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lundi 9 juillet 2012

Festival In Avignon 2012 : Le Maître et la Marguerite de Boulgakov et Simon McBurney


La ville de Moscou sur le mur du Palais des Papes (source le Nouvel Obs)


La Cour d'Honneur est un lieu magique où se déroule sous les étoiles et entre les hautes murailles et les tours médiévales du Palais des Papes la  grande messe théâtrale du festival d'Avignon. Samedi 7 juillet 2012, c'est la première de la pièce Le maître et la Marguerite, grand roman de Boulgakov adapté au théâtre et mis en scène par Simon MCBurney. Un éblouissement! Un splendide, un magistral spectacle où le spectateur est emporté non seulement dans la Russie des années 1930 sous le regard de Staline mais aussi dans la Jérusalem de Ponce Pilate, dans l'Allemagne nazie ou à l'époque actuelle, là où fleurissent les dictatures ou encore au royaume de Satan entraîné dans un sabbat échevelé. Réalisme, fantastique, passé, présent, futur, tout se mêle et se bouscule dans une extraordinaire fantasmagorie dont le Diable ... ou plutôt Simon McBurney règle le bal!

Simon Mc Burney réussit l'exploit de mettre en scène une oeuvre aussi capitale que Le Maître et la Marguerite de Boulgakov qui s'inspire du Faust de Goethe en conservant la complexité du roman, complexité structurelle d'abord en entremêlant avec habileté trois récits : 
Le premier a Moscou en 1930 dans lequel apparaît  un personnage étrange nommé Woland  qui n'est autre que Satan accompagné de ses serviteurs, Fagotto, Hella et le chat noir Béhémoth. Tout ce petit groupe va semer le désordre chez les bureaucrates chargés de la publication des livres et de la censure, hommes corrompus, aux idées étroites, soumis au dictateur. Un pauvre poète, Ivan  Biezdomny, assiste à ces scènes étranges mais lorsqu'il révèle la vérité il est envoyé dans un asile de fous où il retrouvera le Maître, un écrivain tourmenté, qui a jeté au feu le roman qu'il écrivait sur Ponce Pilate, interdit par la censure.

Le second récit se passe à Jérusalem où  Ponce Pilate pourtant attiré par les paroles d'amour de Jésus accepte de le sacrifier. Il s'agit du roman écrit par le Maître dont la narration entrecoupe habilement  la première action.

Le troisième est celui où Marguerite qui aime d'un amour passionné le Maître (de son coeur) vend son âme au diable pour sauver son amour.

Complexité aussi des tonalités si variées du roman de Boulgakov très bien rendus par la mise en scène et par les excellents comédiens de Simon McBurney. On est dans la farce, l'humour, puis dans le tragique (j'ai adoré la voix de tragédienne antique, chaude, rauque, sensuelle, de l'actrice qui incarne Marguerite). On rit, on s'émeut, on s'émerveille...

Complexité du sens : Le Maître et la Marguerite est avant tout une réflexion sur le Bien et le Mal non seulement collectif comme dans les dictatures mais aussi individuel. Quand Satan se demande si l'homme a changé au cours des millénaires, il interroge le public de 1930 mais aussi celui de 2012, nous, spectateurs dont l'image projetée sur le mur nous met face à nous-mêmes. Et Satan conclut que non! Les hommes et les femmes sont toujours régis par la soif de l'argent, du pouvoir politique et celui de la séduction. Satan n'a pas de crainte à avoir, son travail n'est pas terminé sur la Terre. Et pourtant certains lui échappent et Marguerite, quant à elle, n'a pas fini de l'étonner avec l'amour qu'elle éprouve pour le Maître! L'amour, quel mot puissant et dangereux!
Le maître et le Marguerite interroge aussi sur la création littéraire et sur la liberté de l'artiste. Dans une dictature, l'écrivain, le Maître, et le Poète, Ivan Sans-Logis (c'est la traduction du nom russe), n'ont de place que dans un asile de fous. La vérité fait peur, on l'emprisonne. Pourtant la force de la littérature existe et c'est le diable lui-même qui l'affirme : "les manuscrits ne brûlent pas!" Car Satan finalement est une créature plutôt sympathique, il introduit dans cet univers sans fantaisie des idées subversives qui bousculent les consciences, il provoque le scandale et le désordre qui sont les bienvenus dans un monde où la liberté est muselée, où la vérité fait peur.

La scénographie est splendide : peu de décors pourtant en dehors d'un lit et d'une paroi mobile figurant l'hôpital, d'une  guérite qui est tour à tour un tramway, un lieu de péage, une entrée, tout est dans la lumière qui circonscrit l'espace sur la scène, tout est dans les vidéos qui martèlent le bruit des bottes et défilent au pas de l'oie sur les trois murs de la Cour d'Honneur. Les personnages filmés sur la scène s'envolent à l'assaut des murs du palais. Celui-ci devient un écran géant, il est alors un personnage à part entière, il est la ville de Moscou, il est le ciel où roule la planète Terre ravagée par la guerre, il est l'immense salle de bal de Satan que celui-ci démultiplie à l'infini car Simon McBurney, réussit l'exploit, et oui, d'agrandir l'imposante cour d'Honneur trop exiguë pour lui ... je veux dire pour le Maître des Enfers !

Il y a de grands moments, des moments magiques dans cette mise en scène : Lorsque Marguerite vole, lorsqu'elle chevauche avec son amant un cheval de lumière qui s'élève vers le ciel, lorsque Satan et sa cour infernale transforment de simples chaises en coursiers de l'Enfer... Des moments grandioses aussi lorsque la façade du Palais se fissure devant nous, ébranlée par la compassion ressentie par Marguerite, la compassion, un sentiment que Satan hait, contre lequel il est impuissant et qui fait voler en éclats son pouvoir! La fissure s'élargit, on se dit "non! il n'osera pas!" (il, c'est Simon McBurney) et il ose : le palais des papes s'écroule devant les spectateurs en une avalanche de pierres qui s'entassent sur la scène en un violent fracas! Sublime!

Voir le billet de Wens dans En effeuillant le chrysanthème ICI

Festival OFF d'Avignon 2012 : Hitch au théâtre du Balcon


Hitchcock, Alma et Truffaut


Si vous êtes cinéphile, si vous êtes amoureux de Hitchcock ... ou de de Truffaut, si vous avez envie d'assister à un spectacle théâtral réussi et plein d'humour, n'hésitez pas! Allez voir Hitch au théâtre du Balcon!

Hitch
Hollywood Aout 1962.

Le jeune Francois Truffaut, rédacteur des Cahiers du Cinéma, vient de terminer son troisième long métrage Jules et Jim. Il se rend dans les studios de la compagnie Universal pour rencontrer Alfred Hitchcock qui terminait le montage de son film Les oiseaux. Il cherche à obtenir du réalisateur anglais et son épouse Alma  une série d'entretiens afin de réaliser un livre dont la première parut effectivement en 1965. C'est l'histoire de ces premières rencontres que les auteurs de la pièce ont imaginée.


 Hitch est l'oeuvre de cinéphiles, Alain Riou et Stéphane Boulan qui n'ignorent rien de la filmographie et de la vie d'Hitchcock mais la pièce ne s'adresse pas seulement aux abonnés des Cahiers du Cinéma. Car Hitch est la rencontre drôle entre deux grands réalisateurs, l'un au sommet de son art, l'autre débutant. Hitchcock s'amuse, sous le regard ironique de son épouse Alma, à mystifier et manipuler le jeune cinéaste transi d'admiration pour le Maître. Nous nous retrouvons en plein suspense hitchcockien avec un cadavre sur les bras et le pauvre François Truffaut en suspect Numéro 1! La mise en scène de Sébastien Grall est pétillante et les dialogues se dégustent comme un bon champagne, les anecdotes amusantes surgissent et derrière les sourires et les éclats de rire, se posent les réflexions sur la création cinématographique et sa place dans l'art. Pour rendre les dialogues savoureux, il fallait un trio d'excellents comédiens : Joe Sheridan est un Hitchcock plus vrai que nature, maniant avec brio l'humour. Patty Hannock, redoutable, nous fait découvrir le rôle prépondérant tenu par Alma Hitchcock dans la carrière de son mari. Quant à Mathieu Bisson, parfait dans le rôle de Truffaut, il tombe entre les mains de ce couple manipulateur mais finit par obtenir ce qu'il est venu chercher! Et la pièce s'achève par la première question posée dans le livre d'entretiens : Monsieur Hitchcock, vous êtes né….   Un pur régal !

Texte de Wens et de Claudialucia

Hitch 14H 
durée 1H20
Théâtre du Balcon
du 7 au 28 Juillet

dimanche 8 juillet 2012

Festival OFF Avignon 2012 : Fabrice Melquiot : Lisbeths à l'Essaïon

Lisbeths de Fabrice Melquiot


Lisbeths, (notez le pluriel) présentée à l'Essaïonau festival Off d'Avignon est un texte de Fabrice Melquiot, auteur de théâtre contemporain, d'abord connu pour ses textes destinés aux enfants  puis pour ses pièces en direction des adultes.

Tours. Dans un café, rue Michelet.
 Pietr est VRP. Lisbeth vient de quitter son mari. C'est le début d'une relation entre  deux êtres qui ne sont plus tout jeunes.La quarantaine a marqué leur corps: il a attrapé du ventre, elle porte les stigmates de la grossesse. Pour faire l'amour avec passion, ils se retrouvent dans le studio de Pietr à Paris ou dans des chambres d'hôtels.
Gare de la Rochelle. (Quelques mois plus tard).
 Pietr et Lisbeth s'aiment. Ils ont décidé de faire un enfant. Pietr  descend du train et ne reconnaît plus Lisbeth qui est venue l'attendre, c'est une inconnue. Une nouvelle Lisbeth  qui ressemble à l'ancienne.
 Suis-je le seul à – Sommes-nous les seuls ? D’autres femmes, d’autres hommes ont-ils subi la même - La même quoi ? »
Pietr est-il devenu fou ? Certainement pas. Pietr est marqué par la peur. Il  exprime les angoisses de tout homme devant la vie, l'amour, l'engagement, le fait de devenir père. Ces questions ne sont-elles pas plus fortes dans notre siècle commençant?
« Hommes et femmes du XXIè siècle. Que leur arrive-t-il, que nous arrive-t-il ? »

L'existence est déroutante, mystérieuse, inquiétante.
Mais la gravité du propos  est portée  par des mots simples  à l'image de  Pietr et Lisbeth (Lisbeths ?) qui ne se posent que "deux ou quatre questions" sur ce qu'ils sont. En fait sur leur raison de vivre. Et nous nous reconnaissons en eux. 


Mon avis
Le texte de Fabrice Melquiot est assez déroutant de prime abord, étrange, mystérieux, troublant, et nous ne savons pas toujours où il nous mène! C'est dire qu'il n'est pas facile! Mais il est en même temps envoûtant, le langage est beau, énigmatique et nous nous demandons si nous sommes dans la réalité ou l'imaginaire, la folie ou l'expression de nos angoisses? C'est par cette double entrée que nous devons chaque fois appréhender le texte. Cet enfant muet et anthropophage existe-t-il dans la vie de Lisbeth? A-t-elle eu un enfant ou non? L'un d'entre eux ment-il? L'un d'entre eux sombre-t-il dans la démence? Mais en même temps, nous nous apercevons que nous pénétrons dans les profondeurs de la conscience où se cachent les peurs intimes des personnages : Avons nous le droit de faire un enfant pour le livrer au monde ?  Avoir un enfant n'est-ce pas abandonner quelque chose de soi-même, se donner entièrement à un être qui se nourrit de nous? Connaissons-nous vraiment la femme ou l'homme avec qui nous partageons notre vie? La mise en scène tout en finesse et subtilité est précise, les gestes et les déplacements sont réglés rigoureusement, le décor sobre, jouant sur les éclairages. Les deux acteurs, excellents, servent avec aisance le texte comme s'il ne comportait aucune difficulté. J'ai aimé la manière dont ils font vivre, en faisant appel à l'imagination  du spectateur,  les lieux où ils se trouvent ou les personnages  à qui ils s'adressent comme Damien, cet ami à qui Pietr se confie. Un très bon spectacle!


Wens et moi, Claudialucia,  nous présenterons ensemble les pièces que nous allons voir au festival d'Avignon 2012 et nous donnerons notre avis personnel.

Avis de Wens : En effeuillant le chrysanthème ICI


Lisbeths de Fabrice Melquiot
metteur en scène Manuel Bouchard
Essaïon 
du 7 au 28 juillet à 20H50

samedi 7 juillet 2012

Festival OFF Avignon 2012 : La dame au petit chien au théâtre Notre-Dame


Gaëlle Merle et Jean-François Garreaud dans la dame au petit chien de Tchekhov

J'ai vu hier en avant-première (merci au théâtre de Notre-Dame) La dame au petit chien de Tchekhov avec Gaëlle Merle et Jean-François Garreaud.

La dame au petit chien est une nouvelle écrite par Anton Pavlovitch Tchekhov en 1889. Gourov, un homme marié, père de trois enfants, banquier, mène une vie terne et sans passion mais réglée. Pour se couler dans le moule social et obéir aux règles de son milieu, il a  dû abandonner sa vocation d'artiste en tant que chanteur d'opéra. Un jour, il rencontre Anna von Diederitz, la dame au petit chien, dans une station balnéaire de la mer Noire à Yalta. Elle aussi est mariée, sans amour, à un homme froid, distant, qu'elle connaît mal. Ce qui n'aurait pu être qu'un banal adultère se transforme bien vite en un amour sincère et tragique. Car peut-on si facilement abandonner son passé?

La nouvelle est écrite la sensibilité propre à Tchékov, ce qui n'exclut pas l'humour  même si  la tristesse et la nostalgie de ce qui ne pourra jamais être imprègnent l'oeuvre. Pour les besoins du théâtre elle a été adaptée par Claude Merle et mise en scène par Anne Bouvier.
Mon avis :
Cette adaptation de la pièce de Tchekov est réussie et servie par de très bons comédiens qui,  avec beaucoup de finesse, parviennent à nous faire sentir tout le poids douloureux d'un amour impossible, d'une vie qui est un échec parce que l'on est trop souvent prisonnier de conventions sociales, englué dans les responsabilités et dans l'incapacité de briser le carcan dans lequel on est enfermé!  C'est ce qui arrive à Gourov, déjà âgé, qui a des enfants à charge, une position sociale importante:  "Trop tard" dit souvent la dame au petit chien et le jeu des comédiens nous emplit de cette nostalgie que le théâtre de Tchekhov sait faire naître avec ces personnages tournés vers le passé, représentants d'un monde qui va disparaître, et qui sont dans l'incapacité d'agir. L'humour, discret du début de la pièce, cède donc bien vite la place au tragique de ces vies brisées qui passent à côté de l'essentiel.
Un petit bémol pour moi dans cette représentation. Je n'ai pas assez senti l'espace extérieur, celui que les personnages contemplent et admirent. Dans le théâtre de Tchekhov, en effet, l'extérieur est plus important que le décor sur scène. Il correspond au caractère contemplatif de ses personnages, il est un exutoire qui leur permet d'échapper par l'imagination et par le surgissement de la beauté à leur emprisonnement.  Ici, dans cette mise  en scène, l'océan, les vagues, la nature mais aussi les gens dont Anna imagine la vie sont présents par la parole. Mais il manque le pouvoir de suggestion. Les échanges entre les deux personnages qui se prêtent les jumelles pour mieux voir le paysage sont trop rapides, pas assez évocateurs. On ne laisse pas le temps au spectateur d'imaginer, de sentir l'odeur de la mer, le bruit des vagues, la couleur du soleil couchant ... Le tout manque donc un peu de poésie.
Un bon spectacle, donc, que j'ai apprécié, mais où il manque le quelque chose qui en ferait un coup de coeur.

Wens et moi-même, Claudialucia,  nous présenterons ensemble les pièces que nous allons voir au festival d'Avignon 2012 et nous donnons ensuite notre avis personnel.

Avis de Wens Voir En effeuillant le Chrysanthème ICI

jeudi 5 juillet 2012

Monumenta : l' exposition de Daniel Buren au Grand Palais




Monumenta, l'exposition de Daniel Buren au Grand Palais est un délice de couleurs. Le promeneur  qui s'aventure sous ces cercles colorés  comme dans une forêt est baigné par la teinte du cercle sous lequel il se trouve et quand il lève la tête, les verrières de la magnifique nef du palais semblent des kaléidoscopes.  Au centre de cet immense espace, de grands miroirs circulaires  disposés sur le  sol donnent  la profondeur,  devienant d'immenses puits de lumières colorées où dansent les enfants qui en ont fait un terrain de jeu. Si vous accédez en haut du double escalier monumental du Palais vous apercevez la forêt de cercles comme si vous dominiez le faîte d'arbres étranges.

Certes l'installation de Buren repose sur de savant calculs comme il est expliqué dans la revue Beaux-Arts :

"C'est en appliquant une formule mathématiques perse qui permet de combiner le plus grand nombre des cercles dans un espace donné que Daniel Buren a conçu la trame de son plafond du grand Palais. "la formule consiste à insérer des cercles de diamètres différents, tous tangents les uns aux autres et laissant entre eux le plus petit espace possible. Ils doivent être plus ou moins grands mais doivent respecter toujours les mêmes proportions".
L'exposition en chiffres est colossale : 1400 mâts en acier, 4, 5km de tubes, 120 tonnes d'acier, 377 cordes métalliques, 9500m2 de plastique coloré, 25 semi-remorques pour transporter le tout, 8 jours de montage  24h/24!

Vous l'avouerai-je? Je n'ai rien vu de tout cela mais l'aspect ludique, joyeux, coloré et... léger!




 










mercredi 4 juillet 2012

Susan Vreeland : Jeune fille en bleu jacinthe




Dans "Jeune fille en bleu jacinthe", Susan Vreeland, romancière américaine, raconte les aventures d'un tableau de Vermeer à travers les siècles.

Le récit commence à l'époque contemporaine où l'on retrouve le tableau de la jeune fille en bleu caché dans une pièce condamnée à tous, pour le seul plaisir d'un homme, dont le père, nazi, a dérobé le tableau dans l'appartement d'une famille juive après une rafle. Nous allons ensuite remonter le temps, de cette famille juive jusqu'à  l'époque où Vermeer a peint ce tableau.

Le récit est très plaisant, il nous fait découvrir à travers les tribulations du tableau des personnages intéressants, des époques et des mentalités différentes. Oeuvre d'imagination, il nous offre une belle fresque historique. Il est aussi un hommage à la peinture de Vermeer que l'écrivain connaît bien et dont elle sait parler avec sensibilité. 
On ne peut s'empêcher, bien sûr, de le comparer à La jeune fille à la Perle bien qu'il soit très différent puisque le roman de Tracy Chevalier reste ancré à l'époque de Vermeer et raconte l'histoire d'une jeune servante placée chez le peintre, roman initiatique qui amène à la jeune fille  à la découverte de l'art, de l'amour mais aussi de l'injustice sociale. Dans Jeune fille en bleu jacinthe, c'est la seconde fille de Vermeer, Magdelena, qui sert de modèle au peintre. Un jeune fille un peu effacée, timide, silencieuse, qui rêve de devenir peintre mais ne le pourra jamais pour la seule raison qu'elle est née fille et que son  père ne s'intéressera pas à elle!
Un agréable roman même si j'ai préféré La jeune fille à la Perle qui me paraît avoir plus de force dans la description de la psychologie des personnages et de la société. Ce qui m'a le plus touchée dans le roman de Susan Vreeland, c'est la manière dont elle parle de l'émotion que produit ce tableau même chez les gens les plus modestes, du  bonheur qu'il peut procurer et de la manière dont il va révéler ceux qui le côtoient à eux-mêmes.. Et c'est bien là, la fonction véritable de l'oeuvre d'art! 


Ainsi Hannah, la jeune fille juive qui possède le tableau, renfermée sur elle-même, murée dans le silence contemple souvent cette oeuvre :
Maintenant, elle comprenait ce qui lui faisait aimer la jeune fille du tableau. C'était son silence. Après tout une peinture ne peut parler. Hannah avait pourtant l'impression que cette fille qui  restait assise dans cette pièce mais regardait dehors était silencieuse de  nature, comme elle. Mais cela ne signifiait pas que la jeune fille n'avait aucun désir comme sa mère l'avait prétendu. Son visage révélait à Hannah qu'elle désirait quelque chose de trop intense et de trop lointain pour jamais oser en dire un mot, mais qu'elle y réfléchissait là près de la fenêtre. Et elle ne se contentait pas de désirer. Elle était capable d'entreprendre de grandes choses, extravagantes et tendres.

Saskia, elle,  a découvert le tableau et un bébé dans une barque sur la rivière en crue. Comme elle aimerait pouvoir conserver ce tableau mais il faudra bien le vendre pour pouvoir élever l'enfant :
Le brun-roux de  la jupe que portait la jeune fille chatoyait, tel des feuilles d'érable dans le soleil automnal; Entrant en flots par la fenêtre, une lumière jaune crème comme les pétales intérieures des jonquilles illuminaient le visage de l'adolescente et se posait sur les ongles brillants.  Saskia intitula le tableau : Eclat du matin : sa grand mère lui avait appris que les peintures portaient un nom.





mardi 3 juillet 2012

L'exposition au Grand Palais : Beauté animale

Paris  :
 John James Audubon  Flamant rose (1838) dans The birds of America from original drawings


La Beauté animale  au Grand Palais  expose des oeuvres de la Renaissance à nos jours qui prouvent  l'intérêt des artistes pour le monde animalier et présente différents points de vue pour l'aborder.
 Peintures, sculptures, dessins, donnent un  bel aperçu de l'art animalier qu'il s'agisse des animaux familiers, du chien de Bassano  au chat de  Bonnard ou Giacometti, des mouton de Dürer ou Moore,  des animaux sauvages, tigre de Delportes, Lion de Géricault...

J'ai particulièrement aimé les lignes épurées de  L'ours blanc de François Pompon (1928_29)...

L'exposition donne à voir, à côté des animaux disparus comme le fameux Dodo (Jean Savery (1651), des animaux exotiques comme l'éléphant, le rhinocéros, la girafe  qui ont suscité une si grande curiosité que les puissants de ce monde les "collectionnent" dans des ménageries et que des montreurs les promènent de vile en ville pour un public curieux et avide de  nouveauté. C'est ainsi que les artistes peuvent peindre : l'éléphant (Rembrandt,) le rhinocéros (Longhi)....


L'exposition propose des oeuvres naturalistes qui témoignent des observations menées par les artistes et de leur désir de transmettre une description minutieuse; elles sont à la  fois d'une rigoureuse précision scientifique et d'une grande beauté, planches que l'on peut  découvrir dans les traités de sciences naturelles dès la Renaissance : le lièvre de  de Hans Hoffman (1591), Le dindon de Jacopo Ligozzi (1600),  le flamand rose d'Audubon (1838) ...
Tête de mouton de Paulus Potter (1654)


L'art rend aussi compte de la manière dont les animaux sont considérés à travers les âges tel le chat, créature du diable, animal utile, mangeur de souris ou animal favori ou  encore ceux qui continuent à nous effrayer comme la la chauve-souris.  A noter la confrontation de trois représentations de  ce mammifère si décrié,  aquarelle et encore noir sur papier de Dûrer (1522), huile sur toile de Van Gogh (1885) ou fer soudé de César (1951)


Chauve-souris de César (1954)

     Francisco Goya Combat des chats (1786_1787)   du chat maléfique....        


au Chat sur un fauteuil de Théophile Steinlen (1878)

 Cette exposition intéressante  m'a pourtant laissée sur ma faim à cause de la pauvreté de la représentation contemporaine surtout quand on en connaît la richesse! Je m'attendais à un feu d'artifice à la fin et cela a débouché sur deux oeuvres seulement, caniche de Jeff Koons (1991) et dessin  Spider de Louise Bourgeois (1994)!  

Un goût d'inachevé! Un peu déçue donc que l'expo se termine ainsi en queue de poisson  (sans jeu de mot!) alors qu'elle avait  si bien commencé!

Beauté animale : Grand Palais

 Du 21 mars au 16 juillet 2012 : Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h (nocturne le mercredi jusqu’à 22h)
 Plein tarif : 12 euros
Tarif réduit : 8 euros
(13-25 ans, demandeur d'emploi, famille nombreuse) 

Gratuit pour les moins de 13 ans bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.




lundi 2 juillet 2012

De La Tempête de Skakespeare à The Tempest Replica de la chorégraphe Crystal Pite : Festival de Marseille




The Tempest  Replica de Crystal Pite d'après Shakespeare

Le spectacle de danse contemporaine donné au festival de Marseille The Tempest Replica de la chorégraphe  canadienne Crystal Pite par la compagnie Kidd Pivot est inspiré de La Tempête de  William Shakespeare.

L'intrigue de la pièce de Shakespeare
Prospéro, duc de Milan, a été dépossédé de son royaume par son frère Antonio. Celui-ci, après avoir usurpé le trône, exile Prospero et sa fille Miranda, les jetant dans une barque qui les conduit dans une île enchantée. La seule créature de forme humaine qu'ils y trouvent est Caliban, un monstre hideux, fils de sorcière, qu'ils traitent avec  bonté. Mais la nature brutale de Caliban est rebelle à l'éducation et Prospero ne peut avoir prise sur lui que par la force.
Prospéro qui a pu conserver sa bibliothèque dans son exil apprend la magie dans un livre occulte et parvient à dominer les forces de la nature. Il se rend maître d'Ariel, Esprit de l'air et avec sa collaboration, sachant que le navire de son frère va passer auprès de l'île, il commande une tempête qui va jeter les naufragés sur  son île. Ferdinand, le fils d'Alonso, roi de Naples, isolé des autres, rencontre Miranda et les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. Prospero qui a pour dessein de les marier feint de vouloir les séparer pour mieux attiser leur amour.
Antonio, le duc usurpateur, Alonso, le roi de Naples et leurs compagnons sont rejetés sur une autre partie de l'île. Antonio  fomente un complot contre Alonso avec le frère de celui-ci, Sebastien, pour s'emparer de Naples. Tous vont être amenés à rencontrer Prospero et être sous sa domination. Celui-ci pardonne à son frère, célèbrent les fiançailles des enfants et, après avoir libéré Ariel, renonce à la magie en brûlant son livre. Tous ensemble, ils quittent l'île. 



The Tempest Replica : Prospero raconte le passé à sa fille Miranda

Les Thèmes et l'interprétation : quelques pistes (entre autres!)
La Tempête de Shakespeare est complexe et présente des nombreux thèmes qui peuvent être différemment interprétés.
 La pièce utilise, bien sûr, les ressources du Merveilleux et la poésie qui se dégage de cette île enchantée "pleine de rumeurs/ de bruits, d'airs mélodieux qui charment sans nuire" tient captif le spectateur. Mais la pièce est aussi réaliste puis qu'il s'agit d'une réflexion sur le pouvoir. Lorsque Prospéro, duc de Milan, se réfugie dans ses livres, s'adonne à l'étude, et fait confiance à son frère Antonio, un homme sans scrupules et sans conscience, il est vaincu par celui-ci qui se débarrasse de lui brutalement. La force paraît donc supérieure au savoir et à l'esprit. Mais c'est pourtant par le savoir que Prospero, sur son île, va dominer la nature, reconquérir son trône et prouver sa supériorité sur ses ennemis. Le savoir assure donc la grandeur de l'être humain mais pas seulement, car l'homme doit, de plus, apprendre à être maître de lui-même. Par la clémence, en choisissant le pardon plutôt que la vengeance, par sa renonciation à la magie et aux forces brutales, Prospero est digne de représenter l'humaniste héritier de la Renaissance. En même temps, il y a une ambiguïté à la fin de la pièce, car en renonçant à ses pouvoirs magiques, il se livre pieds et poings liés à la force brutale que représente Antonio qui n'a eu, lui, aucun mot de repentir et ne sait pas ce qu'est la conscience.

Prospero : Tous mes charmes sont abolis/ et voilà que j'en suis réduit/ A mon seul pouvoir/combien pauvre
Antonio  à propos de la conscience : Où cela se niche-t-il?
Si c'était une ampoule au pied, je porterais
Pantoufle, mais je ne sens point cette déesse
En mon sein. 

The Tempest Replica : Propero et Caliban

Le personnage de Caliban est lui aussi sujet à de multiples interprétations. A l'époque de  la création de la Tempête (1611) les découvertes de nouveaux mondes et les massacres perpétrés sur les peuples indigènes déjà dénoncés par Montaigne ( Les Cannibales1580-1595) peuvent permettre de voir en Caliban la figure du bon sauvage réduit en esclavage par l'envahisseur. Mais l'homme à l'état naturel, Caliban, n'est pas bon et  il est incontestablement inférieur à Prospéro dans la pièce de Shakespeare. On a pu voir aussi en lui, l'une des faces de la personnalité de Prospéro. Chaque homme porte en lui deux forces antagonistes, celles du Bien et du Mal. En cherchant à dominer Caliban, Prospero lutte contre le mal qui est en lui et dont il devra triompher pour devenir un Homme véritable. De même en libérant Ariel, esprit de l'air, après s'être servi de lui, Prospero apprend que la domination de l'homme sur la nature doit avoir des limites et qu'il doit savoir la respecter. La tempête est donc une pièce relativement optimiste. Certes la nature humaine est mauvaise mais l'homme est capable de choisir le bien et de renoncer au pouvoir qu'il exerce sur les autres. Cependant le dramaturge nous rappelle que la bataille n'est jamais complètement gagnée et que le Bien reste fragile.

The Tempest Replica : l'île magique : Miranda et Ferdinand

Le ballet contemporain au festival de Marseille
Comme dans la pièce de Shakespeare qui respecte les règles classiques, un seul lieu, un seul jour, le ballet débute avec la tempête ordonnée par Prospéro. Toute cette première partie qui allie langage chorégraphique et jeux de lumière, effets sonores et visuels, vidéo qui raconte le passé, est très belle. On est véritablement projeté au milieu des éléments déchaînés et l'on voit les hommes emportés par la violence des vagues et du vent. L'effet est magnifique. Les personnages sont aussi surprenants et magiques, vêtus de blanc, le visage enveloppé dans des voiles, (des bandelettes?) ils paraissent prisonniers d'une chrysalide comme s'ils n'étaient pas véritablement humains à l'exception de Prospero qui apparaît tête nue. Et ils ne sont pas humains, en effet! Caliban est à mi-chemin de l'homme et de l'animal, ce que soulignent son costume assez irréel, hérissé de pointes, le bruitage, et la gestuelle qui le maintient à quatre pattes... Tout le ravale au rang de la bête. Les jeunes gens, Miranda et Ferdinand, qui s'éveillent à l'amour (Miranda n'a jamais vu d'être humain en dehors de son père) attendent de prendre leur envol. L'usurpateur et ses compagnons sont des êtres plutôt primitifs. Quand enfin, ils accèderont au statut d'hommes, ils apparaîtront visage dévoilé.
Et puis... Je n'ai pas trop compris ce que venait faire l'ouverture d'une porte au milieu de l'intrigue avec ce rai de lumière et cette irruption du monde moderne. Peut-être cela symbolise-t-il l'instant où les personnages se libèrent puisqu'ils apparaissent ensuite en costumes modernes et visage nu? Mais je l'ai ressenti comme une rupture de rythme, un arrêt dans le récit et j'ai dans l'ensemble beaucoup moins apprécié cette seconde partie. Certes, la chorégraphie est intéressante quand elle montre la lutte de Prospéro contre Ariel et Caliban, la domination qu'il exerce sur tous, maître-manipulateur tirant les fils de marionnettes. Il y a de beaux moments lorsque, par exemple, il libère sa fille, exerçant une poussée sur ses jambes pour qu'elle s'éloigne de lui comme un enfant qui fait ses premiers pas...  Mais j'ai trouvé les  solos, les pas de deux des danseurs (tous d'ailleurs excellents) trop répétitifs d'où un sentiment d'ennui, j'ai eu l'impression parfois de revenir en arrière dans l'action, je n'ai pas senti assez nettement l'évolution des personnages. Et c'est dommage! 

 The Tempest Replica : La mort de Prospero?

Notons, ce qui est remarquable, le choix de la chorégraphe dans le dénouement. Elle montre Prospero abattu par Antonio et ses complices.  Les visages de ces hommes sont à nouveau enveloppés. Dans le ballet, le Mal  triomphe donc?



Challenge de Maggie et Claudialucia

dimanche 1 juillet 2012

Un livre/un jeuMarguerite Duras : L'amant






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Réponse à l'énigme n°39

Bravo à  :  Dasola, Eeguab, Keisha, Pierrot Bâton, Shelbylee, Somaja, Thérèse


Le roman : L'amant de Marguerite Duras

Le film : l'Amant de Jean-Jacques Annaud







Marguerite Duras (1914-1996) de son vrai nom Marguerite Donnadieu est une des plus reconnus parmi les écrivaines françaises du XX siècle.

Elle a vécu à Saïgon où ses parents travaillaient dans l'enseignement. Quand son père meurt en 1921, sa mère repart en France avec ses trois enfants, Pierre Paul et Marguerite. Puis elle retourne en Indochine où elle achète une terre de l'administration coloniale et en ressort ruinée. C'est cette expérience qui inspirera à Marguerite Duras son livre Barrage contre le Pacifique. L'Amant qui obtient le prix Goncourt en 1984 raconte aussi un  période de sa vie là-bas. Je laisse à François Nourrissier le soin de vous présenter.

Présentation du livre par François Nourissier (Le Figaro Magazine, 20 octobre 1984)

« Dans L’Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son œuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l’incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa “ scène fondamentale ” : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s’approche d’une petite Blanche de quinze ans qu’il va aimer. Il faut lire les plus beaux morceaux de L’Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l’écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l’art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d’aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve, on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d’une formidable efficacité. À la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode. »




Marguerite Duras ne fait pas partie de mes écrivains préférés. Certes son style est très beau mais,  en dehors de Barrage contre le pacifique que j'ai aimé,  j'ai lu beaucoup de livres d'elle sans être jamais  être totalement accrochée. Au sujet de L'Amant, j'ai trouvé l'avis de Hélène dans son blog Lecturissime dont c'est une des livres préférés. Je cite  :

 J'ai cherché dans la liste des Goncourt, quelle était la lecture qui m'avait le plus marquée et il se trouve qu'il s'agissait de L'amant.

Des années après sa lecture, je me souviens encore de la magie de ce texte, la magie du style qui donne littéralement à voir grâce à sa musicalité qui parle directement aux sens :
  Voir suite ICI


Anecdote dans Wikipédia
En 1992, après un dîner d'amis où Marguerite Duras a été consacrée auteur le plus surfait du moment, le journaliste Guillaume P. Jacquet (alias Étienne de Montety) recopie L'Après-Midi de M. Andesmas, un des livres célèbres de Marguerite Duras, en ne changeant dans le texte que les noms des personnages et en remplaçant le titre par « Margot et l'important ». Il envoie le résultat aux trois principaux éditeurs de Duras : Gallimard, POL et les Éditions de Minuit. Les Éditions de Minuit répondent à Guillaume P. Jacquet que « [son] manuscrit ne peut malheureusement pas entrer dans le cadre de [leurs] publications »; Gallimard que « le verdict n'est pas favorable »; POL que « [le] livre ne correspond pas à ce qu'[ils] cherchent pour leurs collections ». Le fac-similé des lettres de refus est publié dans le Figaro littéraire sous le titre « Marguerite Duras refusée par ses propres éditeurs »[35].

samedi 30 juin 2012

Un livre/ Un film : Enigme n° 39




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.
Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail que vous trouverez dans mon profil : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Pendant les vacances, nous arrêtons le jeu Un livre/ Un film


Enigme 39


Pour cette dernière énigme avant les vacances, je présente le roman autobiographique (prix Goncourt) d'une  écrivaine française qui y raconte son adolescence.

Et puis elle demande : écrire quoi? Je dis des livres, des romans. Elle dit durement : après l'agrégation de mathématiques tu écriras si tu veux, ça ne me regardera plus. Elle est contre, ce n'est pas méritant, ce n'est pas du travail, c'est une blague -elle me dira plus tard : une idée d'enfant.

La petite au chapeau de feutre est dans la lumière du fleuve, seule sur le pont du bac accoudée au bastingage. Le chapeau d'homme colore de rose toute la scène. C'est la seule couleur. Dans le soleil brumeux du  fleuve, le soleil de la chaleur, les rives se sont effacées, le fleuve paraît rejoindre l'horizon.

vendredi 29 juin 2012

A la maison de Victor Hugo : Les arcs-en-ciel du Noir, une belle exposition



Victor Hugo Burg dans l'orage (1837)

Lors de notre séjour à Paris, nous étions logés dans le Marais, pas très loin de la Place des Vosges. Aussi une heure après notre arrivée nous étions déjà chez Victor Hugo!

Victor Hugo s'installa au deuxième étage de  l'hôtel de Rohan-Guéménée, place des Vosges, quand il avait trente ans avec sa femme Adèle Foucher et ses quatre enfants. Il est célèbre, la bataille d'Hernani a déjà eu lieu; Chef de file du Romantisme, il est adulé et admiré par tous ses disciples! C'est dans cette  maison qu'il reçoit tous les grands noms du Romantisme. Il y resta pendant seize ans. Le musée a été ouvert dans ces lieux en 1902 à la suite d'un legs important de Paul Meurice à La ville de Paris. 

A côté de la visite de l'appartement nous avons pu voir une passionnante exposition intitulée : Les arcs-en -ciel du Noir.

 Victor Hugo : les trois arbres (1856)

Annie lebrun, commissaire de l'exposition écrit : A plusieurs reprises on s'est intéressé aux jeux d'ombres et de lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l'encre. Mais sans doute n'a-t-on pas mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l'obscur qui semble l'équivalent d'une matière noire, tout aussi déterminante dans son oeuvre littéraire que dans son oeuvre graphique.

 L'encre, cette noirceur d'où sort un lumière (Dernière gerbe Tas de Pierres) écrivait Victor Hugo en 1856 .

L'exposition s'appuie sur des document variés, des premiers romans de  Hugo aux dernières oeuvres, sur des manuscrits, des lettres,  des tableaux, lavis, gravures, lithographies, plus 80 dessins de Hugo dont certains jamais exposés,  sur des objets, les illustrations de ses livres...  Elle montre l'engagement progressif de Victor Hugo dans cette "matière", le noir, qui est bien plus qu'une approche esthétique et dont il explore toutes les possibilités; puis cette avancée dans les ténèbres jusqu'au moment où le noir devient intériorisation, volonté affirmée, impossibilité d'autre chose :
L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir"   écrit-il dans William Shakespeare (1864).

Et cela jusqu'à l'éblouissement : Ce don de l'homme de mettre le feu à l'inconnu

Un petit livret accompagne l'exposition, collecte toutes les citations de Victor Hugo, recensant toutes les oeuvres qui sont exposées et complète agréablement cette remarquable exposition.

MAISON DE VICTOR HUGO
 6, place des Vosges-75004 Paris
Les Arcs-en-ciel du Noir  : du 15 Mars au 19 août
Métro : Saint-Paul (1), Bastille (1, 5, 8), Chemin-Vert (8) Bus : 20, 29, 65, 69, 96 Vélib : 27 boulevard Beaumarchais, 26 rue Saint-Gilles, 36 rue de Sévigné
Tél. : 01 42 72 10 16
Horaires
Ouvert tous les jours sauf lundis et jours fériés de 10 à 18h jusqu'au 19 août
Tarifs
PT : 5 € TR : 3,5 € T jeunes (-27 ans) : 2,5€





jeudi 28 juin 2012

Leonardo Padura : Les brumes du Passé (Citation)



Miro Argenter Jose : Cronicas de la guerra de Cuba (1911)

Un des livres qui compose la bibliothèque idéale des Montes de Oca dans le roman



Dans Les brumes du passé, Cristobal, le vieux bibliothécaire qui a fait découvrir à Mario Condé l'amour de la lecture  part à la retraite dans un pays, Cuba, qui est en crise. Inquiet pour le sort de la bibliothèque après son départ, il se confie à Mario : 

Chacun des livres qui sont là derrière (il indique le magasin du fond) a son âme, sa vie, il a une part de l'âme et de la vie des gamins, qui, comme toi, sont passés par cette bibliothèque et les ont lus au cours de ces trente années. J'ai classé chacun de ces livres, je les ai rangés à leur place, je les ai  nettoyés, recousus, collés, quand c'était nécessaire. Mon petit Conde, j'ai vu beaucoup de folies durant ma vie. Que va-t-il leur arriver?
 Chaque livre, n'importe lequel est irremplaçable, chacun a un mot, une phrase, une idée qui attend son lecteur.

mercredi 27 juin 2012

Un bonheur insoutenable d'Ira Levin/ La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric



Un bonheur insoutenable  d'Ira Levin

Vous l'avez remarqué ou non? Je ne suis pas très courageuse en ce moment ni pour écrire, ni pour venir vous voir! J'ai pourtant de nombreux livres, des spectacles et des expositions à commenter.  Alors, je vais essayer de faire un effort en commençant par un court billet sur deux livres voyageurs que  Jeneen m'a envoyés.

Un bonheur insoutenable est un roman de fiction qui montre le Futur d'un monde qui paraît bien être le nôtre où une forme autocratique de gouvernement maintient les habitants sous domination, les empêchant de vivre comme des êtres humains, les privant sans qu'ils le sachent de leur liberté. Une dystopie, en quelque sorte

Définition de Wikipédia
Une dystopie — ou contre-utopie — est un récit de fiction peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie en propose un des pires qui soient. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu (car, après examen, nombre d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes) qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur.)

Dans ce monde, les hommes sont gouvernés par un ordinateur géant UniOrd qui surveille non seulement leurs déplacements mais aussi leurs pensées, qui leur administre des calmants à la moindre angoisse  pour les rendre dociles et qui programme leur avenir sans qu'ils aient seulement l'idée de pouvoir choisir. Ils tous les mêmes prénoms,  au nombre de trois suivis d'un numéro. Rien ne les différencie les uns des autres sauf quelques "anormaux" comme LI RM35M4419 qui a les yeux vairons. Et pourtant, malgré cela, il existe des "incurables" qui  résistent et cherchent à s'enfuir sur des îles qui ne sont pas sous la domination d'UniOrd. LI que son grand père a nommé Copeau est de ceux-là! le vieil homme est peu bizarre, pas encore bien programmé comme tous les ancêtres. C'est lui qui a aidé  a construire l'ordinateur et il révèle certains secrets à Copeau...
Vous allez me dire que le récit, écrit en 1970, n'est pas nouveau après Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley, le 1984 de George Orwell, le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, la Planète des singes de Pierre Boulle.... Et pourtant, il est traité de manière originale. Il parle de la liberté humaine, bien sûr, mais pas seulement dans un monde comme celui d'UniOrd. Quand Copeau choisit "la liberté" il trouve une société où les ouvriers, au bas de l'échelle, font les travaux les plus durs pour des salaires de misère qui assurent à peine leur survie.  Il pose aussi un autre problème bien d'actualité. Qu'advient-il d'un peuple soumis à la dictature pendant de longues années? La démocratie va-t-elle de soi? Un autre dictature ne risque-t-elle pas de remplacer la précédente?
Un bon livre que j'ai lu avec plaisir.


La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric

La nuit des enfants rois est un thriller fantastique qui se passe aux Etats-Unis et en particulier à New York. Jimbo Farrar est scientifique surdoué qui a inventé un ordinateur d'une puissance et d'une complexité énormes qui lui permet de découvrir, à travers le pays, des enfants d'une intelligence prodigieuse. Lorsque ceux-ci deviennent adolescents, fasciné par leur génie, il les fait venir à New York avec  d'autres surdoués pour suivre des cours dans une école réservée à des individus hors du commun. Les sept qui se reconnaissent entre eux décident de se donner rendez-vous dans Central Park la nuit. Là, ils sont sauvagement agressés et violés. Désormais, animés par la haine, ils vont mettre leurs dons exceptionnels au service du Mal. Jimbo Farrar parviendra-t-il à les contrôler ou est-il au contraire un de leurs complices?

Le récit est  très bien mené et les agissements des enfants sont d'une surprenante intelligence; le suspense très habile nous maintient dans l'incertitude presque jusqu'au bout. Un roman à lire si vous aimez avoir peur! .

Merci Jeeneen!

mardi 26 juin 2012

Au fil des blogs, au fil des rencontres


La maison IV de chiffre, édifiée en 1493


Cette année serait-elle celle des rencontres avec nos amies blogueuses? Wens (En effeuillant le chrysanthème) et moi avons fait deux agréables rencontres.


Pendant notre séjour à Paris, début Juin, nous avons fait la connaissance de Miriam (carnets de voyages). Nous avons vu ensemble la belle exposition sur Cima da Conigliano, un peintre vénitien de la fin du XV siècle. Nous nous  sommes promenés dans les allées du jardin du Luxembourg  puis avons parlé voyages et littérature dans un café. Nul doute qu'elle viendra nous rendre visite à Avignon! N'est-ce pas Miriam?)

Lundi 25, c'est Aifelle ( Le goût des livres) qui était sur Avignon avec son amie Michèle. Elle est installée au pied du Luberon et visite la région assidûment! Je suis sûre que vous verrez des photographies du Palais des Papes que nous avons visité ensemble au moment où la cour d'Honneur se pare pour le Festival. Après la visite de la ville nous avons terminé la soirée chez nous où les discussions n'ont pas chômé. J'ai trouvé en Aifelle une alliée pour défendre le grand Gérard Philippe bassement attaqué par Wens. N'est-ce pas Aifelle?

Des rencontres très sympathiques....