Les acteurs hongrois du Cluj dans Ubu Kiraly mis en scène par Alain Timar |
Dans la série coup de coeur du festival OFF 2013 : la pièce d'Alfred Jarry, Ubu roi mise en scène par Alain Timar au théâtre des Halles jusqu'au 28 Juillet
Ce n'est pas sans humour qu'Alain Timar nous convie à venir goûter Ubu roi ou Ubu Kiraly en hongrois puisque la pièce est jouée dans cette langue, farce grotesque, satirique et réjouissante :
"À l’heure où aucun despote ne règne plus, pourquoi se replonger dans l’odyssée du Père Ubu ? En effet, peut-on encore, dans notre monde ouvert et civilisé, trembler en imaginant les ravages d’une "machine à décervelage" sur nos esprits sagaces ? Ou frémir à l’idée d’être ponctionnés par une fantastique "pompe à phynances" ? Non, bien sûr. Rassurons-nous : personne de nos jours ne cherche plus, par les moyens les plus brutaux, à "se procurer un parapluie", ou à semer la misère et la désolation dans le seul but de "manger plus souvent de l’andouille"… On pourra donc rire sans mélange aux facéties toujours vertes d’Alfred Jarry, absurdités fomentées en 1896 dans le seul but de semer la merdre… Un projet qu’il allait jusqu’à énoncer : "Il fallait que la pièce ne pût aller au bout et que le théâtre éclatât."
Et comme, non, bien sûr, une telle aberration ne peut plus exister dans notre monde "ouvert et civilisé", je m'abstiendrai donc de vous parler de l'actualité de cette pièce, de sa modernité et de la pérennité des thèmes explorés par la pièce, l'ambition démesurée, la soif du pouvoir qui mène au meurtre, les abus des puissants qui exploitent le peuple et s'enrichissent à leur dépens, l'absurdité de la guerre. On pense à Macbeth pour sa version tragique, paternité revendiquée par Jarry, et pour sa version comique à Rabelais, son roi Picrochole et son capitaine Merdaille.
Avec la pièce d'Alfred Jarry, Ubu roi, Alain Timar signe au théâtre des Halles, la meilleure de ses mises en scène, animée d'un souffle délirant, d'une inventivité sans cesse renouvelée. C'est avec un rouleau de papier blanc que les acteurs sont invités à créer eux-mêmes leurs costumes, leurs accessoires. Le papier se transforme sous leurs doigts en vêtements, capes, couronnes, fichus, noeuds papillon, épées ou croix et il suffit à lui seul à créer des personnages, à évoquer un décor, à caractériser une classe sociale. Le résultat est surprenant, astucieux, amusant, bouffon mais aussi esthétiquement réussi. La langue hongroise (sur-titrée) ajoute au charme et la manière qu'ont les comédiens de prononcer "Ubu papa" ou "Ubu mama" met en joie. Rythmés par des instruments de cuivre cabossés, à leur image, les évolutions des excellents acteurs du théâtre hongrois de Cluj servent avec dynamisme, drôlerie et un grain de folie cette mise en scène échevelée qui les met dans tous leurs états! Ils incarnent tour à tour chacun des personnages si bien qu'il y a plusieurs Mère Ubu ou Père Ubu, reconnaissables chacun à ses attributs en papier. C'est d'une drôlerie irrésistible et le public ne boude pas son plaisir! Mais sous le grotesque et le rire, la mise en scène souligne la férocité du propos, la dénonciation de la monstrueuse sottise de l'homme confronté au pouvoir. Une grande réussite!
Alfred Jarry |
Alfred Jarry (1873-1907) a créé le personnage d'Ubu alors qu'il était au lycée, inspiré par l'un de ses professeurs. Ubu Roi est la première pièce d'un cycle autour du personnage d'Ubu qui incarne à la fois la tyrannie et la sottise. La pièce est un prétexte à explorer la soif du pouvoir, ses dérives, ses cruautés et la cupidité jamais assouvie des puissants.
Dans Ubu roi, Le père Ubu poussé par sa femme, la mère Ubu (véritable lady Macbeth grotesque) veut prendre le pouvoir. Il tue le roi de Pologne Venscelas et s'empare de son trône, aidé par ses partisans dont le capitaine Bordure. Jarry prend soin de préciser que la Pologne peut-être n'importe quel pays. Devenu roi, Ubu se débarrasse de tous ceux qui s'opposent à lui et accablent le peuple d'impôts. Mais le fils du roi, Bougrelas, a juré de se venger. Il va demander de l'aide au Tsar...
Challenge d'Eimelle
Festival IN : Demain un billet sur Angelica Lidell : Todo el Cielo sobre la Tierra (le syndrome de Wendy)
En hongrois "sur-titré" ? Tu as bien du mérite !!!!^^
RépondreSupprimerPas du tout! Le hongrois a un charme supplémentaire; de plus il y a beaucoup d'action dans la pièce donc on n'est pas toujours en train de lire.
SupprimerLa photo est superbe. Ça m'aurait fait plaisir d'entendre la langue hongroise, ça m'aurait rappelé des souvenirs (même si je ne la comprends pas ..)
RépondreSupprimerle spectacle aussi est superbe!
SupprimerLes photos sont superbes. Ton analyse superbe... que rajouter? Rien tout est dit a part que j'aurais bien aime aller voir cette piece pour ce qu;elle represente aujourd'hui ici et ailleurs.
RépondreSupprimerJusqu'a quand rira t'on de nous-memes sans intervenir?
Il semble que parfois on a perdu un peu l'espoir!
Supprimercela avait l'air d'être un très bon moment!
RépondreSupprimerOui, une belle mise en scène! j'ai beaucoup aimé!
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