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mardi 8 avril 2025

John Grisham : Les Oubliés et La Sentence

 

Les Oubliés

Dans Les oubliés, John Grisham raconte l’histoire d’un avocat, Cullen Post, devenu pasteur après une grave dépression lié à son métier et qui finit par trouver sa vocation en rejoignant Les Anges gardiens, une association à but non lucratif spécialisée dans la défense des innocents injustement condamnés. Ils sont nombreux, des milliers, qui attendent l’injection létale dans les couloirs de la mort ! Ce sont eux les oubliés, hommes ou femmes noirs pris pour cibles par des suprémacistes blancs, ou blancs de milieu social défavorisé qui n’ont pas les moyens de se payer un bon avocat et à qui le système, méprisant et corrompu, fait porter le chapeau. C'est monnaie courante.

Ainsi Duke Russel, accusé de viol à la place du vrai coupable, Carter, a été condamné à mort. Maintenant que la recherche d’ADN existe, il serait facile d’innocenter l’un et de condamner l’autre mais le juge refuse de lancer les analyses.

Parfois, souvent, je n’aime pas les juges, en particulier ceux qui sont aveugles, vieux et blancs, parce que tous ont commencé leur carrière comme procureur et pas un seul n’a d’empathie pour les détenus. Pour eux, quiconque est poursuivi en justice est coupable et mérite son sort. Notre système est infaillible et la justice est toujours rendue.

Le livre raconte l’enquête menée par Post et les difficultés qu’il aura à prouver l’innocence de Duke. Mais il s’occupe aussi d’autres cas et mène plusieurs combats à la fois. Le plus difficile et le plus dangereux sera celui de Quincy Miller, un noir, condamné à perpétuité pour le meurtre d’un avocat. Il a été victime de fausses déclarations extorquées vraisemblablement par le shérif de la ville, derrière lequel se profile une organisation tout puissante.

Je ne vous en dis pas plus, les enquêtes menées sont intéressantes et surtout John Gisham présente une critique sociale au vitriol d’une justice arrogante qui non seulement ne reconnaît pas ses erreurs mais fait tout pour freiner l’accession à la vérité.  

Mr Quincy n’a rien à faire en prison, ni aujourd’hui ni depuis vingt ans. Il a été injustement condamné par l’état de Floride et devrait être libre. Une justice lente est un déni de justice !

Il y affirme ses idées contre la peine de mort, contre le racisme, décrit les conditions de vie dans les prisons pour les détenus comme pour leurs gardiens, un système inique qui permet aux riches et aux puissants de s’en sortir au détriment des classes sociales défavorisées.

Par exemple le gardien de prison :

Il exècre son boulot : se retrouver derrière les grillages et les barbelés, à surveiller de dangereux criminels qui ne pensent qu’à s’évader ou à lui faire la peau. Il déteste cette bureaucratie tatillonne, ces règles à n’en plus finir, ce directeur despotique, et cette violence, ce stress, cette pression qu’on leur met sur les épaules chaque jour, à chaque instant. Tout ça pour douze dollars de l’heure ! Et pour boucler la fin de mois, sa femme doit faire des ménages pendant que sa mère garde leurs trois gosses.

Dans Les oubliés, Grisham se révèle donc, comme dans presque tous ses romans, un fervent antagoniste de la peine de mort. Ainsi il décrit le paradoxe d’une justice qui punit un criminel d’avoir donné la mort par une mise à mort ! Il dénonce l’inhumanité qui parque les détenus dans les couloirs de la mort pendant de nombreuses années et ajoute, à la condamnation, le supplice de l’attente et l’angoisse de mourir en imagination plusieurs fois !

 Duke Russel est dans le couloir de la mort depuis seulement neuf ans. La durée moyenne est de quinze. Vingt ans, ce n’est pas une exception. Notre appel est quelque part dans la onzième cour du circuit à Atlanta, passant de service en service et quand il va arriver chez le bon greffier, l’exécution sera ajournée dans l’heure. Duke retournera en cellule d’isolement en attendant de mourir un autre jour.

J’ai aimé ce roman pour les thèmes qu’il développe mais je le trouve un peu trop démonstratif et l’emploi du présent comme  temps unique du récit, introduit un style très direct mais manquant de nuances.

La Sentence


La sentence, antérieur au roman Les oubliés, reprend des thèmes chers à John Grisham sur la peine de mort et la lutte contre le racisme et l’inégalité sociale.

Le roman est divisé en trois parties :

I) Le meurtre


Pete Banning en Octobre 1946 a pris sa décision.  Il se lève et  se rend à l’église où il  tire sur le pasteur Dexter Bell  qui s’écroule sur son bureau. Il a tout prévu : il laisse en héritage sa propriété à sa fille Stella et son fils Joel qui sont tous deux étudiants ; Florry, sa soeur, ne manquera de rien ; Elle est propriétaire de sa plantation de coton, héritée de ses parents. Liza, sa femme, est enfermée dans un asile psychiatrique après des troubles mentaux.
Qui est Pete Banning ? Un planteur de coton très estimé, pas riche mais aisé, fils d’une vieille famille bien implantée et respectée dans le pays. C’est aussi un héros de guerre. Il s’est illustré aux Philippines,  revient couvert de médailles. Sévèrement blessé, il a dû rester pendant des mois à l’hôpital après son retour de la guerre.
 Il refuse de donner les raisons de son acte non seulement devant la cour mais aussi à sa famille. A ce stade de l’histoire le lecteur le moins fûté comprendra (ou croira comprendre ?) ce qu’il en est en apprenant  que le pasteur est un peu trop porté sur la bagatelle. Sa femme se plaint d’ailleurs de la légèreté de son mari. Pete est condamné : c'est la sentence !

II ) l’ossuaire


La guerre fait rage au Philippines dans la péninsule du Bataan et les japonais sont vainqueurs. Ils amènent les soldats américains et leurs alliés philippins au camp O Donnel. Les souffrances des soldats  lors de la Marche de Bataan appelée aussi la Marche de  la Mort, sous la féroce conduite des soldats japonais, l’emprisonnement dans le camp, la maladie, la malnutrition, l’insalubrité, les coups, les humiliations qui bafouent toute dignité humaine, tout concourt à faire de cette partie un récit passionnant.
De plus un retour dans le passé nous permet de découvrir la rencontre de Pete Banning et de Liza et d’en apprendre plus sur leur mariage.


III) La trahison


La dernière partie s’intéresse aux enfants de Pete Banning, à sa femme et à sa soeur et aux conséquences du meurtre commis par Pete Banning sur leur vie. Et la vérité sera révélée.

J’aime beaucoup ce roman et je le trouve plus riche que Les oubliés dans la mesure où les personnages sont plus complexes, la vision de la société dans les plantations de coton du Mississipi est riche, décrivant les difficultés économiques liées aux récoltes, les rapports entres les blancs, propriétaires des terres et leurs employés noirs. De plus, Grisham possède un art du récit qui rend addictif et la description de la guerre aux Philippines contre l’armée japonaise, la défaite des américains et de leurs alliés philippins, nous tiennent en haleine. On a du mal à s’arracher à cette lecture qui condamne aussi un chef militaire comme le général Mac Arthur, incompétent, qui abandonne ses soldats quand il y a du danger et les laisse seuls face à l’ennemi et le président Roosevelt qui l’a nommé et qui le décore après sa fuite. Grisham règle ses comptes avec l’Histoire et en donne un aperçu que je ne connaissais pas.



 

6 commentaires:

  1. je l'ai lu à plusieurs reprises et j'aime bien en général. je note celui là
    je lis en ce moment un historien ayant enseigné en milieur carcéral fermé !! c'est éditifiant

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  2. Je connais l'auteur de nom, j'en ai lu un, qui m'a vivement passionnée, mais je devrais y retourner!

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  3. il y a longtemps que je n'ai pas lu John Grisham. en général ses romans sont plutôt prenants et il u aborde des thèmes intéressants. Cela semble être encore le cas ici même si tu as quelques bémols.

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  4. je le note, tout ce qui condamne la peine de mort est bon à prendre

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  5. J'ai beaucoup lu cet auteur, à une époque, et j'ai fini par m'en lasser, j'avais l'impression de retrouver toujours le même genre de mécanique. Mais cela fai

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  6. nombreuses années, je pourrais le relire oui, pourquoi pas (fin de mon commentaire, intempestivement posté :)..

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