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jeudi 16 juin 2011

La Charte des droits de la femme

 

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Camille Claudel
Samedi 21 Mai est paru dans le Monde un appel des associations féministes  Paroles de femmes, La Barbe, Osez le Féminisme qui disent leur colère après l'affaire Strauss-Kahn qui a soulevé en France des réactions sexistes vis à vis de femmes tendant à minimiser la gravité du viol et à en rendre la femme responsable.
Je cite ces extraits :
Nous ne savons pas ce qui s'est passé à New York samedi 14 mai mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.
Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Nous le rappelons : "le viol et la tentative de viol sont des crimes", dit le texte de la tribune publiée sur le site internet du Monde.
Et elles ajoutent :
Ces propos illustrent l'impunité qui règne dans notre pays quant à l'expression publique d'un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.
Dans leur collimateur - entre autres- et à juste titre Jean-François Khan
LE RETOUR DES SOUBRETTES SELON JEAN-FRANCOIS KAHN
L'association Paroles de femmes est choquée par les propos et de Jean-François Kahn.
Son expression : « le troussage d'une domestique » montre non seulement son mépris pour les classes sociales populaires mais traduit également sa confusion entre viol et simple badinage amoureux. Réduire la victime à son rang social est indigne.
Son expression comme sa réaction nous plonge dans les pièces de Molière ou de Marivaux, à des temps anciens où la France était une monarchie. Nous souhaitons lui dire que le viol est un crime, punissable par la loi, que le droit des femmes a quelque peu évolué depuis le 18e siècle. Cette phrase tout comme son rire est d'une indécence inexcusable. Il n'a peut-être pas conscience de la souffrance de ce que sa phrase va provoquer chez les femmes victimes de viol et de violences.
Nous l'invitons à nous suivre dans nos campagnes de sensibilisation et de prévention que nous faisons quotidiennement auprès des adolescents dans les collèges et dans les centres de détention auprès de violeurs qui ont entre 13 à 17 ans.
Et à écouter sur notre site le Slam contre le viol écrit par Junajah pour notre campagne contre le viol.
Olivia Cattan, présidente de paroles de Femmes
Fadila Mehal, Présidente des Mariannes de la diversité
Voir l'article complet dans Paroles de Femmes
Ces associations nous invitent tous, femmes ou hommes à signer la pétition pour  La charte universelle des droits de la femme

Voir aussi le texte de Gisèle Halimi  dans Le Parisien :
On imagine une immigrée africaine allant porter plainte dans un commissariat du 19e arrondissement. « Bonjour, j'ai été violée par DSK », et la suite des événements. Pour Gisèle Halimi, 84 ans, avocate féministe, le fait de voir Dominique Strauss-Kahn, un homme puissant, encadré par des policiers, au tribunal, cela montre à quel point il n'y a pas dans ce pays de justiciable VIP.

18 réponses à La Charte des droits de la femme

  1. Excellent! Il était temps. je suis excédée par toutes les outrances de trop nombreux journalistes français ici et là. Bien d’accord avec Gisèle Halimi. Je signe la pétition.
    Rédigé par : Mango | le 22 mai 2011 à 03:05 | Répondre | |
  2. Moi aussi! On se gaussait de Berlusconi mais on a la même chose chez nous
    Rédigé par : miriampanigel | le 22 mai 2011 à 04:15 | Répondre | |
  3. J’ai entendu l’émission sur France Culture où s’exprimait J.F. Kahn et je n’en ai pas cru mes oreilles. Mais les autres hommes présents n’étaient pas mieux, je crois que c’est Caroline Fourest qui a relevé pour dire qu’on ne parlait pas de lutinage, mais de viol et qu’il y avait une sacré différence. C’est très révélateur de la complaisance en France vis-à-vis des violences faites aux femmes. Pour moi le pompon c’est tout de même Jack Lang.
    Rédigé par : Aifelle | le 22 mai 2011 à 05:06 | Répondre | |
  4. @ Mango et miriam : j’ai fait de même! On n ‘en est pas encore à Berlusconi mais pas loin. C’est vrai qu’en France une femme n’aurait aucune chance contre un homme de pouvoir. La réaction de ces messieurs qui tiennent la presse et des politiques nous le montrent bien! De toutes façons chaque fois qu’un homme politique est jugé, il en sort blanchi, écrit un livre et vient nous faire la morale à la télé. La justice et la presse ne sont pas indépendants du pouvoir; on s’en aperçoit chaque jour. c’est pourtant le principe de base d’une démocratie!
    Ah! mais peut-être ne sommes-nous pas tout à fait dans une démocratie?
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 06:12 | Répondre | |
  5. @ Aifelle : je n’ai pas écouté l’émission mais je suis vraiment outrée par tous ces propos! Jack Lang est le seul qui se soit excusé. Il a précisé qu’il n’avait pas voulu minimiser le viol. Il a écrit à Paroles de femmes et il a signé la charte. C’est déjà ça!
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 06:14 | Répondre | |
  6. J. François Kahn s’est excusé aussi, il a jugé lui-même son propos inqualifiable. Par contre, il n’arrange pas son cas en expliquant qu’il avait un peu chargé la veille sur Europe 1 « sous le coup de l’émotion » donc il a essayé de tempérer le lendemain (sic). Il essaie de se justifier en disant qu’il est très proche d’Anne Sinclair, c’est une grande amie. Ma réflexion à moi c’est : une preuve supplémentaire de la collusion politique-journaliste à haut niveau. Et quand on est un bon professionnel, sous le coup de l’émotion, on peut toujours choisir de se taire …. ceux qui voulaient parler ne manquaient pas. Je pense que là on est sur le problème des égos surdimentionnés, toujours prompts à se mettre en avant. J’ignorais que Jack Lang s’était excusé.
    Rédigé par : Aifelle | le 22 mai 2011 à 07:59 | Répondre | |
  7. il est vrai que l’on peut reprocher beaucoup de choses à la justice américaine, mais au moins, elle a écouté une femme de chambre immigrée…
    Rédigé par : choupynette | le 22 mai 2011 à 08:18 | Répondre | |
  8. Je pourrais avoir écrit ton billet et chacun des commentaires, je partage votre point de vue et pendant quelques jours je me suis sentie presque agressée moi même, il semble que la classe politique dans son entier et les médias connaissaient parfaitement les dérives de DSK, ce qui revient le plus souvent c’est « cavaleur » « coureur » et même « libertin » ce qui prouve que ces messieurs ont bien peu de culture le terme de libertin est bien loin de ce sens là
    Cela va bien au delà de l’appartenance politique de DSK à un parti, cela veut dire que ce type de comportement est admis alors qu’il s’agit de délit, le harcèlement sexuel est un délit, les propos graveleux à l’encontre d’une femme aussi
    je regrette d’avoir manqué l’émission dont parle Aifelle mais je vous mets le lien vers une intervention sur RMC tout à fait édifiante
    http://www.youtube.com/watch?v=RGfe4dRgbQA&feature=youtu.be
    Rédigé par : Dominique | le 22 mai 2011 à 08:27 | Répondre | |
  9. Les propos de J-F Kahn sont d’un autre temps, ceux de Lang stupide et tous font preuve du machisme et de l’élitisme le plus moyen-âgeux, c’est à vomir.
    Appel signé et j’espère être à temps ce soir pour le rassemblement.
    Rédigé par : Océane | le 22 mai 2011 à 11:21 | Répondre | |
  10. Lu, approuvé et signé.
    Aujourd’hui dimanche 22 mai à 14h24, j’ai recherché le nom de Jack Lang dans cette page :
    http://www.parolesdefemmes.org/index.php?option=com_petitions&view=petition&id=46&limitstart=360
    en prenant bien soin d’afficher la totalités des signataires (380 à cet instant-là) et il n’apparaît pas !…
    Rédigé par : Tilia | le 22 mai 2011 à 12:45 | Répondre | |
  11. si je m’étais trouvée à Paris aujourd’hui j’aurais rejoint ce rassemblement. on fait toujours le procés des femmes musulmanes, mais on ferait bien de balayer devant notre porte:la condition féminine dans les pays occidentaux n’est pas un exemple non plus, et si cette sordide affaire pouvait un peu réveiller les consciences dans ce domaine, y compris des plus jeunes, ce serait une bonne chose.
    Rédigé par : sophie57 | le 22 mai 2011 à 12:45 | Répondre | |
  12. @ Aifelle : va voir l’article dans Paroles des femmes (j’ai donné le lien) tu verras l’explication de Jacques Lang. Je suis d’accord avec toi. Comment peut-on avoir une presse indépendante du pouvoir? Ou ce sont des amis qui font partie de la même classe et défendent des intérêts communs,ou ils n’ont pas la liberté d’écrire car ils se feraient virer. Il suffit de voir à qui appartiennent les journaux. Se poser la question : Qui les dirige vraiment?
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:04 | Répondre | |
  13. @ choupynette : Elle l’a écoutée mais jusqu’à quand? je ne crois pas beaucoup à la justice américaine! Chez eux tout se finit pas des transactions financières, si l’accusé est riche, il achète la partie adverse, s’il est pauvre, il va en prison.
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:06 | Répondre | |
  14. @ dominique : Oui, tu as raison, on se rend compte combien on se fait tromper par cette classe politique et les médias (et qu’importe leur appartenance) qui n’a aucune probité.
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:14 | Répondre | |
  15. A Tilia : voilà ce qu’écrivent les responsables de Paroles de Femmes (voir le lien dans mon blog pour l’article complet.)
    « L’ancien ministre Jacques Lang a contacté l’association paroles de femmes afin de lui expliquer que le propos « il n’y a pas mort d’homme » ne désignait pas le viol en lui-même mais que cette phrase avait été sortie de son contexte. Il a déclaré « être un militant féministe depuis de nombreuses années ». Il a manifesté son soutien à Paroles de femmes pour ses actions concernant son programme de sensibilisation auprès des collégiens concernant l’égalité hommes-femmes et sa lutte contre les violences et la précarité. Nous nous réjouissons également de sa signature concernant notre Pacte féminin qui sera reconduit cette année auprès des candidats à la présidentielle et de son engagement futur à nos côtés pour la cause des femmes. »
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:20 | Répondre | |
  16. @ Sophie : c’est vrai que la cause des femmes est loin d’être gagnée dans nos pays et en plus tout est toujours à recommencer! La lutte contre les mentalités sexistes n’est pas terminée et, tu as raison, les jeunes femmes actuelles feraient bien d’être vigilantes.
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:22 | Répondre | |
  17. @ Océane : si tu vas au rassemblement, raconte nous!
    Rédigé par : claudialucia | le 22 mai 2011 à 14:23 | Répondre | |
  18. La manière dont les journalistes français ont traité cette affaire en dit long sur le machisme et la collusion entre medias et pouvoir politique – encore très actifs – dans notre vieux pays…
    Rédigé par : Gwenaelle | le 22 mai 2011 à 15:28 | Répondre | |

Philippe Valliez et Alain Dubos : Landes, de terre et d’eaux




Landes, de terre et d'eaux, ce joli livre des éditions Passiflore, collection Itinéraire Bis, est un vrai plaisir pour les yeux. Son format à l'italienne propre à la présentation des paysages des Landes aux lignes allongées, l'utilisation du papier Kraft réalisé à partir de pâte à papier de bois de résineux, symbole de l'essence de pin maritime landais, le choix du graphisme en font un "objet" délicieux que l'on ne se lasse pas de feuilleter.

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Ouvrir ce livre c'est répondre à l'invitation au voyage que nous lancent le romancier Alain Dubos et le peintre Philippe Valliez :
Il est des pays dont la violence est maîtrisée par un décor en apparence pacifié, et que tourmentent pourtant, au hasard des colères de la nature, les cataclysmes. Les Landes sont de cette famille-Là.." Mais ajoute Alain Dubos, "Du désordre renaît, chaque fois, ce pays gascon semblable à nul autre.

landes-hiver-x.1305116103.jpgEt c'est bien cette calme beauté après la tempête, cette sérénité de la nature reconquise sur le désordre dont je m'imprègne en tournant les pages du livre, sensible à la poésie du texte et de l'image. Ces regards croisés du peintre et de l'écrivain semblent me convier à goûter l'harmonie de ces paysages avec leur forêt de  pins cathédrale sans fin sous le ciel Atlantique où la rectitude est un leurre",  où la terre et l'eau se rejoignent dans une sorte de communion silencieuse, où les saisons défilent parées de couleurs. Tout semble appelé à rejoindre la mer, là où sable et vent s'épousent et le pays  s'achève en murmure océan. Je découvre les Landes comme un pays inconnu et mystérieux  loin de l'image superficielle que s'en fait le touriste, mais décrite par deux amoureux de cette région qui cherchent à nous en faire découvrir l'essence.Les paysage peints par Philippe Valliez sont splendides. Le support marron donne un couleur chaude à chaque image rehaussée par  les jaunes, les oranges qui éclaboussent de lumière les paysages. Les teintes pastel de l'eau qui rejoignent le  blanc cotonneux du ciel, l'éclat vernissé de grains de maïs, le tapis mauve des bruyères,  "l'épure" d'une bergerie,  tout fait de ce livre un petit régal!

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Voir le billet de Tout à fée...

logo2.1305117381.GIF  Merci à Babelio et aux Editions Passiflore

mercredi 15 juin 2011

Blaise Cendrars : Orion dans Au coeur du monde




Le poème Orion appartient à la première partie du recueil de Blaise Cendrars Au coeur du Monde, intitulée Feuilles de route. Il a été écrit au cours d'un voyage sur l'océan. Le poète passait sa nuit sur le pont et observait sa constellation Orion qui évoquait pour lui la guerre et sa mutilation. Plus tard, il écrira La Main coupée (1946) deuxième volume d'une Tétralogie de Mémoires.



Orion
C'est mon étoile
Elle a la forme d'une main
C'est ma main montée au ciel
Durant toute la guerre je voyais Orion par un créneau
Quand les Zeppelins venaient bombarder Paris ils
venaient toujours d'Orion
Aujourd'hui je l'ai au-dessus de ma tête
Le grand mât perce la paume de cette main qui doit
        souffrir
Comme ma main coupée me fait souffrir percée qu'elle
        est par un dard continuel

Blaise Cendrars  Au coeur du monde (1924-1929)


Les compagnons Troubadours du dimanche :
Edelwe, Mango, Abeille, Emmyne, Chrestomanci, Mariel, Laurence , Ankya, Herisson08, Anjelica , George, Uhbnji , Fleur, Esmeraldae, Armande, Satya, Zik, Lystig, Amos, Bookworm, Emma, Julien, Marie, Yueyin , Soie , Alex , Hambre , Katell , Mathilde, Schlabaya, Hilde, Saphoo, La plume et la page, Tinusia, Chrys, Roseau, MyrtilleD, Cagire, Caro[line], L’or des chambres, Violette, claudialucia, Séverine, Maggie, Sev, Azilis.

Eugène Guillevic : Douceur



Douceur
Je dis douceur,
Pensant aussi
A des feuilles en voie de sortir du bourgeon,
A des cieux, à de l’eau dans les journées d’été,
A des poignées de mains.
Je dis douceur, pensant aux heures d’amitié,
A des moments qui disent
Le temps de la douceur venant pour tout de bon,
Cet air tout neuf
Qui pour durer s’installera.


Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Edelwe, Mango, Abeille, Emmyne, Chrestomanci, Mariel, Laurence , Ankya, Herisson08, Anjelica , George, Uhbnji , Fleur, Esmeraldae, Armande, Satya, Zik, Lystig, Amos, Bookworm, Emma, Julien, Marie, Yueyin , Soie , Alex , Hambre , Katell , Mathilde, Schlabaya, Hilde, Saphoo, La plume et la page, Tinusia, Chrys, Roseau, MyrtilleD, Cagire, Caro[line], L’or des chambres, Violette, claudialucia, Séverine, Maggie, Sev, Azilis, Wens, Sophie57

Tahar Ben Jelloun, la main

Léonard de Vinci : mains



La main
trace du soleil
arrête le mur qui avance
c'est une main
grande comme le rêve
tendre comme la forêt
elle a fait
du pain qui a le goût de la terre
et le sel du ciel.

Tahar Ben Jelloun

Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres… Des Histoires…Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d’Hilde , Katell : Chatperlipopette, L’Ogresse de Paris : L’Ogresse de Paris, L’or des chambres : L’Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L’Oiseau-Lyre (ou l’Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou, Océane : Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures

Positif-négatif ou la conjugaison à sens unique




J'ai retrouvé une poésie composée par mes élèves de troisième dans les années 80! Sylvie, Maryse et Françoise sont des adultes à présent et qui sait? mariées, mères de famille? Peut-être! Le moins que l'on puisse dire c'est que pour des jeunes filles de quinze ans, elles avaient la dent dure et peu d'optimisme! Je leur souhaite pourtant de conjuguer autrement leur vie de femme!

Je casserole .... Il pipe
Tu popotes .... Il pied sous la table
Elle glassex .... Il cartonne au café d'en face
Nous vaissellons .... Ils téléent
Vous aiguille à repriser .... Il sème des cendres partout
Tu poêles à frire .... Il croque monsieur
Elle chiffonne .... Il s'échine à divertir toutou
Tu "ça va seul" (qu'il dit) ..... Il s'apéritive avec les copains
Vous pouponnez .... Ils roulent des mécaniques
Je trime .... Il crâne
 .
Plus huit heures de tit ta ta ta au bureau
Plus deux heures de train de banlieue
C'est la vie de château
Pourvu que ça dure... qu'ils disent!


Les compagnons Troubadours du dimanche :
Edelwe, Mango, Abeille, Emmyne, Chrestomanci, Mariel, Laurence , Ankya, Herisson08, Anjelica , George, Uhbnji , Fleur, Esmeraldae, Armande, Satya, Zik, Lystig, Amos, Bookworm, Emma, Julien, Marie, Yueyin , Soie , Alex , Hambre , Katell , Mathilde, Schlabaya, Hilde, Saphoo, La plume et la page, Tinusia, Chrys, Roseau, MyrtilleD, Cagire, Caro[line], L’or des chambres, Violette, claudialucia, Séverine, Maggie, Sev, Azilis.

Jonathan Safran Foer : Faut-il manger les animaux? (2)


Faut-il manger les animaux? C'est la question que pose l'écrivain américain Jonathan Safran Foer qui abandonne un moment  le roman pour  écrire cet essai publié au mois de Janvier aux éditions de l'Olivier. J'avais lu à ce propos la discussion parue dans Télérama entre l'auteur et la philosophe Elizabeth de Fontenay et m'étais sentie concernée par les questions soulevées par ce livre au sujet des relations entre les hommes et les animaux. D'autre part la modération de l'auteur, végétarien, m'intéressait, car il se gardait, nous disait-on, d'un prosélytisme militant pour mettre entre nos mains le résultat d'une enquête qui a duré quatre ans sur l'élevage industriel. Au terme de son livre, nous ne pouvions plus ne pas savoir et le choix était entre nos mains. Il est vrai que le réquisitoire est si féroce que tout être humain doté d'une conscience se demande s'il a vraiment le choix!
Je n'ai pas eu la naïveté de penser que, lisant ce livre, les personnes allaient changer subitement leur manière de vivre. Mais je voulais rendre plus difficile le fait de manger de la viande en toute insconcience des questions que pose cet acte, explique J.S. Foer à Elizabeth de Fontenay. (Télérama n° 3181)
Jonathan Foer pose d'abord le problème moral qui a était celui des sociétés primitives mais qui, à notre époque, ne nous préoccupe plus trop, l'animal nous apparaissant comme de la viande dans un supermarché : est-il moral de manger des animaux? Ceux-ci, en effet, sont capables de conscience, de sensibilité donc de souffrances aussi bien physiquement que psychologiquement. Sans verser dans l'antropomorphisme et en s'appuyant sur des observations et des expériences scientifiques rigoureuses, on peut déterminer que les animaux sont sensibles à la peur, au stress qui se mesure aux toxines libérées dans leur organisme; ils peuvent mourir de crise cardiaque; ils sentent approcher la mort. Ils sont dotés d'une certaine forme d'intelligence (ce que la philosophie traditionnelle étudiée dans nos lycées refuse d'admettre) qui, si elle n'est pas égale à celle de l'homme, est pourtant indiscutable de nos jours. Nous le nions parce que cette vérité est dérangeante.
Cependant, il faut savoir que, si l'on ne veut pas renoncer à manger des animaux parce que c'est une chose "naturelle", il est moins naturel de  surconsommer de la viande comme le font les américains et à un moindre degré (mais tout de même!) les européens!  Une consommation excessive de viande entraîne le développement intensif et bientôt exclusif de l'élevage industriel qui se concentre aux mains de quelques multinationales dont les gouvernants se font les complices au nom des profits économiques. Or, l'élevage industriel n'est pas moral, l'élevage industriel est mauvais pour notre santé, l'élevage industriel est une catastrophe écologique dont notre planète a et aura toujours plus à souffrir si nous continuons ainsi.
Ce sont les trois idées-phares que développe Foer au cours d'une argumentation solide qui s'appuie sur des exemples tirées de son enquête et d'une documentation ample et méthodique.
L'élevage industriel ne respecte aucune éthique. Les quelques lois qui paraissent pour protéger les animaux sont timides, mal observées et souvent détournées. L'élevage est en effet pratiquée d'une manière inhumaine qui implique une souffrance quotidienne des animaux. La mortalité à cause des conditions de vie et des mauvais traitements est extrêmement élevée et se pose alors le problème des cadavres à éliminer qui sont versés dans des fosses où ils vont contaminer les couches souterraines, les cours d'eau comme le font d'ailleurs les déjections, le purin de ces fermes industrielles qui sont cause d'un pollution intense et irréversible. De même pour les émissions de gaz à effet de serre rejetées par ces élevages si intensif.s. Pour éviter les maladies qui s'attaquent systématiquement à ces animaux, on leur injecte des doses de médicaments et surtout d'antibiotiques massifs. Ils sont pourtant infectés de bactéries que les conditions d'abattage accroissent encore; les bains de javel dans lesquels on fait tremper les volailles ne résolvent pas le problème puisque des maladies liées à cette alimentation ont été recensées sur une population d'environ 76 millions d'américains. D'autre part, cet élevage industriel est responsable des grippes aviaires et porcines qui font peser sur notre planète les risques d'une pandémie. Celle-ci pourrait être aussi meurtrière que la grippe espagnole de 1918 qui a fait, à elle seule, plus de morts que la première guerre mondiale.
Mais ce n'est pas tout. Les animaux élevés en industrie sont génétiquement mofidiés pour qu'ils produisent plus,  pour les rendre plus charnus. Les espèces naturelles sont en voie de disparition. Les différentes races de poules, par exemple, sont en train de disparaître pour laisser place à un "prototype" difforme, monstrueux, qui accroîtra le profit de ces éleveurs.
D'autre part, l'accroissement des cultures réservés au bétail  occupe déjà et occupera une portion toujours plus grande des terres cultivables .. La faim dans le monde pour les pays pauvres risquent de s'accroître pour que les pays riches puissent continuer à surconsommer de la viande!
Il n'y a plus aux Etats-Unis de fermes naturelles sauf celles de quelques fermiers qui cherchent encore à préserver les espèces et à pratiquer un élevage et un abattage moralement acceptables. Mais ils font faillite ne pouvant tenir devant la concurrence des multinationales.
Il n’y a plus de fermiers, mais des managers, des usines d’élevage, d’abattage, de découpe et de conditionnement dont les responsables n’ont plus aucune notion de ce qu’est un animal. Ils n’ont qu’une pensée : comment gagner plus en dépensant moins, et s’ils pensent que des animaux malades leur feront gagner plus que des animaux sains, ils le font. S’ils pensent que cela revient moins cher d’élever des animaux hors nature, à l’intérieur, sans voir le jour, ils le font. S’ils pensent qu’on peut les nourrir avec autre chose que de l’herbe et du fourrage, ce que jamais un fermier n’aurait pu penser il y a cinquante ans, ils le font et les nourrissent de maïs ou de tourteaux de soja, ou même de résidus animaux, faisant d’espèces herbivores des carnivores malgré elles. Savez-vous qu’un poulet dans la nature vit dix ans et celui que vous mangez au McDonald’s, quarante-cinq jours ? S’il vivait plus longtemps, ses pattes se casseraient sous son poids. 
Pour mener à bien cette étude Jonathan Safran Foer a étudié de nombreux rapports de scientifiques, de sociétés de consommateurs indépendantes du pouvoir. Mais il a aussi demandé des autorisations pour pénétrer dans les grands abattoirs et les grands élevages des Etats-unis, autorisations qui lui ont toujours été refusées, bien entendu! Alors il y est entré clandestinement, de nuit, avec des associations qui sont en lutte contres les industries de la viande et qui prennent le parti des animaux malades et cruellement traités. Il a vu de ses yeux des spectacles effarants qu'aucun être humain ne devrait pouvoir tolérer. Il a interwievé des ouvriers qui ont témoigné sous l'anonymat par crainte des représailles de ce qui se passait dans les abattoirs, certains ont même filmé des scènes d'une cruauté insoutenable. Il est allé aussi visiter ceux qui, parmi les éleveurs luttent pour pratiquer un élevage correct sur le plan éthique et pour préserver les animaux des souffrances inutiles qui s'abattent sur eux dans les abattoirs.
Quant au style, disons que Jonathan Safran Foer sait appeler un chat un chat et qu'il ne s'embarrasse pas de fioritures. Il va droit au but! Il a l'art aussi par des comparaisons imagées de parler à l'imagination du lecteur et de lui permettre de mesurer l'ampleur de la catstrophe. Ainsi quand la multinationale Smithfield*a rejeté plus de 75000 mètres cubes de déchets liquides dans la New River en Caroline du Nord.  Elle a, nous dit J.S. Foer, libéré assez de lisier liquide pour remplir 250 piscines olympiques.
Je dois dire que ce livre a soulevé pour moi de graves questions : quelle est notre responsabilité en tant que consommateurs? Devenir végétarien est-il une réponse? En suis-je capable? L'attitude d'une minorité peut-il changer quelque chose face à ces grands groupes tout puissants?  J'en suis arrivée à me dire que faire savoir ce qui se passe paraît un devoir et accepter de le savoir aussi!
J'ai bien aimé l'attitude de Jonathan Foer qui explique sa propre lutte :  Devenir végétarien, c'est renoncer au poulet aux carottes de sa grand mère, la plus Grande Cuisinière du Monde. Cette grand mère qui, enfant, a vu disparaître sa famille dans les camps de concentration et, fuyant les nazis, a survécu dans les forêts presque morte de faim. Pourtant, même alors, elle n'aurait jamais accepté de manger de la viande qui n'aurait pas été  casher car, explique-t-elle à son petit-fils, et c'est par ces mots que Jonathan Safran Foer conclut son essai : Si plus rien n'a d'importance, il n'y a rien à sauver.

* Smithfield multinationale agro-alimentaire qui serait responsable de la grippe H1N1 voir article ici

Voir aussi les citations du Jeudi  20 Janvier dans mon blog

dailogues-croises-capture-d_ecran-2010-05-27-a-10-14-261.1295649803.png Merci à la Librairie Dialogues Croisés et aux éditions de l'Olivier pour la découverte de ce livre.