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samedi 11 avril 2015

Un livre/Un film : énigme 110



Voici l'énigme que nous n'avons pas pu présenter la semaine dernière :  Samedi 3 Avril.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous le troisième samedi du mois :  Le samedi 18 Avril

Enigme 110

Je dois le choix de ce livre (et du film) à Sybilline! Merci! Sybilline! Mais elle ne vous dira rien, non, non!
Il s’agit d’un auteur français né à la fin du XIX siècle et mort dans la première partir du XX siècle. Anarchiste, insoumis, antimilitariste, profondément anticlérical, révolté par l’injustice et l’hypocrisie bourgeoise, pourfendeur de l'antisémitisme, cet auteur qui se dresse contre toute société établie, imagine un héros à son image qui défie la loi des classes possédantes et prend le parti du peuple. Son  roman a été magistralement adapté à l’écran sous le même titre.


J’ai trois souvenirs de ma mère.
Un jour, comme j’étais tout petit, elle me tenait sur ses genoux quand on est venu lui annoncer qu’une traite souscrite par un client était demeurée impayée. Elle m’a posé à terre si rudement que je suis tombé et que j’ai eu le poignet foulé.
Une fois, elle m’a récompensé parce que j’avais répondu à un vieux mendiant qui venait demander l’aumône à la grille : « Allez donc travailler, fainéant ; vous ferez mieux. »
— C’est très bien, mon enfant, m’a-t-elle dit. Le travail est le seul remède à la misère et empêche bien des mauvaises actions ; quand on travaille, on ne pense pas à faire du mal à autrui.
Et elle m’a donné une petite carabine avec laquelle on peut aisément tuer des oiseaux.
Une autre fois, elle m’a puni parce que « je demande toujours où mènent les chemins qu’on traverse, quand on va se promener. » Ma mère avait raison, je l’ai vu depuis. C’est tout à fait ridicule, de demander où mènent les chemins. Ils vous conduisent toujours où vous devez aller.

mercredi 1 avril 2015

Un live /Un film : L'énigme du samedi est reportée




L'énigme du samedi 4 Avril est reportée au samedi 11 Avril. A bientôt!

dimanche 22 mars 2015

Jim Thompson : Des cliques et des cloaques


Quatrième de couverture

Frank Dillon, il nous ressemble bien, au fond, à vous comme à moi. Sauf qu'il est un peu plus fou, et que ça le tracasse. Et que là où vous et moi, nous nous contentons d'oublier d'écrire à notre vieille grand-mère pour le Nouvel An, lui, il va plus loin dans le crime : il tue, et plusieurs fois.
Mais au bout du compte, s'estime aussi innocent que vous et moi. Est-ce le dernier des salauds, ou le premier des pauvres types ?

Le récit

Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau adapté du roman de Jim Thompson  : des cliques et des cloaques
Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau
Frank Dillon est un minable représentant de commerce. Lors d'une de ses tournées dans des quartiers sordides, une vieille femme lui propose de coucher avec sa jeune nièce Mona en échange  d'une ménagère. Il cède les couverts sans pour autant abuser de Mona. Frank doit maintenant rembourser la facture à son patron Stapples. Mais où trouver l'argent? La solution a ses problèmes passe par l'élimination de la vieille tante de Mona qui cache une fortune chez elle…

Le titre

Le titre français du roman Des cliques et des cloaques joue sur le jeu de mots mais est très loin du titre anglais : A hell of Woman : Une femme d'enfer, allusion aux femmes qui gravitent autour du personnage principal, Frank Dillon : Mona, qui pourrait être la femme fatale des romans noirs puisque elle le conduit au meurtre se trouve être ici, ironiquement, une pauvre fille complètement paumée, prostituée par sa tante; ce qu'illustre très bien la première de couverture de l'édition Folio policier, des bas résille, oui, mais troués! caricature du roman noir dont l'écrivain épouse les codes mais les détourne!
Une femme d'enfer pourrait être aussi son épouse, Joyce, une pauvre femme dépressive, à la dérive, qui essaie de sauver son couple et représente pour Dillon la cause de ces échecs car, bien sûr, pour lui, c'est toujours de la faute des autres et donc des femmes s'il est un raté. 
A moins que la femme d’enfer ne soit, au sens propre, ce personnage hideux, méprisable, que son absence de morale, sa cruauté et sa ladrerie place au plus bas de l’échelle humaine, la tante de Mona.

Quoi qu'il en soit et même si le titre est mal traduit (et il paraît que tout le reste de la traduction est à l'avenant) Des cliques et des cloaques rend bien compte d'une chose : en lisant l'histoire de Frank Dillon, c'est dans un cloaque que vous allez vous enfoncer. Certes tous les personnages sont issus d'une classe sociale misérable et sont à divers niveaux médiocres mais c'est à lui que va la palme, à moins qu'elle ne revienne à la tante de Mona!

La noirceur de l’âme humaine

Marie Trintignant et Patrick Dewaere dans Série noire d'Alain Corneau d'après le roman de Jim Thompson Des cliques et des cloaques
Patrick Dewaere dans Série Noire

 Chez Jim Thompson, le polar est un moyen de montrer la noirceur d'êtres en marge. Tous ses personnages sauf la tante, tellement immonde que sa mort ne nous émeut guère, présentent cependant des aspects positifs qui n'en font pas des salauds intégraux. Frank par exemple refuse d'abuser de la pauvre mais attirante Mona.

Cependant Frank Dillon reste un pauvre type, pathétique, détestable  alors qu'il voudrait être admiré, respecté, aimé. Sa vie professionnelle et sentimentale est un échec total. Il cherche en permanence des boucs émissaires, des êtres plus médiocres que lui, des individus qu'il pourra utiliser, exploiter, et les femmes en particulier. Refusant d'admettre sa médiocrité, il reporte ses échecs sur tous ceux qu'il côtoie. Il se prend pour un homme intelligent capable d'échafauder un crime parfait; pas assez toutefois pour ne pas éviter de se faire arnaquer par moins bête en apparence que lui.
Un grand roman magnifiquement adapté au cinéma par Alain Corneau, sous le titre de Série Noire.

                                                                                        Billet de Wens et claudialucia





 Enigme n° 109

Le livre : Jim Thompson : des cliques et des cloaques
le film : Alain Corneau : Série noire


Les illustrissimes participants  et triomphateurs de ce jeu sont : Aifelle, Asphodèle, Eeguab, Keisha, Miriam, Somaja, Valentyne...

samedi 21 mars 2015

Un livre/Un film : Enigme 109



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous le premier samedi du mois :  Le samedi 3 Avril

Enigme 109

Ecrit par un des plus grands écrivains américains de romans noirs, ce livre paru en 1954 est adapté au cinéma par un réalisateur français. Le titre français est très éloigné du titre américain comme du titre du film. Avec cette oeuvre, l’auteur nous fait descendre dans ce que l’on peut  appeler les bas-fonds  » de l’âme humaine. Un roman noir archi noir.

Je saute dans ma bagnole, je me mets à galoper en direction de la véranda, et, à ce moment, je la vois. Elle coule un oeil en douce par l’entrebaîllement des rideaux de la porte; l’espace d’un quart de seconde, un éclair illumine la vitre sombre, et ça la fait ressembler à un portrait dans un cadre. Ce n’est d’ailleurs pas joli-joli; question beauté, la fille n’en a pas plus que moi. Et pourtant elle m’attire. le temps de trébucher sur un défaut du ciment et de me rattraper de justesse pour ne pas ramasser un gain, je relève la tête : plus personne; les rideaux ont repris leur position normale.

dimanche 8 mars 2015

Honoré de Balzac : Le chef d'oeuvre inconnu / La belle noiseuse de Jacques Rivette


La Belle Noiseuse vue par Bernard Dufour inspiré par Balzac dans le film de Jacques Rivette

La  nouvelle de Balzac Le chef d’oeuvre inconnu est d’abord parue en feuilleton en 1831 puis a été intégrée aux Etudes philosophiques de La Comédie Humaine (1846).

Le récit

Nicolas Poussin : autoportrait
Un jeune peintre (qui n’est autre que Nicolas Poussin débutant) se rend à l’atelier du peintre Porbus. Il y retrouve le maître Frenhofer qui critique le dernier tableau de Porbus, à qui, affirme-t-il, il manque la vie. Nicolas Poussin est d’abord irrité par la suffisance de Frenhofer mais lorsque celui-ci retouche la toile de Porbus, il est en admiration. 
Frenhofer, lui-même disciple d’un grand maître, le peintre Mabuse, parle alors à Porbus et Nicolas de son tableau de La Belle Noiseuse, portrait de Catherine Lescaut, qu’il n’a jamais pu achever et qu’il n’a jamais voulu dévoiler à personne. Nicolas Poussin lui offre alors sa maîtresse, la belle Gillette, comme modèle, à la condition que Frenhofer leur montre son  oeuvre une fois celle-ci terminée. 
Gillette résiste par pudeur puis finit par se soumettre à son amant, comprenant que celui-ci la sacrifie à sa carrière et à son amour de l’art. Mais le mépris s’insinue en elle pour cet homme qui n’a peut-être pas la valeur qu’elle lui attribue et ceci marque la fin de son amour.
Grâce à la beauté de son modèle, Frenhofer achève le portrait dans une exaltation sacrée mais lorsqu’il dévoile sa toile aux deux hommes… ? Je vous laisse découvrir la suite!

Les personnages

La belle Noiseuse vue par Richard Hamilton(1922-2011)  inspiré par Balzac
Maître Frenhofer est un personnage fictif, disciple de Mabuse. Dans le film de Rivette, il est interprété par Michel Piccoli.

Catherine Lescaut  dite la Belle Noiseuse qui a servi de modèle au peintre est elle aussi un personnage imaginaire. Elle n'est pas présente dans la nouvelle alors que dans le film elle est interprétée par Jane Birkin qui est l'épouse du peintre.

Nicolas Poussin La sainte famille à l'escalier (1648)  Cleveland art museum

Nicolas Poussin : n’est pas encore, dans la nouvelle, le grand peintre classique que nous connaissons. 
Gillette : maîtresse de Nicolas Poussin


Frantz Porbus : le peintre de Henri IV

François Porbus : Frantz Porbus, dit Porbus le Jeune (1570-1622), auteur de célèbres portraits de Henri IV.


Jean Gossaert ou Gossart dit de Mabuse: portrait de Fille

Mabuse : Jean Gossaert ou Gossart dit de Mabuse (ou Maubeuge) (1478-1536), grand peintre flamand.

L’explication du titre

La belle Noiseuse vue par Rivette inspiré par Balzac

La nouvelle et le texte ne portent pas le même titre. Le film de Jacques Rivette intitulé La belle noiseuse met l’accent sur la maîtresse du peintre, Marianne, interprétée par Emmanuelle Béart. Un dialogue du film explique clairement le sens (même si contrairement à ce qu’affirme Marianne  « noiseuse » n’existe pas en québécois (wikipédia)) terme que nous retrouvons en français dans l’expression « chercher des noises à quelqu’un ». « Noise » en ancien français signifie bruit, tumulte, tapage, puis par glissement de sens, dispute. La noiseuse est une femme qui cherche querelle, bref! une « emmerdeuse » comme il est dit dans le film, autrement dit une femme qui n’est ni soumise, ni docile!

La nouvelle s’intitule Le chef d’oeuvre inconnu et désigne le portrait de la Belle Noiseuse que Frenhofer à peint avec tant de soin et qu’il n’a jamais voulu montrer à personne. Pour Frenhofer la passion de l’art et de la femme se confondent.

Montrer mon œuvre, s’écria le vieillard tout ému. Non, non, je dois la perfectionner encore. Hier, vers le soir, dit-il, j’ai cru avoir fini. Ses yeux me semblaient humides, sa chair était agitée. Les tresses de ses cheveux remuaient. Elle respirait !
Eh ! bien, l’œuvre que je tiens là-haut sous mes verrous est une exception dans notre art. Ce n’est pas une toile, c’est une femme ! une femme avec laquelle je ris, je pleure, je cause et je pense. Veux-tu que tout à coup je quitte un bonheur de dix années comme on jette un manteau ? Que tout à coup je cesse d’être père, amant et Dieu. Cette femme n’est pas une créature, c’est une création. Vienne ton jeune homme, je lui donnerai mes trésors, je lui donnerai des tableaux du Corrège, de Michel-Ange, du Titien, je baiserai la marque de ses pas dans la poussière ; mais en faire mon rival ? honte à moi ! Ha ! ha ! je suis plus amant encore que je ne suis peintre.

Balzac revisite ici le mythe de  Pygmalion amoureux de Galatée, la statue qu’il a créée et qui prend vie devant lui. Maître Frenhofer éprouve de l’amour pour sa création et souffre des affres de la jalousie comme un amant véritable.
Le récit, à ce moment là, peut s’infléchir vers le fantastique tout comme dans le conte d'Hoffmann L'homme au sable  avec Olympia, la poupée automate conçue par Coppelius ( Coppélia dans le ballet de Léo Delibes). Mais Balzac choisit de rester dans une certaine forme de réalisme  en s'intéressant d'abord au thème l’art et en présentant sa conception de l’artiste. Le personnage de Frenhofer devient un symbole, l'incarnation même de l'Art.

La portée de la nouvelle

La Belle Noiseuse vue par Pablo Picasso inspiré par Balzac

 C’est ce qu’explique l’universitaire Elisheva Rosen qui présente une interprétation du récit que je cite ici.

"Le Chef-d'oeuvre Inconnu est l'une des nouvelles les plus célèbres et les plus commentées de Balzac. Les avatars de son paratexte indiquent bien les différentes orientations de la nouvelle. Conte fantastique à la manière de Hoffman à l'origine, le récit tend, au fil de ses remaniements, à se détacher de la mode qui le portait au départ. Avec la mise en relief de sa dimension « philosophique », il s'impose comme l'un des textes majeurs de Balzac sur l'art, l'artiste et plus généralement la création. La scénographie balzacienne doit son efficacité à sa manière particulière de tresser érotique et esthétique : le drame de Frenhofer, comme le désarroi des artistes qui ont divinisé le Maître, est d'autant plus poignant qu'il se joue sur une double scène quasiment sacrificielle, celle de l'art et celle du désir et de l'amour. La réception du texte est conforme à cette double orientation du récit. Si les lecteurs contemporains se montrent plutôt sensibles au destin de Gillette, les lectures ultérieures y reconnaissent volontiers, selon l'heureuse expression de P. Laubriet, un véritable « catéchisme esthétique ». Ce texte, si cher à Cézanne, illustré par Picasso, a inspiré depuis les années soixante bien des essais d'esthétique : Michel Leiris, Hubert Damisch, Michel Serres, Georges Didi-Huberman, pour ne citer qu'eux, ont alimenté leur réflexion à sa source, amplifiant ainsi les résonances mythiques de ce récit aux charmes duquel le cinéma (Jacques Rivette) se devait de céder à son tour."

Les théories artistiques de Balzac

Le thème du portrait qui s’anime, plus vrai que la vie, est récurrent chez Balzac puisqu’on le retrouve, développé, dans Le portrait de Dorian Grey, récit fantastique qui est le reflet d’une des conceptions essentielles de l’art que Honoré de Balzac présente sous forme de maxime  : La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète !
Il n'est pas étonnant que les peintres et les théoriciens de l’art aient été fascinés par cette nouvelle qui est une sorte de manifeste artistique.

La vie

Au moins, avez-vous là couleur, sentiment et dessin, les trois parties essentielles de l’Art explique Frenhofer à Portus et Poussin mais cela ne suffit pas.L’art en doit pas se contenter de l’apparence, il doit aller au-delà, il ne doit pas copier la vie mais être la vie!

C’est cela, et ce n’est pas cela. Qu’y manque-t-il ? un rien, mais ce rien est tout. Vous avez l’apparence de la vie, mais vous n’exprimez pas son trop-plein qui déborde, ce je ne sais quoi qui est l’âme peut-être et qui flotte nuageusement sur l’enveloppe ; enfin cette fleur de vie que Titien et Raphaël ont surprise.

Et ceci concerne toute création, y compris la création littéraire :

Il ne suffit pas pour être un grand poète de savoir à fond la syntaxe et de ne pas faire de faute de langue !
Ta création est incomplète. Tu n’as pu souffler qu’une portion de ton âme à ton œuvre chérie. Le flambeau de Prométhée s’est éteint plus d’une fois dans tes mains, et beaucoup d’endroits de ton tableau n’ont pas été touchés par la flamme céleste.

La lumière

Ce n’est pas la ligne mais la lumière qui donne la forme :

Rigoureusement parlant, le dessin n’existe pas !  La ligne est le moyen par lequel l’homme se rend compte de l’effet de la lumière sur les objets ; mais il n’y a pas de lignes dans la nature où tout est plein : c’est en modelant qu’on dessine, c’est-à-dire qu’on détache les choses du milieu où elles sont, la distribution du jour donne seule l’apparence au corps !`

Le travail de la forme

La Forme est un Protée bien plus insaisissable et plus fertile en replis que le Protée de la fable, ce n’est qu’après de longs combats qu’on peut la contraindre à se montrer sous son véritable aspect ; vous autres ! vous vous contentez de la première apparence qu’elle vous livre, ou tout au plus de la seconde, ou de la troisième ; ce n’est pas ainsi qu’agissent les victorieux lutteurs ! Ces peintres invaincus ne se laissent pas tromper à tous ces faux-fuyants, ils persévèrent jusqu’à ce que la nature en soit réduite à se montrer toute nue et dans son véritable esprit. Ainsi a procédé Raphaël, dit le vieillard en ôtant son bonnet de velours noir pour exprimer le respect que lui inspirait le roi de l’art, sa grande supériorité vient du sens intime qui, chez lui, semble vouloir briser la Forme.

Travaillez ! les peintres ne doivent méditer que les brosses à la main. 



Enigme N° 108
Le roman :Le chef d'oeuvre inconnu de Honoré de Balzac
Le film : La belle Noiseuse de Jacques Rivette
Bravo à  : 
Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Florence, Kathel, Keisha, Maggie, Syl,
Merci à tous les participants! Voir chez Wens pour le film.






samedi 7 mars 2015

Un livre/ Un film : Enigme



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

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Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le premier samedi du mois :  Le samedi 21 Mars


Enigme 108


Le film est adaptée de la nouvelle fantastique et philosophique d’un écrivain français du XIX siècle. Le texte écrit ne porte pas le même titre que le film qui se déroule à l’époque actuelle.  Le récit est une réflexion sur la création artistique. « Ce texte, si cher à Cézanne, illustré par Picasso, a inspiré depuis les années soixante bien des essais d'esthétique : Michel Leiris, Hubert Damisch, Michel Serres, Georges Didi-Huberman, pour ne citer qu'eux, ont alimenté leur réflexion à sa source, amplifiant ainsi les résonances mythiques de ce récit … » citation : critique universaitaire E. R. 


Comme une foule d’ignorants qui s’imaginent dessiner correctement parce qu’ils font un trait soigneusement ébarbé, je n’ai pas marqué sèchement les bords extérieurs de ma figure et fait ressortir jusqu’au moindre détail anatomique, car le corps humain ne finit pas par des lignes. En cela les sculpteurs peuvent plus approcher de la vérité que nous autres. La nature comporte une suite de rondeurs qui s’enveloppent les unes dans les autres. Rigoureusement parlant, le dessin n’existe pas !  La ligne est le moyen par lequel l’homme se rend compte de l’effet de la lumière sur les objets ; mais il n’y a pas de lignes dans la nature où tout est plein : c’est en modelant qu’on dessine, c’est-à-dire qu’on détache les choses du milieu où elles sont, la distribution du jour donne seule l’apparence au corps !


samedi 14 février 2015

Un livre/un film Enigme n°107



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

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Donc rendez-vous  le premier samedi du mois :  Le samedi 7 Mars


Enigme N° 107

L'auteur de ce roman fait partie de « l’école » des écrivains du Montana.  Il parle de l’ouest américain, des grands espaces, des montagnes, des rivières sauvages où vivent les castors, des vallées encore peuplées de bisons.. Il décrit les moeurs des indiens et des trappeurs, l’arrivée des colons étrangers, une région en pleine transformation. C’est un ouvrage qui laisse donc une large place à nature. L’écrivain a obtenu le prix Pullitzer pour la suite de ce roman. Les deux ouvrages ont été adaptés au cinéma.


Le Missouri bouillonnait. Il débordait de son lit, gloussait au milieu des saules et des peupliers. Il creusait les falaises et attaquait la rive. De larges portions de terre avaient glissé dans l’eau ou s’étaient écroulées, avec de lents éclaboussements que le courant saisissait, entraînait et perdait dans sa propre précipitation. Des arbres montaient quand les rives cédaient, comme au ralenti tout d’abord, puis plus vite, dans le vacarme de l’air déchiré; ils se couchaient dans l’eau, encore accrochés à la rive dévastée, formant des barrages contre lesquels venaient s’entasser les objets flottants.(…)
Le Missouri est une rivière diabolique, un mur mouvant qui se dressait devant le Mandan, se brisait autour du bateau et se dressait de nouveau; ce n’était pas une rivière, mais une gigantesque masse d’eau libre qui descendait des montagnes en bondissant et traversait furieusement les plaines, impatient d’atteindre la mer.

Ils reprirent le cours sinueux de la rivière, passant devant un ancien fort à Council Bluffs, où trois cents soldats étaient morts du scorbut, …, puis ils traversèrent une portion envahie de souches, dans un paysage plat pendant quelque temps et vallonné de nouveau, dépourvu d’arbres, mais verdoyant, dépassant Wood’s Hill où un million d’hirondelles nichaient dans la roche jaune.
-C’est le pays du bison?
-Bientôt, maintenant. Très bientôt.

samedi 31 janvier 2015

Un livre/ Un film : Enigme du samedi N°106



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le premier samedi du mois :  Le 7 Février 2015

 Enigme n°106


Ce roman d'un écrivain américain est paru à la fin des années 40 aux Etat-Unis. Il est devenu un classique de la littérature de de l'Ouest américain. Il raconte l'arrivée d'un étranger dans une ferme du Wyoming et la fascination qu'il va exercer sur le couple de fermiers et leur fils. Nous sommes à la fin du XIX siècle. Les méthodes d'élevage sont en train de changer et les partisans des clôtures sont aux prises avec les éleveurs des immenses troupeaux en espace ouvert.


Les gars avec qui je travaillais ne se rendent pas compte. Mais ça viendra. La prairie, c'est terminé. Les clôtures sont partout en train de gagner du terrain. Mettre de grands troupeaux au vert, ça n'est rentable que pour les gros propriétaires, et encore pas tant que ça. Les résultats ne sont pas à la mesure de l'espace utilisé. Ca ne fera pas un pli : il n'y aura bientôt plus place pour les gros ranchers. (...)
Le truc, c'est de se choisir un coin, un bout de terre à soi. De le mettre en culture afin d'assurer sa propre subsistance et d'en retirer un petit quelque chose en plus qui va vous permettre de constituer un petit cheptel. Pas des bêtes tout en os et en cornes. Non, il faut qu'elles soient bien parquées et nourries, il faut qu'elles fassent de la viande.

dimanche 18 janvier 2015

Alberto Moravia : Le mépris

Moravia : Le mépris GF Flammarion

Et oui, il s'agissait du roman Le Mépris d'Alberto Moravia (1954) adapté à l'écran par Jean-Luc Godart. Comme je n'ai pas eu le temps de rédiger un billet sur ce roman que j'ai lu pour l'énigme, j'ai cherché des interprétations dans les blogs suivants; je vous invite à aller lire. Vous y trouverez des analyses très intéressantes et pertinentes : 

A Contre courant

De quoi parle le mépris?

De quoi parle Le mépris? De la soudaine distance, teintée de mépris, qu’Emilia, témoigne à son mari Riccardo après deux années d'un mariage donné comme heureux. Pour être précis, Le mépris parle des tentatives, vaines, faites par le narrateur Riccardo pour comprendre et conjurer la soudaine distance que lui témoigne sa femme. Des pensées d’Emilia et de celles des autres protagonistes, nous ne savons rien sauf ce qu'en suppose le narrateur. Car le roman prend la forme d'une longue confession, au cours de laquelle le narrateur raconte comment il a perdu la femme aimée.
Lire la suite : 


 Littexpress


L’explication du drame par l'intertextualité

Battista producteur, veut faire une adaptation cinématographique de L’Odyssée. Il demande à Rheingold et Riccardo d’en écrire le scénario. Pourtant, ce film ne pourra jamais voir le jour. En effet les trois hommes n’arriveront jamais à se mettre d’accord, ayant tous trois une interprétation différente de l’œuvre. Battista veut en faire un film commercial, « spectaculaire ». Son but est de faire de l’argent. Il veut faire d’Ulysse un super héros qui combat monstres et géants. Il va même jusqu’à comparer Polyphème à King Kong, preuve de son inculture : il confond Hollywood et les textes fondateurs ! Battista n’a aucune sensibilité littéraire, ce qui a le don d’exaspérer Riccardo, qui souffre réellement en réduisant L’Odyssée à un script de cinéma. Pour lui, l’œuvre magistrale d’Homère ne doit pas être interprétée. A ces deux interprétations, va se heurter une troisième, celle de Rheingold. Ce dernier s’intéresse aux rapports psychologiques entre Ulysse et Pénélope.
Lire la suite :

  

Buzzlittéraire

Dans les coulisses du cinéma et mise en abyme

Autour de ce traumatisme sentimental, Moravia parvient aussi à aborder habilement diverses autres problématiques telles que les différences sociales (Emile est une simple dactylo attachée au confort matériel, « simple et inculte, pleine me semblait-il de tous les préjugés et de toutes les aspirations de la classe dont elle était issue » tandis que son mari aspire avant tout à un épanouissement intellectuel même si cela doit rimer avec pauvreté) mais aussi une critique du monde du cinéma, des producteurs cupides et du rôle ingrat de scénariste que l’auteur a lui-même exercé.  « Le scénariste est un artiste qui, tout en donnant au film le meilleur de lui-même, n’a pas la consolation de savoir qu’il aura véritablement exprimé sa propre personnalité. »



Enigme N° 105
Le roman : Le mépris
Le film : Le mépris de Jean-Luc Godart
Bravo à  : 
Aifelle, Dasola, Eeguab, Florence, Kathel, Miriam, Soie, Thérèse
Merci à tous les participants! Voir chez Wens pour le film.


samedi 17 janvier 2015

Un Livre/un film : énigme N°105


Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le cinquième samedi du mois :  Le 31 Janvier 2015

Enigme N° 105

Le roman est l'oeuvre d'un grand auteur italien du XXème siècle. Il est paru dans les années 50 et a été adapté par un réalisateur non moins connu. C'est l'histoire de la fin d'un couple et le narrateur, qui est le mari, analyse l'évolution des sentiments de son épouse.
A vingt-sept ans, on a généralement un idéal... le mien est d'écrire pour le théâtre... pourquoi ne puis-je le suivre? Parce que le monde d'aujourd'hui est fait de telle manière que personne ne peut choisir la voie qu'il désire et doit faire au contraire ce que veulent les autres... pourquoi l'argent tient-il une telle place, dans ce que nous faisons, ce que nous sommes, ce que nous voulons devenir, dans notre métier, nos meilleures aspirations et jusque dans nos rapports avec ceux que nous aimons?

 

 

dimanche 4 janvier 2015

Caryl Férey : Zulu



Et oui! Bravo à tous ceux qui l'ont reconnu et merci à tous pour votre participation. Il s'agit d'un livre Zulu de Caryl Ferey que j'ai déjà commenté dans mon blog le 20 mars 2011. Voilà ce que j'en avais pensé à l'époque :

Zulu, un roman de Caryl Férey

Dans le roman de Caryl Ferey, Zulu, dont l'action se passe en Afrique du Sud, le personnage principal  Ali Neuman, un zoulou, a vu, lorsqu'il était enfant, son père et son frère torturés et assassinés sous ses yeux par des milices de l'Inkhata en guerre contre l'ANC, le parti de Mendela. Il a lui même subi des violences qu'il n'a jamais voulu avouer à sa mère, seule rescapée avec lui des milices meurtrières. Des années plus tard, devenu chef de la brigade criminelle de Capetown, il s'efforce avec ses coéquipiers, Brian Epkeen et Fletcher, de lutter contre la violence en faisant son métier difficile avec conviction. Nous sommes en 1995, un an après l'élection de Nelson Mendela et un peu avant la coupe du monde de Rugby. Il est impératif de contrôler la situation, de parvenir à donner une meilleure image du pays et d'assurer la sécurité.
C'est le moment où une jeune fille de la bonne société est retrouvée sauvagement massacrée dans un jardin public; d'autres crimes suivent tout aussi horribles et chaque fois on retrouve dans le corps des victimes une drogue d'une composition mystérieuse qui semble être à l'origine de ce déchaînement meurtrier proche de la folie. Qui est caché derrière tout cela? Ali Neuman et ses coéquipiers s'engagent alors dans une histoire dont ils ne soupçonnent pas les implications.
L'intrigue policière est assez complexe mais elle a le mérite de nous présenter la dure réalité de ce pays, ses difficultés économiques et politiques, les différents milieux sociaux, les mentalités, les susperstitions. Je me suis intéressée aussi aux personnages des trois policiers dont la vie est à l'image de ce qu'ils vivent, désolante! Tout n'est pas résolu, en effet, en 1995, depuis la victoire de Nelson Mendela aux élections en 1994. L'Afrique du Sud est réputée pour être le pays qui détient le record mondial du crime. Autant dire que le roman nous immerge dans la violence au quotidien et la souffrance liée à la drogue, au sida, à la misère, celles des enfants de rue, en particulier, qui meurent de faim, de maladie ou de maltraitance dans les Townships, quartiers populaires noirs. Les maffias y règnent en maîtres, les noirs se déchirent entre eux, les haines tribales n'ayant jamais disparu. Les nostalgiques de l'ancien régime de l'apartheid n'ont pas encore dit leur dernier mot.
Ce livre a obtenu plusieurs grands prix du meilleur roman noir en 2008 et 2009

Quelques précisions sur l'Afrique du Sud

Il est un peu difficile d'entrer dans le livre de Caryl Ferey si l'on ne connaît pas l'Histoire de l'Afrique du Sud. Je me suis donc documentée sur  L'ANC, le bantoustan du Kwa zulu, l'inkhata.
L'ANC ou African National Congress est un parti politique d’Afrique du Sud, membre de l'Internationale socialiste. Créé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la domination blanche, il fut déclaré hors-la-loi par le Parti national pendant l’apartheid en 1960. Il est à nouveau légalisé le 2 février 1990 alors que l'apartheid est aboli en juin 1991. En 1994, les premières élections multiraciales ont lieu permettant à Nelson Mandela d'être élu président de la République sud-africaine. Depuis, l'ANC domine  la vie politique sud africaine.
Un bantoustan est un région créée  pour les populations noires durant la période de l'apartheid en Afrique du Sud.  En 1970, les  personnes qui y habitent se voient enlever leur nationalité sud-africaine et accorder la nationalité de leur bantoustan. C'est une manière pour le parti national blanc de priver les noirs qui vivent  en dehors de ces régions de leurs droits civiques et  d'en faire des étrangers dans leur propre pays. Le bantoustan KwaZulu était situé dans l'ancienne province du Natal d'Afrique du Sud et regroupait  principalement une population Zoulou. Mais il était extrêmement morcelé et était loin de réunir toute l'ethnie disséminée dans tout le pays. Il avait obtenu son autonomie en 1977 pendant l'apartheid. En 1994, au moment des élections, il réintègre l'Afrique du Sud.
Le parti au pouvoir dans le Bantoustan Kwa zulu était l'Inkatha  ou Freedom Party, parti politique conservateur. Il a été fondé en 1975.  Dans les années 1980, l'Inkhat prend pour cible l'ANC dont il devient le principal adversaire. Ce parti prônait le séparatisme territorial alors que l'ANC voulait lutter contre l'apartheid et la domination des blancs en restant en  Afrique du Sud. Le parti national blanc a utilisé et même financé l'Inkhata pour lutter conte l' ANC de Nelson Mendela.
 Voir Wens pour le commentaire sur le film que j'ai trouvé, quant à moi, convaincant.

Affiche du film de jérôme Salle : Zulu
Affiche du film : Zulu

 Le livre : Zulu de Caryl Ferey
Le film : Zulu de Jérôme Salle


Bravo à :
Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Kathel, Keisha, Monesille, Shelbylee, Somaja, Valentyne...

samedi 3 janvier 2015

Enigme du samedi N°104 : Un Livre/un film








Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

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Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Donc rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le 17 Janvier 2015


Enigme N° 104

L'auteur est français et il nous transporte dans un pays d'Afrique où règnent misère et pauvreté. Le livre présente une intrigue policière très noire qui rend compte d'un pays en grande difficulté.


Le passé a laissé des traces indélébiles. Les luttes internes entre opposants ont été aussi meurtrières que la répression du pouvoir blanc. Et la violence des blancs a trouvé une réponse dans l'opiniâtreté des noirs. Chaos et conflits ne se sont que déplacés, et ils existent toujours. L'apartheid n'est plus légal, mais il reste social.
Dix-huit mille meurtres par an, vingt-six mille agressions graves, soixante mille viols officiels (probablement dix fois plus), cinq millions d’armes pour quarante-cinq millions d’habitants : Comment la première démocratie d’Afrique pouvait être le pays le plus dangereux du monde ?

dimanche 7 décembre 2014

Agota Kristof : Le Grand Cahier




Agota Kristof (en hongrois Kristóf Ágota), née le 30 Octobre 1935 à  Csikvand en Hongrie et est morte le 27 juillet 2011  (à 75 ans) à Neuchatel est une écrivaine, poète, romancière et dramaturge suisse. Elle écrit la plus grande partie de son œuvre en français (sa langue d'adoption, cette langue qu'elle appelle « ennemie ») Wikipédia




Le Grand Cahier est l'histoire de deux jumeaux Klaus et Lucas que leur mère laisse à la campagne, chez leur grand mère, pour leur éviter les bombardements de la grande ville. La grand mère que l'on appelle la Sorcière parce qu'elle est soupçonnnée d'avoir empoisonné son mari est une femme, dure, cruelle, avare. Les enfants vont subir de mauvais traitements d'elle mais aussi de leur entourage. Peu à peu, ils vont apprendre à survivre en faisant des exercices d'endurance pour apprendre à résister aux coups, aux injures, aux abus sexuels dont ils sont les victimes, à la pauvreté et à la faim, à l'omniprésence de la Mort. Ils consignent tout dans le grand cahier qu'ils ont acheté dans la papeterie du village.

La dénonciation de la guerre et les Mozarts qu'on assassine 

 

Le Grand Cahier est une sorte de recueil de toutes les dépravations et les noirceurs des hommes : pédophilie, sado-masochisme, zoophilie, nécrophilie... je crois volontiers Agota Kirstof quand elle dit d'elle-même qu'elle est très pessimiste et voit toujours le côté noir de l'existence. Je n'ai lu qu'un livre qui la concurrence dans la cruauté et les souffrances que l'on fait subir à des enfants, c'est L'oiseau bariolé de Jerzy Kosinski et tous les deux s'inscrivent dans le contexte de la guerre pour la dénoncer et en montrer l'horreur. Il est vrai que lorsqu'on lit Les Bienveillantes de Jonathan Littell on comprend qu'il n'y pas de limites aux actes de barbarie que peut accomplir l'être humain. Il n'y a pas de limites! Alors même si Le Grand Cahier fait frémir et provoque de la répulsion, il m'a fallu le lire. J'ai pensé à ce que nous faisons subir aux enfants à notre époque dans les mines africaines ou dans les usines chinoises pour  avoir des téléphones portables avec la bénédiction des multinationales américaines ou françaises et à notre responsabilité à tous. Nous n'avons pas progressé!

Un style enfantin?

 

Le roman, écrit en français, est étonnant aussi d'un point de vue littéraire. Ecrit dans un style simple, presque naïf, et aussi avec une froideur objective, il fait froid dans le dos car ce n'est pas la naïveté de l'enfance qui apparaît mais le fait que les enfants veulent rester des témoins, comme s'ils n'étaient pas concernés. Une déshumanisation inquiétante commence jusqu'à ce que les jumeaux ne paraissent plus éprouver de sentiments. En même temps, ils développent un sentiment de justice bien à eux, qui n'a plus rien à voir avec la morale des hommes et les lois. La servante qui les abuse et qui considère les juifs comme des bêtes nuisibles l'apprendra à ses dépens.

L'universalité des faits 

 

Un autre aspect du roman est très intéressant. Le récit paraît n'être ancré ni dans l'espace ni dans le temps. Il n'y a, en effet, aucun nom de lieu : Les enfants viennent de la Grande Ville, dans une ferme située à cinq minutes de la Petite Ville. Les majuscules de ces mots pris comme des noms propres montrent bien la volonté de l'écrivaine de situer les faits dans une sorte de no man'sland intemporel. Ainsi est souligné l'universalité des faits, l'horreur de toutes les guerres et pas seulement d'une en particulier, les souffrances que l'on inflige aux enfants à toute époque et partout. Pourtant peu à peu nous ne pouvons douter qu'il s'agit de la seconde guerre mondiale, que les soldats sont des nazis, les prisonniers, des déportés juifs. De plus nous sommes en Hongrie qui accueille les Russes d'abord comme des Libérateurs avant d'être occupée et mise sous coupe. Mais ces précisions ne sont jamais données, c'est nous qui les reconstituons.
Cet aspect du roman est très difficilement adaptable : le réalisateur du en film qui est forcément obligé de choisir puisqu'il doit nous montrer : Voir Wens pour le film.

Le narrateur : Que désigne le "nous"?

 

Se pose aussi le problème du narrateur : la première personne du pluriel est toujours employée. Le pronom "nous" désigne bien sûr les jumeaux mais Qui écrit? Le style ne varie jamais, aucune personnalité  différente ne se révèle à travers le récit, si bien que le "nous" semble désigner une entité. Les deux sont si rigoureusement semblables qu'ils n'en forment qu'un.  Et s'il n'y avait qu'un enfant qui se projette dans un double imaginaire pour se réconforter, se consolider?  Une autre interprétation est possible : à la fin, lorsque les jumeaux se séparent, l'un part en exil, l'autre reste au pays. j'ai pensé qu'ils représentaient symboliquement les deux facettes de l'auteure qui a eu, elle aussi, la possibilité de rester en Hongrie mais à choisi l'exil, ce qu'elle a toujours regretté. Le thème du départ, de l'exil, du déchirement, de la perte d''identité est récurrente dans toute son oeuvre et elle a avoué avoir toujours regretté d'être partie.

Un roman riche, complexe mais aussi éprouvant. Le film n'arrive pas à rendre cette richesse.


 Enigme 104

Félicitations à : Aifelle,  Eeguab, Dasola, Keisha, Miriam,  Thérèse, Valentyne
La réponse est : 
Le roman : Agota Kristof
Le film Le grand cahier de Jonas Szazs

samedi 6 décembre 2014

Enigme du samedi n° 104 : Un livre/Un film



Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

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 Enigme n° 104

Ce roman écrit en français par une écrivaine hongroise paraît en 1986. Il constitue une trilogie avec les deux qui suivront. Il raconte l'histoire de deux enfants que leur mère confie à leur grand-mère par temps de guerre pour éviter les dangers des bombardements.
Nous sommes obligés de faire certains travaux pour Grand-Mère, sans quoi elle ne nous donne rien à manger et nous laisse passer le nuit dehors.
Au début, nous refusons de lui obéir. Nous dormons dans le jardin, nous mangeons des fruits et des légumes crus.
Le matin, avant le lever du soleil, nous voyons Grand -Mère sortir de la maison. Elle ne nous parle pas. Elle va nourrir les animaux, elle trait les chèvres, puis elle les conduit au bord de la rivière où elle les attache à un arbre; Ensuite elle arrose le jardin et cueille des légumes et des fruits qu'elle charge sur sa brouette. Elle y met aussi un panier plein d'oeufs, une petite cage avec un lapin et un poulet ou un canard aux pattes attachées.
(…….)
Au repas Grand-Mère dit :
- Vous avez compris. Le toit et la nourriture, il faut les mériter.
Nous disons :
- Ce n'est pas cela. Le travail est pénible, mais regarder, sans rien faire, quelqu'un qui travaille, c'est encore plus pénibe, surtout si c'est quelqu'un de vieux.
Grand-Mère ricane :
-Fils de chienne! Vous voulez dire que vous avez pitié de moi?
-Non, Grand-Mère. Nous avons seulement eu honte de nous-mêmes.
L'après-midi, nous allons chercher du bois dans la forêt.
Désormais nous faisons tous les travaux que nous sommes capables de faire.


dimanche 30 novembre 2014

Graig Davidson et Jacques Audiard : De rouille et d'os


recueil de nouvelles de Graig Davidson de rouille et d'os aux éditions Albin Michel collection Points
Recueil de nouvelles De rouille et d'os

De rouille et d'os ou Un goût de rouille et d'os est un recueil de nouvelles de Graig Davidson, écrivain canadien. C'est le deuxième livre que je lis de lui et j'y retrouve le milieu de la boxe et, plus encore, de la boxe pratiquée hors des règles, combats où tous les coups sont permis et où les spectateurs parient sur la violence et le sang versé. A l'origine un sujet qui me rebute plutôt et il faut tout le talent de Graig Davidson pour que je parvienne à m'y intéresser et même à me passionner; il y a, en effet, un telle force dans le récit que celui-ci me laisse haletante avec l'impossibilité de m'en détacher comme dans Cataract City dont j'ai parlé récemment dans mon blog. Et puis, finalement, quels que soient le milieu et le sujet, c'est toujours de l'être humain qu'il s'agit et les thèmes développés par Graig Davidson avec une authenticité pleine d'émotion sont universels : la pauvreté qui va de pair avec la violence, la souffrance, la solitude, le sentiment de culpabilité, le désir rédemption….


Les deux nouvelles

Graig Davidson
Le scénario du film d'Audiard De rouille et d'os est  réalisé à partir de deux nouvelles du recueil. La première Un goût de rouille et d'os donne son titre au livre et au film. Le titre fait allusion au goût du sang que le boxeur a dans la bouche quand il reçoit des  coups.

Un goût de rouille et d'os 

Elle conte l'histoire d'Eddie, un boxeur américain issu d'un milieu modeste. Il s'installe chez sa soeur Gail et le mari de celle-ci, Steve, pour poursuivre ses études tout en boxant pour gagner sa vie. Un jour où il a la garde de son petite neveu Jake, il l'amène jouer sur un lac gelé. La surface se fend, l'enfant tombe à l'eau et disparaît sous l'épaisseur de la glace. Eddie casse la glace avec ses poings, ce qui lui brise les os de la main. L'enfant est sauvé mais tombe dans un coma profond dont il ne reviendra pas. Désormais, Eddie ne pourra plus boxer que dans des combats clandestins mais cette déchéance et la souffrance de ses os que se brisent à nouveau à chaque combat sont une sorte d'expiation à ce sentiment de culpabilité qui ne peut jamais le quitter.

La fusée

La seconde nouvelle est intitulée La fusée. Le personnage est un jeune homme qui présente un tour d'acrobatie réalisé avec une orque dans un Marineland : il est entraîné sous l'eau par le cétacé puis projeté en l'air "comme une fusée". … jusqu'à l'accident, la jambe arrachée. Un texte sur le désespoir allant jusqu'au nihilisme. Là encore le personnage semble payer pour son insensibilité, sa cruauté envers les femmes, son mépris pour les sentiments des autres. Il n'y a pas de rédemption possible.

Le film de Jacques Audiard

 film de Jacques Audiard De rouille et d'os avec Marion Cotillard et Mathias Schoenaerts
Affiche du film de Rouille et d'os

Le film de Jacques Audiard reprend donc ces deux textes mais en les liant entre eux. Le boxeur de la première nouvelle rencontre le second personnage mais celle-ci est devenue une jeune femme (Marion Cotillard) mutilée par l'orque. Peu à peu des sentiments vont naître entre le jeune homme assez primaire, père d'un enfant (celui qui disparaîtra sous la glace), et la jeune femme sans jambes. Peut-être parce qu'il est proche de la nature, et qu'il considère le sexe comme un besoin physique, élémentaire, il fera l'amour avec elle sans éprouver d'état d'âme. Celle-ci retrouvera le goût de vivre : je pense à cette  très belle scène où il l'amène se baigner et où elle retrouve le plaisir d'avoir un corps au contact de l'eau qui est son élément.

Comparaison entre le film et les nouvelles

Film de jacques Audiard De rouille et d'os avec mathias SChenaerts dans le rôle du boxeur
De rouille et d'os Mathias Schoenaerts

Dans le texte écrit, le personnage du boxeur est issu d'un milieu modeste,  son père est garde-barrière à la frontière entre le Texas et le Mexique. sa mère est mexicaine. Les adversaires du jeune homme qui l'affrontent dans ces combats clandestins sont parfois des gens désespérés, des mexicains eux aussi, qui n'ont que ce moyen pour nourrir leur famille. La soeur et le beau-frère ont du mal à joindre les deux bouts et auront besoin de l'argent que gagne le boxeur pour s'occuper des soins médicaux de leur fils inconscient. Audiard a transposé le récit, et ceci avec beaucoup de finesse, dans la France contemporaine et dans des milieux tout aussi modestes.
Mais ce qui différencie le roman et le film c'est moins les changements dans les faits et les personnages que dans la philosophie et la conception des rapports humains. Le film d'Audiard montre deux personnages solitaires, l'une rendue ainsi par son handicap, l'autre par son milieu, son apprentissage de la violence, son mode de vie. Mais le film reste optimiste puisque ces deux êtres malmenés par la vie vont unir leur différence pour construire quelque chose. D'ailleurs, l'enfant est sauvé à la fin. Un très beau film qui a un peu choqué la bourgeoisie bien pensante. Il n'a obtenu aucun prix en France mais a été couronné, par contre, d'une quinzaine de prix internationaux.
Les  deux nouvelles de Graig Davidson sont au contraire excessivement pessimistes, il n'y a pas d'alternative au désespoir,  à la souffrance. L'homme est enfermé dans sa solitude et sa culpabilité.

Film de jacques Audiard d'après le roman de Graig Davidson Marion Cotillard
De rouille et d'os Marion Cottillard



 Enigme 103

Félicitations à : Aifelle,  Eeguab, Dasola, Kathel, Soie ... un peu moins de réussites cette fois-ci car les deux oeuvres sont moins connues  merci à tou(te)s les participant(e)s.

La réponse est : 
Deux nouvelles : Un goût de rouille et d'os et Fusée de Graig Davidson
le film : De rouille et d'os de Jacques Audiard