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jeudi 16 juin 2011

Paroles de la Grèce antique par Jacques Lacarrière


Paroles de la Grèce antique est parue dans cette jolie collection "Carnets de sagesse"  des éditions Albin Michel qui présentent des "paroles"  venues de civilisations diverses contenant toute la sagesse du Monde : Paroles indiennes, Paroles celtes, Paroles aztèques, Paroles de l'Islam, paroles d'Afrique... pour ne citer que les titres que je connais! Ces petits livres au format long et étroit, à la couverture cartonnée toujours illustrée par des dessins représentifs de la civilisation concernée offrent un écrin à la fois pratique à consulter et  plaisant à feuilleter qui accompagne agréablement la lecture. Bref! Vous l'avez compris, j'adore cette collection.
Dans Paroles de la Grèce Antique Jacques Lacarrière réunit  des textes d'écrivains, de poètes et de philosophes grecs qui incarnent la sagesse grecque. Le livre est illustré par des photographies prises par Lacarrière lui-même au cours de ses nombreux voyages en Grèce.
"C'est que la sagesse, la sophia (comme la nommaient les grecs (et comme ils la nomment aujourd'hui encore) était partie intégrante de la philosophie, elle-même indissociable de la vie sociale et collective".
Mais ces Paroles ne sont pas "issues d'une vérité unique et révélée -comme ce sera le cas dans la Grèce devenue chrétienne- mais venues de questions, de quêtes, d'une interrogation constante et multiple du monde. Bref des incertitudes autant que des certitudes."
Esope
Un jour les chênes se plaignirent à Zeus :
-" A quoi bon lui dirent-ils, être venus sur cette terre pour  finit sous la hache du bûcheron?
- N'est-ce pas vous, répondit Zeus, les responsables de vos maux puisque vous fournissez vous-mêmes les manches pour les haches?"

Il en est de même pour les hommes : certains reprochent absurdement aux dieux des maux qu'ils ne doivent qu'à eux-mêmes.

(Esope VI ème siècle av. Jc)

mercredi 1 juin 2011

Le jeudi c’est citation : Nikos Kazantzaki, Zorba le Grec


Dans le très beau roman de Nikos Kazantzakis, Zorba le Grec, le narrateur, un jeune intellectuel perdu dans ses livres, engage Zorba le Grec comme contremaître dans sa mine de lignite en Crète. L'homme a exercé de nombreux métiers. Il  n'est pas instruit mais c'est lui qui va bien vite devenir le maître à penser de son patron. Celui-ci enfermé dans ses livres et ses méditations, coupé de la réalité, de l'action, en lutte contre sa sensualité, passe à côté de la vie, refusant sa condition d'homme. Zorba va lui réapprendre à vivre.
 Ma vie avait fait fausse route et mon contact avec les hommes n'était plus qu'un monologue intérieur. J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux d'une femme et lire un bon livre sur l'amour j'aurais choisi le livre.

Voici quelques "leçons" de Zorba à son maître :
- Quel est ton métier? lui demandais-je.
-Tous les métiers : du pied , de la main, de la tête, tous. Manquerait plus que ça, qu'on choisisse.

 *
Quand je joue du santouri, on peut me parler, je n'entends rien et même si j'entends, je ne peux pas parler. J'ai beau vouloir, rien à faire, je ne peux pas.
Mais pourquoi, Zorba?
-Eh! la passion!

*
Les bons comptes font les bons amis. Si tu me forces, ce sera fini. Pour ces choses-là, il faut que tu le saches, je suis un homme.
-Un homme, Qu'est-ce que tu veux dire?
-Eh bien, quoi, libre!
*

Ne ris pas patron! Si une femme couche toute seule, c'est de notre faute à nous, les hommes. On aura tous à rendre des comptes le jour du jugement dernier. Dieu pardonne tous les péchés, comme on a dit, il a l'éponge en main, mais ce péché-là, il ne le pardonne pas! Malheur à l'homme qui pouvait coucher avec une femme et qui ne l'a pas fait! patron.

*

Tu ne veux pas d'embêtements? fit Zorba stupéfait et qu'est-ce que tu veux alors?
Je ne répondis pas.
- La vie, c'est un embêtement, poursuivit Zorba, la mort, non. Vivre sais tu ce que ça veut dire? Défaire sa ceinture et chercher la bagarre.

 *
Pourquoi? Pourquoi? On ne peut donc rien faire sans pourquoi? Comme ça  pour son plaisir.
*
Tu n'as pas faim! dit Zorba en se frappant les cuisses. Mais tu ne t'es rien mis sous la dent depuis ce matin. Il faut s'occuper de son corps aussi, aie pitié de lui. Donne-lui à manger, patron, donne lui à manger, c'est notre bourricot, tu vois. Si tu ne le nourris pas, il te laissera en plan au beau milieu de la route.

 *
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"Tous les hommes ont leur folie, mais la plus grande folie, m'est avis que c'est de ne pas en avoir"

 citation Initiée par Chiffonnette
Le film de Michael Cacoyannis, adapté du roman, s'impose quand on lit le roman. On ne peut imaginer Zorba sans penser à Antony Quinn et la veuve sans voir la belle Irène Papas.

jeudi 24 mars 2011

Nouvelles grecques : Alexandros Papadiamantis (2)




 Alexandre Papadamiantis (1851-1911) né et mort dans l'île de Skiathos (Sporades du nord), traducteur de l'anglais et du français dans des revues littéraires, Papadiamantis est un grand romancier connu en Grèce mais aussi à l'étranger. C'est aussi un nouvelliste de premier plan. Ce recueil présente trois de ces nouvelles : La traversée du mort; A Notre-dame de Kreschia; La glaneuse. Elles sont rédigées, nous dit-on, dans un grec savant, la kathéverousa, plus proche de la langue d'Eglise que du grec ancien, ce qui leur donne beaucoup de  charme.  Les dialogues sont souvent écrits pourtant en langue démotique ( populaire). Il s'intéresse à la vie des milieux modestes dans son île et intervient souvent au cours du récit en tant que que observateur.


A Notre-dame de Kreshia est une des rares nouvelles du recueil qui ne soit pas tragique (comme celle de Jean Kondylakis : L'éloge funèbre). Papadiamantis y raconte un souvenir personnel, celui d'une excursion un peu mouvementée (il se perd dans la montagne, la nuit) pour aller chanter des psaumes dans l'église de Kréchia pendant la neuvaine de l'Assomption. Le tout finit par un éclat de rire. L'intérêt vient du récit de cette nuit si particulière raconté avec vivacité et humour,  et de la description de l'île, Skiathos, des superstitions, des coutumes et de la mentalité de ce peuple attaché à la religion orthodoxe.

La maison de Papadiamantis à Skiethos (source)

La glaneuse peut paraître optimiste si l'on juge par sa fin heureuse. Et pourtant! Elle parle de l'horrible misère du peuple, du froid glacial qui rend ce dénuement encore plus terrible, de la faim qui taraude le ventre, d'enfants qui n'ont que la glace formée sur le toit à sucer pour tout repas. Il y peint le portrait admirable d'une vieille femme, Achtitsa, la grand mère, qui élève toute seule ses deux petits-enfants après la mort en couches de sa fille, du combat quotidien pour glaner quelques miettes qui les empêchent de mourir de faim ou de froid. Le fait qui va permettre à Achtitsa de vêtir les enfants et de leur donner à manger peut-être vu comme une sorte de miracle en ce jour de Noël. Un peu de bonheur fortuit et passager qui n'atténue pas la dureté de l'existence et ne modifiera pas fondamentalement  le destin de la pauvre femme.
La traversée du mort fait partie des nouvelles fantastiques où sont relatés des faits extraordinaires qui demeurent inexpliqués. Il y est raconté comment un marin disparu en mer pendant une tempête, se noie loin de sa terre natale. Or quelques jours après, le corps du noyé est retrouvé sur le rivage de son île. Les autorités suspectent un crime et échafaudent toutes sortes d'hypothèse mais la famille du défunt et tous les habitants savent bien que le mort, Costas, n'avait jamais demandé qu'une chose dans sa vie à la Vierge-à-la-Balançoire : être enterré dans sa patrie, dans le cimetière du petit Ermitage qui domine la mer. Nul doute donc que le corps du noyé après être remonté à la surface, "a mis le cap" vers son pays et  après avoir parcouru des dizaines de milles a échoué sur ses rivages. Le récit oscille entre réalisme et fantastique. Réalisme de la description de la vie de marins, du sort de Costas et son frère Yannis accablés par les usuriers, ne possédant rien en propre et dont le destin "-comme tant d'autres malheureux- ç'avait été de courir la mer, d'être trinqueballés, d'endurer les pires épreuves par tous les temps, la mort entre les dents, "de repasser tous les jours à l'abattoir comme des bêtes de boucherie". La fatalité  pèse sur eux.
Le fantastique chrétien est d'autant plus saisissant qu'il est raconté non d'une manière épique mais modestement comme s'il s'agissait d'un fait somme toute banal :
sa traversée avait été d'environ quarante milles marins durant tous ces jours. Il n'allait pas vite, mais lentement dans sa navigation. Il ne se rendait pas à sa noce mais à son enterrement. (...) Il alla droit à la colline du cimetière marin, à l'ouest du bourg. Il aborda la petite grève; Là, il s'arrêta. A sa mort, il ne voulait donner aucun tracas.
Peut-être  faut-il voir dans cette mort si discrète et silencieuse, la métaphore de la vie du marin et de tous ces pauvres gens qui vivent en silence, sans éclats, dans l'indifférence générale et meurent de la même manière.


Challenge les nouvelles De Sabbio

mercredi 23 mars 2011

Dyonysos Solomos et Victor Hugo, la Grèce


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Portrait de Solomos (source)

Je continue mes lectures pour préparer mon voyage à Athènes. J'ai déjà parlé dans mes précédents billets du poète Dionysos Solomos, surnommé le "Dante grec".
Dionysos Solomos (1798-1857) est né à Zakynthos. Il a écrit l'Hymne à la liberté pendant la guerre d'Indépendance qui a opposé les Grecs aux Turcs (1821-1830). Ce poème compte 158 strophes et a été mis en musique en 1828 par Nikolaos Mantzaros. Ce sont les deux premières strophes qui ont été retenues pour devenir l'Hymne national  grec en 1865.

L'Hymne à la liberté
Je te reconnais au tranchant
de ton glaive redoutable ;
Je te reconnais à ce regard rapide
Dont tu mesures la terre.
Sortie des ossements
Sacrés des Hellènes,
Et forte de ton antique énergie,
Je te salue, je te salue, ô Liberté !

Cette recherche m'a replongée dans le souvenir d'un poème des Orientales appris en classe de cinquième et que même aujourd'hui je connais presque par coeur.. hum! avec quelques lacunes tout de même! .

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L'enfant grec (source)
Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un choeur dansant de jeunes filles.
*
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.
*
Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,
*
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?
*
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?
*
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
( Les Orientales 1829)

Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou,Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures Océane :

mardi 22 mars 2011

Nouvelles Grecques: 29 récits d'auteurs grecs (1)


Pour préparer mon voyage à Athènes, fin mai, je me lance dans la lecture de la littérature grecque. J'ai commencé par ce recueil de nouvelles, réunies par Octave Merlier, publiées aux Editions Klincksieck en 1972. L'occasion pour moi de découvrir tous ces auteurs que je ne connais pas et dont je présenterai les nouvelles au cours de plusieurs billets.
Les écrivains qui sont réunis ici sont à cheval sur le XIXème et le XXème siècle. Ils ont fondé la littérature grecque moderne.
Dans son introduction Octave Merlier explique que, au moment où la Grèce se libère de la domination turque (1825-1830 ; traité de Londres en 1832), il n'existait aucune langue nationale. Le grec ancien n'est plus usité depuis des siècles, la langue grecque n'a pas d'unité.  Quelle sera la langue de la prose? C'est la question que se posent les écrivains désireux de donner à leur Nation enfin indépendante un essor intellectuel et artistique.
Les premières générations d'écrivains vont donc s'exprimer en usant des dialectes locaux de Constantinople, de Corfou, d'Athènes ou de différentes provinces. Deux écoles vont bientôt apparaître, l'Athénienne qui utilise la langue savante et l'Ionienne qui emploie le grec démotique (populaire) dont le grand poète grec Solomos est considéré comme le fondateur. Il faudra pourtant attendre 1930 pour qu'une chaire de grec moderne soit créée à l'université d'Athènes!
Les influences de la littérature grecque moderne sont très diverses. Elle est marquée par son prestigieux passé antique et par le christianisme qui vont se fondre dans une sorte de syncrétisme populaire qui mêle héros païens et  saints chrétiens, histoires bibliques et légendes. Les siècles d'occupation turque et vénitienne ont bien sûr laissé leur empreinte. Enfin, lorsque la Grèce devient indépendante, elle redevient européenne et subit l'influence des divers mouvements  littéraires du XIX ème, romantisme, symbolisme, naturalisme.. Mais la permanence de l'antique dans le monde hellénique demeure et le lien commun entre toutes ces nouvelles,  c'est, nous dit Octave Merlier, "l'amour passionné" que l'écrivain "a pour son pays, dans son passé comme dans son âme".
Toutes les nouvelles rassemblées dans ce livre m'ont semblé d'une grande qualité et d'une grande force. Elles laissent une impression durable; après la lecture, on a besoin d'une pause pour que les personnages côtoyés au cours de ces récits rapides, nous laissent poursuivre notre lecture, secoués comme nous le sommes par le destin tragique de l'un ou de l'autre. Même si ces nouvelles abordent des thèmes différents, elles parlent du peuple, un peuple de marins et de paysans soumis aux caprices d'une nature souvent hostile, à la misère, à l'exploitation sans pitié qui ne leur permet pas, accablés d'impôts, de se soustraire à la peur de mourir de faim. Elles décrivent la rudesse de moeurs de ces hommes prompts à sortir le couteau, à s'enivrer, à battre leur femme ou à mourir pour elle lorsqu'ils aiment. Elles montrent la misérable condition de la femme, les violences qu'elle subit quotidiennement, sa soumission, ses craintes, son amour maternel plus fort que tout. Ces nouvelles nous livrent aussi une peinture de la vie paysanne, des coutumes, des fêtes religieuses, des superstitions, du refus de la modernité...
Je ne peux passer en revue ces 23 auteurs  et j'ai beaucoup de mal à choisir entre toutes ces nouvelles  et ces écrivains. En voici pourtant  deux :


Jacques Polylas (1825-1896) né et mort à Corfou. Extrêmement cultivé, il parle l'italien, l'allemand, l'anglais, le grec ancien et va se révéler aussi un grand traducteur. Il est aussi un critique littéraire et un philosophe remarquable. C'est lui qui a sauvé les manuscrits du poète Solomos (1798-1857) restés à l'état de brouillon. Il est l'auteur de nouvelles éditées en 1917 à Athènes.
Sa nouvelle intitulée Une Coupable (en grec, une petite faute) se passe à Corfou pendant la semaine Sainte et s'inspire d'un fait divers réel. Une vieille femme, Maria, est la proie d'un terrible dilemme  : laisser mourir sa petite fille sans essayer de la secourir, faute de pouvoir payer le médecin, ou désobéir à son mari en lui enlevant le seul bien qui peut le sauver de la prison et de la ruine -les bijoux qui constituent sa dot. Elle choisit de sauver l'enfant. Cette nouvelle peint la condition de la femme mais aussi sa mentalité, paysanne soumise, battue par son mari, elle accomplit fidèlement son devoir. Aussi, quand elle pense qu'elle a failli à son époux, persuadée de sa culpabilité, elle ne peut le supporter. Jacques Polylas écrit ici une tragédie à la manière antique dans laquelle la perte de l'honneur conduit à la mort. Mais toute la nouvelle est aussi imprégnée d'un sentiment de résignation chrétienne qui fait qu'aucune révolte n'est possible. On y sent aussi l'amour de cette terre, Corfou, avec ses champs d'oliviers, ses ceps de vignes, ses rochers arides et surtout la mer qui "avait aussi ouvert son esprit, donné ses ailes à sa rêverie, quand, à toutes les époques de l'année, à toutes les heures de la journée, elle la contemplait d'en haut, en passant, tantôt noire et déchaînée,tantôt calme et laiteuse.". Un très belle écriture pour une histoire qui se révèle déchirante.


 Kostis Palamas (1859-1943) né à Patras, mort à Athènes : Poète, il publie de nombreux recueils dans lesquels il  passe de la langue savante au grec démotique  et  écrit aussi des nouvelles  :
Etre beau, être jeune, et mourir ou la mort d'un Pallicare
Cette nouvelle composée en 1891 est une des premières grandes oeuvres de prose écrites en langue démotique.


Qu'est-ce qu'un pallicare?  C'est un soldat de l'armée grecque combattant les turcs pendant la guerre d'indépendance.
Dans la nuit du Vendredi Saint, le jeune et beau Mitros est victime d'une chute qui lui abîme l'articulation du genou. Le médecin appelé lui place des attelles en recommandant de ne pas y toucher. Mais dans ce village grec traditionnel, l'on ne croit pas trop à la science et aux médecins. On préfère les guérisseurs, les rebouteux. Toute une succession de charlatans défilent auprès de Mitros avec pour seul résultat d'aggraver son mal. Lorsque le médecin est à nouveau appelé, la gangrène est là. Il faut couper la jambe. Mais si l'on   est "un vrai pallicare", on a  "le style, l'ardeur, l'amour-propre, la beauté, la fierté, l'amour de la vie, le mépris de la mort." Non! Jamais Mitros ne sera un mari boîteux pour sa belle fiancée, Frossyni. Il préfère la mort.
Il y a dans le drame qui se joue dans ce récit, une sauvage grandeur. Le refus du jeune homme d'être diminué, sa révolte contre la maladie ne manquent pas de beauté tragique même si elle paraît au lecteur inhumaine, inacceptable. On comprend la douleur de la mère qui sait qu'elle va perdre son fils et que rien ne pourra aller contre sa volonté. La fatalité pèse sur cette tragédie à laquelle s'ajoute les croyances dans les mauvais esprits, les sortilèges maléfiques, le Mal incarné par Morfo, jeune fille éconduite par Mitros, figure de la Harpie qui s'attache à sa proie.
Le prochain billet ; nouvelles grecques (2) présentera l'un des plus grands écrivains grecs modernes : Alexandros Papadiamamantis
Challenge initié par Sabbio, à l'ombre de mon canellier

vendredi 19 novembre 2010

La mort selon Thalès de Milet



Thalès de Milet

Diogène Laerce, auteur du III ème siècle avant J.-C rapporte cette anecdote sur Thalès dans ses Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres.

Il disait que la mort ne diffère en rien de la vie.- " Et toi, demande quelqu'un, pourquoi ne meurs-tu pas?" - "parce que cela ne fait aucune différence" répond-il.

Cité dans le livre que je suis en train de lire :  Les philosophes meurent aussi de Simon Critchley François Bourin éditeur



Le Jeudi c'est citation Sur une idée de Chiffonnette