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samedi 6 février 2016

Un livre/un film : énigme 121


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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi  du mois de Février , le 20

Enigme N° 121
Ecrit par l'une des plus éminentes écrivaines anglaises de romans policiers (vous ne pouvez pas vous tromper) ce roman paru à la fin des années soixante en France porte un titre anglais tiré d'une oeuvre de Shakespeare. Il présente un couple récurrent dans l'oeuvre de l'écrivain. Il y est question d'une tante acariâtre et d'une vieille femme qui boit un verre de lait et qui disparaît mystérieusement.


C’était un couple sans rien de particulier. Des centaines de couples du même genre et d’âge tout aussi respectable prenaient leur petit déjeuner au même instant dans toute l’Angleterre. La journée non plus n’avait rien de particulier. On en voyait de pareilles cinq jours sur sept. La pluie menaçait mais il pouvait tout aussi bien ne pas pleuvoir.

Si vous avez un caractère désagréable à vingt ans, qui ne s'améliore pas à quarante ni à soixante et qui empire aux approches du cap des quatre-vingts... je ne vois pas pourquoi j'éprouverais la moindre sympathie pour vous, simplement parce que vous êtes vieux?

samedi 16 janvier 2016

Un livre/un film : énigme du samedi


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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le premier samedi  du mois de Février , le 6.

Enigme N° 120
Ce roman écrit par un auteur français contemporain parle d'un pays très froid, situé au-delà du cercle polaire, et d'un des peuples qui y vit. Le héros du roman est une jeune garçon chassé de sa tribu et qui doit vivre dans la forêt, tout seul, dans des conditions de vie rigoureuses.


L'hiver touchait à sa fin. Déjà, le froid était moins rude et, quelques heures par jour, un pâle soleil diffusait une lumière rasante sur le lac gelé, les tentes du campement et la grande harde couverte de givre. Les bêtes et les hommes semblaient tout étonnés de sortir enfin des ténèbres, et conservaient dans leur allure, surgissant de la brume glacée, quelque chose d'hésitant et de fantomatique.
Comme chaque fois que c'était possible, le campement avait été installé près d'une réserve d'eau potable. Le lac, même gelé, constituait une source inépuisable, doublé d'une généreux garde-manger.

dimanche 6 décembre 2015

Simenon : Maigret, Lognon et les gangsters



Résumé éditeur
Surnommé l'inspecteur Malgracieux à cause de son humeur et de son aspect sinistre, Lognon se croit sans cesse persécuté : il est convaincu qu'une vaste conspiration nuit à son avancement. Or, voici que se présente l'affaire de sa vie : une nuit, un corps est jeté d'une voiture sur la chaussée ; aussitôt arrive une autre voiture, dont le conducteur enlève le corps. Lognon qui a assisté à la scène décide d'agir sans en référer à ses chefs, mais bientôt sa femme reçoit la visite d'inquiétants personnages parlant anglais. Effrayé, Lognon raconte tout à Maigret, lequel prend l'affaire en main d'autant que le jour même, Lognon est attaqué, et se retrouve à l'hôpital, sérieusement blessé.
Adapté pour le cinéma en 1963, sous le titre Maigret voit rouge par Gilles Grangier, avec Jean Gabin (Commissaire Maigret), Françoise Fabian (Lilli), Michel Constantin (Tony Cicero), Marcel Bozzuffi (l'inspecteur Torrence), Paulette Dubost (Mme Robert, la patronne de l'hôtel) et pour la télévision en 1977, dans une réalisation de Jean Kerchbron, avec Jean Richard (Commissaire Maigret).


On ne peut pas aller passer quelques jours à Bruxelles sans chercher un titre d’un auteur belge pour l’énigme du samedi!  Et quand la télévision vous donne un film des années 60  Maigret voit rouge de Gilles Grangier avec Jean Gabin dans le rôle du commissaire Maigret alors, noblesse oblige, ce sera Simenon.…
Le roman qui a servi à l’adaptation porte un titre différent : Maigret, Lognon et les gangsters. Il s’agit de gangsters américains, Simenon écrivant l’histoire alors qu’il séjourne aux Etats-Unis. Si Maigret voit rouge dans le film, comme dans le roman d’ailleurs, c’est que le responsable du FBI de même qu’un malfrat parisien lui conseillent de laisser tomber l’affaire. Du moment qu’il s’agit de bandits américains (tellement supérieurs aux français!), la police française n’est pas à la hauteur (tellement inférieure à la police américaine!). Maigret va avoir à coeur de prouver que la police française même avec ses méthodes moins modernes d’investigation n’a rien à envier à la police américaine.
Dans le roman, l’inspecteur Lognon est au centre de l’histoire, c’est pourquoi il apparaît dans le titre du roman. Sa femme que les gangsters menacent à son domicile est aussi présente. Dans le film, il n’en est rien. Celui-ci est fait sur mesure pour Jean Gabin et l’on peut dire que Lognon n’y tient qu’une place mineure et sans grand intérêt. L’intrigue du roman est aussi plus logique que celle du film.


Réponse à l'énigme 119

Bravo à tous ceux qui ont trouvé la réponse : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha,Valentyne et merci aussi à tous ceux, moins chanceux, qui n'ont pas trouvé mais ont participé.

Le livre : Simenon Maigret, Lognon et les gangsters

Le film : Grangier Maigret voit rouge

samedi 5 décembre 2015

Un Livre/Un film : énigme n° 119


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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi  du mois : 19 décembre

Enigme N° 119
 
Ce roman policier paru dans les années 50 fait partie d’une série consacrée à un personnage récurrent de commissaire devenu célèbre. Son auteur l’a écrit  alors qu’il séjournait aux Etats-Unis mais il est de nationalité belge. Je vous dis tout là! mais il reste à trouver le titre du roman.

"Que savez-vous de ces gangsters ?"

Alors L… de répondre, convaincu :

- "Je crois que ce sont vraiment des gangsters.

- Américains ?

- Oui.

- Comment êtes-vous entré en rapport avec eux ?

- Je ne sais pas moi-même. Au point où j'en suis, autant tout vous avouer, même si je dois perdre ma place."

Il regardait fixement le bureau, et sa lèvre inférieure tremblait.

- "Cela serait quand même arrivé un jour ou l'autre.

- Quoi ?

- Vous le savez bien. On me garde parce qu'on ne peut pas faire autrement, parce qu'on n'est pas encore parvenu à me prendre en faute, mais il y a des années qu'on me guette ...

- Qui ?

- Tout le monde.

- Dites donc, L… !

- Oui, monsieur le commissaire.

- Vous avez fini de vous considérer comme persécuté ?

- Je vous demande pardon. 

dimanche 22 novembre 2015

Jean-Marc Roberts : Affaires étrangères


Quatrième de couverture :

Tout abandonner, l'amour de Nina, les soirées entre amis, la famille; ou plutôt s'éloigner, pas à pas, mais inexorablement: voici l'étrange destin de Louis Coline, jeune cadre dans les magasins de l'avenue de l'Opéra. Un destin scellé à son insu depuis le jour où il a fait la connaissance de son nouveau directeur, Bertrand Malair. Bien des rumeurs courent sur cet homme énigmatique, continuellement flanqué de ses deux acolytes, Lingre et Belais. On dit qu'il transforme ses collaborateurs en esclaves, qu'il s'entoure de personnages singuliers. Louis ne résistera pas à cette séduction faite de confiance, d'encouragements, de jeux pervers sur la jalousie et la rivalité. Grisé, il va s'abandonner, au risque de se perdre. Couronné en 1979 par le prix Renaudot, ce roman, qui nous mène insensiblement du quotidien le plus banal à un fantastique psychologique inquiétant, terrifiant même, a été porté à l'écran par Pierre Granier-Deferre sous le titre: Une étrange affaire.

Michel Piccoli- Gérard Lanvin film une étrange Affaire de Granier-Deferre adapté du roman affaires étrangères de Jean-Marc Roberts
Michel Piccoli- Gérard Lanvin dans une étrange Affaire de Granier-Deferre

J'ai lu le livre qui me semble un peu oublié de nos jours après avoir vu le film. Tous deux laissent un sentiment de malaise, d'insatisfaction comme si l'on manquait d'explication pour comprendre. Comment un homme peut-il se laisse manipuler de la sorte au point  de se laisser déposséder de tout, et tout d'abord de la femme qu'il aime, de sa liberté, de sa dignité? Louis Coline, en devenant le jouet de son patron, prêt à tout pour lui complaire, est une énigme à mes yeux.  Dans le film de Granier-Deferre, Michel Piccoli en prêtant sa prestance, son charisme et son ambiguïté au patron Bertrand Malair peut donner un embryon de réponse. Mais dans le livre, Bertrand Malair est un homme négligé, mal vêtu, qui sent mauvais. Comment peut-il exercer un tel pouvoir?
 La peur de perdre son travail et de se retrouver au chômage n'explique pas tout même si, bien sûr, cette crainte fragilise l'individu et en fait une proie toute désignée pour le patron.. Mais il  y autre chose, dans ces rapports de manipulateur à victime qui dépasse le seul cadre social. L'influence et la perversité de celui qui tire les ficelles et transforme sa proie en victime consentante peut se retrouver en dehors des cadres de l'entreprise, un rapport de dominant-dominé qui existe dans toutes les relations interhumaines, dans les sectes, les embrigadements idéologiques, mais aussi dans les rapports conjugaux, les liens d'amitié.  Cependant, Jean-Marc Roberts en fait ici un symbole du monde de l'entreprise. Pourtant son roman n'est en rien démonstratif. C'est un constat froid, presque impersonnel qui vous met en face d'une évidence mais ne vous permet pas d'y participer! Vous restez donc en dehors mais le malaise est présent.

J'ai lu dans Babelio un billet qui replace l'intrigue dans un cadre historique et je vous y renvoie car il permet d'éclairer le propos de Jean-Marc Roberts. Lire Ici




Bravo à tous ceux qui ont trouvé la réponse : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Kathel, Miriam, Valentyne ... et merci à tous pour votre participation.


Le livre : Affaires étrangères de Jean-Marc Roberts
le film :   Une étrange affaire de Granier-Deferre

samedi 21 novembre 2015

Un livre/un film : énigme n° 118

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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le premier samedi du mois  de décembre le 5

Enigme N° 118
 
Ce roman d'un écrivain français a obtenu le prix Renaudot dans les années 1970.  Il dépeint les relations entre un jeune cadre et son patron dans d'un grand magasin parisien. L'auteur est aussi scénariste et éditeur.

Je me souviens de tout, de choses sans importance. Une couleur de costume, un titre de journal, une conversation surprise ou, plus banal encore, la démarche d'une femme croisée dans la rue et qui ne m'aura pas vu. Je suis capable de mettre une vie sur un visage avec la conviction de ne pas me tromper. Je n'ai pas besoin d'agenda. Je sais par cœur tous les gens que je connais et leur adresse, leur numéro de téléphone ou de poste de bureau. Cela me donne l'illusion d'en connaître un plus grand nombre. Je sais tous les mois vécus, toutes les dates, ne m'attachant qu'à des détails. Je me suis fabriqué le regard d'un homme de police.

dimanche 8 novembre 2015

Shakespeare : Richard III/ Looking For Richard Al Pacino

Au centre le crâne de Richard III, à gauche un portrait, à droite une reconstitution d'après le crâne (source Télérama)

Richard III est l’oeuvre la plus jouée de toutes les pièces de Shakespeare, et, ce qui est étonnant,  plus même que Hamlet.
C’est  pourtant une  pièce difficile que j’ai essayé de lire plusieurs fois et devant laquelle j’ai calé avant de la voir cet été au festival d’Avignon dans une mise en scène d'Ostermeier qui m’a permis de comprendre les plus grands enjeux de l'oeuvre.
 Richard III ( 1591 ou 1592) est la dernière pièce d'une tétralogie dont trois volets sont consacrés  à Henri VI. 

 Looking for Richard

Looking for Rcihard : Al Pacino interprète du roi Richard
Difficile? C’est de ce constat que part Al Pacino dans son film Looking for Richard lorsqu’il s’aperçoit après avoir interprété la première scène devant des étudiants que ceux-ci n’ont pas saisi le sens profond du texte. Commence alors une passionnante "explication" de la pièce, pleine d’intelligence et de finesse, qui nous permet de découvrir la période historique (l'une des plus grandes difficultés) et l’enjeu de l’intrigue mais aussi les motivations des personnages, les sentiments qui les animent… Si vous voulez comprendre cette pièce par l’intérieur, commencez par voir ce film génial, et ceci d’autant plus que chaque personnage fait l’objet d’une réflexion, de propositions émises par le metteur en scène ou l’acteur lui-même, et, cerise sur le gâteau, est interprété par des comédiens tous excellents. Voir chez Wens pour le film ICI

La guerre des deux roses 

La guerre des deux Roses Henry Arthur Payne (1868_1940)

 « Now is the winter of our discontent /Made glorious summer by the sun of York »
« Voici l’hiver de notre déplaisir mué en radieux été par le soleil d’York »

Al Pacino part des premiers vers qui ouvrent la scène 1 de l'acte I pour situer l’intrigue historique : La guerre des Roses (l’hiver de notre déplaisir) qui a divisé le pays et opposé les Lancaster et les York vient de se terminer par la victoire des York (le soleil d’York). Richard III  conte la dernière bataille de cette guerre civile. 
Au début de l'action, le roi Edouard IV est en train de mourir et les membres de la famille se déchirent déjà pour savoir à qui appartiendra le pouvoir, une lutte intestine mesquine, sordide et sanguinaire..
Richard de Gloucester, frère du roi, qui deviendra Richard III, décide que ce sera lui. Au début de la pièce l’on sait qu’il a déjà assassiné Henri VI et le fils de celui-ci Edouard. Il ne va donc pas s’arrêter en chemin et pour cela il doit éliminer tous ceux qui l’empêchent d’accéder au trône : son frère Clarence, ses neveux, Edouard, héritier légitime de la couronne, et Richard, tous deux âgés respectivement de 12 et 9 ans; lord Hastings qui lui tient tête, Buckingham… et bien d’autres encore. Il lui faut aussi se choisir une reine, lady Anne, dont il a tué le père et l’époux.  Son ambition satisfaite, il se retrouve isolé, sans amis, et succombera dans la bataille qui l’oppose à Henry, comte de Richmond, qui devient roi sous le nom de Henri VII et fonde la dynastie des Tudor.

La pièce se termine sur des vers qui célèbrent la grandeur des Tudor et d'Elizabeth et la fin de la guerre civile.  Acte V scène 5

Nos blessures civiles sont fermées, la paix revit: puisse-t-elle parmi nous longtemps vivre avec l’amen de Dieu!

Le pouvoir de la conscience 


Dans cette mise en scène Al Pacino  met en relief un thème -en plus de celui du pouvoir et de la corruption qui vont de pair avec l’hypocrisie et la traîtrise : celui de la conscience.
Le thème apparaît avec les deux assassins  dépêchés à la Tour de Londres pour tuer Clarence. Mais si la conscience a un pouvoir, celui-ci est bien limité car il ne tient pas face à une bourse bien pleine.
« Je ne veux plus avoir affaire à elle : elle vous acouardit son homme : un homme ne peut voler sans qu’elle l’accuse; un homme ne peut sacrer sans qu’elle l’arrête; un homme ne peut plus coucher avec la femme de son voisin sans qu’elle le surprenne .»
Car tout homme est achetable affirme Shakespeare mais où se situe la limite de chacun?Ainsi le duc de Buckingham est un complice complaisant, retors, au service de Richard, moyennant la promesse de hautes récompenses. Pourtant il a une limite. Il refuse l’assassinat des enfants. (Acte IV scène2) 
Le roi Richard :
- Dis-moi tombes-tu d’accord qu’ils doivent mourir?
Buckingham
- Donnez-moi quelque répit... Le temps de souffler, cher seigneur, avant de me déclarer positivement en ceci : je vous répondrai sans faute tout à l’heure.
Cette hésitation scellera sa perte.

Et Richard III, lui-même, finit par être rattrapé par sa conscience dans la scène du rêve de l’acte V scène 3
« Ma conscience a mille langues diverses et chaque langue raconte une autre histoire et chaque histoire me condamne comme un scélérat. Le parjure, le parjure au plus haut degré; le meurtre, l’implacable meurtre au plus fatal degré; tous les péchés, et commis à tous les degrés, se pressent à la barre, criant tous : « coupable! coupable! »



Le squelette de Richard III : (source Télérama)

On sait que Shakespeare a noirci le portrait de Richard III, d’abord pour des raisons dramatiques : Il a exagéré sa difformité pour montrer symboliquement la laideur intérieure du personnage. De plus, sa disgrâce physique qui l’isole et le fait souffrir peut expliquer sa cruauté. Mais il faut savoir aussi que la biographie de Richard III a été faite pas ses ennemis les Tudor qui l’ont peint sous les traits d’un monstre. Du temps d’Elizabeth, évidemment, ce portrait s’était imposé et Shakespeare n’avait pas intérêt à contrarier la souveraine!

Voir aussi cette article de Télérama ICI sur le squelette de Richard III retrouvé sous un parking à Leicester en 2012, découverte qui a permis de répondre à bien des questions sur la santé du roi. On voit sur cette photo parue dans Télérama que le roi souffrait d'une sévère scoliose!

 La réplique la plus célèbre de la pièce

To be or not to be est la réplique la plus célèbre de Hamlet mais celle de Richard III ne l'est pas moins!
Dans l'acte V scène 4, au Au cours de la bataille de qui l’oppose au futur Henri VII, fondateur de la dynastie des Tudor, le cheval de Richard III est tué; Le roi combat, seul, et à pied et s'écrie :  

Un cheval! Un cheval! Mon royaume pour un cheval!



Théâtre : Shakespeare : Richard III
 Film : Al Pacino : Looking for Richard  interprète du rôle titre Al Pacino

Vous avez tous trouvé l'auteur mais il y a une erreur sur la pièce et plusieurs sur le film.  (non ce n'était pas Hamlet mais c'est vrai que l'on pouvait s'y tromper car le personnage de l'usurpateur est fréquent dans le théâtre shakespearien)
Merci à vous tous : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha, Miriam,  Syl, Thérèse.




samedi 7 novembre 2015

Un livre/un film : énigme N°117




Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

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La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi du mois le 21 Novembre

Enigme N° 117

Il s'agit d'une pièce de théâtre historique écrite par un dramaturge anglais. Elle est la dernière pièce d'une tétralogie créée au début de la carrière du dramaturge. Elle raconte l'ascension et la fin d'un tyran usurpateur. C'est l'une des tragédies les plus représentées du théâtre anglais.

 Aie pitié, Jésus!... Calmons-nous, ce n'était qu'un rêve. O lâche conscience, comme tu me persécutes! Les lumières brûlent bleu. Nous touchons le fond de la nuit. Des gouttes de sueur froide perlent sur ma chair qui tremble. De quoi ai-je peur? De moi-même? Il n'y a personne d'autre ici. (...) Y a-t-il un assassin ici? Non... si : moi-même. Fuyons donc. Quoi! Me fuir? Bonne raison pour cela... crainte que je ne me venge moi-même de moi-même? Mais je m'aime moi-même. Pour m'être fait du bien à moi-même? Oh! non. Hélas, je me hais plutôt moi-même pour les actes haïssables que j'ai moi-même commis! Je suis un scélérat : non, je mens, je n'en suis pas un. Imbécile, parle bien de toi-même! Imbécile, ne te flatte pas! Ma conscience a mille langues diverses et chaque langue raconte une autre histoire et chaque histoire me condamne comme scélérat.

vendredi 6 novembre 2015

Un livre/Un film : Rendez-vous demain



 L'énigme du samedi a lieu demain samedi 7 novembre.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

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A demain!


samedi 17 octobre 2015

Enigme du samedi : Un livre/un film


Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

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Rendez vous dans quinze jours pour le premier samedi du mois : le  7 Novembre

Enigme 116

Le titre du livre que vous devez trouver précise que l’action ne se déroule que la nuit. Il s’agit d’une longue nouvelle parue en 1848, écrite par un écrivain russe célèbre, et s’il s’agit d’une histoire d’amour, celle-ci apparaît comme bien pessimiste. Il ne faut donc pas se fier à l’aspect conte de fée de ce livre.

C’est un nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, me ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux sur lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : est-il possible que sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux? Cela aussi c’est une question bien jeune, ami lecteur, mais puisse Dieu vous l’inspirer le plus souvent possible.

samedi 3 octobre 2015

Un livre/Un film : énigme du samedi


Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Rendez vous dans quinze jours pour le troisième samedi du mois : samedi 17 Octobre

Enigme 115 

Voilà un roman que je ne connaissais absolument pas jusqu'à ce que ma fille me l'offre pour mon anniversaire au mois de juillet. Et pourquoi me l'a-t-elle offert? Parce que c'est le livre d'où est tiré un vieux film culte d'un réalisateur américain (voir Wens) que toute la famille a adoré et regardé en boucle. Le roman est écrit par une écrivaine anglaise du XX siècle, prolixe nous dit-on, mais je n'ai rien lu d'elle. Pourtant elle est l'auteur, entre autres, d'une histoire adaptée par Walt Disney que tout le monde connaît. 

Dans cette comédie, l'héroïne, une jeune fille non conformiste, a bien des ennuis dans cette Angleterre des années 30. Il est très mal vu, en effet, de sortir des bornes où votre classe sociale et votre sexe (faible) vous cantonnent.

"- A vrai dire, je n'étais pas vraiment dans mon élément là-bas non plus. Je n'y suis nulle part, je crois bien.
- C'est comme moi, dit Mr B.. La situation a ses avantages.
Devant le regard surpris de C.,  il insista :
- Mais oui : si on n'est de nulle part, si on n'a de racines nulle part, on a le choix. Il suffit de parcourir la liste des pays du monde, comme on regarderait une liste de maisons à louer. Ce n'est pas tout à fait le cas pour moi, ajouta- t-il ; il y a plusieurs pays où la vie me serait bien difficile. Pour vous, au contraire, l'univers entier est à louer, j'imagine."

dimanche 6 septembre 2015

Enigme du samedi : Un livre/un film Reprise en Octobre


Un Livre/un film une énigme où vous devez découvrir le titre d'un livre et le film qu'il a inspiré.
Ce billet pour vous annoncer la reprise de l'énigme du samedi au mois d'Octobre.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donnée le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le premier samedi du mois d'Octobre : samedi 3


A bientôt peut-être?

samedi 30 mai 2015

Un livre/Un film énigme 114


Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

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Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le samedi 6 Juin

Enigme 114

Ce roman est l’oeuvre d’un écrivain allemand né en 1944. Son père, pasteur et professeur à l’université avait été relevé de ses fonctions par le régime nazi. L’écrivain parle au nom des enfants nés après la guerre et traite du sentiment de culpabilité de cette génération dont les parents ont été nazis ou complices du nazisme. Le livre partiellement autobiographique dont vous devez retrouver le titre a reçu plusieurs prix littéraires dans plusieurs pays dont la France et a été traduit dans 37 langues.

A propos des mouvements de 68 :

Il m’arrive de penser que le confrontation avec le passé nazi n’était pas la cause, mais seulement l’expression du conflit de générations qu’on sentait être le moteur du mouvement étudiant. Les aspirations des parents dont chaque génération doit se délivrer, se trouvaient tout simplement liquidées par le fait que ces parents, sous Le Troisième Reich ou au plus tard au lendemain de son effondrement, n’avaient pas été à la hauteur. Comment voulait-on qu’ils aient quelque chose à dire à leurs enfants, ces gens qui avaient commis les crimes nazis, ou les avait regardé commettre, ou avaient détourné les yeux?

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Je voulais à la fois comprendre et condamner le crime de H.... Mais il était trop horrible pour cela. Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension. Mais en même temps je voulais comprendre H..; ne pas la comprendre signifiait la trahir une fois de plus. Je ne m'en suis pas sorti. Je voulais assumer les deux, la compréhension et la condamnation. Mais les deux ensemble, cela n'allait pas.

Nous ne pourrons vous répondre ce samedi car nous partons à Montpellier assister à la Comédie du livre. Pour les 30 ans de cette manifestation littéraire les invités d'honneur sont, cette année,  des écrivains ibériques, espagnols, catalans, basques, portugais.

 

dimanche 17 mai 2015

Herman Melville/ Christophe Chabouté : Moby Dick

Moby Dick de Chabouté adaptation du roman de Melville Editions Vents d'Ouest

 
Herman Melville  est un des géants de la littérature classique américaine. Moby Dick paru en 1851, influencé par les auteurs romantiques anglais, peut être considéré comme une oeuvre romantique par son personnage démesuré, qui se veut l'égal de Dieu, et entraîne dans l'abîme tout ceux qui l'entourent. Le roman tient à la fois du roman d'aventures maritimes et du documentaire car il donne des renseignements détaillés sur la pêche à la baleine et la vie à bord des navires. Herman Melville qui fut lui aussi marin s’est inspiré de sa propre expérience mais aussi d’un fait divers, la disparition d’un baleinier heurté par un cachalot en 1820.
 
 
 Le récit de Melville et ses interprétations
 
Film de John Huston  : Moby Dick adapatation du roman de Melville avec Gregory Peck dans le rôle du capitaine Achab
Gregory Peck  dans le rôle de Achab
 
 
On ne présente plus Achab, le capitaine du Baleinier Le Pequod qui mène tout son équipage dans un voyage infernal, à la poursuite de Moby Dock, le mythique cachalot blanc qui l'a défiguré et lui a arraché la jambe.
Le récit est raconté par Ismaël, jeune marin embarqué à bord pour sa première chasse à la baleine et qui est le seul survivant.
Les interprétations de ce roman ont été nombreuses. Longtemps il a été considéré comme un  roman d’aventures pour les enfants et lu sous forme abrégée à cause de ses longueurs et de la difficulté du texte. Mais Moby Dick est bien plus que cela : récit de la folie d’un homme acharné à la vengeance pour certains, il symbolise pour d’autres le combat entre le Bien et le Mal, Moby Dick peut représenter, en effet, les forces du mal. C'est un être diabolique qui échappe à la poursuite des hommes grâce à son intelligence et sa volonté de nuire. Mais on peut voir aussi  dans ce roman la révolte de l’homme contre la volonté divine : le capitaine Achab est alors l’antithèse de Jonas qui, avalé par une baleine, finit par se soumettre à Dieu. Achab refuse la soumission, il incarne la liberté de l’homme face à la toute puissance divine. Mais il représente aussi l’orgueil de la créature, l’Hubris grec et, comme tous ceux qui défient Dieu, tel Prométhée, il en sera châtié. Huston qui a adapté le roman au cinéma développe l'idée que Moby Dick est  un Dieu mauvais qui se moque de ses créatures et leur veut du mal. Il est alors légitime de se révolter contre Dieu dans une lutte qui de toutes les façons mène inexorablement à la mort. Au-delà du roman d’aventures, l’oeuvre de Melville se révèle être un roman métaphysique et constitue par la révolte de son héros et sa lutte perdue d'avance contre la divinité une oeuvre romantique.
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf

« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » source voir le romantisme de Moby Dick
« Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était, pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié et devenait affrontable en Moby Dick. Il avait amassé sur la bosse blanche de la baleine la somme de rage et de haine ressentie par toute l'humanité depuis Adam et, comme si sa poitrine avait été un mortier, il y faisait éclater l'obus de son cœur brûlant » - See more at: http://andret.free.fr/atm/melville_moby.htm#sthash.IlqTv8R8.dpuf
 
 
 
L'adaptation de Chabouté
 
 


LA BD de Christophe Chabouté a obtenu deux prix, le prix Gens de la mer 2014 et le prix BD Marine et Océans. Et il les mérite amplement.

Les deux tomes de Chabouté sont une très belle adaptation du roman de Melville. La  force et la beauté des images en noir et blanc traduisent la force des mots de Herman Malville, son style visionnaire et métaphorique. 
Ainsi cette  image qui fait appel aux sens,  la vue mais aussi l'ouïe, dans laquelle Chabouté "fait entendre"  le martèlement de la jambe de bois du capitaine Achab se promenant sur le pont du navire; de même qu'il "fait comprendre" ce qu'éprouve l'équipage en écoutant, dans la nuit, ce bruit lancinant qui préfigure leur course vers la mort.
 

Chabouté : Moby Dick Le bruit du pilon du capitaine Achab sur le pont du navire
Le bruit du pilon du capitaine Achab sur le pont du navire

 
Ce que j’adore dans Chabouté et c’est une constante chez lui (aussi bien dans un de mes albums préférés Seul que dans l’excellente adaptation de Jack London  Faire un feu), c’est la richesse et la précision de l’image qui permet de se passer le plus souvent de  texte et de tout voir : le travail des marins, le maniement des voiles, les détails de la chasse à la baleine- mais aussi de tout comprendre : les sentiments de chacun, l’exaltation forcenée de Achab, le magnétisme qu’il exerce sur ses hommes, les problèmes de conscience de Starbuck, le second, qui comprend que rien n’arrêtera Achab dans sa course folle vers la mort, la peur qui s’empare de tous face à la monstruosité de la baleine qui n’a d’égale que la démesure du capitaine devenu lui aussi un monstre!
Chabouté est un vrai artiste qui peut tout suggérer d'un trait de crayon!



Christophe Chabouté (source)  

Moby Dick de Chabouté, adaptation du roman de Melville en BD : L'arrivée d'Ismaël  dans l'auberge
L'arrivée d'Ismaël  dans l'auberge



Le livre : Herman Melville Moby Dick

LA BD : Christophe Chabouté : Moby Dick tome 1 et Tome 2

Le film : John Huston : Moby Dick

Félicitations à tous ceux qui ont attrapé la baleine blanche : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha,  Somaja, Valentyne

samedi 16 mai 2015

Un livre/Un film : Enigme du samedi N°113

Un Livre/un film une énigme où vous devez découvrir le titre d'un livre et le film qu'il a inspiré.

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous  le troisième samedi du mois :  Le samedi 30  Mai

Enigme 113

Le livre est un classique de la littérature américaine du XIX siècle. Il a inspiré non  seulement le film dont vous devez trouver le titre et le réalisateur chez Wens mais aussi une bande dessinée française contemporaine. Aujourd’hui je vous demande donc de me dire quel est le titre du roman, son auteur, et ensuite quel auteur de BD il a inspiré. Pour vous mettre sur la voie, sachez que le récit se déroule en mer.

Il  avait l'air d'un homme qu'on aurait retiré du bûcher au moment où les flammes avaient pourléché ses membres, sans les avoir consumés toutefois, ni sans avoir touché à sa compacte robustesse de vieillard. Sa haute et large carrure semblait faite de bronze solide coulé dans un moule impeccable, comme le Persée de Cellini. Un mince sillon d'un blanc livide traçait son chemin parmi ses cheveux gris, traversait tout droit un côté de son visage et, par le cou, disparaissait sous ses vêtements. Cette cicatrice ressemblait à une entaille verticale que l'on voit parfois sur un tronc d'arbre droit et haut après que la foudre l'a parcouru sans arracher la moindre petite branche, mais le pelant et y traçant une balafre qui le laisse vert et vivant, mais qui désormais le marque.

dimanche 19 avril 2015

Reif Larsen : L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet




L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Reif Larsen est un livre que j'ai déjà commenté. Je vous renvoie donc à mon billet :

Tecumseh Sansonnet Spivet (ces deux prénoms sont toute une histoire!) vit dans un ranch à Divide, Montana, avec sa famille composée de membres un peu disparates, entre un père cow boy plutôt rustique et une mère, le Dr Clair, entomologiste passionnée. Celle-ci a compris les dons extraordinaires de son fils et les encourage en le confiant au docteur Yorn, un savant qui devient une sorte de père spirituel. Jeune cartographe surdoué de douze ans, passionné de sciences, TS Spivet apprend qu'il a gagné un prix prestigieux décerné par le musée Smithsonian à Washington pour la qualité exceptionnelle de ses illustrations scientifiques. Il décide alors sans avertir ses parents et son mentor de partir à Washington pour recevoir son prix mais là-bas personne ne sait qu'il est un enfant. C'est le début d'une longue traversée des Etats-Unis, caché dans un train de marchandise comme un véritable vagabond  de la Grande Dépression, un hobo.

Disons tout de suite que le personnage principal, TS, jeune garçon surdoué est très attachant. Le contraste entre sa maturité intellectuelle et son comportement parfois enfantin amusent mais est émouvant car il révèle sa fragilité et sa solitude. Son voyage sera une épreuve, il affrontera beaucoup de dangers, il lui faudra patience, intelligence et courage pour réussir.

Le roman est divisé en trois parties qui correspondent à trois moments de la vie de TS et aussi à trois étapes géographiques :  1°L'Ouest  2° la traversée 3 °L'Est.  Au cours de ces trois étapes, Reif Larsen présente à la fois les paysages de l'Amérique mais aussi son passé à travers la saga de sa famille car TS va découvrir, dans un carnet qu'il a volé à sa mère, l'histoire d'Emma, son arrière grand-mère.  Ce récit dans le récit mêle à la fois le passé et le présent et établit des parallèles entre deux destins, celle d'Emma et du Dr Clair, la mère de TS. Scientifiques de haut niveau, elles sont en tant que femmes vouées à l'échec, en butte à la suprématie masculine. Prises au piège de l'amour pour des hommes qui ne leur ressemblent en rien, elles sont retenues au foyer et élèvent leurs enfants. Un parallèle existe aussi entre Emma et son arrière petit-fils. Tous deux ont besoin d'un père spirituel, d'un mentor pour les guider dans le domaine des sciences. Le jeune garçon réussira-t-il là où Emma a échoué? On verra quand il arrivera au Smithsonian que la question se pose. L'enfant, comme la femme, a à affronter des difficultés et déjouer des chausses-trappes inhérents à son fragile statut social. TS rencontre, en effet, la jalousie des scientifiques adultes mais excite aussi leur concupiscence car l'image de l'enfant prodige peut être médiatisée et rapporter gros. Le jeune garçon est transformé en bête de cirque, exposé à la curiosité de tous, exploité. Heureusement pour lui, son père, le vrai, interviendra pour le sortir des griffes de cette "maffia". Vision assez pessimiste de Reif Larsen visant l'une des Institutions les plus prestigieuses du pays! Voir la suite ICI

Quant à l'adaptation cinématographique de Jeunet, allez lire le billet de Wens qui a détesté ce film! Il faut dire que si les images sont belles (des paysages splendides) le ton est mièvre et les personnages sont traités de manière simpliste ou caricaturale!




Enigme n° 111

Le livre : L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Reif Larsen
Le film :L'extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet de Jean-Pierre Jeunet


Félicitations à  Aifelle, Asphodèle, Dasola, Somaja
Et merci à tous les participants!

samedi 18 avril 2015

Un livre/Un film : Enigme N° 111

Un  livre/un film

Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, et le 5ème pour les mois avec cinq samedis, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur. Eeguab ne nous relaiera pas cette année mais nous le remercions de tout le travail accompli l'année dernière.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

Prochain rendez-vous

Rendez-vous le troisième samedi du mois :  Le samedi 2 Mai

Enigme 111

Ce livre paru il y a quelques années  est le premier roman d’un auteur américain et a fait grand bruit à l'époque! Il faut reconnaître que le récit et la manière de conter, notamment l'humour, ne manquent pas d’originalité. Le héros du récit est un enfant mais pas un enfant comme les autres!


"Qu'est-ce que c'est que toutes ces question sur le sida, L. ?
-Je ne sais pas, avait répondu L. C'est juste que je veux pas l'attraper. Angela A. a dit que c'était très dangereux et que je l'avais sûrement."
Le Dr C. a regardé L. Elle tenait au creux de sa main ses pièces d'awalé.
" La prochaine fois qu'Angela A. te dit quelque chose comme ça, réponds-lui que ce n'est pas parce que sa condition de petite fille dans une société qui fait peser sur ses semblables une pression démesurée afin qu'elles se conforment à certains critères physiques, émotionnels et idéologiques - pour la plupart injustifiés, malsains et tenaces - lui ôte toute confiance en elle qu'elle doit reporter sa haine injustifiée d'elle-même sur un gentil garçon comme toi. Tu fais peut-être intrinsèquement partie du problème, mais ça ne veut pas dire que tu n'es pas un gentil garçon avec de bonnes manières, et ça ne veut absolument pas dire que tu as le sida.
- Je suis pas sûr de pouvoir tout me rappeler, avait répondu L.
- Alors, tu dis à Angela que sa mère est une grosse plouc alcoolique ...
- OK" avait dit L.

dimanche 12 avril 2015

Georges Darien : Le voleur

Georges Darien source


Georges Hyppolite Adrien prend le pseudo de Darien peut-être, comme l’indique Patrick Besnier dans la préface du roman Le voleur aux éditions Gallimard Folio, comme « l’aveu d’une dépossession »?
Toute sa vie, Darien s’est dérobé à la curiosité du lecteur, pensant que la vie privée d’un littérateur n’a rien à voir avec ses oeuvres. Ce qui lui a valu une légende : n’aurait-il pas comme son personnage vécu de vol pendant toutes ces années où l’on ne sait presque rien de lui? Bref! ne serait-il pas le voleur dont il parle dans son roman?  Notons, en effet, que son héros George Randall porte le même prénom que lui.

Le récit

La naissance de Georges Randall dans une famille bourgeoise bien pensante n’est pas due à l’amour mais  aux sentiments du devoir et des convenances :
Comment! des gens à leur aise, dans un situation commerciale superbe, avec une santé florissante, vivre seuls?
Et dès son enfance Georges va souffrir, étouffé par l’éducation conjuguée que lui donnent sa famille, l’école et l’armée.

Libéré ! Ce mot me fait réfléchir longuement, pendant cette nuit où je me suis allongé, pour la dernière fois, dans un lit militaire. Je compte. Collège, caserne. Voilà quatorze ans que je suis enfermé. Quatorze ans ! Oui, la caserne continue le collège… Et les deux, où l’initiative de l’être est brisée sous la barre de fer des règlements, où la vengeance brutale s’exerce et devient juste dès qu’on l’appelle punition — les deux sont la prison. — Quatorze années d’internement, d’affliction, de servitude — pour rien…

Son sentiment de révolte ne fait que s’amplifier quand, devenu orphelin, il est confié à son oncle qui le spolie de sa fortune. Plus tard, le refus de son oncle de lui donner  la main de sa fille Charlotte sous prétexte qu’il ne peut la donner à un pauvre, crée la rupture! Rupture avec sa famille mais aussi avec la société. C’est là que va débuter pour Randal sa carrière de voleur ou plus exactement de gentleman cambrioleur.

Un cri de révolte

Film de Louis Malle , Le voleur : Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
Georges Randal (Jean Paul Belmondo) et Charlotte (Geneviève Bujold)
On pourrait penser, à priori, que nous sommes dans le genre du roman feuilleton cher au XIX siècle ou dans un roman d'aventures avec des rebondissements trépidants à la façon d'Arsène Lupin.. Il n’en est rien.
 Si Georges Darien n’est pas un voleur, on peut dire que son personnage Georges Randal lui ressemble car il porte toutes ses idées. Le voleur est un cri libertaire, une dénonciation de toutes les hypocrisies de la société en commençant par la famille, l’école, la bourgeoisie, un âpre et terrible réquisitoire contre des lois iniques qui maintiennent le peuple dans la pauvreté et la soumission. Darien se livre, à travers les tribulations de son personnage, à une remise en cause des institutions, gouvernement, église, armée, qui briment la liberté et n’ont qu’un seul dieu, l’argent, celui va de pair avec le pouvoir et les honneurs.
Il n’est pas inintéressant d’ailleurs de noter que l’autre personnage principal du récit, qui exerce le même « métier » que Randal, est un prêtre, l’abbé Lamargelle :

Mon Dieu, dis-je (Randal à Lamargelle), je ne vois point pourquoi je vous croirai pas, après tout. L’Eglise n’a jamais beaucoup pratiqué le mépris qu’elle affecte pour les richesses.

Et c’est d’ailleurs dans la bouche de l’abbé que Darien place ces mots :

Le génie du christianisme ? Une camisole de force. « Jésus, dit saint Augustin, a perfectionné l’esclave. » Oh ! cette religion dont les dogmes pompent la force et l’intelligence de l’homme comme des suçoirs de vampire ! qui ne veut de lui que son cadavre ! qui chante la béatitude des serfs, la joie des torturés, la grandeur des vaincus, la gloire des assommés ! Cette sanctification de l’imbécillité, de l’ignorance et de la peur !

On peut donc parler de l’anarchisme de Darien mais dans ce roman il s’attaque pourtant non seulement au socialisme, au marxisme  mais aussi aux anarchistes.

Ces socialistes, ces anarchistes !… Aucun qui agisse en socialiste ; pas un qui vive en anarchiste… Tout ça finira dans le purin bourgeois. Que Prudhomme montre les dents, et ces sans-patrie feront des saluts au drapeau ; ces sans-respect prendront leur conscience à pleines mains pour jurer leur innocence ; ces sans-Dieu décrocheront et raccrocheront, avec des gestes de revendeurs louches, tous les jésus-christs de Bonnat.
Allons, la Bourgeoisie peut dormir tranquille ; elle aura encore de beaux jours…

Un style pamphlétaire

Georges Randal Belmondo dans le film de Louis Malle Le Voleur d'après le roman de Georges Darien
Georges Randal Belmondo
Ce n’est pas pour rien que l’on peut parler à propos de roman de réquisitoire. Le style est le reflet d’un homme écorché, qui découvre dès l’enfance l’injustice de cette société de nantis, la dureté et le mensonge de la classe bourgeoise dominante, industriels, banquiers, clergé, qui pratiquent impunément le vol à haute échelle mais condamnent un pauvre à la peine de mort pour le vol d’une pièce de quarante sous. Darien y manie une ironie amère, un humour décapant. Le ton est virulent mais l’est encore plus, paraît-il (je ne les connais pas)  dans ses autres livres, en particulier dans Biribi où il dénonce les atteintes aux droits de l’homme dans les bataillons disciplinaires d’Afrique du Nord. Ou encore dans Les Pharisiens où il s’attaque à Edouard Drumont, surnommé l’Ogre, auteur des pamphlets haineux antisémites. Et il ne faut pas oublier que Georges Darien a été lui-même un pamphlétaire redoutable. Le style peut aussi basculer vers une prose oratoire, lyrique, qui cherche à soulever l’émotion, à renverser l’indifférence. Ainsi dans ce passage où notre voleur assiste bien contre son gré à une exécution capitale :

Je suis mêlé à la foule, à présent, — la foule anxieuse qui halète, là, devant la guillotine. — Les gendarmes à cheval mettent sabre au clair et tous les regards se dirigent vers la porte de la prison, là-bas, qui vient de s’ouvrir à deux battants. Un homme paraît sur le seuil, les mains liées derrière le dos, les pieds entravés, les yeux dilatés par l’horreur, la bouche ouverte pour un cri — plus pâle que la chemise au col échancré que le vent plaque sur son thorax. — Il avance, porté, plutôt que soutenu, par les deux aides de l’exécuteur ; les regards invinciblement tendus vers la machine affreuse, par-dessus le crucifix que tient un prêtre. Et, à côté, à petits pas, très blême, marche un homme vêtu de noir, au chapeau haut de forme — le bourreau — le Monsieur triste de la nuit dernière.
Les aides ont couché le patient sur la planche qui bascule ; le bourreau presse un bouton ; le couteau tombe ; un jet de sang… Ha ! l’horrible et dégoûtante abomination…
Et c’est pour exécuter cette sentence qu’on avait envoyé de Paris, hier soir, les bois de justice honteusement cachés sous la grande bâche noire aux étiquettes menteuses — menteuses comme le réquisitoire de l’avocat général. — C’est pour exécuter cette sentence qu’on avait fait prendre le train express au bourreau, à ce misérable monsieur triste qui désire que tous les hommes aient du pain, que les enfants puissent jouer dans des jardins, et qui trouve beaux les arbres et jolies les fleurs… c’est pour exécuter la sentence qui condamne à mort cet affamé à qui l’on avait arraché son gagne-pain, à qui l’on refusait du travail, et qui a volé quarante sous.

 Quel avenir ?

Le Voleur : Randal et Lamargelle

 

L’écrivain fait preuve ici  d’une lucidité amère; il n’y a pas beaucoup d’espoir pour l’avenir chez Darien qui refuse l’utopie et l’idéalisme. Il est d’une honnêteté implacable envers lui-même et son lecteur. Il sait que nous marchons vers l'avènement d'une société qui est amplement la nôtre aujourd’hui :
 Car il  (l'oncle de Randal) prédit, pour l’avenir, un nouveau système social basé sur l’esclavage volontaire des grandes masses de l’humanité, lesquelles mettront en œuvre le sol et ses produits et se libéreront de tout souci en plaçant la régie de l’Argent, considéré comme unique Providence, entre les mains d’une petite minorité d’hommes d’affaires ennemis des chimères, dont la mission se bornera à appliquer, sans aucun soupçon d’idéologie, les décrets rendus mathématiquement par cette Providence tangible ; par le fait, le culte de l’Or célébré avec franchise par un travail scientifiquement réglé, au lieu des prosternations inutiles et honteuses devant des symboles décrépits qui masquent mal la seule Puissance. — Mais mon oncle est venu trop tard dans un monde encore trop jeune.
Les paroles d’espoir sont portées par l’abbé qui défend « la seule idée, l’idée de la liberté »
 Oui, le jour où l’Individu reparaîtra, reniant les pactes et déchirant les contrats qui lient les masses sur la dalle où sont gravés leurs Droits ; le jour où l’Individu, laissant les rois dire : « Nous voulons », osera dire : « Je veux » ; où, méconnaissant l’honneur d’être potentat en participation, il voudra simplement être lui-même, et entièrement ; le jour où il ne réclamera pas de droits, mais proclamera sa Force …

Le mot de la fin est pourtant laissé à Randal et aboutit à un nihilisme désenchanté :
L’existence est aussi bête, aussi vide et aussi illogique pour ceux qui la volent que pour ceux qui la gagnent.
Dire qu'on est toujours volé par quelqu'un ... Ah! chienne de vie!...

A mes yeux Georges Darien appartient à une famille d’écrivains dans laquelle je placerai, pour le ton et le regard désabusé porté sur la société, Jehan Rictus et Céline.
Un livre qui secoue, arrache, plein d'annonces sur notre société actuelle et qui ne peut donc laisser indifférent; un livre qui a choqué et qui choque encore! Je suis sûre que même de nos jours, les intégristes de tout bord le mettrait à la première place sur les bûchers littéraires!
 L'adaptation de Louis Malle est remarquable et magnifiquement interprétée par une pléïade d'artistes : voir Wens



Enigme n° 110

Le livre : Georges Darien : Le voleur
le film :Louis Malle :  Le voleur



Bravo aux triomphateurs de ce jeu : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Dominique, Eeguab, Keisha, Mireille, Somaja, Syl...
Et merci à tous les participants qu'ils aient trouvé ou non!