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mardi 7 avril 2015

Lyon : Quais du Polar Mars 2015 (1)

Le Palais du Commerce Lyon Quai des polars 2015

 
Il aura fallu que j'appâte mon mari, (Wens de En effeuillant le chrysanthème, vous connaissez ?), grand amateur de romans et de films noirs, avec Quais du polar  pour pouvoir le traîner jusqu'à Lyon, et bien sûr participer à ce grand rendez-vous des écrivains du roman policier, du thriller et du Noir avec toutes les nuances littéraires que comportent ces mots. Nous avons aussi fait la connaissance  de notre amie blogueuse Soène, lyonnaise de souche, qui nous a accueillis avec chaleur et nous a fait découvrir sa ville au cours d'une enquête policière échevelée dans les vieux quartiers lyonnais ..  Nous sommes régalés, avons fait le plein de belles images, de rencontres avec des écrivains,  d'expériences amusantes et de partage. Merci Soène!

Quelques images de Lyon

Lyon : la place Bellecour avec en arrière plan Fourvière, statue équestre de Louis XIV
Lyon : la place Bellecour avec en arrière plan Fourvière


Lyon : Hôtel de ville et place Louis Pradel 
Lyon : fontaine de la Place Pradel

Lyon : palais du commerce, rencontre des écrivains au quai du polar
Lyon : palais du commerce

Lyon : Théâtre magnolias en fleurs mars 2015
Lyon : Théâtre              
Lyon vu du quartier de la Croix rousse

 

 Les écrivains

 

De quoi agrandir notre PAL : avouez que nous avons été raisonnables!  
Antonio Altarriba signant son dernier livre Moi, assassin, aux quais du polar 2015
Antonio Altarriba et le dessinateur Keko
 
 
Attente pendant deux heures de l'écrivain espagnol Antonio Altarriba que Wens-Francis voulait absolument voir pour lui faire signer son dernier livre : Moi, assassin. Une belle dédicace accompagnée d'un dessin de Keko.


Quais du polar, Lyon mars 2015 : Dédicace de Antonio Altarriba et dessin de Keko pour son livre Moi, assassin
Dédicace de Antonio Altarriba et dessin de Keko


Leonardo Padura aux Quais du polar, écrivain cubain, séance de dédicaces à la chambre de commerce de Lyon
Leonardo Padura
 
Moi, c'était Leonardo Padura que je ne voulais pas rater! Signature de Brumes du passé une enquête de Mario Condé, policier reconverti dans le commerce des livres anciens qui nous fait revivre l'époque glorieuse de la Havane. Je vous en dirai plus quand je l'aurai lu!

Lyon, Quais du polar : Dédicace de Leonardo Padura pour son livre Brumes du passé
Dédicace de Leonardo Padura

Dédicace aussi du dessinateur Cabanes à Wens pour la BD qu'il a réalisée avec Manchette : La princesse du sang
 



Conférence à l'hôtel de ville de Lyon avec Denise Mina, Patrick Mosconi, Frédéric Andréi, Olivier Gay

Dans la salle des anciennes archives de l'hôtel de ville avait lieu la conférence intitulé : On ne prête qu'aux riches avec des auteurs qui se sont intéressés dans leur récit aux classes dominantes et à l'alliance de la richesse et du pouvoir. A l'issue de cette rencontre, j'ai acheté le roman de l'écossaise Denise Mina :  Des dieux et des bêtes qui a obtenu le prix du meilleur roman policier du Royaume-Uni au festival de Harrogate en 2013, traduit en français par Nathalie Bru (présente à cette rencontre) aux Editions du Masque.
 
 



Lyon Quais du polar Mars 2015 : Ian Rankin : séance de pose
Encore un écrivain écossais Ian Rankin : séance de pose

Elizabeth George : signatures aux Quais du polar, palais du commerce, mars 2015
Elizabeth George aux Quais du polar

Michael Connely Quais du polar signatures Palais du commerce mars 2015
Michael Connely

Lyon Quais du polar Mars 2015 :  Ian Manook séance de signatures au Palais du commerce de Lyon
Ian Manook

Mars 2015  Quais du polar  : Michel Quint signature au palais du commerce à Lyon
Michel Quint

Lyon Quais du polar mars 2015  : Michel Bussi signature au palais du commerce à Lyon
Michel Bussi

Mars 2015 Lyon Quais du polar : Attica Locke signature au palais du commerce à Lyon
Attica Locke

Mars 2015 Lyon Quais du polar : Barry Gornell signature au palais du commerce à Lyon
Barry Gornell



Même les souris dédicacent....


Demain : Quais du polar (2)

lundi 6 avril 2015

Festival d'Avignon : Avant-programme du IN et du OFF

Le 69e festival d'Avignon


 Festival IN

 Je suis l'autre

L'avant-programme du 69e festival d'Avignon -qui aura lieu du 4 Juillet au 25 - est paru.
Commençons par ce qui fâche d'abord : le festival est revu à la baisse! Il y avait eu d'abord l'Etat qui se désengageait  de -8%,  c'est maintenant la mairie qui annonce -5%, retire cinq lieux du festival et refuse de payer le déficit lié à la grève des intermittents et aux intempéries de 2014.  Une peu intelligente décision de notre mairie à l'heure où 170 structures et festival meurent en France, une triste réponse au bel éditorial de Olivier Py écrit dans l'émotion des terribles évènements du mois de Janvier :
Il aura fallu la tragédie du mois de janvier pour que la classe politique convienne que la culture et l’éducation sont l’espoir de la France. Qu’en reste-t-il? la culture sera-t-elle demain cette éducation citoyenne de l’adulte qui changerait réellement le lien social? L’éducation deviendra-t-elle enfin le réel souci de la nation, la volonté de créer des êtres pourvus de sens critique et capables de s’inventer un destin? et les citoyens, passée la prise de conscience, oseront-ils parier sur la culture plutôt que sur l’ignorance, sur le partage plutôt que sur le repli, sur l’avenir plutôt que sur l’immobilité?Ce réveil douloureux de la France ouvre-t-il le temps où la culture ne sera plus un ornement touristique ou un luxe superfétatoire mais un lien transcendant les classes, une richesse à faire fructifier et le destin même de la Politique?
 Le  thème central de la programmation tournera autour de cette déclaration Je suis l'autre, titre de l'édito d'Olivier Py.

Shakespeare en tête

Il y aura 56 propositions avec des artistes venus du monde entier et des grands metteurs en scène et chorégraphesValère Novarina, Angelin Prejlocaj, Olivier Py, Gaëlle Bourges, Thomas Ostermeier (Berlin) , Fatou Cissé (Dakar) Claudio Tolcachir (Buesnos-Aires) Ahmed El Attar (le Caire) .... ; deux artistes annoncées pour l'instant : Isabelle Huppert et Fanny Ardant.

et pour moi, bien évidemment trois Shakespeare:

Le roi Lear mis en scène par Olivier PY du 4 au 13 Juillet

Richard III mis en scène par l'allemand Thomas Ostermier du 6 au 18 juillet

Antoine et Cléopâtre du 12 au 18 Juillet mis en scène par le portugais Tiago Rodriguez


Mais il y a bien d'autres titres qui m'attirent, sans compter des spectacles pour enfants.
  Pour aller voir l'avant programme, cliquez ici  
ou téléchargez le ici

Festival Off


Le festival Off aura lieu du 4 au 26 Juillet

Des titres que j'ai déjà bien envie de voir  dans les quelques sélections que l'on nous propose : 

Un obus dans le coeur de Wajdi Mouawad mis en scène par Catherine Cohen

Andromaque de Racine  mis en scène Anthony Magnier, Compagnie Viva.

Mozart l'enchanteur mise en scène par Mesguish

Ubu Roi, mise en scène Jérémie Le Louët, Compagnie des Dramaticules.

UN OBUS DANS LE COEUR, mise en scène Catherine Cohen.

UN OBUS DANS LE COEUR, mise en scène Catherine Cohen.

UN OBUS DANS LE COEUR, mise en scène Catherine Cohen.




mercredi 1 avril 2015

Un live /Un film : L'énigme du samedi est reportée




L'énigme du samedi 4 Avril est reportée au samedi 11 Avril. A bientôt!

dimanche 22 mars 2015

Jim Thompson : Des cliques et des cloaques


Quatrième de couverture

Frank Dillon, il nous ressemble bien, au fond, à vous comme à moi. Sauf qu'il est un peu plus fou, et que ça le tracasse. Et que là où vous et moi, nous nous contentons d'oublier d'écrire à notre vieille grand-mère pour le Nouvel An, lui, il va plus loin dans le crime : il tue, et plusieurs fois.
Mais au bout du compte, s'estime aussi innocent que vous et moi. Est-ce le dernier des salauds, ou le premier des pauvres types ?

Le récit

Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau adapté du roman de Jim Thompson  : des cliques et des cloaques
Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau
Frank Dillon est un minable représentant de commerce. Lors d'une de ses tournées dans des quartiers sordides, une vieille femme lui propose de coucher avec sa jeune nièce Mona en échange  d'une ménagère. Il cède les couverts sans pour autant abuser de Mona. Frank doit maintenant rembourser la facture à son patron Stapples. Mais où trouver l'argent? La solution a ses problèmes passe par l'élimination de la vieille tante de Mona qui cache une fortune chez elle…

Le titre

Le titre français du roman Des cliques et des cloaques joue sur le jeu de mots mais est très loin du titre anglais : A hell of Woman : Une femme d'enfer, allusion aux femmes qui gravitent autour du personnage principal, Frank Dillon : Mona, qui pourrait être la femme fatale des romans noirs puisque elle le conduit au meurtre se trouve être ici, ironiquement, une pauvre fille complètement paumée, prostituée par sa tante; ce qu'illustre très bien la première de couverture de l'édition Folio policier, des bas résille, oui, mais troués! caricature du roman noir dont l'écrivain épouse les codes mais les détourne!
Une femme d'enfer pourrait être aussi son épouse, Joyce, une pauvre femme dépressive, à la dérive, qui essaie de sauver son couple et représente pour Dillon la cause de ces échecs car, bien sûr, pour lui, c'est toujours de la faute des autres et donc des femmes s'il est un raté. 
A moins que la femme d’enfer ne soit, au sens propre, ce personnage hideux, méprisable, que son absence de morale, sa cruauté et sa ladrerie place au plus bas de l’échelle humaine, la tante de Mona.

Quoi qu'il en soit et même si le titre est mal traduit (et il paraît que tout le reste de la traduction est à l'avenant) Des cliques et des cloaques rend bien compte d'une chose : en lisant l'histoire de Frank Dillon, c'est dans un cloaque que vous allez vous enfoncer. Certes tous les personnages sont issus d'une classe sociale misérable et sont à divers niveaux médiocres mais c'est à lui que va la palme, à moins qu'elle ne revienne à la tante de Mona!

La noirceur de l’âme humaine

Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau d'après le roman de Jim Thompson Des cliques et des cloaques
Patrick Dewaere dans Série Noire

 Chez Jim Thompson, le polar est un moyen de montrer la noirceur d'êtres en marge. Tous ses personnages sauf la tante, tellement immonde que sa mort ne nous émeut guère, présentent cependant des aspects positifs qui n'en font pas des salauds intégraux. Frank par exemple refuse d'abuser de la pauvre mais attirante Mona.

Cependant Frank Dillon reste un pauvre type, pathétique, détestable  alors qu'il voudrait être admiré, respecté, aimé. Sa vie professionnelle et sentimentale est un échec total. Il cherche en permanence des boucs émissaires, des êtres plus médiocres que lui, des individus qu'il pourra utiliser, exploiter, et les femmes en particulier. Refusant d'admettre sa médiocrité, il reporte ses échecs sur tous ceux qu'il côtoie. Il se prend pour un homme intelligent capable d'échafauder un crime parfait; pas assez toutefois pour ne pas éviter de se faire arnaquer par moins bête en apparence que lui.
Un grand roman magnifiquement adapté au cinéma par Alain Corneau, sous le titre de Série Noire.

                                                                                        Billet de Wens et claudialucia





 Enigme n° 109

Le livre : Jim Thompson : des cliques et des cloaques
le film : Alain Corneau : Série noire


Les illustrissimes participants  et triomphateurs de ce jeu sont : Aifelle, Asphodèle, Eeguab, Keisha, Miriam, Somaja, Valentyne...

samedi 21 mars 2015

Un livre/Un film : Enigme 109



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous le premier samedi du mois :  Le samedi 3 Avril

Enigme 109

Ecrit par un des plus grands écrivains américains de romans noirs, ce livre paru en 1954 est adapté au cinéma par un réalisateur français. Le titre français est très éloigné du titre américain comme du titre du film. Avec cette oeuvre, l’auteur nous fait descendre dans ce que l’on peut  appeler les bas-fonds  » de l’âme humaine. Un roman noir archi noir.

Je saute dans ma bagnole, je me mets à galoper en direction de la véranda, et, à ce moment, je la vois. Elle coule un oeil en douce par l’entrebaîllement des rideaux de la porte; l’espace d’un quart de seconde, un éclair illumine la vitre sombre, et ça la fait ressembler à un portrait dans un cadre. Ce n’est d’ailleurs pas joli-joli; question beauté, la fille n’en a pas plus que moi. Et pourtant elle m’attire. le temps de trébucher sur un défaut du ciment et de me rattraper de justesse pour ne pas ramasser un gain, je relève la tête : plus personne; les rideaux ont repris leur position normale.

vendredi 20 mars 2015

Le printemps des poètes : Poèmes pacifistes, La Chanson de Craonne et Le Déserteur


Aujourd'hui pour ce rendez-vous du printemps des poètes auquel nous vous avons invités Aifelle et moi-même, voici deux chansons insurrectionnelles très belles, très émouvantes, qui me touchent toujours énormément et toujours autant, chaque fois que je les entends.

La chanson de Craonne (Anonyme)

Poilus dans les tranchées (1914_1918)

La Chanson de Craonne (du nom de la commune de Craonne) est une chanson anonyme, chantée par des soldats en 1917. Ce texte traduit le quotidien des tranchées et les états d'âme des Poilus. Il est symptomatique de la lassitude de la guerre et a circulé après l'offensive du général Nivelle qui a envoyé les fantassins se faire tuer au "Chemin des Dames" (147 000 ont été tués et 100 000 blessés). La hiérarchie militaire avait offert un million de francs-or et la démobilisation à toute personne qui dénoncerait l'auteur de la chanson. Le général Pétain nommé en catastrophe un mois après l'offensive, en remplacement du général Nivelle disgracié, a sévèrement réprimé  les mutins car sa mission était d'endiguer l'effondrement du moral des soldats. Entre le 16 avril 1917 et le 31 janvier 1919, les Conseils de guerre ont prononcé 629 condamnations à mort dont 75 ont été exécutées, 1381 soldats ont été condamnés à de lourdes peines de prison et 1492 à des peines légères pour un total de 30 000 à 40 000 mutins. Les mutineries avaient éclaté dans 60 des 100 divisions de l'Armée française.(source)
Elle est dérivée d’une valse de 1911, Bonsoir m’amour, écrite par René Le Peltier et Charles Sablon. Une de ses versions est publiée en 1919 par Paul Vaillant-Couturier sous le titre de Chanson de Lorette (1914_15), texte maintenant connu sous le nom de La chanson de Craonne (1917), reprise par Marc Ogeret dans l'album "Chansons de Révolte et d'Espoir" en 1974.


Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête

Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés,
C'est nous les sacrifiés ! 

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe,
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes… 

(au refrain) 

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.

Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là. 

(au refrain)

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau ! 

La chanson de Craonne par Marc Ogeret

Vous pouvez aussi écouter un enregistrement de la chanson par une classe de CM2 d'une école de Dieppe.

 Le Déserteur Boris Vian



Monsieur le Président je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
je ne veux pas la faire
je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
je m’en vais déserter
Depuis que je suis né
J’ai vu mourir mon père
J’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J’irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d’obéir
Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer.
Boris Vian (1920 - 1959)


 Le déserteur Renaud



 Et une autre version du déserteur façon Renaud


mercredi 18 mars 2015

La poésie du Jeudi : Cézaire le poète de la négritude


Le printemps des poètes célèbre cette année la poésie insurectionnelle. Pour le rendez vous du jeudi avec Asphodèle, j'ai donc choisi quelques courts extraits de Retour au pays natal de Cézaire. Le poète initiateur avec Senghor de la négritude chante sa révolte pour redonner aux noirs la conscience de leur valeur et de leur dignité et la fierté de leurs racines africaines. Mais le poète épouse toutes les injustices.
Aimé Césaire (1913-2008)

Des mots?quand nous manions des quartiers de monde, quand nous épousons des continents en délire, quand nous forçons de fumantes portes, des mots, ah oui, des mots ! mais des mots de sang frais, des mots qui sont des raz-de-marée et des érésipèles et des paludismes et des laves et des feux de brousse, et des flambées de chair, et des flambées de villes.


Masque africain un peuple d'Afrique centrale et australe, les Tchokwés
Masque africain


Partir. 

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
 


Un autre Rendez-vous pour le printemps des poètes Demain Vendredi 20 Mars 
Avec Aifelle, Ariane, Asphodèle, Claudialucia, Colo, Dominique, Enitram, Martine Litter'auteurs, Marylin, Miriam, Moglug, Ptit lapin, Somaja, Une comète...


 

Glaz numéro 6 magazine numérique collectif : Les Iles


Le Numéro 6 du magazine numérique collectif de Gwenaelle vient de sortir. Je vous invite à aller le voir. Sur le thème Les Iles, il fait la part belle aux îles bretonnes à travers la vision d'artistes, peintre, photographe, écrivain... mais aussi à l'île de Ré en images, à Cuba à travers le grand écrivain Léonardo Padura,  au voyage intérieur de Jean Grenier, à la poésie via Les Iles de Calaferte et bien d'autres...

Edito

Concerto de Yves-Marie Péron

 Dans la littérature, l’île est synonyme de mystère, de solitude et de dépaysement. Habitée par d’étranges créatures, recelant en son cœur un trésor, ou bien exposant l’imprudent qui s’y est échoué à d’infinis dangers, elle représente ce bout de terre où tout s’arrête et où tout recommence. Elle est, sur les cartes, cette pastille verte cernée d’eau qui oblige l’humain à se con- fronter à lui-même et à l’oubli des siens. Elle est cet espace entre ciel et mer où les cœurs vont se perdre et les esprits se ressourcer. Elle est la nature loin de toute humanité. Havre de paix ou prison exotique, l’île n’en finit pas de nourrir notre imagination et de recueillir en ses grottes profondes nos rêves les plus fous. En ces temps incertains, nous avons sans doute besoin d’une île bien à nous où nous réfugier, nous abriter, nous cacher. Alors embarquez avec nous pour ce voyage vers des îles réelles et des îles rêvées. Un voyage baigné de couleurs océanes et de grand vent, qui pour un temps, vous fera oublier la grisaille quotidienne, le printemps qui tarde et l’incertain demain.

Gwenaëlle Péron

Table des matières

Entre immuable et éphémère 4
Souvenirs de l’île d’Yeu 8
Les îles, de Jean Grenier 13
Sur les chemins et les grèves de l’île de Sein 14
L’île du Point Némo 20
Dans l’île de Ré... 21
Louis Calaferte 26
Léonardo Padura 30
Cuba au fil des romans de Léonardo Padura 31
 Les Nouvelles 36
Le Bel Air 37
 Troisième caillou après Neptune 41

Quelques images...

Marie Boiseaubert peindre" lesdétails, l'invisible, ce qui est craquelé, fissuré, abimé... les empreintes, les traces
Marie Boiseaubert

A la recherche de paysages rudes et arides en Finistère, je suis arrivée sur l’Ile de Sein en octobre 2013.
Depuis la fin de mes études de peinture, je recherche comme source d’inspiration non pas de grands paysages harmonieux et colorés, mais plutôt ce qui est moins évident, comme la multitudes d’éléments se trouvant au sol, les détails, l’invisible, ce qui est craquelé, fissuré, abimé, fatigué, le désordre, l’abandonné, les empreintes, les traces, les empilements de choses oubliées.


Impossible Silence Yves-Marie Péron, peintre contemporain
Impossible Silence Yves-Marie Péron
L’île comme source inépuisable d’inspiration... C’est ainsi que Ouessant, l’île du début du monde, a pris une place prépondérante dans la vie d’Yves-Marie Péron, peintre contemporain dont toute l’œuvre est marquée par la mer et son environnement changeant. 


L'ïle de Ré  de Marc Dompnier
 
Je m’appelle Marc Dompnier, je suis un Haut-Pyrénéen de 36 ans qui s’est mis à la photographie peu après la naissance de son 1er fils, en 2010. Parce que c’est devenu une passion, j’ai créé un photoblog, La Coquille du Bigorneau, sur lequel j’ai posté une photo par jour pendant 3 ans et demi. Ce “travail” m’a permis de m’investir et de progresser dans cette discipline. Ces photos ont été prises lors d’une semaine de vacances en famille, à la Toussaint 2012, à l'île de Ré.

VOIR GLAZ :

lundi 16 mars 2015

Jean-Bernard Pouy : S63 au musée des Confluences à Lyon




Jean-Bernard Pouy
Jean-Bernard Pouy est né à Paris en 1946. Après un DEA en histoire de l’art sur le cinéma, il devient animateur socioculturel dans un lycée de la banlieue parisienne. Son premier roman, Spinoza encule Hegel (1977), donne le ton. Libertaire, incisif, il est l’auteur de nombreux polars : il est connu notamment pour avoir imaginé le personnage du Poulpe (Gabriel Lecouvreur) aux éditions Baleine dont il est l’un des fondateurs. Adepte de l’Oulipo, et notamment de Queneau, il applique à la plupart de ses textes une contrainte formelle : il utilise des incipits de roman pour les attaques de chapitre, le cadavre exquis pour La Vie duraille avec Daniel Pennac et Patrick Raynal. Il a obtenu en 2008 le Grand Prix de l’humour noir pour l’ensemble de son œuvre. Depuis 2006, il est également directeur de collection de Suite noire aux éditions La Branche. Il s’est gagné un cercle d’admirateurs qui le surnomment affectueusement « Jibé » et se régalent de son style caustique. (source)

Le musée des Confluences Lyon
Raconter l’homme, c’est l’objectif de la collection Récits d’objets édité par Le musée des Confluences de Lyon.
Le principe : inviter un écrivain à faire d’un objet du musée le cœur d’une fiction. Un téléphone, un rare châle de soie de mer, un fossile et un fragment de météorite sont les premiers objets choisis par Jean-Bernard Pouy, Emmanuelle Pagano, Philippe Forest et Valérie Rouzeau.
Cette collection est enrichie d’une offre numérique. Le lecteur peut visualiser l’objet en réalité augmenté, visionner un entretien avec l’écrivain et partager ses impressions sur le réseau social Libfly. (source)

Le téléphone S63

Le Socotel S63 tient son nom de SO.CO.TEL, Société des Constructeurs de Téléphone, et de sa date de conception, 1963.
Le Socotel S63

L'objet choisi par Jean-Bernard Pouy dans S63 raconte donc l'histoire d'un objet peu banal dans ce siècle de vénération des smartphones! Il s'agit d'un téléphone des années 1963 ! Autrement dit une antiquité !
Jean-Bernard Pouy imagine qu'il découvre, dans une brocante, une vieille toile sans valeur qui se révèle être un tableau du XVIII siècle. A qui attribuer l'oeuvre? Qui a-t-il sous la tache de peinture qui semble être un rajout? Ce sont des questions que le narrateur va être obligé de se poser tout en refusant les spéculations sur la valeur du tableau. Après avoir gratté la couche, quelle ne va pas être sa stupéfaction en découvrant sur cette toile authentique le dessin d'un téléphone, le S63 : tout en plastique, plus quelques éléments en métal et des composants numériques. Un kilo 480. Haut de 13cm. 27Cm de long sur 26cm de large.

Un ton Oulipo

L'enquête prend alors un ton farfelu qui convient très bien à un membre d'Oulipo !
Ou bien j'étais tombé par hasard sur une faille temporelle, ce qui était quand même probable, ou bien j'étais encore plus zinzin qu'avant. 
Il faut dire que le mystère est obsédant et qu'il va encore se compliquer voire se densifier avec des apparitions aussi saugrenues que celle d'un hélicoptère ou d'un autobus. Et quand le S63 se met à sonner, avouez qu'il y de quoi en perdre la boule !

J'aime l'humour de Jean-Bernard Pouy. Sa détestation des brocantes et des vide-grenier, par exemple : l'un des musts dominicaux … un peu partout dans l'HexagoneSe promener entre des tas de saletés invendables, des machines à coudre du XVème siècle et des cafetières en émail toutes pourries peut devenir une torture et rendre méchant, très méchant. Pour ne pas sombrer il faut avoir deux techniques : espérer ou Il faut décider à l'avance de dénicher le bien, l'objet, le bibelot le plus nul et le plus bête, voire le plus laid.
Que ceux qui ne sentent pas viser lèvent le doigt!

Une réflexion sur l'Art

 J'ai aimé aussi la part faite à une réflexion sur l'art.

 
Edouard Manet :  L'Asperge (1880) au musée d'Orsay
L'Asperge de Manet
Chardin : La raie musée du Louvre 1728
La raie de Chardin

Intéressant ses délires interprétatifs : j'avais toujours trouvé que l'Asperge de Manet était un pénis coupé au repos, en train de pourrir, et que la raie de Chardin était une mise en scène de symboles et de métaphores figurant le sexe féminin...

et passionnantes ses divagations sur l'art à la suite de ces visions d 'objets pour le moins inattendus là où ils ne devraient pas être!

Retable d'Issenheim de Grünewald musée de Unterlinden de Colmar
Grünewald Rétable d'Issenheim - source
 
Et si l'art n'était qu'une pulsion de Mort? s'interroge-t-il, à propos du rétable d'Issenheim de Grunenwald, de La mort de Sardanapale de Delacroix en passant par le Saturne de Goya ou les tableaux de Jérôme Bosch? Une conclusion qui nous entraîne dans une visite de Beaubourg sur les traces de la Mort, le seul sujet non coupable de par son inattaquable réalité. De belles pages sur l'Art!

Requiem pour une feuille morte de Tinguely musée d'art moderne de Beaubourg
Requiem pour une feuille morte de Tinguely

Dès l'entrée du musée d'art moderne de Beaubourg, il y a une oeuvre de Tinguely, gigantesque, noirâtre et vaguement menaçante, mécanique mentale qui n'inquiète pas vraiment en soi, le jeu et la complexité ludique des rouages pouvant éloigner un moment de l'idée de l'inexorable, quoique, mais qui est là volontairement ou non pour donner le ton. Et même si l'on ne voit pas immédiatement quelque chose de mortuaire, c'est en lisant le titre, Requiem pour une feuille morte, que l'on se trouve déjà préparé au message dominant : on va entrer dans le côté obscur de la force de création. Les forces infernales vous tendent les bras. Comme Dante guidé par Virgile, on pénètre dans une sorte d'Enfer. "Lasciate ogni speranza voi ch'entrate...  Abandonnez, vous qui entrez, toute espérance."



Et Ben, avec sa toile Mourir c'est facile, qui abruptement nous avertit qu'il est plus aisé de rendre compte, artistiquement, de cette évidence qu'est la mort que de toute autre chose, nous préparant à Container Zéro, la chambre froide de morgue médicolégale de Raynaud, carrelage glacial, lavé incessamment au formol, où reste encore une once de respiration, comme des artères cardiaques emplies du sang bien rouge de la vie.

Raynaud : Container Zéro au musée d'art moderne de Beaubourg
Raynaud : Container Zéro


 Baignant littéralement dans le cadavre et le cadavérique, on peut alors admirer d'un tout autre oeil la Mariée de Niki de Saint Phalle, immense fantôme grisâtre, corps ayant dépassé l'état même de pourrissement pour rejoindre celui de momie, comme chez les moines des capucins à Palerme.

Mariée de Niki de Saint Phalle au musée d'art moderne de beaubourg
Mariée de Niki de Saint Phalle

Mariée de Niki de Saint Phalle (détail)

Et voilà où nous mène un vieux téléphone S63 exposé au musée des Confluences à Lyon!


Merci à Margotte pour ce livre voyageur. Vous pouvez lire son billet ICI

dimanche 15 mars 2015

Eowyn Ivey : La fille de l'hiver

La fille de l'hiver de Eowyn Ivey dans  la collection 10/18



J’ai écrit il y a quelques jours un billet sur le conte russe : La fille des neiges et voici maintenant un roman de Eowin Ivey intitulé la fille de l’hiver qui reprend ce conte et le transplante dans un autre pays de neige et de froid, l’Alaska!



Un couple, Mabel et Jack s’installent en Alaska pour oublier la mort de leur bébé et le fait qu’ils n’ont jamais pu avoir d’autres enfants! Ils sont déjà âgés et l’adaptation à ce pays est difficile. Pour échapper à la pesanteur de leur vie hivernale, ils façonnent une petite fille des neiges. Quelques jours après paraît une fillette étrange, suivie d’un renard roux. Peu à peu, elle prend l’habitude de leur rendre visite mais, toujours insaisissable, repart dans les montagnes enneigées et disparaît complètement au printemps. Mabel qui connaît bien le conte se demande s’ils sont tous deux devenus fous? Sont-ils victimes d’une illusion?



J’avais quelques doutes sur ce sujet que je jugeais difficile. Si l’enfant existe, en effet, nous sommes en plein conte, ce qui ne va avec la narration réaliste du roman. Si, au contraire, l’explication est terre à terre, on peut dire adieu à la poésie du conte!

j’avais tort de m’inquiéter car Eowyn Ivey, évite très bien le piège. Tout en maintenant l’intérêt du roman, elle sait nous tenir à mi-chemin entre poésie, conte féérique, et réalité, un dosage plein de finesse qui nous dispense de nous préoccuper de la vraisemblance de l’histoire, tout en nous permettant d’y adhérer fortement.

 La fille des neiges tableau de Виктор Михайлович Васнецов
Sniegourotchka : de Viktor Vanestov

 Jack avait sculpté ses lèvres et ses yeux. Mabel lui avait donné des moufles et coloré la bouche en rouge. Cette nuit-là une enfant leur était née, d'une poignée de glace et de neige, et de beaucoup amour.
Que s'était-il passé dans ces ténèbres glaciales, lorsque le givre avait auréolé les cheveux de paille et que la neige s'était changée en chair et en os?

On est pris par cette écriture à la fois délicate et forte, qui sait allier la beauté de la description des paysages, le mot juste pour décrire le spectacle magique de la nature, à la rudesse de la vie dans ce pays. Cultiver une terre y devient un combat,  la chasse est ici une question de survie... La nuit paraît une éternité, on se replie dans la solitude et le froid atteint des paroxysmes. Et quand la nourriture manque, quand le découragement gagne, la vie ne tient alors qu’à un fil, loin de la civilisation, du confort ou du secours d’un médecin. Heureusement il y a la solidarité et l’amitié d’une autre famille de fermiers et puis, bien sûr, la présence de Faïna, cette petite fille des neiges, enfant magique, qui va donner et recevoir infiniment d'amour.



Un très joli livre, plein de poésie et de finesse mais aussi de cruauté car les contes pour enfants ne sont jamais très gais!

Je remercie L'or rouge de me l'avoir fait découvrir...



Extraits : un moment très fort, quand Mabel en proie à des idées suicidaires, s'aventure sur la glace de la rivière insuffisamment formée :


Au milieu du chenal, alors que la falaise n'était plus qu'à un jet de pierre, l'eau se mit à gronder sous la croûte de glace qui s'enfonçait légèrement. Elle baissa les yeux et ce qu'elle vit la terrifia. Ni bulles, ni craquelure. Seulement un abîme ténébreux, comme si elle se tenait en surplomb d'un ciel nocturne. Elle fit un pas vers la falaise. Il se produisit un craquement sonore, le bruit d'un bouchon de champagne qui saute. Mabel écarta les jambes. Ses genoux tremblaient. La glace allait céder.