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mardi 20 mars 2012

Départ à New York




Je pars demain à New York pour une dizaine de jours. Pendant mon absence, mon blog continue avec 

 Mercredi 21 : Le challenge les 12 d'Ys
les citations politiques du jeudi
Les dimanches poétiques, 
Samedi 24  énigme Un jeu/un livre  avec le concours de Sabbio (chez Wens aussi)
Et de temps en temps des articles ou des photos de New York

Bonne visite et à bientôt...

lundi 19 mars 2012

Concours George Sand organisé dans le blog Les livres de George



 Je suis l'heureuse gagnante d'un concours sur George Sand organisé par George herself avec la participation d'Amazon qui a doté le concours d'un chèque cadeau de 50 euros.


Je veux profiter de ce billet vous montrer  comment j'ai converti  ce bon d'achat en livres ou en belles "munitions pour la vie" selon les mots de Montaigne.

Pour notre prochain départ à New York (Wens et moi) :


Pour une petite fille que je connais bien :


Pour des amoureuses de l'Italie  (ma fille et moi-même) :


Pour l'énigme Un Livre/un Film qui paraît le samedi dans mon blog et dans celui de Wens : un livre dont je ne vous dis pas le titre, bien sûr!
 
Un grand merci à George de qui je tiens toutes mes connaissances sur  Sand et à Amazon!


dimanche 18 mars 2012

Dernier poème de Robert Desnos : J’ai rêvé tellement fort de toi…

 Photographie : Aurélia Frey


Robert Desnos, poète résistant, est arrêté par la Gestapo le 22 février 1944 et amené à Compiègne. De là, il est envoyé à Buchenwald, puis à Floha, en Saxe.  Au moment de l'arrivée des troupes alliées, il est déplacé vers Terezine dans l'ancienne Tchécoslovaquie. Une marche de 200 km à pied, des jours de souffrance et de désespoir pour ces hommes affaiblis, sous-alimentés, malades, que l'on achève en cours de route s'ils ne parviennent pas à suivre...
Quand les alliés arrivent à  Terezine, Desnos est atteint du typhus. Il est transporté à l'hôpital militaire installé par les russes pour accueillir les malades. Ceux-ci font appel à des étudiants de la faculté de médecine de Prague pour enrayer l'épidémie.
C'est ainsi qu'un jeune tchèque, Joseph Stuna, lit dans les registres que Robert Desnos est parmi les prisonniers. Epris de poésie française, admirateur du surréalisme et de Robert Desnos, le jeune homme cherche le poète et croit le reconnaître dans les traits émaciés d'un malade; et comme on demande à ce dernier s'il connaît le poète français Robert Desnos, il répond :

- Oui!  Robert Desnos, poète français, c'est moi! C'est moi!

Le 8 juin 1945, Robert Desnos s'éteint. Il devra à la poésie, ce langage universel, de ne pas mourir seul, inconnu, et d'avoir autour de lui des amis pour le soutenir.

On a retrouvé dans la poche de son vêtement un poème qui a pendant longtemps été considéré comme le dernier, dédié à sa femme Youki. Or, il n'en est rien. Le poème a été écrit en 1926 et dédicacé à la Mystérieuse, une autre que Youki. Voir le petit monde de Youki.

Mais le poème, devenu légende, n'a rien perdu de sa beauté.


         Le Dernier poème

J'ai rêvé tellement fort de toi,

J'ai tellement marché, tellement parlé,

Tellement aimé ton ombre,

Qu'il ne me reste plus rien de toi.

Il  me reste d'être l'ombre parmi les ombres

D'être cent fois plus ombre que l'ombre

D'être l'ombre qui viendra et reviendra

dans ta vie ensoleillée.

Lire aussi :  le livre de André Bessières : destination Auschwitz avec Robert Desnos

Un Livre/ Un film : réponse à l'énigme N° 26 Simenon, L'horloger de Saint Paul


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Les gagnants sont : Aifelle, Asphodèle, Eeguab, Dasola, Keisha, Jeneen, Nanou, Pierrot Bâton, Somaja.
Le livre :  L'horloger  d'Everton de Simenon
Le film : l'horloger de Saint Paul de Tavernier
 Merci à tous et toutes pour votre participation et une petite pensée, en particulier, aux collables, collés et englués! Et oui tout ça!

Lorsque Simenon écrit l'Horloger d'Everton, il est aux Etats-Unis où il est parti s'installer après la guerre jusqu'en 1955. C'est pourquoi le récit du roman se situe à Everton, une petite ville du Missouri. Et la cavale des enfants poursuivis par la police se poursuit à travers deux états jusqu'en Indiana.

La vie de Dave Galloway, horloger à Everton se poursuit paisible dans cette petite ville jusqu'au jour où en rentrant de sa partie de cartes hebdomadaire chez son ami Musak, il s'aperçoit que son fils Ben, seize ans, est parti en empruntant sa voiture. Il a bien vite des nouvelles de Ben et de sa petite amie Lillian qui sont partis pour se marier. Ben a tué un homme pour lui voler son argent et tous les deux sont traqués d'un état à l'autre par la police. Pendant cette chasse à l'homme tragique, Dave Galloway accompagne son fils en pensée. Lui qui croit si bien connaître son enfant qu'il a élevé seul après le départ de sa femme, s'interroge sur les causes de cette violence, il essaie de comprendre comment Ben en est arrivé là.

Ce roman de Simenon n'a rien de policier, c'est surtout un roman d'analyse psychologique où Simenon explore les rapports d'un père avec son enfant. La symbiose étroite qui existait entre le garçon élevé par un père qui lui tient lieu de tout vole en éclats d'une manière brutale, imprévisible. Aucun prémisse ne l'a annoncé. Galloway en porte-t-il la responsabilité? C'est ce qu'on lui reproche pendant le procès de son fils. Pourquoi ne s'est-il pas remarié après le départ de sa femme, pourquoi a-t-il privé l'enfant d'une présence féminine?
Galloway retourne dans le passé et nous en apprenons plus sur la personnalité de Ruth, cette femme qu'il a choisie d'épouser contre l'avis de tous, en sachant lui-même qu'il faisait une erreur et que cela ne pouvait pas marcher! Pourquoi ce choix malgré sa lucidité? L'interrogation sur la filiation l'amène aussi à explorer ses propres rapports avec son père bien-aimé à qui il s'identifiait totalement mais qui est mort quand il était encore enfant. Sa mésentente avec sa mère et surtout avec son beau-père après le remariage de sa mère est aussi analysée.Trois générations, le grand père, Dave, Ben, trois êtres qui se ressemblent malgré leur différence, et qui portent tous trois le germe de la révolte plus ou moins étouffé en eux, sans pouvoir totalement se libérer, voilà ce qui peut expliquer l'acte de Ben!

Les différences avec le film sont notables. Il y a d'abord le lieu, bien sûr, mais surtout l'époque! Le film transpose le récit d'Everton à Lyon dans la société français d'après 68. Dave Galloway devient Michel Descombes (Philippe Noiret), le fils Ben devient Bernard (Sylvain Rougerie). Le film prend alors une toute autre coloration car Tavernier en fait un film engagé. Les motivations de Bernard, quand il tue le patron de Liliane (Christine Thomas) sont à la fois sentimentales et politiques. Il veut venger l'humiliation peut-être même le viol de son amoureuse et l'injustice de son renvoi même  s'il le nie. La victime devient le symbole de l'oppresseur, du patron qui abuse de son pouvoir, du harcèlement des femmes dans les entreprises. Les jeunes amies de Liliane en témoignent. Dimension politique absolument absente du roman. Nous sommes ancrés dans un quartier populaire de Lyon, le quartier de Saint Paul. Michel Descombes est un anar sympathique qui refusera , en accord avec son fils, d'utiliser  cette histoire à des fins politiques. Son meilleur ami Antoine (Jacques Denis) est communiste et la conversation quand tous se rencontrent roulent autour de faits sociaux ou politiques, des élections par exemple. Ce qui, à l'origine était une faiblesse (Tavernier n'avait pas le financement pour tourner aux Etats-Unis) devient force en s'intégrant ainsi à la réalité quotidienne de la France des années 1970, dans la France de Pompidou et  les mentalités de l'époque.

Dans le film comme dans le roman le thème de l'amitié est largement développé : Musak, le bourru, le taiseux du roman se montre solide et sûr quand l'horloger a besoin de lui, de la même manière que  Antoine dans le film, même si les personnalités des amis sont très dissemblables.
 Le rôle du policier dans le film prend une ampleur qu'il n'a pas dans le roman. Dans le livre il n'apparaît qu'une fois et témoigne de la sympathie et de la compréhension pour Galloway. Il lui dit : 
Je crains bien, monsieur Galloway, que tous, tant que nous sommes, soyons les derniers à  connaître nos enfants mais il disparaît bien vite. Alors que dans le film, le commissaire Guibout est un personnage important, humain, compatissant, interprété avec finesse par Jean Rochefort. L'horloger et le policier pourraient presque devenir amis si ce n'était les circonstances et si leur analyse des faits ne divergeait pas autant (voir chez Wens la vidéo de la fameuse discussion, si poétique et si émouvante, avec les belles voix de Noiret-Rochefort, sur le petit garçon méchant). Le commissaire est celui qui doit arrêter Edouard, donc l'ennemi. Cette amitié est d'autant plus impossible que nous sommes encore dans la mentalité soixante-huitarde où "tout flic est un homme à abattre".

samedi 17 mars 2012

Un Livre/ Un film : énigme N° 26




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Enigme 26

Bien qu'il ne soit pas écrit par un écrivain américain, le récit de ce roman se passe aux Etats-Unis dans une petite ville. Un père apprend que son fils de seize ans qui fait une fugue avec sa petite amie est poursuivi pour meurtre par la police. Le livre n'est pas vraiment un roman policier mais analyse surtout les rapports d'un père avec son enfant qu'il a élevé seul et ses sentiments douloureux. Il ne porte pas le même titre que le film.

Aurait-il vécu cette soirée autrement, ou se serait-il efforcé de la savourer davantage, s'il avait prévu que c'était sa dernière soirée d'homme heureux? Cette question, et beaucoup d'autres, y compris de savoir s'il avait jamais été réellement heureux, il faudrait plus tard qu'il essaie d'y répondre.
Il n'en savait encore rien, se contentait de vivre, sans hâte, sans problèmes, sans même avoir pleinement conscience de les vivre, des heures si pareilles à d'autres qu'il aurait pu croire les avoir déjà vécues.

vendredi 16 mars 2012

Nelly Labère/ Aurélia Frey : Calle del Barco 13, sous le signe d'Oulipo



Calle del Barco 13 est un livre édité à Madrid et c'est pourquoi il est présenté dans une édition bilingue français-espagnol. Le texte est de Nelly Labère et les photographies d'Aurélia Frey*. Toutes deux ont réalisé cet ouvrage lorsqu'elles étaient en résidence d'artistes à la Casa Velasquez.
La rue de la Barque, c'est là que Nelly Labère aménage quand elle arrive à Madrid, dans un quartier en pleine mutation, un aquarium ouvert à mon imagination.  

De ses eaux troubles, je n'ai gardé que le meilleur : ses habitants curieux, ses chapelles ardentes, ses prostituées en résille, ses junkies hallucinés, ses églises baroques, ses vieux commerçants suspicieux et ses jeunes entrepreneurs investissant le quartier.

Le livre est né de sa fascination pour ce quartier envoûtant et de sa passion pour l'écrivain George Perec :  
Autrefois j'ai aimé un homme. Mais il est mort avant que je naisse, un vendredi 13. Cet homme m'a donné le goût de la lecture. Il est pour moi, la vie mode d'emploi et l'envie d'aller voir toujours derrière les choses. C'est à lui que je dédie non pas le 11 rue Simon-Crubellier mais ce Calle Del Barco 13.
Cette envie d'aller voir toujours derrière les choses, Nelly Labère l'a transmise à la photographe Aurélia Frey. C'est le début de leurs découvertes de lieux riches dans leur diversité, du couvent à la maison close, des bars branchés aux églises baroques, de rencontres étonnantes, de portraits chaleureux. Treize portraits : de l'autochtone à l'émigré, de l'espagnol à l'argentin ou au bolivien, du prêtre, de l'ouvrière, du transsexuel, la Mère supérieure, le commerçant, la prostituée, un brassage de populations de tous les milieux sociaux, 13 destins  qui parlent et livrent leur vie, leurs rêves.
  
Aucun de nous ne fait rien tout seul dans ce monde sauf mourir.

Quelques extraits

ROUGE

Moi je suis rouge depuis le plus profond de mes artères, je n'ai de père que celui que ma mère m'a donné, je n'ai pour frères que ceux qui ont le poing levé..
 

christ fusillé pendant la guerre civile espagnole

LA CHE 
Mon nom à moi, c'est Romina. C'est mon nom de scène. Et maintenant, c'est mon nom à moi. Parfois on m'appelle Che à cause de mon accent. Mais mon nom de baptême, c'est Diego. (...)
Quand je le lui ai annoncé ma mère a beaucoup pleuré. Mais je lui ai dit : "Ton fils est mort mais ta fille vient de naître. Je serai toujours là, maman".


 Diego

 LE FOU D'ELSA

J'aime quand Elsa se farde.  Son visage d'enfant se transforme alors sous la poudre et les couleurs pour devenir cette autre que je ne connais pas, que je ne reconnais plus, qui m'entraîne dans le sillage de son parfum...

Elsa

 Quelques personnages
 Le père Pedro :
 Caractéristiques :  Laisse l'église ouverte toute la nuit les samedis, comme les bars, pour que les gens aient la possibilité de prier.

Laura : 76 ans retraitée. Elle travaillait dans le textile, du petit matin à la nuit tombée.
Rêves : Elle pensait que quand elle allait s'arrêter de travailler, elle casserait le réveille-matin. Mais elle ne l'a jamais fait....
.................................................................

* Oui, je sais Aurélia est ma fille et la maman n'est pas peu fière de la sortie de ce premier livre. J'ai longtemps hésité à présenter cet album pour cette raison et puis... j'ai craqué! Que celui qui n'a jamais péché me lance...  Aïe!

Des mots une histoire : Extra-Vagance ou le Futurisme italien


Umberto Boccioni : Le bruit de la ville


      Extra-Vagance ou le Futurisme italien

Cacophonie, Grégrégré... sillement
Aboie qui? Aboie Ment! Amer aboiement 
Extra Voyance? Extra quoi? Extravagance!
Que de bruit, que de bruit
                              Que de bruit
Bruit, bruit! Bruissent fantôme de la brousse
Fantôme des bois, des forêts,
 Bruisse l'absence de la mousse,
Des champignons et des genêts
Jettatura! Jettetura! Sorcière aux noirs volets
Héroïne en haillons,
Ville, je te vis comme une blessure!
 Je suis épuisée de toi, de  tes balcons,
De tes néons, de tes crachats de C02
Deucé? Deux cé? Decé oooh!  deux!
De tes cochons,
                     de tes cochons pas si  cochons,
Humains qui fouillent dans la fange
des pavés
 dans la rouille de l'espoir
dans la mobilisation des trottoirs.

Lassitude!
                   tremblement! 
                                           égarement!

Blessure pourpre signature
Rouge Feu, Rouge sang, Rouge
Epuisée, je puise dans ma solitude
Je me trémousse, comme un cycliste libellule,
Comme une danseuse andalouse,
Et sur l'écran de ta dévotion
Je me trousse, je .. tu .. nous.. Co Co Co
Co- pulons. 
Et le printemps? Le printemps dans tout ça?
Il obéit à la virgule,
Il vient faire sa promotion dans la meilleure tradition
De la ville, la vie vile, de la vie vite
De la ville
Qui tourne et qui me chamboule
Qui part en vrille et tourneboule,
Et qui perd la boule... la Ville!

Dans tout ça? le printemps? Ben! il s'emmerde le printemps!

Le futurisme est un mouvement artistique et littéraire moderne né  en Italie au début du XX siècle qui exalte la ville,  le progrès, le mouvement , la vitesse, les couleurs vives, le bruit.


Le Futurisme italien Gino Severini : La danseuse bleue


Le futurisme italien Umberto Boccioni : Pavés de la rue


Umberto Boccioni : La ville se lève



Umberto Boccioni : Dynamisme d'un cycliste



 Les mots imposés pour l’édition 58 de Des mots, une histoire d'Olivia sont
 cacophonie – (cicatrice remplacé par) cochon – grésillement - jettatura – aboiement – printemps – cycliste – blessure – amer – signature – mobilisation – promotion – tradition – balcon – héroïne – solitude – écran – tremblement – bredouille – égarement – oral – dévotion – extravagance – copuler – lassitude – virgule – brousse – épuisée
Je n'ai pas utilisé bredouille et oral.



jeudi 15 mars 2012

Que disent-ils de la politique? Erwan Larher , Autogénèse

 Erwan Larher :  Autogénèse



- Les gens ont peur expliqua Jean-Baptiste
-De quoi?
-De leurs semblables. C'est venu progressivement à force de dresser les individus les uns contre les autres, dix postulants pour un emploi disponible, mille candidats pour vingt place au concours, cent athlètes pour une seule médaille d'or. Et puis les gros titres sur les voleurs, les violeurs, les terroristes, les délinquants. 


La peur est une très efficace manière de gouverner car elle autorise la surveillance et la répression, donc le contrôle.

Erwan Larher Autogénèse

mardi 13 mars 2012

Je suis taguée : Ma corbeille de PAL


 Auguste  Renoir

Et oui, je suis taguée, le tag du sac, et c'est seulement  maintenant que je réponds à Jeenen (que la belle bretonne bretonnisante, pardonne mon retard!). Et comme l'intérieur de mon sac donne le vertige, monstre noir qui avale tout ce qu'il trouve, j'ai eu l'autorisation  extra-spéciale (de la magnanine Bigoudène) de pouvoir vous montrer l'intérieur  de ma corbeille de PAL à la place. Mais je m'arrêterai à dix livres, ne souhaitant pas vous imposer l'étendue du désastre!
Et oui, car moi aussi j'ai une PAL, cette maladie horrible qui vous saute dessus inévitablement quand vous êtes blogueuse! J'avoue que lors de mes débuts outrecuidants dans la blogosphère, non seulement je n'étais pas atteinte de ce mal pernicieux mais encore je ne savais pas ce que c'était! * Je regardais avec étonnement, pour ne pas dire commisération, les copines blogueuses. Et d'abord qu'est-ce qu'une PAL et pourquoi cela paraît-il si douloureux? 90 ans plus tard,  au cours de ma longue carrière de blogueuse, je le sais enfin! Je croule sous les livres non lus tout en m'en procurant toujours d'autres et ce n'est plus un corbeille mais une bibliothèque qu'il va me falloir! Maintenant si vous voulez une explication de ce phénomène- devrais-je dire de cette pandémie -  je laisse le soin à un sociologue ou un ethnologue  de vous l'exposer!



 La liseuse de Paul Fournel
 Celui-là, c'est Aifelle  qui m'a poussé à l'acheter. Il faut dire que je  suis depuis peu l'heureuse propriétaire d'une tablette numérique, une liseuse. Et justement le livre de Paul Fournel explore ce sujet-là! Avec humour  d'où ma curiosité! Je sens que je ne vais pas trop attendre pour le lire. NON! Mon kindle ne remplacera jamais le livre papier que j'aime tant mais je vais bientôt partir à New York et j'avoue que ne pas avoir à charger ma valise de bouquins est un argument convaincant!
La stagiaire entra dans le bureau de Robert Dubois, l'éditeur, et lui tend une tablette électronique, une liseuse. Il la regarde, il la soupèse, l'allume et sa vie bascule. Pour la première fois depuis Gutenberg....


  Camilo José Cela : Nouvelles aventures et mésaventures de Lazarillo de Tormes :  choisi dans le cadre du challenge des 12 d'Ys pour les prix Nobel. J'avoue que je suis curieuse de savoir  ce que  C.J. Cela a fait de Lazarillo de Tormes, un roman picaresque que j'ai aimé et étudié! Il fallait un bien grand talent -et, disons-le, une certaine audace- pour écrire un Lazarillo moderne, à l'image de l'universel chef d'oeuvre espagnol du XVI ème siècle
Pauline Klein :  Alice Khan , un livre prêté par ma fille avec ses chaudes recommandations. Je ne sais rien de lui et de l'auteur! A découvrir! 
Mais je dépose des traces de ma présence!





Höderlin : Odes, élégies, Hymnes:  Et là c'est de ma faute! Pour mon challenge romantique je me suis promis de découvrir la littérature allemande, en particulier les poètes! Notre journée humaine, ah! que ses bornes sont étroites!

 Alexis Jenni : L'art français de la guerre : Je suis en train de ressortir mes cadeaux de Noël! Et oui, un prix Goncourt, ça ne se refuse pas! J'allais mal; tout va mal; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède...



Laurent Gaudé : Les Oliviers du Négus :  j'ai très envie de le lire mais arrive toujours une autre lecture plus"urgente" liée à un challenge, une LC! Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie...

Edward Abbey : Désert solitaire : Et là pour les livres de Nature Writing, c'est Keisha la fautive et Folfaerie! Peu de livres ont autant déchaîné les passions que le livre que vous tenez entre les mains. Publié la première fois en 1968, Désert solitaire fait partie de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu'il "changeait les vies"...

 Un si parfait jardin, un petit livre déniché par mon gendre, d'un auteur algérien  Sofiane Hadjadj , illustré par des photographies de Michel Denancé, photographe d'architecture. Le 21 Juin 2003, un mois après le terrible tremblement de terre qui frappe les environs d' Alger, Naghem L..., vient évaluer les dégâts occasionnés au célèbre jardin d' Essai.







 Jean Claude Michéa : le complexe d'Orphée, la gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès :  un essai prêté par des amis.  C'est que gauche et Droite ont rallié le mythe originel de la pensée capitaliste : cette anthropologie noire qui fait de l'homme un égoïste par nature






Enfin, toujours dans le cadre du challenge d'Ys, le roman de Toni Morrisson, Tar baby que je viens de finir et dont il faut que je rédige le billet.  Mais si j'ai bien compris, ce livre n'est plus dans ma PAL mais dans ma LAC, liste de livres à commenter.

*Petite note pour un Candide faisant ses premiers pas  dans nos blogs  : P.A.L =  Pile de livres à lire et comme rien n'arrête les blogueuses, elles ont aussi inventé la L.A.L  = liste de livres à lire.

Erwan Larher : Autogénèse




Le livre Autogénèse de Erwan Lerher est un livre original dans le paysage littéraire français. Loin du nombrilisme de certains romans, il nous promène dans toutes les couches de notre société pour nous en présenter les travers.
Erwan Larher a imaginé un homme qui se réveille dans une maison éloignée de tout. Il est nu, il n'a aucune trace de souvenir dans sa mémoire vierge, aucun papier pour lui révéler son identité. Il décide donc de se donner un nom qu'il trouve au fond du verre dans lequel il est a bu : Ikea. Muni de de ce seul viatique, Ikea part dans le vaste Monde - qui semble être la France- à la découverte de ses semblables. Je dis qui semble car nous sommes dans le futur et le pays a bien changé, la population regroupée dans d'immenses centres urbains au détriment des villages et des campagnes abandonnées. Ikea, vous l'avez compris, comme le personnage de Voltaire, est un Candide qui découvre une société et par sa naïveté en fait ressortir les dysfonctionnements, les erreurs voire les horreurs.

Alors, allez-vous me dire, il s'agit d'un roman de science-fiction? Oui et non! Certes nous sommes dans le futur mais c'est bien à notre société actuelle que s'attaque ErwanLarher. Il a seulement porté la logique de notre système jusqu'au bout et montrer ce qu'il nous adviendra si nous continuons dans cette direction.
Notre Candide dans ses tentatives bon enfant et sympathiques pour nouer des liens avec autrui va se heurter à la peur de ses semblables qui considèrent tout étranger comme suspect et dangereux. Il découvre des hommes et des femmes, des enfants même, qui ont perdu toute notion de solidarité; l'individualisme triomphe, une déshumanisation où personne ne se soucie de son voisin. Et comme il ne peut prouver son identité, il devient un sans papier, traqué, humilié,  envoyé dans une usine où des êtres humains travaillent comme des esclaves sans avoir l'espoir d'en sortir un jour.
Larher démonte les rouages des pouvoirs politiques, des puissances d'argent qui sont maîtres des médias, contrôlent tout information, musellent la vérité, achètent les consciences ou les écrasent, empêchent les opposants d'agir par le chantage ou par la peur. Des gouvernements prompts à déclarer la guerre à ceux qui ne vont pas dans leur sens, à utiliser la force là où ils ne peuvent tromper et dominer par les moyens habituels.. Il dénonce les "cadeaux" que les gouvernements font aux grandes entreprises privés au détriment des plus pauvres : 

Ce projet était un partenariat public-privé; le privé retirant ses billes (et ses dividendes) avant la débâcle, les Etats partenaires seraient obligés de payer le surcoût imposé par les retards de livraison. On se procurerait cet argent en augmentant certains  prélèvements indirects pesant sur ceux qui végètent vers les bas de l'échelle sociale( puisqu'ils se laissaient faire sans broncher, pourquoi avoir pitié d'eux.)en augmentant les taxes sur certains produits de consommation locale.

Quant au président François Copain, voilà les difficultés auxquelles il doit faire face au moment des élections :
Le bourbier perse où quelques soldats français venaient de perdre la vie dans une embuscade, sans compter l'Afpac où l'occident s'embourbait depuis des décennies.Le chômage en hausse, la dette égale; deux de ses ministres dans de sales draps : l'un au sens propre, chopé avec la fille mineure de sa femme de ménage, obligée de la fermer pour que maman garde sa place, l'autre pris la main dans pot-de-vin, une histoire d'appels d'offres truqués qui durait depuis des années.

Bref! Vous voyez bien que nous ne sommes pas si loin de notre monde actuel!
Les partis politiques aussi se retrouvent dans le collimateur et certes, ils ne portent pas le même nom dans le Monde d'Ikéa mais comme nous les reconnaissons bien !

Les Feuillants, François Copain et Hugues Borlette en tête valorisaient l'individu au détriment du collectif, castrateur et émollient.
Ses leaders et maîtres à penser affirmaient que l'homme est un loup pour l'homme, que l'on n'y peut rien changer, que la compétition et le struggle for life étaient dans ses gènes depuis la nuit des temps.
On ne pouvait donc pas critiquer les politiques au pouvoir : ils ne faisaient qu'appliquer les principes aux quels ils croyaient en laissant les pauvre s'appauvrir, les riches prospérer, en maintenant étiques les services publics, en ne soutenant plus les indigents, les artistes, les handicapés.


Au contraire des Feuillants, les Montagnards avaient longtemps soutenu que le rôle d'une société était de transformer les inégalités de droit, pour protéger les faibles et faire en sorte que le bien-être ne soit pas réservé aux quelques plus forts du troupeau.... Pourtant ils avaient peu à peu cessé de lutter  principes contre principes avec les Feuillants qui avaient progressivement, via les médias et les programmes scolaires, instillé les leurs dans les crânes comme des évidences. Si bien que l'idéalisme originel des Montagnards apparaissaient comme une faiblesse, au contraire du réalisme de leurs opposants.

Le livre est donc une sorte de récapitulatif de tout ce qui ne va dans la la société française, ce qui est très réconfortant (Ah! enfin quelqu'un qui s'intéresse  à ce qui se passe autour de nous pour faire entendre une voix indignée ) et il ne manque pas d'humour. Celui-ci provient principalement de la naïveté absolue d'Ikéa qui ne comprend pas le monde qui l'entoure et doit se faire expliquer ce qui est évident pour tous. Par exemple son incompréhension de l'homophobie, plonge ses camarades de travail dans l'embarras. Mais l'auteur n'oublie pas qu'il s'agit d'un roman et crée des personnages qui (à l'exception d'Ikéa) ont une histoire, un passé, des sentiments même s'ils restent parfois trop démonstratifs et sont plus des idées que des personnages réels .
Autogenèse me rappelle certains titres d'écrivains américains Percival Everett ou James Frey qui promènent aussi le lecteur dans la société de leur pays. Il en a les qualités et va même plus loin dans la dénonciation du mondialisme,  des magouilles et des errements politiques. L'on aimerait bien parfois, au lieu d'un survol général, que l'écrivain aille plus loin, creuse plus profond sur certains sujets, mais quoi qu'il en soit Autogénèse est un roman qui fait du bien parce qu'il nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et sur le monde politique et, en ce moment, en particulier, nul doute que ce n'est pas superflu!! (Voir citation extraite de Autogenèse Jeudi  15 dans : Que disent-ils de la politique?)

Merci à Keisha pour ce livre  voyageur : Voir son billet ICI
Voir aussi Aifelle

lundi 12 mars 2012

Susan Fromberg Schaeffer : Folie d'une femme séduite



La Folie d'une femme séduite de Susan Fromberg Schaeffer raconte l'histoire d'une jeune fille, Agnès Dempster, inspirée d'un fait réel survenu à la fin du XIX ème siècle. A la  mort de sa grand mère  bien-aimée, Agnès quitte la ferme familiale du  Vermont pour se rendre à la ville. Elle fuit une mère qui ne l'a jamais aimée, trop  marquée par la mort accidentelle de sa première fille Majella et un père qui a toujours pris le parti de sa femme. Elle a seize ans. Arrivée à la ville de Montpelier, Agnès trouve du travail dans un atelier de couture après s'être installée dans une pension de famille. Là, elle rencontre Frank Holt, jeune sculpteur de pierre, dont elle va tomber amoureuse. Il s'agit pour elle d'une passion dévastatrice, bouleversante, qui l'accapare tout entière. Elle idéalise cet homme qu'elle voit doté de toutes les qualités, elle s'attache à lui avec tant d'emportement que le jeune homme prend peur et préfère rompre. Il retourne alors à ses anciennes amours, la sage et calme Jane qui lui apportera la paix et la sécurité.  C'est alors que survient le drame qui a servi de point de part à S. Schaeffer pour imaginer ce récit.

L'histoire est racontée par Agnès, âgée, et s'adresse à son amie Margaret. Elle revient sur les évènements de sa vie pour essayer de les comprendre : ce qui m'intéresse, je crois, c'est de comprendre comment les gens se retrouvent là où ils en  sont, quand tout est fini. Mais je suis sûre à présent que ça allait bien au-delà. Peut-être ai-je encore le besoin de savoir si ma vie devait nécessairement se passer ainsi. Le récit n'est pas linéaire mélangeant le passé et le présent de la jeune femme mais aussi de ses parents, et en particulier des femmes de la famille de sa mère, toutes dotée d'une beauté si parfaite que des générations d'artistes attirés par leur renom se succédèrent pour les peindre ou les sculpter. Mais la beauté semble être pour elles plus une fatalité qu'un atout pour réussir leur vie.

LA FOLIE, L'AMOUR, LA MORT

Pour moi le thème principal du roman n'est pas, comme on le pense souvent, l'amour mais la folie et d'ailleurs les deux thèmes sont indissolublement liés, tous deux inséparables de la Mort. La passion que vit la jeune fille est une manifestation de son délire, de son exaltation qui lui fait perdre pied avec la réalité, le concret : "Je n'adorais pas Frank comme un Dieu; il était un Dieu"."Il était  la lumière du ciel. Il était le ciel.""Je baissais les yeux sur ma main et l'aimais, non parce que c'était ma main, mais parce que Frank l'aimait et la touchait". Peu à peu la jeune fille  va se désintéresser de tout ce qui n'est pas Frank, refusant d'aller travailler pour rester avec lui : Quand il se retirait dans sa chambre, j'étais jalouse des meubles parce qu'ils étaient près de lui et moi pas, et quand il partait travailler, j'étais jalouse de ses compagnons de travail, des pierres et même du sol qu'il foulait.
Plus tard le docteur Parsons en parlera en ces termes : Elle le voulait tout entier en sa possession. D'après elle, il était son moi.
Elle va ainsi perdre sa propre identité pour se fondre en l'autre, ne plus exister en dehors de l'autre.  Elle est d'ailleurs et paradoxalement très consciente de ce qu'il y a de déraisonnable et de mortifère dans ce qu'elle éprouve, elle se dit "malade d'amour" : .. parfois il lui semblait n'être pas dans son propre corps, qu'un visage étranger recouvrait le sien, qu'elle était mauvaise et que pour cela elle n'allait pas à l'église
 La perte de son identité la conduit, lors de l'abandon de Frank, à une haine de soi qui ne peut que mener à la mort. Mais sous l'emprise d'un dédoublement de la personnalité, lorsqu'elle veut se supprimer, elle tuera une personne innocente, ce qui la conduira à l'asile psychiatrique. :
Je tirai une fois et la balle entra dans la tempe. je la regardai fascinée, tomber sur le sol. C'était moi qui glissais dans le vide, du sang ruisselant de ma tempe, pour m'étendre dans la neige. Et quand je baissai les yeux sur elle, je vis qu'elle me souriait, tendant les bras vers moi, mon double, mon ombre, et je sus que c'était là le sommeil, que c'était l'étreinte que j'avais toujours recherchée...
Tout le roman prépare à ce dénouement. La folie hante ce livre. On s'aperçoit qu'elle est déjà  présente chez la grand mère Eurydice qui devient folle lorsqu'elle sait son mari atteint d'une maladie irréversible et qu'elle s'exile dans la porcherie. Elle est présente chez sa mère, Helen, qui n'est jamais plus la même après la mort horrible de son fille aînée brûlée par une lessiveuse d'eau bouillante. Déjà, enfant, Agnès était victime d'hallucinations, des ombres venaient la visiter dans sa chambre, des visages la regardaient du haut du plafond. Elle a essayé de se suicider à l'âge de treize ans. Elle pouvait passer d'une joie excessive à un abattement sans égal en un instant.
Mais n'oublions pas que nous sommes à la fin du XIX et que cette maladie n'était pas connue, aussi lorsque le juge somme le docteur Parsons de donner un nom à cette affection, il ne peut que répondre : La maladie de la femme séduite. Voilà comment il décrit cette maladie. : L'individu en question prend simplement un autre pour lui-même.... On peut observer de phénomène chez les amoureux également. Souvent, ils déclarent : "je t'appartiens" ou "tu m'appartiens" et ça ne pose aucun problème. Ce qui en détermine la nature pathologique, c'est l'importance et la qualité de l'erreur. Les amoureux sont malgré tout conscients d'être deux individus. A un certain moment, Mlle Dempster a perdu cette conscience"
Le thème de la mort est omniprésent aussi dans le roman. Elle commence par l'abattage par son père de son animal familier, sa vache préférée. Elle continue avec la mort violente de Mejella, la soeur d'Agnès ou le bébé mort trouvé dans les bois. Elle est là dans les carrières ou les sculpteurs de pierre fabriquent les stèles funéraires, dans l'avortement qui tue son enfant, dans l'image qui torture son esprit : Comme s'ils étaient dans la chambre, je vis les engrenages de l'énorme pendule de ma grand-mère qui tournaient contre le mur. Je me vis sur des roues dentées. Au fur et à mesure qu'elle tournait, ma robe se prenait dans les dents de roues plus petites, et je me vis déchiquetée.

LA FEMME

La description de la condition féminine est aussi très intéressante. La mère et la grand mère d'Agnès ont toujours rêvé de quitter le Vermont, d'être libres mais n'y sont jamais parvenues. Agnès réalise ce rêve mais elle n'en est pas plus libre. Les femmes sont soumises à leur condition biologique et dans cette fin du XIX siècle, elles sonc cnsées ne pouvoir se réaliser qu'en ayant un enfant. Ne pas en vouloir c'est être anormale. Se faire avorter, c'est risquer sa vie, subir des souffrances et des violences atroces. On voit aussi la condition de la femme ouvrière dans l'atelier de couture où travaille Agnès.

J'ai parfois éprouvé quelques moments de lassitude au cours de ce roman de 800 pages lors de la description de la passion amoureuse. La jeune femme avec ses idées fixes, son amour maladif qui exclut tout autre intérêt, ses brusques moments de dépression est un personnage qui tourne en rond. C'est normal puisqu'elle est obsessionnelle et finalement c'est une qualité de l'auteur de nous la peindre ainsi..  Mais l'on n'en prend conscience qu'après lorsque son mal est analysé. Sur le moment, on subit comme le font ses amis et son amoureux ses variations d'états d'âme, son instabilité, ses angoisses et c'est parfois pénible et même insupportable tant que l'on ne comprend pas que c'est lié à sa maladie. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est le procès, tout ce qui a trait aux balbutiements de la psychiatrie et de la psychanalyse et la vie de la jeune femme à l'asile. Le roman est superbement écrit dans une langue très belle, avec des temps forts, la vie dans les Hauts pâturages en est un, aussi. Un beau livre.
Notons la ressemblance de Folie d'une femme séduite avec Captive de Margaret Atwood. A partir d'un fait divers un peu semblable,  les deux écrivains ont  pourtant réalisé deux oeuvres très personnelles.




dimanche 11 mars 2012

Un Livre/ Un film : Réponse à l'énigme N° 25 , Stanislas Steeman Légitime défense

Suzy Delair (Jenny Lamour) dans Quai des Orfèvres




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Le grand prix du Tra la la, est attribué à  : Aifelle, Dasola, Eeguab, Gwenaelle, Jeneen, Keisha, Pierrot Bâton, Miriam, Maggie,  Somaja.
Et merci à tous et toutes pour votre participation.

Le roman : Stanislas André Steeman : Légitime défense
le film : Henri-Georges Clouzot : Quai des orfèvres (voir chez Wens)

Stanislas André Steeman est un écrivain belge né en 1908 à Liège. Il a  écrit de nombreux romans policiers dont 27 ont pour héros le commissaire Wencelas Vorobeitchik alias Wens (et oui  vous  saurez ainsi où Wens a pioché son pseudo). Au départ l'ami Wens voulait s'appeler Marlowe mais c'était déjà très pris et puis en revoyant L'assassin habite au 21, un film plein d'humour qu'il aime beaucoup, il a opté pour Wens. Ce qui vous prouve qu'au début Wens devait être un commissaire de police mais qu'il a mal tourné comme vous le savez tous!

Steeman a remporté le second prix du roman d'aventures en 1931. Il est mort en 1970.
Le livre a pour titre original : Légitime défense et c'est un roman sans Wens. C'est son adaptation à l'écran sous le titre de Quai des orfèvres qui l'a rendu célèbre et à juste titre car le film me paraît supérieur au roman.

Le récit du livre Légitime défense et du film Quai des Orfèvres a bien sûr des similitudes mais il comporte  beaucoup de différences, ce que nous allons voir.

L'intrigue du livre :  Noël Martin en rentrant chez lui trouve un mot de sa femme Belle qui lui dit être partie chez sa mère malade. En lisant machinalement la lettre d'une amie de sa femme, il apprend que cette dernière a peut-être une aventure avec un certain M. Weyl, ami du couple. Maladivement jaloux, il téléphone chez sa belle mère et s'aperçoit que personne ne répond. Il décide alors de se rendre chez Weil et, s'il le faut, de le tuer. Il gare sa voiture intentionnellement sur un parking interdit, devant un cinéma, et prend un billet d'entrée pour avoir un alibi puis il se rend chez son rival. Quand il arrive il voit une femme qui s'enfuit et croit reconnaître Belle. Il entre. Weil est endormi sur le canapé. Martin prend un maillet et lui fracasse le crâne...  Martin va se croire coupable alors que ce n'est pas lui qui a tué. Ce n'est qu'à la fin du roman que le coupable sera révélé.

Dès ce moment le récit diverge dans les faits. Dans le film, le héros qui ne porte pas le même nom, Maurice Martineau, a un revolver mais il ne s'en sert pas parce qu'il trouve le vieux Brignon  (Weyl dans le roman), son rival, mort. Il se sait donc qu'il est innocent mais ce qu'il ignore c'est que sa femme Jenny (Belle) a frappé la victime pour se défendre de ses assiduités. Pourtant toutes les traces vont mener vers Martineau, d'autant plus que sa voiture lui a été volée à l'endroit du meurtre. Maurice Martineau sera donc accusé et l'on ne saura qu'à la fin qui est le coupable ... or ce n'est pas le même que dans le livre!

Pourtant, si l'intrigue est un peu différente, ce n'est pas ce qui est plus important. Les modifications de Clouzot concernent essentiellement les personnages qu'il étoffe, qu'il dote d'un passé, dont il approfondit le caractère. Enfin il place l'action dans le contexte  français de l'après guerre (1947) ce qui lui permet de livrer un vision de la société parfois assez pessimiste où sa sympathie va nettement aux plus humbles.

La jeune femme Jenny Lamour (Suzy Delair) est issue d'un milieu ouvrier. Elle a souffert de la pauvreté, de la promiscuité dans un logement trop petit. Doté d'un talent de chanteuse de variété, elle est prête à tout pour réussir! A tout? Non, car elle aime sincèrement son mari, le pauvre "Biquet" ( Bernard Blier n'est pas gâté par le rôle de mari jaloux et faible, gentil pourtant!). Elle se contente de jouer la coquette et de donner des espérances à ces messieurs pour obtenir le coup de pouce nécessaire pour réussir mais sans être infidèle jusqu'au jour où cela tourne mal. C'est une jeune femme gracieuse, rieuse et coquette, un peu vulgaire mais sympathique.
Le mari, Maurice Martineau, appelé "Biquet" par sa femme,  surnom qui le ridiculise un peu et montre la faiblesse de son caractère, est d'un milieu bourgeois. Son mariage avec une femme de ce milieu, qui de plus avait eu des amants, a été sévèrement critiqué par con entourage. Il a dû rompre avec ses parents. Il a fait des études au conservatoire, ce qui lui permet d'accompagner sa femme au piano. Dans le roman, c'est un peintre mais Clouzot par le choix de la musique nous introduit dans le milieu pittoresque du Show Bizz et du cabaret qu'il décrit largement  d'où par exemple le célèbre "avec mon tra la la", air chanté par Suzy Delair.

 Louis Jouvet (l'inspecteur Antoine) et Simone Renant ( Dora)

Le rôle de la jeune femme amie du couple est aussi très différent. Dans le livre, Renée d'Humain qui dirige un institut de beauté, est une femme séduisante, amoureuse de Noël, et qui essaie de le récupérer au détriment de Belle. Dans le film, Dora, photographe, est une amie d'enfance de Martineau mais elle est amoureuse de Suzy Delair. Elle intervient dans l'action en essayant de sauver la jeune femme, ce qui lui vaut d'être soupçonnée elle aussi. Clouzot aborde ainsi discrètement le thème de l'homosexualité, du secret qui s'y attache à l'époque et de la souffrance de l'amour refoulé. C'est à elle que s'adresse la fameuse réplique de Jouvet : "Je vous aime bien parce que vous êtes un type comme moi, vous n'avez pas de chance avec les femmes!"

Enfin l'un des personnages sur lequel Clouzot a le plus brodé et qui bénéficie de l'interprétation magistrale de Louis Jouvet est l'inspecteur Antoine du Quai des Orfèvres, jamais passé commissaire parce qu'il est trop fort en gueule. Lui aussi de famille modeste, il a dû revoir ses ambitions à la baisse, en devenant inspecteur de police, c'est à dire en gagnant le droit de crever de faim et de se faire éventuellement tuer! Il y a une très belle scène d'altercation entre Suzy Delair et  Louis Jouvet, tous deux issus des classes populaires.  Ils s'affrontent, l'une affirmant qu'elle n'aime pas les flics. "Vous n'aimez pas les flics, lui répond l'inspecteur mais vous les appelez quand c'est vous qui vous faites assassiner ". Dans le livre, le policier est loin d'avoir un tel rôle. On ne connaît de lui que sa corpulence et le fait qu'il a un enfant parce qu'il sort d'un magasin de jouets. Clouzot utilise ce détail pour faire de l'inspecteur le père d'un petit garçon noir adopté quand il était soldat dans les colonies. Et cet amour est très beau car malgré l'amertume, le cynisme du vieil inspecteur, il donne un sens et une richesse à sa vie.. 

Altercation entre Jenny Lamour et L'inspecteur Antoine

Le roman est une histoire policière qui joue sur le suspense et le mystère du crime mais où les personnages ne sont que des silhouettes. Dans le film, les personnages  sont des êtres humains avec leurs faiblesses et leur mesquinerie mais aussi leurs qualités. Si l'amour sincère envers son mari permet à Jenny d'être un personnage sympathique malgré ses ambitions et ses compromis, c'est l'amour de son petit garçon qui sauve l'inspecteur Antoine de la sècheresse des sentiments.
 A partir du roman policier intéressant de Steeman, Clouzot a réalisé un chef d'oeuvre!

samedi 10 mars 2012

Claude Roy : Elle est venue la nuit..

 

Georges Braque : Les oiseaux


Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de loup de fougère et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille au cheveux d'écume issue de l'eau dormante.
Après l'aube la nuit tisseuse de chanson
S'endort d'un songe lourd d'astres et de méduses
Et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses.

Sa main laisse glisser les constellations 
le sable fabuleux des mondes solitaires 
la poussière de Dieu et de sa création 
la semence de feu qui féconde les terres 
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeau glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d'or qui marche sur la neige.
Claude Roy

Un livre/Un film : Enigme 25




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
 
Enigme 25
 
Ce roman policier  d'un écrivain belge est moins connu que le film et ne porte pas le même titre.  Il parle d'un mari jaloux et d'une femme coquette, situation qui peut mener au crime.

Il était sur le seuil d'une pièce encombrée de meubles et de bibelots où la clarté lunaire déposait un tapis blanc. Sur une table basse, des assiettes, des verres. Dans le fond, un divan. Et sur ce divan...
Sur ce divan, W.  en robe de chambre pourpre. Une main pendante, sa chemsie blanche toute froissée. Ecrasé par une heureuse fatigue.
Le reste se passa en moins de cinq secondes. Un maillet traînait sur le sol,  au pied d'un gong chinois. 
N. s'en saisit, l'affermit dans sa main, se pencha et frappa.
De toutes ses forces et à la tête.