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dimanche 22 août 2010

Claude Gutman : la fois où … j’ai menti


Le récit de Claude Gutman :  La fois...  où j'ai menti  fait parti d'une série de titres sur le même modèle, La fois où.. j'ai eu un animal,  La fois où.. je suis resté seul, destinés à des enfants de 6 à 9 ans aux éditions Pocket jeunesse.
Comme le titre l'indique l'histoire fait réfléchir sur le mensonge : quant à ses conséquences? Je ne dévoilerai pas le suspense du livre si je dis que aïe! aïe! la fois où j'ai menti ça s'est vraiment mal passé!Jetez plutôt un coup d'oeil sur les illustrations de la première de couverture, ce petit garçon avec des béquilles, c'est moi! Et le dessin de la quatrième, l'ambulance qui s'éloigne, c'est celle qui me transporte à l'hôpital! Je, c'est moi, Julien, qui vous raconte l'histoire. Ma soeur, Julie n'est pas très fûtée. Quand elle ment, les parents savent que ce n'est pas vrai parce que ce sont des mensonges "faux" et elle se fait toujours punir! Moi, je suis plus malin et vous le verrez un mensonge, ça peut rapporter gros mais pas toujours! Alors méfiez-vous. D'ailleurs, si je mens, c'est parce que c'est obligatoire. A l'école, avec les copains on se raconte "tout ce qu'on sait faire", comment on a échappé à tous les dangers. Oui, mais le jour où j'ai raconté...

Et bien, si vous voulez en savoir plus, venez me voir dans Kid Pocket. C'est Zad qui a fait mon portrait. Ma foi, je ne suis pas si mal et mon bicross est drôlement chouette. Bravo Zad!
Quant à papa Gutman, vous croyez peut-être qu'il va vous faire un brin de morale et vous dire que le mensonge, non, non, non, ce n'est pas bien. Papa Gutman, il a plus d'un tour dans son sac et à la fin... je m'en sors plutôt bien!  Enfin si l'on veut! A croire que papa Gutman aime bien les petits menteurs. Je me demande même si, quand il était petit, il n'était pas comme moi.


Merci à Dialogues croisés et aux éditions Pocket jeunesse

mercredi 16 septembre 2009

Jean Teulé : Mangez-le si vous voulez




J'ai été attirée par le nouveau roman de Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez, parce qu'il se passe dans une région que j'aime bien, le Périgord et plus exactement au village de Hautefaye. Mais quelle histoire! Et authentique, en plus, bien que l'on ait de la peine à le croire.
Nous sommes le 16 août 1870 et Alain de Moneys, fils de notable, adjoint au maire, se rend à la foire de Hautefaye. il a refusé d'échanger le mauvais numéro qu'il a tiré à la conscription comme le font d'habitude les conscrits de bonne famille et doit partir à la guerre contre la Prusse dans les jours qui suivent. Il entretient de bonnes relations avec la population et tout le monde le connaît et l'apprécie. Ce qui va suivre est donc inimaginable.
Pour venir en aide à un de ses cousins, Camille de Maillard, que la foule accuse  injustement d'être un mauvais patriote, et tout  à fait sûr que nul ne pourra le suspecter, il a cette parole malheureuse :
..je connais assez Maillard pour être bien sûr qu'il est impossible qu'un tel cri sorte de sa bouche :"vive la Prusse"... Pourquoi pas "A bas la France!"
Que n'a-t-il pas dit! Aussitôt la foule le prend à partie, le giffle, l'insulte, des visages haineux l'entourent. Personne ne semble reconnaître. Tous voient en lui un ennemi de la France, voire un prussien introduit dans la bergerie. Une hystérie collective  et meurtrière s'empare de tous. La tension monte, la fureur et la colère n'ont plus de bornes. On le frappe, on le larde de coups de couteaux, on le torture, on l'ampute, on le fait griller encore vivant et on le mange!
Jean Teulé s'est emparé de ce lointain fait divers et a reconstitué la scène d'après les articles parus dans les journaux, les interrogatoires menés auprès des suspects et  dans tout  le village, les Minutes des procès et les condamnations prononcées par la cour d'assises de la Dordogne. Il a lu aussi toutes les études déjà consacrées à cette affaire. C'est donc un travail très documenté et  rigoureux quant à la vérité historique. Le reste - car il s'agit d'un roman -  est laissé à l'imagination de l'écrivain.

Je n'ai pas aimé le style de Jean Teulé et la manière dont il raconte cette histoire avec une désinvolture un peu familière, des effets de style, des jeux de mots, qui me paraissent déplacés et assez irritants.
Sa tête est devenue un globe de sang où, dans l'oeil gauche, rit la mort songeuse.
Les coups de sabot claquent dans les planches. Il pleut, il pleut bergère... 
Pourtant, je reconnais qu'un style plus "sage" ne conviendrait pas à un tel sujet. Comment raconter l'irracontable?
Le roman, à mon avis, ne s'élève pas au-dessus du fait divers. Les personnages n'existent pas, n'ont pas de densité. Pourtant, au-delà de l'anecdote, l'histoire a le mérite de montrer le mécanisme de la montée de la violence et la psychologie des foules : comment des individus ordinaires jusque-là sans histoire ont-ils pu être pris dans un engrenage insensé? comment ont-ils été conduits à la folie, à des actes aussi barbares.
-Nous avons viré fous, déclare Buisson. De Moneys, bien sûr que c'était un brave garçon!
 -Moi, quand il était dans la braise, j'ai distingué un marcassin.. Lamongie a perçu un oiseau. Liquoine a dit : "on dirait Belzébuth. Sa langue est jaune.
Le récit suscite en nous plus qu'une inquiétude quant à la nature humaine : ne sommes-nous pas tous des barbares que seules les lois, le carcan de la morale, les punitions, la prison, la crainte, maintiennent  dans le droit chemin? Anéanties les idées philosophiques à La Rousseau, le mythe du  "bon sauvage", la croyance en la bonté de l'homme laissés à l'état de nature.

Ces interrogations sur la nature humaine soulevées par le roman de Jean Teulé, je me les pose souvent, en particulier quand je lis les livres consacrés aux crimes nazis (voir texte). Comment des êtres apparemment normaux, bons pères de famille, bons chrétiens, ont-ils été amenés à de tels crimes? L'histoire du nazisme c'est celle de la violence de Hautefaye à l'échelle d'une nation, démultipliée, portée à une puissance infinie.

mercredi 24 septembre 2008

Le Baiser de Caïn de John Connolly

John Connolly (à ne pas confondre avec Connelly!) est un auteur irlandais reconnu comme l'un des maîtres du roman noir... à l'américaine.

Ma foi, le sujet m'avait attirée ainsi libellée sur la quatrième de couverture : "Quand Charlie Parker reçoit un appel au secours de l'avocat Elliot Norton, avec qui il travaillait lorsqu'il faisait partie de la police de New York, il hésite à descendre en Caroline du Sud pour l'aider dans une affaire qui s'annonce difficile : Artys Jones, le client de Norton, un noir de dix-neuf ans, est accusé du meurtre de Marianne Larousse, une jeune femme blanche, fille de l'une des plus grosses fortunes de l'Etat, descendants d'anciens propriétaires esclavagistes..
Quoi! A l'époque où les américains se préparent -peut-être- à élire un président noir, on peut encore écrire sur un sujet pareil tout droit sorti d'un  roman de Caldwell ou d'un livre d'anthologie comme " Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur!"? Et bien oui! Le livre est un moyen de découvrir l'activisme des milieux néo-nazis, racistes, porteurs d'armes, Skinheads, membres du Klan et "divers petits nazillons": "Le mouvement raciste militant n'a jamais été particulièrement important en nombre, écrit John Connolly. Son noyau dur compte probablement vingt-cinq mille  membres au maximum auquel il faut ajouter cent cinquante mille sympathisants actifs, et peut-être quatre cent mille sympathisants "du bord de route "qui ne donnent ni leur argent,  ni leur temps mais vous parleront de la menace que les gens de couleur et les juifs constituent pour la race blanche... " Pas beaucoup? peut-être! à l'échelle des Etats-Unis mais assez pour justifier le sujet du livre, le baiser de Caïn.
Le récit contemporain qui raconte l'histoire de Artys Jones et Marianne Larousse est mis en correspondance avec le passé montrant les liens qui unissent la famille Jones à celle des Larousse, dont la première a été au cours des siècles, esclave et victime de l'autre. Ce roman pourrait donc être intéressant. Seulement voilà, l'auteur cède à la mode actuelle qui veut que l'on ne puisse se passer de psychopathes, de viols, de violences, de perversité  etc... Or des psychopathes dans cette histoire, il en pleut, on pourrait les ramasser à la pelle comme les feuilles mortes et l'auteur surenchérit sur Sade d'une telle manière que celui-ci apparaît comme une petit plaisantin inoffensif à côté des Kittim, Faulkner, Cyrus, Tereus, personnages du roman. Il faut y ajouter, encore pour faire bon poids, bonne mesure, une bande de violeurs pas piqués des vers, sans compter "les gentils", Louis, Angel, Charlie Parker, qui sont plutôt patibulaires et  à qui il vaut mieux ne pas marcher sur les pieds! Enfin, si ce n'est pas assez, l'auteur est toujours prêt à en rajouter une couche!
Et c'est bien dommage car il y a parfois dans ce roman, des pages qui ont une telle force, que l'on ne peut s'empêcher de se dire que John Connoly a un réel talent.