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samedi 15 octobre 2011

Pete Fromm : Avant la Nuit Editions Gallmeister


Et bien si l'on m'avait dit que je lirais un recueil de nouvelles sur la pêche, que j'apprendrais tout sur les diverses espèces de truites, sur les différents types d'appâts, que je passerais des après midi à pêcher sur un radeau  ou dans le courant de la rivière, que je saurais placer délicatement l'hameçon à l'endroit choisi, au millimètre près, avec ma canne à lancer, j'aurais été bien étonnée. Et encore plus, que cela me plaise! Oui mais, dans un livre, tout est possible! C'est la cas avec Avant la nuit de Pete Fromm.

Pourquoi cet intérêt? parce que les nouvelles de ce recueil parle de pêche  mais encore plus d'êtres humains que l'on devine avec leur personnalité, leurs attentes, leur fragilité, avec les drames qui interviennent dans leur vie mais aussi les rapports de confiance, la complicité que cet amour de la pêche mais aussi de la nature crée entre eux.
Parmi mes préférés, Père et fils, est la douloureuse histoire de ce père divorcé, séparé de son fils qui a dû suivre sa mère dans un autre état, et qui accomplit quelques milliers de kilomètres en voiture pour l'amener pêcher. On y lit une belle complicité entre le père et l'enfant mais aussi on devine en filigrane, une autre histoire, celle du père et de la mère, d'un amour qui n'a pas survécu, éteint par la vie quotidienne qui foule aux pieds les rêves, malmène le bonheur. Pourtant, par l'intermédiaire de ce fils qu'ils aiment tant, peut-être parviendront-ils à l'apaisement?..  Ou encore Avant la nuit, qui donne son titre au recueil, une partie de pêche entre Gordon et son beau-père, un récit tout en sous-entendu et silence. Peu à peu, cette journée au bord de l'eau, alors qu'il faut rentrer à la maison avant la nuit pour échapper aux dangers de la rivière, permet de cerner la personnalité de Gordon, de comprendre sa souffrance, lui qui, marqué par le divorce de ses parents, ne revient voir sa mère et son beau-père que de longues années après son départ. La nouvelle parle de la peur d'être père, de la difficulté de vivre, de la crainte de perdre ceux que l'on aime. Là aussi la rivière et les aventures vécues ensemble représentent une sorte de catharsis qui permet d'affronter la vie. Dans Le cours normal des choses  pour la première fois depuis la mort de sa femme, un père ramène ses deux fils à la pêche. Une  nouvelle terriblement poignante où chacun s'efforce de faire comme si tout était normal jusqu'au moment où le plus jeune des enfants, Corby, ne parvient plus à contrôler l'irruption du chagrin. Certains de ses récits sont moins tragiques, comme Stone, ce garçon qui ne veut pas apprendre à pêcher mais qui est le roi du ricochet, une leçon de respect mutuel entre un père et son fils... Ou encore  la nouvelle Le gamin quand deux vieux copains se retrouvent pour la pêche mais l'un a amené son gamin, prétexte à une prise de conscience pour l'autre des changements survenus ... Mais tous campent des personnages pleins de vie, très forts, dont les sentiments sont analysés avec finesse et pour qui l'on sent la tendresse de l'auteur. Le thème père et fils est une constante avec ce que cela représente d'amour, de compréhension mais aussi de doute et de crainte. Le fil conducteur, la pêche, crée une unité dans ces courts récits avec l'image de l'eau, métaphore du temps qui s'écoule amenant d'inéluctables changements. Le respect des créatures vivantes, la beauté de la nature, des joies qu'elle procure, des rapports de confiance qu'elle établit entre les gens font  de ce recueil une petite merveille. Un beau recueil plein de sensibilité et de nostalgie.


Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ludique de Calypso :  Un Mot, Des titres. Calypso a proposé le mot nuit qui devait figurer dans le titre, d'où ce recueil de Pete Fromm.

Mais sans que je l'ai cherché au départ, il illustre aussi deux autres de mes challenges :


Nature Writing, le challenge de Folfaerie


Et le challenge des nouvelles de Sabbio


mardi 13 septembre 2011

Peter Fromm : Indian Creek, un hiver au coeur des Rocheuses Edit. Gallmeister


 Indian Creek, un hiver au coeur des Rocheuses de Peter Fromm est  devenu un livre culte aux Etats-Unis. Des parcours sont organisés pour retrouver les lieux où se sont déroulés les faits qu'il relate dans Indian Creek et que les touristes visitent ... en été!
Peter Fromm y raconte l'expérience qu'il a vécue, lorsqu'il était jeune étudiant, à la fin des années 70 dans une université du Montana où il étudie la biologie animale.. Sur un coup de tête due à son admiration pour les récits de trappeurs, il accepte un travail dans l'Idaho qui implique de passer l'hiver dans les montagnes Rocheuses. Isolé de toute civilisation,  pendant de longs mois, il doit veiller sur quelques millions d'oeufs de saumons en empêchant la réserve où ils sont entreposés de geler. C'est le début d'une aventure parfois exaltante, souvent  éprouvante, pour lui qui ne connaît rien à la montagne, et qui va changer le cours de sa vie.
C'est avec humour que l'auteur nous raconte son expérience. Au départ, rien ne prédisposait le jeune homme, sportif, certes, puisqu'il fait de la natation en compétition, mais sans expérience, à une telle aventure. Il n'a pas le caractère d'un solitaire, lui qui aime les fêtes nocturnes bien arrosées entre copains, la vie de famille nombreuse avec ses parents, son jumeau et ses frères et soeurs. Il n'a aucune connaissance ni de la montagne, ni des animaux sauvages, ni de la chasse ou de la vie sous la tente à l'exception de petites excursions en camping. Aussi la réaction des gardes forestiers devant  l'étendue de son ignorance lorsqu'ils viennent l'installer dans son campement  provoque le rire.... mais aussi l'inquiétude. Voilà où mène le romantisme  nourri pas des lectures passionnantes mais théoriques!

Au-delà de l'humour, nous comprenons que le jeune homme est en train de se jeter un défi à lui-même. La réussite de ce projet le transformera complètement. Nous suivons donc avec intérêt les difficultés de sa vie quotidienne, qui, lorsqu'il est entièrement isolé par la neige, se révèle non seulement dangereuse sur le plan physique mais aussi psychique, notre jeune héros sombrant dans la dépression. Heureusement, il a l'amour inconditionnel de sa chienne Boone pour le soutenir et surtout il comprend qu'il doit avoir toujours les mains occupées pour empêcher l'esprit de battre la campagne. Le récit est donc  initiatique puis que Peter Fromm, passé les premiers mois  d'abattement, va apprendre à aimer sa solitude, va entrer en communion avec la nature dont il s'imprègne, conscient de cette beauté qui l'entoure, une vie de liberté rude et difficile mais pleine de richesses. La lecture va aussi l'aider à emplir sa vie. Le jeune homme mûrit, change à un tel point qu'il se retrouve un peu étranger à ses anciens amis quand il les revoit.

A côté de la description de la vie quotidienne dans sa monotonie et  sa répétition car le jeune homme accomplit son travail de préservation des saumons avec conscience,  le récit contient de grands moments de bravoure où le quotidien fait place à l'épopée. Ainsi, il accomplit un trajet en raquettes à la recherche de son père et de son frère venus le rejoindre mais perdus dans la montagne, la peur au ventre, craignant de les retrouver morts.  Les avalanches à répétition, son combat avec le Lynx blessé, la chasse au Lion des Neiges sont aussi, entre autres, des passages passionnants.
Le roman est donc très attachant et j'ai vraiment adoré découvrir ce si célèbre Indian Creek.

Challenge de Folfaerie

Keisha, les lectures de Folfaerie, Hélène, Choco, Cathulu, Marie . Jeneen.
Scor

samedi 18 juin 2011

Edward Abbey : Le feu sur la Montagne

Billy, 12 ans, vient passer les vacances chez son grand père dans un ranch du Nouveau-Mexique. Il se fait une joie de retrouver le vieil homme, John Vogelin, et son ami, Lee, mais aussi la liberté  des grands espaces, les bêtes du ranch, les chevauchées dans la nature... une nature pourtant peu hospitalière avec ce climat semi-désertique, ces terres arides, cette chaleur implacable, toutes calamités qui permettent  à peine au grand père de subsister.  Oui, mais les paysages ont une beauté magique, les couchers de soleil sont sublimes, sans parler des rencontres palpitantes avec  les animaux sauvages, des veillées autour d'un feu de bois, des nuits à la belle étoile... Billy est enthousiaste; plus tard, il aimerait bien venir travailler ici. Pourtant, lorsqu'il arrive il ne tarde pas à deviner la menace qui plane sur leur tête. L'US Air Force veut racheter le ranch de grand père pour y installer un champ de missiles.  Mais John Vogelin va se battre jusqu'au bout pour garder sa propriété, épaulé dans ce combat par son petit-fils. On devine pourtant que cette lutte est bien inégale.

J'ai vraiment adoré ce livre. Son charme tient, bien sûr, à la description de cette nature à laquelle Edward Abbey voue un grand amour qu'il a l'art faire partager. Il me donne envie de galoper à côté de nos héros malgré la chaleur, la soif, les fesses tannées par le cuir de la selle, de vivre à la dure, enserrant les dents, pour paraître costaud, comme le fait le petit Billy! Quand je lis un roman convaincant, je suis souvent capable de telles prouesses, mourant de soif dans le désert ou les pieds gelés dans le blizzard du Grand Nord canadien. C'est tellement bon de vivre à l'extrême, confortablement installée dans un fauteuil! 
Et puis derrière cette beauté, apparaît la fragilité de cette nature, des animaux, d'abord, que l'homme déclare nuisibles et qu'il détruit sans discernement, de ces paysages splendides que l'on va sacrifier à la guerre, que l'on va livrer à la destruction. Il y a la dénonciation du pouvoir exorbitant de l'armée qui peut exproprier les gens, les envoyer en prison s'ils résistent. Edward Abbey, exprime ici un sentiment écologique et antimilitariste. Contestataire, il prône le refus d'obéissance, le recours à l'auto-défense qui n'a rien de pacifique d'ailleurs! C'est l'arme à la main que le vieux Vogelin entend défendre son domaine, dans le meilleur style des westerns.

J'ai aimé aussi les liens qui unissent le grand père et le petit fils, cette conformité d'humeur et de goûts, cette solidarité farouche de l'enfant envers le vieillard, cette tendresse pudique que l'un ou l'autre ne veut pas exprimer mais qui apparaît à tout moment dans un mot, dans un geste, dans leur complicité étroite. C'est à travers des dialogues pleins d'humour, assez pince-sans-rire, que se dessine le caractère de l'enfant, les principes d'éducation du vieil homme et ses contradictions, et aussi la belle amitié et le respect mutuel qui lient le vieil homme, l'enfant et Lee, autre personnage important du récit.

Les engoulevents montaient et plongeaient sur le rideau de l'aube naissante, conscients de l'imminence du jour. Des pies firent leur apparition, oiseaux affamés au plumage noir et blanc d'universitaires guindés, et se mirent à piailler et piailler comme des théologiens qui se  querellent. Un troglodyte s'éveilla et poussa son chant de chute d'eau cristalline.
-Le paradis peut-il être plus beau? demandai-je.
- Le climat  est un peu meilleur ici, répondit Grand-père
- Il y a moins d'humidité, dit Lee.



J'ai découvert ce livre et ai eu envie de le lire dans le blog de Mango

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