant à écrire, elle consigne des remarques dans un mystérieux livre qu'elle tient secret et son attitude et son caractère sont assez fantasques. De plus, elle paraît poursuivie par le souvenir d'une servante, Nora, retrouvée morte, écrasée par un train. Bessy n'aura de cesse de savoir le secret de sa maîtresse qu'elle chérit et vénère mais ce qu'elle va découvrir fera d'elle une servante insoumise.
Les personnage sont passionnants et complexes et le lecteur ira de surprises en surprises en découvrant la vérité sur les deux jeunes femmes. En effet, les héroïnes ne sont pas ce que l'on attend d'un roman victorien! Jane Harris est bien de notre temps et si elle emprunte les codes de ce genre romanesque, c'est pour mieux les détourner et ceci pour notre plus grande joie! Les "méchants" le sont à part entière comme dans un roman de Collins ou de Braddon mais Jane Harris montre les racines du mal en nous donnant une vision sociale et critique de la société de cette époque. Elle décrit pour nous la vie des misérables, des femmes qui prostituent leurs filles, des "nobles" vieillards qui abusent des enfants, des pasteurs dévots qui se révèlent hypocrites et libidineux, entrant ainsi dans des détails indignes de la bienséance victorienne qui aurait fait interdire son roman à l'époque avant parution! La plume de l'écrivain n'épargne personne et les portraits-charges qu'elle brosse sont vigoureux, sans concession et écrits d'une plume acérée qui appelle un chat un chat! C'est un des grands intérêts du roman qui nous apparaît très documenté et solide sur le plan historique quand il s'agit de peindre la vie des humbles dans cette période. L'intrigue, de plus, nous mène sur plusieurs pistes à la découverte de plusieurs secrets. Elle ménage à la fois un suspense policier et psychologique et nous réserve bien des rebondissements.
Le roman est écrit par Bessy âgée et, dès le début, le style de la servante est un curieux mélange entre une langue raffinée et le parler populaire. Bessy est amoureuse des mots et cultive ceux qui sont savants depuis son enfance mais elle a aussi le franc parler, voire la vulgarité des filles du peuple ce qui crée un cocktail détonant, savoureux et plein d'humour.
Cela donne ceci :
Le paysage était désormais sinistre et défiguré. Contre le ciel d'hiver quelques arbres noirs se détachaient, dénudés, décharnés et courbés par le vent. La brume roulait sur le sol telles des volutes de fumée et une odeur de brûlé flottait dans l'air.
et le paragraphe suivant, cela :
A quoi est-ce qu'elle pensait le pif au vent? Elle devait penser, la sale chipie, au moyen de se fourrer encore plus dans les petits papiers d'Arabella. Et j'aurais pas été étonnée qu'elle ait trottiné en disant ses prières, cette fichue grenouille de bénitier.
La servante insoumise ou le plaisir de lire!
Bessy Buckley est bien secrète! Pourquoi ment-elle sans arrêt et en particulier lorsqu'elle doit parler de sa mère? Que fuit-elle? que cache son passé dont elle ne veut pas parler?
Arabella est une femme bizarre, elle s'est mise en tête d'éduquer ses servantes en leur apprenant à écrire, elle consigne des remarques dans un mystérieux livre qu'elle tient secret et son attitude et son caractère sont assez fantasques. De plus, elle paraît poursuivie par le souvenir d'une servante, Nora, retrouvée morte, écrasée par un train. Bessy n'aura de cesse de savoir le secret de sa maîtresse qu'elle chérit et vénère mais ce qu'elle va découvrir fera d'elle une servante insoumise.
Les personnage sont passionnants et complexes et le lecteur ira de surprises en surprises en découvrant la vérité sur les deux jeunes femmes. En effet, les héroïnes ne sont pas ce que l'on attend d'un roman victorien! Jane Harris est bien de notre temps et si elle emprunte les codes de ce genre romanesque, c'est pour mieux les détourner et ceci pour notre plus grande joie! Les "méchants" le sont à part entière comme dans un roman de Collins ou de Braddon mais Jane Harris montre les racines du mal en nous donnant une vision sociale et critique de la société de cette époque. Elle décrit pour nous la vie des misérables, des femmes qui prostituent leurs filles, des "nobles" vieillards qui abusent des enfants, des pasteurs dévots qui se révèlent hypocrites et libidineux, entrant ainsi dans des détails indignes de la bienséance victorienne qui aurait fait interdire son roman à l'époque avant parution! La plume de l'écrivain n'épargne personne et les portraits-charges qu'elle brosse sont vigoureux, sans concession et écrits d'une plume acérée qui appelle un chat un chat! C'est un des grands intérêts du roman qui nous apparaît très documenté et solide sur le plan historique quand il s'agit de peindre la vie des humbles dans cette période. L'intrigue, de plus, nous mène sur plusieurs pistes à la découverte de plusieurs secrets. Elle ménage à la fois un suspense policier et psychologique et nous réserve bien des rebondissements.
Le roman est écrit par Bessy âgée et, dès le début, le style de la servante est un curieux mélange entre une langue raffinée et le parler populaire. Bessy est amoureuse des mots et cultive ceux qui sont savants depuis son enfance mais elle a aussi le franc parler, voire la vulgarité des filles du peuple ce qui crée un cocktail détonant, savoureux et plein d'humour.
Cela donne ceci :
Le paysage était désormais sinistre et défiguré. Contre le ciel d'hiver quelques arbres noirs se détachaient, dénudés, décharnés et courbés par le vent. La brume roulait sur le sol telles des volutes de fumée et une odeur de brûlé flottait dans l'air.
et le paragraphe suivant, cela :
A quoi est-ce qu'elle pensait le pif au vent? Elle devait penser, la sale chipie, au moyen de se fourrer encore plus dans les petits papiers d'Arabella. Et j'aurais pas été étonnée qu'elle ait trottiné en disant ses prières, cette fichue grenouille de bénitier.
La servante insoumise ou le plaisir de lire!

Arnaldur Indridason : L'homme du lac
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme (11)
Un roman devenu un classique, un roman qui a enchanté notre adolescence.
Dès le petit jour, il se reprit à marcher. Mais son genou enflé lui faisait mal ; il lui fallait s'arrêter et s'asseoir à chaque moment tant la douleur était vive. L'endroit où il se trouvait était d'ailleurs le plus désolé de la Sologne. De toute la matinée, il ne vit qu'une bergère, à l'horizon, qui ramenait son troupeau. Il eut beau la héler, essayer de courir, elle disparut sans l'entendre.
Il continua cependant de marcher dans sa direction, avec une désolante lenteur... Pas un toit, pas une âme. Pas même le cri d'un courlis dans les roseaux des marais. Et, sur cette solitude parfaite, brillait un soleil de décembre, clair et glacial.
Il pouvait être trois heures de l'après-midi lorsqu'il aperçut enfin, au-dessus d'un bois de sapins, la flèche d'une tourelle grise.
Il continua cependant de marcher dans sa direction, avec une désolante lenteur... Pas un toit, pas une âme. Pas même le cri d'un courlis dans les roseaux des marais. Et, sur cette solitude parfaite, brillait un soleil de décembre, clair et glacial.
Il pouvait être trois heures de l'après-midi lorsqu'il aperçut enfin, au-dessus d'un bois de sapins, la flèche d'une tourelle grise.
Réponse à l'énigme(10)
L'homme du lac.
Aifelle, Wens et Mazel ont trouvé : il s'agit bien de l'écrivain islandais Arnaldur Indridason. Le roman est L'homme du lac.
"En juin 2000, un tremblement de terre provoque un changement du niveau des eaux du lac de Kleifarvata et découvre un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacées. Le commissaire Erlandur et son équipe s'intéressent alors aux disparitions non élucidées dans les années 60, ce qui conduit l'enquête vers les ambassades des pays de l'ex-bloc communiste et les étudiants islandais des jeunesses socialistes boursiers en Allemagne de l'Est pendant la guerre froide. Tous ces jeunes gens sont revenus du pays frère brisés par la découverte de l'absurdité d'un système qui, pour faire le bonheur du peuple, jugeait nécessaire de le surveiller constamment". (extrait 4e de couverture)
Je vous propose d'aller lire l'avis de Aifelle :
C'est le quatrième volume de la série, j'ai lu les trois précédents et celui-ci m'a procuré le même plaisir. J'aime Erlandur et sa vie cabossée, je m'intéresse autant à ses déboires personnels qu'à ses enquêtes. Cette fois-ci, Eva Lind, sa fille est peu présente... Lire la suite
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vendredi 29 juillet 2011
Arnaldur Indridason : Hypothermie
J'aime les romans d'Arnaldur d'Indridason, écrivain islandais né à Reikjavik. C'est même, je crois, mon préféré parmi les écrivains "venus du Nord", selon l'expression consacrée, depuis que j'ai lu La dame en vert.
Hypothermie raconte une enquête du commissaire Erlendur. Ici, pourtant, ce n'est pas sur un meurtre, du moins en apparence, mais sur un suicide qu'enquête Erlendur. Maria, une jeune femme, épouse du médecin Baldvin, fragilisée par la mort de sa mère Eléonore, est retrouvée pendue, dans son châlet d'été sur les bords du lac Thingvellir. L'affaire est classée mais Erlendur continue ses recherches car Karen, une amie de Maria, lui apporte la preuve que la jeune femme, très attirée par l'idée de la vie après la mort, est allée consulter un médium avant son suicide et que le passé de la jeune femme et son entourage, en particulier son mari, sont loin d'être aussi clairs que ce qu'ils paraissent l'être!
Parallèlement, Erlendur, reçoit la visite d'un vieil homme qui se sait mourant et qui le remercie de l'attention et de la gentillesse dont il à fait preuve envers lui depuis la disparition restée inexpliquée de son fils, David, il y a trente ans. Poussé par l'envie de donner une réponse à ce père qui n'a jamais cessé de souffrir, Erlendur rouvre le dossier de David, bientôt lié à celui d'une jeune fille nommée Gudrun.
Parallèlement, Erlendur, reçoit la visite d'un vieil homme qui se sait mourant et qui le remercie de l'attention et de la gentillesse dont il à fait preuve envers lui depuis la disparition restée inexpliquée de son fils, David, il y a trente ans. Poussé par l'envie de donner une réponse à ce père qui n'a jamais cessé de souffrir, Erlendur rouvre le dossier de David, bientôt lié à celui d'une jeune fille nommée Gudrun.
Un récit complexe
L'intrigue du roman est complexe puisque Erlendur mène de front deux enquêtes qui, sans être liées sont enchevêtrées l'une dans l'autre et finissent même par se recouper. De plus, à l'intérieur de ces deux récits intervient l'histoire d'Erlendur lorsqu'il était enfant à la fois vécue par le principal protagoniste mais aussi reprise par un journaliste dans un livre qu'Erlendur lit à sa fille.
Un retour dans le passé et l'impossible oubli
Tous les romans d'Arnaldur Indridason présentent une intrigue qui trouve sa solution dans des évènements anciens et distille ainsi une nostalgie en demi-teintes, douce-amère, que nous partageons avec les personnages pour qui l'oubli est impossible. Car les recherches entreprises par Erlendur sur la disparition de ces jeunes gens n'est pas une enquête mais une quête comme celle qu'il a toujours menée pour retrouver le corps de son petit frère, Bergur, disparu dans une tempête de neige et jamais retrouvé. C'est cette perte, ce sentiment de culpabilité aussi (il est vivant alors que Bergur est mort) qui expliquent la personnalité du policier.
-Parfois j'aimerais qu'il me laisse tranquille, qu'une journée entière passe sans qu'il vienne dans mes pensées.
- Et ça n'arrive jamais?
- Non, ça n'arrive jamais.
- Et ça n'arrive jamais?
- Non, ça n'arrive jamais.
Le personnage d'Erlendur, d'aspect plutôt revêche à priori, gagne à être connu, un peu comme un ami qui ne se livre pas facilement, avec ses pudeurs, ses secrets. Il s'enrichit de roman en roman. Les rapports qu'il entretient avec sa fille Eva Lind et son fils Sindri évoluent. Dans Hypothermie, il parvient enfin, lui qui est incapable d'exprimer ses sentiments, à se rapprocher de sa fille, elle aussi, marquée douloureusement par le divorce ses parents et l'abandon de son père. Le père et la fille essaient chacun de faire un pas l'un vers l'autre malgré le mur dressé entre eux par la blessure originelle d'Erlendur. Les liens qui se créent avec Eva Lind sont très beaux et c'est un des aspects le plus passionnant du roman.
La présence d'un pays
Dans Hypothermie comme dans les autres romans, l'Islande a une présence très forte avec ses hivers plongés dans la nuit propice aux suicides mais complice d'Erlendur :
L'obscurité et le froid ralentissait le passage du temps que le nuit couvrait d'un voile paisible
Et puis il y a ces lacs si nombreux et si beaux qui forment le paysage islandais, personnages eux aussi de l'action puisqu'ils président à la vie et à la mort de ceux qui leur font confiance : celui de Thingviller ou celui d'Uxavatn ...
Fillette, elle écoutait le clapotis de l'eau, assise seule au bord du lac. Jeune femme, elle promenait son regard au loin à la surface, goûtant toute la beauté et la clarté qui en émanaient.* Si l'on n'a pas encore lu Arnaldur Indridason, mieux vaut prendre les romans dans l'ordre pour mieux suivre l'évolution des personnages : La cité des jarres ; La dame en vert ; la voix ; l'homme du lac; Hiver arctique ; Hypothermie

Gérard de Nerval, les filles du feu
De qui est-ce? Le jeu de l'été (10) :
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme
Et si je vous disais qu'il s'agit d'un roman policier venu du Nord?
Elle resta longtemps immobile à scruter les ossements comme s'ils n'auraient pas dû se trouver là. Pas plus qu'elle-même, d'ailleurs.
Elle se disait que c'était encore un mouton qui s'était noyé jusqu'à ce qu'elle parvienne assez près pour distinguer un crâne à demi enfoui au fond du lac ainsi que la forme d'un squelette humain. Les côtes dépassaient du sable et, en dessous, on pouvait distinguer les contours des os du bassin et du fémur. Le squelette reposait sur le côté gauche.
Elle se disait que c'était encore un mouton qui s'était noyé jusqu'à ce qu'elle parvienne assez près pour distinguer un crâne à demi enfoui au fond du lac ainsi que la forme d'un squelette humain. Les côtes dépassaient du sable et, en dessous, on pouvait distinguer les contours des os du bassin et du fémur. Le squelette reposait sur le côté gauche.
Réponse à l'énigme (9)
Gwen, Wens , Aifelle et Lystig ont trouvé.
Il s'agit de Sylvie du recueil de nouvelles de Gérard de Nerval, qu'il a rassemblé sous le titre de Les Filles du feu. Presque toutes portent un prénom féminin. Le recueil paraît en 1854 juste un an avant le suicide du poète.
Angélique qui ouvre le recueil est un récit composé de lettres
Sylvie souvenirs du Valois d'où est extrait le texte cité : Sylvie et Adrienne sont les deux figures féminines de la nouvelle.
Chansons et légendes du ValoisIl s'agit de Sylvie du recueil de nouvelles de Gérard de Nerval, qu'il a rassemblé sous le titre de Les Filles du feu. Presque toutes portent un prénom féminin. Le recueil paraît en 1854 juste un an avant le suicide du poète.
Angélique qui ouvre le recueil est un récit composé de lettres
Sylvie souvenirs du Valois d'où est extrait le texte cité : Sylvie et Adrienne sont les deux figures féminines de la nouvelle.
Jemmy
Octavie
Isis
Corilla
Emilie
Les Chimères Ces sonnets ont aussi été intégrés par Nerval à la suite de Les filles du Feu
Sylvie est, de loin, le récit que je préfère, empreint de poésie, de douceur et de mélancolie. On y retrouve tous les thèmes chers au poète et d'abord Le Valois, cette région brumeuse avec ses vieux châteaux, ses mystères, ses moeurs mélancoliques un peu désuètes, ses jeunes filles qui chantent des chansons d'amour. Nerval y évoque les souvenirs de son enfance. A la recherche de son passé, le narrateur, qui s'exprime à la première personne, convoque ses souvenirs et décrit les premiers émois amoureux. Il éprouve une double attirance envers Adrienne, la blonde châtelaine, figure de la femme inaccessible qui incarne l'amour rêvé, idéalisé et Sylvie, la brune, qui représente la réalité terre à terre, bonheur possible que le poète, en proie à l'inquiétude et au doute, ne saurait saisir. Les filles du feu laissent déjà présager une autre oeuvre, Aurélia ou "la descente aux Enfers", dans laquelle Gérard de Nerval retrace sous forme de rêves prophétiques ses troubles mentaux et son cheminement vers la folie.
Résume du livre : L'évènement
Sylvie nous mène au coeur de la géographie nervalienne et de son univers mental : noms de villages et de jeunes filles en fleurs, rondes et déguisements, initiation amoureuse et faux mariage, chansons populaires et vieilles légendes, tout fait resurgir le passé tel qu'on le rêve : la résurrection du souvenir est aussi importante que son contenu. Nerval est à la poursuite d'une image, celle d'une actrice belle comme le jour et pâle comme la nuit. Tout se brise et se recompose perpétuellement, à partir d'un feu primordial où naîtraient les âmes. Il n'y a pas d'ordre, pas de hiérarchie, le monde extérieur et le monde mental n'ont plus de frontière, ni d'ailleurs l'érudition qui truffe ces récits. La pensée est toujours soutenue par le chant : c'est pourquoi, non seulement à cause des thèmes (et des femmes aimées), mais à cause de la recherche de la poésie pure, Nerval a voulu annexer Les Chimères à son recueil, dont elles sont le sommet et la conclusion.
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jeudi 28 juillet 2011
Mary Elizabeth Braddon : Lady Lisle
J'ai redécouvert chez moi un livre oublié d'Elizabeth Braddon, Lady Lisle, que je n'avais pas lu! Tant mieux, c'est toujours agréable de lire un roman de cette étonnante écrivaine de l'époque victorienne, inventrice du thriller, et qui sait, comme le dit Henry James : "beaucoup de choses que les dames n'ont pas coutume de savoir, mais qu'elles son apparemment heureuses d'apprendre".
Le plus étonnant c'est que l'héroïne, Lady Claribel Lisle, qui donne son titre au roman est une anti-héroïne; certes, elle est belle mais comme une poupée sans vie, sans expression et sans chaleur. De plus elle n'a ni l'intelligence, ni le courage de penser par elle-même et elle se soumet aveuglément aux ordres de ceux qui la dirigent. Ainsi pour ne pas mécontenter ses tuteurs, elle trahit l'amour du capitaine Arthur Walsingham pour épouser un homme riche, Réginald Lisle, dont elle a un fils. Arthur, désespéré part pour l'Inde mais lorsqu'il apprend que Claribel est veuve, il revient et l'épouse. Pourtant, le capitaine ne semble pas heureux. Lorsque le major Warney, un officier qu'il a connu en Inde, vient lui rendre visite, on comprend que le capitaine a quelque chose à se reprocher. A partir de là s'enchaîne une série de catastrophes!
Comme toujours l'imagination est au pouvoir avec Elizabeth Braddon et elle concocte pour nous, non pas une intrigue mais plusieurs, des mystères, des surprises, des rebondissements, des substitutions d'identité, des tragédies qui s'enchaînent. Elle fait vivre, de plus, de nombreux personnages, avec des méchants tout ce qu'il y a de plus méchants, des hommes tourmentés par leur conscience, des filles qui sont victimes de leur ambition, des fils aimants séparés de leur mère... Tous les ingrédients pour écrire un bon livre du genre. On le lit avec plaisir, on tremble -mais par vraiment -juste parce qu'on aime avoir peur. On y apprend aussi les coutumes et les mentalités de l'époque victorienne. Un livre bien agréable.
Le plus étonnant c'est que l'héroïne, Lady Claribel Lisle, qui donne son titre au roman est une anti-héroïne; certes, elle est belle mais comme une poupée sans vie, sans expression et sans chaleur. De plus elle n'a ni l'intelligence, ni le courage de penser par elle-même et elle se soumet aveuglément aux ordres de ceux qui la dirigent. Ainsi pour ne pas mécontenter ses tuteurs, elle trahit l'amour du capitaine Arthur Walsingham pour épouser un homme riche, Réginald Lisle, dont elle a un fils. Arthur, désespéré part pour l'Inde mais lorsqu'il apprend que Claribel est veuve, il revient et l'épouse. Pourtant, le capitaine ne semble pas heureux. Lorsque le major Warney, un officier qu'il a connu en Inde, vient lui rendre visite, on comprend que le capitaine a quelque chose à se reprocher. A partir de là s'enchaîne une série de catastrophes!
Comme toujours l'imagination est au pouvoir avec Elizabeth Braddon et elle concocte pour nous, non pas une intrigue mais plusieurs, des mystères, des surprises, des rebondissements, des substitutions d'identité, des tragédies qui s'enchaînent. Elle fait vivre, de plus, de nombreux personnages, avec des méchants tout ce qu'il y a de plus méchants, des hommes tourmentés par leur conscience, des filles qui sont victimes de leur ambition, des fils aimants séparés de leur mère... Tous les ingrédients pour écrire un bon livre du genre. On le lit avec plaisir, on tremble -mais par vraiment -juste parce qu'on aime avoir peur. On y apprend aussi les coutumes et les mentalités de l'époque victorienne. Un livre bien agréable.
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Joyce Carol Oates : La fille tatouée
De qui est-ce? Le jeu de l'été (9)
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme
Voilà un texte d'un de mes auteurs favoris (je sais, je sais, j'en ai beaucoup!) du XIXème siècle. Il est surtout connu pour ses poèmes. Je n'ai donné que la première lettre des prénoms des fillettes car ceux-ci, surtout le S... , seraient trop révélateurs. Cela se passe dans le Valois. Mais si vous avez besoin d'autres indices, vous n'avez qu'un mot à dire!
J'étais le seul garçon de cette ronde, où j'avais amené ma compagne toute jeune encore, S... une petite fille du hameau voisin, si vive et si fraîche, avec ses yeux noirs, son profil régulier et sa peau légèrement hâlée!... Je n'aimais qu'elle, je ne voyais qu'elle, - jusque-là! A peine avais-je remarqué, dans la ronde où nous dansions, une blonde, grande et belle, qu'on appelait A... Tout à coup, suivant les règles de la danse, A... se trouva placée seule avec moi au milieu du cercle. Nos tailles étaient pareilles. On nous dit de nous embrasser, et la danse et le choeur tournaient plus vivement que jamais. En lui donnant ce baiser, je ne pus m'empêcher de lui presser la main. Les longs anneaux roulés de ses cheveux d'or effleuraient mes joues. De ce moment un trouble inconnu s'empara de moi. La belle devait chanter pour avoir le droit de rentrer dans la danse. On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celle des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour, qui racontent toujours les malheurs d'une princesse enfermée dans la tour par la volonté d'un père qui la punit d'avoir aimé.
Réponse à l'énigme (8)
La fille tatouée de Joyce Carol Oates
Vous avez été nombreux à trouver le résultat de l'énigme, soit l'auteur ou le titre, ou l'un et l'autre : Aifelle, Dominique Jeanne, George, Gwen, Wens...
La fille tatouée de Joyce Carol Oates est un roman qui vous bouscule, que dis-je? qui vous malmène, vous rudoie, vous bouleverse, vous empoigne enfin. Tout, du récit au style, de l'intrigue générale aux détails, est dérangeant et je comprends pourquoi il a été si controversé à sa sortie! Une chose est sûre : s'il ne fait pas plaisir, si l'on n'en sort pas indemne, c'est parce que c'est un grand roman!
Deux personnages en opposition totale
Alma Bush est décidément une pauvre fille, une paumée. Elle vient d'un pays, le comté d'Akron en Pensylvannie, qui ressemble à l'enfer - au sens propre- avec ses fumerolles qui s'élèvent du sol, ses vapeurs, ses gaz toxiques, sa puanteur, avec les incendies de ses mines d'anthracite. Elle est issue d'une famille pauvre où le mot amour n'existe pas. Les hommes l'ont toujours traitée en objet sexuel, ils l'utilisent, ils la vendent, l'insultent et la seule chose qu'elle reçoit d'eux, ce sont des coups de pieds dans le ventre, ce dont ils ne se privent pas. Pourquoi accepte-t-elle? parce qu'elle n'a aucune estime pour elle-même, est persuadée que personne ne peut l'aimer, parce qu'elle pense le mériter!
Joshua Seigl est de famille juive. Ecrivain brillant et reconnu, il a écrit un livre, considéré comme un chef d'oeuvre, sur ses grands parents morts dans les camps de concentration. Lui aussi est fragile et prompt à se replier sur lui-même mais il est riche, érudit, bel homme, habitué à recevoir l'admiration des femmes et les hommages des lettrés et des intellectuels qui l'entourent. Cependant, quand, atteint d'une grave maladie, il est obligé de prendre un assistant, le voilà qui refuse tous les brillants étudiants qui se présentent chez lui pour prendre Alma Bush à son service! Voir la suite ici
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Gao Xingjian, discours pour le prix Nobel de littérature le 7 décembre 2000
Ciel et terre, oeuvre de Gao Xingjian
La citation de ce jeudi est extraite du discours du Prix Nobel de littérature attribué à l'écrivain et peintre chinois Gao Xingjian en 2000.
La vérité est certainement la qualité la plus fondamentale de la littérature, et la moins réfutable.
Pour l'écrivain, affronter le réel ou non n'est pas uniquement question de procédé de création, c'est lié intimement à son attitude d'écriture. Savoir si ce qui est écrit est réel ou non signifie aussi : écrit-on de manière sincère? Ici, le réel n'est pas seulement jugement de valeur littéraire, il revêt un sens éthique.
La fiction entre les mains d'un écrivain rigoureux dans son attitude d'écriture, doit elle aussi avoir comme préalable d'exprimer la réalité de la vie humaine, là réside la force vitale des oeuvres impérissables qui ont traversé les siècles. C'est parce qu'il en est ainsi que la tragédie grecque et Shakespeare ne pourront jamais passer de mode.
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mercredi 27 juillet 2011
Christian Bobin : Autoportrait au radiateur (citation)
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) et me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme
Il s'agit d'un roman contemporain avec deux personnages principaux très différents l'un de l'autre :
LUI :
La descente dans l'Averne est facile : nuit et jour la porte du sombre Dis est ouverte... Il sourit à ces vers de Virgile flottant à sa conscience comme l'écume sur une rivière. Il se dit qu'il n'avait pas peur : son âme était aussi coriace que le cuir de ses plus vieilles bottes.
Il engagerait quelqu'un pour habiter chez lui. Il avait d'ailleurs réellement besoin d'un assistant pour son projet de traduction.
Il engagerait quelqu'un pour habiter chez lui. Il avait d'ailleurs réellement besoin d'un assistant pour son projet de traduction.
ELLE :
Elle avait l'air trop sérieux et trop abattu pour être une prostituée, et vraiment pas assez glamour, malgré des cheveux blond cendré qui lui tombaient aux épaules et un visage jeune, sensuel, frappant; rond et aussi mou que de la pâte à pain. Sa peau était blanche à l'exception d'une marque magenta en forme de papillon sur la joue droite. Elle avait les yeux meurtris, les paupières tombantes, et sa petite bouche luisante béait comme si elle respirait rapidement par là, une respiration à la fois superficielle et accélérée.
Réponse à l'énigme
Et oui il s'agit d'un extrait du texte de Christian Bobin : Autoportrait au radiateur.
Aifelle, Wens, l'Ogresse de Paris ont gagné!
Je n'écris pas un journal mais un roman. Les personnages principaux en sont la lumière, la douleur, un brin d'herbe, la joie et quelques paquets de cigarettes brunes." Christian Bobin écrit donc le roman d'une année, décrivant la vie comme elle va, le temps comme il passe. Les mots suivent le temps des fleurs, le temps d'une cigarette, le temps de l'enfance, le temps de l'absence. Des mots simples, de la joie ou de la tristesse, qui font gagner à l'écrivain le pari d'une écriture du silence (Note de l'éditeur)
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mardi 26 juillet 2011
Kristin , Nach Fraülein Julie. Christine d'après mademoiselle Julie de Strindberg de Kathie Mitchell et Leo Warner
Avis de Claudialucia
J'ai vu Kristin dans le cadre du festival In, une pièce créée par le metteur en scène Katie Mitchell et le vidéaste Leo Warner avec les comédiens du Schaubühne Berlin d'après Mademoiselle Julie de Strindberg. Et disons le tout de suite, c'est une réussite tant au point de vue de la réalisation technique que de l'esthétique du spectacle et de l'émotion qu'il procure au spectateur. Un spectacle qui combine étroitement deux arts, le théâtre et le cinéma, avec une égale maîtrise. Un coup de coeur!
Rappelons l'intrigue de la pièce de Strindberg.
Pendant la nuit folle de la Saint-Jean qui lâche la bride aux maîtres comme aux serviteurs, mademoiselle Julie séduit son domestique et/ou se laisse séduire par lui. Ils croient pouvoir bousculer les rapports de classes traditionnels, remettre en cause la hiérarchie sociale et s'imaginent s'enfuyant ensemble pour refaire leur vie au loin. Mais le lendemain de fête les ramène à eux-mêmes, chacun enfermé dans son rôle social et Julie se suicide.
Le serviteur, Jean, un jeune homme séduisant et ambitieux, beau parleur aussi, est fiancé à Christine, une servante qui joue un rôle secondaire dans la pièce. Katie Mitchell et Leo Warner s'emparent de ce personnage pour imaginer ce que la servante a vu, compris ou saisi de l'aventure entre sa maîtresse et son fiancé et quels ont été ses sentiments. Il a donc fallu, en fait, réécrire une nouvelle pièce où Kristin devient le personnage central, tout en restant le plus proche possible de celle de Strindberg.
Grâce à un ingénieux dispositif scénique, le décor de la maison de Julie qui se transforme par des panneaux coulissants entre intérieur et extérieur, on peut se rendre compte que Kristin est à même de voir et d'entendre ce qui se passe dans les pièces où elle n'est pas. Il en de même pour l'extérieur qu'elle observe d'une fenêtre. Si bien qu'elle suit, et avec quelle douleur rentrée! l'idylle qui se noue entre les jeunes gens, sans jamais pouvoir exprimer sa révolte, son humiliation, son chagrin, elle, servante soumise au pouvoir de sa riche maîtresse comme à celui de l'Homme, Jean, qu'elle sert avec dévouement.
Grâce à un ingénieux dispositif scénique, le décor de la maison de Julie qui se transforme par des panneaux coulissants entre intérieur et extérieur, on peut se rendre compte que Kristin est à même de voir et d'entendre ce qui se passe dans les pièces où elle n'est pas. Il en de même pour l'extérieur qu'elle observe d'une fenêtre. Si bien qu'elle suit, et avec quelle douleur rentrée! l'idylle qui se noue entre les jeunes gens, sans jamais pouvoir exprimer sa révolte, son humiliation, son chagrin, elle, servante soumise au pouvoir de sa riche maîtresse comme à celui de l'Homme, Jean, qu'elle sert avec dévouement.
En même temps que se déroule le drame au théâtre, celui-ci est filmé de près par plusieurs caméras qui suivent les comédiens. Le film se fait devant nous, projeté sur un écran au-dessus du décor, nous permettant d'assister à la représentation théâtrale et simultanément à la réalisation filmique! Un enrichissement certain pour le spectateur qui peut voir à la fois la scène de l'extérieur de la maison mais aussi de l'intérieur, dédoublement spatial absolument étonnant et qui nous éclaire sur les personnages. Grâce au film, le spectateur approche les comédiens de près, observe les gestes quotidiens de la servante qui confectionne un plat pour son fiancé, vaque à ses occupations, puis épie, traque avec obstination les amants. Par l'intermédiaire de gros plans sur son visage transparaissent tous ses sentiments; son silence, car la servante parle peu est plein de douleur et de reproche.
Quant au film qui se réalise devant nous, il faut d'abord souligner l'exploit technique qu'il représente, plusieurs caméras filmant au pied levé Kristin mais aussi sa doublure, et les doublures de ses mains, une Kristin démultipliée qui nous apparaît ainsi sous diverses facettes. Mais ce qui est saisissant, c'est la beauté du film, magnifié par de splendides éclairages, halos des lampes en cuivre qui crée des clairs-obscurs dignes d'un tableau de Rembrandt. Notons aussi la beauté du texte très poétique repris en allemand par une voix féminine puis masculine qui accompagne les images.
Quant au film qui se réalise devant nous, il faut d'abord souligner l'exploit technique qu'il représente, plusieurs caméras filmant au pied levé Kristin mais aussi sa doublure, et les doublures de ses mains, une Kristin démultipliée qui nous apparaît ainsi sous diverses facettes. Mais ce qui est saisissant, c'est la beauté du film, magnifié par de splendides éclairages, halos des lampes en cuivre qui crée des clairs-obscurs dignes d'un tableau de Rembrandt. Notons aussi la beauté du texte très poétique repris en allemand par une voix féminine puis masculine qui accompagne les images.
Peu à peu, nous entrons dans la peau de la servante qui devient si proche de nous que nous sentons l'émotion nous gagner, nous sommes envahis par la pesanteur qu'elle éprouve et que rien ne semble pouvoir soulager.
Avis de Wens
Katie Mitchell a décidé d'adapter la pièce de Strinberg en se plaçant le regard et l'écoute de Christine, la cuisinière que Jean le valet délaisse pour la fille de la maison, Julie.
Sur un vaste écran est projeté un film qui adopte le point de vue de Christine. Le spectateur est invité à partager son drame profond et intime, à plonger dans un univers étouffant et angoissant digne de Bergman. Pas un cri, mais simplement une attitude, un geste, un regard suffisent à trahir le désespoir et la souffrance intérieure de Christine. Magie du cinéma, on lit tous les sentiments sur le visage de l'actrice grâce aux gros plans, ce qui habituellement est pratiquement impossible à voir
au théâtre, à moins d'occuper les premiers rangs.
Mais sous l'écran, la pièce se joue, elle est filmée en direct. Jusqu'à cinq caméras en mouvement suivent les acteurs au plus près, captent leurs émotions. Le montage image s'effectue en direct avec une rigueur étonnante, tous les raccords sont exceptionnels d'une grande beauté : mouvements, gestes, regards…Ce montage nécessite plusieurs "Chistine" qui est alors doublée par d'autres actrices venant prêter, une partie de leur corps, leurs mains.
Sur un vaste écran est projeté un film qui adopte le point de vue de Christine. Le spectateur est invité à partager son drame profond et intime, à plonger dans un univers étouffant et angoissant digne de Bergman. Pas un cri, mais simplement une attitude, un geste, un regard suffisent à trahir le désespoir et la souffrance intérieure de Christine. Magie du cinéma, on lit tous les sentiments sur le visage de l'actrice grâce aux gros plans, ce qui habituellement est pratiquement impossible à voir
au théâtre, à moins d'occuper les premiers rangs.
Mais sous l'écran, la pièce se joue, elle est filmée en direct. Jusqu'à cinq caméras en mouvement suivent les acteurs au plus près, captent leurs émotions. Le montage image s'effectue en direct avec une rigueur étonnante, tous les raccords sont exceptionnels d'une grande beauté : mouvements, gestes, regards…Ce montage nécessite plusieurs "Chistine" qui est alors doublée par d'autres actrices venant prêter, une partie de leur corps, leurs mains.
Le mixage son est aussi réalisé en "live". Les quelques beaux dialogues sont enregistrés avec des niveaux sonores variables, parfois ils nous parviennent étouffés, perçus à travers une cloison ou le plancher de la chambre de Christine. En effet la perception des dialogues de Jean et Julie est subjective, nous entendons comme Christine en fonction de l'endroit où elle se trouve. Dans quelques scènes, apparaissent des voix off splendides, enregistrées par les comédiens présents sur la scène. La poignante musique originale pour violoncelle, jamais envahissante, de Paul Clark est interprétée devant nos yeux sur le plateau. Les bruitages sont réalisés aussi en direct. L'eau qui coule, le son des verres qui s'entrechoquent, le couteau qui s'enfonce dans un morceau de viande…tous ces simples bruits du quotidien soulignent l'enfermement social de Christine.
Le décor est constitué de deux pièces fermées. L'une est censée être la chambre de la domestique, le spectateur dans la salle de théâtre ne voit pas l'intérieur, il ne le verra qu'à travers l'objectif d'une caméra présente dans la chambre. Christine, très prude, enlève son corsage à l'abri des regards ; nous partageons son domaine intime où sur un mur figure en bonne place un crucifix qui souligne le caractère très religieux du personnage. La seconde pièce est la cuisine, l'intérieur n'est visible pour le spectateur que par quelques fenêtres. C'est le lieu de travail de la cuisinière, toute irruption de Jean ou de Julie dans cet espace brise l'équilibre social et moral, brise les conventions. Un couloir relie la chambre et la cuisine. Sur ce sombre corridor s'ouvrent de nombreuses portes que Christine souvent ne fait qu'entrouvrir. A travers l'entrebâillement, elle observe, écoute… parce que dans les dialogues entre Julie et Jean se joue son destin. Deux cloisons mobiles transforment la disposition du décor, et permettent de donner l'impression d'une vaste demeure, l'illusion est telle que nous en arrivons à penser que les chambres sont situées à l'étage alors que tout le décor est de plein pied. La maison n'est pas un lieu clos, elle est ouverte sur une grande rue animée, comme le montre des ombres de passants marchant devant les fenêtres. Une porte s'ouvre : des cris de joie de la fête de la Saint-Jean ou le chant d'un oiseau, la lumière du soleil pénètrent dans le lieu du drame en un terrible contrepoint.
Rarement le théâtre peut nous offrir un tel moment de bonheur, quand le plaisir de l'esprit rejoint le plaisir des sens.
Le décor est constitué de deux pièces fermées. L'une est censée être la chambre de la domestique, le spectateur dans la salle de théâtre ne voit pas l'intérieur, il ne le verra qu'à travers l'objectif d'une caméra présente dans la chambre. Christine, très prude, enlève son corsage à l'abri des regards ; nous partageons son domaine intime où sur un mur figure en bonne place un crucifix qui souligne le caractère très religieux du personnage. La seconde pièce est la cuisine, l'intérieur n'est visible pour le spectateur que par quelques fenêtres. C'est le lieu de travail de la cuisinière, toute irruption de Jean ou de Julie dans cet espace brise l'équilibre social et moral, brise les conventions. Un couloir relie la chambre et la cuisine. Sur ce sombre corridor s'ouvrent de nombreuses portes que Christine souvent ne fait qu'entrouvrir. A travers l'entrebâillement, elle observe, écoute… parce que dans les dialogues entre Julie et Jean se joue son destin. Deux cloisons mobiles transforment la disposition du décor, et permettent de donner l'impression d'une vaste demeure, l'illusion est telle que nous en arrivons à penser que les chambres sont situées à l'étage alors que tout le décor est de plein pied. La maison n'est pas un lieu clos, elle est ouverte sur une grande rue animée, comme le montre des ombres de passants marchant devant les fenêtres. Une porte s'ouvre : des cris de joie de la fête de la Saint-Jean ou le chant d'un oiseau, la lumière du soleil pénètrent dans le lieu du drame en un terrible contrepoint.
Rarement le théâtre peut nous offrir un tel moment de bonheur, quand le plaisir de l'esprit rejoint le plaisir des sens.
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George Sand, la Petite Fadette
De qui est-ce? Ce petit jeu de l'été a été initié par Mango et repris à sa demande dans mon blog.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) ou me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Ce jeu de qui est-ce? - juste pour le fun- consiste tout simplement à retrouver l'auteur et le titre du roman célèbre dont je présente un extrait. Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) ou me laisser des indices dans les commentaires sans révéler l'auteur, indices qui me permettront de savoir si vous avez vu juste et d'aider ceux qui ne savent pas.
Nouvelle énigme
Un écrivain contemporain que vous reconnaîtrez peut-être à son style si caractéristique :
L'enfance est longue, longue, longue. Après vient l'âge adulte qui dure une seconde et la seconde suivante la mort éclate, ruisselle.
Les enfants en bas âge prennent toutes les forces de ceux qui s'occupent d'eux et, en un millième de seconde, par la grâce d'un mot ou d'un rire, ils donnent infiniment plus que tout ce qu'ils avaient pris.
"Infiniment plus que tout" : c'est le nom enfantin de l'amour, son petit nom, son nom secret.
Réponse à l'énigme
Aifelle, Gwen, Lystig , Mango, Wens ont trouvé! Bravo!
Il s'agit de La Petite Fadette de George Sand (j'ai pensé à George et à mon challenge en choisissant le texte). Le passage choisi montre Landry en train de traverser la rivière dans la nuit. Mais trompé par un feu follet il échappe à la noyade en gardant son sang froid. A l'époque dans les superstitions berrichonnes, le feu follet est considéré comme un esprit malfaisant, lié au diable.
Il fit bien de s'arrêter, car le trou se creusait toujours, et il en avait jusqu'aux épaules. L'eau était froide, et il resta un moment à se demander s'il reviendrait sur ses pas; car la lumière lui paraissait avoir changé de place, et mêmement il la vit remuer, courir, sautiller, repasser d''un rive à l'autre, et finalement se montrer double en se mirant dans l'eau, où elle se tenait comme un oiseau qui se balance sur ses ailes, et en faisant entendre un petit bruit de grésillement comme ferait une pétrole de résine.
Cette (..) il eut peur et faillit perdre la tête, et il avait ouï dire qu'il n'y a rien de plus abusif et de plus méchant que ce feu-là; qu'il se faisait un jeu d'égarer ceux qui le regardent et le les conduire au plus creux des eaux, tout en riant à sa manière et en se moquant de leur angoisse.
(..) Il ferma les yeux pour ne point le voir, et se retournant vivement, à tout risque, il sortit du trou, et se retrouva au rivage. Il se jeta alors sur l'herbe, et regarda le follet qui poursuivait sa danse et son rire. c'était vraiment une vilaine chose à voir.
La petite Fadette est une lecture de mon enfance et je peux bien dire que je l'ai lu et relu alors et adoré!
Deux jumeaux, Landry et Sylvinet, des bessons- comme on dit dans le Berry- vivent dans une famille de fermiers aisés, les Barbeau. Ils sont très attachés l'un à l'autre, trop peut-être; surtout de la part de Sylvinet, plus fragile et plus doux que son frère. A leur naissance la sage femme avait prévenu : Enfin empêchez-les par tous les moyens que vous pourrez imaginer de se confondre l'un à l'autre et de s'accoutumer à ne pas se passer l'un de l'autre. Ce qui n'a pas été fait. Aussi quand Landry doit aller travailler à la ferme des voisins, Sylvinet ne supporte pas la séparation et s'enfuit. Landry le recherche et le retrouve grâce à la petite Fadette, une jeune paysanne, Françoise Fadet. En récompense et malgré sa mauvaise réputation, La Fadette obtient de Landry qu'il la fasse danser au bal du village. Orpheline pauvre, élevée par sa grand mère qui a le secret des plantes, elle a une tenue négligée voire misérable, des manières de sauvageonne qui font qu'elle est considérée comme une sorcière. Landry n'est pas très heureux de faire danser ce laideron au lieu de la belle Madelon qu'il courtise. Mais il tient sa promesse. Peu à peu il va découvrir La petite Fadette que l'amour transforme en charmante jeune fille paisible et sage. Landry finira par l'épouser après avoir surmonté bien des obstacles. Sylvinet, lui aussi amoureux de la jeune femme, s'engage par désespoir dans l'armée napoléonienne où il obtient le grade de capitaine, réussite sociale pour une famille de paysan, mais il ne guérira jamais de son amour.
Ce roman a beaucoup de charme et celui-ci tient, bien sûr, aux personnages avec qui l'on peut aisément s'identifier et surtout, pour moi, avec la Fadette, le "Grelet". Quand j'étais enfant j'étais de tout coeur avec la petite Fadette rejetée par tout le village, tellement rabrouée qu'elle répondait aux insultes par la méchanceté et la raillerie. Et, bien sûr, j'adorais l'histoire d'amour! Plus tard, j'ai pris conscience que ce n'est pas en jouant sur les ressorts de la compassion ou du misérabilisme que George Sand nous la fait aimer. La petite Fadette a une force de caractère qui lui fait tenir tête à ceux qui l'offensent, une fierté qui empêche qu'on la prenne en pitié et sous sa rude apparence une bonté véritable.. Peut-être faut-il regretter qu'elle devienne plus conventionnelle en rejoignant la "bonne" société? Mais ce sont des questions que j'étais loin de me poser dans mon enfance et je continue à trouver le personnage attachant de même que celui de Landry.
Enfin même si beaucoup de personnes n'apprécient pas les romans dits "champêtres" de George Sand, personnellement, j'ai toujours été sensible à la description -parfois un peu désuète (mais j'adore)- qui en émane. Le tableau des paysans que Sand aimait tant, des us et coutumes, des croyances et superstitions, dans le Berry du XIX ème siècle est passionnant..
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