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mercredi 3 mai 2017

Challenge Victor Hugo : Bilan 4 et proposition de lectures communes.



Voici le bilan N° 4  de Victor Hugo
Le challenge est au point mort depuis quelque temps mais si vous êtes d'accord je vous propose quelques lectures communes.

Vous pouvez vous inscrire dans les commentaires de ce billet.

Pour le 16 Juin je propose une pièce de théâtre extraite du recueil Le Théâtre en liberté  : Mille francs de récompense   Margotte Nathalie Caroline Claudialucia

Pour le  16 Juillet :  dans Le Théâtre en liberté : une toute petite pièce intitulée : L'intervention. Quant à moi,  au festival d'Avignon, je présenterai, en plus de L'Intervention une pièce de Victor Hugo au choix dans le festival OFF.  Nathalie Caroline Laure Claudialucia

 Pour le 15 Septembre : je propose de remettre à l'honneur un rendez-vous  du mois de novembre 2016 en partie manqué : Il s'agit de lire une biographie de Victor Hugo aucun choix imposé.

 Caroline, Laure, Miriam , Nathalie, Claudialucia

Quant à moi j'avais présenté celle de Giorda pour la jeunesse mais je lirai volontiers une autre biographie du poète.

 Ensuite nous ferons le point au mois de Septembre pour voir si nous sommes motivés pour continuer. 

Vous pouvez aussi nous proposer des lectures communes!

 NATHALIE VOUS PROPOSE LA LECTURE DE LES MISÉRABLES cet été . Qui veut la rejoindre? Pour ma part, je déclare forfait car c'est un roman que j'ai "trop" lu et relu et étudié.

 

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Aaliz blog Cherry livres

Annonce du challenge Victor Hugo :

Nouvelles acquisitions et autres joyeusetés


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Claudialucia  blog Ma librairie

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et claudialucia




Victor Hugo : Souvenir de la nuit du 4

Victor Hugo : Exposition Les arcs-en-ciel du noir(musée Victor Hugo)
Victor Hugo : Les misérables

Victor Hugo et les surréalistes : la cime des rêves (musée Victor Hugo)

Victor Hugo : L'homme qui rit

Victor Hugo : l'homme qui rit (citation) La vie n'est qu'un pied à terre...

Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) C'est de l'enfer des pauvres...

Victor Hugo L'homme qui rit (citation) : le genre humain existe...

Victor Hugo : L'homme qui rit (citation) : une habitude idiote qu'ont les peuples...
L'homme qui rit au festival d'Avignon 2016 compagnie Chaos vaincu

Hugo : Les travailleurs de la mer(LC)

Victor Hugo : Quatre-vingt treize(LC)

Victor Hugo : Bug-Jargal (LC)
Victor Hugo : Notre- Dame de Paris (LC)
Victor Hugo : Claude Gueux (LC)
Demain dès l'aube : poésie préférée(LC)
Lart d'être grand-père
La rose de l'infante La légende des siècles
Vieille chanson du jeune temps poésie (je ne pensais pas à rose...) Julos Beaucarne
Hernani (LC )
Ruy Blas LC
Représentation de Mangeront-ils? au bois de Boulogne
Mangeront-ils? festival d'Avignon 2016 compagnie Les Barriques
Les spectacles Victor Hugo au festival d'Avignon 2016
Victor Hugo : Mangeront-ils? Lecture commune
Victor Hugo : Mazeppa et Marcus Malte dans le Garçon
Biographie de Juliette Drouet de Henri Troyat
Victor Hugo ou La légende d'un siècle de GIorda Lecture commune
Torquemada LC théâtre Victor Hugo
Victor Hugo Bon conseil aux amants
Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir

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Cleanthe blog Dans la bibliothèque de Cléanthe

 

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 Eimelle blog les carnets d'Eimelle








 L'annonce du challenge
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2014/11/challenge-victor-hugo.html


Lucrèce Borgia

Ruy Blas

Le roi s'amuse
 

 Tempête sous un crâne d'après les misérables: Lecture spectacle

L'homme qui rit


Hernani

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Laure  blog Mic-Mélo

 

 

 Bug-Jargal (LC)

 Le dernier jour d'un condamné

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Margotte :  blog Le bruit des pages

 

 

Bug-Jargal (LC)

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Miriam  blog Carnets de voyage


Victor Hugo : Les travailleurs de la mer

Victor Hugo : l'homme qui rit

Victor Hugo : l'enfant grec 

Victor Hugo : la maison de Victor hugo à haute ville

Bug-Jargal  (LC)

Hernani

 Notre-Dame de Paris (LC)

 Ruy Blas LC

Mangeront-ils ? lecture commune 

Torquemada LC

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Moglug  Blog Synchronicité et sérendipité

 

Annonce du challenge Victor Hugo de Moglug et de claudialucia

Emmanuel Godo : Victor Hugo et dieu

Bug-Jargal (LC) 

Les oiseaux : poème

 Hernani 

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Nathalie Blog Mark et Marcel

 

 

 

 


Extraits du discours prononcé aux funérailles de Balzac

Quatre-vingt-treize

Les Travailleurs de la mer

Notre-Dame de Paris

 Burg-Jargal  LC

Hernani LC

Ruy Blas LC

Mangeront-ils? LC

Torquemada : LC

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Ont aussi participé à la LC Victor Hugo pour le choix du poème préféré : 

 

 

vendredi 21 avril 2017

Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir



Victor Hugo vient de mourir ! Oui, je sais, ce n’est pas un scoop ! Et nous savons tous que le décès du poète en 1885 et ses obsèques ont eu un retentissement national et international immense et ont suscité une énorme émotion tant auprès du gouvernement que du peuple. Mais ce que nous savons moins et Judith Perrignon va nous en faire un compte rendu animé au cours d’un récit bouillonnant de vie, de drames et de fracas, c’est tout ce qui tourne autour de cet événement, toutes les implications politiques, religieuses, humaines de cet événement hors du commun : la Mort du Poète ! Ce  petit livre très réussi nous mène donc d’étonnement en étonnement.

Dès l’annonce de sa fin prochaine, des milliers de personnes se pressent auprès de sa demeure, hommes politiques, célébrités, membres du gouvernement,  grands de ce monde, mais aussi les obscurs :

"Viennent tous ceux qui ne laisseront aucune trace. Ils ne sont pas les moins tristes, ces ouvriers et ces ouvrières s’arrêtant un instant sur le chemin du travail et demandant sous la porte du petit hôtel : Comment va-t-il?"

Dans les jours qui suivront le décès  « C’est la marée montante devant la maison du poète. La foule est de plus en plus considérable. »

Les implications religieuses

Le Panthéon

Bien avant sa mort, lorsque sa fin est annoncée, le combat idéologique de l’Eglise commence ! Il s’agit d’obtenir que Victor Hugo fasse amende honorable et demande les derniers sacrements. Il faut le récupérer sur son lit de mort pour montrer au peuple que le poète s’est repenti et a regretté sa conduite anticléricale.

« Si Hugo persiste à refuser l’extrême-onction, quel dangereux signal envoyé aux foules et au reste du monde. »

Or, si sa foi en Dieu est vive, Hugo a toujours méprisé les prêtres, ceux qui sont du côté des puissants et des riches, insensibles à la misère et aux souffrances du peuple. Jusqu’à son dernier souffle, il a répété : « pas de prêtre » !
« Un mot de lui, un prêtre auprès de lui, et ce sont les Lumières qui s’éteignent, les dévotions qui se vengent, chacun le sent, le sait, chacun tire le mourant pour le faire tomber de ce côté. »
L’enjeu est immense ! Aussi lorsque l’évêque Freppel se présente en confesseur pour forcer la porte du moribond, les parents et amis de Hugo l’empêchent d’accéder jusqu’à lui. Plus tard, quelques jours après sa mort, lorsque le cadavre de Hugo mal embaumé se couvrira de taches obligeant à la fermeture prématurée du cercueil, les représentants de l’église feront courir le bruit que Dieu s’est détourné de lui et l’a puni ! La bataille ne s’arrête pas là et continue avec la laïcisation de l’église Sainte Geneviève définitivement enlevée au culte pour devenir le Panthéon qui accueillera le grand homme mais tout ceci non sans remue-ménage et scènes de comi-tragédie aigre-douce.

Les implications politiques

Les Funérailles de Victor Hugo : arrivée du cortège au Panthéon
Les enjeux politiques sont nombreux et si différents que l’on l’impression d’une toile d’araignée aux fils inextricablement enchevêtrés dans laquelle chacun s’empêtre et cherche  à tirer le cadavre à soi. De l’extrême droite à l’extrême gauche, même les royalistes, même les Bonapartistes, c’est « l’unanimité nationale » il faut rendre les honneurs au Grand Homme mais…

La République embourgeoisée, dévoyée par son culte de l’argent, s’inquiète, voit le spectre de la révolution s’agiter devant elle.. Qui sait ce que vont faire  les ouvriers ? Comment contenir le peuple?
 Et les autres ?  Les anarchistes  veulent défiler avec le drapeau noir marqué du vers de Hugo : « Le peuple a sa colère  et le volcan sa lave qui dévaste d’abord et qui féconde après » ;  les communards avec le drapeau rouge sur lequel sera inscrit Amnistie. Même si ces derniers en veulent à Hugo de ne pas les avoir soutenus au moment de l’insurrection, ils lui sont redevables de l’asile qu’il a donnée chez lui aux membres de la Commune vaincue, de son intervention pour sauver Louise Michel et de ses demandes d’amnistie réitérées en faveur des communards. Des rumeurs d’attentat circulent; la tension monte. La cavalerie tire sur la foule composée d’anarchistes, de communards, des tailleurs en grève, de la chambre syndicale des menuisiers qui s’était réunie  dès le premier dimanche au cimetière du Père Lachaise pour une journée du souvenir. Morts rapidement enterrés, nombreux blessés. Le gouvernement a gagné son épreuve de force avant même que commencent les commémorations de deuil officielles !

Le catafalque de Victor Hugo à L'Arc de Triomphe

Et la République prend des mesures : Le drapeau noir et le drapeau rouge seront interdits.  Les funérailles auront lieu le lundi 1er Juin 1885, un jour où les ouvriers seront au travail et non le dimanche. Si bien que les ouvriers, ceux que Victor Hugo a passé sa vie à défendre, ne seront pas présent à l’enterrement de leur poète. Mais, le dimanche 31 Mai,  précédant la cérémonie, ils pourront défiler devant le catafalque du poète exposé à l’Etoile, une journée interrompue d’hommages qui se terminera la nuit par une orgie dans les rues de Paris. Qu’importe ? La police ferme les yeux. Il vaut mieux que les misérables bafouent les bonnes moeurs plutôt que l’ordre bourgeois !

Arrivée du cortège rue Soufflot
 Et c’est ainsi que Hugo « n’est plus que le héros impuissant de ses obsèques ».  Le défilé sera immense : deux millions de personnes. Les derniers arriveront au Panthéon quatre heures après la mise au tombeau du poète.
Le gouvernement est satisfait,  le ministre Targé, le préfet, les commissaires de police, les membres du parlement sont rassurés : « la foule chantait, les ouvriers étaient parqués dans leurs ateliers, les drapeaux colorés étaient confisqués et le plus applaudi des chars étaient celui de l’Algérie » préfigurant la lutte coloniale qui allait s’ouvrir pour « conquérir, pomper, pomper, écraser et voler ». Et non comme certains veulent bien nous le faire accroire aujourd’hui encore, par altruisme et pour doter les Algériens de routes et des bienfaits de notre civilisation !
Le lendemain le journal La Bataille titrait : On a fait au poète des Misérables des obsèques de Maréchal. On ne dégrade pas mieux un homme ».

Documenté, précis, cultivé, vivant, ce petit livre m’a donné beaucoup de plaisir et, ce qui ne gâche rien, il a parfois des accents hugoliens. Jugez plutôt !

« La République ce jour-là étouffait l’homme révolté. La phrase était en cage. »




Le 2 août 1883, Victor Hugo avait remis à son ami Auguste Vacquerie, dans une enveloppe non fermée, les lignes testamentaires suivantes, qui constituaient ses dernières volontés pour le lendemain de sa mort.
Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard.

Je refuse l'oraison de toutes les églises; je demande une prière à toutes les âmes.
Je crois en Dieu.
VICTOR HUGO.



jeudi 9 février 2017

Victor Hugo : Bon conseil aux amants

L'ogre (détail du Chat botté) de Gustave Doré


Bon conseil aux amants est un poème de Victor Hugo. Il montre que le poète n'était pas toujours sérieux au cas où vous en auriez douté !

Bon conseil aux amants

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie
Était fort amoureux d'une fée et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut

L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue
Se présente au palais de la fée et salue
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui

Elle était ce jour-là sortie et quant au mioche
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso
Il était sous la porte et jouait au cerceau

On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre
Comment passer le temps quand il neige en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot

C'est très simple, pourtant c'est aller un peu vite
Même lorsque on est ogre et qu'on est moscovite
Que de gober ainsi les mioches du prochain
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim

Quand la dame rentra, plus d'enfant. On s'informe
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme
"As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?"
Le bon ogre, naïf, lui dit : "Je l'ai mangé"

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire
Ne mangez pas l'enfant dont vous aimez la mère.


Version de Julos Beaucarne, chanteur et poète belge, dont je n'ai pu trouver l'interprétation savoureuse sur you Tube.




mardi 20 décembre 2016

Victor Hugo : Torquemada


Torquemada est un drame en quatre actes et en vers de Victor Hugo écrit en 1869 et publié en 1882  en réaction à de nouveaux pogroms en Russie. Il fait partie du recueil Théâtre en Liberté qui  rassemble 4 drames et 5 comédies. Nous avons déjà lu ensemble la pièce Mangeront-ils au cours d'une lecture commune pour le challenge Victor Hugo. 
Torquemada n'a jamais été donnée du vivant de l'auteur. Le moine dominicain Tomás de Torquemada (1420-1498) qui fut le premier inquisiteur est un personnage historique.

L'intrigue

Tomas Torquemada, premier inquisiteur espagnol
Le moine espagnol Torquemada, considéré comme hérétique, est emmuré vivant. Il  est délivré par don Sanche et doña Rosa, de jeunes gens purs et innocents qui ont été élevés ensemble et ont découvert l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre.  Pris de pitié pour le sort affreux qui attend le moine,  ils le délivrent.
Torquemada part à Rome où il obtient l'absolution du pape et revient en Espagne pour y fonder l'inquisition.  Cependant le roi Ferdinand amoureux de Rosa veut la séparer de son amoureux. Il les envoie au couvent et cherche à tendre un piège à don Sanche pour le tuer. Son premier ministre, le comte de Fuentel, les délivre et les confie à Torquemada. Celui-ci reconnaît en eux ses deux sauveurs  mais lorsqu'il apprend que ceux-ci l'ont délivré à l'aide d'une vieille croix pour soulever la pierre de sa prison, il décide de sacrifier leurs "corps" sur le bûcher pour sauver leurs "âmes".

Le sens

Avec le personnage de Torquemada, Hugo critique avec virulence le fanatisme religieux et l'intolérance. Au personnage de Torquemada qui fonde la religion sur la peur, il oppose saint François de Paule, un ascète, un saint, pour qui la religion ne peut reposer que sur l'amour.
Sa critique du pouvoir monarchique s'exerce à travers les personnages de Isabelle et Ferdinand d'Espagne, les rois catholiques, personnages tout aussi implacables.



Il y a dans cette pièce tardive de Victor Hugo (il avait quatre-vingt ans quand il la publie)  de grands moments où les vers flamboyants rappellent le jeune romantique Hugo. Le personnage de  l’inquisiteur espagnol est un personnage impressionnant. Il incarne le fanatisme porté à la plus haute puissance car Torquemada va jusqu’au bout de sa logique et de sa foi pervertie. Puisque brûler des corps, c’est sauver des âmes, il tient la promesse qu’il a faite aux jeunes gens en les « sauvant » c’est à dire en les livrant au feu.

L'inquisition Espagnole

La critique au moment de la parution en 1882  a reproché à Hugo ses erreurs en ce qui concerne l'histoire et la psychologique. Dans La Revue des deux mondes Louis Ganderax écrit  :

« L’interprétation du poète, si éloignée qu’elle soit de la vérité historique, l’est encore plus de la vraisemblance humaine : elle est justement contraire à la psychologie du chrétien. Comment un chrétien pourrait-il croire qu’en brûlant un hérétique, il le sauvera contre son gré ? Pour que la douleur de la chair profite à l’esprit, il faut que l’esprit l’accepte et l’offre au Seigneur ; le supplice n’a pas la valeur morale du martyre, et le ciel n’admettra pas ce racheté malgré lui.
Donc ce Torquemada n’est ni vrai, ni possible ..…  »  

 Louis Ganderax semble oublier que le fanatique ne raisonne pas comme un être normal. De plus, si comme il le dit, le personnage perd en vérité psychologique, il gagne, je pense, au point de vue dramatique. Le poète a voulu faire de ce moine un symbole du fanatisme religieux, il a voulu frapper les esprits en créant un personnage monstrueux dont le raisonnement échappe à la part d’humanité que chacun porte en soi. L'Histoire nous apprend que ces raisonnements existent ! Torquemada me fait penser à Savonarole à Florence et plus près de nous à Hitler. De ce fait, ce moine illuminé a une telle force qu’il met en relief tout ce qu’il y a d’atroce dans l’Inquisition. Il représente tout ce que hait Victor Hugo, l’intolérance, la haine de l’autre, l'atteinte à la liberté, le rejet de ceux qui n’obéissent pas à la norme, la volonté de domination des esprits. Torquemada n’est plus un homme, c’est un monstre et l’on pourrait en dire autant des autres personnages, les rois catholiques : Isabelle et Ferdinand qui représentent le pouvoir monarchique absolu …  ou presque absolu car les souverains doivent se courber devant le pouvoir religieux.

Quant à la vérité historique, Louis Ganderax a certainement raison. Victor Hugo a une grande connaissance de l'Espagne, un pays qu'il a visité, qu'il aime, et sa culture est immense.  C'est pourquoi ses didascalies sont très précises sur le décor et les costumes mais elles trahissent avant tout une  préoccupation esthétique et poétique.  Lorsque la vérité historique le gêne, il la sacrifie volontiers à l'Idée ou au Sens qu'il veut donner. C'est avant tout un poète, un visionnaire et il écrit ici un texte engagé qui dénonce les abus de pouvoir de l’église et de la royauté. La pièce est  évidemment une démonstration et parfois elle l’est un peu trop à mon goût ! je n’ai pas aimé par exemple le passage ou Torquemada rencontre Saint François de Paule et la discussion théologique qui s’ensuit et qui est trop démonstrative. De plus  cette scène ne sert pas l’intrigue, elle l’arrête.
   Pourtant Victor Hugo voulait que le drame peigne le « vrai» , soit conforme à « la nature », en mêlant comme dans la vie, « le sublime au grotesque », « le bien et le mal », « le tragique et le comique". Mais le drame finalement a été bien autre chose du moins chez Victor Hugo. La conception antithétique de la vie, le noir et le blanc, l’ombre et la lumière, qu’il développe dans toute son oeuvre, romans, poésies, dessins, et pas seulement dans le théâtre, a été animée par le souffle du grand poète. Loin de refléter la réalité, le drame frappe l’imagination, l’exalte, donne une dimension décuplée à l’intrigue d’où naît la beauté.
 Finalement Louis Ganderax a raison sur certains points mais pour moi sa critique passe à côté de ce qu'est le drame hugolien ! Ce qu'il y a de bien c'est qu'il ne pourra pas me répondre et me mettre en difficulté.  Après tout le pauvre homme a écrit cela en 1882 (ICI La revue des deux mondes), il y a prescription ! Et il fallait un certain courage pour critiquer Victor Hugo, vénéré comme un prophète, à l’époque ! 

Lecture commune  avec :

Miriam, Nathalie , Margotte 






dimanche 20 novembre 2016

Victor Hugo La légende d'un siècle de Giorda



Je pensais que la LC  sur Victor Hugo de ce dimanche 20 Novembre concernait la tragédie de Torquemada une des pièces du recueil Théâtre en liberté.  Je me rends compte un peu tard que notre lecture portait sur la biographie de Victor Hugo et que Torquemada était pour le mois de décembre.
Catastrophe ! Du coup je vous présente une biographie,  en direction des plus jeunes, que j’avais sous la main et que j’ai eu le temps de relire car le livre est rapide. Je me donne donc le temps de choisir une autre biographie que je vous présenterai par la suite.

Victor Hugo, la légende d’un siècle de Giorda, chez Hachette, est un livre que l’on ne trouve plus que d’occasion. Il est destiné aux enfants à partir de 11 ans et suivi d’un dossier sur Victor Hugo et les enfants.
Joseph Leopold Hugo, père de Victor

La vie de Victor Hugo est racontée pour être lue donc par un public jeune en insistant sur l’enfance  et la jeunesse d’Hugo : ses parents ne s’entendant pas, ils ont été séparés, lui et ses frères, tour à tour et à plusieurs reprises, de leur mère ou de leur père ou encore mis en pension. C’est ce qui explique la présence, c’est du moins la thèse de l’auteur, de nombreux enfants malheureux et orphelins dans les romans de Victor Hugo : Cosette, Gavroche, Esméralda volée à sa mère, Marie dans Le dernier jour d’un condamné ou dans Quatre-vingt treize les trois petits, orphelins de père, séparés de leur mère, que découvrent les soldats républicains dans un taillis vendéen.
La jeunesse de Hugo aux Feuillantines avec ses frères et Adèle Foucher et ses jeux d’enfants dans le jardin ou dans le grenier de cet ancien couvent sont aussi mis en valeur par le poème si connu, Aux Feuillantines extrait des Contemplations

 Mes deux frères et moi nous étions tous enfants.
Notre mère disait : jouez mais je défends
Qu’on marche dans les fleurs et qu’on monte à l’échelle.

Léopoldine

Le récit du voyage en Espagne et qui a marqué à tout jamais l’imagination de Victor Hugo quand il était enfant, en particulier avec sa mère qui allait rejoindre son père, général de brigade  et gouverneur de Guadalajara et l'hostilité des espagnols subissant l'occupation et les massacres naopléoniens, est aussi un moment de bravoure.
L’histoire d’amour d’abord contrarié avec Adèle puis son mariage, la démence d’Eugène, son frère, qui était en rivalité  littéraire et amoureuse avec lui, la naissance de ses enfants  et son ascension  littéraire alors qu’il est encore si jeune, lui le héros de Hernani, sa rencontre avec Juliette Drouet, la mort de Léopoldine... sont autant d'évènements qui sont présentés avec simplicité  aux enfants.

Le livre s’attache à montrer d’une manière succincte les évolutions politiques de Victor Hugo : bonapartiste, ce qu'il doit à l’admiration de son père, officier d’Empire;  royaliste sous l’influence de sa mère puis Républicain avec sa découverte de la misère et en particulier de l’exploitation des enfants, de l’horreur de la peine de mort, de l’injustice sociale. Les étapes de la vie de Victor Hugo et ses idées politiques et sociales sont toujours mis en relation avec ses écrits, Les Contemplations avec la mort de Léopoldine, l’exil avec Les Châtiments, l’art d’être grand père avec ses petits enfants, son combat contre la misère, l’injustice avec Les Misérables, Notre Dame de Paris ….. Ce qui en fait une bonne biographie pour permettre aux scolaires de découvrir Hugo.

Quelques anecdotes  marquantes 

Académicien 

L'humour de Juliette : elle se moque de l'ambition de Victor Hugo voulant à tout prix devenir académicien et refusé plusieurs fois avant d'être enfin admis en 1841 :

 Toto se serre comme une grisette; Toto se frise comme un garçon coiffeur ; Toto a l'air d'une poupée modèle ;  Toto est ridicule; Toto est académicien.

Contre la peine de mort

Le dernier jour d'un condamné

Le 3 juin 1854, un criminel de Guernesey est condamné à mort et pendu dans des conditions particulièrement atroces. Victor Hugo qui est alors en exil à Jersey proteste auprès du ministre anglais de la Justice :

A L. Palmerson

Vous pendez un homme, monsieur. Fort bien. Je vous fais mon compliment. Un jour, il y a quelques années de ça, je dînai avec vous. Vous l'avez, je suppose, oublié; moi, je m'en souviens. Ce qui me frappa en vous, c'était la façon rare dont votre cravate était mise. On me dit que vous étiez célèbre par l'art de faire votre noeud.  Je vois que vous savez faire aussi le noeud d'autrui.

La popularité de Victor Hugo

Jean Valjean

Expulsé de Belgique où il s'était réfugié, Victor Hugo arrive au Luxembourg où il reçoit une foule d'admirateurs : 

"Hier, un paysan entre dans le jardin de l'hôtel Koch où j'étais. Il s'approche et me dit :

ET s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là 

Je le regarde; il ôte son chapeau.

"Salut, Victor Hugo", dit-il. Et il ajoute : "On ne dit pas monsieur."

Je lui tends la main, et le voilà qui se met à me réciter des vers de La Légende des siècles, des Châtiments et des Contemplations.

Cet homme est vieux, en blouse et en sabots, et parle bien français. Je lui ai demandé : "Qui êtes-vous? Que faites-vous?".

Il m'a répondu : "Je cultive la terre et je lis Shakespeare en anglais et Victor Hugo en français." (Choses vues)

  Et je vous rappelle  :

Pour le 20 Décembre : un drame : Torquemada (du recueil Théâtre en liberté)

Margotte,  Miriam, Nathalie, Laure, claudialucia
 

 

 

jeudi 20 octobre 2016

Henri Troyat : Biographie de Juliette Drouet (1806-1883)

Juliette Drouet lithographie de 1833

La biographie de Juliette Drouet de Henri Troyat est intéressante à bien des égards non seulement parce qu’elle nous conte les amours de Juliette et de Victor Hugo, liaison qui a duré cinquante ans, en nous faisant entrer dans l’intimité de Victor Hugo mais aussi parce que ce récit est ancré dans l’histoire du XIX et dans l'oeuvre et la vie du grand poète.
Juliette Drouet ou Julienne-Joséphine Gauvain de son vrai nom, comédienne, est, en effet, très impliquée dans l’oeuvre de Victor Hugo. Si elle joue le rôle de la princesse Négroni dans Lucrèce Borgia et échoue dans celui de Jane dans Marie Tudor, il y a d’autres pièces de Hugo comme celle de Marion Delorme dont elle apprend le rôle principal dans le vain espoir de se le voir confier. Quant aux recueils de poèmes d’Hugo, Les contemplations, les Orientales, la légende des siècles,  et ses romans, Les misérables, Les travailleurs de la mer, L’homme qui rit et tant d’autres, elle passe la plus grande partie de sa vie à les copier pour lui et elle les connaît parfois par coeur. Impliquée aussi par les travaux d’écriture qu’elle exécute à la demande de son amant pour apporter des témoignages de sa vie au couvent ou des émeutes dans les rues pendant la révolution qui nourrissent ses romans. D'autre part, il n’est pas rare que Hugo fasse allusion à elle d’une manière détournée dans ses romans ou qu’il lui dédie des poésies.

Victor Hugo, Jeanne et George

De plus, elle fait partie de sa vie à tous les instants. C’est elle qui le sauve en organisant son exil vers Jersey quand il est en passe d’être arrêté après le coup d’état de Napoléon le Petit. A travers Juliette, nous suivons Hugo dans tous les grands moments de sa vie privée ou publique, son implication dans la République en tant que député, sa lutte pour obtenir l’amnistie des communards, son exil orgueilleux, la mort de Léopoldine, la maladie mentale d’Adèle, l'amour pour ses petits-enfants. Nous le voyons aussi dans ses contradictions, ses bassesses, briguant avec acharnement, malgré l’avis de Juliette, un siège à l’Académie française, et plus tard à la pairie, avide d’honneurs et de reconnaissance, persuadé de son génie, image d’Epinal de lui-même que lui renvoie sa maîtresse avec ardeur et sincérité.

Grand écrivain, oui, mais comme grand amour de toute une vie, on rêverait mieux; car le grand homme -même s’il a l’air d’être un amant hors pair, enfin, quand il daigne s’occuper d’elle- , n’est pas un cadeau ! Elle passe son temps à l’attendre, enfermée, avec interdiction de sortir même pour prendre l’air, pendant qu’il court les honneurs ou d’autres maîtresses car il est affamé de chair fraîche ou pendant qu’il s’occupe de sa famille - ou, bien sûr, pendant qu’il écrit car c’est un travailleur acharné et l’écriture lui tient lieu de vie- . Quand il l’autorise enfin à sortir seule, elle s’interroge et s’angoisse :
Il est impossible d’être plus triste quand je marche seule dans les rues . Depuis douze ans, cela ne m’était jamais arrivé. Aussi je me demande ce que cela veut dire. Est-ce de la confiance? Est-ce de l’indifférence?(…)  dans tous les cas mon coeur n’est pas satisfait. (1845)

Pour Hugo, Juliette ayant eu des amants avant lui devait se réhabiliter en tant que femme et retrouver sa pureté. Mais elle n’avait pas le droit, non plus, en tant que maîtresse donc femme déchue de se montrer en public avec lui, de l’accompagner dans une visite officielle. Il fallait ménager la susceptibilité de l’épouse légitime Adèle.  Quelques échappées de temps en temps, des voyages et pour le reste l’attente. Elle le suit partout, déménageant dans des maisons pas trop éloignées de la sienne à Paris, en Belgique, à Jersey, à Guernesey. Elle vit dans son ombre toute sa vie, supportant très mal d’être trompée, torturée par la solitude, par l’abstinence car il ne vient plus la voir,
« Mais baise-moi donc, mais baise-moi donc ! J’ai faim et soif de tes caresses. J’ai le coeur brûlant et les lèvres ardentes. » (1836)

par la jalousie, la colère, le fustigeant dans des lettres vindicatives :
« J’ai eu la stupidité de me laisser mener comme un chien de basse-cour : de la soupe, une niche, une chaîne, voilà mon lot. Il y a cependant des chiens que l’on mène avec soi; mais moi, je n’ai pas ce bonheur; ma chaîne est trop fortement rivée pour que vous ayez l’intention de la détacher. »
mais toujours amoureuse, admirative, toujours repentante et finalement soumise.
Mon Victor, mon Victor, je t’aime, tu verras comme je serai raisonnable et comme je me prêterai à toutes les exigences de ton travail et à tous les ménagements que nécessite ta position d’homme politique. je suis toute prête, mon Victor, dispose de moi comme tu l’entendras : heureuse ou malheureuse, je te bénirai. » (1851)

Il faut dire qu’il l’entretenait et qu’elle était donc entièrement à sa merci même si elle a toujours voulu remonter sur scène pour gagner sa vie. Ce n’était pas une femme vénale. Mais en vain !  Hugo ne la jugeait pas assez bonne interprète pour jouer dans l’une de ses pièces et il ne lui a pas apporté son aide pour qu’elle continue son métier car il la voulait sous sa coupe, pendant qu’il courait après des jeunettes ! Mais cela aurait pu être pire ! Il aurait pu lorsqu’elle vieillit, qu’elle perd sa beauté, qu’il n’a plus aucune relation sexuelle avec elle, la jeter à la rue sans plus se soucier de son entretien. Ce qu’il n’a jamais fait! Car il s’agit malgré tout d’une vraie histoire d’amour et Juliette a été, malgré le monstrueux égoïsme de l’écrivain, son véritable amour, elle a exercé sur lui une grande influence et il ne l’a jamais reniée.

Juliette Drouet un peu avant sa mort en 1883


Ce livre nous renseigne donc aussi sur la condition de la femme et sur la scandaleuse différence de statut entre l’homme du XIX siècle qui a tous les droits et la femme qui, c’est tout simple, n’en a aucun! Il aura fallu pour changer les mentalités plus d’un siècle et demi et maintenant que, au XXI siècle, nous arrivons sinon à l’égalité du moins à une libération, voilà que cela recommence et que certains remettraient volontiers en cause le statut actuel de la femme ! Mais ceci est une autre histoire, me direz-vous? Peut-être ! Mais c’est pour expliquer quand nous lisons l’histoire de Juliette Drouet de son amant combien tout être est profondément imprégné par la mentalité de son temps. Et même un « grand homme » n’y échappe pas ! Victor Hugo dominant et égoïste, Juliette admirative et soumise, c’est un schéma qu’ils n’auront pas été les seuls à entretenir.