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mercredi 11 décembre 2019

Elias Lönnrot : Le Kalevala (1)

Vaïno Blomstedt :  Le Kalevala

 Le Kalevala est une épopée qui relate les faits et geste des Dieux et des Héros de la mythologie finlandaise. Ce long poème épique a été publié par Elias Lönnrot en 1835 puis dans une autre édition réaugmentée en 1849. Elias Lönnrot, médecin, écrivain, linguiste, folkloriste, a voulu donner au peuple finlandais, libéré de la domination suédoise, une oeuvre unificatrice, susceptible de réunir toutes les classes sociales autour de la notion de patrie, à la recherche d’une identité commune qui redonne à la langue et à la littérature finnoises ses lettres de noblesse..
Elias Lônnrot
Pour composer cette oeuvre, Elias Lönnrot (1802-1884 ), appelé aussi Le Homère finnois, a récolté pendant des années, les récits, contes populaires, et les chants traditionnels auprès des paysans et des bardes qui restaient très attachés aux croyances anciennes, caractère magique de la nature, chamanisme… bien que les suédois aient converti le peuple finlandais au catholicisme. C’est en Carélie qu’il collecte le plus de chants nouveaux.
Les chants recueillis ne remontant pas au-delà du XIII siècle, époque à laquelle la Finlande était déjà christianisée, certains dieux de la mythologie finlandaise ont parfois des ressemblances avec le dieu et les saints chrétiens.


Heikki W. Virolainen

Ainsi, lors de ma visite au musée Ateneum à Helsinki, la statue d'un artiste contemporain Heikki W. Virolainen représentait Marjata, une jeune fille fécondée par une baie miraculeuse qu'elle avait avalée. Toujours vierge, elle porte un enfant mais ses parents ne la croient pas et la chassent. Elle  ne trouve personne pour lui laisser l'usage d'une étuve pendant son accouchement. C'est dans le froid, sur le sol gelé, qu'elle met au monde un garçon miraculeux qui survit, réchauffé par le souffle d'un cheval, enfant qui révèlera une précocité et des dons étonnants.



  C'est la fin de l'épopée. Dans le dernier chant, le vieux barde Vaïnamoinen, le héros principal du Kalevala, est chassé par le Christ que Marjata (Marie) a mis au monde.

Akeselis Gallen Kallela : Väimöinen chassé par le christianisme
 
Il y a deux régions antagonistes dans le récit : le sud, le Kalevala, qui est le domaine du géant Kaleva où vivent les héros Vaïnämöinen, Ilmarinen, Lemminkäinen. Cela pourrait être La Carélie, et le Nord, sombre et froid, le Pojhola, (appelé aussi Osmola, Sariola, Pimentola..) pourrait être la Laponie. Mais il s'agit d'une interprétation de Lönnrot. Certains pensent  que le Pohjola est peut-être le monde d'en dessous, celui des défunts. Mais le monde des morts existent dans la mythologie finlandaise. C'est Tuonela. Le suffixe la indiquant l'appartenance, la maison, il s'agit donc du domaine de Tuoni, le dieu de ma mort.
Le cygne de Tuonela est une musique composée par Sibélius en hommage à ce passage du Kalevala qui voit le héros Lemminkaïnen chasser le cygne noir jusqu'à Tuonala et périr.

Carte réalisée pour un jeu Fantasy sur la mythologie nordique (ici)
 
 C’est à Pohjola que vit la sorcière Louhi, reine des neiges et de la glace, et ses splendides filles à marier qui attirent nos héros sur ces terres dangereuses, obscures et glaciales.

Serguei Minin ( 1901_1937) artiste russe Louhi : Reine de Pojhola (ici)
Le Kalevala n'est pas une oeuvre facile à lire, c'est du moins ce que j'ai éprouvé. Il faut dire qu’avec ses 22800 vers, souvent répétitifs, et ses 50 chants (runo), il requiert un peu de patience ! On peut être aussi surpris par sa composition erratique, on passe du récit d’un héros à un autre pour revenir au précédent ou à un nouveau. Il ne semble pas y avoir de plan très défini dans la construction mais plutôt des ajouts, pas de cohésion interne, parfois des incohérences dans le récit. Ceci, certainement pour mieux respecter la tradition orale de ces chants qui venaient de différentes régions de la Finlande et présentaient de nombreuses variantes.

Dans la traduction due à Jean-Louis Perret, j'aime beaucoup le mètre employé, l'octosyllabe, intime, qui sait faire voir le chagrin d'une jeune fille qui ne veut pas se marier, léger, aérien pour décrire la beauté et la poésie attachées à toutes choses et l’animisme de la nature.

Hélas ! mère qui m'a portée,
Je pleure sur beaucoup de choses,
Sur la beauté de mes cheveux,
Sur l'abondance de mes tresses,
Sur la finesse de mes boucles,
Car jeune je dois les cacher,
Les voiler quand je pousse encore.
 Je pleurerai toute ma vie
La tendresse du chaud soleil,
La douceur de la belle lune,
La magnificence de l'air,
Car jeune, je dois les quitter,
Les oublier, petite enfant,
devant le chantier de mon frère, 

à la fenêtre de mon père.


Pourtant, j’ai été surprise dans le Kalevala, par le procédé répétitif qui fait que les vers sont repris en boucle, autant de fois qu’il paraît nécessaire, les vers suivants répétant les précédents parfois avec des termes différents mais souvent de manière exactement semblable, créant une sorte d’incantation. A ce propos, Jean Louis Perret écrit dans la préface :

L’emploi de ce procédé poétique propre à tous les peuples primitifs est constant, mais pas toujours très strict dans Le Kalevala. Il a contribué à donner à la poésie populaire finnoise son caractère imprécis, vague, qui frappe si vivement le lecteur étranger. »

J’ai aimé la musique qui s’élève de cette oeuvre mais ce procédé a fini par me lasser car le récit avance avec beaucoup de lenteur. Ce qui fait que j’ai été partagée entre admiration, plaisir de lecture - le style est vraiment très beau, parfois naïf et touchant, poétique, lyrique - , et le besoin de m'arrêter de lire ! Parfois, oui, je l'avoue, j'ai sauté des passages mais, en fin de compte, j'ai terminé le lecture de l'ouvrage.
Je me demande comment les Finlandais lisent ce livre qui est une oeuvre majeure de leur littérature. Peut-être sont-ils moins surpris que moi par la composition du poème, par les noms ( que je peine à retenir!) de ces dieux ou héros qui changent souvent de forme, peut-être aussi que la mythologie de leur pays leur étant familière, ils ont eu moins de difficulté que moi pour entrer dans ce livre?
Pourtant je ne regrette pas de l’avoir lu pour plusieurs raisons. Si vous allez en Finlande comme je l’ai fait, que vous avez admiré ces splendides forêts de pins et de bouleaux à perte de vue et ces lacs, innombrables, qui reflètent la lumière du ciel, Le Kalevala vous éclaire sur les finlandais, leur rapport profond avec la nature et la forêt et les animaux sauvages. Il dit beaucoup aussi sur les vieilles coutumes, parfois encore bien vivante comme celle du sauna, de son importance vitale, par exemple : les femmes accouchaient dans l'étuve, l'action émolliente de la chaleur permettant une délivrance plus aisée. Nous apprenons aussi beaucoup sur le sort des femmes, la jeune fille a le droit de porter ses cheveux nattés, celle qui est mariée doit mettre un voile sur la tête et se consacrer entièrement à son mari. Elle peut être répudiée ou tuée si elle se comporte légèrement. On assiste aux travaux de la ferme, au travail du forgeron, avec parfois un peu de magie en prime. Les héros eux-mêmes labourent leur terre même s'ils se font un peu aider par Ukko, le dieu suprême ou si, comme Ilmarinen, il laboure un champ de vipères pour obtenir la main de la fille de Louhi.
Le kalevala vous dit aussi comment ce peuple qui a été pendant des siècles sous la domination de la Suède puis de la Russie, refusant même de parler sa propre langue, a pu se construire une identité autour de cette oeuvre fondatrice. Enfin, vous ne pouvez comprendre vraiment la culture finlandaise, musique, théâtre, sculpture, et la peinture en particulier, si vous ne connaissez pas Vaïnamöinen, Ilmarinen, Lemminkäinen et Kullervo ! L'un des principaux peintres qui a illustré le Kalevala est Akselis Gallen Kallela extrêmement impliqué dans le mouvement de renouveau nationaliste du XIX siècle mais il y en a bien d'autres et pas seulement finlandais.

Nicolaï Kochergin : Louhi et une de ses superbes filles

Akselis Gallen Kallela : Le départ vers Tuonela, le royaume des morts


Le cygne de Tuonela : Jean Sibélius (Karajan)

Etant donné la longueur du poème épique, je ne vais pas vous le résumer !  Je vais seulement vous parler des quatre héros principaux, et des dieux les plus importants dans un prochain billet.


samedi 7 décembre 2019

Arto Paasilinna : La douce empoisonneuse et Le cantique de l'apocalypse joyeuse

La douce empoisonneuse

Et c’est vrai qu’elle est douce cette empoisonneuse et, d’ailleurs, elle ne le fait même pas exprès d’empoisonner et à la limite… peut-être n’a-t-elle pas le choix, à la différence d’Hamlet, entre empoisonner ou ne pas empoisonner !
Je voudrais vous y voir ! Si comme Linnea, veuve du colonel Rabvaska, amoureuse de son jardin et de son chat, vous aviez chaque mois la visite de votre voyou de neveu flanqué de ses sinistres amis et que ceux-ci en profitaient pour racketter votre modeste retraite, vider votre garde à manger, vous insulter, sinistrer votre maison, abimer votre jardin, s’attaquer violemment à votre chat … Que feriez-vous ? Porter plainte ? Oui, c’est ce qu’elle finit pas faire après des années de patience. Mais la police a bien autre chose à faire (ou à ne pas faire) et désormais vous êtes poursuivie par la bande qui veut vous tuer !
Tel est le thème du livre au cours duquel Arto Paasilinna se plaît, comme d’habitude, à distribuer des coups de griffe à la police, l’armée, la société, qui assiste, indifférente, au martyre de la vieille dame et, bien sûr, à tous ceux qui, en âge de travailler, préfèrent vivre au dépens d’autrui. Avec son humour noir habituel, il met en scène sa douce héroïne (qui sème les cadavres sur son passage) avec une candeur et une probité qui attirent la sympathie ! Et oui, le livre est amusant, on rit avec l’empoisonneuse et l’on se révolte contre les voyous qui attaquent ainsi une pauvre vieille dame sans défense ! (sans défense… ?)  Un livre réussi !


Le cantique de l’apocalypse joyeuse

Le roman Le cantique de l'apocalypse joyeuse commence bien et Arto Paasilinna, en bon anar, se fait un plaisir de nous raconter la fin du « grand brûleur d’églises » Asser Toropâinen, vieux coco entrant dans sa quatre-vingt dixième année.  Sur son lit de mort, ce dernier demande à son petit-fils de devenir président d’une fondation qui aura pour but de construire une grande église en bois sur les terrains qu’il lui a légués. Conversion tardive ?  Peur de l'enfer ?  Désir d'expiation ? Non ! Le grand père a juste un sens particulier de l'humour !
Le roman qui commence à notre époque deviendra ensuite une oeuvre de science-fiction décrivant la troisième guerre mondiale et la fin de notre civilisation. Plus de gouvernement, le chaos s’installe, des hordes de miséreux errent de pays en pays. Seule la communauté fondée autour de l’église en bois va réussir à survivre grâce à une gestion économique saine basée sur le travail dans la nature et sur le partage et la solidarité.
 J’ai moins aimé ce livre. S’il y a de bons moments assez savoureux, j’ai trouvé qu’il tournait un peu trop à l’utopie, à la démonstration écologique, c’est à dire au sérieux. On comprend assez vite ou l’auteur veut en venir et les longueurs finissent par lasser..

mardi 3 décembre 2019

Kjell Westö : Un mirage finlandais


Ce roman de Kjell West, Un mirage finlandais a obtenu le prix de littérature du conseil nordique. Et il faut dire qu’il le mérite.Voilà le résumé de la quatrième de couverture mais élagué parce que je trouve qu’il en dit trop.Matilda Wiik est une sténodactylo hors pair. Elle travaille à Helsinki pour l'avocat Claes Thune. Ce soir de mars 1938, le Club du mercredi - un groupe de gentlemen qui se retrouvent chaque mois pour refaire le monde - est réuni dans le cabinet de son patron. Soudain, Matilda reconnaît la voix d'un homme qu'elle aurait préféré oublier...
Le roman est qualifié de « roman à suspense » car nous n’apprenons à qui appartient la voix reconnue par Matilda qu’au dénouement. Et c’est vrai que rester dans l’ignorance tout au long du roman génère un malaise et découvrir qui est, en définitive, ce personnage crée un effet de surprise assez fort. Ce « suspense», donc nécessite de la part de l’auteur une habileté dans la construction du récit et dans la façon de le mener à terme sans rien révéler. Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus frappée dans ce roman. Non, c’est d’abord l’aspect historique qui dévoile une période noire de la Finlande en 1918 dont je n’avais jamais entendu parler. C’est ensuite la peinture psychologue des personnages qui sont tous assez complexes, marqués par leur position sociale et leur passé plus ou moins tragique. L’on s’intéresse à leur histoire, la petite, à côté de la grande Histoire, et l’on entre dans leur univers et leurs pensées.
 
Finlande : gardes rouges (photo wikipedia)
La Finlande a été traversée par une guerre civile meurtrière en 1918. En effet, au moment de l’indépendance en 1917, la Finlande qui était alors un Grand duché sous domination russe, voit sa population se diviser entre les Rouges, sociaux démocrates, ouvriers, travailleurs agricoles et les Blancs, paysans, classe moyenne, bourgeoisie. Les Rouges étaient soutenus par les Soviétiques et les Blancs recevaient l’aide de l’armée allemande. 
La guerre dure quelques mois du 25 Janvier au 15 mai 1918 et se termine par la victoire des Blancs; elle fait 39 000 morts dans un pays qui comptait 3 millions d’habitants.
Prisonniers rouges
La répression des Blancs est terrible. Les Rouges enfermés dans des camps de prisonniers meurent de faim, de maladie et de maltraitance.  Kjell Westö place l’action de son récit en 1938, autre période troublée, avec la montée du nazisme et l’approche d’une autre guerre. Les conversations du patron de Matilda et de ses amis ou clients rendent compte du climat délétère qui règne alors, les pro-germanistes sont gagnés par l’idéologie nazie sur fond d’antisémitisme. Kjell Westo a le courage de dénoncer dans ce livre, un scandale lié à la sélection des Jeux olympiques de 1940 qui devaient avoir lieu en Finlande. Deux époques de l’histoire de la Finlande se chevauchent ainsi mettant en scène des personnages qui ont vécu les deux.

 Le personnage de Matilda Wiik est impressionnant. Que se cache-t-il derrière la façade calme et sévère de « la proprette Mme Wiik, de ses gestes parfaitement maîtrisés, de cette apparence nette et classique, cette rigueur dans son travail de parfaite secrétaire qui ne trahit jamais aucun sentiment ? Et qui est cette demoiselle Milja qui lui succède parfois et qui n’en fait qu’à sa tête, folle et fantasque ? et Matilda, prise entre la demoiselle Milja et madame Wiik, n’est-elle pas la femme sensible, certes tourmentée et malheureuse, mais que l’on peut encore atteindre ? C’est ce que se demande son patron, l’avoué Clas Thune. Celui-ci est un patron fort sympathique, un peu paumé, pas très heureux lui non plus, qui essaie de comprendre ses employés et s’intéresse à l’être humain en dehors de toute considération sociale, même si son éducation bourgeoise ne lui permet pas de se sentir à l’aise avec des ouvriers. Les rapports sociaux sont  très finement observés et décrits.
Tous les personnages secondaires sont intéressants, denses, complexes et font revivre cette société d’entre deux guerres en nous menant vers un dénouement auquel on ne s’attend pas forcément… ou peut-être que si !

Un très beau livre!

jeudi 14 novembre 2019

Finlande : Mika Waltari : Danse parmi les tombes (6)


Le roman de Mika Waltari, Danse parmi les tombes, paraît en 1944. Après avoir signé un traité avec Hitler, Staline, qui a ainsi les mains libres, envahit la Finlande dès 1939. Défaite, la Finlande doit renoncer à la Carélie et à une partie de la Laponie.
Mika Waltari place l’action de son roman en 1809. Le Tsar Alexandre 1er qui a signé un traité d’armistice avec Napoléon, en profite pour attaquer la Suède et se rend maître de la Finlande, possession suédoise depuis le XII siècle. Le parallélisme entre les deux époques n’est évidemment pas dû au hasard.
A travers ce roman, l’auteur veut célébrer à la fois l’héroïsme des jeunes soldats finlandais qui ont combattu le tsar Alexandre comme vient de le faire l’armée finlandaise contre les russes. Il veut aussi rendre compte, en ces jours sombres d’occupation russe au XX siècle, de la naissance du sentiment national au XIX siècle. En effet, le tsar Alexandre 1er, contrairement à toute attente, par idéologie (il est nourri de la philosophie  des Lumières) et par calcul, accorde son autonomie à la Finlande. Il y a, d’ailleurs, une certaine duplicité de sa part, à se présenter comme le libérateur de la Finlande, alors qu’il vient de la conquérir par les armes et la violence. A la diète de Borga (Porvoo), il annonce la création d’un grand duché finlandais sous domination russe mais entièrement autonome. C’est le début de la prise de conscience par le peuple finlandais tout entier de son identité. A cette époque, la noblesse et la bourgeoisie utilisent la langue suédoise; la finlandaise, méprisée, est parlée par les seuls paysans. L’évolution sera lente mais irréversible jusqu’à la proclamation d’indépendance le 6 décembre 1917.

Mantsälä : le lac Keravanjärvi
Le roman raconte aussi une histoire d’amour : Ulla Mollesvärd, la fille d’un hobereau campagnard, est d’abord très hostile au Tsar. Ses frères sont dans l’armée suédoise pour défendre leur pays, la jeunesse de son pays est décimée, patriote, elle hait le tsar et les russes. Lorsqu’elle rencontre le souverain
au bal de la diète et qu’il semble lui accorder beaucoup d’intérêt, elle est sensible à son charme mais refuse de désarmer. Ce n’est qu’à l’annonce de l’autonomie accordée à la Finlande qu’elle commence à l’aimer. Alexandre, sans scrupules, corrupteur, se fait inviter dans le manoir du gouverneur Moolesvärd à Mantsälä pour séduire la jeune fille mais va être sensible à sa candeur et à son innocence.

J’ai découvert avec beaucoup d’intérêt la vie des Finlandais, nobles, serviteurs ou paysans dans ces régions reculées de la Finlande du début du XIX siècle. Les différents personnages sont bien analysés, bien campés, qu’il s’agisse du père d’Ulla, méprisable et cupide, servile et flagorneur, prêt à jeter sa propre fille dans les bras du tsar pour en retirer fortune et honneurs ou d’Antti, le jeune précepteur amoureux malheureux d’Ulla et patriote ardent, maladroit et sincère. Mais c’est le portrait d’Alexandre 1er qui a manifestement retenu le plus l’attention de l’écrivain, un homme torturé par ses souvenirs (assassinat de son père dont il a été complice), un homme déchiré entre ses idées philosophiques, amoureux des Lumières, mais doté d’un pouvoir immense dans un pays dont les structures et les mentalités sont encore médiévales, un être rationnel mais qui croit aux pouvoir des sorciers, un homme corrompu, dépravé, qui méprise les femmes, mais qui est séduit par la pureté. Quant à Ulla, qui n’abdique jamais ses idées, fière et courageuse, sans concession envers la médiocrité et le mensonge, elle fait l’apprentissage de son pouvoir sur les hommes mais son innocence, sa capacité de dévouement désintéressé semblent la préserver. On la compare dans la littérature finlandaise à la Natacha de Guerre et Paix de Tolstoï.

Même si je n’ai pas aimé ce roman à l’égal du chef d’oeuvre de Mika Waltari, Sinouhé l’égyptien, je dois dire que pénétrer dans ce monde du XIX siècle finlandais, alors que je visitais les régions décrites dans le livre, connaître l’Histoire du pays par le biais du roman mêlant les personnages historiques et fictifs, m’a beaucoup plu. Un roman incontournable (comme disent les guides touristiques à propos des sites) si vous voyagez en Finlande.

mercredi 6 novembre 2019

Finlande : L'église de Kerimäki et Arto Paasilinna (5)

L'église de Kerimäki vue du lac voisin Puruvesi
 Située près de Savonlinna, l'église de Kerimäki, construite entre 1844 et 1847 par Andres Fredrik Granstedt,  peut accueillir jusqu'à 3500 personnes. C'est la plus grande église en bois du monde et je reconnais que mes photos ne rendent pas hommage à sa taille ! Impossible de la photographier entièrement!

Finlande L'église de Kerimäki près de Savonlinna
L'église de Kerimäki
 C'est dans cette église qu'a lieu, chaque année, le séminaire des anges apprentis, du moins d'après Arto Paasilinna. Les débutants y reçoivent une instruction parfois un peu (trop) accélérée ! Voir Les millet une gaffes de l'ange gardien Ariel Auvinen  Ici

Finlande L'église de Kerimäki où se situe le roman de Arto Paasilinna les mille et une gaffes de l'ange gardien Ariel Auvinen
L'église de Kerimäki
"Comme chacun sait, le ciel des chrétiens se trouve aujourd'hui à Kerimäki, dans le Savo, où le grutier Pirjeri Ryynänen l'a fait transférer au milieu des années quatre-vingt alors qu'il remplaçait Dieu, parti en congé sabbatique (roman Auta armias  Miséricorde).  Depuis, c'est dans la plus grande église en bois du monde que l'on gère les affaires courantes de la création. On ne voit pas souvent Dieu lui-même dans les parages, il possède sa propre demeure céleste. Mais les anges volent dans la région en troupe d'autant plus nombreuses, en général par centaines, voire des milliers.
Il va sans dire que toute cette activité, malgré son ampleur et son efficacité, est invisible aux yeux des humains, qui ne se doutent pas que l'église de Kerimäki est emplie d'êtres ailés planant souvent au-dessus d'eux en nuées aussi denses que les moustiques dans le ciel lapon.". 
Je suis témoin, je n'en ai aperçu aucun ! 

Finlance Eglise de kerimäki : le clocher près de Savonlinna
Eglise de kerimäki : le clocher

Kerimaa

Lac Sylkky à Kerimma près de Kerimäki
A neuf kilomètres de Kerimäki, au centre de vacances, golf-club, canoé-club...  se trouve le grand châlet à la magnifique structure de bois intérieure que nous avions loué à airbnb. Nous avons profité du sauna de la maison, ce qui a provoqué des cris spectaculaires quand, après la chaleur, il fallait se vider un grand baquet d'eau glacé sur la tête !  Et puis, il y a eu le spectacle de la neige tombant  sur les arbres et du lac Sylkky se couvrant d'une fine pellicule de glace!





Kerimaa centre de vacances, golf-club près de Kerimäki
Finlande Lac Sylkky Kerimaa centre de vacances, golf-club près de Kerimäki  23 Octobre 2019
Lac Sylkky Kerimaa centre de vacances, golf-club près de Kerimäki

dimanche 3 novembre 2019

Finlande : un voyage sur les traces d'Edith Södergran (4)


Finlande Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale construite au XV siècle
Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale
Savonlinna, comme toutes les villes du sud de la Finlande, à la frontière de la Russie, a été détruite par la guerre. Reconstruite, elle présente de larges avenues qui se coupent en angle droit selon un plan géométrique qui lui donne une certaine froideur et ceci d'autant plus que la ville est déserte en cette saison, avec -3% et un petit vent glacé. Les magasins de désign ou d'artisanat et les restaurants sont fermés en cette période non touristique, le musée est en restauration. Elle manquerait de charme s'il n'y avait sa forteresse médiévale, son port et son lac, le lac Saimaa qui découpe la ville et occupe la moitié de sa superficie. 
Le château d'Olaf est construite au XV ième siècle par le vice-roi de Suède,  (la Finlande est sous domination suédoise) pour défendre la frontière contre les Russes.
La ville est réputée en été pour son festival international d'opéra qui attire une foule d'amoureux d'art lyrique. Les représentations ont lieu dans le cadre prestigieux de la forteresse.

Finlande Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale festival international d'opéra
Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale

Finlande Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale construite au XV xiècle détail du donjon
Savonlinna : le château d'Olaf, forteresse médiévale

Finlande Savonlinna : Lac Saimaa le plus grand de Finlande
Savonlinna : Lac Saimaa

Savonlinna : Lac Saimaa l eplus grand de Finalnde, le quatrième d'Europe
Savonlinna :  lac Saimaa

 De petits immeubles  coexistent avec de jolies maisons modernes en bois peint.

Savonlinna
Savonlinna : port sur le lac Saimaa
Finlande Savonlinna Lac Saima
Savonlinna  : Lac Saimaa



Le lac Puruvesi

Lac Puruvesi proche de Kerimaki appartient au système lacustre du lac Saimaa
Lac Puruvesi proche de Kerimaki
 
Finlande  : Gel sur le lac Puruvesi apaprtient au sytème lacustre du lac Saimaa
Gel sur le lac Puruvesi
Finlande  :  le lac Puruvesi près de kerimaki
Finlande  : le lac Puruvesi appartient au sytsème lacustre du lac Saimaa
Finlande  : Gel sur le lac Puruvesi près de Kerimaki et Savonlinna
Lac Puruvesi
Le lac Puruvesi, à proximité de Kirimaki, tout comme le lac Puumala  dont j'ai parlé dans mon billet 3, fait partie du vaste ensemble lacustre du Saimaa.
Le Saimaa est le plus vaste lac de Finlande et le quatrième d'Europe avec 4380 km2 , ses 13710 îles et 14850 km de côtes. Il se subdivise en de nombreux lacs qui prennent le nom de la localité la plus proche et paraissent ne jamais avoir de fin. 
Les lacs et les forêts où se cachent des cabanes de pêcheurs, très disséminées, souvent inhabitées en cette saison, se succèdent interminablement ; et j'ai toujours un plaisir renouvelé, de voir, entre autres, les taches noires et blanches du bouleau au tronc svelte et gracile qui est avec l'érable l'essence que je préfère.



Nous sommes très proches de la frontière russe à certains  endroits. Notre logeur, à Kerimäki, est d'ailleurs de cette nationalité. On entend cette langue partout !Au  cours d'un déplacement nous avons rencontré des pêcheurs russes, fiers d'avoir attrapé un gros poisson, et qui nous ont fait admirer leur prise.


C'est à Saint Pétersbourg qu'est née Edith Södergran, c'est dans cette ville qu'elle a fait des études brillantes, en particulier de langues, à l'école allemande, avant d'aller s'installer à Raivola en Carélie qui appartenait au grand duché de Finlande alors sous domination russe.
  Ma fille continue son travail photographique et c'est ma petite-fille qui incarne la poétesse enfant. D'abord très fière de poser pour sa mère, elle grommelle maintenant entre ses dents : "Mais j'en ai marre d'Edith Södergran, moi !".  Heureusement, une Södergran adulte va bientôt la remplacer ! 
J'ai appris qu'Edith était passionnée de photo, elle aussi, et qu'elle possédait un appareil kodak. Voir Ici

Léonie-Edith photographiée par Aurélia Frey
Edith Södergran à cinq ans

jeudi 31 octobre 2019

Finlande : un voyage en Carélie du sud sur les traces d'Edith Södergran (3)

Finlande Lac de Puumala  Route de  Mikkeli à Savonlinna
Dimanche 27 Octobre en route pour Kerimaki (la ville où Arto Paasilinna situe  l'action de son roman, Les mille et une gaffes de l'ange gardien Ariel Auvinen) près de Savonlinna. 
Au passage sur la route de Mikkeli à Savonlinna le beau lac de Puumala.

Finlande Lac de Puumala  Route de  Mikkeli à Savonlinna en automne octobre 2019
Finlande Lac de Puumala  Route de  Mikkeli à Savonlinna
Lac Puumala route de Mikkeli à Savonlinna
Finlande Lac de Puumala  Route de Savonlinna
Lac de Puumala  Route de Savonlinna
Lac Puumala route de Mikkeli à Savonlinna
Route de Mikkeli à Savonlinna
Nous avons loué un grand chalet  du dimanche 27 au Jeudi 31 Octobre au milieu de la forêt et inévitablement... près d'un lac. Le lendemain matin, lundi 28, la première neige signe la fin de l'automne. Le sol et le toit du chalet sont légèrement saupoudrés.  Mardi 29 et mercredi 30 octobre les températures seront négatives, et jeudi 31 un adoucissement nous ramènera la neige. Un beau spectacle !

Notre chalet au golf club Kerimaa de Kerimaki : lundi 28 Octobre 2019

Chalet au centre de vacances, golf club de Kerimaki
Chalet au golf club de Kerimaki
Kerimaki
 Gel sur  les bords du lac Sylkkyà Kerimaa  près de Kerimaki
 Gel sur  les bords du lac Sylkky à Kerimaa près de Kerimaki
Gel sur  les bords du lac Sylkky Kerimaaa près de Kerimaki

Lac pâle de l'automne

Le lac pâle de l'automne
rêve de rêves pesants
d'une île blanche-printemps
qui sombra dans l'océan.

Lac pâle de l'automne
tu caches sous ton friselis 
et derrière ton miroir tu oublies
les jours qui meurent.

Le lac pâle de l'automne
élève son ciel silencieux et léger
comme un instant vie et mort
dans une vague endormie s'enlacent.

Edith Södergran