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mercredi 8 juin 2011

Le jeudi, c'est citation : Julius Winsome et Shakespeare


Gérard Donovan dans son roman Julius Winsome fait de son personnage un amoureux des livres et des mots, un lecteur nourri de William Shakespeare. Ce faisant, il montre l'importance du grand dramaturge dans l'élaboration de la langue anglaise.
Cet  extrait rejoint le texte de Flora sur Shakespeare  cité dans Ma Librairie : Words, words, words publié dans le cadre du Challenge.

"Quand j'étais très jeune, mon père m'avait raconté qu'un certain William Shakespeare inventait des mots, et pour le prouver il avait sorti les pièces de théâtre de cet homme : Jules César, Cymbeline et Richard II. Puis il m'avait montré les petits caractères en bas de chaque page où ces mots étaient repris et expliqués. Il m'avait prêté son stylo pour écrire, en guise de devoirs, des listes de termes shakespeariens, quelques mots nouveaux chaque jour. Ces mots et l'odeur de l'encre n'avaient pas tardé à pénétrer dans ma cervelle, et lorsque j'avais commencé à les utiliser dans la langue de tous les jours mon père s'est montré discrètement ravi, me décochant de larges sourires derrière son livre, tandis que ses chaussettes séchaient sur le poêle."

challenge initié par Maggie et Claudialucia



mardi 1 mars 2011

Ahmadou Kourouma : Allah n’est pas obligé


Birahima, l'enfant-soldat de Ahmadou Kourouma, nous l'annonce dès les premières pages, il va nous raconter sa vie de merde de damné parce qu'enfin Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ces choses ici-bas !" Et certes Birahima n'est pas gâté par le sort, son père est mort et sa mère est en train de pourrir dans sa case empuantie, la jambe gangrénée par un ulcère. Quand Birahima se retrouve orphelin, le conseil de famille décide qu'il doit partir rejoindre sa tante exilée au Libéria pour fuir les violences de son mari. Birahima part, accompagné par Yacouba, le féticheur, grigriman. Ce voyage l'amène aux confins de l'enfer, au coeur des guerres tribales du Libéria puis de Sierra Léone, où il va devenir à small-soldier, a child-soldier, un soldat-enfant ou un enfant-soldat, quel que soit le nom que l'on donne, bref! un tueur!
Allah n'est pas obligé est un cri de révolte, de colère et de douleur et Amadhou Kourouma n'y va pas par quatre chemins quand il dénonce les responsables de l'horreur, les dictateurs ivres de pouvoir et d'argent qui se succèdent à la tête de ces "démocraties", la corruption qui sévit à tous les niveaux de la hiérarchie du gouvernement, l'attitude colonialiste des noirs afro-américains, descendants des esclaves libérés des USA, le racisme tribal, les superstitions d'un autre âge, le fanatisme religieux qui engendre la haine, la faim qui pousse au meurtre. Un constat terrible et désespéré de la situation africaine. Mais il dénonce aussi les puissances étrangères, la France, l'Angleterre, les Etats-Unis... qui accordent leur soutien au dictateur le plus sanguinaire dans le but de servir leurs intérêts en Afrique,  les interventions du FMI qui provoquent des  révoltes de la faim, et celles de l'ONU qui, en faisant appel aux forces d'interpositions nigériennes pour régler le problème des guerres tribales au Libéria et en Sierra Léone, livre la population au massacre au nom de l'ingérence humanitaire!
L'histoire est racontée par Birahima à la première personne. Le récit tient à la fois du procédé narratif du roman français et du conte africain comme lorsque le petit garçon quitte son village avec Yacouba et voit par trois fois apparaître un animal sur la gauche, signe de mauvais augure. Ahmadou Kourouma imagine que Birahima écrit en français avec l'aide d'un dictionnaire qui lui permet d'expliquer les mots les plus savants tout en introduisant des mots africains. Nous découvrons ainsi la vision du monde de l'enfant dans une langue colorée, riche mais faussement naïve qui fait ressortir d'autant plus violemment l'horreur de ce qui se passe autour de lui. L'enfant, en effet, présente comme normal la violence qui l'entoure. Sa maladresse d'expression fait ressortir sa jeunesse et son innocence :
Quand un Krahn ou un Guéré arrivait à Zorzor, on le torturait avant de le le tuer parce que c'est la loi des guerres tribales qui veut ça. Dans les guerres tribales, on ne veut pas les hommes d'une autre tribu différente de notre tribu.

Il manie aussi l'ironie à la Voltaire :
L"ingérence humanitaire, c'est le droit que l'on donne à des Etats d'envoyer des soldats dans un autre Etat pour aller tuer de pauvres innocents chez eux, dans leur propre pays, dans leur propre village, dans leur propre case, sur leur propre natte.
Partout dans le monde une femme ne doit pas quitter le lit de son mari même si le mari injurie, frappe et menace la femme. Elle a toujours tort. C'est ça qu'on appelle les droits de la femme.
Le procédé de répétitions est également utilisé pour souligner la barbarie de ces tueries. Chaque fois que Birahima arrive dans un nouveau camp militaire, il note que le poste de commandement est entouré de pieux sur lesquels on a fiché des têtes humaines, chaque fois qu'il y a une débauche de meurtres, des flots de sang, il commente :
Ca, c'est la guerre tribale qui veut ça.
On pense à Candide et  à son : " Mais tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". Mais sous ce faux fatalisme, sous cette feinte acceptation, la révolte gronde. Il vitupère contre les tribus, ces salopards de racistes et contre la connerie des féticheurs.  Lorsqu'il parle de ceux qui prennent le pouvoir, il n'a pas de mots assez durs pour les condamner de même que ceux qui les laissent faire, ce sont des bandits de grand chemin. Il ne comprend plus rien à ce foutu univers... cette saloperie de société humaine. Parfois Birahami pleure et refuse de raconter. Un trop plein de chagrin le submerge, lui enlève les mots de la bouche. Sa souffrance est trop forte.
Un beau et fort roman! A lire absolument!
PS : J'ajouterai pour monter combien Kourouma connaît les subtilités de la langue française et les utilise avec habileté que Birahimi emploie très souvent le pronom démonstratif neutre "ça".
"ça "pour parler de ses camarades enfants-soldats mais aussi de ses chefs militaires, des dictateurs mégalomanes et assassins des pays africains, des puissances étrangères qui couvrent les massacres. Evidemment il s'agit d'un erreur grammaticale (appliquer ce pronom à un être humain!), d'un style familier (ça est la contraction familière de cela) et c'est normal ! Cela prouve que Birahami ne possède pas bien la langue française! Oui, Mais! En désignant ces hommes et ces enfants par ce pronom, Kouroumou leur dénie le statut d'être humain. Il les montre comme des automates, formés pour tuer, sans coeur, sans compassion, des êtres qui ont cessé de penser, de réfléchir!

Sylire et Lisa

mardi 18 mai 2010

Noëlle Châtelet : Au pays des vermeilles



Au pays des vermeilles est un livre qui se lit avec plaisir quand on est une grand mère toute neuve, comme moi, ou plus expérimentée. Qu'il puisse plaire aux plus jeunes n'est, cependant, pas exclu car il est écrit avec élégance et constitue un recueil de petites notations pleines de finesse.
Noëlle Châtelet qui fait pour la première fois l'expérience d'être grand mère, compose ce roman ou plutôt ces moments autobiographiques, comme autant de réflexions sur la transmission de la vie, les rapports à l'enfance et l'importance du souvenir qui perpétue la mémoire de ceux qui ont disparu, sur la vie et la mort, le passage du temps, le relais entre les générations.
La naissance de sa petite fille est pour l'auteur mais aussi pour chacune (et chacun) d'entre nous la clef nécessaire pour passer de l'autre côté du miroir, à la poursuite du lapin blanc qui ouvre la porte de notre enfance mais aussi de celles de nos parents et de nos enfants...

C'est toi petite fille, mon lapin blanc aux yeux roses. Tu sembles en savoir long sur le temps -même si tu ne portes pas de gilet avec une poche pour y mettre ta montre- puisque tu m'y promènes déjà.
Le temps... Tandis que j'y descends down down down, j'en remonte le cours. (...)
Burning with curiosity, dévorée de curiosité et captivée par le lapin blanc, je me sens prête à en vivre toutes les bizarreries.
Le feu de la curiosité est de teinte vermeille, la couleur aujourd'hui pour moi de l'émerveillement devant cette évidence; je commence à devenir assez grande pour redevenir petite.

Le jeu doit être bien captivant, la fierté bien tenace pour que ne m'effleurent même pas du moins en cet instant, la petite pointe de mélancolie, le pincement de l'âme à l'idée de vieillir, de la jeunesse trop vite passée, du temps, davantage compté, que me confère cette nouvelle place sur l'horloge du temps.



Biographie de l'auteur
Noëlle Châtelet, universitaire et écrivain, élabore depuis plus de trente ans une réflexion originale sur la question du corps, à travers ses essais, ses nouvelles et ses romans, dont Histoires de bouches (prix Goncourt de la nouvelle), La Dame en bleu (prix Anna de Noailles de l'Académie française) et Le Baiser d'Isabelle. Ses ouvrages sont traduits dans une douzaine de langues.

"Au pays des vermeilles : le mot de l'éditeur
C’est un événement banal et universel : une femme qui a été mère, il y a longtemps, entre dans l’âge de la « grand maternité ». La venue au monde de sa petite-fille (la fille de son fils) a déclenché ce nouveau livre de Noëlle Châtelet, récit minutieux et profond d’un lien qui se construit et des multiples échos émotionnels réveillés par cette expérience. Le sujet est plus profond qu’il n’y paraît.
L’enfant qui se pose dans nos bras à deux générations de distance soulève en nous la question de notre propre fin, et même le doux émerveillement de retrouver telle attitude, telle expression familières, renvoie inévitablement à cette part de nous-mêmes qui semble invitée à passer dans un autre corps.
Ainsi, ce livre réunit-il les deux extrémités de la chaîne humaine, refermant la boucle, avec en arrière-plan la figure inoubliable de la mère de l’auteur. D’un côté une très vieille femme qui informe ses enfants de sa volonté de mourir dans la dignité, de l’autre cette nouvelle Alice, petite fille qui joue avec son ombre et qui saute à cloche-pied sur l’échiquier du temps. "


vendredi 16 avril 2010

Hugo Hamilton : Sang impur


Avec Sang impur, Hugo Hamilton écrit un roman autobiographique dans lequel il raconte son enfance à Dublin entre une mère d'origine allemande, anti-hitlérienne convaincue, qui a fui son pays après la guerre, et un père irlandais marqué par la haine des britanniques et par le passé de l'Irlande dont l'indépendance est encore récente.
A la maison, Hugo, ses frères et soeurs, n'ont pas le droit de parler anglais, les seules langues autorisées sont le gaélique et l'allemand. Les enfants sont soumis à une éducation rigide et austère et font les frais du nationalisme exarcerbé du père. Celui-ci pense que le triomphe de sa cause passe par l'éducation; il se sert d'eux pour faire triompher son rêve d'une Irlande débarrassée des scories de l'oppression britannique et retrouvant sa culture, la fierté de sa langue et de son génie. Nous sommes dans les années 50-60. Si les enfants subissent la pression paternelle et sa violence dans le cercle familial, ils doivent, à l'extérieur, affronter les brutalités et les insultes des autres qui les traitent de nazis. Hybrides de trois cultures, mi-allemand, mi-irlandais, mais aussi de langue anglaise, ils sont donc des "sang impur", traduction intéressante  mais un peu réductrice, me semble-t-il, du titre anglais : "The Speckled People"...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'est jamais manichéen dans la présentation des personnages. Si l'on partage le point de vue de Hugo, ses révoltes, son sentiment de haine pour le père, l'on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour ce dernier tant le personnage est complexe : détestable, certes, fanatique, c'est un être en proie à une obsession dont il n'est plus maître et , finalement, il subira une double défaite. Non seulement, il ne parviendra pas à réaliser son utopie d'une Irlande entièrement gaélique, mais il se coupera entièrement de ses enfants et perdra leur amour. Une scène d'une violence contenue et pourtant extrême illustre bien cela. Celle où Hugo rencontre son père en ville et feint de ne pas le voir pour ne pas avoir à faire le trajet avec lui. Qui est le perdant, du père ou du fils dans cette lutte de tous les instants? le père, bien sûr; mais le fils ne s'en sort pas indemne, non plus, et l'on sent toute la souffrance éprouvée ; on sait qu'il n'a jamais guéri de son enfance. A côté du père, le personnage de la mère est splendide. Elle essaie de protéger ses enfants mais elle a perdu son indépendance, sa liberté de femme, en quittant son pays. Elle appartient, elle aussi, à la race de "the speckled people" et n'a plus de racines. Le courage qu'elle essaie d'insuffler à ses fils, la force qu'elle leur transmet, passent par la non-violence, sa manière à elle de résister à l'idéologie nazie; elle ne veut pas que ses enfants soient du côté de ceux "qui lèvent le poing", qui utilisent la violence pour imposer leur idée.
Le style, très simple, très pur, est empreint d'une forme de naïveté* qui traduit les sentiments et le questionnement d'un enfant perdu, fragile, qui ne comprend pas le monde qui l'entoure mais le subit.
Quand on est petit on ne sait rien. On ne sait pas où l'on est, qui on est, ni quelles questions poser.
De l'innocence de l'enfance naît la poésie, de ce récit douloureux, une émotion qui ne nous quitte pas durant toute la lecture de ce très beau roman.
Grosses brutes de vagues! J'ai crié parce qu'elles n'arrivaient jamais à nous attraper et elles le savaient.
On a ri quand le caillou a tapé sur une vague avec un ploc et elle, elle n'a rien pu faire d'autre que de se rendre et se coucher sur le sable, les bras en croix.

 *C'est pourquoi je pense, Sang impur a pu être comparé à l'attrape-coeur de Salinger, un autre roman que j'ai adoré.

dimanche 4 avril 2010

José Saramago : Le Dieu manchot




José Saramago est un écrivain portugais. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1998. Le Dieu Manchot raconte l'histoire de Balthazar Sept-Soleils, mercenaire, et de Blimunda Sept-Lunes, une sorcière, dont le don est aussi une malédiction. C'est devant un  bûcher de l'Inquisition, là où la mère de Sept-Lunes va être brûlée, que les deux jeunes gens se rencontrent et vont apprendre à s'aimer. Le roman se déroule à Lisbonne  au XVIII ème siècle à l'époque du roi Jean V du Portugal (1706-1750) et de la reine Maria Ana Josefa.
Le récit est riche, délirant, toutes sortes de personnages étranges, haut en couleur, s'y côtoient; c'est l'époque de l'Inquisition toute puissante, l'époque aussi où l'or du Brésil, les épices et les soieries d'Orient se déversent sur le Portugal. La plus grande richesse coexiste avec la misère la plus totale et l'on assiste à de grands moments de l'Histoire portugaise. Ainsi pour pour fêter la naissance de sa fille, le roi fait construire le palais-couvent-basilique de Mafra au nord de Lisbonne. Le titre portugais du roman  Memorial do Covento fait  d'ailleurs allusion à ce gigantesque édifice élevé à grand renfort d'or du Brésil au milieu d'un peuple qui meurt de faim. C'est aussi l'époque où un homme, Bartolomeu Lourenço de Gusmao, chanoine et mathématicien, que nos deux héros vont seconder, va inventer une machine volante "La Passarola" qui volera au-dessus de Lisbonne en 1709.
Le style de Saramago est luxuriant, baroque comme cet art qui est en train de se développer au Portugal sous le règne de Don Jao V à la gloire de l'église catholique. Saramago, en effet, est le spécialiste de ces phrases qui coulent comme un fleuve que l'on ne peut arrêter, sans  respect de la ponctuation. Il est parfois difficile à lire et cette prose m'a fatiguée, non tant par la longueur des phrases que par l'abondance des situations, des idées, des images, des comparaisons. Il faut s'accrocher. Je ne l'ai pas lu comme je le fais d'habitude sans m'arrêter. J'y suis revenue à plusieurs reprises. Difficile d'analyser un tel foisonnement. Mais voilà quelques passages qui l'illustreront et que je trouve très puissants :
Par exemple, cette réflexion  si douloureuse  et si vraie sur la condition humaine :
Dona  Maria Ana, la reine enceinte : ....à un moment où l'infant dans son ventre était une gélatine, une larve de batracien, un animalcule doté d'une grosse tête, c'est extraordinaire la façon qu'ont les hommes et les femmes de se former, là, dedans leur oeuf, indifférents au monde du dehors, pourtant c'est bien avec le monde du dehors qu'ils devront un jour se colleter, en qualité de roi ou de soldat, de moine ou d'assassin, d'Anglaise à la Bardade ou de chair à bûcher, mais toujours en qualité de quelque chose puisque aussi bien il est impossible d'être tout et encore plus de n'être rien. Car en définitive nous pouvons échapper à tout, sauf à nous -mêmes.
Balthazar, le soldat, a perdu une main à la guerre. Il l'a remplacée par un crochet mais il se sent bien maladroit. Le père Bartolomeu l'encourage :
.. moi qui te parle , je te dis que Dieu est manchot et pourtant il a fait l'univers.
Balthazar recula, effaré,  il se signa promptement, comme pour ne pas donner au diable le temps d'achever ses oeuvres. Que dites-vous là, père Bartholomeu Lourenço, où est-il écrit que Dieu est manchot, Cela n'est écrit nulle part, je suis le seul à dire que Dieu n'a pas de main gauche, puisque c'est à sa droite que s'asseyent les élus,  jamais on ne parle de la main gauche de Dieu, ni les Saintes Ecritures, ni les docteurs de l'Eglise n'en font état, personne ne s'assied à la gauche de Dieu, c'est le vide, le néant, l'absence, d'où il résulte que Dieu est manchot. Le prêtre respira profondément et conclut, De la main Gauche.
Un beau texte qui nous dit que l'Homme doit apprendre à se faire confiance, à se dépasser, qu'il doit oser s'accomplir malgré la faiblesse de sa condition.

dimanche 19 avril 2009

Francis Coloane : le dernier mousse




Francis Coloane, écrivain chilien, a souvent été comparé à Jack London pour ses romans d'aventure inspirés par sa vie aventureuse et ses voyages en mer même si les régions explorées, les expériences du Chilien -les terres australes, le métier de marin- sont différentes de celles du romancier américain.




Le dernier mousse raconte l'histoire d'un garçon d'une quinzaine d'années, Alejandro Sylva, qui s'embarque comme passager clandestin à bord de la corvette Baquedano, bateau-école de la Marine de guerre chilienne. De famille modeste, il veut suivre les traces de son père, disparu en mer, mais n'a pas été admis à l'école de marine. Découvert , le jeune homme est engagé comme mousse et fait son apprentissage sur le Baquanedo, partageant le quotidien de l'équipage, essuyant des tempêtes effrayantes, découvrant des terres inhospitalières mais envoûtantes.

Ce roman constitue une lecture plaisante qui mêle le frisson de l'aventure au plaisir de la découverte de lieux inconnus. C'est un best-seller nous dit-on au Chili où il est étudié dans les écoles.

lundi 17 novembre 2008

Michel Folco : Dieu et nous seuls pouvons





                                      Une famille de bourreaux : Les Pibrac de Bellerocaille

Dieu seuls et nous  seuls  pouvons est l'orgueilleuse devise de la famille des Pibrac de Bellerocaille dans le Rouergue, bourreau ou pour mieux dire exécuteur des Hautes-Oeuvres, de père en fils pendant des générations. L'aventure commence en 1683 avec  le premier du nom, Justinien Pibrac, condamné injustement aux galères et grâcié parce qu'il accepte de devenir bourreau du baron de Bellerocaille. Elle se termine avec le dernier des leurs, Hippolyte Ier, Septième de la dynastie,  forcé d'arrêter cette profession à l'âge de 34 ans quand est votée la loi de 1870 qui réduit le nombre d'exécuteur à un par province. Hippolyte transmet, cependant "l'amour" du métier à son petit-fils, Saturnin Pibrac, qui ira exercer à Paris.

Michel Folco nous conte l'histoire avec verve et truculence. Nous apprenons une foule de détails insolites sur le bourreau au cours des siècles, l'anathème qui pèse sur les membres de sa famille, ses revenus substantiels, la façon de couper les têtes, sa conscience professionnelle, les progrès de la "coupe", l'entretien des machines, détails assez grand guignolesques mais présentés avec un humour fort divertissant. Ames sensibles, attention !

Un autre thème sous-jacent n'est pas inintéressant : la peinture des notables, des gens bien-pensants et de "bonne famille" qui ne fréquenteraient pas un bourreau, le méprisent mais réclament la tête du meurtrier, viennent assister à son supplice et sa mise à mort avec délectation comme à une fête. A force d'hypocrisie, ils finissent par nous faire préférer les bourreaux!

Un livre à lire pour  s'évader dans le temps, se dépayser,  et rire... noir!