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dimanche 26 novembre 2017

Avignon : Exposition Fondation Lambert

Adel Abdessemed : Coup de tête exposé à Beaubourg et au Qatar
Même si vous n'êtes pas sportifs, cette statue gigantesque doit évoquer un souvenir pour vous, celui de Zinedine Zidane donnant un coup de tête à Marco Materazzi. C'est elle qui accueille les visiteurs à l'entrée de la dernière exposition 2017 - qui vient de se terminer ce mois-ci- de la fondation Lambert, musée d'art contemporain d'Avignon. Une magnifique exposition riche et variée !

L'exposition présente quatre volets :

1)  Leila Alaoui



La première partie de l'exposition est un hommage à Leila Alaoui,  artiste photographe et vidéaste franco-marocaine née en 1982. Elle est  morte en janvier 2016 lors des attaques terroristes de Ouagadougou.  L'exposition commence par une lettre de Yasmina Alaoui à l'assassin de sa soeur Leila intitulée Je te pardonne.
Sur les murs tendus de noir de grandes photos en couleur de Leila Alaoui prises au Maroc :




Leila Alaoui

Exposition Fondation Lambert Avignon Leila Aloui photographe et vidéaste
Leila Aloui






2 ) On aime l'art ! Oeuvres de la collection Agnès B.

 

Dans la seconde partie de l'exposition, le choix fait par le directeur de la Fondation Lambert, Eric Mezil, d'oeuvres qu'elle a collectionnées permet de dresser un portrait d'Agnès B. styliste, réalisatrice de cinéma, mécène et découvreuse de talents. Plusieurs centaines de tableaux, classés par thématique, composent cette partie de l'exposition. Impossible de tout montrer ni de tout photographier ! Je ne vous montrerai que quelques unes de ces oeuvres choisies parmi celles que je préfère. J'ai fait des recherches sur le Net pour en savoir plus sur ces artistes que, parfois, je ne connais que de nom ou pas du tout. Et cela m'a donné envie de découvrir plus d'oeuvres de tous.

 Chéri Samba (Congo)

Exposition à la Fondation Lambert à Avignon : Chéri Shamba (acrylique et paillettes sur toile)
Chéri Shamba (Congo) détail (acrylique et paillettes sur toile)
La première salle est dédiée à L'Afrique. Le politicien dans ce tableau de Chéri Samba, peintre contemporain de la République du Congo, est assis sur son trône et ses billets de banque. C'est lui qui est responsable de l'exil de son peuple.

Chéri Shamba : Voyage clandestin (détail)
Les voyageurs clandestins se retrouvent devant un porte fermée...

Chéri Samba : Voyage clandestin (détail)
Un gros cadenas symbolise le rejet de l'Europe qui refuse de les accueillir.  La peinture de Chéri Samba s'inspire de la culture populaire et de la BD. Elle est souvent accompagnée de textes qui présentent une satire sociale.

John Goba (Sierra Leone)

Fondation Lambert, musée d'art contemporain d'Avignon John Goba (Sierra Leone) sculpture de bois avec des épines de porc épic collection Agnès B.
John Goba : sculpture de bois avec des épines de porc épic collection Agnès B.


 Cette oeuvre de John Goba ( Sierra Leone) en bois peint et épines de porc épic  auxquelles sont attribuées des vertus protectrices, porte le titre anglais The chief's Temple.  Cette sculpture est un coup de coeur pour moi, même si je ne comprends pas ce qu'elle représente. Le texte suivant sur ce site ICI  me révèle que je ne suis pas la seule!

 "John Goba originaire de Mende en Sierra Leone, est né dans la Bondo Society (société secrète des femmes) dans laquelle sa grand-mère jouait un rôle important. Cette société donne à ses initiés une identité sociale et une plus large compréhension du monde. Le monde au sens large, celui occupé par les vivants, les morts et les dieux. A l'issue de son initiation, il s'installe sur Mountain Cut à Freetown, où vers l'âge de trente ans il eut une révélation (les artistes des peuples de la forêt expliquent ainsi l'origine de leurs activités artistiques). "



"Ses sculptures réalisées en bois, colorées de peintures industrielles, s'inspirent des savoirs traditionnels, des secrets et des contes des différentes ethnies. Mais il prend des libertés à l'égard des traditions et réalise des sculptures qui résultent d'un savant mélange de son imaginaire fantastique et de figures empruntées aux "histoires" traditionnelles. Une multitude d'épines de porc-épic plantées sur les personnages principaux assurent leur protection et "interdisent " l'accès au "coeur" de la sculpture. Chaque oeuvre illustre des "histoires" dont seul Goba détient les clés."

Nebay (France)

Nebay : Les balançoires les plus solides sont accrochées aux étoiles (2015)

J'adore cette peinture-sculpture et son titre car ils forment à tous les deux un poème. La blancheur de la réalisation donne un aspect immatériel à l'ensemble, une pureté liée à l'enfance par l'intermédiaire de la balançoire. Cette oeuvre rappelle l'importance du rêve et de l'idéal dans un monde matérialiste. 
Nebay est un artiste français, taggueur et gaffeur, qui marque l'espace urbain par ses message sociaux. Peintre, il est proche de Pollock et ses toiles  se caractérisent par des couleurs vives et lumineuses. Je ne résiste pas à vous monter celle qui suit même si elle ne fait pas partie de l'exposition.

Nebay

Jivya Soma Mashe (Inde Maharashtra)

Jivya Soma Mashe (Inde Maharashtra) peinture acrylique et bouse  exposition de fondation Lambert à Avignon
Jivya Soma Mashe  (acrylique et bouse sur toile)
Jivja Soma Mashé  né en Inde dans l'état du Maharashtra est représentatif de la peinture de la tribu des Warli.  Jivya Soma Mashé reprend des motifs de peintures traditionnelles rituelles pour en faire une création personnelle, libre et originale. Il connaît parfaitement les mythes sacrés de son pays et les représentent sur ces toiles. Le carré au centre la toile est réservé au sacré. Le cercle et le triangle sont issus de l'observation de la nature. Les hommes sont représentés comme des triangles inversés et le cercle figure leur tête. Ses toiles ont une valeur esthétique mais aussi spirituelle. C'est un artiste est mondialement connu qui a donné à l'art Warli toute sa notoriété.
Il est très difficile de photographier les oeuvres à la fondation Lambert à cause des grandes baies vitrées de ce magnifique hôtel particulier et aussi de son éclairage au néon. Donc, je vous montre d'autres tableaux de lui qui n'étaient pas dans l'exposition.


Jivya Soma Mashe  art warli Exposition Fondation Lambert collection Agnès B.
Jivya Soma Mashe : art Warli

Jivya Soma Mashe : art Warli Inde maharashtra
Jivya Soma Mashe : art Warli

Jivya Soma Mashe : Le pêcheur de l'impossible
Le minuscule pêcheur qui lance un immense filet a été peint bien des fois par Jivja Soma Mashe. Regardez la petite silhouette au sommet et le grand filet qui se remplit de poissons.


Chano Devi (Inde, le Mithila )

 

Fondation Lambert exposition 2017 Chano Devi : Inde art du Mithila peint à la bouse de vache sur papier
Chano Devi : Inde art du Mithila peint à la bouse de vache sur papier
En Inde, dans l'ancien royaume de Mithila (état du Bihar), la peinture était réservée aux femmes et représentait un art populaire important dont le style dépendait des trois castes qui divisaient la population : les brahmanes, les Kayasth  et les Dusadh ou Intouchables.
Le système des castes ayant un peu perdu de son importance, les femmes Dusadhs ont commencé à peindre en s'inspirant de leurs propres traditions et techniques. Chano Devi en s’inspirant des tatouages crée un style connu sous le nom de Godhana (Godna signifiant tatouage)

Les deux oeuvres sur papier réalisées en 1999 de Chano Devi à la fondation Lambert sont peintes avec de la bouse de vache. J'ai cherché d'autres images du travail de l'artiste sur le net. Ses réalisations en couleurs sont très belles et originales. Jadis, seuls les Brahmanes pouvaient  peindre avec des couleurs.

Chano Devi : Inde art du Mithila

Ardhanareeswara est le symbole de l'unité du savoir et de la nature



Sol LeWitt




Sol LeWitt est un artiste américain conceptuel et minimaliste. Il y a eu une exposition de ses dessins muraux au centre Pompidou qui témoigne d'une grande diversité dans les formes, les couleurs et les techniques de LeWitt. C'est le seul dessin de cette exposition. Il restructure cette salle d'une manière étonnante. Le jeu des couleurs et des formes donnent un mouvement, une belle luminosité à l'ensemble. 

Mona Hatoum (Liban)


Fondation Lambert Avignon  : Mona Hatoum : Keffieh cheveux humains
Mona Hatoum : Keffieh réalisé avec des cheveux humains

Mona Hatoum est née à Beyrouth au Liban; elle est d'origine palestinienne et vit maintenant en Angleterre. Kieffieh s'inspire du foulard des femmes palestiniennes aux motifs noirs et blancs. Réalisé avec des cheveux humains, enfermé dans une table-vitrine comme dans un cercueil de verre, il constitue une oeuvre d'art un peu étrange.  On se demande ce que c'est et ce  que veut dire cette création. Mona Hatoum y répond en disant  : "Je voudrais que cette stupide tradition cesse pour qu'enfin tout le monde, homme ou femme puisse montrer ses cheveux sans aucune honte."

Mona Hatoum  artiste plaestiennen née au Liban: Keffieh réalisé avec des cheveux humains Fondation Lambert Avignon collection Agnès B.
Mona Hatoum : Keffieh réalisé avec des cheveux humains

Anselm Kieffer (Allemagne)

Les filles du Rhin  (1998) Anselm Kieffer et Pierre de lait (1980) Wolfgang Laib

Les filles du Rhin de l'artiste allemand Anselm Kieffer est réalisé à partir de photographie et du plomb sur toile. La couche de plomb semble  brisée par moments et laisse apercevoir à travers la brèche un paysage d'eau et de forêts, un paysage étrange, qui semble émerger de la brume ou même peut-être d'un Ailleurs, d'un au-delà de la vie.
La pierre de lait de Wolfgang Laib est une plaque en marbre de Carrare sur laquelle est versé du lait chaque jour renouvelé. C'est d'un blanc absolu, brillant, mouillé, onctueux. J'aime ce retour à la mère  nourricière (le lait), j'aime cette pureté, cette absence, qui procurent une impression d'apaisement, un moment de silence et de quiétude dans une monde bruyant et tourmenté, déconnecté de la Nature.

Les filles du Rhin (détail)

3 ) Anselme Kieffer : La vie secrète des plantes


La vie secrète des plantes Anselm Kieffer  tableaux prêtés par Beaubourg pour son 50 ième anniversaire exposition Fondation Lambert Avignon
La vie secrète des plantes Anselm Kieffer

Toutes les oeuvres en plomb ont été réalisées à partir du plomb de la cathédrale de Cologne bombardée par les Alliés. Anselm Kieffet avait deux mois à la fin de la seconde guerre mondiale. Il est né dans une Allemagne ruinée, entièrement dévastée. L'utilsation des matéraux appartenant à la cathédrale montre sa volonté de redonner vie à l'art sur les ruines du passé.

Somptueux, cet ensemble de tableaux immenses qui couvrent tout le mur de la salle et qui présentent des branches d'arbres reliées par des fils aux constellations. La vie secrète des plantes ! Le saviez-vous qu'elles étaient ainsi directement reliées au cosmos ? Vous l'apprenez avec Anselm Kieffer qui nous rappelle ainsi que la nature forme un Tout et que l'homme n'est qu'une infime partie de l'univers.










Avignon fondation Lambert  exposition 2017 La vie secrète des plantes : Anselm Kieffer
La vie secrète des plantes : Anselm Kieffer


Anselme Kieffer a créé toute une série sur les cathédrales de France lors d'une exposition qui a eu lieu à Paris. C'est d'une  telle beauté que je souhaiterais pouvoir voir ces oeuvres réunies !


Anselme Kieffer cathédrale de France

4 ) Keith Haring


Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring
La grande salle du deuxième étage est consacrée à Keith Harring, peintre, sculpteur, dessinateur américain, d'abord taggueur, universellement reconnu de nos jours.  C'est là, entre ces murs blancs et vastes que l'on est sensible à l'esthétique de l'oeuvre de l'artiste alors que j'avais jusqu'à maintenant été sensible surtout au message social et satirique.


Avignon   fondation Lambert : Keith Harring Masque noir et blanc
Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring






Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring
Keith Harring



Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring
Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring



fondation Lambert : Keith Harring
Avignon exposition 2017 à la fondation Lambert : Keith Harring


La fondation Lambert






































































vendredi 24 novembre 2017

Emmanuel Régniez : Notre château


" Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître… "  C’est le cas d’Emmanuel Regniez dont le premier livre Notre château paru aux éditions Tripode me laisse un peu étonnée voire soufflée. C’est que je ne m’attendais pas à un tel récit ! En abordant ce petit roman a l’air inoffensif, je ne savais pas que l’allais être catapultée dans une histoire sombre qui atteint parfaitement son but : surprendre et secouer. Mais attention n’allez pas penser qu’en entrant dans ce livre vous allez être abreuvé de détails gore ou de descriptions spectaculaires. Ne vous laissez pas abuser par le terme de « gothique » que lui a affublé la critique.

Non, rien n’est moins sage, moins rangée que la vie de ce couple, frère et soeur,  Octave et Véra  - c’est le frère qui est narrateur - . Ils vivent ensemble dans une belle maison qu’ils ont appelée « notre château » (importance du possessif), héritée de leurs parents morts dans un accident. Après leur disparition, anéantis par le chagrin, ils se sont repliés sur eux-mêmes, obéissant à des règles de vie strictes et immuables, réunis par leur amour commun de la littérature.  Jusqu’au jour où allant à la bibliothèque, son seul jour de sortie, le jeudi, le narrateur aperçoit sa soeur dans un bus. Sa soeur !  qui ne sort jamais, sa soeur qui a en horreur les bus et non sans raison, nous l’apprendrons plus tard. C’est cet événement qui, même s’il paraît dérisoire au lecteur, va bouleverser la vie du couple. Le récit d’Octave va peu à peu nous entraîner bien loin.

Le style est curieux aussi car il épouse les émotions du narrateur. Il peut être classique et sage puis prendre un rythme rapide, désordonnée comme un coeur qui s’emballe sous le coups d’une peur soudaine. Il devient alors répétitif, un peu incohérent comme si Octave ne se souvenait pas de ce qu’il avait dit, avait de la peine à clarifier ses pensées, perdait le contrôle des faits donc de sa vie. Mais peut-être est-ce vrai ? Faut-il croire comme le pensent Véra et Octave que c’est la maison qui décide pour eux ?

Un bon roman que j’ai lu dans la foulée, sans pouvoir le quitter, et qui témoigne de la part de l’auteur de beaucoup de maîtrise.


mercredi 22 novembre 2017

Julien Gracq : Le rivage des Syrtes (2) le style de Julien Gracq (extraits)


Julien Gracq
Des pages d’une grande force poétique

Il y a dans Le rivage des Syrtes, dans le rendu des paysages, des passages d’une grande beauté et d’une puissance très visuelle qui parle à l’imagination et suscite l’émotion. La poésie de ce texte en prose éclate à chaque page. Par exemple, l’arrivée d’Aldo à la forteresse et cette impression d’entrer dans le monde des Morts, ou bien, entre ombre et lumière, la fameuse salle des cartes qui concentre la curiosité d'Aldo désireux d’en savoir plus sur le Fagersthan et où se glisse silencieusement, semblable à un fantôme, l’altière Vanessa Aldobrandi. Ou encore la description du cimetière militaire du rivage des Syrtes, balayé par le vent, où le souvenir même des morts est absorbé dans « l’anonymat des sables, pour égaliser là le lieu du parfait effacement. »

L'arrivée au rivage des Syrtes 

Dessin de Victor Hugo

 "Terres de sommeil" et "terrain vague" et plus loin  "fantômes de bâtiments", "assoupi"," morte", ces caractéristiques  présentent le rivage des Syrtes comme un pays entre rêve et sommeil, entre vie et mort, et ceci dès que le jeune homme arrive à L'Amirauté. Julien Gracq peint un paysage aux tons uniformément gris ( un oiseau gris, la tour grise, la route grise). Aucune note de couleur mais  le brouillard, la brume, même  la glace ne brille pas "terne" et ressemble à "une peau privée de reflets". Mais ce tableau est parfois animé de mouvements vifs, rapides : jaillissait, tressaillant,  Un coup de vent,  lissèrent, qui, cependant, ne durent pas et retombent dans l'immobilisme. Une description  dans laquelle l'ouïe aussi est sollicitée : cri, Une corne de brume, son frôlement mais les bruits semblent assourdis et vite réprimés : monotone , deux tons calmes, triste... Toutes  les notations sensorielles concourent à donner l'impression d'un no man's land flou et irréel où la vie doit être mise entre parenthèses. C'est dans ce pays, aux limites de la civilisation, que notre jeune héros, Aldo, va devoir vivre.

Nous roulâmes pendant des heures à travers ces terres de sommeil. De temps en temps un oiseau gris jaillissait des joncs en flèche et se perdait très haut dans le ciel, tressaillant comme la balle sur le jet d’eau à la cime même de son cri monotone. Une corne de brume échouée sur un haut fond perçait le brouillard sur deux tons calmes, d’un gros soufflet assoupi. Un coup de vent parfois faisait sur les joncs son frôlement triste, un instant l’eau des lagunes évaporait sa buée sur une glace terne, une peau morte privée de reflets. Quelque chose s’étouffait derrière ce brouillard de terrain vague, comme une bouche sur un oreiller. La piste soudain redevint route, une tour grise sortit du brouillard épaissi, les lagunes vinrent de toutes parts à notre rencontre et lissèrent les berges d’une chaussée à fleur d’eau, quelques fantômes de bâtiments prirent consistance; c’était le but de notre voyage, nous arrivions à l’Amirauté.

La forteresse 


La description de la forteresse vient ensuite corroborer l'impression que donne le paysage dans le texte précédent et introduit l'idée de la mort. La forteresse n'est plus qu'une "épave", "une ruine", impression que viennent renforcer les oxymores ce colosse perclus, cette ruine habitée". 
 Et  si la description de la couleur est toujours la même grise, viennent s'ajouter des détails réalistes et sordides qui ne sont plus liés la Nature mais sont le fait des hommes comme le prouve l'accumulation des objets détériorés, cassés, salis, toute une suite de termes péjoratifs : les décombres, les ferrailles tordues, ces débris de vaisselle, les coulées, les coulures, embourbés. Des hommes ou plutôt de l'absence d'hommes et du manque d'entretien qui en découle car tout dans la description de l'Amirauté met en relief l'absence de vie :  épave abandonnée, une atmosphère de délaissement. L'impression qui domine dans cette visite de la forteresse c'est celle du silence et de la tristesse car contrairement à l'extérieur l'on n'y entend plus aucun son, même pas le pas des sentinelles. Les habitants de ce lieu aussi participent à ce vide par leur absence même de réaction. Nous demeurions silencieux. Ils ont une impression d'accablement mais aussi d'avoir perdu pied, de ne plus être dans le monde réel : le rêve du chagrin, un héritage de songe. 
Ils ont le sens de l'ironie des choses, du contraste vertigineux entre la grandeur de ce qui a été et la déchéance de ce qui est, de l'antithèse entre le passé glorieux de l'Amirauté et le présent dérisoire.


Le silence était celui d’une épave abandonnée; sur les chemins de ronde embourbés, on n’entendait pas même le pas d’une sentinelle; des touffes d’herbe emperlées crevaient çà et là les parapets de lichen gris; aux coulées de décombres qui glissaient aux fossés se mêlaient des ferrailles tordues et des débris de vaisselle.
Une atmosphère de délaissement presque accablante se glissait dans les couloirs vides où le salpêtre mettait de longues coulures. Nous demeurions silencieux, comme roulés dans
le rêve du chagrin de ce colosse perclus, de cette ruine habitée, sur laquelle ce nom, aujourd’hui dérisoire, d’Amirauté, mettait comme l’ironie d’un héritage de songe.

Voir le Rivage des Syrtes billet 1

lundi 20 novembre 2017

Julien Gracq : le rivage des Syrtes (1)




Le héros de Le Rivages de Syrtes de Julien Gracq, Aldo, appartient à une grande famille d’Orsenna, la capitale d’un état en décadence qui vit encore sur son passé glorieux et ses richesses en déliquescence.
 Après une rupture amoureuse, le jeune homme, officier, désire s’éloigner et demande au gouvernement d’Orsenna une mutation pour une autre région. Celui-ci l’envoie comme « observateur », pour ne pas dire espion, dans la province des Syrtes, auprès du capitaine Marino et de ses officiers. Là, dans une forteresse dressée sur le rivage, les hommes surveillent l’approche éventuelle de leurs ennemis. Mais ces derniers, habitants du Fagersthan, pays situé sur la rive opposée, ne viennent jamais et la situation reste immuable de part et d’autre depuis des siècles. Il existe, en effet, un accord tacite entre les deux pays jadis en guerre pour éviter le conflit, celui de respecter les frontières maritimes, et ceci bien que l’armistice n’ait jamais été signée.
La présence du héros dans ce lieu ou rien ne semble pouvoir évoluer, dans ce pays désert, loin de tout, que la sable gagne peu à peu, marquera-t-il la fin de cet immobilisme ? Peut-être et ceci d’autant plus que la belle et noble Vanessa Aldobrandi joue auprès du jeune homme un rôle trouble et mystérieux.

Un pays imaginaire et pourtant reconnaissable

Bien sûr, l’on ne peut s’empêcher de penser à Le désert des Tatares de Dino Buzzati du moins pour la situation initiale mais la ressemblance s'arrête là. 
Si le paysage semble si précis et réaliste, c’est que Julien Gracq est géographe et cartographe et c’est ainsi qu’il cartographie la géographie de son récit en s'inspirant des lieux qu’il connaît bien. 
On le sait aussi amoureux de Stendhal et de l’Italie. Les noms italiens des personnages (Aldo, Fabrizio, Marino, Carlo) et des villes ( Orsenna, Venezano, Maremma ), la description des paysages lagunaires autour de la forteresse des Syrtes, la beauté morbide de Maremma construite sur l’eau évoquent Venise, ses îles et ses environs. De même, la première rencontre de Vanessa dans les jardins à l’italienne d’Orsenna n’est pas sans rappeler le cadre et les héros de La chartreuse de Parme.

Beaucoup d'analystes de ce roman ont cherché tour à tour à cartographier les lieux d'après les descriptions de l'auteur. Et cela donne des résultats intéressants : 


Carte proposée par Philippe Arnaud, du Monde Diplomatique, à partir de l’analyse technique et géographique des indices disséminés dans le roman voir ICI

ou encore

carte réalisée par Yves Lacoste Source : Yves Lacoste, 1987, « Julien Gracq, un écrivain géographe. Le Rivage des Syrtes, un roman géopolitique », Hérodote, n°44 (voir ici)

Pourtant, le paysage est  imaginaire, tout comme ce Fagersthan si éloigné, si peu réactif, que l’on finit par croire qu’il n’existe pas.

Le pays de l’attente, de l’immuabilité et la mort


Dessin de Victor Hugo

Le propre du Le Rivage des Syrtes, c’est de nous plonger dans une atmosphère irréelle, de nous perdre dans une brume qui estompe les formes, enveloppe le paysage comme un suaire, amortit les bruits. C’est le pays du silence, de l’immobilité, de l’attente. Tout concourt à donner l’impression d’un monde qui est entre parenthèses, qui a cessé de vivre vraiment depuis longtemps. D’où le rythme lent du roman où rien ne semble bouger, rien ne semble se passer. 
Quand j’ai essayé de le lire pour la première fois, il y a de cela bien longtemps, j’ai abandonné ma lecture. Je m’ennuyais. Il faut une certaine patience pour lire Gracq, il faut accepter de se laisser engluer, de plonger dans un monde où la frontière entre le réel et l’irréel reste floue, où la vie et la mort semblent se côtoyer. Mais si on se laisse aller, le style de Gracq produit une sorte d’envoûtement, des images naissent, la beauté surgit; puis l’on s’aperçoit que oui, le récit se met en mouvement, d’abord insensiblement et puis inéluctablement. Car l’action d’Aldo est irréversible,  il ne pourra jamais revenir en arrière et rien ne pourra être comme avant.

Il faut voir là, comme dans Un balcon en forêt que je commence à lire, une métaphore de la France, attendant passivement la guerre, incapable d’agir face à la menace pourtant grandissante de l’Allemagne nazie.  Voilà ce qu’écrivait Julien Gracq à propos de Le Rivage de Syrtes dans  En lisant en écrivant :

« Quand l’Histoire bande ses ressorts, comme elle fit, pratiquement sans un moment de répit, de 1929 à 1939, elle dispose sur l’ouïe intérieure de la même agressivité monitrice qu’a sur l’oreille, au bord de la mer, la marée montante dont je distingue si bien la nuit à Sion, du fond de mon lit, et en l’absence de toute notion d’heure, la rumeur spécifique d’alarme, pareille au léger bourdonnement de la fièvre qui s’installe. L’anglais dit qu’elle est alors on the move. C’est cette remise en route de l’Histoire, aussi imperceptible, aussi saisissante dans ses commencements que le premier tressaillement d’une coque qui glisse à la mer, qui m’occupait l’esprit quand j’ai projeté le livre. J’aurais voulu qu’il ait la majesté paresseuse du premier grondement lointain de l’orage, qui n’a aucun besoin de hausser le ton pour s’imposer, préparé qu’il est par une longue torpeur imperçue. » 


Le sens de l’histoire

Le sens du récit me semble être dans l’anecdote rapportée par le vieux Carlo juste avant sa mort. Carlo est l’un des propriétaires terriens qui utilisait les soldats de la forteresse pour cultiver les terres, réglant ainsi le problème de leur désoeuvrement et de leur ravitaillement. Il explique à Aldo pourquoi il a refusé de continuer à employer les soldats-paysans, plongeant le capitaine Marino dans l’embarras. 

Ne crois pas que je n’aime pas Marino; c’est mon plus vieil ami. Je vais t’expliquer. Quand j’étais petit, notre vieux serviteur allait se coucher dans le grenier sans lumière. Il était si habitué qu’il marchait dans le noir sans tâter, aussi vite qu’en plein jour. Eh bien ! que veux-tu, à la fin la tentation a été trop forte : il y avait une trappe sur son chemin,  je l’ai ouverte…
Le vieillard sembla réfléchir avec difficulté.
-… je pense que c’est énervant, les gens qui croient trop dur que les choses seront toujours comme elles sont. »
Et il ajoute ensuite :
-… et peut-être que ce n’est pas une bonne chose, que les choses restent toujours comme elles sont. »


Mercredi 22 novembre billet (2) -  Julien Gracq : le rivage des Syrtes  citations



Voir ICI l'article de Philippe Arnaud sur les lieux géographiques du roman

Voir aussi ce point de vue intéressant ICI 

vendredi 17 novembre 2017

Roy Jacobsen : Les invisibles



Les Invisibles de Roy Jacobsen, voilà un magnifique roman comme je les aime, une rencontre entre des personnages issus du peuple humains et courageux et un style poétique mais sobre et retenu, qui magnifie la Nature mais sait en peindre les excès et les rages. Une nature qui abonde en beautés mais se montre avaricieuse de ses dons qu’il faut arracher à une terre aride, battue par les vents, ou à un océan dangereux voire meurtrier. C’est là que vit, au début du XXème siècle, Ingrid, petite fille dont on célèbre le baptême au début du roman, dans une île au nord de la Norvège. Une île si petite qu’elle n’est habitée que par une famille, la sienne. Le roman se termine lorsque Ingrid, devenue l’héritière de son père, reprend la ferme familiale. De l’enfance à la maturité, un roman d’initiation mais quelle initiation ! La fillette dès son plus jeune âge doit apprendre les gestes qui sauvent et qui nourrissent. Car elle sait déjà, malgré ses doutes, que nul ne peut quitter son île :  «Une île, c’est un cosmos en réduction où les étoiles dorment dans l’herbe sous la neige.»!

Les maisons sur Barroy sont placées en diagonale les unes par rapport aux autres. Vues du ciel, elles ressemblent à quatre dés que l’on aurait lancés au hasard, plus une resserre à pommes de terre qui devient un igloo en hiver. On peut marcher sur les dalles qui relient les maisons, il y a des cordes à linge et des chemins qui partent dans toutes les directions, mais en vérité les maisons forment comme une charrue dressée dans l’air afin de ne pas être emportée, même si la mer entière devait s’abattre sur l’île.

La description de la vie quotidienne, des activités, des coutumes, des mentalités, est passionnante. La pauvreté règne, l’argent est gagné à grand peine par le père Hans Barroy qui part à la pêche dans les Lofoten pendant de longs mois. Pendant son absence, le grand père Martin, la mère Maria et la tante d’Ingrid, Babro qui est simple d’esprit, cherchent à tirer leur subsistance des quelques vaches, brebis et légumes et des poissons de la pêche côtière. L'île offre un cadre à la fois âpre, désolé et d'une grande beauté.
Les personnages malgré la dureté de leur vie restent humains et dignes. L’amour qui les lie entre eux est très fort mais pudique et se passe souvent de paroles. Ces personnages si petits sur une île qui l’est tout autant, ce sont les Invisibles mais ils ont une grandeur qui les rends attachants. Un passage m’a paru proche du Victor Hugo des Pauvres gens quand la famille accueille sous son toit deux orphelins, simplement et sans discussion.
Il y a quelques scènes très fortes dans le roman comme celle ou les parents d’Ingrid cherchent à placer Babro comme bonne dans une famille bourgeoise mais la ramène chez eux parce qu’on lui a manqué de respect ; celle aussi où  le père fait sortir sa fille en pleine tempête en l’attachant de peur qu’elle ne soit pas emportée par le vent, parce que « Un ilien n’a pas peur, sinon il ne peut pas vivre dans un endroit pareil. »

"Il lui crie qu’elle doit sentir avec son corps que l’île est immuable, même si elle tremble, même si le ciel et la mer sont chambardés, une île ne disparaît jamais, même si elle vacille, elle reste ferme et éternelle, enchaînée dans le globe lui-même."

Un très beau livre, aux éditions Gallimard,  un coup de coeur qu'il faut lire en s'imprégnant du rythme lent et du passage des saisons.



Roy Jacobsen (né le 26 Décembre 1954) est un norvégien romancier et nouvelliste écrivain.
Né à Oslo, il a fait ses débuts en 1982 avec la publication d'un recueil de nouvelles.
Il est lauréat de prestigieux prix et de deux de ses romans ont été mis en nomination par le Conseil nordique pour le prix de littérature






mercredi 15 novembre 2017

Tarjei Vesaas : Nuit de printemps



Quelle merveille- et ses ombelles qui tournoyaient comme des roues et comme des robes entrées dans la danse.



Quel étrange roman que celui de Tarjei Vesaas :  Nuit de printemps  aux éditions Cambourakis en 2015 !  Etrange, car l’écrivain est le maître de l’indicible et laisse à ses lecteurs le soin d’interpréter !

Dans Nuit de printemps, il en est ainsi car le point de vue est celui de Hallstein, un garçon rêveur, encore crédule et sous influence, qui regarde ce qui se passe autour de lui sans le comprendre vraiment. Et comme tous les personnages sont incapables de communiquer, l'adolescent sera pris dans un noeud de sentiments contradictoires et un enchevêtrement de faits inexplicables.

Le récit

Contrairement à certains de ses romans, Tarjei Vesaas raconte une histoire dans Nuit de printemps.  Hallstein et sa soeur bien-aimée Sissel se retrouvent seuls pour deux jours dans la maison, leurs parents étant partis à un enterrement. Sissel, 18 ans, est bien capable de s’occuper de son frère 14 ans et tous deux sont des enfants raisonnables. Oui, mais rien ne va se passer comme prévu.

D’abord Hallstein surprend sa soeur en train d’échanger un baiser avec Tore, un voisin de son âge, puis le repousser et se disputer avec lui. La scène trouble Hallstein; il ne parvient pas à comprendre les sentiments de Sissel. Il perçoit qu'il y a chez la jeune fille une contradiction entre le langage du corps et celui de la parole. Il comprend que c’est la fin de  leur complicité, Sissel entre dans le monde adulte alors que lui n'est encore qu'un enfant. Heureusement, Hallstein à une amie imaginaire que lui seul peut voir, Gudrun et sa franche blonde, qui le réconforte avec son franc parler quand il ne va pas bien !

Et puis survient un évènement qui entraîne le chaos : une voiture tombe en panne devant chez eux. On leur demande l’hospitalité pour Grete, une jeune femme sur le point d’accoucher. Son mari Karl est nerveux, ce qui se comprend, mais aussi violent et agressif. Et qui est cette vieille femme Kristine oubliée dans la voiture? Elle est muette et impotente mais elle parle à Hallstein, et lui fait promettre son aide; et pourquoi le mari de cette dernière se comporte-t-il aussi follement, pourquoi semble-t-il avoir peur ? Enfin, quelle surprise, quel bonheur, au milieu de cette famille impossible, Hallstein découvre Gudrun, sa Gudrun avec sa frange blonde !

 Je ne vous en dis pas plus mais sachez que tout semble déraper, n’avoir aucun sens. Il  n'y a, entre tous ces êtres, aucune possibilité de se parler, de s’écouter et donc de s’entendre. Hallstein est pris dans un tourbillon d’urgence et de folie, balloté de l’un à l’autre. L’amoureux de Sissel, Tore, quant à lui, n’est pas plus raisonnable, il erre toute la nuit dans la forêt.

Une  nuit de printemps

Une nuit de printemps, pas celle de Shakespeare, non, mais celle de Tarjei Vesaas ! Une nuit ou l’amour, la haine, la mort mais aussi avec la naissance du bébé, la vie, sont au rendez-vous !
Une nuit de printemps - et c'est aussi ce qui me fait penser à Shakespeare- où la nature est présente, où elle offre un refuge à ceux qui en ont besoin, où sa beauté lumineuse, en cette saison en Norvège,  est enivrante.

L'incommunicabilité entre les êtres

Ce que j’admire dans Tareji Vesaas, c’est cet art de ne pas dire les choses, de les suggérer, de les faire sentir à travers un geste, un début de phrase qui s’interrompt, un regard, un pli du visage. Il y a quelque chose de douloureux dans cette incommunicabilité entre les êtres.
L'adolescent qui se trouve pris dans cet engrenage a une innocence qui devrait le disposer à souffrir. Mais il a Gudrun, l'incarnation de ses rêves dans la réalité,  et sa propre force qui lui donnent la sensation d’avancer et l’on sent qu’il en sort plus mûr, plus fort. Nul doute que cette nuit de printemps ouvre pour lui une brèche d'où échapper au monde de l'enfance. Elle lui laissera un souvenir indélébile.



 Tarjei Vesaas est né à Vinje dans le Télémark, au sud de la Norvège, en 1897, et mort en 1970, à quelques kilomètres de la ferme familiale. Le chant de la terre, de la vie paysanne, l’exaltation de la vie, l’enfance et sa psychologie, comptent parmi les thèmes majeurs de son œuvre. Le Palais de Glace a reçu en 1963 le grand prix du Conseil Nordique et il est, avec Les Oiseaux, l’un des romans les plus emblématiques de l’art de Vesaas. Avec Nuit de printemps, publié en 1954, Tarjei Vesaas rompt avec cette ambiance romanesque que certains critiques contemporains lui ont souvent reprochée : des récits à la temporalité suspendue et dépourvue d’action. Texte éditions Cambourakis ici


Lecture commune avec Margotte dans le cadre du challenge littéraire nordique



Voir le beau billet, très complet de :  Erik 35 dans Babelio   ici

mardi 14 novembre 2017

Christian Bobin : citation Un bruit de balançoire

Christian Constantin Hansen, peintre damois

J'ai "pioché" cette belle citation dans un billet de Violette, extrait du nouveau Christian Bobin  : Un bruit de balançoire. Je pense que cette description de la lecture parlera à toutes ceux et celles, qui ont aimé la lecture dès leur plus jeune âge et y sont tombés dedans comme dans la potion magique d'Obélix et y sont restés pour la vie !

« Lire quand on est enfant, c’est quitter sa famille et devenir jeune mendiant, tendre la main aux princes de passage. C’est aller en Sibérie, avec loups et cris de neige, si loin que votre mère ne vous retrouvera plus, criant « à table » dans le désert, loin, très loin du petit contemplatif aux yeux brun-vert gelés comme un lac. La lecture est un billet d’absence, une sortie du monde. »



J'avoue qu'après avoir beaucoup aimé Christain Bobin (son Autoportrait au radiateur !) je m'étais un peu éloignée de lui trouvant son style trop précieux, trop ampoulé, et pour tout dire trop "joli"! Ce billet de Violette me donne envie de le redécouvrir. voir ICI

dimanche 12 novembre 2017

Bruno Heitz
 : Jojo sans peur



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 La dernière fiche d'Apolline réalisée pendant les vacances.
Apolline a 7 ans et demi et est en CE1. Elle sait maintenant bien lire. Les livres qu'elle  présente, parfois c'est maman qui les lit, selon leur difficulté, parfois ils sont découverts à deux voix et puis elle les relit tout seule.





Titre du livre :
 Jojo sans peur

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Illustration : Bruno Heitz


Auteur du livre : Bruno Heitz

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Edition Circonflexe
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Résumé de la quatrième de couverture 



Jojo n'avait peur de rien et le regrettait : « La peur donne des ailes... quelle chance ont les trouillards »




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J’ai trouvé l’histoire : 

Passionnante, amusante et qui fait peur !!!


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Mon passage préféré est  : en fait j'en ai plein
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"Quand Jojo arriva le soir, ces deux guignols ne l'effrayèrent point "
J'aime ce passage parce que il y a le mot de "guignols" et c'est un mot rigolo.



Mon autre passage préféré, c'est quand les parents enlèvent leurs déguisements et l'auteur a dit : "Dracula se dédraculassa et la sorcière se désorciérisa".
C'est très dur à dire mais en même temps ça me fait hurler de rire.




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J’ai aimé l’illustration : A la folie

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J'ai aimé histoire :

  A la folie

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J'ai demandé à maman de le lire trois fois d'affilée parce qu'en fait c'était rigolo parce que le petit n'a peur de rien, et qu'il dit : c'est bien d'être trouillard parce que la peur donne des ailes. J'ai appris des mots amusants : pistoche, pétoche, guignols, des expressions rigolotes : la peur donne des ailes, il gardait son sang froid, jojo n'avait pas froid aux yeux.

 L'auteur a fait plein de livres que j'aimerais lire : Jojo pas le temps / Jojo pas de bol, Jojo la magie : en fait tous.



L'avis de la grand-mère :

Quand on aime un livre "à la folie", ce peut être dangereux! Heureusement, Apolline et sa maman ont trouvé tous les livres de Jojo à la médiathèque mais il a fallu les réserver car les enfants se les arrachent!

C'est une lecture facile avec des images accompagnées d'un texte court. A mon avis il peut être lu dès le CP quand les enfants commencent à se débrouiller en lecture.

Si vous me demandez ce que je pense ? Je répondrai : Euh !...
 De prime à bord je ne vois pas comment expliquer cet engouement.  Mais si je me penche sur les raisons que me donne ma petite-fille pour a-do-rer Jojo je finis par comprendre.

Apolline est sensible au côté humoristique du livre : comique de mots, une  piscine devient une "pistoche" , la sorcière se "désorciérise" et puis on y rencontre  des mots familiers qu'elle ne trouve pas toujours dans les  autres livres et qui lui donnent un sentiment de transgression : La "pétoche" au lieu de la peur, avouez que c'est osé ! Des quiproquos aussi car Jojo quand on lui dit que la peur donne des ailes prend l'expression au pied de la lettre et croit que les "trouillards" (encore un mot osé ) peuvent voler comme des oiseaux.
Et puis Apolline s'intéresse au langage et elle a aimé apprendre toutes les expressions imagées sur la peur : "n'avoir pas froid aux yeux", "garder son sang froid". etc... Enfin, un petit garçon qui n'a jamais peur alors que soi-même on a toujours peur, cela en impose !

Voilà, vous avez compris qu'il y a en a des raisons pour aimer Jojo sans peur quand on a 7 ans !


Encore une expression imagée!



dimanche 5 novembre 2017

Anna Milbourne et Louie Stowell : Les mythes grecs



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Avec les vacances, voici le retour d'Apolline et de ses fiches de lecture. Apolline a 7 ans et demi et est en CE1. Elle sait maintenant bien lire. Mais renoncer aux moments de complicité de la lecture du soir, dans le lit douillet, avec sa maman ? Jamais ! Alors les livres qu'elle vous présente, parfois c'est maman qui les lit, parfois ils sont découverts à deux voix et puis elle les relit tout seule.






Titre du livre : Les mythes grecs

Editions Usborne

Auteurs (adaptation des contes) : Anna Milbourne et Louie Stowell

Illustrations : Simona Bursi Elena Temporin Petra Brown



Résumé de la quatrième de couverture :


Les mythes grecs est un ouvrage superbement illustré, à lire en famille. Partagez ensemble la vie des héros, des héroïnes , des divinités toutes puissantes et des monstres effrayants de cette époque. Un chapitre est par ailleurs consacré aux personnages de la mythologie grecque et au monde de l'antiquité.


 Résumé par Appoline :


Je vais vous raconter un mythe qui s'appelle :


 Echo et Narcisse.


Echo, c’est une fille qui bavarde beaucoup et Héra la déesse la punit, et elle ne pourra plus que répéter la parole des autres comme un écho. Elle rencontre Narcisse et elle en tombe amoureuse. Et Narcisse ne veut pas d'elle car il tombe amoureux de lui-même. De tristesse, Echo disparaît et il ne reste que son écho. Et Narcisse devient la fleur.

 J’ai trouvé l’histoire mélancolique avec beaucoup d'émotion.


Mon passage préféré est  : 


 


C'est quand Narcisse se regarde dans l'eau en pensant qu'il est le plus beau. Et il se fait un bisou.


J’ai aimé l’histoire : 

A la folie


J’ai aimé l’illustration :

  A la folie

Ce que j’ai aimé dans l’histoire / 

le sens de l’histoire



Echo

J'ai aimé ce conte parce que c'est poétique quand Echo disparaît et devient une voix... Ça me fait penser à Grizac en Lozère quand on crie dans la montagne, on entend l'écho de notre voix, on s'arrête de parler et on entend...  Près de l'eau il y a toujours un peu de narcisses.

Narcisse a la tête « comme une citrouille » car il se trouve trop beau. Je ne connaissais pas le mot narcissique et maintenant je le connais. Et j'aime pas les gens narcissiques qui ont la grosse tête.

 L'avis de la grand -mère : 

 Apolline a deux livres sur les mythes grecs parus aux Editions Usborne en direction des enfants.



L'un intitulé : mythes grecs pour les petits adaptation de Heather Amery, illustrations de Linda Edward est de petite taille : 18 sur 14 cm et il a 128 pages. Il s'adresse aux enfants à partir de 3 ans bien que je le trouve un peu difficile et pas assez illustré pour cet âge (mais les illustrations sont jolies). Il présente les mythes en deux ou trois pages et a le mérite d'inciter les jeunes lecteurs à aller de l'avant. C'est ce qui s'est passé avec Apolline, elle a aimé les récits et a voulu en savoir plus. D'où le livre suivant :


 
Les mythes grecs de Anna Milbourne et Louie Stowell est un très beau livre de grande taille  (21 sur 28)  et épais (300 pages) qui peut être une belle idée de cadeau pour Noël. Bien qu'il soit noté  pour les 3-5 ans, lui aussi, je peux vous assurer qu'il s'adresse aussi et peut être surtout à des petits lecteurs plus âgés. 






 Apolline l'a adoré, moi aussi, et il peut accompagner les enfants pendant de nombreuses années, et même en classe de sixième, lu d'abord par les parents, puis par ceux qui ont un bon niveau de lecture. 
Chaque mythe est agréablement illustré et raconté simplement et d'une manière vivante. A la fin du livre se trouvent un glossaire pour expliquer les mots difficiles, des cartes pour suivre les aventures et une présentation complète des différents dieux et déesses, des créatures mythiques, des esprits des bois et de la nature, des héros  de la guerre de Troie, des Argonautes...  et une équivalence des noms grecs et des noms romains.















Il y a encore d'autres livre sur les mythes grecs chez Usborne mais je ne les connais pas.


vendredi 3 novembre 2017

Anaïs Vaugelade : Le déjeuner de la petite ogresse



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Avec les vacances, voici le retour d'Apolline et de ses fiches de lecture. Apolline a 7 ans et demi et est en CE1. Elle sait maintenant bien lire. Mais renoncer aux moments de complicité de la lecture du soir, dans le lit douillet, avec sa maman ? Jamais ! Alors les livres qu'elle vous présente, parfois c'est maman qui les lit, parfois ils sont découverts à deux voix et puis elle les relit tout seule.



Titre du livre :

Le déjeuner de la petite ogresse
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Auteur du livre :

Anaïs Vaugelade

Illustrateur :

 Anaïs Vaugelade
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Edition : L’école des loisirs

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Résumé par Apolline

C’est une petite ogresse qui veut chasser des enfants pour les manger. Elle attire un petit garçon avec un gâteau dans la cage. Mais le petit garçon n’a pas peur et après ils deviennent amis étant petits et plus grands ils deviennent amoureux et ont 12 enfants.



La phrase que j’ai préférée : « Dépêchons-nous, les petits, il est bientôt temps d’aller goûter » parce que la maman ogresse  dit à ses douze enfants mi-ogres-mi humains d’aller manger et on ne sait pas ce qu’ils vont manger, ils vont peut-être manger des enfants ?




J’ai trouvé l’histoire :  Intéressante, inventive, imaginaire

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Mon passage préféré est  : 

Quand les deux enfants, la petite ogresse et le petit garçon font de la vinaigrette et fabriquent des échelles, parce que c’est drôle et qu’ils en mettent partout et ça me rappelle maman quand elle remue la pâte du gâteau.

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J’ai aimé l’histoire : Passionnément

J’ai aimé l’illustration : beaucoup




Ce que j’ai aimé dans l’histoire

 Le déjeuner de la petite ogresse m’a beaucoup plu parce c’est très drôle, parce que le petit garçon est très courageux et que la petite ogresse ne fait pas de chichis, parce qu’au début elle paraît un peu méchante quand elle attrape des enfants mais en réalité elle n’est pas méchante. C’est une histoire d’amitié et d’amour et ça finit comme un conte de fée.
La petite ogresse ressemble à un vampire parce qu’elle a des dents très pointues. Les enfants de l’ogresse et du garçon ressemblent soit à leur papa soit à leur maman.

Les enfants,  je vous le conseille !!!!!!!


Avis de la grand-mère :

Le déjeuner de la petite ogresse conte une belle histoire d'amour, joliment illustrée par l'auteure, Anaïs Vaugelade. Le ton est plein de fantaisie et d'humour et Apolline a beaucoup aimé ce petit garçon enfermé dans sa cage (Hansel et Gretel) qui en sort pour faire le ménage et construire des échelles (un don particulier ! ). Ce détournement du conte est très amusant. Il amène aussi à une belle réflexion, c'est que l'amour est assez fort pour changer le mal en bien. La petite ogresse devenue une jeune femme aimée promet de ne plus manger d'enfants.

OUI ! Mais qu'en est-il de sa progéniture ? Soyez attentifs à l'image et vous aurez une réponse sur les lois de l'hérédité !

Le conte s'adresse aux enfants dès l'âge de 4/5 ans. C'est une belle lecture pour les lecteurs débutants de 6/7 ans. Apolline a trouvé la lecture facile et elle s'est bien amusée.