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mercredi 10 janvier 2024

Jeux littéraires : autoportrait aux titres

 

Inside in my brain

 

 Décris-toi : Celle qui devint le soleil (et modeste avec ça !)

Comment te sens-tu ? La joie de vivre  ( Youpi! ) 

Décris où tu vis actuellement : La femme du deuxième étage (Et en plus, c’est vrai ! )

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais tu ? :   Imaqa, une aventure au Groeland

( Oui! Mon amour des pays de glace et de neige en parfait désaccord avec ma frilosité de Méditerranéenne  ! )

Ton moyen de transport préféré ? : Le convoi pour Samarcande   ( Pourquoi pas ? le train ! ) 

Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : L’attrapeur d’oiseaux ou Yvonne  ( Alors là, j'hésite !)

Toi et tes amies vous êtes : Les femmes du North End ou Les Maia   ( L'embarras du choix ! )

Comment est le temps ?:  La Tempête

Quel est ton moment préféré de la journée ? Le roi et l’horloger  :  (là, c'est tiré par les cheveux ! J'avoue ! )

Qu’est la vie pour toi ? : Le bal masqué  : ( A la manière de Shakespeare : Le monde entier est un théâtre... )

Ta peur ? La mort du poète

Quel est le conseil que tu as à donner ?:  Veiller sur elle     

La pensée du jour :  Du bonheur à donner 

Comment aimerais- tu mourir ? :  L’extinction des espèces (Tout de même pas, non !)

Les conditions actuelles de ton âme ? : La recherche de l’absolu

Ton rêve ? :  Le rêve du celte




jeudi 28 septembre 2023

Eva Jospin : Palazzo, exposition au Palais des papes d'Avignon

Palais des papes d'Avignon : exposition Eva Jospin, Grande Chapelle : Côté cour côté Jardin, Nymphée, Cénotaphe


"Diplômée de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Eva Jospin compose depuis une quinzaine d’années des paysages forestiers et architecturaux qu’elle développe dans différents médiums. Du 30 juin au 7 janvier 2024, l’exposition Palazzo investit différents espaces du Palais des Papes, invitant à une déambulation rêveuse entre des œuvres choisies de l'artiste pour répondre à l’histoire et l’architecture de la résidence pontificale."

 

Eva Jospin sculpte dans le carton des oeuvres monumentales
 

Le palais des Papes et les Mondes parallèles d'Eva Jospin  



La déambulation rêveuse parmi les oeuvres d'Eva Jospin est aussi une promenade dans le majestueux palais des Papes d'Avignon, ce qui décuple le plaisir de la découverte, le déplacement spatial devient aussi voyage temporel. 

Les tombeaux et des gisants du palais évoquent la mort toujours liée à la mémoire dans les ruines des cités disparues où nous fait pénétrer l'artiste. 

 

Cénotaphe : Eva Jospin
 

Et cette oeuvre, ci-dessous, dans la chapelle Saint Jean, répond aux fresques de Matteo Giovanetti du XIV siècle.

 

Eva Jospin : Chapelle saint Jean : fresques du XIV siècle

 

L'artiste crée des correspondances secrètes et subtiles entre son travail artistique  et le vieux palais,  piliers,  recoins obscurs,  passages dérobés, voûtes gothiques,...

 

Voûte en ogive : rappel du  palais gothique

qui n'est pas sans rappeler aussi les voûtes nervées des palais hispano-musulmans :

 

 art hispano-musulman

 

 Palais des Papes : pilier sculpté par le vent, pilier à cinq colonnes

Dans la salle du Parement, une forêt inextricable, semé d'embûches, hérissées de piquants, cache, comme dans un conte de fées, un vieux château oublié.

 

 Salle du parement : Une forêt inextricable... carton et bois

  

Des Mondes imaginaires


Eva Jospin Palais des papes  : Nymphée


La Grande Chapelle présente les oeuvres monumentales d'Eva Jospin qui donnent l'impression de pénétrer au coeur de mondes mystérieux si bien que l'on ne sait plus vraiment où l'on est.  Intitulées  : Côte cour, côté jardin, Nymphée, Cénotaphe, elles s'élèvent, couronnées par les arcs en ogive, et se déploient dans ce vaste ensemble. 


Côté cour côté jardin comme dans un théâtre mais aussi fontaine

Dans Côté cour, Côté jardin qui évoque le théâtre peut-être en souvenir de Shakespeare : "le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs",  le décor est une fontaine d'où s'écoulent de minces filets d'eau. Eau ou sable poussé par le vent ou cendres  ? Car le  corps replié sur lui-même, en position foetale, rappelle la mémoire de Pompéi ou de tout autre cité disparue. Le corps emprisonné devient alors un de ces moulages que les archéologues ont pu recueillir dans la ville ensevelie.


Eva Jospin Palais des Papes côté cour Côté jardin


 Architecte et sculptrice

 

Cambodge : Angkor Temple
 

Ainsi l'on peut dire que Eva Jospin est architecte, elle crée avec du carton et du bois des villes oubliées, des grottes décorées de coquillages, des nymphées, des ruines envahies par la végétation luxuriante, croulant sous les lianes comme sous le poids des années, témoins de l'éphémérité des civilisations humaines.  Parfois l'on part dans un autre continent, on pense aux temples kmers dévorés par des arbres  gigantesques aux racines tentaculaires.


Eva Jospin Palais des papes : La forêt corinthienne


La forêt corinthienne (détail)


Regardez les détails : cet escalier qui monte jusqu'à ce temple prisonnier de la végétation. On est dans un film d'Indiana Jones ! 

 Sur le plan pictural on pense à la mode des ruines au XVII siècle, Monsu Desiderio, ou des peintres du XVIII siècle, Piranesi... 

 

Monsu Desiderio : l'Atlantide

  

 Piranesi : Temple de Minerve


Mais elle est aussi sculptrice, elle façonne dans le carton, ces décors étranges, ces reliefs qui semblent érodés par le vent et qui nous transportent au milieu d'un désert de pierres

 

Des formes érodées par le vent
 

 

Eva Jospin  : un désert


Les Tapisseries de soie

 

Eva Jospin : Les tapisseries de soie dans le Grand Tinel
 

Eva Jospin abandonne de temps en temps le carton pour présenter de splendides tapisseries de soie qui reprennent ses thèmes de prédilection, les ruines, les cités étouffées sous la végétation. Le Grand Tinel du Palais des Papes est un cadre somptueux qui les met en valeur.

 


 

 

Eva Jospin : Tapisserie de soie : détail

 

Eva Jospin : Les tapisseries de soie : détails
 


Exposition Eva Jospin : Palazzo

 Du 30 Juin 2023 au 7 Janvier 2024

Ouverture : 

Du 30/06/2023 au 07/01/2024, tous les jours.

  • du 30 juin au 5 novembre : de 9h à 19h.
  • du 6 novembre au 22 décembre : de 10h à 17h.
  • du 23 décembre au 7 janvier 2024 : de 10h à 18h.

Fermeture des caisses 1h avant.

Découvrez l'univers de l'artiste

 

Exposition Eva Jospin au Palais des Papes d'Avignon

mercredi 26 juillet 2023

Racine : Phèdre mise en scène Laurent Domingos



 

Présentation programme Théâtre Le roi René

Une mise en scène corporelle, sauvage et mystique, par la Minuit44, spécialiste de Racine.

Phèdre, reine d’Athènes, possédée par Vénus, brûle de désir pour Hippolyte, le fils de Thésée, son époux. Mais ce roi que l’on croyait mort, est de retour des Enfers. Le désir honteux de Phèdre se transforme alors en sentence mortelle.

L’ajout du personnage de Vénus, empruntée à "Hippolyte Couronné” d’Euripide, nous interroge sur la notion du libre arbitre. Tantôt acrobate perchée sur son mât, tantôt musicienne dissimulée dans le public, la déesse actionne les rouages de la tragédie, et piège les personnages entre désir, honte, aveu, jalousie et vengeance.


 Mon avis

 Phèdre est ma pièce préférée de Racine, celle dont je connais des passages par coeur, celle dont la langue m'enchante, dont la musicalité me touche le plus "Dieux ! Que ne suis-je assise à l'ombre des forêts"... "Le ciel n'est pas plus pur que le fond de mon coeur ". C'est celle qui nous plonge au plus profond des mythes grecs, qui approche de plus près le monstre que chacun porte en soi, Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphaé, entre ombre et lumière, entre le Bien et le Mal. 

C'est la pièce qui, aussi, pose avec le plus d'intensité la question de la liberté de l'Homme et où Racine, le janséniste, nous révèle sa foi en la prédestination : " C'est Vénus toute entière à sa proie attachée". Effectivement, chaque personnage de la pièce paraît avoir le choix :  Thésée quand il appelle la vengeance divine sur la tête de son fils Hippolyte ; Aricie quand elle ne dit pas à Thésée que son fils est innocent et surtout Phèdre lorsqu'elle avoue son amour à son beau-fils puis accuse le jeune homme par l'intermédiaire d'Oenone, sa suivante. Tous ces personnages vont inexorablement à leur perte, tous sont entraînés vers une fin tragique. C'est que Dieu (ici Vénus) ne permet pas qu'ils échappent à leur destin.

C'est pourquoi le metteur en scène, Laurent Domingos, a une très belle idée en introduisant le personnage de Vénus emprunté à Euripide. Il  fait de la déesse - qui arbore tout au long du spectacle un sourire cruel -  un démiurge qui manipule les humains, tire les ficelles comme s'il s'agissait de marionnettes,  et à la fin, ébauche un geste triomphal lorsqu'elle les amène là où elle voulait !

Les comédiens ont tous une diction parfaite, un beau phrasé et une humanité qui touchent le spectateur. La mise en scène dynamique, violente, à la mesure de la tragédie, les costumes et les armures qui rappellent que Thésée et Hippolyte sont des guerriers prompts à tirer l'épée, les jeux d'ombre et de lumière, tout m'a plu dans cette mise en scène de la tragédie.

Un coup de coeur !

  PS : j'ai voulu amener ma petite-fille (13 ans)  voir Phèdre. Comme elle s'était ennuyée ( c'est peu de le dire ) à la représentation de Berénice récemment, j'espérais que Phèdre où il y a plus d'action, de revirements de situations, de coups de théâtre, lui plairait !  Et bien, c'est raté ! Je crois qu'il faut abandonner l'idée de lui faire aimer Racine ! Tant pis ! Elle aime Molière, Beaumarchais, Marivaux, Shakespeare...

 LE ROI RENE

PHEDRE RACINE 

à 17h30

 du 7 au 29 juillet - Relâches : 10, 17, 24 juillet

Interprètes / Intervenants

  • Mise en scène : Laurent Domingos
  • Interprète(s) : Alexiane Torres, Thomas Silberstein, Laetitia Lebacq, Luna Mitti, Aurélie Cuvelier Favier, Guillaume Blanchard, Laurent Domingos
  • Son/Lumière : Sarah Ancel
  • Scénographie/Costumes : Delphine Ciavaldini

 

Compagnie Minuit44

samedi 15 juillet 2023

Shakespeare / Sabine Anglade : La Tempête au Chêne noir

 

 J'ai vu La Tempête plusieurs fois et j'en ai déjà parlé dans ce ce blog ICI . Cette année la pièce est donnée au Chêne noir dans la mise en scène de Sabine Anglade.

Prospéro, duc de Milan, a été dépossédé de son royaume par son frère Antonio. Celui-ci, après avoir usurpé le trône, exile Prospéro et sa fille Miranda, les jetant dans une barque qui les conduit dans une île enchantée. La seule créature de forme humaine qu'ils y trouvent est Caliban, un monstre hideux, fils de sorcière, qu'ils traitent avec bonté. Mais la nature brutale de Caliban est rebelle à l'éducation et Prospero ne peut avoir prise sur lui que par la force.
Prospéro qui a pu conserver sa bibliothèque dans son exil apprend la magie dans un livre occulte et parvient à dominer les forces de la nature. Il se rend maître d'Ariel, Esprit de l'air et avec sa collaboration, sachant que le navire de son frère va passer auprès de l'île, il commande une tempête qui va jeter les naufragés sur  son île. Ferdinand, le fils d'Alonso, roi de Naples, isolé des autres, rencontre Miranda et les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. Prospéro qui a pour dessein de les marier feint de vouloir les séparer pour mieux attiser leur amour.
Antonio, le duc usurpateur, Alonso, le roi de Naples et leurs compagnons sont rejetés sur une autre partie de l'île. Antonio  fomente un complot contre Alonso avec le frère de celui-ci, Sébastien, pour s'emparer de Naples. Pendant ce temps, Caliban persuade le Fou et le Capitaine du navire, eux aussi rescapés du naufrage, de s'allier à lui pour vaincre Prospero en leur promettant de devenir rois de l'île.  Shakespeare montre ici que l'attrait du pouvoir assorti à la violence, au meurtre et à la traîtrise, est le même chez les nobles et  les gens du peuple.
Tous vont être amenés à rencontrer Prospéro et être sous sa domination. Celui-ci pardonne à son frère, célèbre les fiançailles des enfants et, après avoir libéré Ariel, renonce à la magie en brûlant son livre. Tous ensemble, ils quittent l'île.

  Présentation de la pièce par la compagnie

Fabrique d’images et de sens, La Tempête est sans doute la pièce la plus opératique de tout le théâtre de Shakespeare, faisant la part belle au conte, à l’image, à la musique.Cette dimension ne pouvait qu’éveiller le désir de la metteuse en scène d’opéra et de théâtre qu’est Sabine Anglade, lui offrant la possibilité de mettre en commun ces deux approches.

Mon avis :

J'ai beaucoup aimé la scénographie de Mathias Baudry dans cette représentation de La Tempête mise en scène par Sabine Anglade. Elle nous plonge dès le début dans la fureur des éléments déchaînés :  le fracas du tonnerre, le rugissement du vent, les éclairs qui traversent la scène, les jeux de clairs-obscurs, et l'enchevêtrement des voiles du navire chahuté par les vagues de la mer déchaînée. Tout ceci forme un  très beau tableau. Belle et poétique aussi la représentation d'Ariel, interprété par une une jeune comédienne, à la silhouette longiligne, vêtue de noir, aux longues ailes flamboyantes, qui prend du relief dans cette représentation, un esprit qui aspire à la liberté et dont on sent la souffrance d'être retenu prisonnier. 
 
J'ai aimé l'interprétation du rôle de Prospéro, Miranda et Caliban. Par contre, j'ai été surprise par la conception du rôle de Ferdinand, (interprété par par  le comédien qui incarne Caliban). Avec son short, ses godillots et grosses chaussettes montantes, son air benêt, il faut dire qu'il est un jeune premier qui ne fait pas rêver ! Manifestement, la metteuse en scène n'a pas voulu jouer sur l'émerveillement un peu naïf, c'est vrai, un peu sot, mais seulement aux yeux des autres, de deux très jeunes gens qui découvrent l'amour. Il est vrai que l'on sent l'ironie de Shakespeare observant cette idylle naissante mais aussi beaucoup de tendresse et de légèreté. Sabine Anglade a préféré tiré les scènes où ils apparaissent vers la parodie et le comique un peu lourd ! Finalement,  même si je n'ai pas vraiment apprécié cette conception, le comédien est bon et m'a fait rire. Par contre j'ai trouvé que l'interprétation des autres personnages étaient plus faibles et ils m'ont parfois ennuyée.
 
Donc, mon avis est assez mitigé sur ce spectacle qui, certes, a de grandes qualités mais est inégal.


 La Tempête

Du 7 au 27 juillet 2023 à 10h
Relâche les 10, 17, 24, 28 et 29 juillet

Durée : 2h05

De William Shakespeare

Traduction/adaptation Clément Camar-Mercier

Mise en scène Sandrine Anglade

assistée de Marceau Deschamps-Segura

Avec 

Clément Barthelet, Héloïse Cholley, Damien Houssier, Alexandre Lachaux, Serge Nicolaï, Nina Petit, Sarah-Jane Sauvegrain, Benoît Segui, Quentin Vernede

Scénographie Mathias Baudry

Lumières Caty Olive

Costumes Cindy Lombardi assistée d’Océane Gerum

Chef de chant Nikola Takov

Création sonore/régie son Théo Cardoso

Régie Ugo Coppin et Rémi Remongin

Administration et production Alain Rauline et Héloïse Jouary

Production Compagnie Sandrine Anglade

Coréalisation Théâtre du Chêne Noir

A partir de 13 ans

 

mercredi 14 juin 2023

Robert Louis Stevenson : La flèche noire



Dans La flèche Noire, Robert Louis Stevenson nous entraîne à nouveau dans un roman historique. Cette fois, l’action se déroule à la fin du règne d’Henri VI. Après avoir perdu les possessions françaises, Henri VI est atteint d’aliénation mentale. Commence alors en 1455 une guerre civile appelée la Guerre des Deux-Roses entre deux clans prétendants au trône, celui de  la « Rose rouge » (Lancastre) et celui de la « Rose blanche » (York). Le guerre des deux roses se termine en 1485 avec la bataille de Bosworth et la mort de Richard III de la maison d’York. C’est un Tudor, Henri VII, chef du parti Lancastre, qui lui succède.
 

Richard III
 

Dans ce roman, Stevenson confronte des personnages imaginaires et historiques. Ainsi le héros; Dick, devient un moment le bras droit du « bossu sanguinaire », duc de Gloucester, futur Richard III, immortalisé par Shakespeare.

Richard Shelton ou Dick, orphelin, est le pupille de Sir Daniel Brackley. C'est un prêtre, Sir Olivier Oates, qui a assuré son instruction. Le jeune homme est reconnaissant envers les deux hommes qu'il considère comme ses bienfaiteurs. Pourtant, Sir Daniel, est un opportuniste qui est une fois Lancastre, une autre fois York si le vent  tourne.  
Contrairement à ce qui se passe dans Kidnapped, le contexte historique a peu d’importance, la Guerre des deux roses ne passionne pas l’écrivain. Elle ne sert que de cadre au récit qui est avant tout une histoire de vengeance et d’amour mais aussi un roman d'initiation où le jeune héros, sincère, naïf, bien que courageux et valeureux chevalier, va apprendre ce qu'est la trahison et prendre conscience du mépris des Grands envers le peuple et de l'horreur de la guerre.
 

On apprend bien vite que Sir Daniel et Sir Olivier sont détestés dans la région en raison des exactions qu’ils ont commises, spoliations, tortures et crimes. Les hommes qu'ils ont dépouillés se cachent dans les bois, deviennent hors-la-loi et vivent de rapines, échafaudant des projets de vengeance. Un jour, une flèche noire tue l’un des soldats de Sir Daniel et une liste de noms apparaît qui proclame la mise à mort du seigneur, du prêtre et de leurs partisans.

Dick n’est pas sans rappeler le héros de Sherwood quand, apprenant que son tuteur a tué son père et ne l’a recueilli que pour s’approprier sa fortune, il décide de rejoindre les Flèches noires. Une vie d’aventures commence alors. Le jeune homme veut venger son père et délivrer son amour, une jeune fille noble prisonnière de Sir Daniel.

Le roman présente des passages inattendues et pleins d'humour, ainsi la fuite de Dick en compagnie d’un jeune garçon John, qui lui colle aux basques, et avec qui il se dispute tout le temps. Or, celui-ci n’est autre qu’un fille, Jeanne ! Le lecteur le sait et une connivence entre lui et l’écrivain se crée au dépens de notre héros dont on se moque gentiment et ceci à plusieurs reprises, tant il est maladroitement sincère et gauche face aux femmes. Et bien entendu, il finit par tomber amoureux de Jeanne, lui qui avait une aversion affichée pour le mariage. De plus, il faut bien l’avouer, c’est agréable aussi, dans un roman d'aventures, une fille qui n'est pas nunuche et qui participe !

Il y a aussi des moments de bravoure comme la rencontre avec le lépreux, la bataille de Shoreby avec Richard III, et surtout cette virée en mer catastrophique où Dick est responsable de la mort de ses hommes, de la perte du bateau qui plonge le capitaine à qui il l’a volé dans la misère. Et là un beau passage où Richard passant de l’enfance à l’âge adulte, prend conscience de ses responsabilités et comprend combien les gens humbles ont à souffrir des actions de leurs supérieurs.

"Dick fut saisi de vains remords et de pitié; il chercha à prendre la main du capitaine, mais Ablaster l’évita.
- Non dit-il, laissez. Vous avez joué au diable avec moi, que cela vous suffise.
Les mots s’arrêtèrent dans la gorge de Richard, il vit à travers ses larmes, le pauvre vieux hébété par la boisson et le chagrin, s’en aller en chancelant, tête baissée, par la neige, son chien sans qu’il y prît garde, gémissant sur ses talons; et pour la première fois Dick commença à comprendre le jeu terrible que nous jouons dans la vie, et comment aucune réparation ne peut changer une chose une fois faite ni y remédier."

Un roman que j’ai pris un vif plaisir à lire même si je lui préfère Kidnapped. Que j'aurais aimé le découvrir quand j'étais enfant !



 

mercredi 6 avril 2022

Festival In Avignon : 76 ème édition annonce du programme



Olivier Py dont c'est la dernière année en tant que directeur du festival à présenté le programme du Festival In composé d'oeuvres et d'artistes venus du monde entier, avec des spectacles en langue originale surtitré. Une  lettre d'information du mois d'Avril 2022 nous en donne le détail. L'année prochaine, Tiago Rodriguez prendra la relève.

Dans cette lettre, on annonce 18 spectacles et 1 exposition mais j'en ai vu plus dans la présentation d'Olivier Py publiée  par le Monde.

  • Le Moine Noir de Kirill Serebrennikov
  • First but not Last Time in America de Kubra Khademi
  • ONE SONG de Miet Warlop
  • Lady Magma de Oona Doherty
  • MILK de Bashar Murkus
  • Via Injabulo de la compagnie Via Katlehong avec Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira
  • Et la terre se transmet comme la langue de Franck Tortiller et Elias Sanbar
  • Solitaire de Sofia Adrian Jupither
  • Le projet Shaeirat avec Henri jules Julien et les quatre poétesses Carole Sansour, Asmaa Azaizeh, Soukaina Habiballah et Rasha Omran
  • La Tempesta de Alessandro Serra
  • Flesh de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola
  • Le Sacrifice de Dada Masilo
  • Le Septième Jour de Meng Jinghui
  • Futur proche de Jan Martens
  • Una imagen interior de El Conde de Torrefiel
  • Jogging de Hanane Hajj Ali
  • Du temps où ma mère racontait de Ali Chahrour
  • The Line is a Curve de Kae Tempest
 

 
Je ne sais pas encore grand chose de tous ces spectacles si ce n'est ce que j'ai lu dans un article du Monde  :
" C’est le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov qui aura les honneurs du spectacle d’ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des papes – un choix décidé bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il y offrira sa vision puissante du Moine noir, adaptation d’une nouvelle d’Anton Tchekhov, qu’il a pu créer début mars au Théâtre Thalia de Hambourg (Allemagne)."
 
 Pourquoi tient-on à nous faire savoir que le choix a été fait avant la guerre en Ukraine ? Parce que sinon, les metteurs en scène russes n'auraient plus droit de cité en France ? Et pourquoi pas nous interdire aussi  de lire les livres des auteurs russes ? Pourquoi ne pas faire un autodafé de toute la culture russe  ?  S'attaquer à la culture d'un pays, c'est s'attaquer à ce qu'il y a de meilleur dans ce pays !
 

 
Il y aura deux Shakespeare dans ce festival !  Je m'en réjouis à l'avance mais avant de crier victoire il faudra voir comment les metteurs en scène vont monter ses pièces. 
Quand je vois cette annonce : La tempête d'Alessandro Serra  sans que William Shakespeare soit cité, cela me fait peur  ! Bien sûr, cela ne met pas en cause le metteur en scène Alessandro Serra  (metteur en scène  italien) qui n'y est pour rien mais plutôt ceux qui ont rédigé l'article et l'ont publiée ainsi   : La tempête d'Alessandro Serra !  Comme si La Tempête était du metteur en scène  !
 
Or c'est parfois ce que croient trop de metteurs en scène mégalomanes. Et j'en ai marre d'eux, de ceux qui se croient l'auteur des pièces et ne respectent pas l'auteur ! Le metteur en scène n'est pas, ne sera jamais l'auteur de la pièce ou alors il en écrit une, à lui, s'il en est capable ! Par contre, il doit, bien sûr en présenter sa lecture personnelle et Alessandro Serra interprètera le texte comme une critique du colonialisme nous dit-on.  Ce qui me paraît intéressant, à priori ! J'espère qu'il saura aussi en conserver la poésie de la langue et le côté onirique de la pièce proche de la nature, avec l'intervention des éléments que Prospéro, croit pouvoir dominer.

Le roi Richard II

Et Christophe Rauck, le directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, présentera Richard II de WILLIAM SHAKESPEARE avec Micha Lescot dans le rôle-titre Je ne connais pas les mises en scène de Christophe Rauck mais je vois qu'il aime Jean-Pierre Vincent (vu de ce dernier un Dom Juan inoubliable à la maison de la culture de  Reims) et Patrice Chéreau. Alors, il y a de l'espoir ! Ce qui est bien avec Olivier Py, c'est qu'il a tenu, pendant tout son mandat, à faire venir à Avignon des metteurs en scène des grandes théâtres français, ce qui n'a pas toujours été le cas. Par contre les auteurs classiques français sont très peu à l'honneur au festival d'Avignon.

 Les thématiques féminines et les artistes femmes seront nombreux. Le Moyen-Orient et l'Afrique seront aussi à l'honneur.
Olivier Py présentera un spectacle de 10 heures intitulé :  Ma jeunesse exaltée 
 
" Portrait d’une jeunesse indomptable dont Arlequin est le personnage central. Vingt-sept ans après La Servante, Olivier Py convoque des compagnons de toujours et une nouvelle génération d’interprètes pour une épopée de 10h oscillant entre manifeste, célébration et pèlerinage."
 
et Simon Falguières signera un marathon de 13 Heures :  Le Nid de cendre.
 
 "Avec son Nid de Cendres, Simon Falguières nous entraîne dans non pas un, mais dans deux mondes vertigineux. Dans deux contes épiques qui avancent en parallèle pour finir par s’entrelacer. Et les histoires, et le théâtre vécurent heureux et eurent de nombreuses autres histoires." Voir suite Ici

 Exposition de Christophe Raynaud de Lage
L'oeil présent, photographier le festival d'Avignon 
Au risque de l'instant suspendu
 
"Plongée sensorielle dans la mémoire récente du Festival d’Avignon, l’exposition-déambulation fait renaître dix-sept ans d’émotions collectives.
Photographe officiel du Festival d’Avignon depuis 2005, il y poursuit avec constance une quête de la captation de l’instant fugace, du jeu des ombres et de l’indicible émotion.
"

Une belle affiche pour ce 76 ième festival !
 
 
 

vendredi 13 août 2021

Shakespeare : La nuit des rois/ Molière : Les femmes savantes/ Goldoni : Il Campiello

Voici quelques-unes des pièces que j'ai vues avec ma petite fille (11 ans) Apolline

La nuit des rois de Shakespeare

Orsino aime Olivia qui aime Viola, qui aime Orsino. Toute la force de cette comédie réside dans ce triangle amoureux. Mais beaucoup d’autres personnages surgissent dans cette nuit endiablée, faite de musique, de magie, et de rêves.
C’est au total plus d’une quinzaine de personnages interprétés par six comédiens, qui prennent vie sous vos yeux dans une adaptation audacieuse de ce classique intemporel… 

L'avis d'Apolline
J’ai adoré cette pièce car je l’ai trouvé qu’il y avait plein d’humour. Il y a des situations amusantes comme lorsque Malvolio arrive avec des jarretelles jaunes.  J’ai aimé l’histoire d’amour entre Olivia et Sébastien mais pas entre Viola et le duc Orsino parce que le comédien qui interprétait le rôle était bien dans les rôles comiques mais pas dans les romantiques.
 Les personnages sont attachants surtout Olivia et Festé, le fou car ils jouaient tous les deux très bien.
Les costumes étaient modernes mais cela ne m’a pas dérangée.
Il y avait six comédiens mais certains jouaient plusieurs rôles différents. Et on voyait qu’ils aimaient ce qu’ils jouaient. Les lumières étaient belles.
( Le seul petit problème qui n’a aucun rapport avec la pièce est que les sièges de la salle n’étaient pas confortables)
Mais sinon, tout était super !!!
   

L'avis de sa grand-mère

 Je le dis tout net, je n’ai pas aimé  La nuit des rois par la Compagnie Les Lendemains d’Hier  tant ils me paraissent appauvrir la pièce de Shakespeare en n'en présentant que le côté burlesque sans chercher à en rendre la poésie, à présenter le mystère de l'amour, le jeu sur le travesti et le changement de genre, le trouble lié aux tentations de l'homosexualité, bref ! tous les thèmes de la pièce ! D’autre part, résumer la pièce au lieu d’en donner une représentation complète est extrêmement réducteur et sacrifie la beauté du texte ! On ne résume pas Shakespeare, non ! Mais évidemment c’est l’avis de quelqu’un qui a déjà vu la pièce plusieurs fois, interprétée par de grands acteurs et des metteurs en scène qui avaient à la fois le talent et les moyens matériels et financiers de la monter. La nuit des Rois d’Ariane Mnouchkine à la cour d’Honneur pour ne citer que cette représentation mais bien d'autres encore.  
Cependant, je dirai que cette compagnie a le mérite d’initier le jeune public à cette pièce et ma petite-fille a beaucoup aimé. Tant mieux mais je souhaite pouvoir un jour lui montrer une représentation qui montrera toutes les facettes et les richesses de la pièce, tout en jouant sur l’aspect poétique et romantique des émois amoureux. Pour moi, je suis restée sur ma faim.

La nuit des rois Shakespeare à La Conditions des soies 

Compagnie Les Lendemains d’Hier 
Coréalisation L’Anthéadora
 
De William Shakespeare
Mise en scène Benoît Facerias
Avec Grégory Baud, Pierre Boulben, Nolwen Cosmao, Benoît Facerias, Céline Laugier, Arnaud Raboutet, Joséphine Thoby  

 


Les femmes savantes de Molière

Le bel équilibre de la famille de Chrysale et Philaminte vole en éclat sous l'influence d'un homme, Trissotin, poète prétentieux et pédant qui va se révéler n'être en fait qu'un coureur de dot, mu par l'intérêt. Philaminte, Bélise (sa belle soeur) et Armande(sa fille), nos trois savantes, avides de savoir et de reconnaissance, se laissent berner par cet intrigant. La famille se scinde en deux camps et dans cette guerre de pouvoir Philaminte pour couper court à tous pugilats veut marier sa fille Henriette à l'imposteur, alors qu'elle est éprise de Clitandre ancien prétendant de sa sœur Armande.L'intrigue est nouée ! La raison reviendra t-elle dans la maisonnée? La supercherie sera t-elle démasquée?
Une comédie de caractères avec amour, désespoir, exaltation et folie.

L'avis d'Apolline

J’ai adoré cette pièce avec les costumes du 17ème siècle, les chants italiens, la danse.. Ensuite, l’histoire n’est pas facile à comprendre mais avec cette troupe de théâtre, ils ont su faire en sorte que même un jeune public comprenne. Je tiens à souligner un personnage qui se singularise entre tous, c’était la servante de la maison des femmes savantes. Elle était drôle, et incarnait vraiment bien son rôle. J’ai bien aimé Henriette qui avait raison de vouloir se marier. Philaminte, la mère, était aussi bien joué mais  je ne l’aimais pas parce qu’elle voulait obliger sa fille à se marier avec Trisottin.
J’ai vu cette pièce à la cour du Barouf où les comédiens sont formés à la commedia d’ell’Arte..
 
BRAVO !!!!!

 

 

 Il campiello de Carlo Goldoni

IL CAMPIELLO de Carlo Goldoni fait partie des chefs d'oeuvre rédigés par le grand dramaturge Vénitien. L'action se déroule dans une petite place (il Campiello) qui représente le cœur battant de la ville de Venise où les histoires des riverains se croisent avec celles des visiteurs étrangers dans un tourbillon d'actions et d'événements hauts en couleurs. Danses, chants, pantomimes, et lazzis font la part belle à cette oeuvre majeure du Théâtre Populaire Européen. Pour tout public et pour le plus grand plaisir de tous les publics !!!

L'avis d'Apolline

J’ai beaucoup aimé cette pièce car les costumes étaient très bien, les maquillages réalistes et les personnages amusants. Le décor qui ressemblait vraiment à une petite place de Venise était magnifique!
Quelques comédiens/comédiennes qui jouaient dans ‘Les femmes savantes’ étaient aussi dans cette pièce car ce spectacle se jouait aussi dans la cour du Barouf. C’était un vrai moment de plaisir.
J’ai ri tout le long du spectacle et ma grand-mère (Claudia Lucia) aussi.
BRAVO À EUX !!!

L'avis de sa grand mère

Les comédiens de la cour du Barouf sont de jeunes élèves franco-italiens en troisième année de l'Académie des Arts du spectacle de Versailles. Ils sont jeunes, fougueux, pleins d'énergie et mêlent chants, musique et danses dans le style de la Commedia dell' Arte sous la houlette du metteur en scène Carlo Boso. Les deux spectacles Il Campiello et Les femmes savantes donnent lieu à d'agréables moments de théâtre, pleins de bonne humeur, et dans le respect du texte et de l'auteur. C'est là que je me suis aperçue que Les femmes savantes (en vers) ne sont pas un spectacle facile pour les enfants au niveau de la langue et du contexte historique.

 

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vendredi 6 août 2021

Philippe Froget : Aime comme Marquise

  

 Aime comme Marquise de Philippe Froget

Marquise-Thérèse Gorla

Paris, 1668. Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. Marquise se prépare à jouer Andromaque de Racine, lorsque le Lieutenant Général de la police entre dans sa loge pour l’interroger, sur ordre du Roi. Dès lors, cette enquête nous dévoile l’extraordinaire parcours de cette fille du peuple qui a fasciné les hommes les plus illustres de son temps, de Molière à D’Artagnan en passant par Corneille, Racine; Un texte hybride, en vers et en prose, nous entraînant de Pézenas à Rouen, puis du Louvre au Château de Vaux-Le-Vicomte. L'incroyable destin de Thérèse du Parc, dite Marquise, comédienne de la troupe de Molière
 : « J’avais envie d’écrire sur les petites gens aux grands destins. Un texte en alexandrins, pour leur musique,
 leur rythme lancinant, leur noblesse. Raconter la vie de Marquise, c’était réunir ces éléments à travers le vrai destin d’une jeune femme sidérante » 

J'aime bien Marquise du Parc. C'est un personnage que j'ai souvent rencontré dans mes études sur le théâtre du XVII siècle, Molière, bien sûr, mais aussi Corneille et son amour de vieillard pour la belle comédienne, le poème qu'il écrit pour elle : "Marquise si mon visage a quelques traits un peu vieux...". Donc, c'est avec plaisir que je suis allée la rencontrer à L'espace Roseau, dans cette pièce Aime comme Marquise de Philippe Froget. 

Marquise est interprétée par deux comédiennes, l'une (Chloé Froget qui est aussi metteur en scène de la pièce) interprète la jeune Thérèse de Gorla, fille du peuple. Elle  va commencer sa carrière dans la troupe de Molière grâce à Gros René ( René Berthelot du Parc) comédien spécialisé dans le rôle de valet. Celui-ci deviendra son mari et lui donne son surnom. L'autre (Aurélie Noblesse), plus âgée et désormais célèbre, s'apprête à créer le rôle d'Andromaque. Elle raconte sa vie au Lieutenant-Général de police venu lui demander, au nom du roi, si c'est Corneille qui écrit les pièces de Molière. Bien entendu, nous n'aurons pas la réponse à cette question (que je déteste!*) et qui n'est pas ce qui a de plus intéressant dans la pièce. J'ai aimé voir vivre Marquise par l'intermédiaire de ces deux bonnes comédiennes et d'une mise en scène enlevée. Un agréable moment de théâtre !

* Comme pour Shakespeare, cette question à propos de Corneille et Molière, me dérange. On la doit au poète Pierre Louys qui restera célèbre au moins pour cela ! Elle est vaine puisque l'on n'aura jamais la réponse et surtout elle n'apporte rien si ce n'est de discréditer le talent de Molière et dans quel but ? On peut se le demander ? Bien sûr, la langue des deux auteurs a obligatoirement des ressemblances lexicales et syntaxiques puisqu'elle est celle du XVII. Les thèmes sont communs, d'actualité ou à la mode, traduisant la mentalité, les codes sociaux, la sensibilité, les préoccupations de leur siècle. D'autre part, à cette époque il était courant que les auteurs s'inspirent les uns des autres. Plagiat ? Pas s'ils en faisaient une oeuvre personnelle. La Fontaine en est un bel exemple. Montaigne déjà écrivait : "Quand on joue à la paume, c'est une même balle dont  joue l'un l'autre, mais l'un la place mieux". Bien sûr aussi, les "grandes" comédies de Molière ont des accents tragiques que l'on pourrait attribuer à Corneille en admettant que Molière soit incapable d'écrire ainsi. Il faut remarquer aussi que toutes les "petites" pièces de Molière ( qu'on accepte de lui attribuer) contiennent déjà en germe tous les thèmes qu'il lui sont chers et qu'il développera plus tard quand il aura atteint sa maturité. D'ailleurs, Corneille a aussi écrit des comédies et si l'on compare les deux écrivains dans ce genre comique, ils présentent bien des différences malgré les ressemblances. Ce sont des personnalités différentes qui ont écrit L'Illusion comique ou le Dom Juan ! C'est ce que je crois ! Ceci dit, je ne prétends pas avoir raison, les plus grands savants se sont penchés sur la question et continuent à se déchirer sans pouvoir acquérir une certitude. Mais mon amour pour Molière est tel ( et pour Corneille aussi ) que  je préfère admirer ces deux grands monuments de la littérature française plutôt qu'un seul !


                                       Stances adressées à mademoiselle du Parc par Corneille, envoi de Tristan Bernard, 

                                                                                                  interprétées par Georges Brassens

Aime comme Marquise
 de Philippe Froget
 10H Espace Roseau

Mise en scène : Chloé Froget – avec la complicité de Louiza Bentoumi


Avec : Aurélie Noblesse, Xavier Girard, Christophe Charrier, Chloé Froget


Production : Compagnie Le Jeu du Hasard et Atelier Théâtre Actuel
Soutien(s) : Théâtre Nouvelle-France et Théâtre Le Mas

Voir la critique d'Eimelle


samedi 15 mai 2021

Honoré de Balzac : la cousine Bette


La cousine Bette et Le cousin Pons, sont deux romans qui constituent un  ensemble intitulé Les cousins pauvres,  inséré dans Les scènes de la vie parisienne de La Comédie humaine.
Publié en 1846 en feuilleton, c’est un long roman, plein de rebondissements, dans lequel Balzac cherche à surpasser les feuilletonistes à la mode et surtout Eugène Sue qui connaissait alors un grand succès.

La cousine Bette, "la Nonne sanglante"

 Lisbeth Fisher, appelée Bette, est la cousine d’Adeline Fisher, toutes deux d’origine paysanne. Mais Adeline fait un beau mariage en épousant le Baron Hector Hulot. Elle accède ainsi à la noblesse et à la richesse. Bette qui a toujours été jalouse de la beauté de sa cousine, lui voue une haine implacable et décide de tout faire pour détruire son bonheur ainsi que celui de sa fille Hortense, trop jolie, elle aussi, et trop heureuse en mariage. Elle n'a de cesse de pousser la famille à la ruine. Elle y parviendra d’autant plus que le baron Hulot est un séducteur impénitent mais déjà sur le retour. Attiré par les courtisanes et les petites filles pauvres, mais vieillissant, il doit dépenser de plus en plus d’argent pour les séduire et les retenir jusqu’à se ruiner et commettre des malversations. La cousine Bette se lie d’amitié avec Valérie Marneffe, une femme mariée qui assure l’avancement professionnel de son mari par ses charmes et sa propre fortune en mettant en concurrence ses amants.
 
La cousine Bette présente la société parisienne et ses différentes classes sociales et politiques. Balzac décrit une noblesse en pleine déliquescence. En effet, même si certains membres de la noblesse d'empire obéit encore a des valeurs morales d'honnêteté et de courage comme le général Hulot, son frère le baron se déshonore en ruinant sa famille et en volant dans les caisses de l'état. La noblesse de la restauration ne vaut pas mieux, qui entretient des  courtisanes, se ruinent dans des plaisirs dispendieux, sans aucune utilité sociale. Face à eux une classe montante, la bourgeoisie d'argent, incarnée par Clevel, riche marchand, successeur de César Birotteau, un homme que sa fortune place en position de force. Il marie sa fille avec le fils Hulot pour faire d'elle une baronne. Il a le pouvoir de marier ou non Hortense, de corrompre, s'il le souhaite, une femme vertueuse. Dans cette société l'argent fait tout et l'on n'est considéré, dit Balzac, qu'à partir de cinquante mille francs de rente !

Quant aux artistes, la vision de l'écrivain est tout aussi pessimiste.  Les comédiennes de théâtre  se font entretenir par de riches amants et ne peuvent vivre de leur art. Wenceslas, sculpteur, le mari d’Hortense, est trop paresseux, trop veule,  pour pouvoir créer.
"Le travail constant est la loi de l'art comme celle de la vie ; car l'art, c'est la création idéalisée. Aussi les grands artistes, les poètes complets, n'attendent-ils ni les commandes, ni les chalands, ils enfantent aujourd'hui, demain, toujours."
A côté de cette société le peuple et sa misère, en particulier la prostitution des petites filles pour pouvoir manger.
La peinture que l’écrivain donne de cette société parisienne et donc extrêmement critique et même féroce et corrobore les propos du critique Pierre Barbéris : "Chacun sait que ce gros homme entendait faire une oeuvre de défense sociale, voire de l'ordre moral, et qu'il a dressé, en fait, le plus formidable acte d'accusation qui ait jamais été lancé contre une civilisation."

La cousine Bette est donc un roman noir  : par ses personnages d’abord, la cousine Bette, noire y compris par son physique, jalouse, haineuse, hypocrite, cette "Nonne sanglante" ne pardonne jamais et meurt dans le désespoir en croyant qu’elle a échoué dans sa vengeance.
"Paysanne des Vosges, dans toute l'extension du mot, maigre, brune, les cheveux d'un noir luisant, les sourcils épais et réunis par un bouquet, les bras longs et forts, les pieds épais, quelques verrues dans la face longue et simiesque, tel est le portrait concis ce cette vierge.
Mais l'envie resta cachée dans le fond du coeur, comme un germe de peste qui peut éclore et ravager une ville, si l"on ouvre le fatal ballot de laine où il est comprimé"


Le Baron Hulot est un gentilhomme dépravé et déshonoré dont le vice est finalement triomphant, Valérie ressemble à ces anges "au doux sourire, à l'air rêveur, à figures candides, dont le coeur est un coffre-fort", Valérie machiavélique, cupide, sans morale. Et que dire de madame d’Estève qui est l'image même du Méchant dans le roman gothique, l'empoisonneuse, cette "affreuse sorcière devinée par Shakespeare" ?
Noir aussi par l’actionle roman nous plonge dans la vie mensongère et cupide des courtisanes, des lorettes, en particulier de Valérie, et nous assistons aux intrigues de chacune, aux rivalités, aux coups bas. Les entremetteuses sont encore pires, elles livrent des fillettes aux vieillards libidineux. Les rebondissements sont nombreux comme la disparition du Baron Hulot qui se soustrait à la prison et qui nous introduit dans les bas-fonds parisiens. Là, où sa femme Adeline va le retrouver. Avec l’apparition de Madame d’Estève, le roman devient encore plus noir, introduisant la tentation du crime et la mort violente dans l’intrigue.

Adeline retrouve le baron

La cousine Bette est aussi un roman sur la condition féminine. Face au mal incarné par la cousine Bette et les femmes entretenues, Balzac peint le portrait de la femme vertueuse, qui incarne le Bien mais avec des nuances entre Adeline et sa fille Hortense.
Adeline incarne la femme vertueuse, en admiration totale devant son mari et résignée à souffrir et à être trompée, humiliée, ruinée. Pour conserver l'amour de son mari, elle est prête à tous les sacrifices.

"Elle jouissait toujours de cette affection invétérée que les maris portent à leurs femmes quand elles sont résignées au rôle de douces et vertueuses compagnes, elle savait qu'aucune rivale ne tiendrait deux heures contre un mot de reproche, mais elle fermait les yeux, elle se bouchait les oreilles, elle voulait ignorer la conduite de son mari au dehors."
Hortense est elle aussi l'image de la jeune fille vertueuse mais avec du caractère puisque c'est elle qui choisira son mari, le comte polonais Wenceslas Steinbock, l'arrachant même aux griffes de la cousine Bette, et amènera son père à l'approuver. Quand son mari est infidèle, elle retourne chez sa mère car elle sait qu'elle ne pourra supporter cette situation patiemment. Plus tard, elle pardonne mais désormais son mari est tenu en laisse, non par l’amour de son épouse mais par le manque d'argent ; il ne  peut entretenir une maîtresse. On voit combien Balzac a une vision pessimiste du mariage, lui qui a une position très en avance sur son temps puisqu'il conseille aux hommes de prendre plutôt leur femme pour maîtresse en les initiant avec douceur à l'amour et condamne le viol dans le mariage.

Un livre très riche et dont il est difficile de de rendre compte entièrement. Il faut dire que j’ai ressenti quelque impatience devant le caractère de la baronne Hulot. Je l’ai trouvée, geignarde, soumise, sans caractère et les scènes où elle intervient souvent trop larmoyantes !  Même quand le vieux pervers, son mari,  la ruine sans se soucier de son avenir ni de celui des ses enfants, quand il vole, exploite la misère des filles pauvres, elle lui pardonne tout et le traite comme si c’était lui la victime. Il me semble qu'elle aussi n'a aucune morale.  Il a fallu pour la supporter que je me rappelle le principe de base absolu quand on lit un livre, celui de ne pas le juger avec la mentalité de son siècle au risque de ne pas le comprendre. 

Heureusement, Balzac m’a réconciliée en posant cette question de moraliste :  Mais l'indulgence qu’Adeline manifeste envers « son » Hector,  n’est-elle pas coupable quand elle est poussée à ce point ? Elle ne peut qu’entretenir le vice. Et effectivement, c’est ce qui arrive.


Voir La cousine Bette chez Maggie