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dimanche 15 avril 2018

Maurice Carème : Poèmes


Fjaestad Gustav peintre suédois
Maurice Carème est un poète et écrivain  belge né en 1899 à Wavre. En 1918, il devient instituteur à Anderlecht. La découverte des poèmes d'enfants le bouleverse et change son style. Désormais, il recherche la plus grande simplicité. (voir ici)


Le givre
 
Fjaestad Gustav peintre suédois


Mon Dieu ! comme ils sont beaux

Les tremblants animaux

Que le givre a fait naître

La nuit sur ma fenêtre


Ils broutent des fougères

Dans un bois plein d’étoiles,

Et l’on voit la lumière

A travers leurs corps pâles.


Il y a un chevreuil

Qui me connaît déjà ;

Il soulève pour moi

Son front d’entre les feuilles.


Et quand il me regarde,

Ses grands yeux sont si doux

Que je sens mon cœur battre

Et trembler mes genoux.


Laissez moi, ô décembre !

Ce chevreuil merveilleux.

Je resterai sans feu

Dans ma petite chambre.



Il a neigé
 
Pekka Halonen : peintre finnois


Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton noir croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.

Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.

                         
Vent




Vent qui rit,
Vent qui pleure
Dans la pluie,
Dans les cœurs ;


Vent qui court,
Vent qui luit
Dans les cours,
Dans la nuit ;


Vent qui geint,
Vent qui hèle
Dans les foins,
Dans les prêles ;


Dis-moi, vent
Frivolant,
À quoi sert
Que tu erres


En sifflant
Ce vieil air
Depuis tant,
Tant d’hivers ?

Il pleut

Van Gogh : la pluie

Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier,
Il pleut une pluie si tranquille
Qu’on entend les jardins chanter.

Il pleut comme au temps de Virgile,
Comme au temps de Berthe aux longs pieds,
Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier.

Il pleut du bleu doux sur la ville
Il pleut et, dans le ciel ouaté,
Tous les colombiers sont mouillés.
Les pigeons semblent, sur les tuiles
Des bouquets de  fleurs de pommiers

Le brouillard
 
Aurélia Frey

Le brouillard a tout mis

Dans son sac de coton ;

Le brouillard a tout pris

Autour de ma maison

Plus de fleurs au jardin,

Plus d'arbres dans l'allée ;

La serre des voisins

Semble s'être envolée.

Et je ne sais vraiment

Où peut s'être posé

Le moineau que j'entends

Si tristement crier.


                                      
Le soleil et le chat

Jean Luçart
Le chat ouvrit les yeux,
 

Le Soleil y entra.
 

Le chat ferma les yeux,
 

Le Soleil y resta. 

 

Voilà pourquoi le soir,
 

Quand le chat se réveille,
 

J’aperçois dans le noir
 

Deux morceaux de Soleil. 


 

samedi 14 avril 2018

Sarah Perry : Le serpent de l'Essex



Angleterre, fin du XIXe siècle. Cora Seaborne, une jeune veuve férue de paléontologie, quitte Londres en compagnie de son fils Francis et de sa nourrice Martha pour s’installer à Aldwinter, dans l’Essex, où elle se lie avec le pasteur William Ransome et sa famille. Elle s’intéresse à la rumeur qui met tout le lieu en émoi : Le Serpent de l’Essex, monstre marin aux allures de dragon apparu deux siècles plus tôt, aurait-il resurgi de l’estuaire du Blackwater ? C’est ce que portent à croire la mystérieuse disparition d’un homme à la veille du nouvel an, puis celle de la petite Naomi Banks, fille d’un batelier du village. (Quatrième de couverture)

L'essex

Le roman de Sarah Perry Le serpent de l’Essex paru aux éditions Christian Bourgois, n’est pas un roman fantastique contrairement à ce que le titre pourrait laisser à penser. C’est  un livre qui explore les peurs ancestrales ancrées dans les esprits et qui resurgissent lors de périodes particulières à notre histoire.  C’est l’analyse de la superstition toujours prête à renaître et à embrumer les esprits même ceux des plus raisonnables. C’est l’éternel duel entre l’obscurantisme et l’esprit scientifique à cette époque victorienne où les découvertes des fossiles sur les plages de l’Essex (il est souvent question de Mary Anning* qui a découvert les fossiles des dinosaures) viennent corroborer les thèses de Darwin et apporter la preuve scientifique de l’évolution des espèces. Les deux thèses sont portées, dans le roman, d’une part par Cora, naturaliste, et pas William Ransome, le pasteur, un homme de foi.

Rivière de Blackwater où se cache le serpent
A ces thèmes passionnants s’ajoutent celui de la liberté féminine et du statut de la femme à l’époque victorienne. L’écrivaine veut montrer, à travers le personnage de Cora Seaborne, éprise de science et de paléontologie, que la société victorienne n’était pas aussi corsetée que ce que l’on veut bien le dire. Mais l’on ne peut s’empêcher de penser que si Cora est si marginale, si libre par rapport à sa classe sociale et son époque, c’est parce qu’elle a eu le bonheur de perdre son mari ! Et oui, elle est veuve et heureuse de l’être et riche ! Beaucoup de conditions pour gagner le droit d’être libre !

Enfin la misère sociale est aussi abordée par l’intermédiaire de la lutte contre les logements insalubres, sales, dégradés où s’entasse le petit peuple de Londres.  C’est Martha, la gouvernante de Cora, issue du peuple, qui mène cette bataille avec argent du riche Spencer, amoureux d’elle !

Si j’ai bien aimé les personnages secondaires comme le médecin, Luke Garett, les enfants, Naomi, Jo, et Francis, et l’épouse du pasteur, Stella, j’ai été peu en empathie avec Cora Seaborne, qui m’a déplu. Et pourtant, elle est féministe, donc, je devrais être en accord avec elle, mais son désir de liberté s’accompagne d’une insensibilité à la peine des autres qui me choque. Quant à William Ransome, le pasteur, je n’arrive pas vraiment à le cerner. Je crois que ce qui me gêne, c’est le présupposé de l’écrivaine qui veut affranchir cette homme d’église des interdits victoriens à propos de la sexualité. Du ce fait, je n’arrive pas trop à croire en ce personnage parce que même à notre époque de grande liberté sexuelle (?) un homme qui trompe sa femme mourante (et qu’il aime) sera tourmenté par la culpabilité. Je n’ai pas trop compris ce personnage.

Ce roman est donc très bien écrit, riche et souvent complexe au niveau de l’analyse psychologique et des sentiments. A priori, il avait tout pour m’intéresser. Mais, tout en reconnaissant ses qualités, je n’ai pu m’y investir totalement et je suis restée partiellement en dehors. Quelques longueurs, la froideur de l’analyse et ce désir de l’écrivaine de n’être pas là où on l’attend, en particulier pour l’histoire d’amour et la vision de l’époque victorienne, expliquent peut-être ce ressenti.


*(voir Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier) 


Sarah Perry est née en 1979 dans l’Essex. Son premier roman, After Me Comes the Flood, a figuré parmi les sélections du Guardian First Book Award, du Folio Prize et a remporté le Anglian Book of the Year en 2014. Elle vit à Norwich. Le Serpent de l’Essex est son premier roman traduit en français.

jeudi 12 avril 2018

Sandor Marai et Michel-Ange dans La nuit du bûcher

Michel Ange : La pieta de Rome

Dans La nuit du bûcher de Sandor Marai (Voir Ici), le moine défroqué s'enfuit de Rome et passe par Florence pour se réfugier à Genève.
Après avoir vu la Pieta de Rome sculptée par l'artiste dans sa jeunesse, il découvre celle de Florence, oeuvre du sculpteur âgé.

Michel Ange : La Pieta de Florence

"Dans la cathédrale sur la grande place j’ai vu la Pieta que cet artiste romain au nez cabossé a sculptée. Mais cette Pieta florentine n’est pas aussi douce ni sereine que la romaine. (..) 

La Pieta de Rome

"Au-dessus du groupe s’élève la figure d’un vieillard encapuchonné et vêtu d’une cape -on dit que le sculpteur qui l’a réalisée dans sa vieillesse a taillé dans la pierre le visage de cette statue à son image. Ce vieil homme ne demande rien. Il se contente de regarder. Il pose son regard sur les souffrants, sur La Vierge et sur le corps humain supplicié. Aucune expression de colère sur son visage. En contemplant cette statue, je me suis souvenu des mots du padre Alessandro quand il avait mentionné que le vieux maître écrivait des poèmes, dont l’un évoquait la lumière que l’homme ne perçoit qu’au-delà de la mort. En m’attardant sur le visage pierre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, dans la réalité de la mort, cette lueur s’éteint. Celui qui croit que l’on peut mêler notre Seigneur aux querelles humaines est d’un égoïsme et d’une bêtise coupables. Les hommes sont des nigauds en espérant qu’ils peuvent entraîner Dieu dans la misère humaine et lui demander de prendre parti, de s’engager, de punir et de récompenser. Le regard du vieil homme plonge dans l’abîme avec l’indifférence de celui qui n’espère plus aucune réponse de Dieu. Dans la Pieta de Rome, le visage de la Vierge Marie à la fois apaisé et douloureux dit encore que le Sacrifice a quelque signification. Le vieillard de la Piété florentine a l’air de savoir, lui, que le Sacrifice n’a aucun sens."

La pieta de Florence Michel Ange
En observant cette statue de marbre dans la grande église de Florence, je me suis rendu compte que cette figure-là, je l'avais vue dans la réalité, quelques jours auparavant et vivante : l'hérétique*, l'homme que les confortatori harcelaient dans la cellule du condamné à mort à la Tor di Nona pour qu'il abjure, fixait lui aussi l'espace de cette manière indifférente. On dirait que les grands artistes -comme fut Michel-Ange- perçoivent la réalité non pas dans le monde mais à l'intérieur, à l'intérieur d'eux-mêmes. Je ne comprends rien à tout cela mais je rapporte la façon dont je l'ai perçu.

* Giordano Bruno

mercredi 11 avril 2018

Nancy Guibert/ Stéphanie Augusseau : Un mur si haut



Fiche de lecture d'Apolline

 Apolline a 8 ans et elle est en CE1. Elle vous présente aujourd'hui une fiche sur un livre lu en classe, dans le cadre du concours annuel des Incorruptibles qui demandent aux enfants d'élire leur livre préféré parmi les six choisis par des éditeurs, des bibliothécaires et des libraires. Chaque niveau vote. 



Titre du livre :

Un mur si haut
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Auteur du livre : Nancy Guilbert

 Illustrations : Stéphanie Augusseau
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Edition : Des ronds dans l'O jeunesse

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Résumé du livre par Apolline



C'est deux petits enfants Plume et Timy et ils sont les meilleurs amis du monde. Un jour, Le Roi Bleu du village de Plume et le Roi Blanc du village de Timy se fâchent et se disputent pour un morceau de terre. Ils décident de construire un mur entre les deux villages et de ne plus jamais s'adresser la parole. Les deux enfants ne peuvent plus se voir. Du coup, Timy essaie de fabriquer une corde pour passer le mur mais le mur est très haut. Plume pleure. Ils décident de s'envoyer des ballons messagers mais...



Le Roi blanc tombe malade et la fleur des merveilles qui peut soigner le Roi Blanc est dans le village des Bleus. Du coup, le docteur Blanc dit qu'il faut cette fleur pour soigner son Roi. Plume et Timy essaient alors de casser le mur avec tous les habitants pour se voir et aller chercher la fleur. Un jour, le Roi Bleu entend un grand bruit et voit de la fumée noire s'échapper du mur. Le mur s'est effondré et tous les habitants se réjouissent car ils ont retrouvé tous les copains.


Et mon histoire est finie... enfin l’histoire de Nancy Guilbert ! 


J’ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre. C’est une histoire réelle parce que c'est comme le mur de Berlin et c'est la même histoire que Plume et Timy.
Au début ils sont tristes à cause du mur. Si ça m'arrivait, moi aussi je serais triste, je me sentirais enfermée. Et je voudrais voir mon amie Olga. Et je casserais le mur.
A la fin ils sont joyeux et c'est ça qui m'a rendue heureuse.
J’ai aimé l’illustration parce qu'en fait les habitants du pays des Blancs ont un costume bleu et ceux du pays des Noirs ont un costume blanc. J'aime les contraires. J'aime bien les animaux dessinés parce que j'aime leurs couleurs, ils sont très poétiques.
Mon passage préféré est quand les deux rois se réconcilient et qu'ils décident de partager la terre pour la donner aux animaux.

La morale de l'histoire est qu'il ne faut pas se disputer ni faire la guerre et il faut être amis pour la vie..

L'avis de la grand-mère




Un mur si haut fait partie des livres préférés d’Apolline dans l’excellente sélection des incorruptibles proposés aux classes de CE1.
L’histoire racontée ici - et mise à la portée des enfants- est bien d’actualité, hélas! puisqu’elle faire référence non seulement au mur de Berlin mais aussi à tous ces murs qui s’érigent dans le monde pour interdire le passage des migrants. Apolline a très bien compris et c’est pourquoi l’histoire l’a touchée et elle a été tout de suite en empathie avec les personnages du livre. Les illustrations sont magnifiques avec ces camaïeux de beige, de marron, de roux sur lesquels tranchent le bleu des vêtements et du ciel. Ce qui a beaucoup plu à Apolline c’est que les personnages vêtus de blanc sont noirs et ceux habillés en bleu sont blancs. Histoire d’abolir les différences et de monter combien la couleur de la peau a peu d’importance quand il s’agit de paix et d’amitié.  Un très bel album.

La classe de CE1 d'Apolline a voté. Le livre qui est arrivé en premier est Aimé. Apolline a de la peine, dit-elle, parce que son coup de coeur Cinq minutes et des sablés ne l'a pas emporté.


Voir le concours des Incorruptibles et le gagnant de la  sélection pour les  CE1


lundi 9 avril 2018

Sandor Marai : La nuit du bûcher



Dans La nuit du bûcher de Sandor Marai paru aux éditions Albin Michel, nous sommes à Rome en 1598 au temps de l’Inquisition.
Le narrateur qui écrit à un des frères de son ordre est un moine espagnol du monastère des Carmes d’Avila. On sait dès la première page qu’il ne reviendra jamais à Avila. Il nous reste à apprendre pourquoi.
Inquisiteur, il est envoyé à Rome par son supérieur pour prendre des leçons auprès du Saint-Office catholique romain. L’inquisition espagnole, en effet, pourtant zélée comme chacun sait, accusait un peu de retard par rapport à Rome dans la chasse des hérétiques et leur punition. C’est avec beaucoup de sérieux et de conviction que notre jeune moine s’instruit. Pendant ces deux années d’étude, les tortures, la manière d’obtenir des rétractations et des repentirs, et les différentes façons de brûler les impies, n’ont plus de secrets pour lui. C’est ainsi qu’il aide les inquisiteurs romains et les confortateurs, laïcs qui les assistent, à sauver l’âme des hérétiques en livrant leur corps à la flamme du bûcher pour les purifier. L’ombre de Torquemada règne sur eux et ils sont persuadés de venir en aide au supplicié en l’arrachant à l’hérésie et donc à la damnation. Les autodafés leur apportent à tous le réconfort du devoir accompli. Et pourtant le jour où le narrateur voit brûler Giordano Bruno, il sait qu’il ne pourra plus reprendre la vie monastique à Avila au sein de l’Inquisition espagnole. Je ne vous en dis pas plus !

« Certes nous inquisiteurs espagnols voués à servir le Saint-Office connaissons bien des choses. Mais j’ai été surpris de constater à quel point la surveillance romaine est bien plus développée et efficace que chez nous. (…) Alors s’est déroulé lentement devant moi le jeu d’une prévoyance magnifique orchestrée par la Sainte Inquisition en vue de surveiller la vie privée des gens, ici, à Rome mais aussi sur l’ensemble du territoire italien, partout où s’active l’Inquisition. J’ai été empli d’admiration et de zèle en me rendant compte à quel point tout ce que l’on accomplit chez nous en Espagne sur ce plan-là est imparfait et primitif. La plupart du temps nous nous contentons de brûler tous ceux qui sont soupçonnés d’hérésie et ne peuvent attester de leur innocence. Ici à Rome, on est plus exigeant : on veut débusquer chez chacun le moindre manquement à servir les buts de l’inquisition. Les indolents sont tout aussi dangereux que les hérétiques actifs et véritables... »

Le roman est donc une dénonciation des horribles pratiques de l’Inquisition. La violence est soulignée par la sérénité et la bonne conscience des inquisiteurs et de leurs complices. Mais bien vite, sous la description de ce fanatisme religieux, apparaît au second degré, la dénonciation des totalitarismes vécus par Sandor Marai, du nazisme au stalinisme.

L’habileté de Sandor Marai - qui fait la force du roman-  est nous faire découvrir l’Inquisition non par l’intermédiaire d’un détracteur mais au contraire par quelqu’un qui y adhère entièrement ! D’où une ironie féroce  qui frappe le lecteur de plein fouet quand le narrateur s’extasie sur les mérites supérieurs de l’Inquisition romaine par rapport à l’espagnole et sur la perfection du système mis en place pour encourager la délation, les souffrances des prisonniers, et l’interdiction de penser par soi-même!
 Ce roman passionnant se termine par une très belle déclaration sur la liberté dans laquelle Sandor Marai exprime sa foi en l’homme et dans le triomphe de la pensée.

« Il est à craindre que tant qu’un tel homme* existe quelque part, il soit vain de faire frire les autres sur le gril, de les cuire dans l’huile et de les casser sur la roue. J’avais appris que la Sainte Cause était plus important que tout, qu’il fallait un Seul Berger et un Seul Troupeau. Mais c’était avant d’être frappé comme par la foudre par un doute effrayant : un homme peut compter plus qu’un troupeau »


* Giordano Bruno a existé. La photographie de la première de couverture aux éditions Albin Michel représente sa statue érigée sur le campo del Fiori à l’endroit où il a été brûlée comme hérétique en 1600.
Giordano Bruno est un ancien dominicain, humaniste et philosophe, proche des idées  de Copernic, il publie des écrits jugés blasphématoires. Torturé, gardé prisonnier pendant huit ans ,  il n’accepte pas de de rétracter et meurt sur le bûcher .



Sándor Márai, né Sándor Grosschmid de Mára (Márai Grosschmid Sándor Károly Henrik en hongrois) le 11 avril 1900 à Kassa, qui fait alors partie du Royaume de Hongrie dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui Košice, en Slovaquie), et mort le 22 février 1989 à San Diego, aux États-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois (Wikipedia)

dimanche 8 avril 2018

Julos Beaucarne : En voyant naître cet enfant ...

Paulo, fils de Pablo Picasso

Chaque fois que je lis ou que j'écoute cette chanson de Julos Beaucarne, poète et chanteur belge, je me sens touchée par ces paroles qui célèbrent la naissance comme un miracle :  l'enfant comme une somme de tous ceux qui ont existé avant lui, souvenir de visages aimés;  l'enfant comme une continuité de l'espèce humaine, échappé à tant de dangers;   l'enfant, enfin, qui nous prolonge, comme une promesse de bonheur dans un monde qui va mal.


Pieter Breughel l'Ancien (1525-1569) : Noce paysanne

En voyant naître cet enfant
Je voyais du fin fond des siècles
Tous mes ancêtres, tous mes parents
Dans ce petit corps renaître
Je revoyais leurs maisons
Aujourd'hui en démolition
Et les buildings qui essayaient
De nous les faire oublier

Par quel hasard ce bel enfant
A survécu à toutes guerres
Guerre de Troie, guerre de Cent Ans
Échauffourées meurtrières ?
Par quelle fissure du temps
S'est-il glissé jusque maintenant
Défiant la mort, le fer, le vent
Hérode et les tueurs d'enfants ?

Que le vent souffle d'Afrique
Qu'il souffle du Nouveau Monde
Ce sont fusils qui crépitent
Bazookas pan-pan qui grondent
Échapperons-nous, dites-moi,
À cette grande razzia ?
Mon enfant, viens dans mes bras
Fais dodo tout contre moi

Toi qui cherches, toi qui doutes
La vérité s'étiole
À la croisée des sept routes
Y a le nouveau dieu pétrole
On sacrifie sur l'autel
Des petits enfants à la pelle
Le monde fait hara-kiri
Babel fait florès aujourd'hui

Le trac du monde se détraque
Je ne sais quel parti prendre
Face à la Grande Mitraque
D'un monde malade à pierre fendre
J'essaie vite, en cachette
Avant qu'on ne coupe l'herbette,
De bâtir une maison
Sur le sable de mes chansons


Berthe Morisot : mère et enfant

Poème publié dans le cadre du mois belge organisé par Anne et Mina



lundi 2 avril 2018

Bilan du mois de Mars 2018

Gilles Sacksick, peintre français contemporain
Dans le cadre de ce mois de La littérature des pays de l'Europe de l'Est organisée par Eva, Patrice et Goran, j'ai découvert (ou relu) des écrivains passionnants, véritables pépites d'or, et exploré la littérature de pays européens que je n'avais jamais eu l'occasion de lire !  Merci aux  trois organisateurs pour cet échange fructueux ! J'ai engrangé une provision de titres d'auteurs que je ne connais pas en allant lire les blogs des participants et je suis loin d'avoir terminé les livres dont j'avais fait provision pour ce challenge !


 Les écrivains Russes 



Ivan Tourgueniev  : Pères et fils  Ici










Nicolas Leskov :  Lady Mabecth au village











Nicolas Leskov : Le vagabond ensorcelé







Les écrivains Tchèques



Ota-Pavel : Comment j'ai rencontré les poissons












Leo Perutz : le judas de Léonard