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vendredi 20 mai 2022

Anton Tchekhov : Le Moine noir et Kirill Serebrinnokov au festival d'Avignon 2022


Cette année, au festival de théâtre d’Avignon 2022, la Cour d’honneur accueillera Le moine noir, une nouvelle d'Anton Tchekhov, adaptée par le metteur en scène russe Kirill Serebrinnokov.

Le récit

Egon Schiele: autoportrait

Kovrine, jeune professeur de philosophie, promis à un avenir brillant, souffre d’un épuisement nerveux lié à un excès de travail. Un ami médecin lui conseille de partir se reposer à la campagne et, justement, le jeune universitaire reçoit une lettre de Tania, la fille de son vieil ami Igor Siemonytch Pessotski, un célèbre horticulteur, qui a été son tuteur à la mort de ses parents et qui l’aime beaucoup. Le jeune homme se rend chez eux. Il y est accueilli chaleureusement. La jolie et vive Tania n’est plus une petite fille et il sera facile d’en tomber amoureux. C’est le voeu le plus cher de son père ! Le jardin provoque l’admiration de Kovrine. Tout semble pour le mieux. Mais une créature fantastique, un moine noir, apparaît au jeune homme comme surgi du vaste univers, inquiétant, obsédant. Dès lors le jeune homme ne cesse de le voir partout. Rêve ou réalité? Intervention du fantastique ou hallucination ? Folie ?  

  La nouvelle devient une descente aux enfers au cours de laquelle Kovrine, hanté par le Moine noir, se perd entraînant ceux qui l’entourent dans la mort et la souffrance.

La genèse de l’oeuvre

Anton Tchekhov

La nouvelle Le moine Noir a été rédigée dans la propriété de Tchekhov, à Mielikhovo, et publiée en 1893. A cette époque, Anton Tchekohv est très angoissé, victime d’un épuisement nerveux. Il ne dort plus et rêve bien souvent d’un moine noir qui le hante et l’effraie. Cette vision tourne à l’obsession et l’écrivain ne pourra y échapper qu’en écrivant cette nouvelle. Même s’il se défend d’avoir créé le personnage de Kovrine à son image, il est certain que Tchekhov y a mis beaucoup de lui-même. Il s’intéresse particulièrement à cette époque à la psychiatrie et à la maladie mentale. Il reçoit d’ailleurs chez lui un ami, psychiatre célèbre, et c’est à cette période qu’il écrit la nouvelle Salle n° 6 sur ce thème. N'oublions pas qu'il est lui-même médecin et coordonne à la même époque les mesures sanitaires pour lutter contre l'épidémie de choléra et soigne les paysans de Mielikhovo.
D’autre part, comme il a acquis sa propriété en 1892, il s’intéresse à la botanique, et découvre, entre autres, la technique des greffes et aussi des fumées contre le gel. Il n’est donc pas étonnant de retrouver ces préoccupations dans le domaine de Pessotski ou Kovrine va se reposer et où le jeune homme admire le magnifique jardin de son hôte, son savoir faire et celui de sa fille, la jeune Tania.

Le jardin

Claude Monet : Giverny
 

Le jardin est un des thèmes importants de la nouvelle. Plus qu’un simple décor, c’est un paysage mental, oscillant entre la tristesse, l’étrangeté, propices aux hallucinations, et la beauté, le calme, lieu où le bonheur semble possible.

Dès l’arrivée du jeune homme, la description de la demeure et du paysage alentour présente, en effet, un aspect inquiétant, sombre, dégradé,  reflétant peut-être les tourments intérieurs du jeune homme, son état psychique.

"La maison des Piessotski était une énorme bâtisse à colonnade et à têtes de lion dont le plâtre s’écaillait, un laquais en habit se tenant à l’entrée. Un vieux parc tracé à l’anglaise, sévère et triste, s’étendait sur près d’une verste de la maison à la rivière, se terminant par une berge abrupte et argileuse où poussaient des pins aux racines dénudées ressemblant à des pattes velues ; en contrebas, l’eau brillait, farouche, des courlis voletaient en poussant des cris plaintifs et l’on s’y sentait toujours d’humeur à s’asseoir pour composer une ballade."

L’écrivain décrit ensuite le jardin dans un style poétique, riant, par petites touches de couleurs qui rappelle un tableau impressionniste. Un paradis ?

« Mais à proximité de la maison, dans la cour et dans le verger qui, avec les pépinières, faisait une trentaine d’hectares, c’était gai, rempli de joie de vivre, même par mauvais temps. Nulle part ailleurs Kovrine n’avait vu des roses, des lis et des camélias aussi admirables, de telles tulipes de toutes les couleurs possibles, du blanc éclatant au noir de suie, une si grande richesse florale. On était seulement au début du printemps, et la splendeur des parterres se cachait encore dans les serres, mais ce qui fleurissait déjà le long des allées et dans divers massifs ça et là suffisait à donner le sentiment, en se promenant dans le jardin, de se trouver dans un royaume de couleurs tendres, surtout aux premières heures, quand la rosée brillait sur chaque pétale.

Mais ce jardin idéalisé peut-être aussi présenté d’une manière très réaliste, source d’inquiétude et de disputes entre l’horticulteur et sa fille, source d’un travail constant, pénible, comme le prouvent ces nuits passées à lutter contre le gel dans le jardin, ou la cueillette des fruits intense, harassante, sans répit, ou l’obligation d’écraser à la main des chenilles qui dévore les fruits, ce qui rebute un peu notre héros. Le jardin est une source de revenus considérables, il faut l’envisager aussi d’un point de vue économique. Il n’est en rien un Eden. Mais il est aussi une oeuvre d’art servi par l’amour. Seul l’amour permet une telle beauté affirme Igor Siemonytch Pessotski.

La maladie mentale :  la mégalomanie

Edward Munch : le cri

A propos de cette nouvelle Tcheckhov explique qu’il a voulu montrer ce qu’est la mégalomanie à travers son personnage, ce sentiment d’être l’élu, d’être distingué par Dieu, supérieur aux autres et destiné à surpasser l’humanité. C’est ce que le Moine affirme à Kovrine dans un dialogue ou le personnage tout en conversant avec sa vision et en doutant de sa  réalité semble se parler à lui-même  en proie à un délire de grandeur.

« Vous, les hommes, un grand, un brillant avenir vous attend. Et plus il y aura de gens comme toi sur terre, plus vite cet avenir ce réalisera. Sans vous, qui êtes au service d’un principe supérieur, qui vivez en conscience et librement, l’humanité serait quantité négligeable ; en se développant de façon naturelle, elle aurait encore longtemps à attendre la fin de son histoire terrestre. Mais vous la conduirez au royaume de la vérité éternelle en gagnant plusieurs milliers d’années – c’est là votre grand mérite. Vous incarnez la bénédiction de Dieu qui s’est répandue sur les hommes. »
 

Ce délire mégalomane est une véritable et grave maladie. Le personnage est déconnecté de la réalité et s’attribue des capacités hors du commun. Peu à peu, son mal semble s’aggraver et il se sent plein de mépris pour le reste de l’humanité.

Le fantastique 


Le Moine Noir est l'une des figures fantastiques du roman gothique anglais de M.G. Lewis, Ann Radcliff ou d'un certain romantisme noir. Et il faut bien dire que dès qu'il apparaît, dans la nouvelle de Tchekhov,  il a un aspect effrayant qui l'apparente à cette littérature mais seulement sur le moment :

"Ses pieds nus ne touchaient pas le sol. Quelque trois sagènes plus loin, il se retourna vers Kovrine, le salua de la tête et lui fit un sourire à la fois amical et malicieux. Mais quel visage blême, effroyablement maigre et blême ! Il se remit à grandir, vola par-dessus la rivière et se heurta sans bruit à la berge argileuse et aux pins qu’il traversa pour disparaître comme une fumée."

Mais bien vite l’on ne doute plus de la maladie mentale du personnage et l’on sait que sa vision est de l’ordre de l’hallucination. Pourtant, le ton, le style de la nouvelle, la puissance des apparitions introduisent un climat fantastique qui crée un malaise. Tchekhov a réellement été en proie à ces mêmes visions qui l'ont certainement fait douter de sa santé mentale. Il sait en rendre toute l’horreur et nous faire perdre le contact avec la réalité.

« J’ai écrit Le moine noir sans être mélancolique, j’ai voulu représenter la mégalomanie. Le moine volant au-dessus des champs, j’en ai rêvé. »  (25 janvier 94)

Le lecteur voit  le moine noir comme une projection du réel et éprouve la fascination du héros envers cette apparition fantastique.  

« Mais voici que le seigle était parcouru de vagues et qu’une petite brise du soir venait effleurer la tête nue de Kovrine. Une minute après, nouveau coup de vent, déjà plus fort, qui fit bruire le seigle tandis que, derrière, s’entendait sourdement le murmure des pins. Kovrine s’arrêta, stupéfait. À l’horizon, comme un tourbillon ou une tornade, une grande colonne noire s’élevait de la terre jusqu’au ciel. Ses contours étaient flous mais on comprenait tout de suite qu’elle ne restait pas en place mais se mouvait avec une effrayante rapidité, se dirigeant tout droit sur Kovrine, et plus elle avançait, plus elle rapetissait et se précisait. Il eut à peine le temps de se jeter de côté, dans le seigle, pour lui laisser le passage… 

 Un moine vêtu de noir, à la tête chenue et aux sourcils noirs, les bras en croix sur la poitrine, passa en coup de vent à côté de lui…

Ainsi si l’écrivain a voulu observer et analyser la dégradation mentale d’un homme qui peu à peu, en proie à des hallucinations récurrentes, finit par perdre la raison et sombrer dans la folie, il n’en reste pas moins qu’il a su jouer avec le fantastique et introduire l’étrange  et le surnaturel dans son récit. 

La beauté du style de Tchekhov, l’efficacité avec laquelle il fait intervenir la nature pour décrire les phénomènes fantastiques, l'analyse des troubles mentaux et de ses conséquences tragiques, font de cette nouvelle une réussite !

***

Kirill Serebrinnokov au festival d'Avignon


C'est donc le metteur en scène russe Kirill Serebrinnokov qui va présenter ce spectacle dans la Cour d'Honneur du festival  d'Avignon. J'attends avec impatience de pouvoir y assister.
 

"Quand Kirill Serebrennikov adapte cette nouvelle fantastique, il se souvient qu'Anton Tchekhov dépeint des personnages pris dans « le cercle infernal » de vérités particulières. Rien de moins pour rétrécir leur champ de vision. Le metteur en scène se souvient également que le récit est composé d’une multitude de récits personnels qui se percutent et se tissent en un ensemble complexe : celui d’une vérité qu’aucun n’est capable de détenir seul. Un enjeu que l’artiste dissident traduit en montant la même histoire du point de vue de chacun des protagonistes et en multipliant les perspectives et points de fuites. Tous sont observés par Hécate, la déesse des lunes maléfiques qui hantent le plateau…" voir programme du festival ici

Kirill Serebrennikov s'interroge sur le désir humain et irrépressible de liberté, sur l'art, le génie et l'autodestruction à laquelle ces tentations peuvent mener. 

 


 

mercredi 6 avril 2022

Festival In Avignon : 76 ème édition annonce du programme



Olivier Py dont c'est la dernière année en tant que directeur du festival à présenté le programme du Festival In composé d'oeuvres et d'artistes venus du monde entier, avec des spectacles en langue originale surtitré. Une  lettre d'information du mois d'Avril 2022 nous en donne le détail. L'année prochaine, Tiago Rodriguez prendra la relève.

Dans cette lettre, on annonce 18 spectacles et 1 exposition mais j'en ai vu plus dans la présentation d'Olivier Py publiée  par le Monde.

  • Le Moine Noir de Kirill Serebrennikov
  • First but not Last Time in America de Kubra Khademi
  • ONE SONG de Miet Warlop
  • Lady Magma de Oona Doherty
  • MILK de Bashar Murkus
  • Via Injabulo de la compagnie Via Katlehong avec Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira
  • Et la terre se transmet comme la langue de Franck Tortiller et Elias Sanbar
  • Solitaire de Sofia Adrian Jupither
  • Le projet Shaeirat avec Henri jules Julien et les quatre poétesses Carole Sansour, Asmaa Azaizeh, Soukaina Habiballah et Rasha Omran
  • La Tempesta de Alessandro Serra
  • Flesh de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola
  • Le Sacrifice de Dada Masilo
  • Le Septième Jour de Meng Jinghui
  • Futur proche de Jan Martens
  • Una imagen interior de El Conde de Torrefiel
  • Jogging de Hanane Hajj Ali
  • Du temps où ma mère racontait de Ali Chahrour
  • The Line is a Curve de Kae Tempest
 

 
Je ne sais pas encore grand chose de tous ces spectacles si ce n'est ce que j'ai lu dans un article du Monde  :
" C’est le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov qui aura les honneurs du spectacle d’ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des papes – un choix décidé bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il y offrira sa vision puissante du Moine noir, adaptation d’une nouvelle d’Anton Tchekhov, qu’il a pu créer début mars au Théâtre Thalia de Hambourg (Allemagne)."
 
 Pourquoi tient-on à nous faire savoir que le choix a été fait avant la guerre en Ukraine ? Parce que sinon, les metteurs en scène russes n'auraient plus droit de cité en France ? Et pourquoi pas nous interdire aussi  de lire les livres des auteurs russes ? Pourquoi ne pas faire un autodafé de toute la culture russe  ?  S'attaquer à la culture d'un pays, c'est s'attaquer à ce qu'il y a de meilleur dans ce pays !
 

 
Il y aura deux Shakespeare dans ce festival !  Je m'en réjouis à l'avance mais avant de crier victoire il faudra voir comment les metteurs en scène vont monter ses pièces. 
Quand je vois cette annonce : La tempête d'Alessandro Serra  sans que William Shakespeare soit cité, cela me fait peur  ! Bien sûr, cela ne met pas en cause le metteur en scène Alessandro Serra  (metteur en scène  italien) qui n'y est pour rien mais plutôt ceux qui ont rédigé l'article et l'ont publiée ainsi   : La tempête d'Alessandro Serra !  Comme si La Tempête était du metteur en scène  !
 
Or c'est parfois ce que croient trop de metteurs en scène mégalomanes. Et j'en ai marre d'eux, de ceux qui se croient l'auteur des pièces et ne respectent pas l'auteur ! Le metteur en scène n'est pas, ne sera jamais l'auteur de la pièce ou alors il en écrit une, à lui, s'il en est capable ! Par contre, il doit, bien sûr en présenter sa lecture personnelle et Alessandro Serra interprètera le texte comme une critique du colonialisme nous dit-on.  Ce qui me paraît intéressant, à priori ! J'espère qu'il saura aussi en conserver la poésie de la langue et le côté onirique de la pièce proche de la nature, avec l'intervention des éléments que Prospéro, croit pouvoir dominer.

Le roi Richard II

Et Christophe Rauck, le directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, présentera Richard II de WILLIAM SHAKESPEARE avec Micha Lescot dans le rôle-titre Je ne connais pas les mises en scène de Christophe Rauck mais je vois qu'il aime Jean-Pierre Vincent (vu de ce dernier un Dom Juan inoubliable à la maison de la culture de  Reims) et Patrice Chéreau. Alors, il y a de l'espoir ! Ce qui est bien avec Olivier Py, c'est qu'il a tenu, pendant tout son mandat, à faire venir à Avignon des metteurs en scène des grandes théâtres français, ce qui n'a pas toujours été le cas. Par contre les auteurs classiques français sont très peu à l'honneur au festival d'Avignon.

 Les thématiques féminines et les artistes femmes seront nombreux. Le Moyen-Orient et l'Afrique seront aussi à l'honneur.
Olivier Py présentera un spectacle de 10 heures intitulé :  Ma jeunesse exaltée 
 
" Portrait d’une jeunesse indomptable dont Arlequin est le personnage central. Vingt-sept ans après La Servante, Olivier Py convoque des compagnons de toujours et une nouvelle génération d’interprètes pour une épopée de 10h oscillant entre manifeste, célébration et pèlerinage."
 
et Simon Falguières signera un marathon de 13 Heures :  Le Nid de cendre.
 
 "Avec son Nid de Cendres, Simon Falguières nous entraîne dans non pas un, mais dans deux mondes vertigineux. Dans deux contes épiques qui avancent en parallèle pour finir par s’entrelacer. Et les histoires, et le théâtre vécurent heureux et eurent de nombreuses autres histoires." Voir suite Ici

 Exposition de Christophe Raynaud de Lage
L'oeil présent, photographier le festival d'Avignon 
Au risque de l'instant suspendu
 
"Plongée sensorielle dans la mémoire récente du Festival d’Avignon, l’exposition-déambulation fait renaître dix-sept ans d’émotions collectives.
Photographe officiel du Festival d’Avignon depuis 2005, il y poursuit avec constance une quête de la captation de l’instant fugace, du jeu des ombres et de l’indicible émotion.
"

Une belle affiche pour ce 76 ième festival !
 
 
 

mardi 14 septembre 2021

David Lescot : J'ai trop d'amis

J'ai trop d'amis de David lescot

Parmi les pièces auxquelles j’ai assisté au mois de juillet 2021 au festival d’Avignon, il y en une que j’aurais vraiment aimé voir avec ma petite-fille parce qu’elle entrait en sixième cette année … (Oui, maintenant, c’est fait ! au mois de septembre ! ). Mais comme elle était déjà repartie vers d’autres lieux de vacances, j’ai vu J’ai trop d’amis de David Lescot seule et c’est dommage.
 

Oui, c’est bien dommage car il s’agit d’une pièce très réussie, à la fois hilarante et pleine de finesse, qui analyse avec justesse et précision les sentiments et les réactions d’un jeune élève à son entrée en sixième.
Et ce qui est intéressant dans cette pièce, c’est que les enfants se reconnaissent et adhèrent à l’histoire, et les adultes en font tout autant et cela à double titre : Qui ne se souvient, en effet, de sa propre entrée en sixième comme un rite initiatoire que l’on vit plus ou moins bien mais dont le souvenir attendri -parce que lointain- nous revient en mémoire ? De plus, en tant que parents et grands-parents (dans mon cas) comment ne pas se sentir concernés ?
Les situations sont saisies sur le vif  : L’appel interminable dans la cour du collège où tous les copains et copines de l’année dernière sont envoyés dans d’autres classes et où l’enfant se retrouve seul(e) dans une autre. C’est ce qui est arrivé à ma petite-fille mais heureusement, depuis, elle s’est déjà fait beaucoup d’amis comme le jeune garçon de la pièce !
La pièce est interprétée par des comédiennes dans le rôle des garçons aussi bien que des filles. Elles sont très crédibles, plus vraies que nature, et tellement amusantes et touchantes en jeunes ados paumés ou frimeurs, souvent fragiles et désarmants, selon le cas. Il faut accorder une mention spéciale au personnage de l’inénarrable et désopilante petite soeur qui, elle, entre en maternelle, paraît déjà tout savoir de la vie et n’a pas la langue dans sa poche !
Un spectacle plein d’humour et de fraîcheur qu’il est bon de voir en famille ! A ne pas rater s’il passe à côté de chez vous !

PS : Dès le premier cours de français, le professeur de ma petite-fille a donné à ses élèves, un extrait de  la pièce de théâtre J’ai peur. Or J’ai trop d’amis est la suite de J’ai peur qui explore les sentiments du jeune héros à la fin du CM2. Les deux pièces ont été données au théâtre de la Manufacture, à Avignon, l’une en juillet 2018, l’autre en 2021.

Critiques Presse
« Avec “J’ai trop d’amis”, le metteur en scène livre un spectacle pour petits et grands, drôle et terrible à la fois qui ravive les mémoires d’un élève de 6ème, et questionne subtilement sur la notion de popularité. Jubilatoire.
 Visible par les adultes comme par les enfants à partir de 8 ans, ce spectacle à l’intelligence subtile, drôle et terrible à la fois, ravive les mémoires comme il conjure le présent, faisant s’épouser et communier avec une infinie délicatesse l’hier et l’aujourd’hui, les parents et leurs collégiens dans ce temps si joliment retrouvé pour chacun. » Télérama / juillet 2020



"Avec un humour corrosif, trois comédiennes talentueuses et une boîte en bois modulable pour seule scénographie, David Lescot décrit avec acuité la vie des préados.". Le Point / Juillet 2020
 

Théâtre la Manufacture
Auteur : David Lescot
Interprètes / Intervenants

    •    Metteur en scène : David Lescot
    •    Interprète(s) : Charlotte Corman, Théodora Marcadé, Elise Marie, Caroline Menon Bertheu, Camille Roy, Marion Verstraeten

Compagnie Du Kaïros2-1039095
David Lescot est artiste associé au Théâtre de la Ville, à Paris et au Théâtre de Villefranche-sur-Saône. Ses textes sont édités chez Actes Sud Papiers, 
Coproduction Théâtre de la Ville – Paris, Compagnie du Kaïros. La Compagnie du Kaïros est soutenue par le Ministère de la Culture - DRAC Ile-de-France

 



vendredi 13 août 2021

Shakespeare : La nuit des rois/ Molière : Les femmes savantes/ Goldoni : Il Campiello

Voici quelques-unes des pièces que j'ai vues avec ma petite fille (11 ans) Apolline

La nuit des rois de Shakespeare

Orsino aime Olivia qui aime Viola, qui aime Orsino. Toute la force de cette comédie réside dans ce triangle amoureux. Mais beaucoup d’autres personnages surgissent dans cette nuit endiablée, faite de musique, de magie, et de rêves.
C’est au total plus d’une quinzaine de personnages interprétés par six comédiens, qui prennent vie sous vos yeux dans une adaptation audacieuse de ce classique intemporel… 

L'avis d'Apolline
J’ai adoré cette pièce car je l’ai trouvé qu’il y avait plein d’humour. Il y a des situations amusantes comme lorsque Malvolio arrive avec des jarretelles jaunes.  J’ai aimé l’histoire d’amour entre Olivia et Sébastien mais pas entre Viola et le duc Orsino parce que le comédien qui interprétait le rôle était bien dans les rôles comiques mais pas dans les romantiques.
 Les personnages sont attachants surtout Olivia et Festé, le fou car ils jouaient tous les deux très bien.
Les costumes étaient modernes mais cela ne m’a pas dérangée.
Il y avait six comédiens mais certains jouaient plusieurs rôles différents. Et on voyait qu’ils aimaient ce qu’ils jouaient. Les lumières étaient belles.
( Le seul petit problème qui n’a aucun rapport avec la pièce est que les sièges de la salle n’étaient pas confortables)
Mais sinon, tout était super !!!
   

L'avis de sa grand-mère

 Je le dis tout net, je n’ai pas aimé  La nuit des rois par la Compagnie Les Lendemains d’Hier  tant ils me paraissent appauvrir la pièce de Shakespeare en n'en présentant que le côté burlesque sans chercher à en rendre la poésie, à présenter le mystère de l'amour, le jeu sur le travesti et le changement de genre, le trouble lié aux tentations de l'homosexualité, bref ! tous les thèmes de la pièce ! D’autre part, résumer la pièce au lieu d’en donner une représentation complète est extrêmement réducteur et sacrifie la beauté du texte ! On ne résume pas Shakespeare, non ! Mais évidemment c’est l’avis de quelqu’un qui a déjà vu la pièce plusieurs fois, interprétée par de grands acteurs et des metteurs en scène qui avaient à la fois le talent et les moyens matériels et financiers de la monter. La nuit des Rois d’Ariane Mnouchkine à la cour d’Honneur pour ne citer que cette représentation mais bien d'autres encore.  
Cependant, je dirai que cette compagnie a le mérite d’initier le jeune public à cette pièce et ma petite-fille a beaucoup aimé. Tant mieux mais je souhaite pouvoir un jour lui montrer une représentation qui montrera toutes les facettes et les richesses de la pièce, tout en jouant sur l’aspect poétique et romantique des émois amoureux. Pour moi, je suis restée sur ma faim.

La nuit des rois Shakespeare à La Conditions des soies 

Compagnie Les Lendemains d’Hier 
Coréalisation L’Anthéadora
 
De William Shakespeare
Mise en scène Benoît Facerias
Avec Grégory Baud, Pierre Boulben, Nolwen Cosmao, Benoît Facerias, Céline Laugier, Arnaud Raboutet, Joséphine Thoby  

 


Les femmes savantes de Molière

Le bel équilibre de la famille de Chrysale et Philaminte vole en éclat sous l'influence d'un homme, Trissotin, poète prétentieux et pédant qui va se révéler n'être en fait qu'un coureur de dot, mu par l'intérêt. Philaminte, Bélise (sa belle soeur) et Armande(sa fille), nos trois savantes, avides de savoir et de reconnaissance, se laissent berner par cet intrigant. La famille se scinde en deux camps et dans cette guerre de pouvoir Philaminte pour couper court à tous pugilats veut marier sa fille Henriette à l'imposteur, alors qu'elle est éprise de Clitandre ancien prétendant de sa sœur Armande.L'intrigue est nouée ! La raison reviendra t-elle dans la maisonnée? La supercherie sera t-elle démasquée?
Une comédie de caractères avec amour, désespoir, exaltation et folie.

L'avis d'Apolline

J’ai adoré cette pièce avec les costumes du 17ème siècle, les chants italiens, la danse.. Ensuite, l’histoire n’est pas facile à comprendre mais avec cette troupe de théâtre, ils ont su faire en sorte que même un jeune public comprenne. Je tiens à souligner un personnage qui se singularise entre tous, c’était la servante de la maison des femmes savantes. Elle était drôle, et incarnait vraiment bien son rôle. J’ai bien aimé Henriette qui avait raison de vouloir se marier. Philaminte, la mère, était aussi bien joué mais  je ne l’aimais pas parce qu’elle voulait obliger sa fille à se marier avec Trisottin.
J’ai vu cette pièce à la cour du Barouf où les comédiens sont formés à la commedia d’ell’Arte..
 
BRAVO !!!!!

 

 

 Il campiello de Carlo Goldoni

IL CAMPIELLO de Carlo Goldoni fait partie des chefs d'oeuvre rédigés par le grand dramaturge Vénitien. L'action se déroule dans une petite place (il Campiello) qui représente le cœur battant de la ville de Venise où les histoires des riverains se croisent avec celles des visiteurs étrangers dans un tourbillon d'actions et d'événements hauts en couleurs. Danses, chants, pantomimes, et lazzis font la part belle à cette oeuvre majeure du Théâtre Populaire Européen. Pour tout public et pour le plus grand plaisir de tous les publics !!!

L'avis d'Apolline

J’ai beaucoup aimé cette pièce car les costumes étaient très bien, les maquillages réalistes et les personnages amusants. Le décor qui ressemblait vraiment à une petite place de Venise était magnifique!
Quelques comédiens/comédiennes qui jouaient dans ‘Les femmes savantes’ étaient aussi dans cette pièce car ce spectacle se jouait aussi dans la cour du Barouf. C’était un vrai moment de plaisir.
J’ai ri tout le long du spectacle et ma grand-mère (Claudia Lucia) aussi.
BRAVO À EUX !!!

L'avis de sa grand mère

Les comédiens de la cour du Barouf sont de jeunes élèves franco-italiens en troisième année de l'Académie des Arts du spectacle de Versailles. Ils sont jeunes, fougueux, pleins d'énergie et mêlent chants, musique et danses dans le style de la Commedia dell' Arte sous la houlette du metteur en scène Carlo Boso. Les deux spectacles Il Campiello et Les femmes savantes donnent lieu à d'agréables moments de théâtre, pleins de bonne humeur, et dans le respect du texte et de l'auteur. C'est là que je me suis aperçue que Les femmes savantes (en vers) ne sont pas un spectacle facile pour les enfants au niveau de la langue et du contexte historique.

 

 Logo d'Apolline


mardi 10 août 2021

Festival d'Avignon OFF 2021 : bilan partiel du festival (1)

 Voici, en vrac quelques unes des pièces du festival d'Avgnon 2021. Il y en aura d'autres et j'espère aussi pouvoir vous présenter quelques spectacles vus avec ma petite-fille

La Grande musique de Stéphane Guérin

Présentation

D’un bal de mariage à un studio de télévision, de Munich à Mauthausen, six personnages vont essayer de décrypter les secrets de leur drame familial via la psychogénéalogie.

 Entre le présent et le passé, entre l’Autriche et la France, Marcel, Nelly, Georges, Esther, Pierre et Hervé tentent de réunir les pièces éparses d’un même puzzle.

 Et si les traumatismes vécus par nos parents, nos grands-parents, voire nos arrières grands-parents laissaient une trace sur leur descendance ? Le corps a une mémoire dont on n'a pas toujours conscience.


Mon avis : Le thème :  les traumatismes liés à l'histoire familiale et aux non-dits, aux secrets familiaux. Dans cette pièce, Stéphane Guérin, inscrit le récit et les faits dans l'histoire de l'holocauste. Sans le savoir, nous subissons ces blessures qui - comme la mariée de la pièce-  empêchent de vivre normalement, le cerveau portant inconsciemment le souvenir de l'horreur qu'ont vécu nos ancêtres. Une pièce bien interprétée et au sujet intéressant.

Voir Eimelle ICI

La Grande musique 19H15 durée 1h10  Théâtre Buffon

Auteur :  Stéphane Guérin 

  Metteuse en scène : Salomé Villiers
  Interprète(s) : Hélène Degy, Raphaëline Goupilleau, Pierre Hélie, Brice Hillairet, Étienne  Launay, Bernard Malaka
  Collaborateur artistique : Frédéric de Brabant
  Assistant mise en scène : Pablo Haziza
  Musique originale : Raphaël Sanchez
  Scénographie : Georges Vauraz
  Lumière : Denis Koransky
  Régie : Mathilde Monier
Cie PrismoL-D-21-1126

Dorothy de Zabou Breitman 

 

 C’est l’histoire d’une femme, Dorothy Parker. 
C’était il y a longtemps. C’est maintenant. 
Les histoires d’une femme américaine.
 L’histoire des femmes américaines au temps de la prohibition, qui est aussi, incroyablement, le temps de leur accès au vote. 
L’histoire d’une résistante, d’une autrice, romancière, critique de théâtre, scénariste, grande plume du fameux New Yorker. Dorothy doute, elle boit, elle se débat, elle s’ennuie à mourir, elle est, quelle que soit son histoire, effroyablement seule. 
Elle est poétique et dramatique. 
Et de là vient le rire. Et de là viennent les larmes. 

Zabou Breitman fait revivre cette femme hors du commun en s’appuyant sur cinq de ses plus fortes nouvelles.

Mon avis : Zabou Breitman toujours aussi belle et parfaite. L'écrivaine et critique de théâtre dont elle nous parle, Dorothy Parker, a la dent dure et l'humour vache : jugez en par vous-mêmes  : « Il y a au moins une chose qu’on ne peut pas retirer à l’épidémie de grippe espagnole - elle a fourni à certains directeurs de théâtre une très bonne excuse.
 Dès qu’ils voient qu’une pièce ne marche pas, ils cachent leur coeur saignant derrière un visage noble et ils annoncent que la pièce s’arrête, en raison de la pandémie.
 Si vous faites partie de ceux qui veulent toujours voir le bien partout, (ou le verre à moitié plein) gardez en tête que la grippe espagnole a fourni une fin honorable à de nombreuses pièces de théâtre ».
 Humour noir aussi comme en témoigne l'épitaphe qu'elle souhaitait faire inscrire sur son urne : "Excusez-moi pour la poussière !";

J'ai bien aimé le récit vivant et plein d'humour de Zabou sur les tribulations de l'urne contenant les cendres de cette écrivaine, oubliée pendant tant d'années au fond d'un placard. Mais, par contre, bien souvent, j'ai trouvé les textes de Dorothy Parker longs et répétitifs, et c'est pourquoi certains ne m'ont pas touchée comme celui de la femme qui attend vainement un coup de téléphone d'un amoureux qui ne veut plus d'elle.


Auteurs : Zabou Breitman, d'après Dorothy Parker
    •    Metteuse en scène : Zabou Breitman
    •    Interprète(s) : Zabou Breitman
    •    Lumières : Stéphanie Daniel
    •    Costumes : Zabou Breitman Bruno Fatalot
    •    Accessoires : Amina Rézig
    •    Son : Yoann Blanchard
    •    Regard extérieur : Antonin Chalon

Cabotine - Compagnie Zabou BreitmanL-R-20-11716


 To be or not to be Avignon de Stephan Caso 


Présentation
Avignon se raconte à travers 20 personnages : 2000 ans d’une autobiographie féroce, mordante et provocatrice... Mais ce récit trouble, violent, grotesque et chaotique, qui s’arrange de la vérité, est-ce l’histoire d’une ville ou bien un miroir qui nous est tendu? Qui se cache derrière ces masques, avec ses lâchetés, ses trous de mémoire, ses grandeurs et ses misères? Qui se cache en pleine lumière sur la scène?

Paris-Match Suisse - "Beauté et précision du texte : c’est féroce, envoûtant et drôle!"
RegArts - "Une fresque fort bien écrite! Bravo à Stephan Caso, comédien remarquable et inventif!" 
Les Trois Coups - "Une désopilante autobiographie de la Cité des Papes racontée par elle-même... qui sait atteindre à l'universel, au poignant."

Mon avis : un survol de la cité des Papes avec un Stéphan Caso qui campe à lui tout seul tous les grands personnages qui ont fait l'Histoire d'Avignon, de l'antiquité jusqu'au la création du Festival.  Des moments graves comme ceux où sont rappelées la collaboration avec le régime nazi et la déportation des enfants juifs. D'autres, au contraire, franchement amusants. Mention spéciale pour César (l'empereur!)qui nous parle avec la voix de Jean-Pierre Marielle ou pour les festivaliers qui hantent la ville en Juillet, plus vrais que nature !

14 h To be or not to be Avignon  Chêne noir durée 1H15
Auteur
Stephan Caso
Metteur en scène : Christophe Barbie

 Interprète(s) : Stephan Caso
 Lumières : Florian Derval

Théâtre du Chêne Noir

 Le portrait de Dorian Gray Wilde/ T. Le Douarec



Présentation :

Plus de 100 000 spectateurs, 4 ans de succès à Paris: ils reviennent pour leur 5 ème festival avec l'adaptation de l'unique roman de Wilde.

 Par la magie d'un voeu, Dorian conserve la beauté de sa jeunesse. Seul son portrait vieillira et sera marqué par ses péchés. Le jeune Dandy s'adonne alors à toutes les expériences. Il nous entraîne dans une quête de plaisirs et de beauté sous toutes ses formes.


TÉLÉRAMA TT : Très réussi.
FIG MAG : Excellent!
MARIANNE : À ne pas rater.
LE MASQUE ET LA PLUME : Il faut y aller!
ELLE : Haletant ! 
FIGARO : Brillant !
CHOIX DE L'OBS : **** Remarquable ! 
PARISCOPE : Envoûtant ! 
VALEURS ACTUELLES : *****Passionnant ! 
FIGAROSCOPE : ***** la salle est suspendue !

19H45 Le portrait de Dorian Gray Les Lucioles durée 1H40
Auteurs
Thomas Le Douarec, D'après Oscar WILDE
Interprètes / Intervenants
    •    Metteur en scène : Le Douarec
    •    Interprète(s) : Mickael Winum, Fabrice Scott, T. Le Douarec, Caroline Devismes
    •    Lumières : Stéphane Balny
    •    Musiques : Medhi Bourayou

Cie Le DouarecL-R-20-6300

Mon avis  : Une bonne adaptation de la pièce d'Oscar Wilde, de bons interprètes.

Vivaldi, l’âge d’or

 

Après le succès de "Vivaldi-Piazzolla", Marianne Piketty et le Concert Idéal reviennent à Avignon avec leur nouvelle création "Vivaldi, l’âge d’or".
À l’âge d’or de la musique italienne, durant l’ère baroque des XVII et XVIIIème siècles, Venise brille de mille feux.
Des fièvres virtuoses de Vivaldi et d’Albinoni à la solennité de Ziani, des affects de Barbara Strozzi aux danses de Turini, Marianne Piketty et Le Concert Idéal, huit musiciens mis en mouvement et en lumière célèbrent l'Ecole Vénitienne avec des œuvres rares, pour certaines inédites de Vivaldi et dévoilent la mosaïque sonore et le foisonnement artistique de la cité italienne

Mon avis : Une heure de bonheur avec ce concert qui permet de réécouter mais aussi de découvrir les compositeurs de la cité vénitienne, beauté de la musique et des jeux de lumière, virtuosité des musiciens :  violons, alto, violoncelle, contrebasse, théorbe. Les interprètes, tout en jouant, évoluent sur scène dans une chorégaphie pleine de grâce.

11h 45 Vivaldi, l’âge d’or Girasole durée 1H05  Le Girasole

Antonio Vivaldi, Tomaso Albinoni, Claudio Monteverdi, Barbara Strozzi, Domenico Gallo, Marc'Antonio Ziani, Francesco Turini

  • Interprète(s) : Marianne Piketty, Le Concert Idéal
  • Mise en espace et en mouvement : Olivier Fourés
  • Création lumière : Thomas Jacquemart
  • Robes : Nathalie Chaize
Le Concert IdéalL-R-21-1390

Coréalisation : Le Théâtre du Girasole

Jupe courte et conséquences de Hervé Devolder 

 

Un homme, assis sur un banc, lit son journal. Une femme passe. Il la regarde. Exaspérée, elle le remet violemment à sa place.
Mais les choses ne vont pas s’arrêter à un incident aussi tristement banal. Car l’un comme l’autre entendent bien profiter de cette rencontre imprévue pour défendre les valeurs qui l’animent. Aussi compliqué cela soit -il !

Mon avis : Une dispute entre un homme et une femme dont c'est la première rencontre. Dans la première partie, féminisme agressif de la femme, puis retournement de la situation quand l'homme contre-attaque. Est-ce un prélude à une histoire d'amour ? Mais l'amour peut-il résister à l'usure quotidienne d'une vie commune ? Faut-il s'y risquer ? De l'humour et de bons interprètes !

13H05 Jupe courte et conséquences  Théâtre les Trois Soleils
Auteur
Hervé Devolder
 Interprète(s) : Carole Deffit, Hervé Devolder
Scène et PublicL-R-21-469
Coproduction : Label équipe

 Les fables de La Fontaine de Isabelle Aboulker


Présentation
La Compagnie In-Sense vous invite dans son cabinet de curiosités dont la collection hétéroclite sert d'écrin aux Fables mises en musique par Isabelle Aboulker. 
Dans cet espace rempli de surprises et source de rêverie, les interprètes donnent voix au célèbre fabuliste ainsi qu'à ses personnages hauts en couleur.
 Grâce à la musique ciselée de ces opéras miniatures, petits et grands (re)découvriront les textes de La Fontaine, divertissants et profonds, dont le propos acéré trouve écho en chacun de nous.

 Télérama TT : "À savourer en famille !" 

Mon avis :  Ecouter les fables bien connues de La Fontaine non pas dites mais chantées, chacune comme un petit opéra, sous forme d'échanges entre la mezzo-soprano Marie Blanc et le baryton Philippe Scagni. De petits accessoires, des éléments de coiffure, de vêtements, cols en fourrure, chapeaux, permettent de faire apparaître les différents personnages, animaux ou êtres humains.

14H Les fables de La Fontaine Les lucioles durée 1H05
Auteurs
Jean De La Fontaine, Isabelle Aboulker

Interprètes / Intervenants

    •    Mise en scène : Léna Rondé
    •    Mezzo-soprano : Marie Blanc
    •    Baryton : Philippe Scagni
    •    Piano : Ernestine Bluteau
    •    Violoncelle : Marina Nguyen The
    •    Clarinette : Maïté Atasay
    •    Lumières : Agathe Patonnier
    •    Costumes : Madeleine Lhopitallier
    •    Collaborateur artistique : David Tholander

Compagnie In-Sense2-1056950
Coproduction : Opéra de Massy
La Cie In-Sense crée des spectacles d’opéra et de musique classique. Soutiens : Opéra de Massy, Spedidam, Sacem, Théâtre de Talange, Arcal Lyrique.



samedi 7 août 2021

Lisa Guez : Les femmes de Barbe Bleue au festival d'Avignon 2021

Les femmes de Barbe-Bleue crédit photo Morgane de Moal

 Les femmes de Barbe-Bleue de Lisa Guez

Présentation : Lisa Guez prend le conte La Barbe-Bleue à revers pour donner la parole à ses femmes. Chacune, tour à tour, confuse face à l'injonction contradictoire de son mari « je te donne et t'interdis », n'a d'autre choix que d'ouvrir la porte close et de vivre sa liberté jusqu'à ce que mort s'en suive. Qu'y a-t-il derrière ces portes que nous n'osons pas ouvrir ? Quels étranges désirs, dénis ou conditionnements, poussent certaines dans les bras d'un prédateur ? Sur scène, pleines de désir et de vie, les fantômes des femmes de Barbe Bleue nous racontent comment elles ont été séduites, comment elles ont été piégées, comment elles n’ont pas su s’enfuir... Ensemble, avec humour et détermination, elles s'entraident et se soutiennent pour trouver des espaces de résistances, vaincre la peur de leur Barbe Bleue, ce mal qui se cache en chaque femme et la dévore à coups d’impératifs. Cette création collective explore les mystères et les parts obscures du conte de Perrault et révèle les rapports de domination dans notre société.

"Lisa Guez précise avoir fondé sa dramaturgie sur l’ouvrage du livre de Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups, qui analyse les mécanismes d’auto-conditionnement. Lauréat du prix du jury et du prix des lycéens Impatience 2019, Les Femmes de Barbe Bleue s’attache à révéler ce qui se trame sous les évidences. Rappelons qu’en 2019, 146 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint en France. Signalons que Lisa Guez poursuivra sa recherche sur les phénomènes d’emprise avec sa prochaine création, Celui qui s’en alla connaître la peur, qui à l’inverse des Femmes de Barbe Bleue, sera conçue autour de la figure du manipulateur. « Qu’est-ce qui l’anime ? D’où vient le vide de son cœur ? Comment est-il lui-même esclave de toutes les projections qu’il suscite ? ». Des questions fondamentales…" La Terrasse Agnès Santi

Mon avis : Une pièce intéressante qui analyse le phénomène de soumission de la femme envers son prédateur, fondé sur le désir, l'amour, voire l'admiration, mais aussi sur le sentiment de dévalorisation, la solitude, la peur, la paralysie de la volonté. Les comédiennes sont toutes excellentes, les jeux de lumière renforcent l'atmosphère glauque de la scène. Un bon spectacle !

Sur le moment, j'en suis sortie avec un manque car j'aurais voulu aussi voir les difficultés de ces femmes quand elles se révoltent et cherchent à s'en sortir, l'incompréhension qu'elles rencontrent, les failles criminelles du système judiciaire et policier à leur égard. J'aurais voulu aussi voir du côté de l'homme, du bourreau ! Mais évidemment c'est un regret stérile puisque ce n'était pas le sujet ! 

Cependant j'apprends en lisant La Terrasse que Lisa Guez poursuit ses recherches du point de vue du manipulateur avec Celui qui s’en alla connaître la peur. Joli titre ! Et pourquoi pas une trilogie avec une troisième pièce sur le difficile parcours des femmes lorsqu'elles veulent briser leurs chaînes et leur rencontre avec la mort à cause de l'impéritie des pouvoirs publics ?

Les femmes de Barbe-Bleue  Les Carmes 19H30 durée 1H25
Auteur : Lisa Guez   

Texte, adaptation Lisa Guez, Valentine Krasnocho
Distribution
Avec Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Nelly Latour, Jordane Soudre 

Mise en scène Lisa Guez 
Dramaturgie Valentine Krasnochok 


Musique Louis-Marie Hippolyte, Antoine Wilson

 
Lumière Sarah Doukhan, Lila Meynard
Production Juste avant la Compagnie 
Avec l'aide du Lavoir Moderne Parisien, Centquatre-Paris, ACB Scène nationale (Bar-le-Duc), La Verrière (Lille)

Lire la critique d'Eimelle ICI

vendredi 6 août 2021

Philippe Froget : Aime comme Marquise

  

 Aime comme Marquise de Philippe Froget

Marquise-Thérèse Gorla

Paris, 1668. Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. Marquise se prépare à jouer Andromaque de Racine, lorsque le Lieutenant Général de la police entre dans sa loge pour l’interroger, sur ordre du Roi. Dès lors, cette enquête nous dévoile l’extraordinaire parcours de cette fille du peuple qui a fasciné les hommes les plus illustres de son temps, de Molière à D’Artagnan en passant par Corneille, Racine; Un texte hybride, en vers et en prose, nous entraînant de Pézenas à Rouen, puis du Louvre au Château de Vaux-Le-Vicomte. L'incroyable destin de Thérèse du Parc, dite Marquise, comédienne de la troupe de Molière
 : « J’avais envie d’écrire sur les petites gens aux grands destins. Un texte en alexandrins, pour leur musique,
 leur rythme lancinant, leur noblesse. Raconter la vie de Marquise, c’était réunir ces éléments à travers le vrai destin d’une jeune femme sidérante » 

J'aime bien Marquise du Parc. C'est un personnage que j'ai souvent rencontré dans mes études sur le théâtre du XVII siècle, Molière, bien sûr, mais aussi Corneille et son amour de vieillard pour la belle comédienne, le poème qu'il écrit pour elle : "Marquise si mon visage a quelques traits un peu vieux...". Donc, c'est avec plaisir que je suis allée la rencontrer à L'espace Roseau, dans cette pièce Aime comme Marquise de Philippe Froget. 

Marquise est interprétée par deux comédiennes, l'une (Chloé Froget qui est aussi metteur en scène de la pièce) interprète la jeune Thérèse de Gorla, fille du peuple. Elle  va commencer sa carrière dans la troupe de Molière grâce à Gros René ( René Berthelot du Parc) comédien spécialisé dans le rôle de valet. Celui-ci deviendra son mari et lui donne son surnom. L'autre (Aurélie Noblesse), plus âgée et désormais célèbre, s'apprête à créer le rôle d'Andromaque. Elle raconte sa vie au Lieutenant-Général de police venu lui demander, au nom du roi, si c'est Corneille qui écrit les pièces de Molière. Bien entendu, nous n'aurons pas la réponse à cette question (que je déteste!*) et qui n'est pas ce qui a de plus intéressant dans la pièce. J'ai aimé voir vivre Marquise par l'intermédiaire de ces deux bonnes comédiennes et d'une mise en scène enlevée. Un agréable moment de théâtre !

* Comme pour Shakespeare, cette question à propos de Corneille et Molière, me dérange. On la doit au poète Pierre Louys qui restera célèbre au moins pour cela ! Elle est vaine puisque l'on n'aura jamais la réponse et surtout elle n'apporte rien si ce n'est de discréditer le talent de Molière et dans quel but ? On peut se le demander ? Bien sûr, la langue des deux auteurs a obligatoirement des ressemblances lexicales et syntaxiques puisqu'elle est celle du XVII. Les thèmes sont communs, d'actualité ou à la mode, traduisant la mentalité, les codes sociaux, la sensibilité, les préoccupations de leur siècle. D'autre part, à cette époque il était courant que les auteurs s'inspirent les uns des autres. Plagiat ? Pas s'ils en faisaient une oeuvre personnelle. La Fontaine en est un bel exemple. Montaigne déjà écrivait : "Quand on joue à la paume, c'est une même balle dont  joue l'un l'autre, mais l'un la place mieux". Bien sûr aussi, les "grandes" comédies de Molière ont des accents tragiques que l'on pourrait attribuer à Corneille en admettant que Molière soit incapable d'écrire ainsi. Il faut remarquer aussi que toutes les "petites" pièces de Molière ( qu'on accepte de lui attribuer) contiennent déjà en germe tous les thèmes qu'il lui sont chers et qu'il développera plus tard quand il aura atteint sa maturité. D'ailleurs, Corneille a aussi écrit des comédies et si l'on compare les deux écrivains dans ce genre comique, ils présentent bien des différences malgré les ressemblances. Ce sont des personnalités différentes qui ont écrit L'Illusion comique ou le Dom Juan ! C'est ce que je crois ! Ceci dit, je ne prétends pas avoir raison, les plus grands savants se sont penchés sur la question et continuent à se déchirer sans pouvoir acquérir une certitude. Mais mon amour pour Molière est tel ( et pour Corneille aussi ) que  je préfère admirer ces deux grands monuments de la littérature française plutôt qu'un seul !


                                       Stances adressées à mademoiselle du Parc par Corneille, envoi de Tristan Bernard, 

                                                                                                  interprétées par Georges Brassens

Aime comme Marquise
 de Philippe Froget
 10H Espace Roseau

Mise en scène : Chloé Froget – avec la complicité de Louiza Bentoumi


Avec : Aurélie Noblesse, Xavier Girard, Christophe Charrier, Chloé Froget


Production : Compagnie Le Jeu du Hasard et Atelier Théâtre Actuel
Soutien(s) : Théâtre Nouvelle-France et Théâtre Le Mas

Voir la critique d'Eimelle


mercredi 4 août 2021

Benoît Solès : La maison du Loup La rencontre avec Jack London au festival d'Avignon 2021

 

Été 1913. Depuis sa sortie de prison, Ed Morrell se bat pour que son ami Jacob Heimer échappe à la peine de mort. Impressionnée par la détermination de cet homme dans son combat, Charmian London, l’épouse du célèbre écrivain Jack London, invite Ed dans leur ranch, La Maison du Loup, dans l’espoir que la rencontre entre les deux hommes provoquera chez Jack, en mal d’inspiration, une étincelle.
Il n’est guère étonnant que la nature insoumise d’Ed Morrell, sorte de Robin des Bois ayant purgé quinze ans dans les geôles de San Quentin et devenu, après sa libération, un activiste engagé dans la réforme du système pénitentiaire, ait attiré Jack London l’écrivain de la liberté. Benoit Solès qui s’est déjà mesuré à des figures hors du commun a eu l’excellente idée de réunir sur scène ces trois personnages d’autant que, maintes fois portées à l’écran, les œuvres et la vie de Jack London n’ont que rarement fait l’objet d’adaptations théâtrales.


En 2019, la pièce de Benoît Solès, auteur et comédien : La machine de Turing (4 Molières 2019), et du metteur en scène Tristan Petitgirard, avait obtenu un tel succès que je n’ai pu aller la voir, le spectacle étant complet jusqu’à la fin du festival !  C'est la première motivation pour que j’aille voir cette pièce La maison du loup représentée au théâtre Le Chêne Noir, cette année, où ils étaient à nouveau réunis !
 Et puis, après le challenge Jack London, ici, dans mon blog, et ma lecture de sa dernière oeuvre Le vagabond des étoiles, j’avais très envie d’assister à ce récit qui imagine la genèse du roman !
 

Benoît Solès raconte la rencontre de Jack London avec Edward Morell, repris de justice, condamné à perpétuité pour avoir cambriolé la Southern Pacific Railroad, enfermé dans la prison de Saint Quentin, Californie. Victime des sévices infligées aux réfractaires, il est gracié en 1908. Il milita ensuite à sa sortie de prison pour la réforme des pénitenciers.
Invité par Charmian, l’épouse de Jack London, Ed Morell arrive à la Maison du loup, domaine californien des London. Charmian porte à bout de bras son grand homme, accro à la morphine et qui sombre dans l’alcool, incapable d’écrire une ligne, l’imagination tarie, la volonté annihilée. Elle cherche ainsi à ranimer la flamme de l’écriture, seule survie possible pour l’écrivain. Effectivement, Jack London se remet à écrire et c’est la parution de The Star Rover en 1915, dont l’influence considérable provoqua la réforme du système judiciaire et carcéral californien, véritable chant du cygne littéraire et politique de London qui meurt en 1916.
Mise en scène par Tristan Petitgirard, La maison du loup, est un spectacle qui m’a beaucoup touchée tant on sent la souffrance de ces personnages tourmentés, Charmian qui ne peut avoir d’enfant après la mort de son bébé, Jack London, en pleine auto-destruction, en proie à ses démons. Superbement interprétés, ils nous touchent par la violence de leurs propos, leur désespoir,  par  leur courage, leur engagement pour le bien, mais aussi leurs faiblesses et leurs contradictions :  Jack London, le socialiste, et ses folies de grandeur, qui se fait construire une maison de 26 pièces avec neuf cheminées… qui parle de justice et d’égalité mais développe le culte de la volonté, légitimant ainsi la survie du plus fort.
 
A souligner la beauté des jeux de lumière et des projections sur une toile de fond qui nous transporte avec les chercheurs d’or dans les neiges du Konklide, sur l’océan déchaîné où vogue le Snark, sur la chaloupe des pêcheurs de perles, sur laquelle le jeune London s’est fait pilleur d’huîtres - musique de l’opéra de Bizet en leitmotiv - ou dans les dédales des couloirs du pénitencier, retraçant ainsi la vie de l’écrivain, son humanité torturée, et ses oeuvres majeures !
Un très beau spectacle, un coup de coeur !

 14 h 30  La maison du loup  Le chêne Noir festival 2021

Auteur
Benoit Solès
Interprètes / Intervenants
    •    Metteur en scène : Tristan Petitgirard
    •    Interprète(s) : Benoit Solès, Amaury de Crayencour, Anne Plantey
    •    Scénographie : Juliette Azzopardi
    •    Illustrations : Riff Reb's
    •    Animation : Mathias Delfau
    •    Musique : Romain Trouillet
    •    Costumes : Virginie H
    •    Lumières : Denis Schlepp
    •    Assist. m. en sc. : Léa Pheulpin
    •    Assist. scéno. : J.-B. Thibaud

Atelier Théâtre ActuelL-R-20-1927
Coproduction : Morcom Prod, Théâtre Rive Gauche, Fiva Productions, Label Cie. Coréalisation Théâtre du Chêne Noir

 

Les pêcheurs de Perles de Bizet "Je crois entendre encore" Alain Vanzo, l'opéra préféré de Jack London

Voir les billets sur le roman : Le Vagabond des étoiles 

 Lilly ICI

Marilyn ICI

Miriam ICI

Claudialucia ICI



mardi 3 août 2021

Eric-Emmanuel Schmitt : Mme Pylinska et le secret de Chopin au festival d'Avignon 2021

 

Je me remettrai vraiment à mon blog au mois de septembre mais avant de "monter" dans ma verte Lozère, j'ai décidé, puisque j'ai un peu de temps cette semaine, de parler de "mon" festival d'Avignon 2021 que je suis tellement heureuse d'avoir retrouvé après ces deux ans freinés par la pandémie.

J'ai vu une trentaine de pièces dans le OFF et dans le IN et je ne pourrai vous parler de toutes ! Juste faire un petit tour d'horizon de ce festival sous le masque, moins important que d'habitude (quant au nombre de spectacles) mais réussi pour la qualité !

Je vais commencer à écrire un billet plus particulièrement, sur la pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt, Mme Pylinska et le secret de Chopin adaptée de son roman, un auteur que vous connaissez bien, amies blogueuses (ou amis) !

 Mme Pylinska et le secret de Chopin au  Chêne Noir


"Madame Pylinska, aussi accueillante qu’un buisson de ronces, impose une méthode excentrique pour jouer du piano : se coucher sous l’instrument, faire des ronds dans l’eau, écouter le silence, faire lentement l’amour... Au fil de ses cours, de surprise en surprise, le jeune Éric apprend plus que la musique, il apprend la vie... 
Après son triomphe à Paris, Eric-Emmanuel Schmitt remonte sur les planches pour faire vivre plusieurs personnages colorés.


C’est avec la pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt que j’ai terminé avec bonheur le festival d’Avignon ce samedi 31 Juillet 2021 : Madame Pylinska et le secret de Chopin. (J'avais vu Le Chien du même auteur en 2019 ).

Eric-Emmanuel Schmitt y raconte ses leçons de piano avec une professeure de musique polonaise qui lui fit, en son temps, comprendre la musique de Chopin. Un texte beau, poétique, à mi-chemin entre émotion et humour, et une musique superbe, une re-découverte de Chopin. 
Il y a deux personnes sur scène :  le pianiste Nicolas Stavy ou Guilhem Fabre (en alternance), l’auteur qui est aussi acteur, et trois personnages si l'on ne compte pas toutes sortes de bestioles qui peuplent l'appartement de Madame Pylinska. Je ne vous en dis pas plus mais sachez qu'une araignée, des chats, une mésange y jouent un grand rôle !

Eric-E Schmitt interprète son propre rôle, tout jeune, découvrant Chopin grâce à sa tante (bien) Aimée et décidant alors de se mettre au piano pour chercher à découvrir le secret de la musique de Chopin : D’où vient l’étonnant bienfait qu’il apporte à nos âmes ? Où nous emmène-t-il ?  L'acteur est aussi madame Pylinska et, grâce son interprétation, à la mise en scène de Pascal Faber, on la voit, cette vieille dame, drapée dans ses fourrures, avec son fume-cigarettes à la main. On l’entend aussi avec son accent rocailleux qui roule les r, ses enthousiasmes et ses colères quand on ose massacrer son Chopin, le jouer sans âme, ou d’une manière trop dégoulinante de bons sentiments ou encore quand l’interprète cherche à briller par une virtuosité sans émotion, aux dépens du musicien. Ces leçons de piano pour le moins originales se déroulent devant les spectateurs ébaubis ! La musique de Chopin magnifiquement interprétée nous permet de découvrir le sens de l’enseignement de Madame Pylinska.  Car ces leçons, si elles sont musicales, apprennent aussi la vie et mieux, la qualité de la vie : lâcher prise, entrer en communion avec soi-même, avec la nature, avec l’amour, approfondir ses sensations, sentir avec son corps et pas seulement avec son cerveau, être humble et pourtant confiant…

De belles leçons poétiques et émouvantes, pleines de surprises et d’humour, un peu bizarres, farfelues parfois, et qui nous touchent par l’émotion qui s’en dégage, et qui nous font rire aussi, retrouvant ainsi la belle formule de Charlie Chaplin pour le cinéma :  le théâtre, « c’est du rire et des larmes »

 

Mme Pylinska et le secret de Chopin Théâtre du Chêne noir 17H05

Interprètes / Intervenants

    •    Metteur en scène : Pascal Faber
    •    Interprète(s) : Eric Emmanuel Schmitt, Nicolas Stavy (piano), Guilhem Fabre (piano, en alternance)
    •    Eclairagiste : Sebastien Lanoue

Théâtre Rive gauche