Pages

lundi 1 avril 2013

Challenge romantique : troisième bilan.



Le troisième bilan du challenge romantique compte deux nouvelles participantes : Eimelle et Lilousoleil..
Le challenge a commencé le 1er Novembre 2011 et devient illimité puisque certain(e)s d'entre vous ont décidé de s'inscrire en cours de route et que les autres sont toujours enthousiastes. Il concerne la littérature, le roman, la poésie, le théâtre, les essais, mémoires, biographies, lettres, pastiches et parodies... mais aussi la peinture, la musique, le cinéma, bref! tous les arts.

L'écrivain le plus lu  est une écrivaine, j'ai nommé George Sand  que certaines lectrices ont découverte ou redécouverte avec nous.



Merci à tous pour ces lectures partagées!


Les Généralités

 

  Les jeunes France ou Bousingots caricature du Figaro

Les Romantiques français : des pistes de lecture (1)


Les Romantiques français : des pistes de lecture (2) 


 Théophile Gautier : Histoire du romantisme (1) La bataille d'Hernani


Théophile Gautier : Histoire du Romantisme (2) : Les Jeunes France ou le petit Cénacle


Le challenge Romantique de Claudialucia

Mercredi Romantique : Jane Austen est-elle une romancière romantique 


Pierre Salomon et Jean Chalon, biographes de Sand

 

Les lieux romantiques

 

La mare au diable

Sur les traces de Chateaubriand : de Saint Malo à Combourg Les mémoires d'Outre-Tombe
 Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 1

Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 2 

samedi sandien : La maison de Georges Sand à Nohant d'Anne-Marie Bremm

Sur les traces de George Sand (1) : la Vallée noire et Nohant

 
Sur les traces de George Sand (2) : Le meunier d'Angibault, Angibault et Sarzay
Sur les traces de George Sand (4) : Le péché de Mr Antoine, Crozant, Gargilesse

Sur les traces de George Sand ( 5): Corambé, le parc de Nohant, Histoires de ma vie
Sur les traces de George Sand (7): La mare au diable 

Les Ombres du Valois : Hommage à Gérard de Nerval et au Valois 

William Sheller chante Guernesey.
 

Le château d'Ermenonville : Le parc de Jean-Jacques Rousseau 

 

La peinture romantique

 

Caspar David Friedrich

Exposition Orientalisme à la vieille charité

Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen

Les Romantiques et le soleil : Hugo, Turner, Friedrich, Schubert  Voyage avec Turner 

Alfred de Vigny : Le bain d'une dame romaine

Carl Blechen, peintre allemand

 David D'Angers : sculpteur

 


La musique romantique 

 

Franz Liszt

 

Place à la musique!

La vie de Liszt est un roman  Zsolt Harsanyi Actes sud
Goethe, Nerval, Berlioz, Schubert : Le roi de Thulé (traduction de Nerval)

William Sheller chante Guernesey.
 

Julos Beaucarne. Le lac : pastiche de Lamartine

 La truite de Schubert


 

Les films romantiques

 

Jane Eyre


 Emoi et Moi :  Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier

Mary Shelley / James Whale : le film Frankeinsten

Emily Bronté/  Wiliam Wyler : Le film Les Hauts de Hurlevent

Stendhal /Lucio Fulci : le film Les Cenci (dans Chroniques italiennes)



Jane Eyre : un livre/un film

Jules et Jim et Jean-Luc et Jean-Pierre et Jean-Claude

Les misérables film de Rober Hossein  (Victor Hugo)
........................................................................................................................

Asphodèle









 .....................................................................................................................

Aymeline

Charlotte Bronte : Jane Eyre





................................................................................................................................

Céline :


Alexandre Dumas : les Borgia

Alexandre Dumas : Le chevalier d'Harmenthal


 Balzac : Les Chouans,

 Mary Shelley :Frankenstein


............................................................................................................... .............

Claudialucia

 

 

Caspar Friedrich, Falaises de craie sur l'île de Rugen


Le challenge Romantique de Claudialucia


Le challenge Romantique: Liste des participants


 Mercredi romantique : Les reconnaissez-vous?


Les Romantiques français : des pistes de lecture (1)


Les Romantiques français : des pistes de lecture (2) 


 Théophile Gautier : Histoire du romantisme (1) La bataille d'Hernani


Théophile Gautier : Histoire du Romantisme (2) : Les Jeunes France ou le petit Cénacle


Mercredi Romantique : Jane Austen est-elle une romancière romantique?


Les Romantiques et le soleil : Hugo, Turner, Friedrich, Schubert

Emily Brontë : Les Hauts de Hurlevents


Emily Brontë : Les moors 


Anne Brontë : Agnès Grey


Brontë Charlotte : Jane Eyre


Bürger Gotfried : Lénore (traduction de Nerval)


Robert Burns, My heart’s in the Highlands…

 Camillo Castelo Branco : Amour de perdition


François-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-tombe extrait 1


Francois-René de Chateaubriand : Mémoires d'Outre-Tombe : extrait 2


Sur les traces de Chateaubriand : de Saint Malo à Combourg Les mémoires d'Outre-Tombe


Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4


Victor Hugo : Exposition  Les arcs-en-ciel du noir


Victor Hugo : Les misérables


 Goethe, Nerval, Berlioz, Schubert : Le roi de Thulé (traduction de Nerval)


 Goethe : Le roi des Aulnes dans ballades et autres poèmes
 
Goethe Wolfgang :  Faust

Gérard de Nerval : Les filles du feu: Sylvie


Gérard de Nerval :  Chanson gothique


Gérard de Nerval : Fantaisie 


Gérard de Nerval et la Grèce : Delfica  


Le monde de George Sand


  George Sand : Consuelo 


George Sand : Indiana 


George Sand : Mauprat


George Sand : Marianne


George Sand : La petite Fadette


George Sand : Metelle et Mattea


George Sand : Pauline


George Sand : La marquise et Lavinia


George Sand : L'orgue des Titans 


George Sand  : Le meunier d'Angibault 


George Sand : Le péché de M. Antoine


George Sand : Cora


George Sand : Teverino


Sur les traces de George Sand (1) : la Vallée noire et Nohant


Sur les traces de George Sand (2) : Le meunier d'Angibault, Angibault et Sarzay


Sur les traces de George Sand (3) : La fée poussière


Sur les traces de George Sand (4) : Le péché de Mr Antoine, Crozant, Gargilesse


Sur les traces de George Sand ( 5): Corambé, le parc de Nohant, Histoires de ma vie


Sur les traces de George Sand (6): La fée aux gros yeux


Sur les traces de George Sand (7): La mare au diable 


George Sand : citation de La mare au diable : l'art est une recherche de la vérité... 

George Sand : Les Légendes rustiques 

De George Sand à Emily Brontë : de Mauprat à Les hauts de Hurlevent par joseph Barry


Marie Shelley, Frankenstein


Stendhal : Chroniques italiennes : Les Cenci (1)


Stendhal : Chroniques italiennes :  Vittoria Accorombia et Vanina Vanini (2)

Renan :  Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Alessandro Manzoni : Les Fiancés 

Ann Radcliffe : les msytères d'Udolphe  et le Northanger de Jane Austen 

Ann Radcliffe  




*******************

Invitation au Romantisme : aller voir les autres participants


Invitation au musée de la vie romantique : chez L'Ogresse de Paris et Eiluned


  Invitation au voyage avec Chateaubriand pour guide chez Miriam

Invitation au romantisme : Chateaubriand, ridicule? chez Mélisande

  Invitation au Romantisme un  film, un poème, un chanteur chez Eeguab


Invitation à la musique romantique : Chez Gwenaelle, Eeguab, Miriam, Wens, Claudialucia

Invitation au romantisme : Childe Harold en Italie Lord Byron chez Tilia

..................................................................................................... ........................

Cleanthe

Walter Scott : Rob Roy

George Sand, Les Dames vertes:

George Sand, Consuelo

George Sand,  la comtesse de Rudolstadt

George Sand : Teverino


Ann Radcliffe, Les Mystères d'Udolphe

Goethe, Les Affinités électives:

Andersen, Contes:

Achim von Arnim, Isabelle d'Egypte

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe:

Dumas, Amaury:

Dumas, Pauline:

Dumas, Olympe de Clèves:

Dumas, Joseph Balsamo

Dumas, Le collier de la reine

Dumas, Le chevalier de Maison-Rouge

Musset, Histoire d'un merle blanc

Musset, Lorenzaccio

Pouchkine : La dame de Pique

George Sand : Un hiver à Majorque

...............................................................................................................................



Eeguab

 Emoi et Moi :  Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier
Un beau billet vibrant d'émotion sur un film adapté d'un auteur allemand : Peter Von Mendelssohn


Les Ombres du Valois : Hommage à Gérard de Nerval et au Valois 


William Sheller chante Guernesey.

Yeats The stolen child
  
Jules et Jim et Jean-Luc et Jean-Pierre et Jean-Claude

La Bohême de Henri Murger et les adaptations filmiques

Un compagnon de Dumas

.............................................................................................................


 Eimelle

De Rigoletto au Roi s'amuse de Victor Hugo 

Marie Dorval (1)

 Marie Dorval et Vigny (2)

Marie Dorval (3)

Marie Dorval (4)

Marie Dorval (5)

Marie Dorval et Frédérick Lemaître Trente ans ou la vie d'un joueur 1827 

Alexandre Dumas : Antony /Marie Dorval

Ruy Blas de Victor Hugo (1) Lecture spectacle

Ruy Blas de Victor Hugo La reine et les costumes (2)

George Sand : Indiana

.........................................................................................................................



 Emmyne

Alfred de Vigny : Le bain d'une dame romaine

Carl Blechen, peintre allemand
...........................................................................................................................



Gwenaelle

Place à la musique!
........................................................................................................................................

 Les Livres de George

Samedi Sandien : Simon

Samedi Sandien : Indiana 

Samedi Sandien : les compagnons du Tour de France 

Samedi sandien Journal intime 1834 : Et moi où suis-je pauvre George!

Samedi sandien : Histoire de ma vie 

samedi sandien : Leone Léonie


Samedi sandien : impressions et souvenirs épisodes 1

 samedi sandien : La maison de Georges Sand à Nohant d'Anne-Marie Bremm

Rodolphe Marc Renier : Le dernier visiteur de George Sand

 Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 1

Sur les pas des romans de George Sand : Nohant et le Berry 2

Flavie de George Sand

Pierre Salomon et Jean Chalon , biographes de Sand

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maupin

Théophile Gautier : Mademoiselle de Maup

Madame de Roland : Enfance

Le château d'Ermenonville : Le parc de Jean-Jacques Rousseau 

Anne Bronte : La recluse de Wildfell Hill

Stendhal : Armance

Alfred de Musset: on ne badine pas avec l'amour
................................................................................................

 Lilousoleil



 George Sand : Marianne

................................................................................................



 L'or des chambres

Jane Austen : Orgueil et préjugés



.........................................................................................................


Maggie



Victor Hugo  : Les Misérables

Cazotte : Le diable amoureux 

Polidori : Le vampire

Voyage avec Turner
.............................................................................................................



Margotte : Le bruit des pages







.....................................................................................................


 Mazel











..........................................................................................................





 Mélisande

Chateaubriand, le comique de service





...................................................................................

Miriam

La vie de Liszt est un roman  Zsolt Harsanyi Actes sud


Le musée de la vie romantique Paris




Avec Chateaubriand pour guide :

Prendre Chateaubriand pour guide

randonnée sur la digue de la duchesse Anne


Combourg et Dol de Bretagne sur les pas de Chateaubriand


 Les remparts de Saint Malo : Chateaubriand


Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 2

Chateaubriand : Itinéraire de Paris à Jérusalem 3



Paul Féval La fée des grèves 


Walter Scott : Rob Roy


Théophile Gautier : le roman de la Momie


Théophile Gautier : Exposition à Sceaux


Théophile Gautier  : Emaux et camée, Nostalgies d'Obélisque

Gérard de Nerval : El Desdichado

Gérard de Nerval : Voyage en Orient

Victor Hugo : l'enfant grec

Le Vampire d'après Lord Byron

André Maurois : Lord Byron  Dom Juan  

Byron : les romantiques et le voyage en Orient 

Byron en Grèce (extrait de Childe Harold)

George Sand  : Teverino

 Mazzini Alessandro : Les Fiancés 

Les neiges du Kilimadjaro : Guediguian

David D'Angers, sculpteur
.....................................................................................



 Océane






............................................................................................

Ogresse de Paris

Musée de la vie romantique

Exposition Orientalisme à la vieille charité

Lettres à Fanny de Keats




Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (1)

Le château de Monte Christo et le roman de Dumas (2)

 ...........................................................................................


 Roz Dans ma bibliothèque

 Alexandre Dumas : l'invitation à la Valse


       





...........................................................................................

     Syl

George Sand : Pauline




................................................................................

Tilia 

Première contribution dans Echos de mon grenier : Requiem Pastoral
Sir Edwin Henry Landseer - 1837 Le vieux berger pleuré par son chien
Peinture romantique

Lord Byron : Childe Harold en Italie

La truite de Schubert

Duels russes : Pouchkine, Lermontov....
................................................................................

Valérie K.






............................................................................


Wens

Julos Beaucarne. Le lac : pastiche de Lamartine


Edith- Yann. Les hauts de Hurlevent. Emily Bronte.(BD)


Hugo Victor. Chanson des pirates.


Hugo Victor. Demain, dès l'aube.


Hugo Victor. Le mendiant.

Les misérables film de Rober Hossein  (Victor Hugo)


Lamartine. Homme politique


Lord Byron, citation

Mary Shelley / James Whale : le film Frankeinsten

Emily Bronté/  Wiliam Wyler : Le film Les Hauts de Hurlevent

Stendhal /Lucio Fulci : le film Les Cenci (dans Chroniques italiennes)

dimanche 31 mars 2013

Atiq Rahimi : Syngue Sabour Un livre/Un film





Résultat de l'énigme n°61
Le prix de la Patience a été accordé à : Dasola, Dominique, Eeguab, K'gire, Keisha, Miriam, Pierrot Bâton, Sybilline, Thérèse...  Et merci à tous ceux qui ont participé!

le roman, prix Goncourt 2008 : Syngue Sabour d'Atiq Rahimi
                    
Le film : Syngue Sabour réalisateur Atiq Rahimi co-scénaristes Atiq Rahimi et Jean-Claude Carrière




Syngue Sabour est un roman que j'ai commenté lors de sa sortie après qu'il a été couronné par le prix Goncourt. Aussi j'ai été très curieuse de voir ce que Atiq Rahimi en avait fait puisque c'est lui-même qui adapte son oeuvre au cinéma. Il est à la fois le réalisateur et le co-scénariste du film avec Jean-Claude Carrière. Voilà ce que j'en écrivais à l'époque en 2008.

J'écris pour savoir pourquoi cette rage, pourquoi cette colère. Atiq Rahimi

Syngue Sabour, la Pierre de patience, c'est cette pierre noire si finement ciselée par Atiq Rahimi, l'orfèvre! Et elle est effectivement bien noire, cette pierre de patience à laquelle on peut confier toutes ses peines jusqu'à ce qu'elle explose et vous libère, car il y a peu d'avenir pour les femmes en Afghanistan (ou ailleurs) comme le précise l'auteur. Peu d'espoir de liberté, là où règne l'islamisme radical, le totalitarisme religieux et cela peut être vrai de n'importe quelle religion si elle rime avec intolérance, obscurantisme, mépris de la femme. Femme objet - viande pour reprendre une expression du livre-, objet de troc quand elle est enfant et qu'il s'agit de la donner à des vieillards concupiscents, objet sexuel, elle subit humilations, coups, viols, répudiation, elle est à la merci des hommes. Le livre est d'ailleurs écrit :

"à la mémoire de N.A. -poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari-"...

J'ouvre le livre. Une prose très esthétique, -trop sans doute- car  je ne parviens pas tout de suite à entrer dans l'histoire. Trop belle, cette prose? trop recherchée? Je suis un peu déçue d'être trop attentive au style, d'être devant une porte ouverte sans pouvoir totalement y pénétrer. Je poursuis ma lecture, toujours interpellée par ces phrases simples, courtes, propositions indépendantes au présent de narration,  cette syntaxe  parfois désarticulée, groupes nominaux ou adjectifs isolés des substantifs, détachés par la ponctuation. Petites propositions rapides, donc, qui nous amènent à une lecture nerveuse semblable aux mouvements désordonnés de la femme qui gesticule dans la chambre, puis mots cadenassés par les deux points qui les encadrent : arrêt sur l'image, respirations par saccades du blessé. Mouvement/arrêt sur l'image. Alternance.
C'est donc de cette manière que j'entre dans le roman! Et certes, le style est efficace car naît devant mes yeux, dès les premières pages, une gerbe d'images; les couleurs d'abord : le cyan des murs, le rouge de la robe et puis la mise en place des personnages, cet homme allongé sur un grabat et cette femme dévidant son chapelet, une femme sous l'oeil de Dieu, soumise à la religion, recevant l'imam qui vient chaque jour lui rendre visite pour lui faire des reproches sur sa foi. Un huis-clos dans une chambre, un homme  mourant, immobile, une femme en mouvement, tous deux sur une scène de théâtre comme celle de Shakespeare, une représentation du Monde plein de bruits et fureur dont je suis spectatrice.
Un huis-clos avec un hors champ car le monde extérieur, lui, se manifeste par les bruits, pleurs des petites filles dans les autres pièces de la maison, prières du mollah, toux caverneuse de la voisine,  rumeurs de  la vie quotidienne  dans les rues, qui laissent de plus en plus place au tumulte de la guerre, explosions, tirs, cris, gémissements de douleur, interpellations des hommes armés, invocations d'Allah..  Et lorsque ces hommes - qui font la guerre parce qu'ils ne savent pas faire l'amour- pénètreront dans cette pièce  fermée, nous ne serons plus protégés de la violence et l'angoisse s'empare de nous. J'ai dit nous? Nous, bien sûr, non plus spectateurs, mais au coeur de la mêlée.
La prose travaillée d'Atiq Rahimi, savante dans sa simplicité, est toujours là et maintenant, je suis prise par sa musique, une petite musique obstinée, qui n'a rien à voir avec de grands rugissements à la Beethoven- Atiq Rahimi confiait qu'il écoutait tous les jours Le Chant du cygne de Shubert pendant qu'il écrivait son roman-  mais qui est âpre, mordante, violente dans sa retenue, qui surprend par la crudité des mots et de la pensée, qui fait mal, car elle exprime toute la souffrance des femmes humiliées.
Car le coeur du récit, ce n'est pas la guerre des hommes mais la lutte que mène la femme pour se libérer par étapes : en confiant les enfants à sa tante, elle les met à l'abri et n'est plus entravée par l'amour maternel; après le vol du Coran, elle ne se soumet plus à la religion;  en faisant de son mari, une pierre de patience, Syngue Sabour, elle vomit sa condition de femme, soumise au père d'abord, à la belle-mère, au mari ensuite, aux désirs de ses beaux-frères, au viol, à la prostitution, aux violences de la guerre. Elle se libère de toute sa haine, ses humiliations, ses souffrances jusqu'au moment où la pierre explosera et... ce sera pour elle la libération mais quelle libération! La seule issue, semble-t-il, possible pour la femme dans ce pays.
Car peut-on être heureuse en Afghanistan? C'est la question que pose le conte raconté par sa grand-mère et commenté par son beau-père qui, en vieux sage, en tire la leçon suivante :

Pour cela, (être heureuse) il faut  se résigner à un sacrifice, renoncer à trois choses : l'amour de soi, la loi du père et la morale de la mère!".

Et lorsque la femme demande si c'est réalisable : Il faut essayer, répond le vieil homme. Belle figure que celle de ce vieillard qui, s'il approuve le combat pour la libération du pays mené par ses fils, les renie lorsqu'ils ne font la guerre que pour le pouvoir. Et parce que Sage, il est, lui aussi, aussi condamné dans cette société de violence, rejeté par ses fils, maltraité par sa femme.
De plus, et c'est encore un des charmes de Syngue Sabour, cette intervention du conte  à la manière orientale dans un roman occidental. La confession de la femme, à propos du sage Hakim, qui pourrait sortir tout droit du livre Les Mille et une nuits,  prêterait à rire si elle n'était aussi tragique : superbe mélange des genres! On rit de ce qui arrive au mari mais l'on ne peut oublier ce que cela implique pour la condition féminine.
Puis, de temps en temps une inspiration à la Prévert :

La femme expire
L'homme inspire

la femme ferme les yeux
L'homme demeure les yeux égarés

quelqu'un frappe à la porte.

Avec çà et là, de purs moments de poésie :

La femme rouvre doucement les yeux.
Le vent se lève et fait voler les oiseaux migrateurs au-dessus de son corps.


Un très beau livre dans lequel il faut pénétrer lentement et dont la petite musique retentit dans votre tête longtemps après s'être tue.

voir  aussi Syngue Sabour (2): pour une interprétation du dénouement

Le film : Syngue Sabour
 Golshifteh Farahani dans Syngue Sabour

 Synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "Syngué Sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !

Le synopsis du film pourrait être aussi celui du roman dont il épouse la trame avec précision. Le film reste donc très proche de l'oeuvre écrite jusque dans le cadre, celui de la chambre, des couleurs et des rideaux qui portent des dessins d'oiseaux migrateurs comme dans le livre où ils prennent valeur de symbole et occupent une grande place au dénouement. Mais alors que le roman était le plus souvent un huis-clos enfermant la femme et l'homme blessé, le film, lui, s'aventure à l'extérieur et nous montre une ville en guerre, bombardée, chaotique, dangereuse. Les images sont très belles, la réalisation impeccable mais l'introduction du monde extérieur, le réalisme de la guerre enlèvent un peu la poésie du texte et son côté mystérieux qui sollicite l'imagination du lecteur. Bien souvent en lisant le texte de Atiq Rahimi, le lecteur se sent, en effet, dans un univers  qui offre un autre sens, dans la parabole, la fable ou même parfois le conte oriental. En voulant introduire l'action, le réel, en variant les angles de prises de vue, en focalisant sur la gestuelle dans le but d'introduire un langage cinématographique et peut-être aussi de ne pas lasser le spectateur, Atiq Rahimi perd un peu ce qui faisait la force de son texte écrit, la petite musique intérieure, et cela malgré les qualités évidentes du film.
Ce que j'ai regretté aussi par rapport au roman - et je ne comprends pas le choix des scénaristes- c'est la disparition du grand père qui me semblait essentiel. Il représente la sagesse et ce très beau personnage masculin évitait au récit de tomber dans le manichéisme. En effet, en le supprimant, le réalisateur semble dire que tous les hommes sont mauvais au risque de paraître caricatural.


L'actrice, Golshifteh Farahani, qui incarne la jeune femme est non seulement d'une grande beauté mais est aussi une remarquable interprète. Je lis dans un article du Nouvel Observateur (ICI) qu'elle est iranienne, vit en France et n'a plus le droit de retourner dans son pays.
"En bonne insoumise, elle a adopté la phrase de Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Née dans la psalmodie des slogans, cinq ans après l’instauration de la république islamique, Golshifteh Farahani a dû quitter son pays. On l’accuse d’un seul et unique crime : en 2008, malgré l’embargo américain qui interdit toute transaction avec le régime des mollahs, la comédienne persane tourne, grâce à une mesure dite « d’exception culturelle », « Mensonges d’Etat », de Ridley Scott. "

Le rôle qu'elle interprète dans Syngue Sabour a été extrêmement important pour elle :
« Cette femme use de cet homme pour se libérer et j’ai usé du rôle pour me libérer, moi, analyse-t-elle. Gouverné par l’invisible, l’Iran vous apprend à mentir. Sur nos parents (les miens sont artistes, donc dans l’opposition), sur notre consommation d’alcool, sur nos lectures. Nous nous méfions des profs, des flics, de notre propre famille même. Prendre la parole impose de n’irriter personne, ni les gardiens de la révolution, ni les paysans, ni les classes moyennes. » Elle a tourné « Syngué Sabour » au Maroc sans obtenir le droit de se rendre en Afghanistan...
Un beau film, esthétique, mais...


Ecouter la musique de Schubert qui a inspiré l'auteur : Schwanengesang .



samedi 30 mars 2013

Un livre/ Un film : Enigme n° 61





Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.
 
Enigme n° 61

Le film passe à l'heure actuelle sur le grand écran. Il est réalisé par l'auteur lui-même qui transpose son roman couronné à sa sortie par le prix Goncourt. Le roman raconte l'histoire d'une femme afghane  qui veille, au milieu d'une guerre fratricide sur son mari blessé.  Le réalisateur est aidé dans l'écriture du scénario du film par un autre écrivain. Quels sont le titre du roman, le nom de l'auteur et celui du co-scénariste?


Lui toujours raide et froid, agrippe la femme par les cheveux, la traîne à terre jusqu'au milieu de la pièce. Il frappe encore sa tête contre le sol puis, d'un mouvement sec, il lui tord le cou.(...)
La femme est écarlate. Ecarlate de son propre sang.
Quelqu'un entre dans la maison.
La femme rouvre doucement les yeux.
Le vent se lève et fait voler les oiseaux migrateurs au-dessus de son corps.


vendredi 29 mars 2013

Patrick Deville : Peste et choléra

Prix Fémina 2012

Le livre de Patrick Deville, Peste et choléra, retrace la vie d'un personnage étonnant, un génie dont les découvertes révolutionnent l'humanité et qui, pourtant, reste peu connu du grand public : Alexandre Yersin, savant d'origine suisse, naturalisé français. (1863-1943). On lui doit la découverte  de la toxine de la diphtérie et du bacille de la peste (Yersina Pestis) et l'invention du sérum de la peste. Médecin bactériologique, il a travaillé à l'institut Pasteur où il est considéré par Pasteur lui-même comme l'un des plus brillants chercheurs. 

Oui, mais voilà ! Yerson à la bougeotte : ce n'est pas vivre que de ne pas bouger déclare-t-il. Il part en Indochine française et devient médecin des Messageries françaises. Il mène des explorations à travers le pays et ses écrits d'ethnologue contribuent à faire connaître des peuples alors peu connus. Il s'installe en Indochine, à Nha Trang, un lieu qu'il considère comme le paradis et qui lui doit beaucoup. En effet, il étudie l'agriculture, l'arboriculture et la met en pratique en introduisant dans cette région des arbres et de nouvelles plantes comestibles ou d'ornement. Il cultive l'hévéa et fournit le Latex aux usines Michelin tout en continuant  à mener ses expériences et ses recherches.  Il crée un laboratoire pour fabriquer du sérum, tout en se passionnant tour à tour pour l'ornithologie ou l'astronomie. Il parvient même à gagner de l'argent et à asseoir une confortable fortune.Tout ce qu'il touche est marqué du sceau du génie. Un homme hors du commun!

Yersin allie les miracles de la modernité à son goût de la mécanique, du cambouis et de la clef à molette   comme de la seringue et du microscope, de la blouse blanche et de la salopette bleue.
Il est est le premier automobiliste et se fait mécanicien pour l'améliorer.

 Son biographe le compare à "un encyclopédiste des Lumières" :

Yersin est un touche-à-tout, un spécialiste de l'agronomie tropicale, un bactériologiste, un ethnologue et un photographe. Il a publié au plus haut niveau en microbiologie et en botanique.

Un seul point faible, semble-t-il, il est imperméable à l'art et à la littérature. Pourtant, après sa mort on a découvert ses traductions de textes grecs ou latins, Platon, Phèdre,Virgile, Salluste, Cicéron…

Rimbaut vient du latin et Yersin y finit sa vie.
Octogénaire, il reprend l'étude du grec et du latin,
écrit Patrick Deville, occulte la page gauche. Traduire c'est comme une Vie. L'invention contrainte, le coup d'archet, les envolées légères de la chanterelle et le rythme lourd des graves. (… ) Sans doute Yersin y lut-il les valeurs antiques qui furent les siennes, la simplicité et la droiture, le calme et la mesure. Il a enfin le goût de la littérature et toujours celui de la solitude.

 Patrick Deville mène une biographie passionnée sur cet être d'exception. On comprend que le lecteur subisse la même fascination et le suive si volontiers sur les traces de cet homme qui serait un excellent personnage de roman, s'il n'avait vraiment existé!

Citation de Peste et Choléra de Patrick Deville dans mon blog ICI


Livre voyageur. Inscrivez-vous dans les commentaires au bas de ce billet.

mercredi 27 mars 2013

George Sand : citation de Joseph Barry dans George Sand ou le scandale de la liberté




 Joseph Barry dans sa biographie George Sand ou le scandale de la liberté raconte comment le fils de George, Maurice, lança un ultimatum à sa mère qui vivait à Nohant avec Manceau, un homme beaucoup plus jeune qu'elle : Manceau et lui ne pouvaient plus vivre à Nohant, lui dit-il.  Elle devait choisir entre son amant et son fils. Maurice récidivait. Il avait agi de même avec Chopin qui vécut neuf ans avec Sand à Nohant avant la séparation exigée par son fils.

George Sand laissa Nohant à son fils mais partit s'installer avec Manceau dans une maison qu'il avait achetée à Palaiseau. Avant de prendre cette décision, elle fut très agitée. Quitter son Nohant bien aimée lui coûtait.

Sur une impulsion, elle partit brusquement à Gargilesse passer quelques jours dans la solitude la plus absolue. Elle en revint rassérénée, de nouveau elle-même.
Son agenda se fit l'écho  heureux de cette amélioration. La page du "25 Avril", indiquait comme thème de la journée : "Abstinence". Elle souligna ce mot provocateur d'un trait épais.

"Abstinence! abstinence de quoi, imbéciles? Abstenez-vous, toute la vie, de ce qui est mal. Est-ce que Dieu a fait ce qui est bon pour qu'on s'en prive? abstenez-vous de sentir ce beau soleil et de regarder fleurir les lilas...."

George Sand, quant à elle, ne s'abstiendrait pas, et pas davantage à soixante ans qu'à vingt ans.

George Sand Agenda 1864 cité par Joseph Barry dans la biographie : George Sand ou le scandale de la liberté

J'aime l'épicurisme, le  bel appétit de vivre de George Sand qui refuse toute l'hypocrisie de son temps concernant les femmes. Elle choisit la liberté qui leur était refusée, assumant ce choix aussi bien dans sa sexualité que dans son mode de vie et de pensée, ouvrant la voie à toutes.




mardi 26 mars 2013

Sarah Frydman : La saga des Médicis

Le cortège des rois mages par Benedetto Gozzoli au palais des Médicis

La saga des Médicis de Sarah Frydman m'a irrésistiblement attirée étant donné mon amour pour Florence et pour cette famille mécène de la cité. j'ai tellement aimé cette ville, j'ai tellement déambulé dans ses rues, admiré ses églises et ses palais, ses oeuvres d'art qui vous surprennent à chaque coin de rue, l'extraordinaire floraison de beautés et de richesses, véritable enchantement pour qui est sensible à l'art…. qu'il me fallait lire ces récits présentés en trois volumes :

                                            La saga des Médicis 1 : Contessina
                                         La saga des Médicis 2 :  Le lys de Florence
                                         La saga des Médicis 3 : Lorenzo ou la fin des Médicis

Disons-le tout de suite, j'ai été déçue. Je m'attendais à un roman historique érudit où le lecteur côtoierait ces personnages hors du commun, partageant leurs idées philosophiques et artistiques, participant au foisonnement de la Renaissance, à la richesse culturelle de l'époque, à la création des oeuvres. Non! Sarah Frydman n'est pas Umberto Ecco de Au nom de la rose, ni Hella S. Haasse  de La forêt de longue attente, ni Fernandez de Porporino, ni même Anne Cuneo de Le trajet d'une rivière pour ne citer que mes romans historiques préférés… Le ton est  léger, les histoires d'amour un peu mièvres et répétitives d'un volume à l'autre. Il n'est pris que l'écume de l'Histoire et non le sens.
 Sarah Frydman se place, en particulier dans les deux premiers volumes, sous l'angle des épouses Médicis. A  priori, ce  n'est pas pour me déplaire car je trouve le point de vue original, celui de ces femmes, toutes mariées pour des raisons de pouvoir ou d'argent et qui ne sont que des monnaies d'échange, des "biens" commerciaux. Certes, l'écrivaine s'appuie sur des  connaissances historiques mais la part de fiction est très (trop?) grande et le propos reste trop cantonnée dans les tourments amoureux de ces dames, leurs démêlés avec leur mari ou leurs amants. Bref! Je m'attendais à autre chose. Ceci dit, si la lecture laisse sur sa faim, en contrepartie, elle est aisée et peut être agréable. J'ai rencontré avec plaisir ces personnages que l'on retrouve dans les tableaux des musées, dans les poésies et les textes qui leur rendent hommage; j'ai aimé être introduite dans les plus grandes familles florentines, les Médecis mais aussi les Bardi, les Tornabuoni, les Donati, les Pitti….


Et d'abord Contessina de Bardi (1390-1473) qui épouse Cosimo de Médicis (1389-1464), appelé Le Père de la patrie, celui qui asseoit la fortune des Médicis. Il va lui donner les bases pour se hisser au niveau de la noblesse qui méprise cette bourgeoisie de marchands. Elle a 13 ans quand son père Alexandre de Bardi propose à Giovanni de Médicis, le père de Cosimo et de Lorenzo, de la donner à l'un de ses fils. Elle est sans dot mais les Médicis auraient ainsi pour allié une famille florentine influente, chef de file des Gibelins, qu'il vaut mieux avoir de son côté que contre soi. Dans le roman, Cosimo tombe amoureux de la fillette et la "souffle" à son frère Lorenzo.


Ensuite vient  Lucrezia Tornabuoni (1425-1482), le lys de Florence, une érudite qui lisait couramment le latin, l'arabe et l'hébreu, excellente musicienne. Elle épousera, contre son gré, Piero I (1416-1469), le fils de Cosimo et Contessina, un homme savant et très laid,  à la santé fragile que le peuple surnommera Piero le Goutteux. De leur union naîtra Lorenzo et Julien. Si Lorenzo succèdera à son père, Julien (1453-1478), lui, fut assassiné dans la cathédrale Sainte Marie des Fleurs, victime de la conjuration des Pazzi, famille rivale qui voulait s'emparer du pouvoir à la tête de Florence en tuant les deux frères.  Lorenzo en réchappa et fit pendre les conjurés aux fenêtres de la Seigneurie.


Lorenzo de Médicis (1449_1492), dit le Magnifique, porte la gloire de Florence à son apogée. C'est le plus brillant, le plus aimé, le plus artiste de tous les Médicis. Il incarne l'homme de la Renaissance raffiné, amateur d'arts, mécène intelligent et généreux, talentueux mais c'est sous sa gestion que la fortune des Médicis va commencer à se fissurer alors que leur ascension sociale est au plus haut. Lorenzo se marie à Clarisse Orsini (1453_1487) une fille de la grande noblesse romaine.  Mais il  aime la jolie Lucrezia Donati. Le fils de Lorenzo et de  Clarisse, Piero II succèdera à son père à la tête de Florence, un autre Giovanni deviendra pape sous le nom de Léon X .




dimanche 24 mars 2013

Un livre/ Un film : Perrault , Grimm et Bettelheim...



Résultat de l'énigme n°60

Félicitations à tous ceux qui ont trouvé, soit les auteurs, soit le texte, soit le film! Dasola, Keisha, Marc, Maggie, Miriam, Pierrot Bâton, Syl

Les contes : Charles Perrault et les frères Grimm
                     Le texte est extrait de La Barbe Bleue de Perrault
Le film :  Agnès Jaoui : au bout du conte
 Charles Perrault : Le petit chaperon rouge illustré par Gustave Doré

La psychanalyse des contes de fée de Bruno Bettelheim
 
Il y a bien des manières d'interpréter les contes de fées mais j'ai particulièrement apprécié La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim dont la lecture est passionnante et qui nous ouvre des horizons sur ces lectures que certains pensent puériles ou  frivoles.
Les contes traditionnels appartiennent à la tradition orale et se sont perpétués au cours des âges, racontés le soir aux veillées, adoptant des variantes selon les époques et les pays. En France, c'est Charles Perrault qui, au XVIIème siècle, leur donne un forme écrite. En Allemagne, au XIXème siècle, les frères Grimm, Jacob et Wilhelm, collectent les contes et les légendes de leur pays et  les publient..
Après Freud et Jung, Bruno Bettelheim, dans La psychanalyse des contes de fée, analyse la portée symbolique des contes et étudie comment ils explorent les zones les plus profondes de l'inconscient. Bettelheim pense que les contes de fée répondent aux angoisses et aux questions que l'enfant se pose sur le monde qui l'entoure. En ce sens, ils exercent un fonction thérapeutique indispensable à l'enfance.
Les contes de fée ont pour caractéristiques de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. L'enfant peut ainsi affronter ces problèmes dans leur forme essentielle, alors qu'une intrigue plus élaborée lui compliquerait les choses. Le conte de fées simplifie toutes les situations. Ses personnages sont nettement dessinés; et les détails, à moins qu'ils ne soient importants sont laissés de côté. Tous les personnages correspondent à un type; ils n'ont rien d'unique.

Pour Bettelheim le petit chaperon rouge correspond à la peur d'être dévorée. La fillette à un stade prépubertaire de son développement doit résoudre le conflit entre sa sexualité naissante et le complexe oedipien représenté par le loup, image double du séducteur et du père. Dans certains versions du conte (Grimm) le père se dédouble sous les traits du chasseur pour assurer son rôle bienfaisant de protecteur. Dans un but moralisateur et de mise en garde, Perrault, lui, annonce clairement la couleur (ce que lui reproche Bettelheim). Le loup ne conserve pas son aspect animal; par des sous-entendus assez clairs, il est  présenté sous une forme humaine et le chaperon rouge qui se glisse dans son lit est tout étonnée de voir "comment sa Mère-Grand était faite en son déshabillé".
Bettelheim écrit :
On supprime toute la valeur du conte de fées si on précise à l'enfant le sens qu'il doit avoir pour lui. Perrault fait pire que cela : il assène ses arguments. Le bon conte de fées a plusieurs niveaux de signification. Seul l'enfant peut découvrir la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus tard, en grandissant, il découvre d'autres aspects des contes qu'il connaît bien et en tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes prennent plus de sens pour lui.

De même Blanche Neige correspond aux conflits entre mère et fille à l'âge de l'adolescence. La jalousie de la mère envers la jeunesse de sa fille correspond à sa propre perte de séduction. La rivalité entre la mère narcissique et la fille en plein conflit oedipien se révèle ainsi. Le dédoublement existant dans les contes entre la mère (bonne) et la marâtre (cruelle) permet à l'enfant de pouvoir régler ce conflit sans ressentir de culpabilité par rapport à la mère dont l'image reste intacte.

C'est ce qui explique que l'on puisse retrouver les contes partout, dans tous les pays, et à n'importe quelle époque, y compris la nôtre.  
Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »

Intemporels, ils n'en prennent pas moins la coloration de la société où ils sont racontés. Perrault mais aussi Grimm ont édulcoré le conte de tradition orale  pour l'adapter à leur société plus policée où l'on doit respecter certaines règles de bienséance. Ils ont supprimé des passages comme dans Le petit chaperon rouge où  l'on voit l'enfant dévorer les organes génitaux de la grand mère, métaphore de son passage de la fillette nubile à la femme capable de procréer. Chez Perrault, la société du XVII apparaît, décrite dans ses moeurs, ses divertissements, ses biens matériels. La Barbe Bleue permet de découvrir l'intérieur d'un bourgeois fortuné, avec ses meubles, sa riche vaisselle, ses raffinements. Il en est de même avec La Belle et la Bête de  Jeanne-Marie Le prince de Baumont au XVIIIème siècle où l'on voit la vie d'un marchand, les aléas de la navigation pour le commerce, la ruine financière qui en découle.
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la Ville et à la Campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés (...)
 Barbe Bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.

Agnès Jaoui. Au bout du conte.
Le chaperon rouge, le loup et la marraine fée

Il était une fois "Au bout du conte". Agnès Jaoui réalise, elle, une transposition du conte dans notre société dans le but de nous faire rire. Et l'on s'aperçoit que ça marche et même plutôt bien!  Pour notre plus grand plaisir, Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri revisitent l'univers des contes de Perrault et de Grimm transposé dans le Paris actuel. Tous les personnages de l'univers des contes traditionnels sont réunis. Le roi règne sur un empire industriel qui pollue l'atmosphère, son épouse, la reine, reste la plus belle grâce aux progrès de la chirurgie esthétique. Leur fille, Blanche Neige,  se transforme en chaperon rouge pour être séduite par un loup qui prend les traits d'un séduisant Barbe Bleue. Si la princesse fouille dans les SMS de ce dernier, il n'est pas étonnant qu'elle y découvre les messages sinon les cadavres d'autres femmes. On n'ouvre pas les portes interdites. Elle est aussi, à la suite d'une nuit de désespoir où elle boit et se drogue, la Belle au Bois dormant réveillée par son Prince charmant! Elle abandonne son prince-musicien qui a une fâcheuse tendance à perdre ses mocassins (hilarante transposition de la pantoufle de vair) sur le coup de minuit pour enfourcher son carrosse-scooter. Dans ce petit monde la marraine fée (intermittente du spectacle) dans son palais, pavillon de banlieue, règne sur des nains de jardin. Elle n'est pas très douée pour le maniement des nouvelles baguettes magiques que sont les ordinateurs ou les automobiles. Au milieu de ce monde, circule Pierre qui n'aime pas les enfants et ne croit pas aux contes de fée. En fait il ne croit pas en grand chose. Mais quand on lui rappelle que le jour de sa mort,  annoncée par une voyante, approche la carapace du vieux bougon solitaire se fendille : " et si jamais….".  Dans cette comédie chorale enlevée, aux dialogues ciselés, les acteurs sont tous excellents avec une palme spéciale pour Jean-Pierre Bacri, chacune de ses apparitions déclenchant  rires et sourires. Une comédie enlevée.
Au bout du conte avec Agnès Jaoui, Agathe Bonitzer, Dominique Valadié, Valérie Crouzet, Nina Meurisse, Jean-Pierre Bacri, Benjamin Biolay, Arthur Dupont, Laurent Poitrenaud…qui vécurent heureux et…

Texte commun de Wens et Claudialucia

samedi 23 mars 2013

Un Livre/ Un film : Enigme n° 60




Pour les nouveaux venus : De quoi s'agit-il?

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.
Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film.

Attention : Ce samedi et dimanche, Wens et moi, ne sommes pas chez nous. Impossible de répondre à vos questions.. mais nous sommes sûrs que vous allez trouver tout seuls! Nous programmons la réponse pour dimanche matin comme d'habitude et ajouterons les noms des perspicaces gagnants le soir!


Enigme n° 60

Ces contes traditionnels ont bercé notre enfance. Quels sont les noms de ces auteurs, français et allemands, qui ne vivaient pas à la même époque? Quel est le titre de l'extrait ci-dessous ?


.... pour faire connaissance, (il) les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que  le maître du logis (...) était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.







jeudi 21 mars 2013

Le Berry : Sur les traces de George Sand avec La mare au diable

La mare au diable

La mare au diable est située dans le bois de Chanteloube, sur le territoire de Mers-sur-Indre. Visiter le Berry sur les traces de George Sand impose une visite à ce lieu et je n'aurais pour rien au monde manqué ce rendez-vous. Ce site n'a-t-il pas donné son titre à un des romans le plus populaire de l'écrivain?
A priori cette mare, plutôt de petite taille, de forme circulaire, n'a rien pour faire naître des inquiétudes même si on la visite comme moi, à la tombée de la nuit, encore éclairée par quelques rayons de soleil. Mais elle a beaucoup de charme, emmitouflée dans sa parure hivernale, ses arbres dénudés, ses fougères roussies, son eau froide moirée de reflets, les feuilles mortes et les branches cassées formant un décor mélancolique. On nous explique par des panneaux pédagogiques que la mare a été bien plus étendue du temps de George Sand mais qu'elle a été coupée en deux par une allée surélevée lors de travaux destinés à agrandir la forêt, entrepris par le propriétaire. La mare actuelle, réduite, subsiste d'un côté; de l'autre côté elle s'est comblée peu à peu envahie par la végétation.

La mare se comble peu à peu

Le roman, la Mare au diable

 L'intrigue est simple. Germain, un laboureur a perdu sa femme. Il vit dans la maison de ses beaux-parents, de riches fermiers. Maurice, son beau père lui conseille de se remarier pour donner une mère à son fils Pierre. Justement une riche veuve habite à Fourches. Germain va donc se rendre dans ce village pour la rencontrer. Il part, accompagné de sa voisine la petite Marie, une jeune fille de seize ans, très pauvre qui s'est louée dans une ferme non loin de là et de son fils Petit Pierre. Mais le soir tombe, le brouillard se répand. Les voyageurs arrivent près de la mare au diable et sont incapables de retrouver leur chemin. Ils passent la nuit dans ce lieu qui a mauvaise réputation. Germain prend conscience de ses sentiments pour Marie. Celle-ci le repousse sous prétexte qu'il est trop âgé mais , en fait, parce qu'elle le sait trop riche pour elle. Comme il se doit, la veuve ne plaît pas à Germain, Marie en proie aux avances de son patron doit abandonner son travail avant de l'avoir commencé. A leur retour au village, Germain devient triste et n'a plus de goût pour rien. Ses beaux-parents encouragent son amour envers la jeune fille qui leur paraît digne de leur gendre malgré la différence de fortune. Pressée de dire ses sentiments, Marie avoue alors qu'elle aime Germain et le mariage peut avoir lieu. Il est prétexte à la description des coutumes berrichonnes à l' époque de Sand.

La mare au diable, un lieu maudit

   

Germain se retrouva bientôt à l’endroit où il  avait passé la nuit au bord de la mare. Le feu fumait encore; une vieille femme ramassait le reste de la provision de bois mort que la petite Marie y avait entassée. Germain s’arrêta pour la questionner. Elle était sourde, et, se méprenant sur ses interrogations :
–Oui, mon garçon, dit-elle, c’est ici la Mare au Diable. C’est un mauvais endroit, et il ne faut pas en approcher sans jeter trois pierres dedans de la main gauche, en faisant le signe de la croix de la main droite : ça éloigne les esprits. Autrement il arrive des malheurs à ceux qui en font le tour.
–Je ne vous parle pas de ça, dit Germain en s’approchant d’elle et en criant à tue-tête :
–N’avez-vous pas vu passer dans le bois une fille et un enfant ?
– Oui, dit la vieille, il s’y est noyé un petit enfant !
Germain frémit de la tête aux pieds ; mais heureusement, la vieille ajouta :
– Il y a bien longtemps de ça ; en mémoire de l’accident on y avait planté une belle croix; mais, par une belle nuit de grand orage, les mauvais esprits l’ont jetée dans l’eau. On peut en voir encore un bout. Si quelqu’un avait le malheur de s’arrêter ici la nuit, il serait bien sûr de ne pouvoir jamais en sortir avant le jour. Il aurait beau marcher, marcher, il pourrait faire deux cents lieues dans le bois et se retrouver toujours à la même place.


 La mare au diable racontée aux enfants

Vous allez croire que La mare au diable est un récit sans intérêt pour les tout-petits? Bien au contraire! D'abord il y a une histoire d'amour qui finit bien, ensuite on a peur ... surtout quand on visite le lieu. Nini (3 ans) serre ma main bien fort et s'il y avait un diable, et si le brouillard s'épandait et si on se perdait? Ensuite il y a un enfant dans le récit, voilà qui donne du piquant à l'affaire! Car Petit Pierre est un garçon désobéissant. Son père ne veut pas l'amener avec lui. Peu importe! Il va se cacher dans la forêt sur le passage de Germain et de la petite Marie mais il s'endort. Les voyageurs découvrent sa présence au bord du chemin et sont bien obligés de l'amener avec eux pour ne pas l'abandonner dans la forêt si loin de chez lui. Marie devient une héroïne très sympathique parce qu'elle intercède en faveur du petit garçon! Voilà le meilleur de l'histoire de La Mare au diable pour ma petite fille, le passage le plus amusant, le plus apprécié!