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mardi 13 mars 2012

Je suis taguée : Ma corbeille de PAL


 Auguste  Renoir

Et oui, je suis taguée, le tag du sac, et c'est seulement  maintenant que je réponds à Jeenen (que la belle bretonne bretonnisante, pardonne mon retard!). Et comme l'intérieur de mon sac donne le vertige, monstre noir qui avale tout ce qu'il trouve, j'ai eu l'autorisation  extra-spéciale (de la magnanine Bigoudène) de pouvoir vous montrer l'intérieur  de ma corbeille de PAL à la place. Mais je m'arrêterai à dix livres, ne souhaitant pas vous imposer l'étendue du désastre!
Et oui, car moi aussi j'ai une PAL, cette maladie horrible qui vous saute dessus inévitablement quand vous êtes blogueuse! J'avoue que lors de mes débuts outrecuidants dans la blogosphère, non seulement je n'étais pas atteinte de ce mal pernicieux mais encore je ne savais pas ce que c'était! * Je regardais avec étonnement, pour ne pas dire commisération, les copines blogueuses. Et d'abord qu'est-ce qu'une PAL et pourquoi cela paraît-il si douloureux? 90 ans plus tard,  au cours de ma longue carrière de blogueuse, je le sais enfin! Je croule sous les livres non lus tout en m'en procurant toujours d'autres et ce n'est plus un corbeille mais une bibliothèque qu'il va me falloir! Maintenant si vous voulez une explication de ce phénomène- devrais-je dire de cette pandémie -  je laisse le soin à un sociologue ou un ethnologue  de vous l'exposer!



 La liseuse de Paul Fournel
 Celui-là, c'est Aifelle  qui m'a poussé à l'acheter. Il faut dire que je  suis depuis peu l'heureuse propriétaire d'une tablette numérique, une liseuse. Et justement le livre de Paul Fournel explore ce sujet-là! Avec humour  d'où ma curiosité! Je sens que je ne vais pas trop attendre pour le lire. NON! Mon kindle ne remplacera jamais le livre papier que j'aime tant mais je vais bientôt partir à New York et j'avoue que ne pas avoir à charger ma valise de bouquins est un argument convaincant!
La stagiaire entra dans le bureau de Robert Dubois, l'éditeur, et lui tend une tablette électronique, une liseuse. Il la regarde, il la soupèse, l'allume et sa vie bascule. Pour la première fois depuis Gutenberg....


  Camilo José Cela : Nouvelles aventures et mésaventures de Lazarillo de Tormes :  choisi dans le cadre du challenge des 12 d'Ys pour les prix Nobel. J'avoue que je suis curieuse de savoir  ce que  C.J. Cela a fait de Lazarillo de Tormes, un roman picaresque que j'ai aimé et étudié! Il fallait un bien grand talent -et, disons-le, une certaine audace- pour écrire un Lazarillo moderne, à l'image de l'universel chef d'oeuvre espagnol du XVI ème siècle
Pauline Klein :  Alice Khan , un livre prêté par ma fille avec ses chaudes recommandations. Je ne sais rien de lui et de l'auteur! A découvrir! 
Mais je dépose des traces de ma présence!





Höderlin : Odes, élégies, Hymnes:  Et là c'est de ma faute! Pour mon challenge romantique je me suis promis de découvrir la littérature allemande, en particulier les poètes! Notre journée humaine, ah! que ses bornes sont étroites!

 Alexis Jenni : L'art français de la guerre : Je suis en train de ressortir mes cadeaux de Noël! Et oui, un prix Goncourt, ça ne se refuse pas! J'allais mal; tout va mal; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède...



Laurent Gaudé : Les Oliviers du Négus :  j'ai très envie de le lire mais arrive toujours une autre lecture plus"urgente" liée à un challenge, une LC! Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie...

Edward Abbey : Désert solitaire : Et là pour les livres de Nature Writing, c'est Keisha la fautive et Folfaerie! Peu de livres ont autant déchaîné les passions que le livre que vous tenez entre les mains. Publié la première fois en 1968, Désert solitaire fait partie de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu'il "changeait les vies"...

 Un si parfait jardin, un petit livre déniché par mon gendre, d'un auteur algérien  Sofiane Hadjadj , illustré par des photographies de Michel Denancé, photographe d'architecture. Le 21 Juin 2003, un mois après le terrible tremblement de terre qui frappe les environs d' Alger, Naghem L..., vient évaluer les dégâts occasionnés au célèbre jardin d' Essai.







 Jean Claude Michéa : le complexe d'Orphée, la gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès :  un essai prêté par des amis.  C'est que gauche et Droite ont rallié le mythe originel de la pensée capitaliste : cette anthropologie noire qui fait de l'homme un égoïste par nature






Enfin, toujours dans le cadre du challenge d'Ys, le roman de Toni Morrisson, Tar baby que je viens de finir et dont il faut que je rédige le billet.  Mais si j'ai bien compris, ce livre n'est plus dans ma PAL mais dans ma LAC, liste de livres à commenter.

*Petite note pour un Candide faisant ses premiers pas  dans nos blogs  : P.A.L =  Pile de livres à lire et comme rien n'arrête les blogueuses, elles ont aussi inventé la L.A.L  = liste de livres à lire.

Erwan Larher : Autogénèse




Le livre Autogénèse de Erwan Lerher est un livre original dans le paysage littéraire français. Loin du nombrilisme de certains romans, il nous promène dans toutes les couches de notre société pour nous en présenter les travers.
Erwan Larher a imaginé un homme qui se réveille dans une maison éloignée de tout. Il est nu, il n'a aucune trace de souvenir dans sa mémoire vierge, aucun papier pour lui révéler son identité. Il décide donc de se donner un nom qu'il trouve au fond du verre dans lequel il est a bu : Ikea. Muni de de ce seul viatique, Ikea part dans le vaste Monde - qui semble être la France- à la découverte de ses semblables. Je dis qui semble car nous sommes dans le futur et le pays a bien changé, la population regroupée dans d'immenses centres urbains au détriment des villages et des campagnes abandonnées. Ikea, vous l'avez compris, comme le personnage de Voltaire, est un Candide qui découvre une société et par sa naïveté en fait ressortir les dysfonctionnements, les erreurs voire les horreurs.

Alors, allez-vous me dire, il s'agit d'un roman de science-fiction? Oui et non! Certes nous sommes dans le futur mais c'est bien à notre société actuelle que s'attaque ErwanLarher. Il a seulement porté la logique de notre système jusqu'au bout et montrer ce qu'il nous adviendra si nous continuons dans cette direction.
Notre Candide dans ses tentatives bon enfant et sympathiques pour nouer des liens avec autrui va se heurter à la peur de ses semblables qui considèrent tout étranger comme suspect et dangereux. Il découvre des hommes et des femmes, des enfants même, qui ont perdu toute notion de solidarité; l'individualisme triomphe, une déshumanisation où personne ne se soucie de son voisin. Et comme il ne peut prouver son identité, il devient un sans papier, traqué, humilié,  envoyé dans une usine où des êtres humains travaillent comme des esclaves sans avoir l'espoir d'en sortir un jour.
Larher démonte les rouages des pouvoirs politiques, des puissances d'argent qui sont maîtres des médias, contrôlent tout information, musellent la vérité, achètent les consciences ou les écrasent, empêchent les opposants d'agir par le chantage ou par la peur. Des gouvernements prompts à déclarer la guerre à ceux qui ne vont pas dans leur sens, à utiliser la force là où ils ne peuvent tromper et dominer par les moyens habituels.. Il dénonce les "cadeaux" que les gouvernements font aux grandes entreprises privés au détriment des plus pauvres : 

Ce projet était un partenariat public-privé; le privé retirant ses billes (et ses dividendes) avant la débâcle, les Etats partenaires seraient obligés de payer le surcoût imposé par les retards de livraison. On se procurerait cet argent en augmentant certains  prélèvements indirects pesant sur ceux qui végètent vers les bas de l'échelle sociale( puisqu'ils se laissaient faire sans broncher, pourquoi avoir pitié d'eux.)en augmentant les taxes sur certains produits de consommation locale.

Quant au président François Copain, voilà les difficultés auxquelles il doit faire face au moment des élections :
Le bourbier perse où quelques soldats français venaient de perdre la vie dans une embuscade, sans compter l'Afpac où l'occident s'embourbait depuis des décennies.Le chômage en hausse, la dette égale; deux de ses ministres dans de sales draps : l'un au sens propre, chopé avec la fille mineure de sa femme de ménage, obligée de la fermer pour que maman garde sa place, l'autre pris la main dans pot-de-vin, une histoire d'appels d'offres truqués qui durait depuis des années.

Bref! Vous voyez bien que nous ne sommes pas si loin de notre monde actuel!
Les partis politiques aussi se retrouvent dans le collimateur et certes, ils ne portent pas le même nom dans le Monde d'Ikéa mais comme nous les reconnaissons bien !

Les Feuillants, François Copain et Hugues Borlette en tête valorisaient l'individu au détriment du collectif, castrateur et émollient.
Ses leaders et maîtres à penser affirmaient que l'homme est un loup pour l'homme, que l'on n'y peut rien changer, que la compétition et le struggle for life étaient dans ses gènes depuis la nuit des temps.
On ne pouvait donc pas critiquer les politiques au pouvoir : ils ne faisaient qu'appliquer les principes aux quels ils croyaient en laissant les pauvre s'appauvrir, les riches prospérer, en maintenant étiques les services publics, en ne soutenant plus les indigents, les artistes, les handicapés.


Au contraire des Feuillants, les Montagnards avaient longtemps soutenu que le rôle d'une société était de transformer les inégalités de droit, pour protéger les faibles et faire en sorte que le bien-être ne soit pas réservé aux quelques plus forts du troupeau.... Pourtant ils avaient peu à peu cessé de lutter  principes contre principes avec les Feuillants qui avaient progressivement, via les médias et les programmes scolaires, instillé les leurs dans les crânes comme des évidences. Si bien que l'idéalisme originel des Montagnards apparaissaient comme une faiblesse, au contraire du réalisme de leurs opposants.

Le livre est donc une sorte de récapitulatif de tout ce qui ne va dans la la société française, ce qui est très réconfortant (Ah! enfin quelqu'un qui s'intéresse  à ce qui se passe autour de nous pour faire entendre une voix indignée ) et il ne manque pas d'humour. Celui-ci provient principalement de la naïveté absolue d'Ikéa qui ne comprend pas le monde qui l'entoure et doit se faire expliquer ce qui est évident pour tous. Par exemple son incompréhension de l'homophobie, plonge ses camarades de travail dans l'embarras. Mais l'auteur n'oublie pas qu'il s'agit d'un roman et crée des personnages qui (à l'exception d'Ikéa) ont une histoire, un passé, des sentiments même s'ils restent parfois trop démonstratifs et sont plus des idées que des personnages réels .
Autogenèse me rappelle certains titres d'écrivains américains Percival Everett ou James Frey qui promènent aussi le lecteur dans la société de leur pays. Il en a les qualités et va même plus loin dans la dénonciation du mondialisme,  des magouilles et des errements politiques. L'on aimerait bien parfois, au lieu d'un survol général, que l'écrivain aille plus loin, creuse plus profond sur certains sujets, mais quoi qu'il en soit Autogénèse est un roman qui fait du bien parce qu'il nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et sur le monde politique et, en ce moment, en particulier, nul doute que ce n'est pas superflu!! (Voir citation extraite de Autogenèse Jeudi  15 dans : Que disent-ils de la politique?)

Merci à Keisha pour ce livre  voyageur : Voir son billet ICI
Voir aussi Aifelle

lundi 12 mars 2012

Susan Fromberg Schaeffer : Folie d'une femme séduite



La Folie d'une femme séduite de Susan Fromberg Schaeffer raconte l'histoire d'une jeune fille, Agnès Dempster, inspirée d'un fait réel survenu à la fin du XIX ème siècle. A la  mort de sa grand mère  bien-aimée, Agnès quitte la ferme familiale du  Vermont pour se rendre à la ville. Elle fuit une mère qui ne l'a jamais aimée, trop  marquée par la mort accidentelle de sa première fille Majella et un père qui a toujours pris le parti de sa femme. Elle a seize ans. Arrivée à la ville de Montpelier, Agnès trouve du travail dans un atelier de couture après s'être installée dans une pension de famille. Là, elle rencontre Frank Holt, jeune sculpteur de pierre, dont elle va tomber amoureuse. Il s'agit pour elle d'une passion dévastatrice, bouleversante, qui l'accapare tout entière. Elle idéalise cet homme qu'elle voit doté de toutes les qualités, elle s'attache à lui avec tant d'emportement que le jeune homme prend peur et préfère rompre. Il retourne alors à ses anciennes amours, la sage et calme Jane qui lui apportera la paix et la sécurité.  C'est alors que survient le drame qui a servi de point de part à S. Schaeffer pour imaginer ce récit.

L'histoire est racontée par Agnès, âgée, et s'adresse à son amie Margaret. Elle revient sur les évènements de sa vie pour essayer de les comprendre : ce qui m'intéresse, je crois, c'est de comprendre comment les gens se retrouvent là où ils en  sont, quand tout est fini. Mais je suis sûre à présent que ça allait bien au-delà. Peut-être ai-je encore le besoin de savoir si ma vie devait nécessairement se passer ainsi. Le récit n'est pas linéaire mélangeant le passé et le présent de la jeune femme mais aussi de ses parents, et en particulier des femmes de la famille de sa mère, toutes dotée d'une beauté si parfaite que des générations d'artistes attirés par leur renom se succédèrent pour les peindre ou les sculpter. Mais la beauté semble être pour elles plus une fatalité qu'un atout pour réussir leur vie.

LA FOLIE, L'AMOUR, LA MORT

Pour moi le thème principal du roman n'est pas, comme on le pense souvent, l'amour mais la folie et d'ailleurs les deux thèmes sont indissolublement liés, tous deux inséparables de la Mort. La passion que vit la jeune fille est une manifestation de son délire, de son exaltation qui lui fait perdre pied avec la réalité, le concret : "Je n'adorais pas Frank comme un Dieu; il était un Dieu"."Il était  la lumière du ciel. Il était le ciel.""Je baissais les yeux sur ma main et l'aimais, non parce que c'était ma main, mais parce que Frank l'aimait et la touchait". Peu à peu la jeune fille  va se désintéresser de tout ce qui n'est pas Frank, refusant d'aller travailler pour rester avec lui : Quand il se retirait dans sa chambre, j'étais jalouse des meubles parce qu'ils étaient près de lui et moi pas, et quand il partait travailler, j'étais jalouse de ses compagnons de travail, des pierres et même du sol qu'il foulait.
Plus tard le docteur Parsons en parlera en ces termes : Elle le voulait tout entier en sa possession. D'après elle, il était son moi.
Elle va ainsi perdre sa propre identité pour se fondre en l'autre, ne plus exister en dehors de l'autre.  Elle est d'ailleurs et paradoxalement très consciente de ce qu'il y a de déraisonnable et de mortifère dans ce qu'elle éprouve, elle se dit "malade d'amour" : .. parfois il lui semblait n'être pas dans son propre corps, qu'un visage étranger recouvrait le sien, qu'elle était mauvaise et que pour cela elle n'allait pas à l'église
 La perte de son identité la conduit, lors de l'abandon de Frank, à une haine de soi qui ne peut que mener à la mort. Mais sous l'emprise d'un dédoublement de la personnalité, lorsqu'elle veut se supprimer, elle tuera une personne innocente, ce qui la conduira à l'asile psychiatrique. :
Je tirai une fois et la balle entra dans la tempe. je la regardai fascinée, tomber sur le sol. C'était moi qui glissais dans le vide, du sang ruisselant de ma tempe, pour m'étendre dans la neige. Et quand je baissai les yeux sur elle, je vis qu'elle me souriait, tendant les bras vers moi, mon double, mon ombre, et je sus que c'était là le sommeil, que c'était l'étreinte que j'avais toujours recherchée...
Tout le roman prépare à ce dénouement. La folie hante ce livre. On s'aperçoit qu'elle est déjà  présente chez la grand mère Eurydice qui devient folle lorsqu'elle sait son mari atteint d'une maladie irréversible et qu'elle s'exile dans la porcherie. Elle est présente chez sa mère, Helen, qui n'est jamais plus la même après la mort horrible de son fille aînée brûlée par une lessiveuse d'eau bouillante. Déjà, enfant, Agnès était victime d'hallucinations, des ombres venaient la visiter dans sa chambre, des visages la regardaient du haut du plafond. Elle a essayé de se suicider à l'âge de treize ans. Elle pouvait passer d'une joie excessive à un abattement sans égal en un instant.
Mais n'oublions pas que nous sommes à la fin du XIX et que cette maladie n'était pas connue, aussi lorsque le juge somme le docteur Parsons de donner un nom à cette affection, il ne peut que répondre : La maladie de la femme séduite. Voilà comment il décrit cette maladie. : L'individu en question prend simplement un autre pour lui-même.... On peut observer de phénomène chez les amoureux également. Souvent, ils déclarent : "je t'appartiens" ou "tu m'appartiens" et ça ne pose aucun problème. Ce qui en détermine la nature pathologique, c'est l'importance et la qualité de l'erreur. Les amoureux sont malgré tout conscients d'être deux individus. A un certain moment, Mlle Dempster a perdu cette conscience"
Le thème de la mort est omniprésent aussi dans le roman. Elle commence par l'abattage par son père de son animal familier, sa vache préférée. Elle continue avec la mort violente de Mejella, la soeur d'Agnès ou le bébé mort trouvé dans les bois. Elle est là dans les carrières ou les sculpteurs de pierre fabriquent les stèles funéraires, dans l'avortement qui tue son enfant, dans l'image qui torture son esprit : Comme s'ils étaient dans la chambre, je vis les engrenages de l'énorme pendule de ma grand-mère qui tournaient contre le mur. Je me vis sur des roues dentées. Au fur et à mesure qu'elle tournait, ma robe se prenait dans les dents de roues plus petites, et je me vis déchiquetée.

LA FEMME

La description de la condition féminine est aussi très intéressante. La mère et la grand mère d'Agnès ont toujours rêvé de quitter le Vermont, d'être libres mais n'y sont jamais parvenues. Agnès réalise ce rêve mais elle n'en est pas plus libre. Les femmes sont soumises à leur condition biologique et dans cette fin du XIX siècle, elles sonc cnsées ne pouvoir se réaliser qu'en ayant un enfant. Ne pas en vouloir c'est être anormale. Se faire avorter, c'est risquer sa vie, subir des souffrances et des violences atroces. On voit aussi la condition de la femme ouvrière dans l'atelier de couture où travaille Agnès.

J'ai parfois éprouvé quelques moments de lassitude au cours de ce roman de 800 pages lors de la description de la passion amoureuse. La jeune femme avec ses idées fixes, son amour maladif qui exclut tout autre intérêt, ses brusques moments de dépression est un personnage qui tourne en rond. C'est normal puisqu'elle est obsessionnelle et finalement c'est une qualité de l'auteur de nous la peindre ainsi..  Mais l'on n'en prend conscience qu'après lorsque son mal est analysé. Sur le moment, on subit comme le font ses amis et son amoureux ses variations d'états d'âme, son instabilité, ses angoisses et c'est parfois pénible et même insupportable tant que l'on ne comprend pas que c'est lié à sa maladie. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est le procès, tout ce qui a trait aux balbutiements de la psychiatrie et de la psychanalyse et la vie de la jeune femme à l'asile. Le roman est superbement écrit dans une langue très belle, avec des temps forts, la vie dans les Hauts pâturages en est un, aussi. Un beau livre.
Notons la ressemblance de Folie d'une femme séduite avec Captive de Margaret Atwood. A partir d'un fait divers un peu semblable,  les deux écrivains ont  pourtant réalisé deux oeuvres très personnelles.




dimanche 11 mars 2012

Un Livre/ Un film : Réponse à l'énigme N° 25 , Stanislas Steeman Légitime défense

Suzy Delair (Jenny Lamour) dans Quai des Orfèvres




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Le grand prix du Tra la la, est attribué à  : Aifelle, Dasola, Eeguab, Gwenaelle, Jeneen, Keisha, Pierrot Bâton, Miriam, Maggie,  Somaja.
Et merci à tous et toutes pour votre participation.

Le roman : Stanislas André Steeman : Légitime défense
le film : Henri-Georges Clouzot : Quai des orfèvres (voir chez Wens)

Stanislas André Steeman est un écrivain belge né en 1908 à Liège. Il a  écrit de nombreux romans policiers dont 27 ont pour héros le commissaire Wencelas Vorobeitchik alias Wens (et oui  vous  saurez ainsi où Wens a pioché son pseudo). Au départ l'ami Wens voulait s'appeler Marlowe mais c'était déjà très pris et puis en revoyant L'assassin habite au 21, un film plein d'humour qu'il aime beaucoup, il a opté pour Wens. Ce qui vous prouve qu'au début Wens devait être un commissaire de police mais qu'il a mal tourné comme vous le savez tous!

Steeman a remporté le second prix du roman d'aventures en 1931. Il est mort en 1970.
Le livre a pour titre original : Légitime défense et c'est un roman sans Wens. C'est son adaptation à l'écran sous le titre de Quai des orfèvres qui l'a rendu célèbre et à juste titre car le film me paraît supérieur au roman.

Le récit du livre Légitime défense et du film Quai des Orfèvres a bien sûr des similitudes mais il comporte  beaucoup de différences, ce que nous allons voir.

L'intrigue du livre :  Noël Martin en rentrant chez lui trouve un mot de sa femme Belle qui lui dit être partie chez sa mère malade. En lisant machinalement la lettre d'une amie de sa femme, il apprend que cette dernière a peut-être une aventure avec un certain M. Weyl, ami du couple. Maladivement jaloux, il téléphone chez sa belle mère et s'aperçoit que personne ne répond. Il décide alors de se rendre chez Weil et, s'il le faut, de le tuer. Il gare sa voiture intentionnellement sur un parking interdit, devant un cinéma, et prend un billet d'entrée pour avoir un alibi puis il se rend chez son rival. Quand il arrive il voit une femme qui s'enfuit et croit reconnaître Belle. Il entre. Weil est endormi sur le canapé. Martin prend un maillet et lui fracasse le crâne...  Martin va se croire coupable alors que ce n'est pas lui qui a tué. Ce n'est qu'à la fin du roman que le coupable sera révélé.

Dès ce moment le récit diverge dans les faits. Dans le film, le héros qui ne porte pas le même nom, Maurice Martineau, a un revolver mais il ne s'en sert pas parce qu'il trouve le vieux Brignon  (Weyl dans le roman), son rival, mort. Il se sait donc qu'il est innocent mais ce qu'il ignore c'est que sa femme Jenny (Belle) a frappé la victime pour se défendre de ses assiduités. Pourtant toutes les traces vont mener vers Martineau, d'autant plus que sa voiture lui a été volée à l'endroit du meurtre. Maurice Martineau sera donc accusé et l'on ne saura qu'à la fin qui est le coupable ... or ce n'est pas le même que dans le livre!

Pourtant, si l'intrigue est un peu différente, ce n'est pas ce qui est plus important. Les modifications de Clouzot concernent essentiellement les personnages qu'il étoffe, qu'il dote d'un passé, dont il approfondit le caractère. Enfin il place l'action dans le contexte  français de l'après guerre (1947) ce qui lui permet de livrer un vision de la société parfois assez pessimiste où sa sympathie va nettement aux plus humbles.

La jeune femme Jenny Lamour (Suzy Delair) est issue d'un milieu ouvrier. Elle a souffert de la pauvreté, de la promiscuité dans un logement trop petit. Doté d'un talent de chanteuse de variété, elle est prête à tout pour réussir! A tout? Non, car elle aime sincèrement son mari, le pauvre "Biquet" ( Bernard Blier n'est pas gâté par le rôle de mari jaloux et faible, gentil pourtant!). Elle se contente de jouer la coquette et de donner des espérances à ces messieurs pour obtenir le coup de pouce nécessaire pour réussir mais sans être infidèle jusqu'au jour où cela tourne mal. C'est une jeune femme gracieuse, rieuse et coquette, un peu vulgaire mais sympathique.
Le mari, Maurice Martineau, appelé "Biquet" par sa femme,  surnom qui le ridiculise un peu et montre la faiblesse de son caractère, est d'un milieu bourgeois. Son mariage avec une femme de ce milieu, qui de plus avait eu des amants, a été sévèrement critiqué par con entourage. Il a dû rompre avec ses parents. Il a fait des études au conservatoire, ce qui lui permet d'accompagner sa femme au piano. Dans le roman, c'est un peintre mais Clouzot par le choix de la musique nous introduit dans le milieu pittoresque du Show Bizz et du cabaret qu'il décrit largement  d'où par exemple le célèbre "avec mon tra la la", air chanté par Suzy Delair.

 Louis Jouvet (l'inspecteur Antoine) et Simone Renant ( Dora)

Le rôle de la jeune femme amie du couple est aussi très différent. Dans le livre, Renée d'Humain qui dirige un institut de beauté, est une femme séduisante, amoureuse de Noël, et qui essaie de le récupérer au détriment de Belle. Dans le film, Dora, photographe, est une amie d'enfance de Martineau mais elle est amoureuse de Suzy Delair. Elle intervient dans l'action en essayant de sauver la jeune femme, ce qui lui vaut d'être soupçonnée elle aussi. Clouzot aborde ainsi discrètement le thème de l'homosexualité, du secret qui s'y attache à l'époque et de la souffrance de l'amour refoulé. C'est à elle que s'adresse la fameuse réplique de Jouvet : "Je vous aime bien parce que vous êtes un type comme moi, vous n'avez pas de chance avec les femmes!"

Enfin l'un des personnages sur lequel Clouzot a le plus brodé et qui bénéficie de l'interprétation magistrale de Louis Jouvet est l'inspecteur Antoine du Quai des Orfèvres, jamais passé commissaire parce qu'il est trop fort en gueule. Lui aussi de famille modeste, il a dû revoir ses ambitions à la baisse, en devenant inspecteur de police, c'est à dire en gagnant le droit de crever de faim et de se faire éventuellement tuer! Il y a une très belle scène d'altercation entre Suzy Delair et  Louis Jouvet, tous deux issus des classes populaires.  Ils s'affrontent, l'une affirmant qu'elle n'aime pas les flics. "Vous n'aimez pas les flics, lui répond l'inspecteur mais vous les appelez quand c'est vous qui vous faites assassiner ". Dans le livre, le policier est loin d'avoir un tel rôle. On ne connaît de lui que sa corpulence et le fait qu'il a un enfant parce qu'il sort d'un magasin de jouets. Clouzot utilise ce détail pour faire de l'inspecteur le père d'un petit garçon noir adopté quand il était soldat dans les colonies. Et cet amour est très beau car malgré l'amertume, le cynisme du vieil inspecteur, il donne un sens et une richesse à sa vie.. 

Altercation entre Jenny Lamour et L'inspecteur Antoine

Le roman est une histoire policière qui joue sur le suspense et le mystère du crime mais où les personnages ne sont que des silhouettes. Dans le film, les personnages  sont des êtres humains avec leurs faiblesses et leur mesquinerie mais aussi leurs qualités. Si l'amour sincère envers son mari permet à Jenny d'être un personnage sympathique malgré ses ambitions et ses compromis, c'est l'amour de son petit garçon qui sauve l'inspecteur Antoine de la sècheresse des sentiments.
 A partir du roman policier intéressant de Steeman, Clouzot a réalisé un chef d'oeuvre!

samedi 10 mars 2012

Claude Roy : Elle est venue la nuit..

 

Georges Braque : Les oiseaux


Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de loup de fougère et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille au cheveux d'écume issue de l'eau dormante.
Après l'aube la nuit tisseuse de chanson
S'endort d'un songe lourd d'astres et de méduses
Et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses.

Sa main laisse glisser les constellations 
le sable fabuleux des mondes solitaires 
la poussière de Dieu et de sa création 
la semence de feu qui féconde les terres 
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeau glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d'or qui marche sur la neige.
Claude Roy

Un livre/Un film : Enigme 25




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
 
Enigme 25
 
Ce roman policier  d'un écrivain belge est moins connu que le film et ne porte pas le même titre.  Il parle d'un mari jaloux et d'une femme coquette, situation qui peut mener au crime.

Il était sur le seuil d'une pièce encombrée de meubles et de bibelots où la clarté lunaire déposait un tapis blanc. Sur une table basse, des assiettes, des verres. Dans le fond, un divan. Et sur ce divan...
Sur ce divan, W.  en robe de chambre pourpre. Une main pendante, sa chemsie blanche toute froissée. Ecrasé par une heureuse fatigue.
Le reste se passa en moins de cinq secondes. Un maillet traînait sur le sol,  au pied d'un gong chinois. 
N. s'en saisit, l'affermit dans sa main, se pencha et frappa.
De toutes ses forces et à la tête.
 
 
 

vendredi 9 mars 2012

Des mots, une histoire : Printemps, petite araignée attentive...


Vincent Van Gogh : Amandier

 Printemps, petite araignée attentive...

Automne, hiver, printemps, été,
Automne, hiver... Printemps!
Sur cette saison magnétique,
Chauffeur
Arrête-toi, fixe le Temps
Qui glisse
Du sud au nord, d'est en ouest
sur les chantiers de la Nature
Sur l'azur, vif harmonica, 
Petite araignée philosophe,
Attentive et ventripotente
Printemps tu as tissé ta toile
et ruiné la morte saison.
Coquelicot pourpre et pervers
Au creux du nid de tes pétales
dans la maison de ta corolle
Tu caches l'éclat d'un oeil noir.
La rose pour fleurir s'ouvre
Comme on soupire
Apologie de la nature,
Princesse rubiconde, aux joues
De beurre frais,
Prairie d'herbe grasse,
Philosophe en dentelle
Sur la page, fleurs d'amandier
L'enfant brode ses arabesques
le crayon exalte  ta neige.

La comédie de la nature
Au clavier célèbre la joie.
Chauffeur du temps qui glisse
Arrête-nous bien vite.
Printemps!



 Les mots imposés pour l’édition 57 de Des mots, une histoire d'Olivia sont : automne – nord – chauffeur – ceux-ci – amandier – crayon – page – maison – chantier – ventripotent – azur – philosophie – rubicond – apologie – princesse – bananier – clavier – nid – ruiner – harmonica –  rose – coquelicot– magnétique – beurre – comédie
J'ai laissé de côté bananier et ceux-ci.

Kenzaburo Ôé : Gibier d'élevage




Kenzaburo Ôé est né en 1935, dans l'île japonaise de Shikozu. Il a suivi des études de littérature et française et a fait une thèse sur Sartre. Il est vite reconnu dans les années 1950 comme l'un des plus grands écrivains japonais. Il reçoit le prix Akutagawa, l'équivalent du Goncourt français, pour pour ce livre Gibier d'élevage en 1958. Dans un livre déchirant Une affaire personnelle il parle de la naissance de son fils, handicapé, qui bouleverse sa vie. Il écrit Le Jeu du siècle sur le Japon entre 1860 et 1960... Il reçoit le prix Nobel en 1994.

Autres livres de Kenzaburo Öé:
Dites-nous comment survivre à la folie
Le faste des morts
Une existence tranquille.



 Le récit de Gibier d'élevage se déroule pendant la seconde guerre mondiale. Dans un village montagnard coupé du monde pendant la saison des pluies, un avion américain s'abat dans les bois. Les villageois capturent le seul survivant, un grand noir américain qui excite la curiosité de tous mais en particulier des enfants. Le prisonnier, en attendant d'être remis aux autorités, est enfermé dans une cave. Son abattement, sa passivité et son étrangeté le font considérer comme un animal d'élevage! Les enfants qui en ont d'abord un peur bleue finissent par faire de lui un compagnon de jeu. Oui, mais...

Le récit est raconté par un jeune garçon qui vit sa vie d'enfant, insouciante, jeux, bagarres, baignades, découverte sexuelle pour les plus grands, entouré de son petit frère cadet, de Bec-de-Lièvre, le meneur de la bande, et de toute la marmaille qui les suit et les admire. Nous sommes en guerre mais le village est si fermé sur lui-même que la guerre paraît être un fait irréel presque légendaire. Une abstraction. Pourtant la mort qui la symbolise est toujours présente dans le récit soufflant ses miasmes délétères sur le village, compagnon fidèle de tous, même des enfants. Ceux-ci jouent à "touiller" les morts dans la fosse commune béante pour récupérer des ossements afin de se confectionner des bijoux.

La description de ce peuple "de vieux défricheurs quelque peu primitifs" est un choc pour le lecteur. Ces gens vivent dans une pauvreté extrême. Ils n'ont aucun meuble chez eux, et couchent par terre sur des planches. Ils sont considérés comme des sauvages, sales, miséreux et sans manières, par les citadins lorsqu'ils se rendent à la ville soit pour aller à l'école soit pour faire quelques courses. Le fait d'être isolés de tout pendant la saison des pluies ne les dérange donc pas et est une aubaine pour les élèves qui ne peuvent plus aller à l'école.
Le choc des civilisations va être énorme entre cet américain, un espèce de colosse noir qui parle une langue totalement inconnue, et ces gens qui n'ont jamais dépassé les bornes de leur village sauf pour la ville toute proche et n'ont jamais vu la mer que de très loin comme un mince ruban miroitant.
Le jeune narrateur qui est le premier à l'approcher de près  pour apporter sa nourriture au prisonnier le présente comme une bête avec "ses oreilles pointues comme celles d'un loup" "son cou gras et huileux", "l'odeur de son corps qui pénétrait toute chose comme un poison corrosif" et sa "voracité de rapace" quand l'homme se jette sur la nourriture après avoir jeûné longtemps. Mais peu à peu le jeune garçon va cesser d'en avoir peur, pour le voir comme un animal familier que l'on aime bien.
Ce Noir était à nos yeux une sorte de magnifique animal domestique, une bête géniale.
Les adultes aussi finissent par ne plus être effrayés par lui et l'américain peut circuler librement dans le village. Les enfants partagent enfin  avec lui de beaux moments de sérénité lorsqu'ils l'écoutent chanter une chanson
Nous étions emportés par la houle de cette voix grave, solennelle, se propageant de proche en proche.
ou quand ils le font sortir de la cave sous la pluie : .. et là, longtemps, nous remplîmes nos poumons d'un air qui sentait l'écorce mouillée"
Mais que va-t-il advenir de cette amitié quand les adultes sans mêlent?
Le soldat parti, que nous resterait-il au village? L'été, vidé de sa substance, ne serait plus qu'un coquille vide.

Le roman est un roman d'apprentissage pour le jeune narrateur qui prend alors conscience de l'horreur de la guerre, et perd son insouciance enfantine.  Devenu adulte brutalement, pour lui, plus rien ne sera comme avant :
La guerre, cette interminable et sanglante bataille aux dimensions gigantesques, allait se prolonger encore. Cette espèce de raz de marée qui, dans des pays lointains emportait les troupeaux de moutons et ravageait les gazons fraîchement tondus, cette guerre là, qui eût jamais pensé qu'elle dût parvenir jusqu'à notre village? Pourtant elle y était venue... et moi au milieu de ce tumulte, je n'arrivais plus à respirer.

Kenzubaro Ôé dénonce avec ce roman l'absurdité de la guerre. La haine entre les peuples n'est-elle pas d'abord une conséquence de l'ignorance et de la méconnaissance de ce qui est étranger? Les enfants ne sont-ils pas ici ceux qui y voient clair? 

Lecture commune avec Ys et Emmyne  dans le cadre du challenge les 12 d'Ys sur les Prix Nobel





jeudi 8 mars 2012

Que disent-ils de la Politique ? Albert Camus : Un ordre qui consacrerait les puissance d'argent...




Un ordre qui consacrerait les puissances d’argent, les combinaisons de couloir et les ambitions personnelles, cet ordre-là ne serait qu’un désordre puisqu’il consoliderait l’injustice. 

 Il n'y a ni justice ni liberté possibles lorsque l'argent est toujours roi.

mercredi 7 mars 2012

Darren Aronofsky : Black Swann


Natalie Portman Black Swann


Black Swann est un film de Darren Aronofsky qui explore le milieu de la danse. Nina (Natalie Portman) est danseuse dans le prestigieux corps de ballet de New York City. Une chance extraordinaire s'ouvre à elle lorsque le chorégraphe, Thomas, (Vincent Cassel) la choisit pour le rôle du Cygne. Mais pour cela elle évince la danseuse étoile titulaire du rôle, vieillissante, et elle entre en rivalité avec une autre ballerine extrêmement douée, Lily (Mila Kuni).

L'histoire pourrait être une variation de plus sur le thème de la rivalité entre danseurs au sein d'un corps de ballet et les difficultés de ce métier difficile où il faut tout sacrifier pour réussir. Et bien sûr, c'est vrai qu'il est question de cela et même que de cela! Mais... L'originalité vient de l'intérêt du réalisateur pour l'exploration de ce qui se passe dans un cerveau malade de la danseuse et la folie qui en découle.

Pour bien comprendre l'enjeu du rôle il faut se débarrasser de l'image romantique du tutu et des jolies danseuses évoluant sur une musique dite "facile" et sentimentale, celle de Tchaïkovsky. Le Lac des cygnes est un conte cruel tiré d'une légende allemande qui parle d'amour, certes, mais aussi d'envoûtement. Un mauvais génie  retient prisonnières des jeunes filles sous la forme de cygnes. Odette, le cygne blanc, rencontre l'amour lorsqu'elle redevient femme, la nuit, avec le prince Siegfried. Mais le cygne noir, Odile, fille du magicien, va prendre sa place au bal et c'est elle qu'il choisira comme épouse. Il s'agit donc d'un combat entre le Bien et le Mal et dans de nombreuses versions de l'oeuvre, c'est le Mal qui l'emporte.

La difficulté du rôle pour Nina est qu'elle doit incarner à la fois le cygne blanc et le noir, donc la pure jeune fille et la femme fatale, le Bien et le Mal. Or Nina est une jeune femme fragile sur le plan psychologique, elle n'est jamais sortie de l'enfance,  surprotégée par sa mère et elle n'a jamais connu la passion. Passons sur l'invraisemblance du scénario un peu lourd qui fait d'une danseuse étoile d'un des plus grands ballets du monde, une petite fille "neuneu"jamais sortie de sa chambre et de ses peluches roses! Comme si elle n'était jamais partie en tournée internationale, comme si elle n'avait jamais interprété d'autres grands rôles avant celui-ci! Passons donc et l'on comprendra qu'il est facile à Nina d'incarner le cygne blanc mais pas le noir! Il faut donc que Nina cherche en elle, au plus profond d'elle-même son côté ténébreux, les pulsions qu'elle a jusqu'alors refoulées.
Et cette recherche va fortement ébranler la raison de la jeune fille faisant surgir devant elle des hallucinations dont elle ne sait plus (et nous non plus spectateur) si elles sont réalités ou fantasmes:   par exemple, la scène où elle broie la main de sa mère en refermant la porte sur elle, ou celles où l'on assiste à ses ébats sexuels avec Lily, dans sa chambre de jeune fille, ou encore le meurtre dans sa loge... Cette perte de conscience de la réalité, ce dédoublement de la personnalité exigé par le rôle sont savamment orchestrés par le véritable cygne noir, Lily, sa rivale, intrigante et perverse, qui joue une jeu trouble avec Nina.
Le cygne est, en effet, dans la mythologie, un symbole androgyne représentant à la fois la lumière solaire et lunaire, c'est à dire à la fois mâle et femelle, symbole de la sexualité refoulée. L'on sait aussi que Tchaïkovski a cherché à exprimer avec ce ballet son homosexualité inavouée, vécue à son époque comme une honte, en faisant du prince Siegfried un homme à qui les amours féminines sont interdites.  On comprend mieux la réaction primitive de Lily qui mord violemment les lèvres du chorégraphe quand celui-ci cherche à l'embrasser et pourquoi aucun homme ne l'a jamais approchée. 
Ainsi ce que découvre Nina sur elle-même, son attirance pour Lily, la violence  et la haine qui habitent en elle, l'épouvante. La pression exercée par ce rôle qu'elle ne se sent pas capable d'assumer -et qui est pourtant la consécration suprême pour toute ballerine-  explique cette descente vers la folie et vers la mort.
Le film est donc d'une étude sur la folie. On ne voit pas pourquoi il a été qualifié de thriller psychologique si ce n'est dans un but publicitaire ou peut-être parce que la mise en scène esthétise un peu trop la violence pour en faire un spectacle!

Piotr Illitch Tchaïkovsky

Le ballet  en quatre acte de Piotr Illitch Tchaïkossky de Tchaïkowsy est composé en 1871 à une époque où l'on ne peut plus parler du mouvement romantique. Mais Vladimir Begichev, le librettiste, inspiré d'une légende  allemande tirée  d'un recueil de conte populaires allemands de Johann Karl August Musäus (1735-1787) mais le thème du lac des cygnes existe aussi dans de nombreux récits romantiques russes et présente tous les thèmes du romantisme : le fantastique, le rêve, l'amour fidèle, la fatalité, la nuit, le bien opposé au mal....


Le Lac des cygnes ballet de tchaïkosky



Ce film est présenté dans le cadre du challenge des fous de L'Ogresse de Paris.




mardi 6 mars 2012

Sonya Harnett : Une enfance australienne




Une enfance australienne de Sonya Hartnett est un  beau roman  plein d'émotions mais l'on referme ce livre, le coeur serré.
Le récit débute, dans une petite ville d'Australie, par la disparition de trois enfants, enlevés, pense-t-on, par un individu suspect que l'on a aperçu rôdant autour d'eux. C'est dans le quartier où vit Adrian. Comme il est triste et chaotique parfois le chemin de l'enfance lorsqu'on est un enfant rejeté. Adrian (9 ans) pourrait être  un petit garçon comme les autres mais voilà, il a une mère irresponsable qui a été déchue de ses droits et un père qui n'entend pas gâcher sa vie en élevant un fils qu'il ne supporte pas. Alors Adrian est confié à sa grand mère qui l'aime, peut-être, à sa manière rude et sévère mais sans savoir le lui dire. Adrian est solitaire mais il va se lier d'amitié avec Nicole, l'aînée de ses petits voisins qui est une fille sensible et torturée. Un jour Adrian entend une conversation sur lui entre son oncle, sa tante et sa grand mère. Il décide de s'enfuir...

Le récit est raconté au présent de l'indicatif, dans un style simple et sobre qui semble souvent épouser le point de vue de l'enfant et sa naïveté. Pourtant ce qu'il voit est souvent terrible et une société impitoyable est ainsi dévoilée à travers ce regard enfantin. L'histoire des enfants disparus hantent tous les esprits et fait peser une menace sur les autres. J'ai pensé, en le lisant, au conte de Grimm, le Joueur de flûte d'Hamelin, à l'histoire de cet homme qui entraîne vers la mort tous les enfants d'une ville. Un conte cruel.
Et puis il  y a les riches et les pauvres et c'est de ce côté que se situe Adrian avec ses vêtements trop grands pour qu'il puisse les porter longtemps même si c'est disgracieux. Et il y a l'orphelinat et ceux qui y vivent sont bizarres parce qu'ils n'ont pas de parents comme cette grande fille à l'école qui se prend pour une jument et sombre dans la folie. 
La  folie et la mort : ce sont les thèmes omniprésents du récit : l'oncle du petit garçon n'a plus le courage de vivre depuis qu'il a tué son ami dans un accident de voiture, la voisine s'éteint lentement vaincue par le cancer, les petits disparus sont certainement morts eux aussi. L'enfance est abandonnée, laissée à elle-même, l'amour des parents est une chose peu sûre, précaire, l'amitié aussi. Adrian l'apprendra à ses dépens. Il y a une désespérance qui règne dans tout le roman. La cruauté est partout, des adultes envers les enfants, mais aussi des enfants entre eux. Pourtant l'enfant sait encore rêver, dessine le dessin de ce monstre marin décrit par le journal,  rêve d'avoir un chien,  se crée un monde magique où une soupière joue un très grand rôle, un monde étrange que Sonya Harnett décrit avec poésie. Un beau roman.




dimanche 4 mars 2012

Les Romantiques et le fantastique : Lénore, Gottfried A.Bürger/ Gérard de Nerval


 Horace Vernet (1839)La Ballade de Lénore Musée des Beaux Arts de Nantes


La ballade de Lénore ou les Morts vont vite est une oeuvre célèbre du poète romantique allemand Gottfried August Bürger  (1747_1794). Celui-ci est  aussi l'auteur d'autres ballades comme le Féroce chasseur, La fille du pasteur et des Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Munchhausen.
On raconte  qu'après avoir entendu une jeune fille chanter les vers suivants :
La lune est claire
Les morts vont si vite à cheval
Dis, chère amie, ne frissonnes-tu pas? 
 il n'eut de cesse d'écrire ce poème. Lorsqu'il lut Léonore devant une petite assemblée littéraire, Bürger se demandait si le poème allait plaire. Au moment où le mystérieux cavalier monté sur le cheval noir arrive à la grille de fer et brise le verrou, Gottfried Bürger frappa contre la cloison. L'auditoire suspendu aux lèvres du lecteur sursauta et se leva brusquement, pris de frayeur. Le poète comprit alors qu'il avait gagné. Le succès allait dépasser toutes ses espérances puisque la ballade eut un succès national considérable et dépassa bien vite les frontières. 

Lenore par Louis Boulanger
Lénore a, en effet, hanté, l'imaginaire de nombreux écrivains : Germaine de Stael  la première le fait connaître en France,  Gérard de Nerval traduit la ballade, en Angleterre, Walter Scott et  Dante Gabriel Rossetti font  de même. En Russie, Dimitri Joukovsky, poète romantique (1783-1852) l'imite. Elle a de plus donné lieu à de nombreuses interprétations aussi bien de la part des peintres que des musiciens. Dans cette ballade qui nous plonge dans le romantisme fantastique, Lénore attend le retour de son bien-aimé parti à la guerre heureusement  terminée. Hélas! Wilhelm ne revient pas. La jeune fille malgré les exhortations de ses parents n'accepte pas la disparition  du jeune homme et se désespère, se révoltant contre Dieu et attirant ainsi sur elle la colère divine. A minuit un mystérieux cavalier qu'elle prend pour son amoureux vient la chercher ... 

Extraits traduits par Gérard de Nerval

 Ary Scheffer : Les morts vont vite  (Musée de l'art romantique de Paris)

Mais au dehors quel bruit se fait entendre ? Trap ! trap ! trap !….. C’est comme le pas d’un cheval. Et puis il semble qu’un cavalier en descende avec un cliquetis d’armures ; il monte les degrés…. Écoutez ! écoutez !… La sonnette a tinté doucement… Klinglingling ! et, à travers la porte, une douce voix parle ainsi :

— » Holà ! holà ! ouvre-moi, mon enfant ! Veilles-tu ? ou dors-tu ? Es-tu dans la joie ou dans les pleurs ? — Ah ! Wilhelm ! c’est donc toi ! si tard dans la nuit !… Je veillais et je pleurais….. Hélas ! j’ai cruellement souffert…. D’où viens-tu donc sur ton cheval ?

— » Nous ne montons à cheval qu’à minuit; et j’arrive du fond de la Bohême : c’est pourquoi je suis venu tard, pour te remmener avec moi. — Ah! Wilhelm, entre ici d’abord ; car j’entends le vent siffler dans la forêt…..

— » Laisse le vent siffler dans la forêt, enfant ; qu’importe que le vent siffle. Le cheval gratte la terre, les éperons résonnent ; je ne puis pas rester ici. Viens, Lénore, chausse-toi, saute en croupe sur mon cheval ; car nous avons cent lieues à faire pour atteindre à notre demeure.

— » Hélas ! comment veux-tu que nous fassions aujourd’hui cent lieues, pour atteindre à notre demeure ? Écoute ! la cloche de minuit vibre encore. — Tiens ! tiens ! comme la lune brille !…. Nous et les morts, nous allons vite ; je gage que je t’y conduirai aujourd’hui même.

— Dis-moi donc où est ta demeure ?

Y a-t-il place pour moi ? — Pour nous deux. Viens, Lénore, saute en croupe : le banquet de noces est préparé, et les conviés nous attendent. »

La jeune fille se chausse, s’élance, saute en croupe sur le cheval ; et puis en avant ; hop ! hop ! hop ! Ainsi retentit le galop…. Cheval et cavalier respiraient à peine ; et, sous leurs pas, les cailloux étincelaient.

Oh ! comme à droite, à gauche, s’envolaient à leur passage, les prés, les bois et les campagnes ; comme sous eux les ponts retentissaient ! « — A-t-elle peur, ma mie ? La lune brille….. Hurra ! les morts vont vite. A-t-elle peur des morts ? — Non….. Mais laisse les morts en paix !

» Qu’est-ce donc là-bas que ce bruit et ces chants ? Où volent ces nuées de corbeaux ? Écoute….. c’est le bruit d’une cloche ; ce sont les chants des funérailles : « Nous avons un mort à ensevelir. » Et le convoi s’approche accompagné de chants qui semblent les rauques accents des hôtes des marécages.

― » Après minuit vous ensevelirez ce corps avec tout votre concert de plaintes et de chants sinistres : moi, je conduis mon épousée, et je vous invite au banquet de mes noces. Viens, chantre, avance avec le chœur, et nous entonne l’hymne du mariage. Viens, prêtre, tu nous béniras.

Plaintes et chants , tout a cessé….. la bière a disparu….. Sensible à son invitation , voilà le convoi qui les suit….. Hurra ! hurra ! Il serre le cheval de près, et puis en avant ! Hop ! hop ! hop ! ainsi retentit le galop….. Cheval et cavalier respiraient à peine, et sous leurs pas les cailloux étincelaient.

Oh! comme à droite, à gauche s’envolaient à leur passage les prés, les bois et les campagnes. Et comme à gauche, à droite, s’envolaient les villages, les bourgs et les villes. — « A-t-elle peur, ma mie ? La lune brille Hurra! les morts vont vite….. A-t-elle peur des morts ? — Ah ! laisse donc les morts en paix.

― » Tiens ! tiens ! vois-tu s’agiter, auprès de ces potences, des fantômes aériens, que la lune argente et rend visibles ? Ils dansent autour de la roue. Çà ! coquins, approchez ; qu’on me suive et qu’on danse le bal des noces….. Nous allons au banquet joyeux. »

Husch ! husch ! husch ! toute la bande s’élance après eux, avec le bruit du vent, parmi les feuilles desséchées : et puis en avant ! Hop ! hop ! hop ! ainsi retentit le galop. Cheval et cavalier respiraient à peine, et sous leurs pas les cailloux étincelaient.

Oh ! comme s’envolait, comme s’envolait au loin tout ce que la lune éclairait autour d’eux !…. Comme le ciel et les étoiles fuyaient au-dessus de leurs têtes! » — A-t-elle peur, ma mie ? La lune brille…. Hurra ! les morts vont vite….. — Oh mon Dieu ! laisse en paix les morts.

— » Courage, mon cheval noir. Je crois que le coq chante : le sablier bientôt sera tout écoulé….. Je sens l’air du matin Mon cheval , hâte-toi….. Finie , finie est notre course ! J’aperçois notre demeure…. Les morts vont vite….. Nous voici ! »

Il s’élance à bride abattue contre une grille en fer, la frappe légèrement d’un coup de cravache….. Les verroux se brisent, les deux battants se retirent en gémissant. L’élan du cheval l’emporte parmi des tombes qui, à l’éclat de la lune, apparaissent de tous côtés.

Ah ! voyez !… au même instant s’opère un effrayant prodige : hou ! hou ! le manteau du cavalier tombe pièce à pièce comme de l’amadou brûlée ; sa tête n’est plus qu’une tête de mort décharnée, et son corps devient un squelette qui tient une faux et un sablier.

Le cheval noir se cabre furieux, vomit des étincelles, et soudain….. hui ! s’abîme et disparaît dans les profondeurs de la terre : des hurlements, des hurlements descendent des espaces de l’air, des gémissements s’élèvent des tombes souterraines….. Et le cœur de Lénore palpitait de la vie à la mort.

Et les esprits, à la clarté de la lune, se formèrent en rond autour d’elle, et dansèrent chantant ainsi : « Patience ! patience ! quand la peine brise ton cœur, ne blasphème jamais le Dieu du ciel ! Voici ton corps délivré….. que Dieu fasse grâce à ton âme ! »

Source : Pour lire le poème entièrement





Lenore Poème symphonique par Henry Duparc

Henri Duparc, de son nom patronymique Eugène Marie Henri Fouques Duparc, né à Paris le 21 janvier 1848 et mort à Mont-de-Marsan (Landes) le 12 février 1933, est un compositeur français.



Un livre/ Un film : Stieg Larsson Millenium




Réponse à l'énigme N°24  du jeu littérature/ Cinéma : Un livre/un film


69968339_pLe prix  de la Suède Noire est attribué à  : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab,  Keisha,  Lireau jardin, Maggie, Marie-Josée, Syl,  Zoé..

Pour le livre : Stieg Larsson Millenium : Tome 1 les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Pour le film  : Millenium Tome 1 les hommes qui n'aimaient pas les femmes Réalisée par David Fincher avec  Daniel Craig, Rooney Mara 



 J'ai déjà publié un billet sur Millenium ICI  en voici quelques extraits :

(...)  Le volume 1, Les hommes qui n'aimaient pas les filles,  concerne la disparition de la nièce d'un riche industriel Henrik Vanger,  qui demande à Mikael Blomkvist, journaliste d'investigations sociales et économiques, de reprendre l'enquête abandonnée quarante ans auparavant. Depuis le vieil homme n'a cessé de recevoir pour chaque anniversaire un tableau composé de fleurs séchées semblable à celui offert par la jeune fille à son oncle avant sa disparition. Ce qui va amener Blomkvist à découvrir les secrets enfouis d'une grande famille d'industriels et à risquer sa vie  sur les traces de ces hommes qui n'aiment pas les femmes.
Parallèlement nous sommes intrigués par le mystère qui entoure Lisbeth Salander,  jeune femme qui aide Blomkvist dans son enquête.(...)

L'histoire de Salander court sur les trois volumes doublant le récit policier qui dans le volume 2, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, présente une nouvelle enquête de Mikael Blomkvist sur des jeunes filles venues de l'est,  prostituées et assassinées dans l'indifférence générale, de la police à l'état.
Le volume 3, La Reine dans le palais des courants d'air, résoudra le mystère de la vie de Lisbeth Salander liée à des secrets d'état et aux activités souterraines de membres de la Sapö, police de sûreté suédoise... Ainsi le livre de Stieg Larsson au-delà de l'intrigue policière est aussi une présentation de la Suède et une dénonciation du dysfonctionnement de la démocratie et des courants d'extrême droite qui agitent le pays. (...)

Et oui! elle est fascinante, cette Elizabeth Salander et même si ce n'est pas toujours crédible, il semble qu'elle ait sept vies comme les chats! Elle semble être née sous la plume de l'auteur pour venger les victimes féminines, les obscures, les faibles, de tous les gros dégueulasses, misogynes, violeurs, barbares, cruels, qui empoisonnent cette terre.
Et, encore une fois, même si ce n'est pas très vraisemblable, lorsque ce petit bout de  femme met à mal les Gros Bras, aplatit les machistes, et ben, oui, je l'avoue, c'est un plaisir que l'on n'a pas le droit de se refuser! Car, même si la "morale" de Salander est douteuse (il vaut mieux être de ses amis!), au moins, elle est guidée par un sentiment de justice! Ce qui n'est pas le cas pour ceux qui détiennent le pouvoir et l'apparence de l'honorabilité.  Et puis, après tout, on est dans un roman! Stieg larsson tient à nous le préciser, d'ailleurs, car Salander c'est Fifi Brin d'Acier, (Pippi Langstrump en suédois), l'héroïne célèbre d'un livre pour enfants écrit par Astrid Lindgren.
Et du coup l'on se rend compte que les titres sonnent comme ceux de contes de fées : la fille qui rêvait.. la reine, le palais...  Un conte de fées noir, dans un pays bien noir, où l'histoire finit... bien?

samedi 3 mars 2012

Un livre, un Jeu : Enigme n°24




Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le samedi, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film.

Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes :  Vous pouvez donner vos réponses par mail (que vous trouverez dans mon profil) : Qui êtes-vous? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.
Enigme 24

Ce roman policier écrit par un écrivain scandinave est devenu un best-seller international. Pas étonnant qu'il ait connu plusieurs adaptations cinématographiques.. Je ne vous en dis pas plus...

Le procès irrévocablement terminé et tout ce qui pouvait être dit avait été dit. Il n'avait pas douté une seconde qu'on allait le déclarer coupable. Le jugement avait été rendu dès 10 heures du matin ce vendredi, et il ne restait maintenant plus qu'à écouter l'analyse des journalistes qui attendaient dans le couloir du tribunal.
M.B. les vit par l'entrebâillement de la porte et il se retint quelques secondes. Il n'avait pas envie de discuter le verdict dont il venait d'obtenir la copie, mais les questions étaient inévitables et il savait - mieux que quiconque - qu'elles devaient être posées et qu'il fallait y répondre. C'est comme ça que ça fait d'être un criminel, pensa-t-il. Du mauvais côté du micro. Il s'étira, mal à l'aise, et essaya d'arborer un sourire. Les reporters le lui rendirent et hochèrent gentiment la tête, presque gênés.