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mardi 4 juillet 2017

Ma sélection de spectacles pour enfants : Festival OFF d'Avignon 2017 :

Léonie et Liam au théâtre (source)

Bientôt, dimanche 10 juillet,  mes petits-enfants vont arriver : Léonie 7 ans et son petit cousin Liam 4 ans.
Voici quelques pièces déjà repérées pour eux sachant que la difficulté consiste à trouver des spectacles qui conviennent à des âges différents : 4 ans et 7 ans. Je tiens compte de l'âge indiqué à un an près.
Comment choisit-on les spectacles pour enfants ? Exactement comme ceux pour les adultes mais, bien sûr, l'on sait  que l'on peut se tromper et avoir des déceptions ou au contraire de belles surprises ! Et parfois passer à côté de pièces que l'on aurait aimées ! Et puis, il y aussi le bouche à oreille qui fonctionne bien mais pour cela il faut attendre quelques jours après le début du festival. Et  parfois, ce sont mes petits spectateurs qui choisissent car ils ont aussi leurs critères !

Pour ma part, je peux me baser sur de nombreux critères :
Le nom de l'auteur, par exemple, qui peut emporter mon choix ou le nom de la compagnie si je la connais déjà et aime ce qu'elle fait.
Les thèmes traités, la découverte de pays étrangers, parfois la diversité des styles, théâtre, poésie, cirque, danse, musique, avec une préférence personnelle pour les marionnettes... L'affiche du spectacle aussi joue un rôle, attirant ou répulsif ou neutre!

Les quatre  premiers  spectacles pour lesquels j'ai un coup de foudre anticipée (à tort ou a raison) sont les suivants  :




Les yeux de Taqqi  Espace Alya 9H50
durée 45' à partir de 5 ans
Relâche 12 19 juillet

Taqqi, petit Inuit aveugle, "veut voir, veut savoir, veut pouvoir.” A la quête du monde et du royaume des Grands, entre rêve et réalité, fantasmagories et territoires invisibles, Taqqi de retour de son périple et le regard changé, découvrira ses trésors cachés, aussi étincelants que les falaises gelées du Groenland... Un conte teinté d’humanité, d’entraide, et de compassion, d’inévitable et nécessaire quête initiatique. Un voyage merveilleux fait de rencontres inattendues.

Voilà un exemple d'affiche agréable à regarder. Ce qui m'a attirée à priori  dans ce récit, c'est la quête  initiatique qui va permettre à l'enfant aveugle d'ouvrir les yeux sur le monde. On comprend le symbole. J'aime aussi les thèmes annoncés, l'amitié, la solidarité. J'ai regardé des images des marionnettes  qui sont belles et de la mise en scène qui me paraît intéressante. Et puis Léonie qui revient d'un voyage en Laponie, au-delà du cercle polaire, chez les Samis, sera très réceptive, je pense, à une histoire qui parle d'un petit Inuit au Groenland !
 A suivre donc !


Oups et son doudou méchant  de Claude Ponti  collège la Salle 10H15
 durée : 45' de 4 ans à 8 ans
   Relâche les lundis 10 17 24 juillet 

Oups, héros aux airs de petit Poucet, trouve un jour un doudou vide et abandonné. Il décide de le remplumer et d’en faire son doudou. Au début très câlin, ce doudou s’avère être méchant. Il pousse Oups à faire plein de bêtises en l’absence de ses parents. Tellement de bêtises qu’ils sont chassés du village. Oups finira même par détruire le monde qui s’éparpille en une pluie de morceaux de bouts de monde. Dans sa chute, Oups atterrit chez Crabbamor Crabbador, l’autre méchant de l’histoire.Mais rassurons nous, dans ce spectacle, comme dans tous les livres de Cl. Ponti, à la fin il y a toujours « un tout est bien qui finit bien ». Avec persévérance et gentillesse, Crabamort sera vaincu. Oups soignera son doudou de sa méchanceté, et ils rentreront ensemble au village.
Là le choix s'impose :  Claude Ponti, avant d'être l'idole de mes petits-enfants, l'a été de leur maman respective. En espérant retrouver le monde fou, le monde à l'envers de l'écrivain !
 

Amaranta    Théâtre Arto  10H05
durée : 50' à partir de 5 ans
 du 7 au 30 juillet
Un voyage en marionnettes et images animées. Imprégné de philosophie enfantine, ce conte colombien nous rappelle la magie insoupçonnée des histoires ! Pétillante petite fille, Amaranta observe que les adultes sont toujours occupés par mille choses à la fois ! Le matin, tandis que la main droite de sa maman met le rouge à lèvres, la main gauche répond au téléphone et les pieds cherchent les chaussures. Absorbée par ce tourbillon, Amaranta sent à son tour son corps partir dans tous les sens. Mais, bien résolue à ne pas se laisser faire, elle cherche une solution à ce problème et découvre alors un conte fantastique où les bras et les jambes parlent ! Mêlant marionnettes et ombres projetées, Amaranta est imprégnée de philosophie enfantine et de profondeur ancestrale. Ce conte colombien nous rappelle qu'écouter une histoire nous " ré-unit "! 
 Un conte colombien pour voyager et changer de pays et de culture, une adorable marionnette et des jolis décors colorés  révélés par les images du spectacle.
Une affiche attirante !


Le cercle de craie ou la poupée abandonnée Cour du Barouf 12h 
durée 1H à partir de 5 ans.
relâche 17 24 juillet

Transposition pour la jeunesse du CERCLE DE CRAIE CAUCASIEN de Brecht par Alfonso Sastre, dramaturge espagnol, maintes fois emprisonné sous la dictature de Franco.
La pièce a été réadaptée par la Compagnie Alain Bertrand pour 3 comédiens dans l'esprit de la Commedia dell'arte. Avec chants, danses, musiques de scène, masques, jeu avec le public. On y parle de pauvreté, d'abandon, d'amour et de justice.
Tout me plaît dans ce spectacle  ! Un Brecht adapté pour les enfants pas un dramaturge espagnol anti-franquiste et tous  les thèmes de Brecht issus d'une pièce que j'aime énormément,  la justice, l'inégalité sociale, l'amour... Génial !
 A condition que la réalisation soit à la hauteur de l'idée !  Une poupée au lieu d'une marionnette? J'ai peur que la magie n'agisse pas ! On verra bien !

Après ces quatre coups de coeur, j'ai noté aussi des pièces qui pourraient plaire à mes petits :


Le petit Violon de Jean-Claude Grumberg d'après un conte de Dickens l'Alizé 15H40
( TarifReduc le 12?)
Durée 1h
relâche les mardis 11 18 25
à partir de 5 ans
Prix du festival OFF 2009
Léo le camelot détient le secret du bonheur et le dévoile au plus grand géant du monde.
Ensemble, ils vont arracher la petite Sarah sourde et muette aux griffes du directeur du cirque Univers qui la martyrise. A l'aide de quelques dessins, de son petit violon et de beaucoup d'amour, Léo entreprend d'apprivoiser "l'enfant sauvage"... C'est le point de départ d'une aventure humaine aussi drôle que poétique, un voyage à travers l'univers du cirque et des marchés d'antan. C'est l'histoire de Sarah, enfant sourde et muette aux talents multiples et fascinants. 

Grumberg/ Dickens =   une alliance que j'aime à priori ! De bonnes critiques sur ce spectacle qui est déjà venu au Festival  et a reçu un prix. Voilà quelques bonnes raison de  le voir.


Tambour voyage Contes et musique du Nord au Sud   Théâtre du Chapeau Rouge  10H30
(tarif Reduc)
Durée 45' à partir de 3 ans
 du vendredi 7 juillet 2017 au dimanche 30 juillet 2017 relâche les mardis 11 18 25

De la banquise à la savane, un voyage musical avec des contes : Inuit (Le tambour de l'Angakok) et africain (Le grand Bakanal), des percussions et des chants à partager. Un chamane en-chanteur, un tambour magique, une reine sous la mer, un lion qui s'ennuie, des animaux qui parlent et qui dansent. S'accompagnant de nombreux instruments (hang, tambour-océan, kalimba, djembé, gongs, cloches, vibratone, chimes, appeaux, graines), dans un décor coloré, le musicien-conteur nous emporte dans son monde de rythme, de rire et de poésie. De la voix et des mains, les enfants entrent dans le jeu. Un seul en scène inspiré des traditions orales où la voix parlée, chantée, transmet le conte, portée par la musique qui en crée le rythme et les images. Pour la 7ème fois au OFF La compagnie Tamburo a tourné ses contes musicaux en France, Algérie, Québec, Suisse, Italie. 

Musique et contes de tous les pays ? J'aime bien l'idée !




Les bruits du Noir Espace Alya à 10h35 :  
durée  45' à partir de 4ans
du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet
Ce spectacle porte un regard sur les petites peurs de la nuit, celles qui nous assaillent dès l’enfance et parfois nous poursuivent longtemps, même une fois passés du côté des adultes.
En particulier celles liées à l’univers sonore qui nous entoure.
Quand les bruits familiers du quotidien se métamorphosent le soir en fantasmagories qui nous clouent la tête sur l’oreiller, tous sens en éveil …

De bonnes critiques  soulignent le "burlesque" de cet univers théâtral "sonore", "tendre", "poétique" "énigmatique"... Ce spectacle a l'air réussi.



Une balade sans chaussettes Collège la Salle 10H30 ou 16H30
durée :  à partir de 4 ans
relâche :  10 17 24 juillet
du 7 au 28 juillet - relâche les 10, 17, 24 juillet
à 10h30
du 7 au 28 juillet - relâche les 10, 17, 24 juillet
à 16h30
C’est à travers plusieurs disciplines de cirque (acrobaties, manipulation d’objets, jonglage), que ce spectacle souhaite évoquer la question du genre (et des stéréotypes qui peuvent parfois l'accompagner).
Complice, la ligne sonore et musicale accompagne le parcours ludique et poétique des 2 personnages.

Un spectacle de cirque pour changer  de style et pour plaire à Léonie.




Molière dans tous ses états Collège Lasalle 13H30
Durée 1H à partir de 5 ans
sauf le 10 17 24 juillet

Miette et Ouane, personnages cocasses et enjoués, vont vous interpréter quelques grandes scènes de Molière. Ces saltimbanques des temps modernes vous convient dans leur univers rythmé et font tomber les barrières des conventions théâtrales..
Sur le chemin de l’humour et de la fantaisie, laissez-vous guider dans ce spectacle interactif, vif et tendre.
" Une leçon réjouissante sur le théâtre, un spectacle résolument drôle"

Peut-être irons-nous revoir aussi cette pièce que Léonie avait beaucoup aimé il y a deux ans (elle avait cinq ans)  et elle pourrait plaire à Liam (4ans) à moins que ce soit encore trop difficile pour lui?  et l'heure lui conviendra-t-il?  Comment le savoir si ce n'est en faisant l'expérience ! Une réussite pour faire aimer Molière aux enfants ! De bonnes critiques. Voir mon billet ICI


Pour Léonie  seule (7ans)  j'ai repéré :


Je suis un rêve de Pierre Gripari Corps Saints 15H25  (BilletRéduc le 14 Juillet ?)
durée 55' :  à partir de 7ans
Relâche 13 20 27 juillet

Gripari ? Encore un auteur que mes filles ont aimé. Alors pourquoi pas leurs enfants ? et puis de bonnes critiques.




Deux pas vers les étoiles Espace Alya 13H
durée 50' à partir de 7 ans
à 13h35 : du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet

Cornélia rêve d'être journaliste pour bouleverser son ordinaire. Junior lui ne rêve plus, c'est décidé : il part rejoindre les étoiles, car il sera astronaute. Le soir, Cornélia vient assister à son départ et finalement l'accompagne. "Les comédiens évoluent dans de superbes structures, fleur, cabane ou astre. Une œuvre subtile soutenue par une scénographie inventive et épurée, qui célèbre avec délicatesse la puissance de l'imagination" "Un petit bijou de poésie" "Très joli spectacle, un émouvant moment de grâce et de beauté"

Les décors me plaisent  et l'histoire aussi à priori.

Pour Liam seul (4 ans)



En t'attendant Présence Pasteur10H15
Durée  25' à partir de 1 an
à 10h15 : du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet

Le spectateur plonge dans la grossesse d'une maman qui regarde la nature, comme elle, se transformer.
En t'attendant, d'après le livre illustré d’Émilie Vast mêle danse, L.S.F et marionnettes.

Parce que Liam va bientôt avoir un petit frère : ce spectacle qui a l'air poétique et qui parle de la grossesse et de la naissance devrait pouvoir lui plaire. Et puis un peu de danse ! 
Si vous savez ce que veut dire LSF faites-moi signe !




Magicien des couleurs Ecole du Spectateur 17H15 du 13 au 30 Juillet
durée 35' à partir de 2 ans
du 13 au 29 juillet - jours impairs - Relâche : 25 juillet

« Dans la nuit des temps, il y a longtemps, très longtemps, les couleurs n'existaient pas. Presque tout était gris et ce qui n'était pas gris était noir. C'est ce qu'on a appelé la période grise du monde ...»
Un magicien décide de transformer ce monde maussade grâce à ses expériences magiques. Dans sa  cave en théâtre d'ombre il invente alors la couleur bleue.
Et c'est ainsi qu’est lancée la mode du bleu : même les vaches deviennent bleues...
Au début il trouve cela merveilleux mais au bout d'un moment cette couleur l'attriste.
Trouvera-t-il un remède à sa mélancolie ?

A voir?  Pourquoi pas? mais il y a tant de spectacles qui paraissent intéressants que je ne sais plus où donner de la tête... et de plus ils sont presque tous à la même heure ! Je sais bien que l'on ne pourra pas tout voir !

A noter aussi les lieux plus spécialement destinés aux enfants. Ils présentent en général des spectacles de qualité  : 


Festival  Théâtre'enfants à la Maison du Théâtre pour enfants  : avenue Monclar du Mardi 11 au 28 Juillet sauf les dimanches 16 et 23 juillet mais il vaut mieux réserver à l'avance.

Et



L'école du spectateur à partir du 13 au 30 juillet  (relâches les 18 et 25).école Pouzarque Place Louis Gastin

lundi 8 janvier 2018

Antony Phelps : Au souffle du vent-poupée


C'est le titre qui m'a immédiatement attirée dans ce livre proposé par Masse critique de Babelio : Au souffle du vent-poupée du poète haïtien Antony Phelps paru aux éditions Bruno Doucey.  La beauté du titre tient à son mystère, à cette alliance de deux mots unis par ce trait d'union qui fait de la poupée et du vent une entité, à ce souffle, évocateur de liberté, de bruit, doux chuchotis ou bruissement impérieux, qui parle à la fois aux  sens, à l'oreille et la peau, qui apporte des odeurs fraîches ou épicées, qui emporte l'imagination.

Iris Geneviève Lahens

Iris Geneviève Lahens,
Ce très beau livre préfacé par Louis-Philippe Dalembert  ( j'aime bien le retrouver ici !) allie poésie et art puisque les poèmes sont mis en dialogues avec les tableaux et les sculptures de l'artiste haïtienne Iris Geneviève Lahens, oeuvre étrange, d'une grande beauté, curieuse rencontre entre le cubisme et la peinture amérindienne, en harmonie avec les dits du poète.



L'influence du surréalisme sur  la poésie d'Antony Phelps est très forte. Entrer dans sa poésie c'est abandonner toute rationalité pour se fondre dans un monde d'images et de formes où les objets perdent leur statut d'objet :

O lampe imaginée aussi sage que l'huile
Tu veilles paupière verte sur la nuit du tapis
La danseuse-papillon sur l'escalier de verre
écoute bouger l'écho
O Lampe paupière verte.


où la femme aimée est "poupée miraculeuse aux bégaiements d'oiseaux pensifs", "Vénus des aromates", "femme gémeaux, idole boisée aux yeux de prophétesse", "l'amante aux pieds de croissants/et main de lune".


Iris Geneviève Lahens (détail) dans le Vent-poupée d'Antony Phelps Editions Bruno Doucey
Iris Geneviève Lahens
Seins bleus corps bariolé
Femme de bagues en fleurs
les yeux en éventail tout éléments mêlés
je te chante en tempête et furie
embrasements rires et chocs de verre.
 

Femme en falaise
au croisement des pistes
le temps carrousel
ne rattrape pas ses chevaux
mais je me fais bouteille dans ton ciel
Une lettre d'amour attachée à ma clef.


Le monde cosmique est là, avec ses nuits qui orchestrent l'arrivée des fantômes, " corps lumineux des poètes trépassés", "débris de fêtes osselets", une nuit traversée d'éclats de lune porteuse d'espoir.

Ô lune-lune cerf-volant
l'été renaîtra sur les mots de l'enfance
le pavé des rue n'appartiendra plus
aux pas cadencés
la main chantera le temps de l'oeillet
les beffrois des villes sonneront l'amour


Poésie très colorée, très visuelle, où éclatent les verts, les bleus, les cuivres, les rouges coquelicot et pavot, poésie à laquelle répondent les images d'Iris Geneviève Lahens, une symphonie de couleurs aux dominantes de bleu, ocre, brun.


Les cheminées ne fument plus
et les maisons sont dans les rues
Le macadam fleurit des roses de chair
à tous les pas-de-porte
Mon bras est un bouquet de feu
Coquelicot coquelicot dondaine
et ma maison est une main
qui dit bonjour à tous les hommes.


Enfin, en filigrane, la présence de la terre originelle, Haïti, qui l'a nourri, terre des Anciens dont il est fait, dont il est pétri,  et sans laquelle il ne serait pas ce qu'il est :


En cette faille d'avant que tout bascule
ma vision s'enrichit
de tous les hommes à tête de cendre
mâcheurs de silex
ou adorateurs du serpent à plumes
descendants empêtrés d'hommes-dieux
peuple conservateur des ruines.


Des ruines dont la mémoire perdure et renaît peu à peu.

Iris Geneviève Lahens
Orchidée nègre
en mains de deux
nous recollons comme amulettes
ce qui nous reste de nos jeux
petits morceaux de fêtes
bribes de joie éclats de danses
que fécondent les abeilles de ton été
les oiseaux-mouches de mon automne.


Une petite merveille que je vous recommande chaudement ! Un coup de coeur !


Tous mes remerciements à Babelio, Masse critique et les Editions Bruno Doucey.




http://www.editions-brunodoucey.com/au-souffle-du-vent-poupee/




Anthony Phelps est né en 1928 en Haïti, où il contribue à fonder le mouvement Haïti Littéraire. Opposant à la dictature de Duvalier, il connaît la prison et l’exil. Établi à Montréal, il livre une oeuvre de premier ordre qui fait de lui l’un des écrivains haïtiens les plus connus en Amérique.

mercredi 28 juillet 2010

Festival off d’Avignon 2010 : Oh Boy! par le Théâtre du Phare

 

Oh Boy! est une pièce du Théâtre du Phare, mise en scène par Olivier Letellier. Elle a reçu le Molière du spectacle Jeune public 2010 et je dois dire qu'elle le mérite amplement. J'ai vraiment apprécié, en effet, ce spectacle à la fois fort, bouleversant et en même temps plein d'humour et de sensibilité. Je crois même avoir préféré l'adaptation théâtrale au roman de Marie-Aude Murail dont il est tiré. Le personnage du jeune homme, Barthélemy, m'a paru, en effet, plus intéressant et plus convaincant car le spectateur épouse son point de vue alors que dans le roman, il est vu de l'extérieur et parait un peu benêt..

Mais d'abord, quel en est le sujet ? Trois enfants abandonnés par leur père et dont la mère s'est suicidée se retrouvent à l'orphelinat en attendant d'être placés ; ils font le serment de ne jamais se  laisser séparer. La solution? Etre adoptés tous les trois par leur demi-soeur ou leur demi-frère plus âgés qu'ils ne connaissent pas mais qui ont le même père qu'eux. Si la soeur est prête à adopter Venise, la jolie petite cadette, elle ne veut pas s'embarrasser des deux aînés, Siméon, un garçon de quatorze ans et la jeune Morgane "moches et surdoués". Alors Bart, le grand frère, accepte de faire l'essai afin d'obtenir la tutelle des trois. Oui, mais quand on a à peine vingt-six ans, que l'on est au chômage, que l'on aime bien s'amuser, que l'on n'y connaît rien aux enfants, que l'on est homosexuel (que va en dire la juge des tutelles?), que votre copain en profite pour vous laisser tomber et que la maladie s'en mêle, alors les ennuis commencent! Oh Boy!
Les thèmes graves comme ceux de la maladie, de la mort, de l'abandon mais aussi de l'amour, de la famille, de la différence, sont traités entre rires et larmes mais toujours avec beaucoup de pudeur, de retenue. L'humour toujours présent permet de désamorcer le tragique et rend la pièce accessible aux enfants aussi bien qu'aux adultes.
Un seul personnage sur scène, Bart, le grand frère, nous raconte l'histoire, grand enfant gouailleur, un peu immature mais plein de bonne volonté. Ecorché, d'une sensibilité exacerbée, (il n'a jamais connu son père), il va peu à peu se révéler à lui-même, assumer des tâches qui le dépassent, donner du temps, de l'amour, de la compréhension aux orphelins. Devenir adulte, en quelque sorte, car la pièce soulève ces questions essentielles pour tout enfant : qu'est-ce qu'être responsable? Comment devient-on adulte? La vulnérabilité de l'enfance, sa dépendance, la cruauté du monde des adultes sont ici abordées avec beaucoup de finesse.

L'acteur, Lionel Erdogan, interprète Bart avec naturel et subtilité, toujours à mi-chemin entre la dérision et l'émotion, il rend son personnage non seulement crédible mais attachant. Il a l'art de rendre vivant les objets qui l'entourent, de faire "voir" les décors, les êtres, grâce à une scénographie épurée et sobre mais pleine d'inventions et de surprises: une armoire devient tour à tour lit, bureau, maison, hôpital, route... Les enfants sont figurés par divers accessoires souvent surprenants, trois livres, un grand, un moyen et un petit, une chaise qui devient tour à tour minuscule et délicate comme une toute petite fille que l'on prend dans ses bras ou image de la mort quand elle tourne sur elle-même dans un mouvement rotatoire qui figure la vie puis s'interrompt brusquement. Un canard culbuto vacillant incarne la fragilité et la douleur de Morgane. Une poupée Barbie? Le juge des tutelles mais aussi le symbole de l'enfance, de Venise aussi bien que de Bart.  Les jeux de lumière avec les clairs-obscurs soulignent la présence de la Mort toujours menaçante. Des images pleines de poésie jaillissent comme ces balles de ping-pong qui fusent et retombent en pluie sur le spectateur, joie, illumination soudaines de Bart qui referme la blessure causée par l'abandon de son père.
La qualité d'écoute du public, les silences profonds qui succèdent aux rires, l'émotion ressentie et partagée, ajoutent encore au bonheur de ce spectacle théâtral.

Oh Boy!
d'après le roman de Marie-Aude Murail
compagnie Le théâtre le Phare
du 8 au 30 Juillet
au Théâtre de la Girasole
16H50

vendredi 9 août 2013

Théâtre enfants au festival Off d'Avignon : Les coups de coeur de Léonie et de sa grand mère (3): Si Loin, Si haut, Gudulliver



Si loin, si haut :  metteur en scène Laurence Belet

Avec Léonie, ma petite fille âgée de 3 ans et 4 mois (il ne faut pas que je les oublie ces mois si je ne veux pas la vexer) nous avons vu 10 pièces pour enfants, plus un spectacle (qu'elle a adoré) donné par le ballet de l'Opéra d'Avignon, en direction d'un public adulte, chorégraphié par Eric Bellaud. Et parmi ces pièces, les petits  bijoux dont je vous ai parlé précédemment ICI et ICI . Ce qui est amusant c'est que pour nous deux, la première et la dernière pièce dans l'ordre des préférences sont les mêmes. Pour les autres, il y a des variantes, légères.

Parmi les spectacles que nous aimons toutes les deux, il y a encore : 

Si loin, si haut par la compagnie Rouges les Anges

Le beau castelet de Pierre Gosselin pour Si loin, si haut



Si loin si haut par la compagnie Rouges les Anges s'inspire des albums pour enfants de W. Van Reek : "Mauvais temps" et "La grande échelle". Les personnages sont Grand-Bec, un drôle d'oiseau qui ressemble un peu à un humain et Touki qui est un chien. Ce sont deux adorables marionnettes qui sont manipulées à vue, avec délicatesse et humour, par les comédiens qui interviennent aussi en tant que personnages, clowns maladroits, un peu lunaires. Les histoires sont très simples, à la portée des tout-petits à partir de trois ans. Léonie à particulièrement aimé le premier récit et la construction de la cabane en toile dans la forêt inondée par la pluie. J'ai trouvé personnellement que le second récit manquait un peu de rythme et traînait en longueur.  Les décors qui jouent sur les différents espaces délimités par les ouvertures d'un grand castelet-maison en bois et métal (magnifique) crée l'illusion de la profondeur et nous fait voyager d'un lieu à l'autre. L'utilisation de la vidéo et du dessin animé est ingénieuse et très belle.  Un très bon spectacle.

 Gudulliver
Spectacle pour grandes personnes à partir de trois ans

Gudulliver cueille un fruit et arrache l'arbre. Fureur du lilliputien!

Gudulliver est l'adaptation pour les enfants du Gulliver de Jonathan Swift  par la Compagnie Danglefou. 
Emporté par la tempête, Gulliver se retrouve dans une île où vivent de petits êtres. Tous vont apprendre à se connaître, à ne pas avoir peur les uns des autres jusqu'à ce que Gulliver commette une bévue de trop et se fasse chasser. Il arrive alors sur l'île des géants ou c'est lui désormais qui va devenir le petit, objet de curiosité des Grands. Une réflexion sur la relativité et l'acceptation de la différence.

Gulliver et les lilliputiens

Dans la première partie, Gulliver est interprété par le comédien Serge d'Angleterre et les petits hommes sont des personnages-objets manipulés par  Kham-Lhane Phu qui leur insuffle la vie et les fait parler. Le début de la pièce est un peu trop bavard, mais l'arrivée de ces petites personnages attendrissants, les soldats, le général, la reine, leurs gesticulations amusantes, la visite du village miniature sont tout à fait réussies. Ils parlent un drôle de langage proche de l'onomatopée mais qui exprime tous les sentiments, la peur, la colère, l'indignation, l'étonnement devant l'apparence, les agissements et les bévues du grand homme! Léonie a adoré ce langage inarticulé qu'elle s'amuse maintenant encore à imiter. Elle s'est beaucoup amusée lorsque Gulliver veut cueillir un fruit et déracine l'arbre lilliputien! Le propriétaire qui arrive et abreuve d'insultes le géant la fait tordre de rire. Elle a eu peur quand la maison s'est mise à brûler! Bref! elle a vécu pleinement l'émotion théâtrale!
Dans la seconde partie les géants sont incarnés par les deux acteurs et Gulliver, lui, est une petite marionnette à la ressemblance de Serge Dangleterre. C'est une très bonne idée mais je ne sais pourquoi cette partie est moins réussie que la première. Peut-être y-a -t-il beaucoup trop de paroles et moins d'action, moins d'humour. Il aurait fallu que Gulliver-marionnette devienne, comme s'est annoncé dans le résumé de la pièce, un jouet pour les enfants peut-être en invitant les petits spectateurs à venir sur scène? Le comique aurait pu venir alors du mécontentement de Gulliver  qui ne veut pas être considéré comme une poupée? Bref! quand Léonie nous parle de cette pièce qui  occupe une place chère à son coeur, c'est toujours de la première partie.
Des qualités donc dans ce ce spectacle qui montre que l'on peut mettre les grandes oeuvres classiques à la portée des enfants.


Léonie a vu aussi  :


La flûte enchantée de Mozart adapté  pour les enfants à partir de quatre ans par le Théâtre du corbeau blanc .... Papageno  a un très joli masque et de jolies plumes que Léonie aurait bien aimé emporter. Elle a été très attentive mais n'a pas manifesté ses sentiments.

Peter Pan et le pays imaginaire  mis en scène par Elric Thomas. Tout repose sur l'imagination de deux écoliers qui veulent partir pour le pays imaginaire. Les pupitres deviennent crocodiles, Wendy est représentée par un manteau rose, le crochet du capitaine est un rapporteur cassé... Léonie a été déçue parce qu'elle voulait voir la "vraie" fée clochette,  le "vrai" capitaine Crochet ... L'imagination n'a pas fonctionné contrairement à son habitude!




Je veux voir mon chat par la compagnie Arthéma : Robin par à la recherche de son chat avec son chien. Mais celui-ci est mort. Il croit le reconnaître dans la forme des nuages. Mais c'est le souvenir que nous conservons d'eux qui permet à ceux qu'on aime de rester en vie.  De très jolis marionnettes et décors. Mais le sujet, la mort, n'a pas touché Léonie ou ne lui a pas fait plaisir. Elle a refusé d'en parler. Il me semble que c'est une pièce qui demanderait une préparation pédagogique comme c'est manifestement le cas pour le public scolaire.


Challenge théâtre d'Eimelle



vendredi 19 août 2022

Edward Carey : Petite




Quel drôle de roman ce « Petite », d’Edward Carey, écrivain et dramaturge anglais ! L’histoire qu’il nous raconte paraît par moments si farfelue, si folle, si morbide, qu’elle en devient comique malgré la noirceur,  laissant le lecteur pantois ! Bref,  elle ne semble pas réelle !

Preuve que la réalité dépasse l’imagination et de beaucoup, parfois !  Car Petite a existé et son époustouflante histoire nous est retracée après de sérieuses recherches de l’écrivain. Nonobstant les remplissages que peut se permettre tout roman historique pour combler les vides, le récit s’appuie donc sur des bases solides.
 D’ailleurs vous connaissez tous, ce bout de femme minuscule : Anne-Marie Grosholtz, née en Alsace en 1761, partie à Berne avec sa mère pour servir le docteur Philippe Curtius, vivant à Paris pendant la révolution et mourant à Londres, mondialement connue de nos jours sous le nom de Madame Tussaud.

Ainsi, vous allez tout apprendre sur l’art de la cire !  Cependant, que les secrets de fabrication des portraits ou masques mortuaires en cire vous intéressent ou non, je vous défie bien de vous ennuyer en lisant ce roman !
 

L’humour noir baigne ces pages illustrées de petits dessins savoureux : nous suivons la Petite à Berne munie de sa poupée en bois Marta et du mandibule en métal de son père mort à la guerre  après avoir perdu le sien ( je parle de son mandibule!). « Je dois , à présent confesser une chose :  si j’affirme avoir hérité de son menton, c’est parce que je le suppose. N’ayant jamais vu cet homme, j’avais voulu m’approprier son profil afin d’être sûre, chaque jour, que j’étais bien sa fille, qu’il était bien mon père »
Commence alors le premier portrait (fabuleux) de ce roman qui en présentera beaucoup et d’abord le docteur Curtius, incapable de prononcer un mot à force de vivre en tête en tête avec des morceaux de corps humains qui traînent un peu partout dans la maison : "une langue, sans doute humaine, sur une table à tréteaux. Que faisait-elle là ? Où était son propriétaire?" mais pas que des langues!  Intestins, vessies, cervelles, foies, pancréas … envoyés par l’hôpital et que le docteur moule dans la cire pour des représentations scientifiques. C’est là que Petite commence à apprendre le métier et  c’est pourquoi, à la mort de sa mère, elle suit son maître à Paris où les nobles et riches bourgeois vont adorer se faire « tirer le portrait » en cire, mode qui entraîne Petite jusqu’à Versailles, auprès d’Elizabeth, la soeur du roi !

Tout au long du récit, nous voyons défiler des personnages étonnants : celui de la veuve Picot, la logeuse de Curtius, de son fils Edmond, et de son mari, le vénérable et vénéré Monsieur Picot, (mort), mais présent sous la forme d’un mannequin (pas en cire) vermoulu, qui tombe en morceaux et qu’il faut rapiécer de temps à autre !
Mais apparaissent aussi devant nous des personnages célèbres, Voltaire, Rousseau, Franklin …  Et puis avec  la Révolution et le règne de la Terreur pendant lequel Petite ne doit son salut qu’à son art de mouler les têtes coupées nous faisons connaissance de Louis XVI, Marat, Maximilien Robespierre, et autres « portraits », un peu particuliers, ceux-là, et plutôt hallucinants !

 
 Le roman tient un peu du roman picaresque quant aux tribulations de l’héroïne, orpheline de père puis de mère, maltraitée par la logeuse dont son maître est amoureux. Héroïne picaresque, aussi, quant aux vicissitudes de sa position, aux hauts et aux bas de son existence, quant aux injustices qu’elle subit, à son habileté à survivre et même à s’imposer dans un monde ou les nobles ont tout pouvoir sur vous, même celui de vous loger dans un placard au coeur du plus somptueux palais du monde…
C’est un roman d’aventures à la coloration particulière, d'une noirceur incroyable, qui donne une étrangeté au récit et où, pourtant, l'on rit !  Mais c’est aussi une vision de l’Histoire en marche entre la cruauté et la morgue des Grands et l’horreur sanglante d’une Révolution qui aurait pu être une libération des humbles mais dérape dans l’excès et la démesure. Enfin, au-delà de l’humour noir, c’est la tragique histoire d’une enfant pauvre et seule, puis d’une femme malmenée par la vie, qui a su grâce à ses dons de portraitiste et son imagination échapper à la misère et à la folie des hommes.

Un livre passionnant et surprenant !


Challenge  Un pavé pour l'été blog  Sur mes Brizées : Edward Carey  Petite Pocket  554 pages