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dimanche 12 juin 2011

Elizabeth Gaskell : Nord et Sud



Elizabeth Gaskel
Il fut une période ou les romans des écrivains victoriens étaient introuvables en traduction française. Depuis quelques années, je les vois arriver à la bibliothèque Ceccano d'Avignon où le budget livres est pourtant et malheureusement assez réduit! Mais bref! Je viens d'y emprunter Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell aux éditions Fayard dans une traduction qui date de 2005.
Cette écrivain qui a commencé à écrire en 1848  a eu un grand succès à son époque; puis elle est tombée relativement dans l'oubli. En France, nous dit Françoise du Sorbier, auteur de la préface du livre, on n'a d'abord vu en elle (critique de 1929) que  :" l'expression  d'une sensibilité féminine nécessairement suave, voire mièvre." Dans les années  1950, par contre, "sur le rebond de la critique marxisante, on a recommencé à s'intéresser à elle comme à la romancière des problèmes sociaux.".
Les deux aspects du livre existent et forment  un roman passionnant, mêlant une analyse au scalpel des sentiments amoureux et des "intermittences du coeur", à la manière d'un Marivaux (ou d'une Jane Austen!), et une analyse sociale d'une acuité surprenante et d'une modernité à laquelle on ne s'attendrait pas de la part d'une fille et femme de pasteur en ce milieu du XIXème siècle.  Mais Elizabeth Gaskell dotée d'une vive intelligence, n'est ni conformiste ni conventionnelle. Elle connaît bien ces milieux industriels et a fréquenté, nous dit-on, des hommes politiques et des réformateurs sociaux.
Sa manière de peindre la condition ouvrière tient à la fois de sa sensibilité de chrétienne qui réagit aux malheurs et à la misère de cette classe sociale mais aussi d'un regard affranchi et lucide qui sait voir au-delà des apparences. Sous la pauvreté et la crasse, elle distingue la dignité de ces ouvriers, la fierté du travail bien fait, l'orgueil de leur condition. Le personnage de Higgins est hors commun, lui qui parle d'égal à égal à Thornton parce qu'il se sait un ouvrier compétent, courageux et dur à la tâche et qu'il reconnaît en son patron un homme de la même trempe. Gaskell a l'art de camper ses personnages, de les faire vivre dans leur simplicité avec le manque de raffinement liéé à leur situation, mais aussi dans leur honnêteté, et leur dignité. Elle a l'art aussi de faire parler les ouvriers dans une langue familière et populaire qui tord parfois la grammaire mais qui est imagée, pleine de répartie et d'humour. Les dialogues sont donc souvent des morceaux de choix qu'il faut déguster. Bien sûr, ce n'est pas une révolutionnaire mais elle exprime une idée, qui, pour être une utopie au XIXème siècle, n'en est pas moins intelligente. Les rapports conflictuels entre patrons et ouvriers ne profitent ni aux uns ni aux autres puisque que les intérêts des uns comme des autres sont communs. Elle souligne la nécessité pour les deux classes d'une négociation qui éviterait le conflit tout en  essayant de satisfaire les deux parties.
L'histoire d'amour entre Margaret et Thornton, elle aussi est conflictuelle car tous deux n'ont pas les mêmes idées politiques. Chacun fait preuve vis à vis de l'autre de beaucoup d'orgueil et de préjugés comme les  personnages de Darcy et Elizabeth de Jane Austen. Margaret, venue du Sud rural et champêtre, n'aime pas les manufacturiers du Nord de l'Angleterre qui sont matérialistes et ne pensent qu'à gagner de l'argent au détriment des ouvriers. Elle finira par reconnaître le travail énorme qu'ils accomplissent, les compétences et l'intelligence dont ils font preuve, les risques qu'ils prennent (Thornton, en faillite,verra détruit le travail de longues années)... Thorton ne voit d'abord en Margaret que son orgueil de classe, son parti-pris contre le Nord, et son manque de compréhension par rapport au travail industriel. Il est plein de préjugés envers les ouvriers qu'il ne connaît pas et méprise. Il pense qu'ils méritent leur sort. Lui aussi devra changer pour obtenir Margaret. Une fin heureuse, on s'en doute, plaira aux romantiques dont je fais partie. Un beau roman donc, agréable à lire et surprenant par son sujet.




Anthony Troloppe : Phinéas Finn

 
Phineas Finn est un un roman d'apprentissage comme il en y eut beaucoup en France et en Angleterre au XIXème siècle. Nous sommes en 1865. Phinéas Finn, un jeune irlandais, fils de médecin, après avoir fini ses études de droit, se lance dans la politique et devient député dès l'âge de 25 ans. Rapidement il connaît des succès politiques et mondains surtout auprès des femmes et il est reçu parmi les plus grandes familles du royaume. Pourtant sa classe sociale relativement modeste ne lui permet pas de faire de la politique (les députés anglais devaient avoir une fortune personnelle à l'époque car ils ne recevaient pas de salaire) Aussi Phinéas accepte d'entrer au gouvernement. Il devient ministre avec une rente annuelle confortable mais il perd son indépendance. Va-t-il perdre toute moralité et voter contre sa conscience surtout quand il s'agit de son pays l'Irlande? Va-t-il épouser une femme qu'il n'aime pas parce qu'elle est riche alors qu'il n'a pu obtenir la main de la femme qu'il aimait à cause de son manque de fortune. Ce sont toutes ces questions qui se posent à lui. On pense bien sûr à Rastignac ou Lucien de Rubempré... Mais le jeune homme malgré ses faiblesses reste attachant car il peut sacrifier son ambition à son sens de l'honneur. Troloppe dénonce aussi à travers le personnage de Lady Laura, mal mariée, la difficulté de la condition féminine que son statut inférieur à l'homme livre pieds et poings liés aux volontés de son mari.
Les débats politiques et la réforme électorale mise en place en Angleterre puis en Irlande à cette époque occupent une grande place dans le roman. Mieux vaut réviser son Histoire avant de le lire ou alors s'accrocher! Mais on y arrive! et finalement la thèse de Trollope est évidente. Il met en valeur l'hypocrisie des hommes politiques, qu'ils soient conservateurs ou libéraux, tous issus des mêmes milieux et finalement peu différents les uns des autres. Finalement, un roman d'actualité!!


Thomas Hardy : Le retour au pays natal


Femme au rêve éveillé de John Waterhouse

Le retour au pays natal, un roman de l’enfermement

Le retour au pays natal de Thomas Hardy est une oeuvre passionnante dont l'atmosphère et les personnages sont étonnants. Alors qu'il s'ouvre pour le lecteur sur un paysage évoquant de grands espaces, alors que tous les protagonistes de l'histoire et surtout la jeune héroïne du roman rêvent de liberté, il est curieusement un roman de l'enfermement.
Le récit est assez complexe, tout comme les personnages, et il ne faut pas en dévoiler toute l'intrigue qui présente de nombreux rebondissements*.  En voici la trame :

L'histoire se déroule dans une région reculée et sauvage, la lande d'Egdon, dans le Wessex, où Thomasine, nièce de Mrs Yeobright, va se marier,  malgré les réticences de sa tante, avec Damon Wildeve. Celui-ci ne manque pas de charme mais c'est un jeune homme peu sérieux et il hésite à épouser Thomasine car la très belle Eustacia le tient sous le charme. Quant à Eustacia, jeune citadine venue habiter chez son grand père dans ce lieu perdu, à la mort de ses parents, elle rêve de passion, d'aventures et désire plus que tout échapper à cette lande austère. Aussi lorsque le fils de Mrs Yeobright, le beau et brillant Clim, revient de Paris où il est diamantaire, elle est toute prête à tomber amoureuse de lui. Et Clim d'elle! Wildeve délaissé retourne à Thomasine et Eustacia et Clim se marient bravant l'interdit de la mère. Mais Clim n'a pas du tout l'intention de retourner à Paris et aime son pays natal où il veut s'installer définitivement. Eustacia va vite être déçue par son mariage. Tous les éléments sont rassemblés pour former une tragédie que je vous laisse découvrir.

Un pays exceptionnel pour décor
Un lieu  vaste et hanté
J'ai adoré ce roman tout d'abord par l'atmosphère étrange et mystérieuse que Thomas Hardy parvient à créer en décrivant le cadre de l'action. La description de cette lande magnifique et sauvage met le lecteur en symbiose avec ce lieu de tous les possibles, lieu vaste et hanté par les voix du vent dans les bruyères, par les  esprits d'une ancienne civilisation disparue, les celtes, dont le tumulus s'élève au-dessus du village en témoin silencieux. Le 5 Novembre, quand le pays plonge dans la nuit hivernale, les habitants allument des feux qui se répondent d'une hauteur à l'autre en créant une fantasmagorie d'ombres et de lumières.
Un choeur de tragédie antique
Dans cet endroit qui paraît hors du temps, Hardy dresse des portraits de villageois pleins de vie et de malice qui témoignent de sa part d'une grande connaissance de la vie paysanne, des croyances et des suspertitions, et des activités agricoles de la région, entre autres, la coupe des joncs. Ces personnages secondaires, pleins de saveur forment comme un choeur antique qui commente la vie des principaux protagonistes de l'action et constitue un  des plaisirs de la lecture.
Un lieu  d'enfermement
Mais si la lande est un lieu de toutes beautés, vaste, libre et ouvert, où les gens doivent parcourir des miles pour pouvoir se rencontrer, il est aussi et paradoxalement un lieu d'enfermement pour ceux qui, comme Eustacia, ne l'aime pas. Car il  est impossible à la jeune fille de s'en échapper sans l'appui d'un mari.

La condition féminine : un enfermement par les lois sociales et religieuses

C'est un des thèmes du roman que je trouve aussi très intéressant, celui de la condition féminine dans l'Angleterre victorienne, un sujet que Hardy a souvent traité, ne serait-ce que dans Tess d'Uberville considéré comme son chef d'oeuvre.
Thomasine
Thomasine est le personnage de la jeune femme douce et mesurée. Elle intéresse moins Hardy qui la fait un peu disparaître au profit d'Eustacia. Mais c'est aussi une victime de la société. Parce que son mariage est provisoirement reporté et qu'elle s'est trouvée seule avec son futur mari, elle doit absolument l'épouser pour "réparer" ... une faute qu'elle n'a  pas commise. Elle se marie donc avec Damon Wildeve alors qu'elle commence à douter de lui et à comprendre sa véritable personnalité. Ensuite, elle est entièrement soumise à lui, même s'il ne lui donne pas d'argent pour vivre et courtise Eustacia.
Eustacia
La belle Eustacia peut paraître antipathique avec son orgueil démesuré, la conscience affichée de sa supériorité sociale et intellectuelle et de sa beauté physique. Mais c'est une fille qui a du caractère, intelligente, audacieuse, fantasque, qui rejette les conventions hypocrites d'une société puritaine. C'est pourquoi elle est considérée comme une sorcière par les paysans et mal vue de la "bonne" société. Romantique, elle souhaite vivre une grande passion mais, par contraste, sa chasse au mari paraît  trop réfléchie et intéressée. Cependant, elle a des excuses! Il faut considérer que la femme est à cette époque une éternelle mineure, qu'elle ne peut attendre la réalisation de ses aspirations que de son mari. Si celui-ci les lui refuse, elle doit se soumettre.  La femme est donc prisonnière des lois de l'Angleterre victorienne, enfermée dans les conventions religieuses et sociales.

Des personnages égocentriques : un enfermement en soi-même
D'ailleurs c'est ce que fait son mari, Clim Yeobrigth. Désireux de réaliser son rêve d'une vie autre, dans son pays natal, il se préoccupe  peu de savoir si sa femme est malheureuse. Egoïste, son amour n'est pas assez fort pour l'amener à modifier son attitude  et tenir compte des désirs de sa femme. Eustacia, de même, n'essaie pas de s'intéresser à son projet et lorsque son mari est malade a bien peu de commisération.
Ainsi presque tous les personnages principaux du roman sont égocentriques et, pour cela peu, d'entre eux sont entièrement sympathiques. Mais à l'inverse, aucun n'est totalement antipahique!
Damon Wildeve est prêt à sacrifier Thomasine et son enfant à une femme dont on se demande, au départ, s'il l'aime vraiment ou si c'est un caprice passager. Mais il a dans une certaine mesure un code d'honneur bien à lui et ne manque pas de courage pour sauver celle  qu'il aime.
Mrs Yeobright se fâche avec son fils parce qu'il ne veut pas continuer la brillante carrière qu'elle attendait de sa part et parce qu'il épouse Eustacia. Certes, elle a raison quant à l'avenir de ce mariage mais elle ne fonde son aversion pour Eustacia que sur les "on dit" et les conventions. Il est vrai qu'elle sera la première à chercher à se réconcilier car l'amour maternel est le plus fort.
Enfermés dans leur logique, les personnages poursuivent leur propres intérêts et  par conséquent sont souvent seuls. Ils sont pourtant capables d'amour et de pardon mais porte en eux une dimension tragique qui voue à l'échec leurs élans  : ainsi Clim pardonne deux fois, à sa mère et à sa femme, mais le pardon arrive toujours trop tard.

L'homme au rouge, un personnage hors commun
Un personnage échappe à cette règle : " l'homme au rouge", Diggory Venn,  ainsi appelé parce qu'il vend de la craie rouge pour marquer les moutons, un métier en voie de disparition avec l'apparition du chemin de fer, note Thomas Hardy. Il est rouge de la tête aux pieds, une teinture tenace que l'on ne peut faire disparaître avant plusieurs mois.
Venn aime Thomasine  et aurait bien aimé l'épouser. Mais repoussé par la jeune fille, il est prêt à tout faire pour que celle-ci trouve le bonheur avec celui qu'elle aime.
C'est un personnage réel mais qui paraît surnaturel. Il semble surgir de n'importe où, à n'importe quel moment, tel un justicier qui veille sur Thomasine et est toujours prêt à intervenir. Un justicier ou un ange gardien? Un peu diable pourtant  à cause de sa couleur :  dans les campagnes, on fait peur aux enfants avec l'homme au rouge qui viendra les emporter...   C'est un personnage qui ne paraît pas tout à fait humain et T Hardy avait prévu de le faire disparaître à la fin sans que l'on sache ce qu'il était devenu. Ce qui aurait été logique mais les impératifs de l'édition en a voulu autrement et c'est dommage car il apportait un  touche fantastique au roman.
Voilà donc tous les éléments de ce très beau roman qui procure à sa lecture un long moment de bonheur.

* il vaut mieux éviter la lecture de la quatrième de couverture des éditions Le Rocher pour la traduction française qui dévoile le dénouement.
 
 

mercredi 5 mai 2010

Challenge English classics : Des auteurs britanniques avant 1900


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Je me suis lancée  depuis peu  dans le Challenge English classics proposé sur le site de Karine, Mon coin de lecture.
Voilà la liste des livres des  auteurs britanniques (publiés avant 1900) que j'ai commentés dans Ma Librairie.




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Vous les reconnaissez?

Poésie :
William Blake  : Jacottet un référence au poème de William Blake : Tyger
Robert Burns : littérature et Ecosse  : Robert Burns   my heart in the-Highlands
......

Romans :
Janes Austen : texte 1 Nothanger abbey ou l'anti- romantisme
Jane Austen : texte 2   Nothanger abbey
 James Matthew Barrie : le petit oiseau blanc
 Charlotte Brontë : Le Professeur ou la xénophobie et l'intolérance
Wilkie Collins : Basil, un roman de la trahison et de la vengeance
Thomas Hardy : Le retour au pays natal ou le roman de l'enfermement
Elizabeth Gaskell : Nord et sud
Walter Scott : Rob Roy
Robert Louis Stevenson : Littérature et Ecosse : Stevenson et un fait divers
Antony Trollope : Miss Mackenzie
Antony TrollopePhineas Finn


Théâtre
J'ajoute un article sur Le Globe , théâtre shakespearien que j'ai visité à Londres.


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