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mardi 1 mai 2018

Bilan du mois d'Avril 2018

Madeleine Lesage

Petit mois au niveau lecture, grand mois au niveau petits-enfants !

Littérature des pays de l'Est avec ce livre :









 











J'ai participé au mois de la littérature belge avec : 


Livre policier 











Poésie
























Lu aussi : livre pour enfants : 




fiche de lecture d'Apolline







et aussi :











Vu aussi : 


 Aubusson : Les musées de la Tapisserie


dimanche 29 avril 2018

Guido Gezelle : poète flamand


J'aurais aimé en savoir plus sur Guido Gezelle, poète flamand romantique, dont la statue est détruite par un attentat dans le roman de Pieter Aspe : Chaos sur Bruges. Le mois de littérature belge m’a appris combien il est difficile de trouver les traductions françaises des poètes flamands en bibliothèque. j'ai voulu acheter celle de Liliane Wouters de Gezelle mais elle est indisponible. Et je n’ai trouvé que quelques poèmes sur le net. Je vous fais part de ceux-ci.

Ce soir et cette rose
 
Auguste Renoir

Ce soir et cette rose
                                                    À Eugène van Oye.

                                                
Près de toi j’ai passé tant d’heures,
      d’instants élus,
et près de toi jamais une heure
      ne m’a déçu :
pour toi j’ai choisi tant de fleurs,
      avec toi, tel
l’abeille, j’en ai bu le miel,
      avec toi. Mais
jamais heure ne fut plus belle,
      plus triste aussi
au moment du départ que celle
      où j’entendis
ce soir-là, se parler nos âmes
      dans le secret.
Jamais plus douce fleur par toi
      cherchée, élue,
que celle qui brillait sur toi,
      par moi reçue.
Bien que pour toi, bien que pour moi,
      toutes les heures
qui passent entre toi et moi
      trop tôt se meurent,
bien que pour toi, bien que pour moi,
      rare et choisie
cette rose venant de toi
      sera flétrie.
Pourtant mon cœur, tant qu’il vivra,
      de ces trois choses
verra l’image : toi, ce soir
      et cette rose.


Guido Gezelle Poèmes, chants et prières, 1862.

Traduit du néerlandais par Liliane Wouters.

poésie que j'ai lu ici



Petite Mère (Moederke, 1891)

Aurélia Frey


Petite mère,
de ton visage
n'ai pu garder
l'image.
Sur cette terre
pas un dessin,
rien de gravé,
de peint.
Pas un portrait,
pas un cliché,
pas une pierre
sculptée,
hormis les traits
empreints en moi
et que tu m'as
laissés.
O que je puisse
toujours garder
inaltérés
ces traits
jusqu'à ma mort
que leur éclat
demeure encore
en moi.


Traduit par Liliane Wouters


Guido Gezelle


Personnalité riche et complexe, Guido Gezelle, (1830-1899) écrivain belge d'expression néerlandaise, exerça une profonde influence sur l'évolution culturelle des Flandres. Originaire d'un milieu populaire brugeois, il s'orienta vers le sacerdoce, mais ne put devenir missionnaire comme il le souhaitait. Professeur à Roeselare, il eut plus de succès auprès de ses élèves que de ses supérieurs. C'est à cette époque qu'il se tourne vers le lyrisme romantique. Il forme alors une nouvelle école poétique. Mais ses premiers essais personnels demeurent théoriques et didactiques. En revanche, Poèmes, chants et prières (Gedichten, Gezangen en Gebeden, 1862) témoignent d'une inspiration religieuse originale, d'un contact intime avec la nature, d'une intériorité ardente. Entre 1860 et 1880, le folklore, avec Autour du foyer (Rond den Heerd, 1865), le journalisme, les recherches linguistiques ainsi que les traductions semblent prendre la meilleure part de son temps. Il s'agit là en réalité d'une longue période de crise et de maturation d'où son génie poétique ressurgira sous l'influx chaleureux et fraternel du milieu courtraisien (il avait été nommé à Courtrai). La Couronne du temps (Tijdkrans, 1893), sorte de célébration cyclique des saisons... 



jeudi 26 avril 2018

Pieter Aspe : Chaos sur Bruges


Le commissaire Van In, grande gueule au cœur tendre et buveur de bière impénitent, son adjoint, le perspicace Versavel, et la belle Hannelore Martens, substitut du procureur. Un trio de choc pour déjouer une série d'affaires qui sème la panique dans la bourgeoise ville de Bruges. Une fois de plus, le pas très politiquement correct Van In s'apprête à jeter le trouble en haut lieu, où l'on semble peu pressé de le voir résoudre son enquête... (4ième de couverture)
Chaos sur Bruges de Pieter Aspe ne m’a pas entièrement convaincue. Cela tient d’abord au personnage principal, le fameux commissaire Van In avec lequel je faisais connaissance et qui m’a grandement ennuyée. En dehors de son alcoolisme et de son amour immodéré de la bière (cela m’a du moins appris le nom d’une d’entre elles la Duvel ! ), de sa saleté, de ses vêtements froissés et tachés et de son mauvais caractère, je ne sais pas ce que l’on peut lui trouver ! Ajoutons que lorsqu’il sort du lit de la belle Hannelore, c’est pour mieux entrer dans celui d’une prostituée, si bien que lorsqu’il demande Hannelore en mariage, on se dit qu’elle ferait mieux de fuir ! Tout cela pour dire que l’on ne peut pas vraiment croire aux sentiments de l’un ou de l’autre et que l’analyse psychologique des personnages paraît superficielle dans ce roman.
Voyons l’intrigue maintenant. Là aussi, j’ai eu beaucoup de mal à m’y intéressée, du moins au début. Je trouve qu'elle traîne en longueur. Ensuite, je suis bien entrée dans l’histoire mais elle me paraît compliquée. Il y est fait allusion aux différends entre wallons et flamands. Piste abandonnée par la suite.. mais qui m’intéressait.

Bref! En gros, l’alchimie n’a pas eu lieu. Peut-être dans un autre de ses romans ?



mardi 24 avril 2018

Aubusson : Les musées de la tapisserie

Tapisserie d'Aubusson

Je reviens d'Aubusson, en Creuse, et je ne résiste pas à vous donner un aperçu du musée de la tapisserie d'Aubusson


La Cité internationale de la tapisserie fait écho à l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO en 2009. 
Ce lieu dédié au rayonnement de la tapisserie ouvre ses portes à l'été 2016 au sein de l’ancienne école Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson, entièrement restructurée : 1200 m2 d'exposition, une plateforme de création contemporaine et d'innovation, un lieu de formation complété par une pépinière art textile / art tissé, le premier centre de ressources sur la tapisserie en Europe. (site officiel)

  La façade de l'ancienne école de tapisserie a été recouverte de lames multicolores faites de membrane textile et de lames de bois pour évoquer les fils d'un métier. Y sont regroupées les tapisseries du XVième au XXième qui permettent de voir l'évolution de la tapisserie au cours des siècles.

Du XV au XX siècle



La "nef des tentures" exposent les oeuvres classiques parmi lesquelles trône La Millefleurs à la licorne, la plus ancienne tapisserie du musée qui date du XV siècle.

Millefleurs à la licorne  (XV siècle)

Vers la fin du XIX siècle, la tapisserie est tombée en  désuétude faute de renouvellement et par manque de créativité. C'est Jean Lurçat qui, en 1939, redonne vie à cet art et l'inscrit dans la modernité.

Jean Lurçat Le soleil de Paris

A l'arrière plan, Jean Lurçat :  Claires
Jean Lurçat :  Claires atelier Raymond Picaud (Aubusson)
Avec Claires Jean Lurçat  emprunte au poète Léopold Sédar Senghor  les vers du poème Départ issu du recueil Chants d'ombre,  intégrés dans la tapisserie où l'écrivain évoque une période enchanteresse de son enfance.
Toutes ces heures claires vertes bleues
vertes claires bleues
 Jean Lurçat célèbre ici les paysages du sud rayonnants et lumineux. Le soleil a tête de lion qui évoque la puissance est une image récurrente de son oeuvre.
Dom Robert
J'ai beaucoup aimé aussi l'inspiration de Dom Robert tournée vers la nature dont il révèle la beauté, la poésie.  Moine bénédictin et cartonnier, il affirmait : Il n'y a qu'une chose qui ne trompe pas, c'est la nature. La nature, c'est le vrai, le réel." Il citait souvent la phrase de Monet : Je peins ce que je vois, et non ce que les autres voient." Il fait partie d'un mouvement  nommé  La Nouvelle Tapisserie qui a explosé dans les années 1960 et a pris une ampleur internationale.. 
Une autre oeuvre de Dom Robert
à côte des grands noms, Braque, Picasso, Léger, Gromaire, Le Corbusier...

Braque
... j'ai découvert des tapisseries de Lucien Coutaud que je ne connaissais pas.

Lucien Coutaud :  : La Jeune endormie (1945)

Lucien Coutaud La Jeune endormie (1945)

Lucien Coutaud  : La main magique
Lucien Coutaud est un peintre peu connu en regard de son oeuvre originale, mystérieuse et dense. Il était peintre, graveur, et utilisait toutes les techniques, lithographies, cuivre, eaux-fortes. Il a aussi réalisé des décors de théâtre ainsi que 29 tapisseries, participant avec Lurçat au renouveau de la tapisserie à Aubusson. Son oeuvre montre son attirance pour le mystère, la magie, l'onirisme et l'ésotérisme. Peintre du surréel, il n'a jamais voulu être classé parmi les surréalistes mais tout son travail est une invitation au rêve. Le réel existe mais toujours avec des frontières floues, à la limite de l'imaginaire.

Tapisserie contemporaine


C'est dans un autre bâtiment que les productions contemporaines sont installées. En effet, depuis 2010, le fonds  régional pour la création de la tapisserie contemporaine a initié un appel à projets annuel. Les oeuvres qui obtiennent des prix rejoignent les collections du musée et permettent un renouvellement des tapisseries exposées.

Peau de Licorne

Nicolas Buffe : Peau de licorne

Le premier projet qui obtient le prix en 2010 est Peau de licorne par Nicolas Buffe. Celui-ci, diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, vit et travaille à Tokyo. La licorne représentant l'animal emblématique de la tapisserie, Nicolas Buffe explique : "J’ai conçu un projet représentant la dépouille de la licorne. Dans ce geste quelque peu iconoclaste de tuer le symbole pour le régénérer, j’espère imprimer la marque d’une nouvelle époque pleine de créations stimulantes pour Aubusson mais aussi pour la tapisserie française."


La tapisserie est réalisée en laine et en soie par l'atelier Patrick Guillot en 2011 à Aubusson, la tête et les sabots de la licorne sont en porcelaine de Limoges, émaillés par le Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre de Limoges.

Panoramique Polyphonique
Cécile Le Talec : Panoramique polyphonique
Cécile Le Talec est lauréate en 2011. Elle a réalisé cette tapisserie tissée en double face, extérieur et intérieur. Quand le visiteur entre dans la structure, il baigne dans une lumière bleutée et se laisse bercer par une musique faite de chants d’oiseaux et du langage sifflé de l’île de la Gomera, inscrit lui aussi, comme la tapisserie d'Aubusson, au patrimoine mondial immatériel de l’Humanité. Calme, rêve, féérie ! Si le spectateur ci-dessous ne paraît pas très rassuré, et pourtant, comme chacun le sait, c'est un chevalier sans peur (mais pas sans reproches), c'est qu'il est encore bien petit !

Cécile Le Talec : Panoramique polyphonique : Visiteur pas très rassuré !


Melancholia I de Marc Bauer

Melancholia I de Marc Bauer

Melancholia I a obtenu le deuxième prix en 2011.

Marc Bauer, artiste suisse vit et travaille à Berlin, est inspiré par la Renaissance italienne ou germanique. Dans cette oeuvre, le dessin de Dürer lui sert de base pour une transposition dans un autre matériau, ici, la tapisserie. "Marc Bauer vise à enrichir le dessin de départ tout en rendant une certaine sculpturalité. Pour l’artiste, la tapisserie ne doit pas seulement être considérée comme le support de l’image, elle doit également exister dans sa réalité propre."
"La tapisserie est tissée en noir et blanc, avec seulement quelques éclats de couleurs vives. Pour la réaliser, un important travail de réflexion avec le lissier est nécessaire afin de rendre compte de l’effet déstructuration, de dilatation voulu par l’artiste. Le lissier doit donc jouer sur la matière de façon assez innovante tout en conservant des techniques de tissage classique, pour les chairs par exemple. La traduction de l’idée d’usure, d’altération dans une tapisserie neuve afin de lui apporter, selon les mots de Marc Bauer, "une deuxième couche émotionnelle" est un défi technique pour le lissier."
Tissée par l'atelier Patrick Guillot à Aubusson, la tapisserie est tombée du métier le 22 novembre 2013. C'est une oeuvre qui a nécessité 2 ans de travail et 8 mois de tissage.


Confluentia de Bina Betail


Confluentia de Bina Betail, micro paysage en tapisserie avec deux mobiliers design, a obtenu le grand prix 2012. La tapisserie a été réalisée par l'atelier Françoise Vernaudon

Bina Baitel est née en 1977 à Paris. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, elle fonde son propre studio en 2006.

Confluentia de Bina Betail

If de Patrick Haudressy




La tapisserie de Patrick Haudressy, sculpteur et artiste numérique, français d’origine ouzbek, fait appel a plusieurs techniques : la tapisserie, la sculpture - les oiseaux sont réalisés en céramique-, la vidéo. Un film est projeté sur le fond clair de la tapisserie, animant la scène.
Le projet a été primé en 2014, la tapisserie réalisée par les ateliers Patrick et Marie Guillot et Cc Brindelaine en 2015.


 La famille dans la joyeuse verdure
 
La famille dans la joyeuse verdure de Leo Chiachio et Daniel Giannone
Le deuxième prix 2013 est remporté par un duo d’artistes, argentins, Leo Chiachio et Daniel Giannone. L'oeuvre est inspirée par l'imaginaire latino-américain, en particulier Guarani. L'image de cette forêt, idéalisée, vivement et joyeusement colorée, avec des détails oniriques, participe au réalisme magique en vigueur dans la littérature américaine du sud. Les deux artistes se sont représentés au centre avec leur chien Piolin et portent des masques et des plumes d’inspiration guaranie. La scène placée dans un cadre de verdure s'inscrit dans les "verdures" des tapisseries d'Aubusson dont les décors sont essentiellement des végétaux, avec des animaux et des oiseaux mais traditionnellement sans personnages humains.


Verdure, tapisserie d'Aubusson
La famille dans la joyeuse verdure a été tissée par l'atelier A2 à Aubusson et exposée en 2017. 
La famille dans la joyeuse verdure (détail)

 

mercredi 18 avril 2018

Petite Pause


Une petite pause en famille tout près de cette ville. La reconnaissez-vous ?

Je vous donne quelques petits indices. Un musée célèbre héberge cette tapisserie contemporaine.


Mais il abrite aussi des tapisseries plus classiques !


ou aussi : 


Alors ?

dimanche 15 avril 2018

Maurice Carème : Poèmes


Fjaestad Gustav peintre suédois
Maurice Carème est un poète et écrivain  belge né en 1899 à Wavre. En 1918, il devient instituteur à Anderlecht. La découverte des poèmes d'enfants le bouleverse et change son style. Désormais, il recherche la plus grande simplicité. (voir ici)


Le givre
 
Fjaestad Gustav peintre suédois


Mon Dieu ! comme ils sont beaux

Les tremblants animaux

Que le givre a fait naître

La nuit sur ma fenêtre


Ils broutent des fougères

Dans un bois plein d’étoiles,

Et l’on voit la lumière

A travers leurs corps pâles.


Il y a un chevreuil

Qui me connaît déjà ;

Il soulève pour moi

Son front d’entre les feuilles.


Et quand il me regarde,

Ses grands yeux sont si doux

Que je sens mon cœur battre

Et trembler mes genoux.


Laissez moi, ô décembre !

Ce chevreuil merveilleux.

Je resterai sans feu

Dans ma petite chambre.



Il a neigé
 
Pekka Halonen : peintre finnois


Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton noir croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.

Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.

                         
Vent




Vent qui rit,
Vent qui pleure
Dans la pluie,
Dans les cœurs ;


Vent qui court,
Vent qui luit
Dans les cours,
Dans la nuit ;


Vent qui geint,
Vent qui hèle
Dans les foins,
Dans les prêles ;


Dis-moi, vent
Frivolant,
À quoi sert
Que tu erres


En sifflant
Ce vieil air
Depuis tant,
Tant d’hivers ?

Il pleut

Van Gogh : la pluie

Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier,
Il pleut une pluie si tranquille
Qu’on entend les jardins chanter.

Il pleut comme au temps de Virgile,
Comme au temps de Berthe aux longs pieds,
Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier.

Il pleut du bleu doux sur la ville
Il pleut et, dans le ciel ouaté,
Tous les colombiers sont mouillés.
Les pigeons semblent, sur les tuiles
Des bouquets de  fleurs de pommiers

Le brouillard
 
Aurélia Frey

Le brouillard a tout mis

Dans son sac de coton ;

Le brouillard a tout pris

Autour de ma maison

Plus de fleurs au jardin,

Plus d'arbres dans l'allée ;

La serre des voisins

Semble s'être envolée.

Et je ne sais vraiment

Où peut s'être posé

Le moineau que j'entends

Si tristement crier.


                                      
Le soleil et le chat

Jean Luçart
Le chat ouvrit les yeux,
 

Le Soleil y entra.
 

Le chat ferma les yeux,
 

Le Soleil y resta. 

 

Voilà pourquoi le soir,
 

Quand le chat se réveille,
 

J’aperçois dans le noir
 

Deux morceaux de Soleil.