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lundi 13 juin 2016

Herbjorg Wassmo : Cent ans



Après avoir lu Le livre de Dina de Herbjorg Wassmo, j’ai eu envie de découvrir Cent ans.

L’auteur y raconte l’histoire de sa famille, une saga qui s’intéresse aux femmes de quatre générations différentes et, en particulier, à son arrière grand mère Sara Suzanne, sa fille Elida et sa petite fille Hjordis qui est la mère de Herbjord. Cent ans :  Sara Suzanne est née en 1842, Herbjord en 1942.

NNorvège Kabelvag  iles Lofoten Frederik Nicolaï Jensen :  retable de l'église Vagan (1869_1870)
Frederik Nicolaï Jensen :  retable de l'église Vagan (1869_1870)
Le portrait de Sara Suzanne par le pasteur-peintre Frits Jensen orne le retable de l’église Vagan de Kabelvag dans le Norland, dans les îles Lofoten. C’est à partir de l'ange de ce tableau que l’écrivaine laisse aller son imagination, ne s’interdisant pas la fiction puisqu’elle ne peut tout connaître des faits et des sentiments de ses aïeules.

« Celui qui raconte une histoire choisit ce qui lui convient de raconter »

Il s’agit donc bien d’une fiction bâtie sur la réalité, d’ailleurs Sara Suzanne n’est pas vraiment son ancêtre.
 Dans ma jeunesse, en lisant une théorie métaphysique prétendant que l'on choisit ses parents, j'avais été saisie d'effroi. Maintenant, c'est juste ce que je fais. C'est à dire que je choisis mon arrière-grand mère maternelle.
 Le peintre et pasteur Frits Jensen a réellement existé et devient ici un personnage de roman.
 
Adelsteen Normann (1848_1918) Les îles Lofoten port de pêche
Adelsteen Normann (1848_1918) Les îles Lofoten port de pêche

La narratrice est une petite fille dont on comprend tout de suite, sous les non-dits, qu’elle est victime d’un inceste et qui trouve dans l’écriture de ses cahiers un exutoire à son angoisse.
La narration ne respecte pas l’ordre chronologique, un récit déconstruit, passant d’une époque à l’autre, qui peint un pays, le Norland, les îles Lofoten, et la vie rude de ses habitants qui vivent de la pêche et de l'agriculture. A son habitude, Wassmo brosse les portraits de femmes courageuses, au caractère affirmé; des femmes d’un milieu modeste, qui n’ont jamais eu le choix de conduire leur vie, ni pour leurs études, ni pour leur mariage  et qui ont dû mettre sous éteignoir leurs aspirations les plus profondes. Le seul avenir de la femme à cette époque et dans cette région, outre mettre au monde une bonne dizaine d’enfants ou/et mourir en couches, est le travail et l’église.
Quant aux hommes, leur vie n'est pas facile non plus : ils sont en mer et tirent leur subsistance de la pêche. On assiste, entre autres, à la pêche aux harengs dont dépend la fortune de Johannes, le mari de Sara-Suzanne, une scène magistralement décrite. Très belles aussi les séance de lecture que Sara Suzanne introduit dans la ferme, chacun, du domestique aux enfants et aux maîtres se recueillant pour l'entendre lire le livre de Bjornstjerne Bjornston La fille de la poissonnière. Chacun se passionnant pour l'héroïne :
Dès le premier soir, tout le monde à Havnnes, se mit à parler de Petra, l'héroïne du livre. A croire qu'elle venait de débarquer pour fêter Noël avec eux."
Un bref passage dans la capitale, Kristiana, avec Elida qui y amène son mari malade, nous montre avec quel dédain étaient accueillis ces Norvégiens du Nord considérés comme des"bouseux" et dont l'accent était sujet à moquerie.

Et tout a long du récit, se fait entendre la petit voix sous-jacente, angoissante, de l’enfant qui écrit, qui écrit, qui écrit.. pour échapper à son bourreau sans pouvoir se confier à personne. La force de l’écrivaine est telle qu’elle n’a pas besoin de dire pour exprimer.

Un beau roman, ample, émouvant, que j’ai beaucoup aimé, même si je dois dire que Le livre de Dina reste mon préféré. La raison en est la dimension presque surnaturelle du personnage de Dina, fascinante, passionnée jusqu’à la folie, inquiétante, cruelle et généreuse à l’excès, une femme, enfin, hors du commun et de la raison.

dimanche 12 juin 2016

Oslo : La presque-île de Bygdoy : Le musée des bateaux vikings/ Le musée folklorique / Le musée du Fram

Oslo musée du bateau viking presque île de Bygdoy Vikingskipshuset
musée du bateau viking

La presque-île de Bygdoy est l'une des plus agréables promenades à faire à Oslo et ceci d'autant plus que vous êtes avec un enfant. D'abord vous pouvez prendre le bateau au port, face à la mairie, et faire une courte et plaisante traversée; ensuite vous pouvez visiter tout à pied, d'un musée à l'autre, il y en a tant et pour tous les goûts! Vous ne pourrez tous les voir en un seul jour!

Le deuxième musée préféré de Léonie (6 ans), après le musée zoologique et le parc botanique d'Oslo est :

Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset

Oslo Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset
Le drakkar viking de Gokstad
Les trois bateaux vikings du musée ont été retrouvés dans l'Oslofjord et sont les tombeaux de personnages importants. Le drakkar d'Oseberg date de 834, celui de Gokstad de 900. Celui de Tune a été pillé et les restes sont plus fragmentaires.

Oslo Le musée des bateaux vikings : Vikingskipshuset Le bateau viking d'Oseberg
Le bateau viking d'Oseberg
 
Oslo presqsue île de Bygdoy Le musée des bateaux vikings : VikingskipshusetLe bateau viking d'Oseberg
Le drakkar d'Oseberg
 
 Dans le bateau d'Oseberg on a retrouvé les squelettes de deux femmes, l'une âgée de 50 à 70 ans, l'autre de 25 à 40 ans. On pense qu'il s'agit d'une puissante volve (sorcière) et l'autre, la plus jeune, de sa fille ou d'une servante. Elles étaient accompagnées dans la mort par 15 chevaux, 4 chiens et un taureau sacrifiés sur le drakkar.
Les objets en bois, mobilier, bijoux, armes, outils que l'on y a retrouvés sont d'une grande richesse comme le chariot, le seul connu de la période viking ou les traîneaux admirablement sculptés.

Oslo musée des nateaux vikings Chariot Viking trouvé dans le drakkar
Chariot Viking trouvé dans le drakkar

Le musée folklorique : Norsk Folkmuseum 

Oslo Norsk Folkmuseum : maison rurales presque-île de Bygdoy
Norsk Folkmuseum : maison rurales
Le musée des arts et des traditions populaires de Norvège regroupe des maisons de zones rurales ou urbaines représentatives des différentes régions de Norvège. Nous en avions vu un à Stockholm. Au début mai, beaucoup de ces édifices étaient fermés et les animations à la ferme aussi. Tout commence en Norvège à partir du 15 mai ou parfois début juin. L'intérêt, c'est qu'il y a peu de visiteurs et que la promenade est agréable et reposante. Les quelques maisons visitables sont intéressantes. 
Les maisons rurales dont certaines datent du moyen-âge, sont construites avec des rondins de bois, ont des toits fermés par de l'écorce de bouleaux, réputée imputrescible, elle-même recouverte de tourbe où l'herbe pousse en liberté, ce qui constitue une bonne isolation dans ces pays froids. Bien sûr, elles nous ont rappelé les maisons du village de Nicolaï Astrup. Certaines arborent de belles sculptures.



Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique
Norsk Folkmuseum maison urbaines

Fenêtre maison ouvrière : photo de Léonie
Intérieur maison d'ouvrier :  Photo Léonie
Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique
Immeuble bourgeois de Christiana (Oslo)
L'intérieur de cet immeuble d'Oslo reconstitue les appartements de toutes les classes sociales du XIX siècle au XX siècle. A l'étage, le décor qui a servi pour la pièce de Ibsen : La maison de poupée.

Oslo presque île du Bygdoy Norsk Folkmuseum maison urbaines musée folklorique Henrik Ibsen décor de la Maison de poupée
Le salon de La maison de poupée
 Oslo Norvège Folkmuseum  décor de la Maison de poupée musée folklorique
Décor au théâtre pour la première de La Maison de poupées

Le musée du  FRAM Frammuseet


Oslo  Le musée du  FRAM, bateau polire de Fridtjof Nansen Frammuseet
Le Fram

Le musée Fram raconte l'histoire du Fram, navire polaire qui fut construit avec une coque spéciale, renforcée, pour l'explorateur Fridtjof Nansen. Au lieu d'être broyé quand il était pris par les glaces, le vaisseau se soulevait. Il était retenu prisonnier mais ne subissait pas de dommages. La visite de cet immense navire, du pont supérieur aux salles des machines, les films qui jalonnent la visite, les photographies des explorateurs et de leurs activités, les instruments, les vêtements, les objets qui permettent d'imaginer la vie quotidienne dans le bateau pris dans les glaces du Pôle et les jeux instructifs à l'intention des enfants (mais aussi des plus grands!) font du Fram un beau musée moderne et interactif.  


Oslo Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle Frammuseet
Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle

Norvège Oslo Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle frammuseet
Films, photographies de la vie à bord du Fram au Pôle

A l'extérieur, une belle pelouse face au fjord et au port d'Oslo nous accueille pour un pique nique ensoleillé.

Norvège Port d'Oslo vu de la  presque-île de Bygdoy Musée du Fram
Port d'Oslo vu de la  presque-île de Bygdoy Musée du Fram

Norvège Oslo  presque-île de Bygdoy Frammuseet
Oslo  presque-île de Bygdoy Musée du Fram

Sur cette presque-île nous n'avons pas eu le temps de voir le musée du Kon-Tiki et le musée de la Marine norvégienne situé à côté du Fram.

 

 

jeudi 9 juin 2016

Olav H. Hauge, poète norvégien : Nord profond

Parc de la maison d'Edvard Grieg :  Vue  sur le Nordasvatnet

 Parc de la maison d'Edvard Grieg :  Vue  sur le Nordasvatnet
Il y a une quinzaine de jours, nous étions assis au bord du Nordasvatnet, le lac de Nordas, à Bergen, dans le parc de la maison d'Edvard Grieg qui se dresse sur la Troldhaugen, La Colline des Trolls.

C'est là que Grieg a composé la musique de Peer Gynt d'après l'oeuvre de Henrik Ibsen. Ma petite-fille adore l'histoire, surtout quand le héros arrive dans l'antre du roi des Trolls et elle a chanté, une partie de la journée, le motif de ce passage si célèbre que Fritz Lang a repris dans M. Le Maudit ! Cela faisait un drôle d'effet !

Norvège Bergen :  Maison de Edvard Grieg :  Troldhaugen
Maison de Edvard Grieg :  Troldhaugen



Ensuite, Ma fille, ma petite-fille, mon mari et moi-même, nous nous sommes assis au bord du lac pour écouter les poésies de Olav H. Hauge, poète norvégien, lues par ma fille qui avait emporté avec elle le recueil Nord Profond. Un souvenir paisible et  doux dans un lieu idyllique.




Olav H. Hauge (1908-1994) écrit des poèmes simples et concis, très purs, qui font naître des images d'une grande beauté,  nous font basculer dans l'Ailleurs, parviennent à dire ce qu'il a derrière l'apparence des choses et à en dévoiler le mystère.

Nicolaï Astrup : pommiers en fleurs

 Printemps dans les montagnes

Aujourd'hui les flocons de neige
dansent comme de jeunes rennes
s'affrontant dans le soleil.
La rivière cravache
sur le chemin du retour
emportant l'hiver avec elle.
Le pluvier doré est là et, sur les pentes,
l'herbe verte.

Un mot

Un mot
-une pierre
dans une rivière froide
une autre pierre encore-
il me faut plus de pierres pour traverser.

 La nature, la solitude, son travail d'horticulteur à Ulvik, sur plateaux sauvages du Hardanger, au bord du fjord, dans ce pays glacial où il exploite les pommiers de son verger, le façonnent et sont à la source de son inspiration poétique.  

Hardanger fjord de Hans Gude,

"Les meilleurs de mes poèmes ont été faits dans une froide tranquillité, dans les bois; avec une chique de tabac dans la bouche et une hache à la main"  

Pommes vertes 
 L'été était froid et pluvieux.
Les pommes sont vertes et piquées.
Cependant je les cueille et je les trie
et je les range dans des caisses à la cave.
Des pommes vertes valent mieux
que pas de pommes
quand on vit ici , au 61e parallèle nord.

Sa maladie mentale, il est schizophrène, qui l'isole, le fait basculer vers le rêve, l'imaginaire, habité par la présence de son double, de "l'autre homme". Angoisse. Il vit seul avec ses livres, ses amis sont Thoreau, Ibsen, Hugo, Gide, Char, Michaud, Bachelard et bien d'autres... Il lit beaucoup.

Peinture norvégienne Oslo National galleriet : Christian Dahl : le vieux chêne peintre romantique
Christian Dahl : le vieux chêne


 Quand je me réveille

Quand je me réveille, un noir
corbeau frappe à mon coeur.
Ne vais-je jamais m'éveiller
à la mer et aux étoiles,
aux bois et à la nuit,
au matin,
avec des chants d'oiseaux.

Dans les années soixante son poème "c'est le rêve" devient l'heureux emblème de toute sa  génération.
musée des beaux-Arts de Bergen Kode 2 Rolf Aamot, peintre norvégien
Rolf Aamot, peintre norvégien

 C'est le rêve

C'est le rêve que nous portons
que quelque chose de merveilleux
va arriver,
que ça doit arriver-
que le temps va s'ouvrir
que le coeur va s'ouvrir
que la roche va s'ouvir
que les sources vont jaillir-
que le rêve va s'ouvrir,
qu'un beau matin, au point du jour, 
nous glisserons sur la vague
vers une anse dont nous ne savions rien.

Ce sont des années heureuses pour Hauge qui lie des amitiés et se marie en 1978; il trouve la sérénité. Dans sa préface, François Graveline qui le compare à Orphée, écrit  : "de sa plongée au plus profond de son être, dont il est revenu sans jamais se retourner, se détourner de son but, la poésie, il réapparaît métamorphosé. Hauge a réussi " à transformer son mal en lumière".


Peintre norvégien Nicolaï Astrup : labour
Nicolaï Astrup : labour

La faux

Je suis si vieux
que je m'en tiens à la faux,
et les pensées peuvent aller.
D'ailleurs, ça ne fait pas de mal,
dit l'herbe,
de tomber sous la faux.


Sommeil

Glissons
dans le sommeil, dans
le rêve paisible,
glissons-
deux boules de pâte dans 
le bon four de la nuit.
réveillons-nous
au matin,
deux pains de blé dorés.

Anna-Eva Bergman, peintre norvégienne : jeux de feuilles
Et j'étais triste

Et j'étais triste 
et je me terrais dans une grotte,
j'étais gonflé d'orgueil et bâtissais
au-delà des étoiles,
Maintenant
je construis dans l'arbre tout proche 
et le matin, quand je m'éveille,
le pin
enfile dans ses aiguilles
des fils d'or.

mercredi 1 juin 2016

Oslo : quelques images...

Akershus Forteresse

La première semaine de mon séjour en Norvège a été consacrée à Oslo. Ayant visité l'année dernière la capitale de la Suède, je n'ai pu m'empêcher faire la comparaison. Si j'ai préféré Stockholm, j'ai trouvé bien des charmes à Oslo.

La forteresse de Akershus a été édifiée par le roi Haakon V (1299_1319) qui fit de Oslo sa capitale, très concurrencée par Bergen. A la fin du XIV siècle, la Norvège fut annexée par le Danemark. En 1624,  le roi danois Christian IV décida de faire reconstruire une ville neuve sur l'ancienne ravagée par un incendie et remania considérablement l'aspect de la forteresse. Oslo prit, en son honneur, le nom de Christiana ou Kristiana. La ville se développa au XIX siècle  sous l'effet de la révolution industrielle. En 1925, après l'indépendance de la Norvège en 1905, la ville reprit son nom premier de Oslo ou Aslo, la terre des Ases, les dieux vikings.


Le palais royal
Ce qu'il y a de plus agréable dans le Palais Royal, c'est son parc ouvert au public. Nous l'avons traversé quotidiennement, notre appartement étant situé juste derrière, dans le quartier résidentiel de Briskeby. En cette saison, début du mois de Mai, les jonquilles, les pensées et les narcisses sont fleuries, les lilas en attente d'éclosion. Le matin le jardin est assez désert, mais l'après midi il est envahi, non par des touristes car ils ne sont pas très nombreux, mais par les Osloburgers,  (c'est le nom que se donnent les habitants) qui envahissent les pelouses, en maillot de bain, torse nu, pour profiter d'un soleil radieux et d'autant plus précieux que la semaine précédant notre arrivée, il neigeait! Pendant les vingt et un jours qu'a duré notre séjour en Norvège, il ne pleuvra que deux jours, à Bergen, et encore légèrement.

Parc du palais royal

Parc du palais royal

Parc du palais royal : Camilla Collett
Dans le parc nous croisons la statue de Camilla Collett, soeur du grand écrivain Henrik Wagerland, amoureuse du rival littéraire de celui-ci, le poète Johan Welhaven, écrivaine féministe du XIX siècle que je lirai peut-être si je la trouve en traduction.

Karl Johans Gate

La Karl Johan Gate est une des rues les plus animées. Elle est très longue et relie le palais royal à la gare. A gauche, sur cette image, l'université et, plus loin, le musée des Beaux-Arts (Nasjonal Galleriet) et le musée Historique.
A droite, les jardins de l'université (Studenterlunden), autour du théâtre national, place vivante de la cité que l'on peut visiter à pied, le centre étant assez réduit.

Karl Johans Gate

(Studenterlunden)

Théâtre National
Théâtre National : statue de Ludvig Helberg (1684_1724)
Né à Bergen, ayant vécu longtemps à Copenhague où il est mort, Ludvig Helberg est l'un des grands écrivains norvégiens ou danois (il est revendiqué par l'un ou par l'autre des deux pays), le créateur d'une langue classique. j'ai vu qu'il était appelé : Le Molière de la littérature norvégienne.


Fontaine du jardin des Etudiants

Fontaine du jardin des Etudiants

Toilettes publiques : Liberté, Egalité, Fraternité
Il est beau ce Studenterlunden mais voici maintenant une image sur laquelle je me suis beaucoup interrogée. Que veut-elle dire? Certes le bleu, blanc, rouge, sont les couleurs du drapeau national de la France mais aussi de la Norvège. La devise, elle, est bien française. Liberté, égalité, Fraternité. Comme je ne pense pas que ces termes soient considérés par les Norvégiens comme à jeter aux toilettes, je dois supposer que c'est la France qui est à y mettre? La France? Ou ce qu'elle a fait de la devise? Qu'en pensez-vous?

dimanche 1 mai 2016

Henrik Ibsen : Une maison de poupée


Dans Une maison de poupée, Nora est considérée par son époux Torvald Helmer comme une femme-enfant, jolie, délicieuse, gaie mais puérile et sans cervelle et surtout… très dépensière. Mais enfin, l’on ne demande pas à une femme d’être intelligente et le couple s’entend bien, le mari bêtifiant à qui mieux mieux avec son « petit écureuil »  et sa charmante «  alouette », bref sa poupée. Pourtant Nora quand elle se confie à son amie madame Linke est beaucoup plus sérieuse qu’il ne paraît. Pour sauver son mari, malade et à qui il fallait un séjour dans un pays chaud, elle a emprunté en secret de l’argent à un avocat véreux, Krogstad. Et pour cela elle a fait une fausse signature, celle de son père, puisqu’elle n’a pas le droit en tant que femme de signer. Elle rembourse chaque mois sa dette en rognant sur les dépenses du ménage et en se privant de tout. Mais l’avocat qui veut obtenir un poste dans la banque dont Helmer est devenu le directeur la menace de la poursuivre en justice si Helmer ne lui donne pas satisfaction. Nora désespérée pense que Helmer va vouloir prendre sa faute et se faire condamner à sa place. Elle est prête à mourir plutôt que d’envoyer son mari en prison. Mais lorsque celui-ci apprend la vérité, il accepte le chantage de Krogstad et condamne sévèrement la jeune femme. Furieux, il décide de la séparer de ses enfants car elle ne lui paraît pas digne de les élever. Aussi lorsque l’avocat renonce à la poursuivre, Nora refuse de jouer à nouveau à la maison de poupée, avec un mari redevenu indulgent; elle prend conscience qu’elle n’a jamais pu être elle-même et décide de partir pour être libre et devenir enfin adulte.

Jane Fonda dans le rôle de Nora

Une maison de poupée est ma pièce préférée de Henrik Ibsen. Le thème féministe qui m’intéresse particulièrement y est pour beaucoup évidemment. Il pose le problème de la liberté de la femme toujours considéré comme une mineure dans une société où elle doit tout attendre de son mari.
Le mot « féministe » nous explique Régis Boyer dans les notes écrites à propos de La maison de poupée n’est pas le terme qui convient précisément à Ibsen. Il était surtout moraliste et la double morale pratiquée en son temps entre l’homme et la femme, - douce et indulgente pour l’un et implacable pour l’autre-  le révoltait. Il écrivait : « Une femme ne saurait être elle-même dans la société de notre temps, c’est une société exclusivement masculine avec des lois écrites par des hommes et avec des accusateurs et des juges qui condamnent la conduite d’une femme d’un point de vue masculin. »
Or ce thème est traité ici d’une manière relativement optimiste, qui donne du baume au coeur, grâce au personnage de Nora. On sent toute la tendresse de Henrik Ibsen envers ce personnage qu’il a doté de grâce, de vivacité (écureuil, alouette), de sensibilité mais aussi d’intelligence et de courage. Elle dit adieu à son confort douillet, à ses enfants, car elle ne peut vivre dans le mensonge, continuer à faire semblant. Nora est une enfant qui devient une adulte devant nos yeux, qui prend conscience de la réalité et qui n’accepte pas les compromis. La conduite de son mari envers elle lui dessille les yeux, elle acquiert la lucidité et elle dénonce une société qui maintient les femmes dans l’ignorance et dans l’enfance mais qui les stigmatise quand elles ne connaissent pas les lois et commettent des erreurs. Ibsen signifie par là que tous les individus, femmes ou hommes, ont le droit d’être eux-mêmes, de chercher leur « vérité » et de refuser le « mensonge vital », celui de Peer Gynt ou des personnages de La cane sauvage.

Inutile de dire encore une fois que le dénouement de la pièce fit un scandale : une femme qui quitte son mari et qui abandonne ses enfants avait peu de chance de rencontrer la compréhension. D’ailleurs en est-il autrement aujourd’hui?






Bravo à : Aifelle, Eeguab, Keisha... et merci!

Une maison de poupée pièce de Henrik Ibsen
Le film : Une maison de poupée de Joseph Losey