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jeudi 4 janvier 2018

Bilan de Mon blog : année 2017




Ma librairie Année 2017

Cette année mon blog entre dans sa dixième année, âge vénérable qu'il atteindra au mois de mai, défilement des années avec des aléas, des moments d'enthousiasme dans mes lectures et parfois de passages à vide, des baisses de régime. Entre 1500 et 2000 pages vues par jour environ, puis des avancées vertigineuses et inexplicables au niveau des lecteurs avec plus de dix mille pages vues par jour en 2016. Enfin,  après le vol de mon ordinateur  et le silence d'un mois qui a suivi, une chute tout aussi spectaculaire entre deux ou cinq cents vues par jour comme au début de mon blog. Il reprend peu à peu mais comment expliquer ces variations ?  Si vous y comprenez quelque chose, vous m'expliquez ?

Quant à mes amies blogueuses,  il y en a de nouvelles que je découvre volontiers, et toutes les autres, fidèles lectrices (parfois lecteurs), compagnes des découvertes et des partages que je remercie de venir me voir et à qui je rends visite avec plaisir. Et c'est une joie aussi quand le hasard d'un voyage permet de concrétiser ces amitiés virtuelles.

Et puisque l'heure est au bilan, voici les livres que j'ai lus cette année 2017 qui n'a pas été une bonne année littéraire pour moi. J'ai lu moins que d'habitude pour des raisons familiales mais aussi de fatigue. J'ai abandonné certains livres qui me tombaient des mains, renoncé à écrire des billets pour d'autres. Mais j'ai tout de même eu quelques vifs plaisirs de lectures et c'est cela qui est précieux. Et si j'ai aimé presque tous les livres de la liste ci-dessous, c'est à des degrés divers. En bleu, mes préférés. Ils sont classés par ordre alphabétique les PAGES à la rubrique auteurs, colonne de droite.

ROMANS



Tom Coraghessan Boyle : Les vrais durs

Henning Mankell : Le chinois

Craigh Johnson : Le cheval de discorde

Donna Leon : Un vénitien anonyme

Michel Bernard : Deux remords de Claude Monet


Meg Wolitzer : La doublure

Lars Pettersson : La loi des Sames


Claudie Gallay : Seule Venise

Elena Ferrante : L'amie prodigieuse 2 : Le nouveau nom

Maria Oruna : Le port secret

Stendhal : Le philtre, nouvelle

Elizabeth Gaskell : Mary Barton

Valentine Goby : Un paquebot dans les arbres (pas aimé)

Floyd Gray : Le style de Montaigne

Peter May : L’île des chasseurs d’oiseaux

Judith Perrignon : Victor Hugo vient de mourir

Nikolaj Frobenius : Le valet de Sade

Vilhem Moberg : La saga des émigrants Tomes I à V

Stendhal : Souvenirs d’un gentilhomme italien

Olivier Truc : Le dernier lapon

Stendhal : Nouvelle : Mina de Vanghel

Louis-Philippe Dalembert : Avant que les ombres s'effacent

Victor Hugo : Mille francs de récompense


Alan Bennett : La Reine des lectrices

Olivier Truc : Le détroit du loup

Maren Uthaug : La petite fille et le monde secret

Victor Hugo : L'intervention

Franz Olivier Giesbert : Belle d'amour (pas aimé)

Jean Genet : Les bonnes

Mikhail Boulgakov : Le roman de monsieur Molière

Anne-Cathrine Riebnitzsky : Les guerres de Lisa

Elizabeth George : Un patience d'ange

Emily Fridlund : Une histoire des loups

André Gardies et Jacques Mauduy : Je t’écris du Gévaudan, ma Lozère

Lola Lafon : Mercy Mary Patty

Karin Serres : Monde sans oiseaux

Henri Gourdin : Les Hugo

Thorkild Hansen : La mort en Arabie

André Didierjean : La madeleine et le savant ou Balade proustienne du côté de la psychologie cognitive

Arnaldur Indridason : Dans l'ombre

Ian Mc Ewan : Dans une coque de noix

Julien Gracq : Proust, Nerval, Rimbaud ... Les eaux étroites

Colson Whitehead : Underground Railroad

Victor Hugo : La forêt mouillée

Jenni Fagan : Les buveurs de lumière (parmi mes préférés de la rentrée littéraire)

Julien Gracq : Carnets du grand chemin

Hans Christian Andersen : Les contes

Thomas Vinau : Le camp des autres

Sylvain Tesson : la forêt de Sibérie

Jean-Louis Fetjaine : Les reines pourpres tome 1 et tome 2

Emmanuel Régniez : Notre château

Julien Gracq : le rivage des Syrtes (1)

Julien Gracq : Le rivage des Syrtes (2) le style de Julien Gracq (extraits)

Roy Jacobsen : Les invisibles (parmi mes préférés de la rentrée littéraire)

Tarjei Vesaas : Nuit de printemps


Jean Hegland : Dans la forêt


Victor Hugo : Han d'Islande

Elizabeth Strout : Je m'appelle Lucy Barton

Affinity K. : Mischling  (parmi mes préférés de la rentrée littéraire)

Olivier Guez : La disparition de Josef Mengele

Philippe Jaenada : La serpe

POESIE

Très belles découvertes de trois poètes nordiques, finlandais et Norvégiens, et lecture d'un deuxième recueil de Estelle Frenzy que j'ai beaucoup aimé.

Edith Södergran : Le pays qui n'est pas et Poèmes
 


Tor JonssonPour me consoler de la mort, j'ai le rêve

Gunvor Hofmo : Tout de la nuit est sans nom 


Estelle Fenzy : Mère


 

 

 

LIVRES POUR ENFANTS

 

Enfin voici la liste des livres pour enfants commentés parfois par Liam (4 ans) ou par les fiches de lecture de Léonie (7 ans) et moi-même. Je mets en bleu les livres que j'ai préférés. Voir les billets Ici  et encore Ici

Anne-Sophie Silvestre : Venise la cité des doges et la sorcière de Venise


Benjamin Lacombe : généalogie d'une sorcière 






Sophie Palovsky : Olga la petite matriocka
Hiawyn Oram Ruth Brown : La sorcière aux trois crapauds
Kochka : Le sourire de Clara
Igor Davin et Nicolas Martelle : Les Vikings/ La maison de Vikings à Borg : Iles Lofoten
Laurence Fugier : Le géant du pays des glaces
Hubert Ben Kemoun : Nico J'ai trente ans dans mon verre
Junko Shibuya : Au bureau des objets trouvés


Myriam Ouyessad, Arnaud Nebacche : Tibouli, rêve de couleurs










Louise Cohen et Toni Demuro : L’oiseau qui avait avalé une étoile
Jean-Pierre Siméon, Olivier Tallec : Ceci est un poème qui guérit les poissons



 Emily Gravett : Une fois encore !

Anna Llenas : La couleur des émotions









Bruno Heitz : Jojo sans peur
Anna Milbourne et Louie Stowell : Les mythes grecs
Anaïs Vaugelade : Le déjeuner de la petite ogresse
Stéphanie Nervesa : Jean-Pierre le poisson pané


THEATRE

 
Antigone de Sophocle mise en scène de Satoshi Miyagi : photo Télérama

J'ai rédigé des billets sur une trentaine de pièces de théâtre en particulier pendant le festival d'Avignon, pièces du répertoire classique et contemporain, adaptations d'oeuvres romanesques sur scène.

Festival d'Avignon 2017

VOYAGES

Masque du carnaval de Venise
Venise au temps du carnaval

Iles Lofoten

Norvège voyage 2017 au-delà du cercle polaire


MUSEES, EXPOSITIONS

Nia Diedla photographe : exposition Bordeaux


Art 2017
Fondation Lambert, musée d'art contemporain d'Avignon John Goba (Sierra Leone) sculpture de bois avec des épines de porc épic collection Agnès B.
John Goba : sculpture de bois avec des épines de porc épic Exposition Avignon


Peintres 2017

Kaare Espolin Johnson : musée des îles Lofoten

lundi 1 janvier 2018

Bonne année 2018 : Chenonceau, le château des Dames

Château de Chenonceau © Gillard et Vincent (source)         


 
 
 
Tous mes meilleurs voeux pour l'année 2018 ! Noël a été placé sous le signe des châteaux de la Loire pour moi ! Aussi c'est avec cette magnifique image du château de Chenonceau que je vous souhaite bonheur, santé, voyages, lectures et de beaux partages dans vos blogs.
Et maintenant, je vous amène en promenade pour bien commencer l'année au château de Chenonceau, le Château des Dames.


Le château de Chenonceau
Le château de Chenonceau

Le château des Dames




Le Château des Dames a été bâti en 1513 par Katherine Briçonnet sur l'emplacement d'un ancien moulin.

Vestibule de Katherine de Briçonnet et les tapisseries d'Audenarde (XVII siècle)
 
 
Il a été offert par Henri II en 1457 à sa favorite Diane de Poitiers  qui a créé les fameux jardins du château et le pont sur le Cher.
 
 
Chambre de Diane de Poitiers
 
 
A la mort de Henri II, sa veuve Catherine de Médicis chasse Diane de Poitiers et continue l'embellissement du château en élevant la grande galerie à double étage qui enjambe le Cher.
 

La grande galerie du premier étage 
 
Chambre de Catherine de Médicis
 
En 1589, Louise de Lorraine, veuve de Henri III, s'y installe et prend le deuil en blanc selon l'étiquette de la cour. La Reine blanche vit dans la prière et le recueillement. Sa chambre tendue de noir s'orne des attributs du deuil : les plumes ou pennes symbolisant les peines, larmes d'argent, pelles de fossoyeurs, cordelières de veuve, couronnes d'épines et de la lettre grecque Lambda pour Louise et H pour Henri.
 
Chambre de Louise de Lorraine

Chambre de Louise de Lorraine
 
 
Chenonceau fut sauvé des destructions de la Révolution par Louise Dupin, brillante représentante du siècle des Lumières, aïeule de George Sand, qui redonna son faste au château. Celle-ci le reçut en cadeau de mariage de son époux,  riche fermier général, Claude Dupin.
 

Louise Dupin (1706_1799)

Cheminée du salon Louis XIV


Salamandre de François 1er

 
La chambre des cinq Reines

Un riche décor de Noël

 


Chaque année, Chenonceau célèbre magistralement les Fêtes de fin d’année et offre le raffinement des nouvelles créations de  Jean-François Boucher, scénographe floral du château et Meilleur Ouvrier de France et de son atelier floral.  Je dois dire que ces compositions florales ajoutent encore au charme du château et au plaisir de la visite.






















vendredi 22 décembre 2017

Joyeux Noël !

Pekka Halonen : paysage d'hiver
Pekka Halonen, peintre finlandais

Je vous souhaite à tous une belle fête de Noël pleine de magie et de rêve comme ces paysages de Pekka Halonen, peintre des neiges finlandaises...
Je pars demain en vacances et je vous dis à bientôt !


Pekka Halonen





Et puis Noël c'est aussi le moment de vous faire penser au bonheur...

Lorsque nous étions réunis à table...
Lorsque nous étions réunis à table et que la soupière fumait
Maman disait parfois "Cessez un instant de boire et de parler"
Nous obéissions

"Regardez-vous" disait-elle doucement
Nous regardions sans comprendre, amusés
"C'est pour vous faire penser au bonheur" ajoutait-elle
Nous n'avions plus envie de rire

"Une maison chaude, du pain sur la nappe
Des coudes qui se touchent, voilà le bonheur" répétait-elle à table
Et puis le repas reprenait tranquillement

Nous pensions au bonheur qui sortait des plats fumants
Et qui nous attendait dehors, au soleil
Et nous étions heureux

Papa tournait la tête comme nous
Pour voir le bonheur jusque dans le fond du corridor
En riant, parce qu'il se sentait visé, il disait à ma mère
"Pourquoi tu nous y fais penser, à c' bonheur ?"

Elle répondait
"Pour qu'il reste avec nous le plus longtemps possible" 
           
                       Félix Leclerc interprète Julos Beaucarne

mercredi 20 décembre 2017

Victor Hugo : Han d'Islande



Han d'Islande est le premier roman de Victor Hugo. Il l'a écrit alors qu'il avait 18 ans et était très amoureux d'Adèle Foucher. Il transpose dans le roman les difficultés que les deux amoureux rencontrent auprès de leurs parents respectifs hostiles à leur mariage. Mais cette transposition est dramatisée par le prisme romanesque qui grandit et magnifie tout.

Ordener,  Ethel et le prêtre

Le roman est donc avant tout une histoire d'amour contrarié. Ordener, le fils du vice-roi est amoureux d'Ethel dont le père, Schumaker, déchu de ses titres, privé de sa fortune par le roi, est emprisonné dans une forteresse avec sa fille. Ordener n'a pas révélé son identité, son père faisant partie des ennemis de Schumaker mais il promet de sauver ce dernier d'un complot qui vise à le faire condamner à mort. Pour cela, le jeune homme doit  retrouver une cassette dérobée par Han d'Islande. Elle contient des papiers qui prouveront l'innocence de Schumaker. N'écoutant que son courage le jeune homme se lance aux trousses du monstre.

Han d'Islande et son ours

Victor Hugo dit avoir eu pour modèle Walter Scott très apprécié des romantiques pour ses romans historiques et couleur locale. Le jeune auteur, en effet, place l'action dans la Norvège de la fin du XVII siècle sous le règne de Christian VI. Il n'est jamais allé dans ce pays mais par contre il connaît bien la culture scandinave, la mythologie et l'Edda, un des textes anciens fondamentaux.
Mais plus que Scott, ce sont les romans gothiques d'Ann Radcliffe et Lewis qui semblent l'inspirer. Ainsi le monstre Han d'Islande dont l'origine semble être divine, est mi-homme, mi-bête. Doté d'une force surhumaine et d'une intelligence démoniaque, il aime le Mal pour le mal.  Il prête à sourire, du moins pour le lecteur moderne, quand il arrache le crâne de son fils assassiné et s'en sert pour boire le sang de ses victimes. Cela m'a rappelé une histoire vraie, celle-là, racontée par Théophile Gautier dans son Histoire du romantisme.  Avec ses amis appartenant comme lui au petit cénacle, tous admirateurs passionnés de Victor Hugo,  ils buvaient de la bière dans un crâne que Gérard de Nerval avait volé à son père, médecin aux armées! Ils auraient tous aimé que ce fût le crâne d'une belle demoiselle morte de phtisie mais hélas ! c'était plus vraisemblablement les restes d'un soldat moustachu, mort au combat ! 

A cela Victor Hugo ajoute un intrigue politique. Les mineurs opprimés par la tutelle royale se révoltent pour s'en libérer.  Orderner, un peu malgré lui se trouvera mêlé à ces mineurs et à la bataille féroce qui les oppose aux armées royales. Mais les mineurs sont-ils vraiment coupables ?  Apparaît   la sympathie que Hugo manifestera envers les humbles et les misérables.
On y trouve d'ailleurs déjà de nombreux thèmes chers à sa maturité : dans les personnages, Orderner, noble, courageux, solitaire, est une sorte de brouillon d'Hernani et, si ce n'est pas lui qui est proscrit, c'est sa fiancée et son beau-père ! Ethel, vertueuse, courageuse et douce est une Dona Sol avant la lettre !  De même le thème du monstre est déjà présent que l'on retrouvera dans L'homme qui rit ou Notre-Dame de Paris.
Les réticences de Hugo envers la peine de mort sont aussi traitées dans Han d'Islande et développées à travers le personnage du bourreau et les condamnations à mort du dénouement.

Ajoutons qu'il y a quelques belles scènes bien menées lorsque Ordener et son compagnon de voyage se retrouvent dans la maison du bourreau et de sa femme au milieu de l'orage ! Brrrr ! Ou encore de vraies scènes de comédie quand le bourreau discute des bons côtés de son métier avec Han d'Islande ! Ou quand celui-ci marchande le prix de son cadavre au bourreau et le roule dans la farine !
Le roman n'est certainement pas le meilleur de Victor Hugo. On a parfois l'impression qu'il part un peu dans tous les sens tant il est complexe par la multiplicité des intrigues, le grand nombre de personnages, la structure du roman. En effet, Hugo croise les récits racontant l'histoire des personnages dans des espaces différents mais sans respecter l'ordre chronologique. Ce qui n'empêche pas l'auteur de retomber sur ses pieds et nous avec, si bien que j'ai pris du plaisir à lire le livre.




Lecture commune dans le cadre du Challenge Victor Hugo avec Nathalie

et Miriam (en janvier)

mercredi 13 décembre 2017

Elizabeth Strout : Je m'appelle Lucy Barton



Hospitalisée à la suite d’une opération, Lucy Barton reçoit la visite impromptue de sa mère, avec laquelle elle avait perdu tout contact. Tandis que celle-ci se perd en commérages, convoquant les fantômes du passé, Lucy se trouve plongée dans les souvenirs de son enfance dans une petite ville de l’Illinois – la pauvreté extrême, honteuse, la rudesse de son père, et finalement son départ pour New York, qui l’a définitivement isolée des siens. Peu à peu, Lucy est amenée à évoquer son propre mariage, ses deux filles, et ses débuts de romancière dans le New York des années 1980. Une vie entière se déploie à travers le récit lucide et pétri d’humanité de Lucy, tout en éclairant la relation entre une mère et sa fille, faite d’incompréhension, d’incommunicabilité, mais aussi d’une entente profonde.
Salué comme un chef-d’oeuvre par la critique littéraire aux États-Unis, Je m’appelle Lucy Barton est un grand roman contemporain sur la solitude, le désir et l’amour. (quatrième de couverture éditions Fayard)



Après Mischling d’Affiniy K. dont je parle dans  le billet précédent, j’ai enchaîné avec Je m’appelle Lucy Barton d’Elizabeth Strout... Les hasards de l’emprunt en bibliothèque !

J’ai donc eu du mal à entrer dans le livre au début car de Mischling à Lucy Barton, c’est un grand écart qu’il m’a fallu faire. Après avoir erré dans l’enfer d’Auschtwtiz, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un livre léger !
Ce qui est parfaitement injuste. L’écriture d’ Elizabeth Strout est simple, claire et va droit au but mais elle n’est pas légère et elle traite de sujets qui  peuvent tous nous concerner et portent la mélancolie de l’enfance et de ses peurs dont on ne guérit jamais vraiment. Une vie d’enfant où les mots et le mépris blessent tout autant que les coups reçus.

Les thèmes de ce roman ? Les rapports d’une fille et de sa mère et plus généralement ceux que nous entretenons avec notre famille quand nous atteignons l’âge adulte. La béance qui peut se créer entre un enfant qui poursuit des études supérieures par rapport à ses parents et au reste de la fratrie qui n’accède pas au même niveau d’instruction. La difficulté de vivre dans une famille pauvre et marginale, sous le regard indifférent ou cruel de la société. Un regard qui vous suit jusqu’à l’âge adulte et vous fait douter de vous-même. Mais aussi comment l’amour de la lecture, les livres et plus tard l’écriture peuvent vous sauver du désespoir.
Et finalement, au bout du chemin, la solitude, cette impossibilité de dire « je t’aime » malgré l’amour qui déborde et qui s’exprime autrement, dans les actes.

C’est un peu de sa vie que nous livre Elizabeth Strout même si Lucy Baron est un personnage fictif. Et elle le fait avec finesse, émotion et pudeur dans de belles pages où elle parle de sa mère qui reste à son chevet de jour comme de nuit parce qu’elle n’a pas d’autre moyen de d'exprimer son amour à sa fille malade;  où elle dit la souffrance qu’elle-même a infligé à ses enfants par son divorce car personne n'est capable d'un amour parfait. Un roman où elle fait part de son travail d’écriture et de ses débuts dans la littérature.

Un livre sensible et intelligent qui parle d’amour quand on n'a pas les mots pour le dire.

Je l’ai déjà dit : je m’intéresse à la façon dont on peut se sentir supérieur à quelqu’un d’autre ou à un autre groupe de gens. ça arrive partout, tout le temps. Quelque soit le nom qu’on donne à ce besoin de trouver quelqu’un à rabaisser,  je le considère comme ce qu’il y a de plus vil en nous.


dimanche 10 décembre 2017

Affinity K. : Mischling


Le hasard a voulu que je trouve à la bibliothèque de ma ville deux livres de la rentrée  littéraire,  dis-po-ni-bles, par je ne sais quel miracle, livres sur lesquels je me suis ruée vous vous en doutez !.
Le premier est La disparition du docteur Mengele que j’ai déjà présenté dans mon blog ICI et le second Mischling de Affinity K. qui amène le lecteur dans l’antre de la Bête autrement dit dans le « zoo » du docteur Mengele à Auschwitz.

Par le passé les blocks du Zoo avaient servi d'écuries mais à présent ces baraques étaient bondées de gens de notre espèce, jumeaux, triplés, quintuplés. Des centaines et des centaines d'entre nous y vivaient  serrées dans des lits qui n'étaient pas des lits mais des boîtes d'allumettes, de petites fentes où glisser nos corps.

Que dire de Mischling ? C'est une oeuvre littéraire, au meilleur sens du terme, qui provoque intérêt, émotion et réflexion, finement analysée et écrite alors que celui d’Olivier Guez est plutôt de style documentaire. C'est un roman bouleversant parce qu’il nous fait vivre l’horreur de l’intérieur, à travers les points de vue alternés des jumelles Pearl et Stasha. Mischling signifie "sang mêlé" par opposition au sang pur de la race aryenne. Et comme cette vision est souvent faite d’incompréhension, les enfants ne sachant pas pourquoi ils sont là, les pratiques du docteur Mengele ne sont plus cette dénonciation froidement et abominablement théorique que nous connaissons mais quelque chose de vécu dans le corps et l’esprit des petites victimes, dans leurs souffrances intolérables et leurs humiliations quotidiennes.
De plus, l'écrivaine maintient un équilibre troublant entre le réalisme le plus précis (le roman est très documenté) et l'image d'irréalité qu'en donnent les fillettes assommées par le bromure mélangé à leur pain. Le lecteur a l'impression de flotter dans un monde flou à la frontière de l'éveil et du cauchemar.

Il y a pourtant quelque chose de très beau (que j’ai déjà vu dans les romans de Jorge Semprun mais cette fois-ci au niveau de l’enfance) c’est la capacité de résistance qui naît de l’amour, de la solidarité, des amitiés qui se forment, tout ce qui, enfin, préserve l’humanité même dans l'enfer des camps. L’écrivaine explore de plus, et c’est très intéressant et émouvant, les particularités de la gemellité, le ressenti de la douleur de l’autre, le manque provoqué par la séparation.

Les personnages du roman sont complexes et le personnage de Mengele en particulier, très ambigu, est paré d’une aura de bon « Oncle » distribuant des bonbons aux enfants, rassurant les parents à l’arrivée à Auschwitz, et exerçant une séduction sur les enfants qui sont fiers de se croire préférés. Un Oncle, oui, mais plutôt comme l’ogre des contes, - on reste toujours dans le domaine de l'enfance-, qui va exercer sur eux les pires atrocités sous prétexte d’expériences scientifiques.
Quant aux adultes prisonniers, victimes et innocents au début, ils ne peuvent sortir indemnes d’une collaboration avec Mengele. C’est le cas de Miri, une femme médecin juive, forcée d’assister le docteur dans ses expériences, ou du "Père des jumeaux" chargé de s’occuper du « zoo » et qui fait pourtant tout pour sauver la vie de ses protégés. Ils ne peuvent échapper aux affres de la culpabilité, sentiment destructeur qui m’a rappelé l’analyse magistrale qu’en avait faite William Styron dans un roman poignant, inoubliable, paru il y a quelques dizaines années : Le choix de Sophie.
Les enfants sont complexes eux aussi car il y a, parmi eux, ceux qui tirent profit de la mort des autres. Quant aux jumelles, Stasha et Pearl si semblables et pourtant si différentes, elles sont particulièrement attachantes.

Le roman débute par le voyage dans les wagons plombés, avec la mère et le grand père des jumelles. Il ne finit pas avec la libération des camps mais plusieurs mois après. On suit certains des enfants rescapés dans leur périple pour regagner leur maison si elle existe encore, leur famille le plus souvent décimée. Parfois des flash-forward au milieu du récit nous laissent entrevoir ce que sera l’avenir.
Le roman s’interroge aussi sur la réponse à l’horreur  des camps entre le pardon ou la vengeance et  se termine par une lueur d’espoir perçant les ténèbres. Un très beau roman..

source Actes sud ici


Affinity K

D'ascendance juive polonaise, Affinity Konar est née en 1978 en Californie. Mischling est son second roman.





voir aussi

Une souris et des livres Ici

Quatre sans quatre Ici

vendredi 8 décembre 2017

Stéphanie Nervesa : Jean-Pierre le poisson pané


Fiche d'Apolline


Logo d'Apolline fiche de lecture  sur Jean Pierre le poisson pané dans le blog Ma librairie claudialucia
Logo d'Apolline


Apolline, (7 ans 1/2) vous présente un drôle de petit livre, Jean-Pierre le poisson pané, qui, on peut le dire, sort un peu de l'ordinaire dans le style livre pour enfants.








Titre du livre :
Jean-Pierre le poisson pané
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Auteure du livre : Stéphanie Nervesa

Illustration : Amandine Dugon

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Editions d'Orbestier : Rêves bleus

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Résumé de la quatrième de couverture

Mes copains ont trop de la chance, ils ont tous des animaux chez eux. Moi je n'en ai même pas ! Du coup, j'ai demandé à Papa et Maman si on pouvait en avoir un. Moi j'aurais bien aimé avoir un chien, un chat ou un hamster comme tous mes amis, mais papa lui, il voyait ça différemment, et on a eu Jean-Pierre...


J’ai aimé l’illustration à la folie ! Parce qu'elle est très drôle. Les personnages ne sont pas très beaux mais sont bien dessinés. On dirait des sorciers et des sorcières. Ils ont des drôles de tête. Le petit garçon et la maman ont des dents bizarres. Dans la maison, il y a des mouches, un barbecue avec des dents, une lampe cochon, la maman a encore le code barre sous sa chaussure. 
Il y a le bazar partout, on aurait dit ma chambre mais maintenant je l'ai rangée.



J'ai aimé histoire à la folie parce qu'elle est très Rigolote !! Au début, le papa ne veut pas d'un animal alors il fait une réunion et décide d'acheter un poisson : tout le monde est content mais quand le papa dit que ce sera un poisson pané tout le monde est contre. Le poisson moisit et on l'enterre dans les toilettes. Et à la fin, ils achètent un nouvel animal et c'est un chat qui s'appellera Jean-Pierre aussi. Et l'histoire est finie. The end !
Mon passage préféré, c'est quand ils font l'enterrement de Jean-Pierre, le poisson pané et qu'ils le mettent aux toilettes et le Papa pleure.

« Il fallait se rendre à l'évidence, Jean-Pierre n'était plus. Papa dut se résigner. On organisa un enterrement à la hauteur du personnage »

L'avis de la grand-mère  


 Complètement allumée l'illustratrice et pas plus sage l'auteure de cette histoire abracadabrande qui semble sortir d'une farce d'Oulipo : offrir un poisson pané comme animal de compagnie à son fils, non mais ... !  Donc, vous l'avez compris, trop sérieux s'abstenir ! Et justement, ce qu'elle cherche Apolline, petite fille sage dans la vie, ce sont des histoires "rigolotes"  et  fofolles. Et là, elle est servie.

Quant à moi, c'est l'illustration qui m'a fait peur. Ces personnages caricaturaux qui pourraient tous être des membres de la famille Groseille, m'ont fait fuir. J'ai été rattrapée par ma petite fille qui m'a mis les images sous les yeux et qui m'a démontré combien elles étaient géniales. Et effectivement quand on les regarde de près, on y découvre un monde un peu surréaliste, toutes sortes de détails bizzaroïdes, amusants, de petites bestioles-objets ou d'objets-bestioles.
D'accord, Apolline, je te suis !
En somme rien de mieux qu'une petite-fille de 7 ans (et demi, n'oublions pas le demi !) pour vous faire sortir de votre conformisme.

mardi 5 décembre 2017

Olivier Guez : La disparition de Josef Mengele



La disparition de Josef Mengele de Olivier Guez

1949  : Josef Mengele arrive en Argentine.
Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz  croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant  ?
La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre. (quatrième de couverture )

L’autre jour dans un débat à la télévision à propos de Oskar Gröning, ancien comptable d’Auschwitz, qui est jugé actuellement à l’âge de 96 ans ( !), la conversation a fini par porter sur Mengele et le livre d’Olivier Guez. Après tout, a dit l’un des participants, Mengele a été puni de ses crimes puisqu’il a été traqué, obligé de se dissimuler et a vécu dans l’angoisse et la solitude. 

Le roman d’Olivier Guez nous apprend que ce n’est pas entièrement vrai. Josef Mengele a vécu des années à Buesnos Aires, dans la communauté nazie qui s’était installée en Argentine sous la protection du dictateur Peron. Il a habité avec sa seconde femme dans une luxueuse maison, a fréquenté les cercles nazis,  a assouvi sa passion pour l’opéra, et continuer à faire fructifier en Amérique du Sud l’entreprise de son père et sa fortune. Il a pu aller en Suisse pour voir son fils, rendre visite en Allemagne à son père, ancien nazi lui aussi, qui a usé de son influence et de sa fortune pour qu’il ne soit pas inquiété. Après la fin de la dictature de Peron, il a été accueilli au Paraguay et a même obtenu la nationalité du pays. Et si l’angoisse d’être poursuivi et traqué a été sa punition, la fortune de son père pendant de longues années l’a protégé.

Il vous faut lire, comme je l’ai fait,  le très beau et terrible  roman de Affinity K., Mischling, sur les crimes du docteur Mengele, pour comprendre que ce n’est pas suffisant. Il aurait fallu un procès et un jugement pour rendre un véritable hommage à ses victimes, pour permettre aux survivants et aux familles de faire leur deuil. Au lieu de cela nombreux sont les gouvernements qui ont fermé les yeux ou pire collaboré pour sauver les criminels de guerre et ceci pour des raisons idéologiques, ou économiques, ou pour asseoir leur puissance dans le monde !
 C’est le mérite de ce livre, mi-roman, mi-biographie, de montrer la culpabilité de ces pays. Olivier Guez cite l’Allemagne, bien sûr, qui a conservé à la tête du pays tous les grands industriels qui ont aidé le nazisme à l’extermination des juifs et des opposants,  l’Amérique du Sud qui est devenu un repaire pour ces monstres, l’Egypte qui a demandé l’aide de savants nazis pour sa course à l’armement. Il aurait pu parler des Etats-Unis qui n’ont pas été les derniers à récupérer les scientifiques nazis pour la conquête de l’espace, et de l’Italie, en particulier du Vatican, qui a organisé une filière pour assurer leur fuite. Mais ne donnons pas de leçons, en France aussi, on s’est bien gardé de juger les criminels s’ils étaient haut placés, bien sûr !

J’ai lu ce livre avec beaucoup d’intérêt et, si ce n’est pas le premier que je lis sur ce sujet, cela ne m’a pas empêché d’éprouver comme toujours le même sentiment de révolte en pensant aux millions de morts dont ces hommes sont responsables et à la culpabilité des états qui ont entravé les recherches et se sont faits les complices de ces criminels. 

« A Auschwitz, les cartels allemands s’en sont mis plein les poches en exploitant la main-d’oeuvre servile à leur disposition jusqu’à épuisement. Auschwitz, une entreprise fructueuse : avant son arrivée au camp, les déportés produisaient déjà le caoutchouc synthétique pour IG Farben*et des armes pour Krupp. L’usine de feutre Alex Zink achetait des cheveux de femmes par sacs entiers à la Kommandatur et en faisait des chaussettes pour les équipages de sous-marins ou des tuyaux pour les chemins de fer. Les laboratoires Schering rémunéraient un de ses confrères pour qu’il procède à des expérimentations in vitro et Bayer testait de nouveaux médicaments contre le typhus sur des détenus du camp. Vingt ans plus tard les dirigeants de ces entreprises ont retourné leur veste. Ils fument le cigare en compagnie de leur famille en sirotant de bons vins dans leur villa de Munich ou de Francfort. »



* Farben producteur du gaz Zyklon B. utilisé dans le camps nazis, coupable de la mort de six millions de juifs . 


Prix Renaudot

dimanche 3 décembre 2017

Philippe Jaenada : La serpe



Qu’est-ce qui peut provoquer une telle addiction dans un livre de Philippe Jaenada ? C’est ce que je me suis demandé en lisant en deux  jours La serpe, un pavé de plus de six cents pages. Les meurtres qui y sont relatés sont anciens, les coupables ont été jugés depuis longtemps  et la plupart des protagonistes ont maintenant disparu !

Un vrai « polar »
Le château de l'Escoire

Dans La Serpe, Philippe Jaenada enquête comme il sait si bien le faire sur un triple assassinat qui a eu lieu dans le château de l'Escoire en Périgord, pendant la guerre de 1940. J’ai eu envie de lire ce roman quand j’ai appris que Henri Girard accusé d’avoir tué son père, sa tante et la bonne, n’était autre que Georges Arnaud, l’auteur de Le salaire de la peur. Ce livre paru dans les années 50,  à l’écriture puissante, a donné lieu à plusieurs adaptations : celle de Clouzot, en particulier, avec Charles Vanel et Yves Montand.

Philippe Jaenada procède, quand il prend en charge une affaire, exactement comme le ferait un enquêteur chargé de trouver le criminel. Il retourne sur les lieux du crime, examine les indices, s’imprègne de l’atmosphère; et, puisqu’il s’agit d’un évènement ancien, consulte les archives, les minutes du procès, la correspondance des principaux personnages. Au lieu de remonter le temps, il le descend, il s’immerge dans l’époque. Pas étonnant qu’il soit alors habité par des fantômes et qu’il puisse éprouver la chair de poule en  mettant  son pas dans les traces de l’assassin. Chemin faisant il nous fait part de ses doutes, s’il en a (et c’est le cas pour cette enquête) puis il apporte sa propre vision de ce qui s’est passé.
Il s’agit donc pour le lecteur d’une véritable enquête policière dans lequel les ressorts romanesques sont les mêmes que ceux d’un bon vieux « polar » ! Empathie pour les victimes, frissons, horreur des crimes commis, curiosité et questionnement sur la véritable identité du coupable, résolution de l’énigme.
Et comme dans tout bon roman policier, nous découvrons ici la société française de l’époque. Ainsi l’antagonisme plus ou moins larvé entre châtelains et villageois, entre maîtres et employés semble jouer une grand rôle. La misère est très répandue dans cette France de la province, les inégalités sociales très marquées. De plus tout est exacerbé par les privations dues à la guerre. L’occupation allemande et le gouvernement de Vichy servent de toile de fond à ce drame et entrent en ligne de compte dans les motivations des personnages. Quant à la justice française, j’espère qu’elle a fait des progrès car la manière de conduire une enquête à cette époque-là est extrêmement inquiétante !

Un  enquêteur  bourré d’humour

Philippe Jaenada (source)
L’inspecteur ? Allons, soyons bons ! Accordons lui le grade de commissaire! Le commissaire Jaenada ne peut s’empêcher de se glisser dans le récit et devient ainsi un personnage à part entière comme dans un roman de Fred Vargas.  Et ceci par le biais des fameuses digressions jaenadiennes.  Et bien oui, vous partagez tout de ses états d’esprit, de ses peurs bleues, de ses vagues-à-l’âme, de ses amours aussi, sa femme et son fils…   Et avec quel humour !
Ainsi,  vous saurez qu’il aime la solitude et la retraite, du moins c’est ce qu’il prétend ! Mais quand il part quinze jours en Périgord, c’est pire que s’il partait six mois en Sibérie au bord du lac Baïkal comme dans le dernier roman que  je viens de lire de Sylvain Tesson. Heureusement,  pour se coucher, il a emporté  son « doudou », euh! je veux dire le foulard de sa femme ! Il est vrai que l’épreuve est grande pour un Parisien comme lui de partir ainsi dans le Périgord, une région sauvage et désolée avec des autochtones peut-être hostiles, on ne sait jamais !
J’adore ce style d’humour ! Je m’arrête sur ce sujet, en précisant que l’humour permet de désamorcer la tension qui naît de l’atrocité et de la sauvagerie de ces assassinats qui nous sont décrits avec précision.

L’analyse psychologique et la structure du livre

Henri Girard  : Georges Arnaud
L’écrivain est excellent dans l’art de l’analyse psychologique à travers les lettres, les écrits, mais aussi les déclarations des uns et des autres car tout est consigné au cours du procès et les nombreux témoignages permettent de brosser un portrait du suspect assez complexe.
 Il y a, et c’est ce qui me passionne,  une mise en abyme de Henri Girard comme s’il était vu dans une succession de miroirs qui  renvoient des images contradictoires.  Par exemple, selon le point de vue, Henri Girard peut apparaître comme un sale gosse de riches, dépensier, caractériel, un individu méprisable, violent, capable de tous les crimes, plein de haine envers son père et sa tante. Mais aussi et en particulier à travers la correspondance qu’il entretenait avec son père, il peut être un enfant traumatisé par la mort de sa mère, mal dans sa peau,  arrogant, certes, mais un fils aimant et respectueux, un homme très intelligent et cultivé,  engagé contre le nazisme, un humaniste qui venait en aide aux plus pauvres.. 
La structure du livre en deux parties va jouer sur les deux facettes du personnage et nous amener à un dénouement inattendu mais spectaculaire !

 Prix Fémina 2017

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