Au centre le crâne de Richard III, à gauche un portrait, à droite une reconstitution d'après le crâne (source Télérama) |
Richard III est l’oeuvre la plus jouée de toutes les pièces de Shakespeare, et, ce qui est étonnant, plus même que Hamlet.
C’est pourtant une pièce difficile que j’ai essayé de lire plusieurs fois et devant laquelle j’ai calé avant de la voir cet été au festival d’Avignon dans une mise en scène d'Ostermeier qui m’a permis de comprendre les plus grands enjeux de l'oeuvre.
Richard III ( 1591 ou 1592) est la dernière pièce d'une tétralogie dont trois volets sont consacrés à Henri VI.
Looking for Richard
Looking for Rcihard : Al Pacino interprète du roi Richard |
La guerre des deux roses
La guerre des deux Roses Henry Arthur Payne (1868_1940) |
« Now is the winter of our discontent /Made glorious summer by the sun of York »
« Voici l’hiver de notre déplaisir mué en radieux été par le soleil d’York »
Al Pacino part des premiers vers qui ouvrent la scène 1 de l'acte I pour situer l’intrigue historique : La guerre des Roses (l’hiver de notre déplaisir) qui a divisé le pays et opposé les Lancaster et les York vient de se terminer par la victoire des York (le soleil d’York). Richard III conte la dernière bataille de cette guerre civile.
Au début de l'action, le roi Edouard IV est en train de mourir et les membres de la famille se déchirent déjà pour savoir à qui appartiendra le pouvoir, une lutte intestine mesquine, sordide et sanguinaire..
Richard de Gloucester, frère du roi, qui deviendra Richard III, décide que ce sera lui. Au début de la pièce l’on sait qu’il a déjà assassiné Henri VI et le fils de celui-ci Edouard. Il ne va donc pas s’arrêter en chemin et pour cela il doit éliminer tous ceux qui l’empêchent d’accéder au trône : son frère Clarence, ses neveux, Edouard, héritier légitime de la couronne, et Richard, tous deux âgés respectivement de 12 et 9 ans; lord Hastings qui lui tient tête, Buckingham… et bien d’autres encore. Il lui faut aussi se choisir une reine, lady Anne, dont il a tué le père et l’époux. Son ambition satisfaite, il se retrouve isolé, sans amis, et succombera dans la bataille qui l’oppose à Henry, comte de Richmond, qui devient roi sous le nom de Henri VII et fonde la dynastie des Tudor.
La pièce se termine sur des vers qui célèbrent la grandeur des Tudor et d'Elizabeth
et la fin de la guerre civile. Acte V scène 5
Nos blessures civiles sont fermées, la paix revit: puisse-t-elle parmi nous longtemps vivre avec l’amen de Dieu!
Le pouvoir de la conscience
Dans cette mise en scène Al Pacino met en relief un thème -en plus de celui du pouvoir et de la corruption qui vont de pair avec l’hypocrisie et la traîtrise : celui de la conscience.
Le thème apparaît avec les deux assassins dépêchés à la Tour de Londres pour tuer Clarence. Mais si la conscience a un pouvoir, celui-ci est bien limité car il ne tient pas face à une bourse bien pleine.
« Je ne veux plus avoir affaire à elle : elle vous acouardit son homme : un homme ne peut voler sans qu’elle l’accuse; un homme ne peut sacrer sans qu’elle l’arrête; un homme ne peut plus coucher avec la femme de son voisin sans qu’elle le surprenne .»
Car tout homme est achetable affirme Shakespeare mais où se situe la limite de chacun?Ainsi le duc de Buckingham est un complice complaisant, retors, au service de Richard, moyennant la promesse de hautes récompenses. Pourtant il a une limite. Il refuse l’assassinat des enfants. (Acte IV scène2)
Le roi Richard :
- Dis-moi tombes-tu d’accord qu’ils doivent mourir?
Buckingham
- Donnez-moi quelque répit... Le temps de souffler, cher seigneur, avant de me déclarer positivement en ceci : je vous répondrai sans faute tout à l’heure.
Cette hésitation scellera sa perte.
Et Richard III, lui-même, finit par être rattrapé par sa conscience dans la scène du rêve de l’acte V scène 3
« Ma conscience a mille langues diverses et chaque langue raconte une autre histoire et chaque histoire me condamne comme un scélérat. Le parjure, le parjure au plus haut degré; le meurtre, l’implacable meurtre au plus fatal degré; tous les péchés, et commis à tous les degrés, se pressent à la barre, criant tous : « coupable! coupable! »
Le roi Richard :
- Dis-moi tombes-tu d’accord qu’ils doivent mourir?
Buckingham
- Donnez-moi quelque répit... Le temps de souffler, cher seigneur, avant de me déclarer positivement en ceci : je vous répondrai sans faute tout à l’heure.
Cette hésitation scellera sa perte.
Et Richard III, lui-même, finit par être rattrapé par sa conscience dans la scène du rêve de l’acte V scène 3
« Ma conscience a mille langues diverses et chaque langue raconte une autre histoire et chaque histoire me condamne comme un scélérat. Le parjure, le parjure au plus haut degré; le meurtre, l’implacable meurtre au plus fatal degré; tous les péchés, et commis à tous les degrés, se pressent à la barre, criant tous : « coupable! coupable! »
Le squelette de Richard III : (source Télérama) |
On sait que Shakespeare a noirci le portrait de Richard III, d’abord pour des raisons dramatiques : Il a exagéré sa difformité pour montrer symboliquement la laideur intérieure du personnage. De plus, sa disgrâce physique qui l’isole et le fait souffrir peut expliquer sa cruauté. Mais il faut savoir aussi que la biographie de Richard III a été faite pas ses ennemis les Tudor qui l’ont peint sous les traits d’un monstre. Du temps d’Elizabeth, évidemment, ce portrait s’était imposé et Shakespeare n’avait pas intérêt à contrarier la souveraine!
Voir aussi cette article de Télérama ICI sur le squelette de Richard III retrouvé sous un parking à Leicester en 2012, découverte qui a permis de répondre à bien des questions sur la santé du roi. On voit sur cette photo parue dans Télérama que le roi souffrait d'une sévère scoliose!
La réplique la plus célèbre de la pièce
To be or not to be est la réplique la plus célèbre de Hamlet mais celle de Richard III ne l'est pas moins!
Dans l'acte V scène 4, au Au cours de la bataille de qui l’oppose au futur Henri VII, fondateur de la dynastie des Tudor, le cheval de Richard III est tué; Le roi combat, seul, et à pied et s'écrie :
Un cheval! Un cheval! Mon royaume pour un cheval!
Théâtre : Shakespeare : Richard III
Film : Al Pacino : Looking for Richard interprète du rôle titre Al Pacino
Vous avez tous trouvé l'auteur mais il y a une erreur sur la pièce et plusieurs sur le film. (non ce n'était pas Hamlet mais c'est vrai que l'on pouvait s'y tromper car le personnage de l'usurpateur est fréquent dans le théâtre shakespearien)
Merci à vous tous : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha, Miriam, Syl, Thérèse.
J'aime tes billets si complets et si enrichissants. J'apprends toujours des choses ! Bon dimanche chère Claudine !
RépondreSupprimerMerci! Je n'ai pu te répondre avant mais aujourd'hui je suis chez moi et je vais venir te voir.
Supprimerlà je suis scotchée par ton billet
RépondreSupprimerComme d'habitude je lis l'énigme et je fais Pffffttt car bien sûr je ne trouve pas et j'ai même je crois arrêté de chercher mais bien évidement je lis le billet de solution
Ici c'est extra complet, riche, et tu vas parvenir à me convaincre de lire du théâtre ce que je ne fais que rarement et avec grande réticence
par contre je viens d'aller vérifier et le film d'Al Pacino est présent ET dispo dans ma médiathèque, dès mardi je l'emprunte
Très bon dimanche et encore bravo
Je suis comme toi. Quand on je lis une énigme, c'est rare que je trouve même si je connais bien le livre!
SupprimerTe convaincre de lire du théâtre, ce serait un exploit . mais tu as raison, rien ne vaut le théâtre sur scène, il l'est fait pour ça! Je pense que ce film va te plaire!
Bouh ! je n'ai jamais songé à lui !!! Je me suis royalement trompée !
RépondreSupprimerEt ça me fait bien rire !!!
Heureusement que cela ne te fait pas pleurer!! Il faut dire que Hamlet, Macbeth ou Richard III, mettent en scène un usurpateur ... et bien d'autres aussi.
SupprimerUne bonne façon d'éviter la pièce c'est de lire attentivement tes deux billets :-)
RépondreSupprimerPar contre le film, je ne manquerai pas de le voir.
Pourquoi éviter? Tu n'aimes pas Shakespeare ou c'est Richard III que tu n'aimes pas?
SupprimerBon, je me suis trompée de film (mais je n'étais pas convaincue par ma proposition) En revanche comme je suis très Henri VI actuellement (seconde partie dans un moi, de 14 h à 22 h , soyons prêts!) il m'était aisé de trouver la pièce...
RépondreSupprimerJ'aime Shakespeare mais je n'ai jamais lu cette pièce. Par contre, j'ai adoré le documentaire de Pacino !
RépondreSupprimerUne pièce complexe un grand film que j ai réouverture à l occasion du challenge Shakespeare
RépondreSupprimerredécouvert bien sûr! je correcteur 'orthographe du smartphone est farceur et mes doigts gourds
SupprimerIl fait partie des pièces que je dois lire mais j'ai plutôt envie de relire Hamlet. Il va bientôt y avoir un Hamlet en film...
RépondreSupprimerJe suis très cureuse de voir ce film, espérons qu'il sera aussi bon que celui de Al Pacino.
SupprimerYoupi j'avais bon ! Mais c'est vrai, heureusement que tes billets nous instruisent car on s'y perd quand on n'est pas une inconditionnelle et qu'il ne reste que de vieux (très vieux) souvenirs scolaires et heureusement quelques films, livres ou séries qui nous aident à nous y retrouver un peu... Et bravo pour ce billet érudit encore une fois ! :)
RépondreSupprimerMerci! ce qui est bien avec le challenge Shakespeare, c'est que cela m'a permis de relire certaines pièces et d'en découvrir d'autres. Et puis j'ai la chance à Avignon, de pouvoir voir du Shakespeare sur scène.
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