Zulu, un roman de Caryl Férey
Dans le roman de Caryl Ferey, Zulu, dont l'action se passe en
Afrique du Sud, le personnage principal Ali Neuman, un zoulou, a vu,
lorsqu'il était enfant, son père et son frère torturés et assassinés
sous ses yeux par des milices de l'Inkhata en guerre contre l'ANC, le
parti de Mendela. Il a lui même subi des violences qu'il n'a jamais
voulu avouer à sa mère, seule rescapée avec lui des milices meurtrières.
Des années plus tard, devenu chef de la brigade criminelle de
Capetown, il s'efforce avec ses coéquipiers, Brian Epkeen et Fletcher,
de lutter contre la violence en faisant son métier difficile avec
conviction. Nous sommes en 1995, un an après l'élection de Nelson
Mendela et un peu avant la coupe du monde de Rugby. Il est impératif de
contrôler la situation, de parvenir à donner une meilleure image du
pays et d'assurer la sécurité.
C'est le moment où une jeune fille de la bonne société est retrouvée
sauvagement massacrée dans un jardin public; d'autres crimes suivent
tout aussi horribles et chaque fois on retrouve dans le corps des
victimes une drogue d'une composition mystérieuse qui semble être à
l'origine de ce déchaînement meurtrier proche de la folie. Qui est
caché derrière tout cela? Ali Neuman et ses coéquipiers s'engagent
alors dans une histoire dont ils ne soupçonnent pas les implications.
L'intrigue policière est assez complexe mais elle a le mérite de nous
présenter la dure réalité de ce pays, ses difficultés économiques et
politiques, les différents milieux sociaux, les mentalités, les
susperstitions. Je me suis intéressée aussi aux personnages des trois
policiers dont la vie est à l'image de ce qu'ils vivent, désolante!
Tout n'est pas résolu, en effet, en 1995, depuis la victoire de Nelson
Mendela aux élections en 1994. L'Afrique du Sud est réputée pour être
le pays qui détient le record mondial du crime. Autant dire que le
roman nous immerge dans la violence au quotidien et la souffrance liée à
la drogue, au sida, à la misère, celles des enfants de rue, en
particulier, qui meurent de faim, de maladie ou de maltraitance dans
les Townships, quartiers populaires noirs. Les maffias y règnent en
maîtres, les noirs se déchirent entre eux, les haines tribales n'ayant
jamais disparu. Les nostalgiques de l'ancien régime de l'apartheid
n'ont pas encore dit leur dernier mot.
Ce livre a obtenu plusieurs grands prix du meilleur roman noir en 2008 et 2009
Quelques précisions sur l'Afrique du Sud
Il
est un peu difficile d'entrer dans le livre de Caryl Ferey si l'on ne
connaît pas l'Histoire de l'Afrique du Sud. Je me suis donc documentée
sur L'ANC, le bantoustan du Kwa zulu, l'inkhata.
L'ANC ou African National Congress est un parti politique
d’Afrique du Sud, membre de l'Internationale socialiste. Créé en 1912
pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la domination
blanche, il fut déclaré hors-la-loi par le Parti national pendant
l’apartheid en 1960. Il est à nouveau légalisé le 2 février 1990 alors
que l'apartheid est aboli en juin 1991. En 1994, les premières
élections multiraciales ont lieu permettant à Nelson Mandela d'être élu
président de la République sud-africaine. Depuis, l'ANC domine la vie
politique sud africaine.
Un bantoustan est un région créée pour les populations noires
durant la période de l'apartheid en Afrique du Sud. En 1970, les
personnes qui y habitent se voient enlever leur nationalité
sud-africaine et accorder la nationalité de leur bantoustan. C'est une
manière pour le parti national blanc de priver les noirs qui vivent en
dehors de ces régions de leurs droits civiques et d'en faire des
étrangers dans leur propre pays. Le bantoustan KwaZulu était
situé dans l'ancienne province du Natal d'Afrique du Sud et regroupait
principalement une population Zoulou. Mais il était extrêmement morcelé
et était loin de réunir toute l'ethnie disséminée dans tout le pays.
Il avait obtenu son autonomie en 1977 pendant l'apartheid. En 1994, au
moment des élections, il réintègre l'Afrique du Sud.
Le parti au pouvoir dans le Bantoustan Kwa zulu était l'Inkatha
ou Freedom Party, parti politique conservateur. Il a été fondé en
1975. Dans les années 1980, l'Inkhat prend pour cible l'ANC dont il
devient le principal adversaire. Ce parti prônait le séparatisme
territorial alors que l'ANC voulait lutter contre l'apartheid et la
domination des blancs en restant en Afrique du Sud. Le parti national
blanc a utilisé et même financé l'Inkhata pour lutter conte l' ANC de
Nelson Mendela.
Voir Wens pour le commentaire sur le film que j'ai trouvé, quant à moi, convaincant.
Affiche du film : Zulu |
Le livre : Zulu de Caryl Ferey
Le film : Zulu de Jérôme Salle
Bravo à :
Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab,
Kathel, Keisha, Monesille, Shelbylee, Somaja, Valentyne...
Joli film que j'ai vu sur Canal+ ces jours-ci, ça me donne envie de lire le livre...
RépondreSupprimerOui, le film est forcément plus détaillé et la psychologie des personnages plus poussée mais je l'ai trouvé intéressant et bien interprété.
SupprimerJe n'ai pas vu le film mais j'ai lu le livre que j'ai trouvé très bon ! Depuis, je suis de près les publications de l'auteur (je crois que j'ai lu tous ces romans d'ailleurs...).
RépondreSupprimerMoi, c'est le seul que j'ai lu; Il faut dire qu'il faut savoir "encaisser"! Pas réjouissant!
SupprimerJe finirai peut-être par lire le roman, même si j'ai peur de l'aspect violent de l'histoire. Quant au film, j'attendrai un passage télé.
RépondreSupprimerIl est passé récemment!
SupprimerJ'ai dû voir le billet chez toi, je l'avais noté.. en 2011 ? waouh !
RépondreSupprimerBravo à toi pour ce beau billet, j'ai lu un livre l'an dernier sur l'Afrique du Sud de cette époque, avant 90 et actuellement, rien n'est hélas résolu...
Le système tribal complique encore les choses... !
SupprimerBonne année à toi et aux tiens! J'avais zappé le livre et je ne savais pas qu'il y avait un livre, tu me donnes envie de m'évader loin
RépondreSupprimerMerci! Les deux valent le coup.
SupprimerPas le courage de choisir une lecture aussi dure et violente... Même si tu n'es pas la première à en parler... Bonne semaine ClaudiaLucia
RépondreSupprimerJe te comprends mais c'est bien de savoir qu'il s'agit d'un livre intéressant.
SupprimerIl a l'air hyper intéressant ce livre et compléterait sans doute ma lecture d'Un long chemin vers la liberté, l'autobiographie de Mandela.
RépondreSupprimerOui il peut être un complément mais la situation n'est pas très belle et le combat de Mandela n'est pas vraiment gagné!
SupprimerAvec ta si belle plume et tes mots justes, tu peins la réalité d’une situation qui a le mérite d’être connue. Parce qu’il ne faut pas fermer les yeux, il faut le dire… Mille mercis pour ces mots. Bises à toi et bon weekend
RépondreSupprimerMerci! Oui, une triste et dure réalité!
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